…en tant qu’outil de diagnostic de l’état mental des néo-cons aux États-Unis
Le 30/01/2019.
Les néo-conservateurs
ne cessent de m’étonner et leur dernière cascade contre le Venezuela tombe dans cette catégorie d’événements étranges à la fois absolument impensables et tout à fait prévisibles.
Cette apparente contradiction logique est le résultat direct d’une vision du monde et d’un état d’esprit qui sont, je crois, propres aux néo-cons : mélange
d’orgueil impérial et d’arrogance infinie ; manque total de décence ; mépris absolu pour le reste de l’humanité ; ignorance grossière ; incapacité de sociopathes narcissiques à avoir une
quelconque empathie ou à imaginer la réaction d’une autre personne et enfin, dernier point et non des moindres, une stupidité crasse. On peut dire tellement de choses sur la dernière agression
américaine contre le Venezuela que des livres entiers pourraient être – et seront – écrits à ce sujet, mais je voudrais commencer par examiner quelques aspects spécifiques mais
néanmoins très symptomatiques :
Vous souvenez-vous de la réaction d’horreur presque universelle lorsque Bolton a été nommé conseiller à la sécurité nationale des USA ? Eh bien, apparemment, les
néo-cons ont complètement manqué cela, ce dont je doute, ou ils ont fait ce qu’ils ont toujours fait et ont décidé de doubler la mise en récupérant Elliott Abrams dans le grenier et en
le nommant Envoyé spécial des États-Unis au Venezuela. Je veux dire, oui, bien sûr, les néo-cons sont assez stupides et sociopathes pour ne pas se soucier des autres, mais dans ce cas, je pense
que nous avons affaire à une « tactique à la Skripal » :
faire quelque chose d’aussi ridiculement stupide et offensant qu’il place tout vos vassaux devant un choix difficile : soumettez-vous et faites comme si vous n’aviez rien remarqué, ou
osez dire quelque chose et affronter la colère de l’oncle Shmuel (la version néo-con de l’oncle Sam). Et cela a fonctionné, au nom de la solidarité ou d’autre chose, les
laquais les plus fidèles de l’Empire se sont immédiatement rangés derrière la dernière agression américaine contre une nation souveraine, en dépit du fait évident que cette agression viole
chacun des principes les plus sacrés du droit international. C’est exactement la même tactique que lorsqu’ils vous font nettoyer les toilettes avec une brosse à dents ou vous font faire
des pompes dans la boue pendant l’entraînement de base à la caserne : non seulement pour vous conditionner à une totale obéissance, mais pour vous faire publiquement renoncer à tout semblant
de dignité.
Il ne s’agit toutefois pas simplement que l’histoire se répète comme une farce. Il est difficile d’exagérer à quel point un personnage comme Elliott Abrams est
totalement offensant pour tous les latino-américains qui se souviennent de la débâcle sanglante des États-Unis au Nicaragua. Les vassaux américains doivent maintenant renoncer à tout type de
prétendue dignité devant leur propre peuple et agir comme si Abrams était un être humain respectable et sain d’esprit.
Je pense que ce genre de « conditionnement à l’obéissance par
l’humiliation » ne vient pas simplement du fait que les néo-cons sont des idiots, mais c’est une tactique délibérée qui, bien sûr, va se retourner contre les marionnettes
américaines dans le monde entier, tout comme l’opposition pro-US libérale russe a été éviscérée après
avoir été associée par l’opinion publique du pays à la politique des États-Unis contre la Russie, notamment en Ukraine.
Enfin, ces nominations montrent également que les néo-cons chenus sont effrayés et paranoïaques, car il reste encore beaucoup de jeunes néo-cons très
affûtés aux États-Unis qui auraient pu faire l’affaire, plutôt que Abrams. Pourtant, ils ont ressenti le besoin de sortir ce dernier du placard et de le placer dans une position clé, en
dépit de la forte odeur de naphtaline émanant de lui. Cela me rappelle les gérontocrates du Politburo soviétique des pires années de stagnation, qui devaient nommer des personnalités
comme Tchernenko à des postes de responsabilité importants.
L’un des points communs entre l’administration de M. MAGA et le regretté Politburo Brejenevien est son incapacité totale à faire quoi que ce soit. Ma femme appelle
les gens de la Maison-Blanche – depuis l’époque Debeliou – le « gang qui ne peut pas tirer
droit »,[film sur la mafia] et elle a raison – comme toujours ! Ils ne savent tout simplement plus rien faire – tous leurs pseudo-succès à moitié
foireux sont inévitablement suivis par des échecs embarrassants.
