A mon humble avis…Les américains ont perdu le monopole de la puissance militaire…ou, au minimum, présentent d'énorme lacunes dans
des domaines de pointe.
Je m’appuierai sur quelques points techniques caractéristiques de ces derniers mois qui semblent démontrer cette idée. Ils n’ont
bien sur pas été révélés ou mis en perspective par les médias, français en particulier
.
A ma connaissance, le premier « incident » significatif remonte à 2014 !
Le 10 avril, en mer Noire, le HMS Donald Cook est survolé par des SU 24 Russes sans que l’équipage ait pu
détecter...et prévenir cette attaque « simulée ». Il faut rappeler que ce bâtiment est porteur de missiles à capacité nucléaire et qu’il embarque le nec plus ultra de la technologie US
en matière de détection et de contre-mesures…
Malgré toute sa puissance théorique, il n’échappe pas à la surveillance russe et a été virtuellement envoyé par le fond à
deux reprises… !
En mars 2015, au cours d'un exercice, un sous-marin nucléaire français réussi à se mettre en position
de tir et "virtuellement" couler le porte-avions USS Théodore Roosevelt...Belle performance de nos sous-mariniers, mais bel accroc à la suprématie de la marine US !
Le 03/09/2015, suite au soi-disant franchissement de la « fameuse ligne rouge » par le gouvernement Syrien (emploi de
l’arme chimique ) le gouvernement US décide de frapper…et les deux premiers missiles Tomahawk tombent à la mer…. !
Marche arrière toute des USA.... et du coup, la France se retrouve complètement isolée…
En revanche, en octobre suivant, lorsque la Russie décide de frapper l’EI, elle le fait à partir de petites unités de la flottille
de la Caspienne, mer fermée, soit dit en passant.
Sur environ une centaine de missiles de croisière tirés à plus de 1000 km de distance, seuls deux ou trois n’atteindront pas leurs
objectifs.
Autre point « technique » qui mérite attention…Courant 2015, les marins américains n’ont plus confiance en leur système
GPS…si bien qu’ils ré-instituent la navigation astronomique et ré-apprennent à utiliser leurs sextants…
Ils ne font surement pas cela pour le plaisir, mais certainement confrontés à l’expérience de la neutralisation temporaire du
système GPS de leurs unités.
La puissance des moyens de brouillage russes pourrait aussi expliquer la discrétion de la mise en place des moyens militaires
d’aide au pouvoir syrien…Car à bien y regarder, il n’y a que lorsque tout a été en place et diffusé par les médias russes que l’occident a pu évaluer les forces en présence.
Il en est de même pour certains armements nouveaux développés dans la « discrétion » la plus totale en particulier le SU
34…..
L’ensemble de ces éléments m’amène à penser que le gouvernement américain n’a plus la main sur le plan militaire et par conséquent
diplomatique au Moyen-Orient et en Syrie.
Ajoutons à cela, la performance des services de renseignement russes qui ont rendu public quelques rapports de renseignement
accablant la Turquie :
....et permis de « prévenir » Erdogan de l’imminence d’un coup d’état…organisé par la
CIA...!
Plus que jamais, il faudra retenir qu’à « Défense forte, Diplomatie forte » ce qui signifie
:
- Que V. Poutine se sent suffisamment fort pour ne pas tomber dans le piège des provocations américaines (Cf : le SU24 abattu par l’aviation turque le 24/11/2015), les
manœuvres de l’OTAN dans les pays Baltes…ou l’interdiction de participation aux JO de Rio….etc !)
- Qu'Erdogan a senti le vent tourner et se range du coté du plus fort...
JMR
Les forces américaines ont du mal à se remettre des coupes budgétaires de ces dernières années
En 2011, afin de réduire le déficit fédéral des États-Unis, le Congrès adopta le Budget Contral Act (BCA) qui prévoyait un mécanisme de coupes budgétaires automatiques
dans les dépenses dites « discrétionnaires », dont celles du Pentagone.
À ce « séquestre budgétaire » s’est ajouté, en 2013, le « shutdown », c’est à dire la paralysie des administrations fédérales faute d’accord sur le
budget et le plafond de la dette entre les élus démocrates et républicains.
Et, évidemment, cela n’a pas été sans conséquences sur les crédits alloués aux forces américaines qui, contraintes de jongler avec les gels et les annulations de
crédits, ont dû revoir leurs priorités tout en ayant à financer des programmes d’équipements coûteux et à maintenir leurs engagements opérationnels. En outre, leurs marges de manoeuvres ont été
parfois rognées par les élus eux-mêmes, soucieux d’éviter des dissolutions d’unités dans leurs États d’origine.
Aussi, le tableau qu’ont dressé les principaux responsables militaires américains, lors d’auditions devant le comité des Forces armées de la Chambre des représentants,
n’est pas très brillant. Et le sentiment que l’on en retire est que l’armée américaine est une sorte de colosse aux pieds d’argile…
Ainsi, le général Stephen Wilson a décrit l’US Air Force, dont il est numéro deux, comme étant « la plus petite, la plus ancienne et la moins opérationnelle de
notre histoire », en citant le volume des effectifs (311.000 militaires), l’âge moyen des équipements (le dernier appareil entré en service opérationnnel étant le F-22 Raptor, en 2005), le
nombre d’appareils en ligne (5.500 contre 8.600 en 1991) et le taux de disponibilité des avions.
En outre, il a souligné le manque d’entraînement des pilotes de combat, qui « font en moyenne 10 sorties et 14 heures de vol par mois ». Or, « c’est trop
peu », a-t-il dit. Aussi, « moins de 50% des escadrons de chasse de l’US Air Force sont sufffisamment prêts pour aller au combat, ce qui crée un risque inacceptable pour nos aviateurs, nos
partenaires et notre nation », a ajouté le général Wilson.
L’aviation du Corps des Marines fait face au même problème. « Nous ne disposons tout simplement pas assez d’appareils disponibles pour répondre aux exigences de
nos escadrons. Cela signifie que les moyennes d’heures de vol mensuelles par équipage sont en dessous des normes minimales requises pour atteinte et maintenir les niveaux de formation et de
préparation », a déploré le général Gleen Walters, le commandant en second de l’USMC.
Le problème de l’aptitude au combat a été souligné par les homologues de ce dernier. Numéro deux de l’US Army, le général Daniel Allyn, a indiqué que seulement un tiers
des brigades de combat et 25% des brigades d’aviation (hélicoptères) étaient considérées prêtes à « à combattre ce soir ».
L’US Navy est aussi confrontée à d’importants problèmes, liés à la maintenance (et donc à la disponibilité) de ses navires et de ses avions, ce qui joue sur sa
préparation opérationnelle, la formation de ses équipages et sa capacité à répondre aux demandes adressées par les commandements régionaux.
Par exemple, son numéro deux, l’amiral Bill Moran a indiqué que le potentiel des avions de combat F-18 Hornet va être largement dépassé. Alors qu’ils devaient 6.000
heures, « nous sommes en train de les pousser vers les 8-9.000 heures » de vol, a-t-il dit. « Dans une journée typique de la marine, autour de 25 à 30% de nos avions sont en révision
ou en maintenance », a-t-il ajouté. Et ce n’est là qu’une moyenne. Récemment, Defense News a révélé que 53% des appareils de la marine américaine (chasseurs, avions de patrouille et
hélicoptères) n’étaient pas en mesure de voler.
Autre point sensible : celui de l’état des bases. « Nous avons un retard de plus de 9 milliards de dollars de dépense d’entretien de nos infrastructures », a
en effet regretté le général Walters.
