A mon humble avis…Les américains ont perdu le monopole de la puissance militaire…ou, au minimum, présentent d'énorme lacunes dans
des domaines de pointe.
Je m’appuierai sur quelques points techniques caractéristiques de ces derniers mois qui semblent démontrer cette idée. Ils n’ont
bien sur pas été révélés ou mis en perspective par les médias, français en particulier
.
A ma connaissance, le premier « incident » significatif remonte à 2014 !
Le 12 avril 2014, en mer Noire, le HMS Donald Cook est survolé par des SU 24 Russes sans que l’équipage ait pu
détecter...et prévenir cette attaque « simulée ». Il faut rappeler que ce bâtiment est porteur de missiles à capacité nucléaire et qu’il embarque le nec plus ultra de la technologie US
en matière de détection et de contre-mesures…
Malgré toute sa puissance théorique, il n’échappe pas à la surveillance russe et a été virtuellement envoyé par le fond à
deux reprises… !
En mars 2015, au cours d'un exercice, un sous-marin nucléaire français réussi à se mettre en position
de tir et "virtuellement" couler le porte-avions USS Théodore Roosevelt...Belle performance de nos sous-mariniers, mais bel accroc à la suprématie de la marine US !
Le 03/09/2015, suite au soi-disant franchissement de la « fameuse ligne rouge » par le gouvernement Syrien (emploi de
l’arme chimique ) le gouvernement US décide de frapper…et les deux premiers missiles Tomahawk tombent à la mer…. !
Marche arrière toute des USA.... et du coup, la France se retrouve complètement isolée…
En revanche, en octobre suivant, lorsque la Russie décide de frapper l’EI, elle le fait à partir de petites unités de la flottille
de la Caspienne, mer fermée, soit dit en passant.
Sur environ une centaine de missiles de croisière tirés à plus de 1000 km de distance, seuls deux ou trois n’atteindront pas leurs
objectifs.
Autre point « technique » qui mérite attention…Courant 2015, les marins américains n’ont plus confiance en leur système
GPS…si bien qu’ils ré-instituent la navigation astronomique et ré-apprennent à utiliser leurs sextants…
Ils ne font surement pas cela pour le plaisir, mais certainement confrontés à l’expérience de la neutralisation temporaire du
système GPS de leurs unités.
La puissance des moyens de brouillage russes pourrait aussi expliquer la discrétion de la mise en place des moyens militaires
d’aide au pouvoir syrien…Car à bien y regarder, il n’y a que lorsque tout a été en place et diffusé par les médias russes que l’occident a pu évaluer les forces en présence.
Il en est de même pour certains armements nouveaux développés dans la « discrétion » la plus totale en particulier le SU
34…..
L’ensemble de ces éléments m’amène à penser que le gouvernement américain n’a plus la main sur le plan militaire et par conséquent
diplomatique au Moyen-Orient et en Syrie.
Ajoutons à cela, la performance des services de renseignement russes qui ont rendu public quelques rapports de renseignement
accablant la Turquie :
....et permis de « prévenir » Erdogan de l’imminence d’un coup d’état…organisé par la
CIA...!
Plus que jamais, il faudra retenir qu’à « Défense forte, Diplomatie forte » ce qui signifie
:
- Que V. Poutine se sent suffisamment fort pour ne pas tomber dans le piège des provocations américaines (Cf : le SU24 abattu par l’aviation turque le 24/11/2015), les
manœuvres de l’OTAN dans les pays Baltes…ou l’interdiction de participation aux JO de Rio….etc !)
- Qu'Erdogan a senti le vent tourner et se range du coté du plus fort...
JMR
Les forces américaines ont du mal à se remettre des coupes budgétaires de ces dernières années
En 2011, afin de réduire le déficit fédéral des États-Unis, le Congrès adopta le Budget Contral Act (BCA) qui prévoyait un mécanisme de coupes budgétaires automatiques
dans les dépenses dites « discrétionnaires », dont celles du Pentagone.
À ce « séquestre budgétaire » s’est ajouté, en 2013, le « shutdown », c’est à dire la paralysie des administrations fédérales faute d’accord sur le
budget et le plafond de la dette entre les élus démocrates et républicains.
Et, évidemment, cela n’a pas été sans conséquences sur les crédits alloués aux forces américaines qui, contraintes de jongler avec les gels et les annulations de
crédits, ont dû revoir leurs priorités tout en ayant à financer des programmes d’équipements coûteux et à maintenir leurs engagements opérationnels. En outre, leurs marges de manoeuvres ont été
parfois rognées par les élus eux-mêmes, soucieux d’éviter des dissolutions d’unités dans leurs États d’origine.