Comme je l’ai écrit dans mon article« La bonne nouvelle à propos de la
présidence Trump : être stupide a du bon ! », Ces gens ne feront que précipiter l’effondrement de l’empire anglo-sioniste, ce qui est une très bonne chose. La mauvaise
chose est, bien sûr, que les néo-cons nient toute possibilité d’effondrement graduel et organisé, mais créent plutôt une dynamique dans laquelle un effondrement soudain, catastrophique devient beaucoup plus probable.
Maintenant, nous avons tous vu la dernière prouesse de Bolton, digne de l’antique : se balader avec un grand post-it jaune sur lequel est écrit « 5 000 soldats en Colombie ».
Encore une fois, il se peut que Bolton soit sénile ou s’en fout, mais j’en doute. Je pense qu’il ne s’agit là que d’une autre manière, même si elle paraît subtile, de menacer le Venezuela d’une
invasion menée par les États-Unis. Et vraiment pourquoi pas ?
Si l’Empire pense qu’il a l’autorité et le pouvoir de décider qui doit être le président du Venezuela, il doit logiquement étayer sa position par une
menace [ce qui est par ailleurs
une spécialité de Bolton, NdT], d’autant plus qu’il ne reste plus d’autorité américaine, morale ou autre.
La question évidente est de savoir comment cette menace sera perçue au Venezuela et cela dépend en grande partie de sa crédibilité. Maintenant, « 5 000 soldats » peut
signifier n’importe quoi, allant d’une brigade d’infanterie ou d’un mélange typiquement américain de forces supposément spéciales – pour rendre chaque service
heureux et donner à chacun une part de ce qui est attendu, mais jamais atteint, « la tarte de la
victoire » – de nombreuses carrières aux États-Unis dépendent de ce genre de choses. À ce stade, je préfère ne pas spéculer en précisant comment une telle force pourrait être
structurée. Supposons qu’il s’agisse d’une force globalement crédible et bien préparée et essayons de spéculer sur la façon dont les Vénézuéliens pourraient réagir.
L’état de l’armée vénézuélienne
Je suis particulièrement chanceux car j’ai un ami proche et de confiance en Amérique latine, qui est maintenant lieutenant-colonel à la retraite, qui a passé de
nombreux mois au Venezuela à travailler avec l’armée vénézuélienne à un titre que je ne peux pas révéler, mais qui lui a donné un accès quasi total à toutes les unités et installations militaires
du pays et qui, il y a quelques années à peine, a partagé avec moi son impression sur l’armée vénézuélienne.
Voici ce qu’il m’a dit :
« Une armée, n’importe laquelle, est toujours le produit de la société qui l’entoure, et cela est également vrai du Venezuela. Il serait stupide
d’admettre que l’économie vénézuélienne est un gâchis total tout en s’attendant à ce que les forces armées vénézuéliennes soient un brillant exemple de professionnalisme, d’honnêteté et de
patriotisme. La triste réalité est très différente.
D’une part, une grande partie de l’armée vénézuélienne est totalement corrompue, à l’instar du reste de la société. Dans un pays dont l’économie est en train
d’imploser, cela n’a rien d’étonnant. En outre, Chavez et Maduro luttent depuis des années pour éliminer le plus grand nombre possible de traîtres et d’ennemis de classe – au sens
marxiste du terme – de l’armée vénézuélienne et les remplacer par des éléments « socialement proches » (concept bolchevique) des couches les plus pauvres de la société. À vrai
dire, il s’agissait d’une stratégie partiellement fructueuse, comme en témoigne le fait que lors de la dernière tentative de coup d’État, l’armée vénézuélienne a appuyé de manière écrasante
la Constitution vénézuélienne et la légitimité de Maduro.