Bien sûr, ces responsables américains ne sont pas contre une hausse de leurs ressources financières, comme l’a promis le président Trump, qui parle d’une « grande reconstruction des forces armées des Etats-Unis. Mais ils voudraient aussi que les élus ne viennent pas leur compliquer la tâche quand il est
question de réaliser des économies. « Nous pensons que nous avons 25% de capacités excédentaires dans nos bases », a ainsi avancé le général Wilson. Or, pour les fermer, encore faut-il
que les sénateurs ou les représentants ne s’y opposent pas…
L’empire qui veut mener une nouvelle guerre globale contre de solides adversaires est en déclin militaire…
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Le déclin et l’effondrement de l’empire Romain d’Occident fut un processus assez lent, systématique mais imperceptible à la plupart des contemporains de cette
époque lointaine. Puis vint le moment où les légionnaires Romains se révoltèrent pour qu’ils se débarrassent de leurs encombrantes armures individuelles. Puis ils jetèrent leur scutum (bouclier),
qu’ils trouvèrent trop lourd à porter, avant de suspendre leur gladius (épée courte portée sur la droite) à des branches d’arbres et exploiter le moindre moment pour fuir le service militaire. Le
déclin militaire fut tel que Rome fit de plus en plus appel à des troupes auxiliaires recrutées parmi les autres nations jusqu’à sa disparition sous les coups d’un général barbare.
A un peu plus de 16 siècles de distance, le même déclin frappe la première puissance militaire du monde. En dépit d’un budget astronomique frôlant le trillion de
dollars US, le Pentagone se trouve forcé d’adopter une nouvelle politique dénommée « Deploy or Get Out!« , visant à mettre dehors les militaires qui ne sont pas aptes au déploiement.
Grosse surprise: jusqu’ici plus de 21 000 militaires (en quatre divisions) ont été remerciés depuis l’été 2018, soit quatre fois plus que prévu, et il est à craindre que les effectifs des troupes
« non déployables » dépassent ceux d’un corps d’Armée d’ici au mois de juillet 2019.
Pire, une étude officielle du Département US de la Défense a estimé le nombre de militaires non aptes au déploiement à près de 235 000 dont plus de 126 000 peinent
ou échouent à satisfaire aux standards sportifs militaires de base. Le reste est constitué de personnels approchant la retraite ou des femmes enceinte (un pourcentage étrangement élevé cachant
mal la fonction et la couverture sociales des forces armées pour certaines catégories de la population).
Du coup, le Pentagone donne un délai de douze mois aux militaires non aptes pour satisfaire aux standards de déploiement ou d’être « foutus dehors à grands
coups de pieds au C… ».
A court terme, plus de 310 000 militaires US risquent de se retrouver hors-circuit si cette nouvelle politique est menée à terme.
Washington se prépare donc sérieusement à une guerre globale, non pas contre une menace fictive comme cela fut le cas depuis 2001 (avec le marketing de la guerre
sans fin contre le terrorisme) mais avec deux grandes puissances redoutables: la Chine et la Russie.
Mais Washington a t-il encore les moyens d’entretenir de telles ambitions démesurées ?
Il y a quelques jours, des unités combinées de l’Armée syrienne ont effectué des exercices près du périmètre de sécurité de la base US d’Al-Tanf dans l’extrême
Sud-Est de la Syrie, soit à un peu plus 55 kilomètres des Marines US retranchées derrière leurs parapets. Et pourtant, aucun avion de combat de la coalition n’a osé survoler les troupes syriennes
qui manœuvraient en plein désert pour la simple raison que les T-55 et T-62 syriens bénéficiaient d’une couverture aérienne et d’un système de défense aérienne mobile. En clair, des Mig-29 SMT
survolaient la zone en permanence et des systèmes de missiles SAM mobiles (des Buks) accompagnaient les unités blinées syriennes à quelques dizaines de kilomètres de la base d’Al-Tanf en
territoire syrien et des camps de la coalition en Irak voisin.
Soldats syriens près du camp US d’Al-Tanf
Soit à portée de certaines batteries d’artillerie de l’OTAN déployées à la frontière irako-syrienne…
Unités de Marines US dans la base militaire illégale d’Al-Tanf, dans le désert de l’extrême Sud-Est de la Syrie.
Une situation burlesque: stationner des forces militaires sur le territoire d’un pays souverain sans y être nullement invité, et supporter de se faire encercler de
toutes parts par l’armée régulière de ce pays, laquelle en profite jusqu’à y mener des manœuvres militaires cycliques…Ce n’est pas un gag ou une caricature, c’est une réalité. Et on peut imaginer
sans peine l’état d’esprit des militaires de la coalition retranchées avec pour premier niveau défensif de la chair à canon locale fournie par les forces démocratiques syriennes et surtout les
satellites-espion en orbite couplés aux chasseurs-bombardiers et autres drones stationnées en Irak.
Vous imaginez les forces US ou d’un quelconque pays de l’OTAN réduite à cette situation lors de l’invasion de l’Irak en mars-avril 2003? Jamais. Le déclin est
toujours imperceptible. Jusqu’au coup final. Si Washington avait les moyens de sa politique, il n’aurait jamais accepté de se faire humilier de cette façon et aurait agi très énergiquement. Les
Iraniens ne sont pas dupes. Ils observent la scène. Ils viennent de mobiliser l’ensemble de leurs forces pour « infliger une leçon cinglante à leurs ennemis dans la région ».
Photographie rare du Mollah Omar, Chef suprême des Talibans d’Afghanistan, ayant combattu avec succès contre l’ensemble des forces militaires de l’OTAN et du monde Occidental. Mort
invictus en 2013.
Cette situation rappelle maintenant celle, désastreuse, de la guerre en Afghanistan. Durant des années, le Mollah Omar, chef suprême des Talibans d’Afghanistan de
2001 jusqu’à son décès en 2013, vivait et évoluait en toute quiétude, souvent à moins de dix, voire cinq kilomètres, des plus grandes bases militaires US d’où partaient des cohortes d’avions de
combat, d’hélicoptères d’attaque et de blindés à la recherche d’un contact avec les Talibans.
En deux occasions, le Mollah Omar avait poussé l’audace jusqu’à camper avec armes et bagages à l’ombre des épaisses murailles en béton armé d’un complexe militaire
US hyper-fortifié…
La Russie et la Chine écrasent les États-Unis dans une simulation de combat.
...par David AXE - le 11/03/2019.
L’armée américaine continue de se faire botter les fesses pendant les simulations de guerre, a déclaré un analyste au journaliste de Breaking
Defense, Sydney Freedberg Jr. Il en coûterait 24 milliards de dollars par an pour régler les problèmes les plus importants, selon le même analyste.
« Dans nos simulations, lorsque nous combattons la Russie et la Chine, les États-Unis se font botter le cul », déclare David Ochmanek, analyste
du groupe de réflexion californien la RAND Corporation, dans le cadre d’une table ronde tenue le 7 mars 2019 au Center for a New American Security, à Washington, DC.
« Il s’avère que les super-armes américaines ont un peu trop d’Achille dans leurs talons », se moque Freedberg.
Selon Ochmanek, les bases américaines sont vulnérables aux attaques de missiles longue portée. Il en va de même pour les grands navires de guerre naviguant en haute
mer. « Les choses qui dépendent d’une infrastructure de base sophistiquée comme les pistes d’atterrissage et les réservoirs de carburant sont particulièrement
vulnérables », a déclaré M. Ochmanek. « Les choses qui naviguent à la surface de la mer elles aussi. »
La dépendance excessive des forces américaines à l’égard de grandes installations vulnérables et de grands navires rendent discutables les qualités de haute
technologie des avions furtifs qui survolent ces bases et ces navires, a déclaré Robert Work, un ancien secrétaire adjoint à la défense qui a également siégé au comité du CNAS.
« Dans tous les cas que je connais, le F-35 domine le ciel quand il est dans le ciel, mais au sol ils seront décimés en grand nombre », déclare
Freedberg.
La vulnérabilité croissante des forces américaines aux frappes de missiles explique en partie pourquoi la marine américaine a proposé de déclasser un porte-avions
des décennies plus tôt qu’elle ne l’avait prévu, nous explique Freedberg.
Bien sûr, il est possible que la proposition de la Marine de mettre l’USS Harry S. Truman en réserve soit aussi un stratagème pour obtenir des fonds supplémentaires du Congrès.
Pourtant, les planificateurs militaires n’ont pas tort de reconsidérer les méthodes américaines traditionnelles de projection de puissance. Ochmanek estime qu’il en
coûterait 24 milliards de dollars par an pendant cinq ans pour préparer l’armée américaine à une guerre de haute technologie avec la Russie et la Chine.
