Il y a 30 ans, la chute du Mur de Berlin

1/5 -30 octobre : les manifestants défient les autorités est-allemandes avec un nouveau slogan : « À bas le Mur »

...par Marc Geoffroy

Fondateur de France Productions en 1994, Diffusia et des Editions Soukha. Auteur éclectique, il a écrit et adapté plus de 80 textes de CD pour enfants, un guide touristique sur Paris et aussi réalisé le CD « Il était une fois la Thaïlande et le Siam ». Il a également crée la société d’édition phonographique France Productions en 1994.

Source : https://www.bvoltaire.fr/il-y-a-30-ans-la-chute-du-mur-de-berlin-1-5/?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=8aabe524c6-MAILCHIMP_NL&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-8aabe524c6-31040957&mc_cid=8aabe524c6&mc_eid=c2875309d7

 

Auteur de Le Mur de Berlin, histoire et chute, Marc Geoffroy revient pour Boulevard Voltaire dans une série de cinq articles sur les jours qui précipitèrent l’effondrement du Mur.

De 1949 à 1961, trois millions de citoyens, attirés par le confort de vie et la liberté à l’Ouest, fuirent la République démocratique allemande, la vidant ainsi de ses forces vives. La moitié avait moins de vingt-cinq ans. Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, les autorités communistes érigèrent un mur pour entourer la partie Ouest de la ville et endiguer cet exode continu. 10.315 jours plus tard, le « Mur de la honte » s’effondra dans les dernières minutes du 9 novembre 1989 sans combat. Cette chute précipita l’impensable : la fin de l’URSS une nuit de Noël 1991 et la transition des pays sous le joug communiste vers un régime démocratique.

Pour en arriver à ce dénouement heureux, les « Montagsdemonstrationen » (« Manifestations du lundi ») furent une étape importante du bras de fer opposant les citoyens est-allemands à leurs dirigeants sclérosés. La première d’entre elles se déroula le 4 septembre. Un groupe d’étudiants se rassembla à l’occasion de la foire internationale de Leipzig, la deuxième ville de RDA, pour réclamer la liberté de voyager librement. La sinistre Stasi réprima brutalement cette manifestation. Le pasteur Christian Führer proposa pour le lundi suivant une prière pour la paix. Les étudiants s’y rendirent nombreux. Devant la ferveur de la prière collective, l’homme d’Église les invita à revenir tous les lundis soirs. Chaque lundi, le nombre de fidèles s’accrut.

Le 7 octobre, le dirigeant soviétique Mikhaël Gorbatchev, reçu par son homologue Erich Honecker, assista à Berlin à la commémoration du 40e anniversaire de la RDA. Tandis que les jeunes du parti unique défilèrent, la foule scandait « Gorbi, Gorbi ». Le 9, 70.000 personnes manifestèrent à Leipzig, martelant « Keine Gewalt » ou « Wir sind das Volk » (« Pas de violence », « Nous sommes le peuple »). Désemparées, les autorités ne réagirent pas et l’Armée rouge resta dans ses casernes. Le 17, Honecker fut destitué et remplacé par le jeune Egon Krentz (52 ans). La veille, 120.000 personnes avaient manifesté et réclamé des élections libres. Le 23, ils furent plus de 200.000. Les jours suivants, les rassemblements devinrent quotidiens. Le 27, l’annonce d’une amnistie générale pour les manifestants emprisonnés fut saluée par l’opposition comme « un premier signal, longtemps attendu ».

Le 30, plus d’un demi-million de personnes participèrent, à travers le pays, au rituel défilé du lundi soir, dont 300.000 à Leipzig. Un nouveau slogan apparut : « À bas le Mur ! »


2/5 - 4 novembre à Berlin-Est, « Chacun peut enfin dire ce qu'il pense »

Auteur de Le Mur de Berlin, histoire et chute, Marc Geoffroy revient, pour Boulevard Voltaire, sur les jours qui précipitèrent l’effondrement du mur.

Le 4 novembre, sur Alexanderplatz, la principale esplanade de Berlin-Est, un demi-million de personnes écoutent, pendant trois heures, une quinzaine d’orateurs dont des membres de Neues Forum et de Demokratischer Aufbruch, les deux grands groupes d’opposition, des écrivains, des artistes mais aussi des communistes réformateurs. Günter Schabowski, membre du bureau politique du SED, le Parti communiste de RDA, que nous retrouverons au premier plan le 9 novembre, est présent ainsi que Markus Wolf, ancien chef du contre-espionnage. On dit qu’il est l’un des hommes de Mikhaïl Gorbatchev à Berlin-Est. Chacun s’exprime librement et aucune arrestation n’est à déplorer. Les membres du SED implorent leurs concitoyens de laisser une chance au « jeune » Egon Krenz (52 ans) qui a succédé à Erich Honecker deux semaines plus tôt. Le nouveau dirigeant est-allemand propose « plus de démocratie pour plus de socialisme ». Mais les Berlinois se souviennent de Krenz qui, chargé des questions de sécurité intérieure et des cadres du parti aux côtés d’Honecker, passait pour un dur. Après le massacre de la place Tiananmen à Pékin, les 3 et 4 juin 1989, il félicitait ses camarades chinois sur la manière dont la répression avait été menée, notamment en ouvrant le feu sur des opposants désarmés (entre 300 et 3.000 morts). Lors des rassemblements secouant la RDA les dernières semaines, les manifestants exhibaient sa caricature le montrant enveloppé sous un capuchon comme le loup du Petit Chaperon rouge avec, en légende, « Oh, grand-mère, comme tu as de grandes dents ». Mais en cet automne 1989, Krenz est acculé. L’État communiste est en faillite, ruiné par ses dépenses militaires et sécuritaires grevées par le coût exorbitant du mur de Berlin et la surveillance de ses citoyens. Il doit sa survie temporaire aux généreux subsides de sa cousine ouest-allemande.

Le lendemain de la manifestation monstre, les dirigeants est-allemands rendent public le projet de loi autorisant jusqu’à 30 jours de voyage à l’étranger par an mais en maintenant le droit de refus des autorités. Cette solution est immédiatement rejetée par l’opinion. Face à cette protestation, la Chambre du peuple désavoue le projet de loi. Une première dans son histoire.

Le 8, Egon Grenz, de retour de Moscou, convoque une réunion spéciale du Comité central. Il démissionne ses ministres et profite de l’occasion pour réformer le Politburo en cooptant de nouvelles têtes. Hans Modrow, soixante et un ans, considéré comme un réformateur, remplace Willi Stoph à la tête du gouvernement. La veille, Erich Mielke, le puissant patron de la Stasi, a ordonné la destruction des documents sensibles.

A suivre.

 

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/il-y-a-30-ans-la-chute-du-mur-de-berlin-2-5/?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=658ac61487-MAILCHIMP_NL&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-658ac61487-31040957&mc_cid=658ac61487&mc_eid=c2875309d7

 

Commentaires: 0