Et pourtant, ce type de loyauté se fait souvent au détriment du professionnalisme et de la corruption, comme en témoigne le cas de l’attaché militaire
vénézuélien aux États-Unis, qui était clairement un agent américain. Je crains que la situation actuelle au Venezuela ne ressemble à celle qui prévalait en Syrie au tout début de la guerre
anglo-sioniste contre ce pays, lorsque des dizaines de hauts responsables du gouvernement syrien se sont révélés être des traîtres et/ou des agents américains. En Syrie, le gouvernement a
finalement repris le contrôle de la situation, mais seulement avec une aide considérable de l’Iran et de la Russie et après avoir été presque renversé par les forces Takfiries dirigées par
les États-Unis. »
La bonne nouvelle ici, selon mon ami, est que les forces spéciales vénézuéliennes (forces spéciales de l’armée, troupes d’infanterie de la jungle, unités de
contre-insurrection Caribe,
unités aéroportées, etc.) sont bien meilleures et qu’elles pourraient constituer le noyau dur d’une force de résistance à l’invasion, un peu comme ce que la Garde républicaine a finalement fait
en Irak. Mais la plus grande différence avec l’Irak réside dans le fait qu’au Venezuela, la majorité de la population soutient toujours Maduro et que toute force d’invasion doit s’attendre à
rencontrer une résistance comparable à celle rencontrée par les États-Unis en Irak après l’invasion du pays. De plus, il y avait une sorte de trêve fragile entre Hugo Chavez et divers guérilleros
de gauche qui avaient accepté de mettre fin à leurs opérations militaires, mais qui avaient également gardé toutes leurs armes « au cas où ». Ce « cas » est maintenant arrivé et
nous pouvons nous attendre à ce que toute invasion américaine déclenche la réapparition immédiate d’une force de guérilla de gauche qui, combinée au soutien populaire et au rôle clé d’un noyau de
forces spéciales patriotes vénézuéliennes, pourrait former une combinaison très dangereuse, surtout à moyen et
long terme.
N’oubliez pas que les officiers corrompus n’aiment pas les combats et que, même s’ils peuvent aider une force d’invasion américaine, ils ne le feront que tant que
la situation semblera simple, mais dès que les choses iront mal – ce qui est toujours le cas avec les forces d’invasion américaines – ils fuiront aussi vite que possible.
Ainsi, alors que la corruption endémique actuelle est un problème pour le gouvernement Maduro, elle le deviendra pour les États-Unis dès que le gouvernement légitime sera renversé.
Les comparaisons sont forcément trompeuses et rudimentaires, mais gardez bien à l’esprit cette mise en garde : ne pensez pas Syrie, mais plutôt Irak lorsque vous envisagez les
conséquences possibles d’une invasion américaine.
L’état du peuple vénézuélien
C’est vraiment crucial. Les réformes de Hugo Chavez ont aliéné beaucoup de Vénézuéliens, en particulier ceux qui ont fait fortune en servant les intérêts des
États-Unis et qui sont devenus une version typique de la classe comprador en Amérique latine. Une
grande partie de la classe moyenne également heurtée est en colère. Cependant, ces mêmes réformes ont permis à un grand nombre de Vénézuéliens déconsidérés et pauvres, de vivre et de
ressentir, pour la première fois, qu’un gouvernement défendait leurs intérêts, et ils se souviennent à quoi ressemblait la vie dans une pauvreté abjecte sous un régime soutenu par les
États-Unis. Ces gens n’ont probablement aucune illusion sur ce que le renversement de ce gouvernement signifierait pour eux et ils vont probablement se battre, sinon nécessairement avec
compétence, pour conserver les petits droits et moyens qu’ils ont acquis pendant les années Chavez. Il y a même ce que l’on appelle parfois des « chavistes sans Chavez »,
que certains décrivent comme des traîtres potentiels, tandis que d’autres les voient comme une faction plus pragmatique et moins idéologique des partisans de Chavez qui décrient les erreurs de
Chavez mais ne veulent pas que leur pays se transforme en une colonie américaine à la colombienne. Quoi qu’il en soit, la politique pro-populaire d’Hugo Chavez a profondément marqué le pays et on
peut s’attendre à ce que beaucoup de Vénézuéliens prennent les armes et résistent à toute invasion américano-colombienne.
Ici, je pense que nous pouvons tous exprimer notre profonde gratitude à M. MAGA, dont la nomination d’Elliott « Iran-Contra » Abrams a
fait plus que toute propagande parrainée par le gouvernement pour expliquer clairement et sans détour au peuple vénézuélien qui leur fait quoi et pourquoi.
Sérieusement, Ron Paul ou Tulsi Gabbard qui parlent de démocratie sont une chose, mais le fait que des gangsters et des voyous psychopathes comme Pompeo, Bolton ou
Abrams soient en charge envoie un message qui indique clairement que nous avons affaire à un banal cas de vol à main armée par des bandits de grand chemin pour deux considérations très
grossières :
Premièrement, reprendre le contrôle des immenses ressources naturelles du Venezuela ;
Deuxièmement, prouver au monde entier que le mafioso oncle Shmuel peut toujours, citation : « saisir un petit pays merdique et
le jeter contre le mur, juste pour montrer au monde que nous parlons business sérieusement », sans citation.