« Alors qu’achèterons-nous avec ces 24 milliards de dollars ? » se demande Freedberg.
Tout d'abord, des missiles. Beaucoup, beaucoup de missiles. Les États-Unis et leurs alliés continuent notoirement de sous-estimer le nombre d'armes
intelligentes dont ils auront besoin pour une guerre balistique, puisqu’ils ont commencé à sécher contre des ennemis aussi faibles que les Serbes ou les Libyens. Contre la Russie ou la Chine, qui
peuvent égaler non seulement notre technologie mais notre masse, nous manquerons rapidement de munitions.
Plus précisément, il faudra beaucoup de missiles offensifs à longue portée. Ochmanek a mentionné les brigades d'artillerie de l'armée de terre, qui utilisent
des lanceurs de missiles MLRS, et la bombe intelligente JAGM-ER de l'armée de l'air, tandis que Work a vanté le tueur de navires LRASM de la marine.
Il faudra aussi beaucoup de missiles défensifs pour abattre les missiles offensifs, les avions et les drones de l'ennemi. Les nouvelles batteries de défense
aérienne à courte portée de l'armée de terre, les missiles Stinger montés sur des véhicules blindés Stryker huit par huit, constituent une solution à court terme.
À plus long terme, les lasers, les canons sur rail et les micro-ondes de grande puissance pourraient abattre les missiles entrants à un coût beaucoup moins
élevé.
L’armée devrait également renforcer ses réseaux de commandement et de contrôle. « Cela comprend tout, des liaisons de données à l’épreuve des
brouillages aux équipements de guerre électronique sur les avions de combat et les navires de guerre », explique Freedberg.
« Les services aiment bien rogner sur l’électronique pour avoir autant d’avions et de bateaux que possible », raconte
Ochmanek, « mais un navire de plusieurs milliards de dollars qui coule faute d’une protection électronique d’une valeur de un million de dollars est un mauvais retour sur
investissement. »
Selon Work, le Pentagone pourrait libérer de l’argent pour ces réformes en démantelant les forces vulnérables car trop grandes. Désaffecter le USS Truman, par
exemple, « me semble une bonne idée », dit-il. Il affirme également que l’armée américaine dispose de plus de brigades d’infanterie et de chars que ses forces de défense
antimissile ne peuvent en protéger. Si le ministère de la Défense pouvait libérer 24 milliards de dollars, il faudrait les affecter à la branche militaire qui a les meilleures propositions pour
atteindre certains résultats en temps de guerre, rajoute-t-il.
« Couler 350 navires de la marine et des garde-côtes chinois au cours des 72 premières heures d’une guerre, ou détruire 2 400 véhicules blindés russes
», sont deux objectifs possibles selon Freedberg.
Le drone américain abattu par l'Iran, un engin d'espionnage de pointe
Le 20/06/2019.
Le drone américain abattu par l’Iran, jeudi, appartient à la famille des Global Hawk, qui sont les drones de reconnaissance historiques américains. Des engins capables d’espionner les
communications au sol depuis une altitude de près de 20 km.
Le RQ-4A Global Hawk, qui survolait les eaux internationales selon Washington, a une envergure similaire à celle d’un Boeing 737. Il est bien plus imposant et lent que les très redoutés
drones Predator ou Reaper, utilisés par l’armée américaine pour les missions d’assassinats ciblées.
Surveiller 103 600 km² depuis le ciel
“Ces drones volent lentement à dessein car leur objectif est de collecter autant d’informations que possible”, explique au magazine Time Dan Gettinger, co-directeur au Centre
d’études des drones au Bard College de New York. Le RQ-4A Global Hawk est, en effet, un avion espion. Il sert exclusivement à des missions de reconnaissance et, à cette fin, est équipé en
radars, capteurs et caméras en tout genre qui en font un véritable bijou technologique volant.
Un matériel qui lui permet de faire des relevés géographiques ou photographiques très précis et même d’intercepter des communications téléphoniques ou radio au sol depuis des hautes
altitudes. Il peut, en effet, continuer à espionner depuis une altitude de 19,8 km, soit environ deux fois plus haut qu’un avion traditionnel. Il peut ainsi “fournir des renseignements en
temps réel sur une superficie de 103 600 km², soit un peu moins que la taille d’un État américain comme l’Illinois”, assure le constructeur de ce drone, Northrop Grumman, sur son
site.
Une capacité à voler haut tout en restant opérationnel qui est, d’ailleurs, “l’un des principaux arguments de vente des Global Hawk car ils sont ainsi, en théorie, plus difficiles à abattre
depuis le sol”, explique au site Wired, Ulrike Franke, spécialiste des
drones au Centre européen des relations internationales.
Le fait que l’Iran y soit parvenu “démontre que le pays est technologiquement plus avancé que ce qu’on aurait pu croire. En un sens, c’est un message envoyé aux États-Unis pour les prévenir
de ne pas sous-estimer leur capacité militaire”, estime Amy Zegart, co-directrice du Centre pour la sécurité internationale et la coopération de l’université de Stanford (Californie),
interrogé par Time.
Après les attentats du 11 septembre 2001
Au-delà de la démonstration de force technologique iranienne, c’est aussi un coup dur financier pour les États-Unis, car les Global Hawk sont parmi les drones les plus chers de l’armée
américaine. Chacun d’entre eux coûtait plus de 176 millions dollars en 2011, et, même si son prix a baissé depuis, il se vend toujours à plus de 100 millions dollars, soit 10 fois plus qu’un
Predator, d’après CNN.
Le RQ-4A est le premier modèle de la famille des drones Global Hawk, et a fait ses débuts peu après les attentats du 11 septembre 2001. Son utilisation avait paru tellement stratégique à
l’administration américaine pour lutter contre le terrorisme que des versions encore non-définitives de ce drone de reconnaissance avaient été déployées dès novembre 2001 en Afghanistan. Il a
ensuite été utilisé en Irak, aux abords de la Corée du Nord et, même, lors de la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011, pour aider
les secours. Mais en 2013, Northrop Gumman a cessé sa production pour vendre son successeur, le Global Hawk-RQ-4B, qui peut transporter plus de matériel de surveillance.
Il semblerait que le modèle qui a été abattu par l'Iran fasse partie d’un lot de quatre drones achetés par la marine américaine en 2004 à l’US Air Force, rapporte l’agence Reuters. Northrop
Gumman indique, sur son site, que 37 Global Hawk-RQ-4A sont en service et ont été utilisés, entre autre, pour surveiller les mouvements des combattants du groupe terroriste État islamiste
(EI) en Syrie, pour faire de la reconnaissance en mer baltique après l'annexion de l'Ukraine par la Russie ou encore pour participer aux recherches des lycéennes kidnappées
en 2014 par Boko Haram au Nigeria.
Le drone abattu par l’Iran est un monstre de surveillance à un quart de milliard de dollars
Le drone américain que
l’Iran a abattu au-dessus du détroit d’Hormuz la semaine dernière est un RQ-4A Global Hawk, un
monstre de surveillance aérienne à 220 millions de dollars la pièce, explique Wired.
Selon les Iraniens, un Global
Hawk construit par Northrop Grumman, partie d’un programme de plusieurs milliards de dollars qui date de 2011, est entré dans leur espace aérien et s’est écrasé dans les eaux
iraniennes. De leur côté les États-Unis insistent sur le fait que le drone volait dans l’espace aérien international.
L’incident survient après que les États-Unis ont accusé l’Iran d’avoir attaqué deux pétroliers dans le golfe d’Oman. Les États-Unis affirment également que les
Iraniens ont tenté de détruire un autre drone, un MQ-9 Reaper, et qu’ils ont échoué. Enfin, les
États-Unis ont également lié l’Iran à une attaque qui avait abattu un Reaper au Yémen il y a deux
semaines.
Cependant, l’attaque de la semaine dernière a été lancée sur un drone beaucoup plus cher et technologiquement avancé, ce qui indique une intention d’« escalade plus explicite »,
selon l’article.