Aussi, le tableau qu’ont dressé les principaux responsables militaires américains, lors d’auditions devant le comité des Forces armées de la Chambre des représentants,
n’est pas très brillant. Et le sentiment que l’on en retire est que l’armée américaine est une sorte de colosse aux pieds d’argile…
Ainsi, le général Stephen Wilson a décrit l’US Air Force, dont il est numéro deux, comme étant « la plus petite, la plus ancienne et la moins opérationnelle de
notre histoire », en citant le volume des effectifs (311.000 militaires), l’âge moyen des équipements (le dernier appareil entré en service opérationnnel étant le F-22 Raptor, en 2005), le
nombre d’appareils en ligne (5.500 contre 8.600 en 1991) et le taux de disponibilité des avions.
En outre, il a souligné le manque d’entraînement des pilotes de combat, qui « font en moyenne 10 sorties et 14 heures de vol par mois ». Or, « c’est trop
peu », a-t-il dit. Aussi, « moins de 50% des escadrons de chasse de l’US Air Force sont sufffisamment prêts pour aller au combat, ce qui crée un risque inacceptable pour nos aviateurs, nos
partenaires et notre nation », a ajouté le général Wilson.
L’aviation du Corps des Marines fait face au même problème. « Nous ne disposons tout simplement pas assez d’appareils disponibles pour répondre aux exigences de
nos escadrons. Cela signifie que les moyennes d’heures de vol mensuelles par équipage sont en dessous des normes minimales requises pour atteinte et maintenir les niveaux de formation et de
préparation », a déploré le général Gleen Walters, le commandant en second de l’USMC.
Le problème de l’aptitude au combat a été souligné par les homologues de ce dernier. Numéro deux de l’US Army, le général Daniel Allyn, a indiqué que seulement un tiers
des brigades de combat et 25% des brigades d’aviation (hélicoptères) étaient considérées prêtes à « à combattre ce soir ».
L’US Navy est aussi confrontée à d’importants problèmes, liés à la maintenance (et donc à la disponibilité) de ses navires et de ses avions, ce qui joue sur sa
préparation opérationnelle, la formation de ses équipages et sa capacité à répondre aux demandes adressées par les commandements régionaux.
Par exemple, son numéro deux, l’amiral Bill Moran a indiqué que le potentiel des avions de combat F-18 Hornet va être largement dépassé. Alors qu’ils devaient 6.000
heures, « nous sommes en train de les pousser vers les 8-9.000 heures » de vol, a-t-il dit. « Dans une journée typique de la marine, autour de 25 à 30% de nos avions sont en révision
ou en maintenance », a-t-il ajouté. Et ce n’est là qu’une moyenne. Récemment, Defense News a révélé que 53% des appareils de la marine américaine (chasseurs, avions de patrouille et
hélicoptères) n’étaient pas en mesure de voler.
Autre point sensible : celui de l’état des bases. « Nous avons un retard de plus de 9 milliards de dollars de dépense d’entretien de nos infrastructures », a
en effet regretté le général Walters.
Bien sûr, ces responsables américains ne sont pas contre une hausse de leurs ressources financières, comme l’a promis le président Trump, qui parle d’une « grande reconstruction des forces armées des Etats-Unis. Mais ils voudraient aussi que les élus ne viennent pas leur compliquer la tâche quand il est
question de réaliser des économies. « Nous pensons que nous avons 25% de capacités excédentaires dans nos bases », a ainsi avancé le général Wilson. Or, pour les fermer, encore faut-il
que les sénateurs ou les représentants ne s’y opposent pas…
L’empire qui veut mener une nouvelle guerre globale contre de solides adversaires est en déclin militaire…
Partager la publication "L’empire qui veut mener une nouvelle guerre globale contre de solides adversaires est en déclin militaire…"
Le déclin et l’effondrement de l’empire Romain d’Occident fut un processus assez lent, systématique mais imperceptible à la plupart des contemporains de cette
époque lointaine. Puis vint le moment où les légionnaires Romains se révoltèrent pour qu’ils se débarrassent de leurs encombrantes armures individuelles. Puis ils jetèrent leur scutum (bouclier),
qu’ils trouvèrent trop lourd à porter, avant de suspendre leur gladius (épée courte portée sur la droite) à des branches d’arbres et exploiter le moindre moment pour fuir le service militaire. Le
déclin militaire fut tel que Rome fit de plus en plus appel à des troupes auxiliaires recrutées parmi les autres nations jusqu’à sa disparition sous les coups d’un général barbare.
A un peu plus de 16 siècles de distance, le même déclin frappe la première puissance militaire du monde. En dépit d’un budget astronomique frôlant le trillion de
dollars US, le Pentagone se trouve forcé d’adopter une nouvelle politique dénommée « Deploy or Get Out!« , visant à mettre dehors les militaires qui ne sont pas aptes au déploiement.
Grosse surprise: jusqu’ici plus de 21 000 militaires (en quatre divisions) ont été remerciés depuis l’été 2018, soit quatre fois plus que prévu, et il est à craindre que les effectifs des troupes
« non déployables » dépassent ceux d’un corps d’Armée d’ici au mois de juillet 2019.