Le problème évident est que personne ne prend les États-Unis au sérieux parce qu’ils n’ont jamais été en mesure de vaincre aucun pays capable de résister, et cela
depuis déjà plusieurs décennies. Les différentes forces spéciales américaines, qui sont généralement le fer de lance de toute invasion, ont un bilan particulièrement épouvantable d’échecs
catastrophiques chaque fois qu’elles cessent de poser devant les caméras pour aller livrer un véritable combat. Je vous assure que dans l’armée vénézuélienne, personne ne s’intéresse
aux films comme « Rambo » ou « Delta Force », alors qu’ils
étudient attentivement les FUBAR [ Fucked Up
Beyond Any Repair (foutus au-delà de toute réparation)] américains en Somalie, à la Grenade, en Iran et ailleurs. Vous pouvez également parier que les
Cubains, qui ont de nombreuses années d’expérience au combat contre les forces spéciales (très compétentes) sud-africaines en Angola et ailleurs, partageront leur expérience avec leurs collègues
vénézuéliens.
Dernier point, mais non des moindres, de nombreuses armes sont en circulation au Venezuela et les différentes milices populaires ainsi que la Garde nationale se
feraient un plaisir de les distribuer à la population locale si une invasion quelconque réussissait.
L’état de l’empire et son président fantoche
Macrobama
Eh bien, la fameuse « folie répétant sans cesse la même
chose en espérant obtenir des résultats différents » est la meilleure description possible des actions américaines. Il suffit de regarder cette séquence :
Les dirigeants anglo-sionistes de l’Empire nomment un hybride d’Obama et Macron appelé Juan Guaido « président par intérim légitime »
;
Les marionnettes américaines d’Europe et d’Amérique latine se rangent immédiatement derrière l’oncle Shmuel ,
Les États-Unis promettent la guerre (c’est à dire des conséquences graves) si Guaido est arrêté ;
L’empire anglo-sioniste vole au Venezuela des milliards de dollars d’actifs ;
L’Empire donne une partie de cet argent à l’opposition modérée pour financer
une insurrection ;
Les Siomedias lancent une PSYOP stratégique à propos d’avions russes emportant de l’or vénézuélien hors du pays ;
L’Empire sabote la plus grande compagnie pétrolière du Venezuela ;
L’empire délivre au Venezuela un ultimatum qui est manifestement inacceptable et qui est évidemment rejeté ;
Aucun homme politique occidental au pouvoir n’ose dire un mot sur cette violation massive tous azimuts de tous les principes les plus sacrés du droit
international. Mais bon… on sait que le droit international est mort depuis la guerre de l’OTAN contre le peuple serbe, ce n’est donc pas une nouvelle…
Tout cela ne vous semble-t-il pas laborieusement familier ?
Est-ce que ce mélange bizarre de néo-cons, gérontocrates et bureaucrates de l’État profond croit vraiment, sincèrement, que cette fois-ci ils
vont gagner, quelle que
soit leur définition de la victoire ?!
De manière plus pertinente, cette recette a-t-elle déjà fonctionné ? Je dirais que si nous acceptons, pour l’argumentation, que l’objectif est
de « restaurer la
démocratie », il est évident que non. Mais si le but est de détruire un
pays, cela a fonctionné plusieurs fois.
Ensuite, quelques espoirs mal
placés
Je reçois beaucoup de courriels suggérant que la Russie pourrait faire au Venezuela ce qu’elle a fait en Syrie. Permettez-moi de vous dire immédiatement que cela
n’arrivera pas. Oui, il y a beaucoup de Russes au Venezuela, mais les « Russes ne viennent
pas ».
Tout d’abord, je ne cesserai jamais de répéter que l’intervention de la Russie en Syrie était très minime et même si cette petite force s’est avérée
formidable, elle agissait essentiellement comme un multiplicateur de
force pour les Iraniens, le Hezbollah et les forces gouvernementales syriennes. Et pourtant, même le déploiement de cette toute petite force a nécessité un énorme effort logistique de
la part de la Russie, dont l’armée – qui est purement défensive – n’est tout simplement pas structurée pour une projection de puissance à longue distance.