Thomas Karako, Directeur du projet de défense antimissile au Center
for Strategic and International Studies, a déclaré : « Il se passe beaucoup de choses là-bas, et nous
n’en voyons probablement qu’une partie. Il s’agit d’un aéronef de surveillance et de recueil d’informations à longue portée, plus puissant, plus coûteux, opérant à plus haute altitude. Si [les
Iraniens] abattent des appareils dans l’espace aérien international au-dessus des eaux internationales, c’est sans doute pour provoquer des représailles mesurées. »
Selon M. Karako, les détails concernant les franchissements d’espace aérien ne seront pas dévoilés avant que les États-Unis en disent davantage sur la trajectoire du drone : « S’ils veulent le publier, ce sera
davantage une décision d’ordre politique. Mais jusqu’à présent le CentCom affirme que l’incident a eu lieu dans l’espace aérien international. »
Il poursuit : « Une partie de l’argumentaire technique du
Global Hawk est qu’il vole si haut qu’en principe, il devrait être à l’abri de la défense anti-aérienne. Il n’est pas extrêmement difficile d’abattre un appareil de ce genre, mais c’est
relativement difficile, ça montre de la détermination sur le plan politique. »
Les drones comme celui qui a été abattu jeudi sont décrits comme des « plateformes de surveillance
massive » et sont en service depuis 2001. Ils ont une envergure de plus de 40 mètres et un poids au décollage de plus de 16 tonnes. Son rayon d’action est de plus de 22 000
kilomètres, ils peuvent voler jusqu’à 20 000 mètres d’altitude et pendant 34 heures d’affilée. Ils n’ont aucune capacité offensive et peuvent coûter jusqu’à 220 millions de dollars chacun.
Pour leur capacité de surveillance, ils incluent « l’imagerie infrarouge et thermique, le
radar et l’imagerie électro-optique dans leur arsenal de capteurs ». Ils utilisent également des téléobjectifs à longue focale pour obtenir des vues détaillées des cibles.
« Il se pourrait qu’il y ait à bord des
technologies d’espionnage ultra secrètes que nous ne connaissons pas », explique Ulrike Franke, membre du Conseil
européen des relations étrangères et chercheuse sur les drones.
Ulrike Franke dit qu’il est probable que ce drone, cependant, ait été un « cheval de bataille de
surveillance typique » abattu pour des raisons
géopolitiques plutôt que pour des raisons d’espionnage technologique. En effet, l’année dernière, Israël a dit avoir abattu un drone iranien qui était la « copie » d’un drone
américain Sentinel. L’Iran
l’avait capturé en 2011 et avait déclaré l’avoir ensuite soumis au reverse-engineering.
Iran : Les F-35 d’Israël paralysés par la Russie ?
Le 24/07/2019.
Le journal américain National Interest a publié le lundi 22 juillet un article signé David Axe, auteur et journaliste spécialiste des questions militaires,
lequel prétend que la Russie perturbe les systèmes de navigation aérienne des avions de chasse F-22 et F-35 américains survolant des zones près de
l’espace aérien de l’Iran.
Fin juin 2019, la Fédération internationale des associations de pilotes de ligne et les autorités aéroportuaires israéliennes ont annoncé que de nombreux
vols avaient perdu les signaux satellites du système de positionnement global (GPS) alors qu’ils entraient dans l’aéroport international Ben Gourion ou lorsqu’ils en sortaient.
« Les forces russes bloquent les systèmes GPS au Moyen-Orient. Cette campagne de guerre électronique pourrait affecter les collectes de renseignements des forces américaines
dans la région avant toute éventuelle attaque contre l’Iran. »
« Depuis le printemps dernier, des pilotes survolant le Moyen-Orient, en particulier autour de la Syrie, ont constaté que leurs systèmes GPS
affichaient un mauvais emplacement ou cessaient complètement de fonctionner », a rapporté le journal Times of
Israel à la fin du mois de juin 2019.
Les données recueillies par un centre de recherches basé aux États-Unis laissent conclure que le signal ayant perturbé les systèmes satellitaires de
navigation aérienne des avions survolant Israël au cours des dernières semaines provient d’une base aérienne russe à l’intérieur de la Syrie, ajoute National Interest.
Se référant au site d’information spécialisé dans le renseignement Breaking Defense, le journal National Interest écrit que les sources israéliennes sont de
plus en plus convaincues que les trois semaines de perturbations du GPS qu’ont connues les vols civils sont un contrecoup des mesures russes visant à brouiller les systèmes de navigation
aérienne en Syrie. « Moscou tente d’interférer avec les avions occidentaux — y compris les avions furtifs de pointe F-22 et F-35 », ajoute la
source.
National Interest rappelle que depuis avril 2019, l’armée de l’air américaine a déployé des chasseurs furtifs F-22 et F-35, respectivement au Qatar et aux
Émirats arabes unis, dans le cadre des renforts militaires prévus pour affronter éventuellement l’Iran.
La source prétend également que la Russie aurait aussi perturbé les systèmes GPS en Europe.
«Des signaux GPS brouillés ont été décelés pour la première fois lors des exercices à grande échelle de l’OTAN Trident Juncture en Norvège fin octobre
[2018] », écrit le site web du journal Defense News auquel se réfère le journal américain.
L’Armée américaine envisage de tester des systèmes GPS résistants aux embouteillages en Europe, ce qui marquera un premier pas dans la lutte contre la
guerre électronique russe. D’après l’éditorialiste de National Interest, David Axe, le 2e régiment de cavalerie de l’armée allemande devrait recevoir un nouveau système GPS résistant aux
embouteillages d’ici à fin 2019.
L’avion de combat F-15 présenterait d’importantes vulnérabilités informatiques
...par LaurentLagneau - le 18/08/2019
« C’est un avion basé sur un logiciel, et toute plate-forme basée sur un logiciel sera susceptible d’être piratée », avait confié le général Stephen Jost,
un responsable de l’US Air Force au sujet de l’avion de combat de 5e génération F-35, dans les colonnes de Defense News, en novembre 2018.
Effectivement, plus un avion militaire [mais cela est valable pour un ordinateur, une voiture, etc] est connecté à des réseaux, plus il est susceptible de présenter
des vulnérabilités susceptibles d’être exploitées par un adversaire.
Tel est donc le cas du F-35, sorte de « logiciel volant » dont le fonctionnement repose sur un système d’information logistique autonome [ALIS, Autonomic
Logistics Information System] ainsi que sur le JRE [Joint Reprogramming Enterprise], qui est une base de données partagée sur les systèmes d’armes d’adversaires potentiels accessible à tous les
appareils de ce type en service dans le monde.
Aussi, ces systèmes, bien que faisant l’objet de toutes les attentions en matière de cybersécurité, sont toujours susceptibles de présenter des failles constituant
autant de cibles potentielles pour les pirates informatiques. L’expérience que vient de faire l’US Air Force avec le F-15, un avion dit de « 4e génération », le démontre.
Ainsi, à l’occasion de la conférence Def Con, dédiée à la cybersécurité, une équipe de 7 « hackers » de la société de sécurité informatique Synack a été
conviée à Las Vegas par l’US Air Force et le Defense Digital Service [DDS] afin de trouver de potentielles failles pouvant affecter le système TADS [Technical Assistance Database System] du
F-15.
« Le TADS recueille des images et d’autres informations à partir des capteurs de l’avion », a expliqué le Dr Will Roper, secrétaire adjoint à l’Air Force
pour les acquisitions, la technologie et la logistique. « L’objectif était de trouver les faiblesses informatiques du système », a-t-il résumé.
Pour cette expérience, les hackers ont pu avoir un accès physique au système TADS. Une première. Et, selon le Washington Post, il a fallu 48 heures de travail
pour mettre au jour un « gisement de vulnérabilités » critiques pour le bon fonctionnement du F-15.
Cela étant, on ignore si le TADS pourrait être piraté en vol. Reste que pour Will Roper, le risque est réel. « Il y a des millions de lignes de code dans tous
nos appareils et si l’une d’entre-elles est défectueuse, alors un pays qui ne peut construire un avion de chasse pourrait nous en abattre un avec un clavier », a-t-il résumé.