Pire, une étude officielle du Département US de la Défense a estimé le nombre de militaires non aptes au déploiement à près de 235 000 dont plus de 126 000 peinent
ou échouent à satisfaire aux standards sportifs militaires de base. Le reste est constitué de personnels approchant la retraite ou des femmes enceinte (un pourcentage étrangement élevé cachant
mal la fonction et la couverture sociales des forces armées pour certaines catégories de la population).
Du coup, le Pentagone donne un délai de douze mois aux militaires non aptes pour satisfaire aux standards de déploiement ou d’être « foutus dehors à grands
coups de pieds au C… ».
A court terme, plus de 310 000 militaires US risquent de se retrouver hors-circuit si cette nouvelle politique est menée à terme.
Washington se prépare donc sérieusement à une guerre globale, non pas contre une menace fictive comme cela fut le cas depuis 2001 (avec le marketing de la guerre
sans fin contre le terrorisme) mais avec deux grandes puissances redoutables: la Chine et la Russie.
Mais Washington a t-il encore les moyens d’entretenir de telles ambitions démesurées ?
Il y a quelques jours, des unités combinées de l’Armée syrienne ont effectué des exercices près du périmètre de sécurité de la base US d’Al-Tanf dans l’extrême
Sud-Est de la Syrie, soit à un peu plus 55 kilomètres des Marines US retranchées derrière leurs parapets. Et pourtant, aucun avion de combat de la coalition n’a osé survoler les troupes syriennes
qui manœuvraient en plein désert pour la simple raison que les T-55 et T-62 syriens bénéficiaient d’une couverture aérienne et d’un système de défense aérienne mobile. En clair, des Mig-29 SMT
survolaient la zone en permanence et des systèmes de missiles SAM mobiles (des Buks) accompagnaient les unités blinées syriennes à quelques dizaines de kilomètres de la base d’Al-Tanf en
territoire syrien et des camps de la coalition en Irak voisin.
Soldats syriens près du camp US d’Al-Tanf
Soit à portée de certaines batteries d’artillerie de l’OTAN déployées à la frontière irako-syrienne…
Unités de Marines US dans la base militaire illégale d’Al-Tanf, dans le désert de l’extrême Sud-Est de la Syrie.
Une situation burlesque: stationner des forces militaires sur le territoire d’un pays souverain sans y être nullement invité, et supporter de se faire encercler de
toutes parts par l’armée régulière de ce pays, laquelle en profite jusqu’à y mener des manœuvres militaires cycliques…Ce n’est pas un gag ou une caricature, c’est une réalité. Et on peut imaginer
sans peine l’état d’esprit des militaires de la coalition retranchées avec pour premier niveau défensif de la chair à canon locale fournie par les forces démocratiques syriennes et surtout les
satellites-espion en orbite couplés aux chasseurs-bombardiers et autres drones stationnées en Irak.
Vous imaginez les forces US ou d’un quelconque pays de l’OTAN réduite à cette situation lors de l’invasion de l’Irak en mars-avril 2003? Jamais. Le déclin est
toujours imperceptible. Jusqu’au coup final. Si Washington avait les moyens de sa politique, il n’aurait jamais accepté de se faire humilier de cette façon et aurait agi très énergiquement. Les
Iraniens ne sont pas dupes. Ils observent la scène. Ils viennent de mobiliser l’ensemble de leurs forces pour « infliger une leçon cinglante à leurs ennemis dans la région ».
Photographie rare du Mollah Omar, Chef suprême des Talibans d’Afghanistan, ayant combattu avec succès contre l’ensemble des forces militaires de l’OTAN et du monde Occidental. Mort
invictus en 2013.
Cette situation rappelle maintenant celle, désastreuse, de la guerre en Afghanistan. Durant des années, le Mollah Omar, chef suprême des Talibans d’Afghanistan de
2001 jusqu’à son décès en 2013, vivait et évoluait en toute quiétude, souvent à moins de dix, voire cinq kilomètres, des plus grandes bases militaires US d’où partaient des cohortes d’avions de
combat, d’hélicoptères d’attaque et de blindés à la recherche d’un contact avec les Talibans.
En deux occasions, le Mollah Omar avait poussé l’audace jusqu’à camper avec armes et bagages à l’ombre des épaisses murailles en béton armé d’un complexe militaire
US hyper-fortifié…
La Russie et la Chine écrasent les États-Unis dans une simulation de combat.
...par David AXE - le 11/03/2019.
L’armée américaine continue de se faire botter les fesses pendant les simulations de guerre, a déclaré un analyste au journaliste de Breaking
Defense, Sydney Freedberg Jr. Il en coûterait 24 milliards de dollars par an pour régler les problèmes les plus importants, selon le même analyste.
« Dans nos simulations, lorsque nous combattons la Russie et la Chine, les États-Unis se font botter le cul », déclare David Ochmanek, analyste
du groupe de réflexion californien la RAND Corporation, dans le cadre d’une table ronde tenue le 7 mars 2019 au Center for a New American Security, à Washington, DC.