La Syrie est à environ 1 000 km de la Russie. Le Venezuela est environ 10 fois (!) plus loin. Oui, je sais, quelques Tu-160 ont visité le pays deux
fois récemment et il y a des conseillers russes dans le pays et les Vénézuéliens disposent de quelques très bons systèmes d’armes russes. Mais là encore, c’est une affaire de quantité. Un
nombre limité d’avions de combat de fabrication russe, d’hélicoptères, de missiles de défense aérienne ou même un grand nombre de MANPAD avancés ou de fusils d’assaut ne suffiront pas à faire
face à une invasion déterminée par les États-Unis et la Colombie. Enfin, il n’y a pas d’équivalent vénézuélien à l’Iran ou au Hezbollah – un allié extérieur et un ami – qui serait
capable et disposé à déployer de véritables forces de combat pour un combat réel et soutenu contre l’envahisseur.
Vient ensuite le terrain. Oui, une grande partie du Venezuela est difficile d’accès, mais pas pour les forces expérimentées dans la jungle, que possèdent l’armée
américaine et les Colombiens. En outre, il n’est absolument pas nécessaire d’envahir tout le pays pour renverser le gouvernement légitime. Pour cela, tout ce dont vous avez besoin est de
contrôler quelques installations clés dans quelques emplacements clés et c’est terminé. Par exemple, je ne vois pas l’US Air Force ou l’US Navy perdre leur temps dans un combat air-air
contre les quelques Sukhois vénézuéliens : ils vont simplement les détruire dans leurs hangars avec leurs pistes, leurs radars de gestion de combat aérien et leurs postes de commandement.
Ainsi, le terrain n’empêchera pas l’Empire de supprimer les défenses aériennes vénézuéliennes et, dès que cela sera fait, vous pourrez vous attendre au mélange habituel de frappes de bombes
et de missiles qui créeront le chaos, réduiront les capacités de commandement et de contrôle et, en gros, désorganiseront l’essentiel de l’armée. Enfin, les forces américaines en Colombie et
les navires de l’US Navy au large des côtes vénézuéliennes disposeront d’un port sécurisé leur permettant de lancer autant de frappes qu’ils le souhaitent.
Ensuite, l’espoir que la Russie et la Chine ressuscitent d’une manière ou d’une autre l’économie vénézuélienne est également mal fondé. Premièrement, aucun des deux
pays ne souhaite verser de l’argent dans un gouffre sans fond. C’est une chose de signer des contrats susceptibles de produire à terme un retour sur investissement et une autre de jeter de
l’argent dans un gouffre sans fond – comme les États-Unis et l’Europe l’ont découvert en Ukraine. Deuxièmement, l’économie vénézuélienne est si profondément imbriquée dans le système
financier international américano-britannique que ni la Chine ni la Russie ne peuvent rien y faire. Cela ne veut pas dire que les sanctions américaines, la subversion et le sabotage n’ont pas
joué un rôle majeur dans l’effondrement de l’économie vénézuélienne, bien sûr, mais il est tout aussi vrai, du moins pour les spécialistes russes, que de nombreuses réformes chavistes ont été
bâclées, beaucoup d’entre elles étaient trop petites et trop tardives, et qu’il faudra des années pour renflouer l’économie vénézuélienne.
Enfin, nous comparons des pommes à des oranges : la tâche des anglo-sionistes est de détruire l’économie vénézuélienne, tandis que la tâche des Chinois et des
Russes serait, au moins en théorie, de la sauver. Détruire est tellement plus facile que construire, que toute la comparaison est logiquement erronée et fondamentalement non pertinente.
Je ne veux vraiment pas offenser les partisans de Hugo Chavez et de ses idéaux – je m’inclus largement dans cette catégorie – mais tous ceux qui se sont
rendus au Venezuela ou à proximité du Venezuela vous diront que les Vénézuéliens démunis ne quittent pas seulement le pays en grand nombre, mais ils contribuent également à déstabiliser les États
voisins. Nous ne devrions donc pas avoir une vision bisounours sur les rapports disant que
l’effondrement économique et social au Venezuela est uniquement de la « propagande américaine ».
Malheureusement, la plupart des choses sont vraies même si elles sont souvent exagérées, déséquilibrées et ignorent tous les succès réels des réformes de Chavez, d’où le soutien populaire
continu dont, malgré tout, le gouvernement Maduro continue à bénéficier. Cependant, la situation générale est très sombre et il faudra que le Venezuela prenne des mesures cohérentes et correctes
pour se remettre de la situation critique actuelle.
Alors, y a-t-il encore de l’espoir ? Oui
absolument !