Le F-15EX [ou « Advanced »], c’est à dire la dernière version de cette appareil développée par Boeing, disposera d’un ordinateur de mission de combat
pouvant traiter 87 milliards d’instructions par seconde.
Quant aux vulnérabilités découvertes par l’équipe de Synack, le Dr Roper a estimé qu’elles sont la conséquence d’années de « négligences » en matière de
cybersécurité. Et cela, essentiellement pour des questions de coûts.
Quoi qu’il en soit, le Pentagone avait jusqu’à présent lancé des initiatives de type « Bug Bounty » en faisant appel à des hackers pour trouver des
failles dans ses applications et systèmes informatiques. Aussi, le fait de s’en inspirer pour des systèmes d’armes est inédit. Car il est question désormais de faire appel à des hackers triés sur
le volet pour trouver les failles éventuelles pouvant affecter les drones, voire les satellites.
« Je souhaite également ouvrir le système de contrôle au sol d’un satellite militaire opérationnel à des pirates informatiques à des fins d’essais », a en
effet affirmé le Dr Roper au Washington Post. « Nous voulons amener cette communauté à s’appuyer sur de véritables systèmes d’armes et de vrais avions » car « s’ils ont des
vulnérabilités, il serait préférable de les trouver avant que nous entrions en conflit », a-t-il ajouté.
19 septembre 2019 – Après un temps assez long d’attente, l’escorte du porte-avions USS Henry S. Truman, formant
avec ce navire un Groupe de porte-avions d’attaque (Carrier Strike Group), a finalement appareillé de Norfolk le 12 septembre sans son porte-avions, et
rebaptisé pour l’occasion Groupe de surface d’attaque (Surface Strike Group). Le porte-avions, revenu à la grande base navale US sur l’Atlantique de
Norfolk le 5 août pour préparer cette nouvelle mission, a rencontré des problèmes sérieux dans son circuit électrique, qui fait qu’il n’est pas opérationnel comme il aurait dû l’être dans ces
circonstances tout à fait exceptionnelles de capacités d’emploi puisqu’il s'agit de son troisième déploiement opérationnel en quatre ans.
L’US Navy annonçait fièrement la chose il y a deux mois, selon les termes rapportés par Military.com le 4 juillet 2019, jour de la fête nationale :
« L'exercice en cours permettra de s'assurer que ces navires, – les destroyers USS Ramage et USS Lassen, – sont
certifiés pour être déployés avec le Truman et prêts pour les missions que la Navy a prévues pour eux. » “Cet exercice mettra à l'épreuve notre force intégrée en tant que force multimissions”, a déclaré le contre-amiral Andrew
J. Loiselle, commandant du Truman Strike Group. “Les manœuvres complexes de la période d’entraînement sont l’occasion de travailler en équipe, à la fois dans notre capacité à supporter des
périodes prolongées en mer et à trouver des domaines où nous pouvons nous améliorer. » La Navy n’a pas dit publiquement quand le Truman sera déployé, où il ira et combien de temps durera son
déploiement. »
... La dernière phrase qui laissait entendre à quelque exaltante expérience l’on allait assister, rend désormais un son malheureux quand l’on apprend que les
USS Ramage et USS Lassen, ainsi que deux autres navires de surface de renfort, sont partis sans l’essentiel, c’est-à-dire le USS Harry S. Truman. Ils étaient lassés d’attendre que le circuit
électrique du grand porte-avions d’attaque soit effectivement réparé, s’il l’est finalement à temps...Cela est résumé par le site TheDrive.com le 13 septembre 2019, à la suite d’une nouvelle de l’immobilisation du Truman publiée par le site USNI News le 12 septembre.
« Un croiseur de classe Ticonderoga et trois destroyers de classe Arleigh Burke affectés au Truman Carrier Strike
Group ont quitté les ports de la côte Est des États-Unis pour un déploiement prévu, mais sans deux éléments clés, le porte-avions de classe Nimitz USS Harry S. Truman et sa force aérienne
embarquée. » Le porte-avions a été mis sur la touche depuis qu'il a subi un dysfonctionnement électrique le mois dernier et l'U.S.
Navy ne sait pas encore, ni quand ni s’il pourra rejoindre son escorte. Cette situation a également ajouté à la pénurie actuelle de
porte-avions déployables sur la côte Est, ce qui pourrait limiter la capacité du service à réagir en cas de crise. »
L’escorte du porte-avions sans porte-avions
Cette triste aventure du USS Harry S. Truman est rapidement présenté par Spoutnik-français du 18 septembre, autour d’une idée-centrale : c’est la première fois qu’un tel incident arrive pour un grand porte-avions d’attaque de l’U.S.
Navy. Alors que, depuis le début août, le Truman attendait impatiemment son “‘escorte” de frégates et de croiseurs pour constituer son Groupe
d’Attaque, voilà que l’“escorte” du grand porte-avions part sans lui et qu’on ignore s’il sera réparé suffisamment à temps pour “rejoindre son
escorte”, celle qui est censée le protéger ! La situation est présentée sur un ton flegmatique, ce qui colore d’un certain ridicule d’un poids de 90 000 tonnes (celui
du Truman) cette étrange “première” : “le fait qu’un groupe de porte d’avions d’attaque soit déployé opérationnellement sans porte-avions” est
une véritable “première”, un simulacre naval sans précédent, – d’autant que la Navy, habile, a permis en rebaptisant le groupe
“Surface Strike Group” d’entretenir le doute : après tout, le Truman, qui est également un bâtiment “de
surface”, s’y trouverait peut-être, devenu stealthy et donc bien caché et diablement bien protégé par son “escorte”.
« ...“La réparation du porte-avions est en cours, tout est mis en œuvre pour le renvoyer en service”, a déclaré le
commandement de l'US Navy. » Comme l’ont indiqué à USNI News d’anciens militaires de l’US Navy, le fait qu’un Groupe de porte-avions d’attaque soit
déployé opérationnellement sans porte-avions est sans précédent. »
Une faiblesse peut en cacher une autre
Nous en sommes là de cette odyssée étrange du Harry S. Truman alors qu’il faut savoir, pour bien en embrasser
tout le charme, que lorsque son déploiement (le troisième de cette envergue en quatre ans) fut annoncé, nombre de commentaires soupçonneux sinon purement et simplement amers furent publiés. Il y
a celui-ci, de Chris “Ox” Harmer, de War Zone, le 18 juillet 2019, qui soupçonnait que cette décision servait essentiellement à dissimuler
une faiblesse de l’US Navy, celle du USS Dwight D. Eisenhower, ce qui a eu pour conséquence d’en mettre
à jour une autre, celle du Truman... Ainsi parlait l’amer Harmer :
« “Une armée marche avec son estomac”. Ce truisme de la mobilité militaire de l’époque préindustrielle a été attribué à
Napoléon Buonaparte et à Frédéric le Grand. Personne n'est sûr si l'un ou l'autre l'a vraiment dit, mais tous deux ont certainement expérimenté la réalité de la maxime. En leur temps, non
seulement les vastes armées de l'époque se déplaçaient à pied sur le champ de bataille, mais elles se déplaçaient à pied sur le champ de bataille. Il n'était pas rare que les fantassins
marchassent des centaines de kilomètres entre les grandes batailles, et toute cette marche signifiait que les soldats devaient être bien nourris. S'ils ne l'étaient pas, ils mouraient de faim, de
maladie ou étaient trop faibles pour combattre efficacement et étaient massacrés, ce qui arriva exactement à la Grande Armée de Napoléon à la suite de son invasion de la Russie avec des
ressources insuffisantes. » J'ai lu récemment que le porte-avions USS Harry S. Truman (CVN-75) de la marine américaine allait partir pour son
troisième déploiement en seulement quatre ans, ce qui m'a rappelé ce dicton lapidaire. Bien que la Navy insiste sur le fait que le déploiement avait été planifié à l'avance, le fait qu'il ait été
annoncé peu après que l'USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69) eut terminé une période de maintenance de 18 mois qui devait initialement durer six mois a suscité des spéculations selon lesquelles la
Navy avait déployé le Truman pour dissimuler le fait que l’Eisenhower ne pouvait simplement pas effectuer ce déploiement. »
Pourquoi liquider le USS Harry S. Truman ?