« Il s’avère que les super-armes américaines ont un peu trop d’Achille dans leurs talons », se moque Freedberg.
Selon Ochmanek, les bases américaines sont vulnérables aux attaques de missiles longue portée. Il en va de même pour les grands navires de guerre naviguant en haute
mer. « Les choses qui dépendent d’une infrastructure de base sophistiquée comme les pistes d’atterrissage et les réservoirs de carburant sont particulièrement
vulnérables », a déclaré M. Ochmanek. « Les choses qui naviguent à la surface de la mer elles aussi. »
La dépendance excessive des forces américaines à l’égard de grandes installations vulnérables et de grands navires rendent discutables les qualités de haute
technologie des avions furtifs qui survolent ces bases et ces navires, a déclaré Robert Work, un ancien secrétaire adjoint à la défense qui a également siégé au comité du CNAS.
« Dans tous les cas que je connais, le F-35 domine le ciel quand il est dans le ciel, mais au sol ils seront décimés en grand nombre », déclare
Freedberg.
La vulnérabilité croissante des forces américaines aux frappes de missiles explique en partie pourquoi la marine américaine a proposé de déclasser un porte-avions
des décennies plus tôt qu’elle ne l’avait prévu, nous explique Freedberg.
Bien sûr, il est possible que la proposition de la Marine de mettre l’USS Harry S. Truman en réserve soit aussi un stratagème pour obtenir des fonds supplémentaires du Congrès.
Pourtant, les planificateurs militaires n’ont pas tort de reconsidérer les méthodes américaines traditionnelles de projection de puissance. Ochmanek estime qu’il en
coûterait 24 milliards de dollars par an pendant cinq ans pour préparer l’armée américaine à une guerre de haute technologie avec la Russie et la Chine.
« Alors qu’achèterons-nous avec ces 24 milliards de dollars ? » se demande Freedberg.
Tout d'abord, des missiles. Beaucoup, beaucoup de missiles. Les États-Unis et leurs alliés continuent notoirement de sous-estimer le nombre d'armes
intelligentes dont ils auront besoin pour une guerre balistique, puisqu’ils ont commencé à sécher contre des ennemis aussi faibles que les Serbes ou les Libyens. Contre la Russie ou la Chine, qui
peuvent égaler non seulement notre technologie mais notre masse, nous manquerons rapidement de munitions.
Plus précisément, il faudra beaucoup de missiles offensifs à longue portée. Ochmanek a mentionné les brigades d'artillerie de l'armée de terre, qui utilisent
des lanceurs de missiles MLRS, et la bombe intelligente JAGM-ER de l'armée de l'air, tandis que Work a vanté le tueur de navires LRASM de la marine.
Il faudra aussi beaucoup de missiles défensifs pour abattre les missiles offensifs, les avions et les drones de l'ennemi. Les nouvelles batteries de défense
aérienne à courte portée de l'armée de terre, les missiles Stinger montés sur des véhicules blindés Stryker huit par huit, constituent une solution à court terme.
À plus long terme, les lasers, les canons sur rail et les micro-ondes de grande puissance pourraient abattre les missiles entrants à un coût beaucoup moins
élevé.
L’armée devrait également renforcer ses réseaux de commandement et de contrôle. « Cela comprend tout, des liaisons de données à l’épreuve des
brouillages aux équipements de guerre électronique sur les avions de combat et les navires de guerre », explique Freedberg.
« Les services aiment bien rogner sur l’électronique pour avoir autant d’avions et de bateaux que possible », raconte
Ochmanek, « mais un navire de plusieurs milliards de dollars qui coule faute d’une protection électronique d’une valeur de un million de dollars est un mauvais retour sur
investissement. »
Selon Work, le Pentagone pourrait libérer de l’argent pour ces réformes en démantelant les forces vulnérables car trop grandes. Désaffecter le USS Truman, par
exemple, « me semble une bonne idée », dit-il. Il affirme également que l’armée américaine dispose de plus de brigades d’infanterie et de chars que ses forces de défense
antimissile ne peuvent en protéger. Si le ministère de la Défense pouvait libérer 24 milliards de dollars, il faudrait les affecter à la branche militaire qui a les meilleures propositions pour
atteindre certains résultats en temps de guerre, rajoute-t-il.
« Couler 350 navires de la marine et des garde-côtes chinois au cours des 72 premières heures d’une guerre, ou détruire 2 400 véhicules blindés russes
», sont deux objectifs possibles selon Freedberg.
Le drone américain abattu par l’Iran, jeudi, appartient à la famille des Global Hawk, qui sont les drones de reconnaissance historiques américains. Des engins capables d’espionner les
communications au sol depuis une altitude de près de 20 km.