J’ai récemment répondu ce qui suit à un ami qui me posait des questions sur une éventuelle intervention russe au Venezuela : « Je place mes propres espoirs non pas dans
l’armée vénézuélienne, ni dans l’aide chinoise ou russe, mais dans l’incroyable capacité des Américains à tout faire foirer. En fin de compte, c’est notre plus grand allié : la stupidité,
l’ignorance, l’arrogance et la lâcheté des États-Unis ».
Pensez à ce qui est actuellement considéré comme une politique des États-Unis au Venezuela
comme outil de
diagnostic.
Non seulement pour diagnostiquer la dégénérescence morale et la pathologie mentale des dirigeants de l’empire anglo-sioniste, mais également pour diagnostiquer le
véritable état de désespoir et de chaos de l’empire lui-même. Sous Obama, malgré toutes les fautes et faiblesses, les États-Unis ont réussi à subvertir une liste de pays cruciaux d’Amérique
latine – comme le Brésil ou l’Argentine – mais maintenant, avec M. MAGA, cela n’est même plus possible. Le genre de pitrerie que nous voyons de la part du gang Pompeo, Bolton &
Abrams est stupéfiant par sa grossièreté et, franchement, donne l’air absolument ridicule à une supposée « nation indispensable ». Ces
perdants ont déjà dû se replier plusieurs fois, en dépit de menaces tout aussi hyperboliques menées avec un maximum de gravité, pensez à la Chine, et pourtant, ils croient toujours que des
méthodes d’intimidation brutales peuvent être couronnées de succès. Ce n’est pas le cas. Une puissance de feu immense ne remplace pas un cerveau.
Dans leur histoire courte et sanglante, les États-Unis ont presque toujours agi comme une entreprise criminelle dirigée par des gangsters brutaux, mais dans le
passé, certains de ces gangsters pouvaient être extrêmement instruits et intelligents, pensez à James Baker. Aujourd’hui, leurs armes sont toujours là, même si elles sont dans un état de
délabrement avancé, mais elles sont brandies par des arriérés mentaux ignorants. Oui, les arriérés avec des armes à feu peuvent être très dangereux, mais ils ne peuvent jamais
être efficaces !
Conclusion
À l’heure actuelle, les États-Unis, soutenus par leurs diverses colonies et leurs États vassaux, semblent prêts à porter un coup mortel au Venezuela et, à la
vérité, ils pourraient peut-être le faire. Mais, quoi qu’il vaille, j’ai le sentiment qu’ils échoueront à nouveau, même contre les pays les plus faibles de l’axe de la résistance. Cela ne
veut pas dire que le Venezuela ne soit pas confronté à de graves problèmes. Mais je pense que malgré le fait qu’il se trouve dans une situation critique, le Venezuela pourra se relever, tout
comme la Syrie. Après tout, l’exemple syrien prouve qu’il est possible de résister à une force d’invasion supérieure tout en s’engageant avec succès dans des réformes indispensables. Oui, la
Caracas d’aujourd’hui est en très mauvais état, mais la ville d’Alep était dans un état bien pire jusqu’à sa libération, et une vie quasi normale y est revenue, en contraste frappant avec la
ville de Raqqa, dévastée et libérée par les États-Unis, qui est encore en ruines. Les Yankees, pour employer l’expression habituelle latino-américaine, sont comme leurs seigneurs israéliens : ils sont capables de provoquer une violence
dévastatrice, mais ils n’ont pas le pouvoir de rester : si les choses ne vont pas très vite, vraiment vite, ils courent et se barricadent loin du danger. Dans notre cas, ils pourraient même
faire ce qu’ils ont fait en Irak et en Afghanistan : construire des ambassades incroyablement gigantesques, créer une zone spéciale autour d’elles, et rester assis là pendant que le pays est
plongé dans une guerre civile sanglante. De cette manière, ils peuvent fournir à CNN & Co des images d’un « quartier paisible » tout
en affirmant que la bannière étoilée continue de voler fièrement au-dessus de la capitale ennemie et que « les américains ne fuient pas ». Ce
serait un résultat désastreux pour la nation vénézuélienne et c’est pourquoi nous devons tous essayer de le prévenir en prenant la parole avant que les États-Unis ne détruisent encore un autre
pays.
Espérons que le souvenir d’invasions passées, humiliantes et sanglantes, ayant complètement échoué, convaincront les bonnes personnes du Pentagone de faire le
nécessaire pour empêcher les États-Unis de lancer une nouvelle guerre de choix stupide et immorale pour le compte des néo-cons.