... Mais nous n’en avons pas fini avec le USS Harry S. Truman, tant s’en faut, et tant cette formidable unité semble
résumer à elle seule tous les problèmes de l’US Navy en, train de couler très rapidement, et même, disent certains, pas loin d’être menacée de perdre
un jour dans années 2020 sa position de “Première Dame des Mers du Monde”. Il faut savoir qu’en février 2019, l’US Navy annonçait par le biais du détail de son budget pour l’année
fiscale 2020 (FY2020) que le Truman prendrait sa retraite en 2024, soit près de dix ans avant la date qui achève le demi-siècle de carrière de
ce type d’unités ; et cela, alors que l’US Navy est de plus en plus serrée du point de vue de ses super-porte-avions ; et cela, alors que le Gerald R. Ford qui doit inaugurer la super-classe succédant à la classe USS Nimitz à laquelle appartient
le Truman, connaît d’innombrables problèmes techniques comme nul ne peut en
ignorer.
La décision de démobilisation du Truman fit tant de bruit, tant au Pentagone qu’au Congrès où personne n’arrive
(toujours pas maintenant) à comprendre les raisons qui y ont poussée, que la grogne atteignit l’Olympe de Jupiter lui-même. Le président Trump entra dans l’arène à la fin avril pour proclamer
qu’il fallait abandonner cette absurde décision (de démobiliser le Truman) que lui-même avait approuvée
sans ciller en signant la proposition budgétaire du Pentagone.
Commentaire de The War Zone du 1ermai 2019 : « Le président Donald
Trump a annoncé qu’il avait annulé l’“ordre” de retirer du service le porte-avions USS Harry S. Truman de la classe Nimitz
avant la date prévue, un jour après que le vice-président Mike Pence eut révélé pour la première fois que l'administration prenait ses distances de ce plan pendant une visite du navire. Le plan
suscite une opposition croissante, en particulier parmi les membres du Congrès, depuis qu’il a été annoncé en février 2019. À l'époque, The War Zone a exposé en détails les raisons pour lesquelles il était peu probable que la
proposition soit réalisée, et combien cette décision particulièrement rapide de l’abandonner effectivement ne fait que s’interroger plus encore à propos des raisons qui ont poussé
l’administration Trump, le Pentagone et l’US Navy à la présenter à l’origine. »
Embouteillage entre 90 0000 et 100 000 tonnes
Nous en sommes donc dans une grande zone navale d’incertitude, et pas encore à la mer pour l’épisode présent, pour ce qui concerne le sort du USS Harry S.Truman. Certes, il y a l’ordre de Trump d’abandonner la décision de démobilisation du porte-avions, mais l’on sait
que les “ordres” de Trump sont souvent aussi incertains qu’ils sont proclamés avec la plus grande emphase que permet le tweet. Quoi qu’il en soit, l’opposition contre la décision de la Navy reste
extrême, alors que l’incident du Truman en panne vient un peu plus encore brouiller la perspective. La chose ne va-t-elle pas regonfler le camp
des partisans de la démobilisation ? Dans tous les cas, elle ne simplifie certainement pas le cas du Truman, et surtout de l’énorme problème qui se pose à l’US Navy lorsque tout son contexte est considéré. C’est ce qui est fait dans un long article de Forbes.com de Craig Hooper, certes du 26 mars 2019 mais qui garde toute sa pertinence et même sa complète
actualité.
Hooper détaille l’extrême imbroglio, à la fois kafkaïen et ubuesque où se trouve aujourd’hui l’US Navy. Comme on l’a déjà ressenti à l’une ou l’autre allusion,
nul ne sait précisément pourquoi la Navy veut retirer le Truman à peu près une décennie avant sa fin de vie opérationnelle normale. Certains ont
laissé entendre que ce pourrait être le signe que la Navy a compris que l’ère des grands porte-avions étaient terminée, avec la perspective de les voir se faire tailler d’horribles croupières du
fait des missiles antinavires hypersoniques où Chinois et Russes sont passés maîtres. L’argument peut s’entendre, d’autant que trois autres porte-avions de la classe Nimitz arrivent en fin de vie opérationnelle normale en 2025-2032, le Nimitz lui-même, le Eisenhoweret le Stennis.Mais c’est sans doute mal connaître la Navy,
sa bureaucratie, sa certitude de soi, sa programmation et l’hybris qui l’enivre du simple fait de
contempler ces mastodontes de 90 000/100 000 tonnes.
100 000 tonnes en effet, c’est le tonnage de la nouvelle classe des “super-super”, la classe Gerald S. Ford, avec
dans la foulée deux autres unités dont la construction est déjà lancée après le premier de la classe, le USS John F. Kennedy et le
USS Enterprise, pour 2024 et 2028 respectivement, – en principe et en théorie, ajouterons-nous fort prudemment. Dans ce cas, on voit mal comment on
peut continuer à accepter l’argument que la Navy abandonne les grands porte-avions... Mais nous sommes d’ores et déjà emportés sur un autre champ de la polémique en cours, car
l’arrivée possible/probable de ces nouvelles unités implique à la fois un grand embouteillage et un grand remue-ménage, avec des carambolages
divers, et surtout le tout rythmé par les extraordinaires difficultés de mise au point que rencontre le Ford, comme on l’a vu à plusieurs
reprises, avec le retard que cela implique et qui se répercutera sur les suivants.
Que reste-t-il de l’US Navy ?
Hooper nous explique donc plusieurs choses :
• Pour ces mastodontes qui demandent des périodes importantes et parfois très longues d’entretien opérationnel et de mise à niveau, il faut des chantiers navals
avec leurs cales sèches, et les USA en manquent cruellement. De là la très grande difficulté de programmer la vie courante de tous ces porte-avions, la classe Nimitz en fin de vie et la classe Ford qui arriverait bientôt,
à son heure (mais quand ?), à maturité, – si elle y arrive, certes...
• Au reste, les différences technologiques essentielles entre les deux classes, avec le Ford qui est
présenté comme une super-merveille complètement nouvelle par rapport à la classe Nimitz, implique que
les chantiers navals doivent être eux-mêmes modifiés pour traiter toutes ces choses nouvelles. Cela ajoute diablement à l’embarras, d’autant qu’il n’est pas assuré que ces installations
ainsi modifiées soient encore adéquates pour traiter les classe Nimitz encore en service (d’où l’une des hypothèses pour répondre à la
question : “pourquoi se débarrasser du Truman ?”).
• Mais comme l’on sait, il y a bien pire : il y a les formidables difficultés du premier de la nouvelle
super-classe (voir plus haut : “d’innombrables problèmes techniques comme nul ne peut en
ignorer”). Cela signifie 1) que le Ford a déjà pris du retard et qu’il passe énormément de temps dans les chantiers navals ; 2) que
toutes les modifications qu’il reçoit, et dont on ne voit pas la fin, vont se répercuter sur les deux suivants qui, non contents (!) de dépasser leur date de mise en service opérationnel, vont à
leur tour mobiliser les chantiers navals plus longtemps que prévu pour ces divers travaux...
Hooper : « Il pourrait être embarrassant pour la Marine ou le ministère de la Défense de l'admettre, mais la décision
de retirer le Truman pourrait se résumer à une simple question de non-capacité de cale sèche “à l'ancienne”. En sacrifiant les carénage d’entretien de l’USS Harry S. Truman de 2024 à 2028, le
Pentagone libérerait suffisamment de disponibilité de cale sèche pour accueillir, au besoin, des travaux de radoub ou de maintenance non planifiés mais importants sur le USS Gerald R. Ford et le
USS John F. Kennedy. »
• ... Pendant ce temps, dans cet invraisemblable embouteillage de porte-avions immobilisés pour des travaux et des entretiens prévus et imprévus, sans compter
les “imprévus imprévus” (les “unknown-unknowns” du philosophe Donald Rumsfeld) qui ne manqueront pas de survenir,
que restera-t-il et combien restera-t-il de coques de l’US Navy encore à la mer ? Que restera-t-il de la maîtrise des mers du globe grâce aux
“super” et aux “super-super” grands porte-avions d’attaque de la Navy ?