Le RQ-4A Global Hawk, qui survolait les eaux internationales selon Washington, a une envergure similaire à celle d’un Boeing 737. Il est bien plus imposant et lent que les très redoutés
drones Predator ou Reaper, utilisés par l’armée américaine pour les missions d’assassinats ciblées.
Surveiller 103 600 km² depuis le ciel
“Ces drones volent lentement à dessein car leur objectif est de collecter autant d’informations que possible”, explique au magazine Time Dan Gettinger, co-directeur au Centre
d’études des drones au Bard College de New York. Le RQ-4A Global Hawk est, en effet, un avion espion. Il sert exclusivement à des missions de reconnaissance et, à cette fin, est équipé en
radars, capteurs et caméras en tout genre qui en font un véritable bijou technologique volant.
Un matériel qui lui permet de faire des relevés géographiques ou photographiques très précis et même d’intercepter des communications téléphoniques ou radio au sol depuis des hautes
altitudes. Il peut, en effet, continuer à espionner depuis une altitude de 19,8 km, soit environ deux fois plus haut qu’un avion traditionnel. Il peut ainsi “fournir des renseignements en
temps réel sur une superficie de 103 600 km², soit un peu moins que la taille d’un État américain comme l’Illinois”, assure le constructeur de ce drone, Northrop Grumman, sur son
site.
Une capacité à voler haut tout en restant opérationnel qui est, d’ailleurs, “l’un des principaux arguments de vente des Global Hawk car ils sont ainsi, en théorie, plus difficiles à abattre
depuis le sol”, explique au site Wired, Ulrike Franke, spécialiste des
drones au Centre européen des relations internationales.
Le fait que l’Iran y soit parvenu “démontre que le pays est technologiquement plus avancé que ce qu’on aurait pu croire. En un sens, c’est un message envoyé aux États-Unis pour les prévenir
de ne pas sous-estimer leur capacité militaire”, estime Amy Zegart, co-directrice du Centre pour la sécurité internationale et la coopération de l’université de Stanford (Californie),
interrogé par Time.
Après les attentats du 11 septembre 2001
Au-delà de la démonstration de force technologique iranienne, c’est aussi un coup dur financier pour les États-Unis, car les Global Hawk sont parmi les drones les plus chers de l’armée
américaine. Chacun d’entre eux coûtait plus de 176 millions dollars en 2011, et, même si son prix a baissé depuis, il se vend toujours à plus de 100 millions dollars, soit 10 fois plus qu’un
Predator, d’après CNN.
Le RQ-4A est le premier modèle de la famille des drones Global Hawk, et a fait ses débuts peu après les attentats du 11 septembre 2001. Son utilisation avait paru tellement stratégique à
l’administration américaine pour lutter contre le terrorisme que des versions encore non-définitives de ce drone de reconnaissance avaient été déployées dès novembre 2001 en Afghanistan. Il a
ensuite été utilisé en Irak, aux abords de la Corée du Nord et, même, lors de la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011, pour aider
les secours. Mais en 2013, Northrop Gumman a cessé sa production pour vendre son successeur, le Global Hawk-RQ-4B, qui peut transporter plus de matériel de surveillance.
Il semblerait que le modèle qui a été abattu par l'Iran fasse partie d’un lot de quatre drones achetés par la marine américaine en 2004 à l’US Air Force, rapporte l’agence Reuters. Northrop
Gumman indique, sur son site, que 37 Global Hawk-RQ-4A sont en service et ont été utilisés, entre autre, pour surveiller les mouvements des combattants du groupe terroriste État islamiste
(EI) en Syrie, pour faire de la reconnaissance en mer baltique après l'annexion de l'Ukraine par la Russie ou encore pour participer aux recherches des lycéennes kidnappées
en 2014 par Boko Haram au Nigeria.
Le drone abattu par l’Iran est un monstre de surveillance à un quart de milliard de dollars
Le drone américain que
l’Iran a abattu au-dessus du détroit d’Hormuz la semaine dernière est un RQ-4A Global Hawk, un
monstre de surveillance aérienne à 220 millions de dollars la pièce, explique Wired.
Selon les Iraniens, un Global
Hawk construit par Northrop Grumman, partie d’un programme de plusieurs milliards de dollars qui date de 2011, est entré dans leur espace aérien et s’est écrasé dans les eaux
iraniennes. De leur côté les États-Unis insistent sur le fait que le drone volait dans l’espace aérien international.
L’incident survient après que les États-Unis ont accusé l’Iran d’avoir attaqué deux pétroliers dans le golfe d’Oman. Les États-Unis affirment également que les
Iraniens ont tenté de détruire un autre drone, un MQ-9 Reaper, et qu’ils ont échoué. Enfin, les
États-Unis ont également lié l’Iran à une attaque qui avait abattu un Reaper au Yémen il y a deux
semaines.
Cependant, l’attaque de la semaine dernière a été lancée sur un drone beaucoup plus cher et technologiquement avancé, ce qui indique une intention d’« escalade plus explicite »,
selon l’article.