• “Les Chinois”, suggère Hooper...
Les Chinois rois des mers ?
En effet, Hooper termine son article sur les perspectives de la marine chinoise par rapport à l’US Navy, tournant autour de l’arrivée de porte-avions chinois, de
leurs technologies, et notamment celle des catapultes et des systèmes électromagnétiques de lancement et de récupération des avions, qui paraît l’un des nœuds fondamentaux du formidable bond
technologique en avant des nouveaux “super-super” type-Ford. (Hooper précise ainsi que les “experts” supputent et prévoient de quatre à six porte-avions chinois de technologies très avancées déployés dans les années 2020. Importante
nouvelle pour notre compte.)
« Le Congrès a besoin de la vérité, aujourd'hui, pour prendre les bonnes décisions. Avec un préavis suffisant, il est
possible de modifier les cales sèches ou d'en construire de nouvelles. Un plus grand nombre de travailleurs des chantiers navals peuvent être embauchés et formés. Les calendriers de livraison des
porte-avions peuvent être modifiés selon une chronologie nouvelle. Les enjeux sont tout simplement trop élevés pour continuer à se perdre dans d’autres dissimulations [dont la Navy a le
secret]. » Dans quelques années, le Pentagone saura avec certitude si le Ford est un fer à repasser sans fiabilité, exigeant un
entretien considérable, ou s’il tient ses promesses. Mais le Congrès ne peut pas attendre. Le temps presse. Au plus tard, les systèmes électromagnétiques de lancement et de récupération de l'USS
Gerald R. Ford doivent être à la fois opérationnels et fiables avant l’entrée en service des porte-avions chinois de Type-002 en
2023. » Plus tard, l'Amérique aura de vrais problèmes. » Le monopole américain sur les super-porte-avions est en train de s'effondrer et, considérant que la transition vers le
super-porte-avions de classe Ford commencerait réellement au milieu des années 2020, la marine chinoise deviendrait une force de très-grande importante dans ce domaine des super-porte-avions,
déployant de quatre à six porte-avions. » Si le plan actuel de construction navale de 30 ans est maintenu, les États-Unis n'auront que neuf grands porte-avions
d’attaque en 2027, et plusieurs d'entre eux ne seront tout simplement pas prêts pour des opérations de guerre. Avec la diminution de la force de porte-avions des États-Unis, la Chine pourrait
bien être tentée de rechercher la parité relative des porte-avions avec les États-Unis. » Et, en dehors de la course stratégique évidente à la parité du nombre de super-porte-avions, les stratèges économiques de
la Chine ont également conçu ce développement quantitatif de porte-avions comme un défi direct lancé à la position de l'Amérique en tant que leader mondial de la technologie et de l'ingénierie.
De nombreux observateurs chinois pensent que les porte-avions de Type-002, les premiers grands super-porte-avions chinois de construction “maison”, n’utiliseront pas l'ancienne technologie de la
catapulte à vapeur utilisée à bord des vieux porte-avions américains au profit des mêmes systèmes de lancement et de récupération électromagnétiques high-tech utilisés sur le
Ford. » Si les observateurs ont raison et que le nouveau porte-avions de Type-002 devient opérationnel à la mer avec des systèmes
de lancement et de récupération électromagnétiques, la course à la parité électromagnétique sera lancée. Et, dans ce genre de concours, la tolérance de la Chine au risque dans les tests de
développement, jumelée à la poursuite ciblée d'une seule technologie de pointe, donne à la Chine un avantage distinct. Les États-Unis, par contre, seront peut-être encore aux prises avec une
tâche beaucoup plus ardue, celle d'intégrer systématiquement plusieurs technologies de pointe dans une coque unique mais beaucoup plus formidable. » Il y a beaucoup de choses en jeu. Tandis que le prestige de l’US Navy diminue aux yeux du public en même temps que ses
manifestations publiques, les dirigeants chinois comprennent le pouvoir inhérent aux simple affichage public de leur puissance. Même si le Ford est pleinement opérationnel d'ici 2024, les
États-Unis pourraient rater une occasion de montrer en public l’incroyable nouvelle puissance technologique qu’apporte cette classe. D'autre part, les progrès en technologie électromagnétique de
la Chine, – s'ils sont atteints, – peuvent recevoir une grande publicité dans quelques vidéos triomphantes d’exercice d’opérations aéronavales de grande envergure. Si la Chine gagne la
course aux systèmes électromagnétiques fiables, le coup symbolique porté à la Navy sera diablement douloureux. » Mais ce sera encore bien plus douloureux si la classe Ford ne parvient pas à résoudre toutes ses technologies et se
cantonne au rôle de fers à repasser... »
Bon signe : nous n’y comprenons pas grand’chose
Reste à voir si tout cela se fera, et si “tout cela” ne sera pas pire encore... En effet, “tout cela” semble
d’abord identifier une énorme crise ontologique de l’US Navy elle-même face à l’US Navy, entre sa puissance en train de s’effilocher, avec
ses nouveaux mastodontes de 100 000 tonnes entre promesse du renouveau et très-possible “JSFisation” de la toute-puissante classe Gerald S.
Ford, et ses interrogations au milieu du labyrinthe d’installations navales dépassées ou en nombre insuffisants, avec une classe Nimitz qu’on hésite à liquider ou à prolonger c’est selon... Le sort étrange et incertain du USS Harry S. Truman résume et symbolise bien cette formidable crise de l’US Navy, qui fut l’orgueil et le
socle même de l’immense puissance militaire américaniste.
Pendant ce temps, plane la menace de la perception de la réduction à néant de la puissance des porte-avions du fait des armes hypersoniques. Les Chinois sont, avec
les Russes, les maîtres de cette nouvelle arme ; mais en même temps, les experts projettent la possibilité d’une puissante flotte de porte-avions chinois qui pourrait supplanter au long des
années 2020 la flotte US enfoncée dans ce désarroi labyrinthique qu’on a décrit. Les Chinois développeraient-ils un type de navires d’une puissance si considérable, dont ils savent très bien
eux-mêmes l’extrême vulnérabilité face aux armes hypersoniques ? Dans tous cas prendre en compte cette perspective hypothétiique, c’est ajouter
encore au désarroi de l’US Navy.
Hooper termine son article par une conclusion plaintive et si incertaine jusqu’au pathétique :
« C’est pourquoi l'Amérique mérite des informations valides et véridiques pour gérer activement la transition de la classe de Nimitz en fin de carrière.
Le Congrès a besoin de savoir maintenant si la retraite anticipée de l’USS Truman fait partie d'un grand plan stratégique ou s'il s'agit simplement d'un moyen de s'assurer que suffisamment
d’espace est disponible dans les chantiers navals pour réparer les porte-avions défectueux de la classe Ford. »
Cette incertitude pathétique vaut certainement pour l’US Navy, pour la puissance navale en général, pour la puissance militaire conventionnelle confrontée aux
inconnues et aux surprises de plus en plus catastrophique du technologisme en pleine crise, bref pour tout ce qui constitue le concept de puissance
dans une époque si complètement hors du contrôle humain. Le destin du porte-avions et le destin de l’US Navy sont une illustration symbolique d’une très grande force de la Grande Crise
d’Effondrement du Système. On comprend que le Congrès soit inquiet et n’y comprenne pas grand’chose. Nous non plus, nous n’y comprenons pas
grand’chose, mais sans aucune inquiétude pour autant, – au contraire : c’est bien là le signe de cette Grande Crise.
Ce qu’il y a véritablement derrière les zones d’interdiction aérienne A2/AD de la Russie
...par Valentin Vasilescu - Le 08/03/2020.
Une invasion terrestre surprise des forces de l’OTAN n’effraie pas la Russie. Elle a assez de moyens de combat pour la contrer dès le départ. Sa seule vulnérabilité
se situe au niveau de ses bastions avancés de la mer Noire et de la mer Baltique : la Crimée et Kaliningrad.
La Russie a créé autour de la Crimée et de l’enclave de Kaliningrad des zones d’interdiction aérienne, « une bulle » A2/AD, qui empêchent l’OTAN d’entrer
dans son espace aérien. Jusqu’à présent, empêcher un avion (avion ou missile de croisière) de toucher une cible au sol se faisait en le détectant et en le détruisant. Des avions d’interception,
des missiles et de l’artillerie AA sont utilisés à cet effet. Les experts de l’OTAN ont noté la complexité du dispositif de défense AA de l’A2 / AD, qui est stratifié, avec une forte densité de
moyens, tous intégrés dans des systèmes de gestion automatisés de type Polyana D4M1.
Mais cela n’est que la partie visible de l’iceberg. Dans l’arsenal de ses zones d’interdiction aérienne A2 / AD, la Russie a également introduit plusieurs nouvelles
catégories de systèmes, avec une efficacité maximale (dans le combat et la sécurisation pendant le combat) que l’OTAN ne peut pas contrer. La catégorie concernant la sécurisation des combats
comprend les équipements russes de brouillage 1RL257 Krasukha-4 et R-330ZH Zhitel qui créent un « bouclier d’invisibilité » des éléments de défense les plus importants. Ces systèmes n’agissent
que contre les systèmes de détection et de guidage des tirs à partir de moyens aériens. Ils annihilent les systèmes de guidage des missiles de croisière ennemis, des avions d’attaque et des
munitions intelligentes lancés par l’ennemi. Par exemple, le brouillage touche les éléments comme :
1 – les radars à bord des avions d’attaque et des missiles.
2 – les lignes de transmission de données à partir d’avions et de missiles de croisière.
3 – les récepteurs de positionnement GPS sur les avions, les missiles de croisière et les bombes lancées par les avions.
4 – les capteurs infrarouges et fréquences de guidage laser de missiles et de bombes lancées par les avions.
Si l’armée américaine, à la base aérienne irakienne d’Ain al-Assad, avait des systèmes de brouillage similaires à ceux de la Russie, aucun des missiles balistiques
iraniens n’aurait touché sa cible.
Cependant, ce « bouclier d’invisibilité » ne peut empêcher une opération de débarquement maritime mené par la flotte navale américaine, la plus puissante du monde.
Pour éliminer cette vulnérabilité, le deuxième nouveau type de système, sur lequel sont basées les zones russes d’interdiction aérienne A2/AD, dispose de missiles hypersoniques. Seule la
Russie dispose de tels moyens qui ne peuvent être interceptés par un bouclier antibalistique ou un système antiaérien américains. Par conséquent, l’A2/AD russe ne se limite pas seulement à
défendre la zone de vulnérabilité, mais élargit considérablement le champ de bataille contre l’invasion par voie maritime, portant les combats là où la marine américaine ne pourra ni se défendre,
ni riposter.
La Russie possède deux types de missiles hypersoniques. Le Kh-47M2 Kinzhal, déjà opérationnel, a une portée de 2000-3000 km (contre 1300-1700
km, le rayon d’action du missile de croisière BGM-109 Tomahawk, ou 900 km, rayon d’action de l’avion embarqué F / A-18). Kinzhal a une vitesse de Mach 10 (14700 km/h), vole
à une altitude de 19 km, et est lancé à partir des avions MiG-31 et Tu-22M.
Le 3M22 Zirkon, qui est en phase avancée de test, a une portée de 1000 km, vole à une altitude de croisière de 40 km, à une vitesse de Mach 8-9
(9800-11000 km/h) et a la capacité d’effectuer des manœuvres latérales et en altitude (horizontales et verticales). Il est prioritairement destiné à équiper les petits navires de surface (navires
de patrouille, corvettes, frégates) de la flotte de la Baltique et de la mer Noire. La portée des missiles hypersoniques russes est supérieure à celle des avions embarqués sur les
porte-avions et des missiles de croisière américains.
Leur équipement embarqué doit leur permettre de se guider à la fin de leur trajectoire pour un impact précis sur les navires de surface en mouvement. La
probabilité de percer la défense AA est absolue (100%). C’est pourquoi la mission du missile hypersonique est de couler en 5 à 10 minutes un groupe naval américain d’invasion, composé de
50 à 70 unités de combat, avant de pouvoir lancer ses avions et ses missiles de croisière.
Du point de vue chronologique, pour la Russie, la nécessité de créer des zones d’interdiction aérienne et navale est apparue avec l’Euromaidan de Kiev, l’un des
objectifs poursuivis par les États-Unis, étant de remplacer les navires de la flotte russe de la mer Noire par ceux de la 6e flotte des États-Unis dans les bases navales de Crimée. On peut dire
que la décision de Washington d’accroître la pression sur la Russie a été une très mauvaise décision, avec un effet opposé à celui attendu. Parce que les États-Unis ont forcé la Russie à changer
radicalement les principes d’engagement dans le combat, en créant de nouveaux systèmes pour lesquels les États-Unis n’ont aucun antidote. Les États-Unis n’avaient pas prévu que la Russie puisse
monter le missile hypersonique Zirkon dans un conteneur de lancement sur un navire commercial en Méditerranée ou en mer du Nord. Ce qui permettrait de couler les porte-avions américains avant
leur entrée dans la mer Noire ou dans la mer Baltique.
NB : On ne sera pas surpris que nos frégates n'aient pas pu lancer leurs missiles lors de la tentative de frappe contre
la Syrie le 14 avril 2018. (Voir l'analyse du Gal. Delawarde ici)
JMR
Marine américaine VS marine espagnole !
(échange radio hilarant & édifiant)"
...Si la discussion est réelle c’est le comble du comique !...mais il y a du soucis à se
faire quant aux capacités opérationnelles RÉELLES de l'US Navy...!
Autre source : https://youtu.be/cXGLdcD1b6M .....du 05/08/2012
En
pleine tension sino-américaine sur les eaux de la mer de Chine méridionale, le porte-avions le plus cher de la l’US Navy, l’USS Gerald R. Ford, fait face à des failles techniques qui
ne datent pas d’aujourd’hui et qui sont là, depuis sa mise en service en 2017.
Le navire de 13,2 milliards de dollars a des problèmes avec les systèmes d’atterrissage et de décollage des chasseurs sur son pont, a
indiqué Bloomberg le
9 janvier.
Selon de nouvelles estimations du Pentagone, les systèmes de vol coûteux, y compris le système de lancement électromagnétique de 3,5 milliards de
dollars, ont affecté les capacités des chasseurs à décoller depuis le pont du navire, indique Bloomberg.
Selon un article publié par Geopolitics,
à la fin de 2020, les États-Unis ont publié deux documents importants sur la stratégie navale américaine : le premier est intitulé « Advantage at Sea » (Avantages en
mer) et le deuxième est un rapport du Congressional Research Service sur la modernisation navale chinoise.
La stratégie navale 2020 définit la Chine et la Russie comme rivales et même adversaires. Elle place la Chine dans une position
exceptionnelle, compte tenu de sa capacité économique et militaire, avant de mettre directement en garde contre le fait que la Chine est la menace stratégique la plus importante
et à long terme pour l’accès sans entraves des États-Unis aux océans du monde.
« Nous accordons la priorité à la concurrence avec la Chine en raison de sa force économique et militaire croissante, de son intention
manifeste de dominer ses eaux régionales et de refaire l’ordre international en sa faveur », indique la stratégie navale américaine 2020 qui prévient clairement que les
États-Unis ont besoin de porte-avions pour combattre efficacement la Chine en mer. En tant que porte-avions le plus cher de la Marine, l’USS Gerald R. Ford doit voir ses problèmes
résolus dès que possible et être opérationnel à pleine capacité.
À noter que l’armée chinoise a récemment tiré avec succès deux missiles DongFeng 26 et DongFeng 21 depuis les îles Paracel dans la mer de Chine
méridionale vers des cibles prédéterminées à plusieurs milliers de kilomètres.
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