Thomas Karako, Directeur du projet de défense antimissile au Center
for Strategic and International Studies, a déclaré : « Il se passe beaucoup de choses là-bas, et nous
n’en voyons probablement qu’une partie. Il s’agit d’un aéronef de surveillance et de recueil d’informations à longue portée, plus puissant, plus coûteux, opérant à plus haute altitude. Si [les
Iraniens] abattent des appareils dans l’espace aérien international au-dessus des eaux internationales, c’est sans doute pour provoquer des représailles mesurées. »
Selon M. Karako, les détails concernant les franchissements d’espace aérien ne seront pas dévoilés avant que les États-Unis en disent davantage sur la trajectoire du drone : « S’ils veulent le publier, ce sera
davantage une décision d’ordre politique. Mais jusqu’à présent le CentCom affirme que l’incident a eu lieu dans l’espace aérien international. »
Il poursuit : « Une partie de l’argumentaire technique du
Global Hawk est qu’il vole si haut qu’en principe, il devrait être à l’abri de la défense anti-aérienne. Il n’est pas extrêmement difficile d’abattre un appareil de ce genre, mais c’est
relativement difficile, ça montre de la détermination sur le plan politique. »
Les drones comme celui qui a été abattu jeudi sont décrits comme des « plateformes de surveillance
massive » et sont en service depuis 2001. Ils ont une envergure de plus de 40 mètres et un poids au décollage de plus de 16 tonnes. Son rayon d’action est de plus de 22 000
kilomètres, ils peuvent voler jusqu’à 20 000 mètres d’altitude et pendant 34 heures d’affilée. Ils n’ont aucune capacité offensive et peuvent coûter jusqu’à 220 millions de dollars chacun.
Pour leur capacité de surveillance, ils incluent « l’imagerie infrarouge et thermique, le
radar et l’imagerie électro-optique dans leur arsenal de capteurs ». Ils utilisent également des téléobjectifs à longue focale pour obtenir des vues détaillées des cibles.
« Il se pourrait qu’il y ait à bord des
technologies d’espionnage ultra secrètes que nous ne connaissons pas », explique Ulrike Franke, membre du Conseil
européen des relations étrangères et chercheuse sur les drones.
Ulrike Franke dit qu’il est probable que ce drone, cependant, ait été un « cheval de bataille de
surveillance typique » abattu pour des raisons
géopolitiques plutôt que pour des raisons d’espionnage technologique. En effet, l’année dernière, Israël a dit avoir abattu un drone iranien qui était la « copie » d’un drone
américain Sentinel. L’Iran
l’avait capturé en 2011 et avait déclaré l’avoir ensuite soumis au reverse-engineering.
Iran : Les F-35 d’Israël paralysés par la Russie ?
Le 24/07/2019.
Le journal américain National Interest a publié le lundi 22 juillet un article signé David Axe, auteur et journaliste spécialiste des questions militaires,
lequel prétend que la Russie perturbe les systèmes de navigation aérienne des avions de chasse F-22 et F-35 américains survolant des zones près de
l’espace aérien de l’Iran.
Fin juin 2019, la Fédération internationale des associations de pilotes de ligne et les autorités aéroportuaires israéliennes ont annoncé que de nombreux
vols avaient perdu les signaux satellites du système de positionnement global (GPS) alors qu’ils entraient dans l’aéroport international Ben Gourion ou lorsqu’ils en sortaient.
« Les forces russes bloquent les systèmes GPS au Moyen-Orient. Cette campagne de guerre électronique pourrait affecter les collectes de renseignements des forces américaines
dans la région avant toute éventuelle attaque contre l’Iran. »
« Depuis le printemps dernier, des pilotes survolant le Moyen-Orient, en particulier autour de la Syrie, ont constaté que leurs systèmes GPS
affichaient un mauvais emplacement ou cessaient complètement de fonctionner », a rapporté le journal Times of
Israel à la fin du mois de juin 2019.
Les données recueillies par un centre de recherches basé aux États-Unis laissent conclure que le signal ayant perturbé les systèmes satellitaires de
navigation aérienne des avions survolant Israël au cours des dernières semaines provient d’une base aérienne russe à l’intérieur de la Syrie, ajoute National Interest.
Se référant au site d’information spécialisé dans le renseignement Breaking Defense, le journal National Interest écrit que les sources israéliennes sont de
plus en plus convaincues que les trois semaines de perturbations du GPS qu’ont connues les vols civils sont un contrecoup des mesures russes visant à brouiller les systèmes de navigation
aérienne en Syrie. « Moscou tente d’interférer avec les avions occidentaux — y compris les avions furtifs de pointe F-22 et F-35 », ajoute la
source.
National Interest rappelle que depuis avril 2019, l’armée de l’air américaine a déployé des chasseurs furtifs F-22 et F-35, respectivement au Qatar et aux
Émirats arabes unis, dans le cadre des renforts militaires prévus pour affronter éventuellement l’Iran.
La source prétend également que la Russie aurait aussi perturbé les systèmes GPS en Europe.
«Des signaux GPS brouillés ont été décelés pour la première fois lors des exercices à grande échelle de l’OTAN Trident Juncture en Norvège fin octobre
[2018] », écrit le site web du journal Defense News auquel se réfère le journal américain.
L’Armée américaine envisage de tester des systèmes GPS résistants aux embouteillages en Europe, ce qui marquera un premier pas dans la lutte contre la
guerre électronique russe. D’après l’éditorialiste de National Interest, David Axe, le 2e régiment de cavalerie de l’armée allemande devrait recevoir un nouveau système GPS résistant aux
embouteillages d’ici à fin 2019.
L’avion de combat F-15 présenterait d’importantes vulnérabilités informatiques
...par LaurentLagneau - le 18/08/2019
« C’est un avion basé sur un logiciel, et toute plate-forme basée sur un logiciel sera susceptible d’être piratée », avait confié le général Stephen Jost,
un responsable de l’US Air Force au sujet de l’avion de combat de 5e génération F-35, dans les colonnes de Defense News, en novembre 2018.
Effectivement, plus un avion militaire [mais cela est valable pour un ordinateur, une voiture, etc] est connecté à des réseaux, plus il est susceptible de présenter
des vulnérabilités susceptibles d’être exploitées par un adversaire.
Tel est donc le cas du F-35, sorte de « logiciel volant » dont le fonctionnement repose sur un système d’information logistique autonome [ALIS, Autonomic
Logistics Information System] ainsi que sur le JRE [Joint Reprogramming Enterprise], qui est une base de données partagée sur les systèmes d’armes d’adversaires potentiels accessible à tous les
appareils de ce type en service dans le monde.
Aussi, ces systèmes, bien que faisant l’objet de toutes les attentions en matière de cybersécurité, sont toujours susceptibles de présenter des failles constituant
autant de cibles potentielles pour les pirates informatiques. L’expérience que vient de faire l’US Air Force avec le F-15, un avion dit de « 4e génération », le démontre.
Ainsi, à l’occasion de la conférence Def Con, dédiée à la cybersécurité, une équipe de 7 « hackers » de la société de sécurité informatique Synack a été
conviée à Las Vegas par l’US Air Force et le Defense Digital Service [DDS] afin de trouver de potentielles failles pouvant affecter le système TADS [Technical Assistance Database System] du
F-15.
« Le TADS recueille des images et d’autres informations à partir des capteurs de l’avion », a expliqué le Dr Will Roper, secrétaire adjoint à l’Air Force
pour les acquisitions, la technologie et la logistique. « L’objectif était de trouver les faiblesses informatiques du système », a-t-il résumé.
Pour cette expérience, les hackers ont pu avoir un accès physique au système TADS. Une première. Et, selon le Washington Post, il a fallu 48 heures de travail
pour mettre au jour un « gisement de vulnérabilités » critiques pour le bon fonctionnement du F-15.
Cela étant, on ignore si le TADS pourrait être piraté en vol. Reste que pour Will Roper, le risque est réel. « Il y a des millions de lignes de code dans tous
nos appareils et si l’une d’entre-elles est défectueuse, alors un pays qui ne peut construire un avion de chasse pourrait nous en abattre un avec un clavier », a-t-il résumé.
Le F-15EX [ou « Advanced »], c’est à dire la dernière version de cette appareil développée par Boeing, disposera d’un ordinateur de mission de combat
pouvant traiter 87 milliards d’instructions par seconde.
Quant aux vulnérabilités découvertes par l’équipe de Synack, le Dr Roper a estimé qu’elles sont la conséquence d’années de « négligences » en matière de
cybersécurité. Et cela, essentiellement pour des questions de coûts.
Quoi qu’il en soit, le Pentagone avait jusqu’à présent lancé des initiatives de type « Bug Bounty » en faisant appel à des hackers pour trouver des
failles dans ses applications et systèmes informatiques. Aussi, le fait de s’en inspirer pour des systèmes d’armes est inédit. Car il est question désormais de faire appel à des hackers triés sur
le volet pour trouver les failles éventuelles pouvant affecter les drones, voire les satellites.
« Je souhaite également ouvrir le système de contrôle au sol d’un satellite militaire opérationnel à des pirates informatiques à des fins d’essais », a en
effet affirmé le Dr Roper au Washington Post. « Nous voulons amener cette communauté à s’appuyer sur de véritables systèmes d’armes et de vrais avions » car « s’ils ont des
vulnérabilités, il serait préférable de les trouver avant que nous entrions en conflit », a-t-il ajouté.
19 septembre 2019 – Après un temps assez long d’attente, l’escorte du porte-avions USS Henry S. Truman, formant
avec ce navire un Groupe de porte-avions d’attaque (Carrier Strike Group), a finalement appareillé de Norfolk le 12 septembre sans son porte-avions, et
rebaptisé pour l’occasion Groupe de surface d’attaque (Surface Strike Group). Le porte-avions, revenu à la grande base navale US sur l’Atlantique de
Norfolk le 5 août pour préparer cette nouvelle mission, a rencontré des problèmes sérieux dans son circuit électrique, qui fait qu’il n’est pas opérationnel comme il aurait dû l’être dans ces
circonstances tout à fait exceptionnelles de capacités d’emploi puisqu’il s'agit de son troisième déploiement opérationnel en quatre ans.
L’US Navy annonçait fièrement la chose il y a deux mois, selon les termes rapportés par Military.com le 4 juillet 2019, jour de la fête nationale :
« L'exercice en cours permettra de s'assurer que ces navires, – les destroyers USS Ramage et USS Lassen, – sont
certifiés pour être déployés avec le Truman et prêts pour les missions que la Navy a prévues pour eux. » “Cet exercice mettra à l'épreuve notre force intégrée en tant que force multimissions”, a déclaré le contre-amiral Andrew
J. Loiselle, commandant du Truman Strike Group. “Les manœuvres complexes de la période d’entraînement sont l’occasion de travailler en équipe, à la fois dans notre capacité à supporter des
périodes prolongées en mer et à trouver des domaines où nous pouvons nous améliorer. » La Navy n’a pas dit publiquement quand le Truman sera déployé, où il ira et combien de temps durera son
déploiement. »
... La dernière phrase qui laissait entendre à quelque exaltante expérience l’on allait assister, rend désormais un son malheureux quand l’on apprend que les
USS Ramage et USS Lassen, ainsi que deux autres navires de surface de renfort, sont partis sans l’essentiel, c’est-à-dire le USS Harry S. Truman. Ils étaient lassés d’attendre que le circuit
électrique du grand porte-avions d’attaque soit effectivement réparé, s’il l’est finalement à temps...Cela est résumé par le site TheDrive.com le 13 septembre 2019, à la suite d’une nouvelle de l’immobilisation du Truman publiée par le site USNI News le 12 septembre.
« Un croiseur de classe Ticonderoga et trois destroyers de classe Arleigh Burke affectés au Truman Carrier Strike
Group ont quitté les ports de la côte Est des États-Unis pour un déploiement prévu, mais sans deux éléments clés, le porte-avions de classe Nimitz USS Harry S. Truman et sa force aérienne
embarquée. » Le porte-avions a été mis sur la touche depuis qu'il a subi un dysfonctionnement électrique le mois dernier et l'U.S.
Navy ne sait pas encore, ni quand ni s’il pourra rejoindre son escorte. Cette situation a également ajouté à la pénurie actuelle de
porte-avions déployables sur la côte Est, ce qui pourrait limiter la capacité du service à réagir en cas de crise. »
L’escorte du porte-avions sans porte-avions
Cette triste aventure du USS Harry S. Truman est rapidement présenté par Spoutnik-français du 18 septembre, autour d’une idée-centrale : c’est la première fois qu’un tel incident arrive pour un grand porte-avions d’attaque de l’U.S.
Navy. Alors que, depuis le début août, le Truman attendait impatiemment son “‘escorte” de frégates et de croiseurs pour constituer son Groupe
d’Attaque, voilà que l’“escorte” du grand porte-avions part sans lui et qu’on ignore s’il sera réparé suffisamment à temps pour “rejoindre son
escorte”, celle qui est censée le protéger ! La situation est présentée sur un ton flegmatique, ce qui colore d’un certain ridicule d’un poids de 90 000 tonnes (celui
du Truman) cette étrange “première” : “le fait qu’un groupe de porte d’avions d’attaque soit déployé opérationnellement sans porte-avions” est
une véritable “première”, un simulacre naval sans précédent, – d’autant que la Navy, habile, a permis en rebaptisant le groupe
“Surface Strike Group” d’entretenir le doute : après tout, le Truman, qui est également un bâtiment “de
surface”, s’y trouverait peut-être, devenu stealthy et donc bien caché et diablement bien protégé par son “escorte”.
« ...“La réparation du porte-avions est en cours, tout est mis en œuvre pour le renvoyer en service”, a déclaré le
commandement de l'US Navy. » Comme l’ont indiqué à USNI News d’anciens militaires de l’US Navy, le fait qu’un Groupe de porte-avions d’attaque soit
déployé opérationnellement sans porte-avions est sans précédent. »
Une faiblesse peut en cacher une autre
Nous en sommes là de cette odyssée étrange du Harry S. Truman alors qu’il faut savoir, pour bien en embrasser
tout le charme, que lorsque son déploiement (le troisième de cette envergue en quatre ans) fut annoncé, nombre de commentaires soupçonneux sinon purement et simplement amers furent publiés. Il y
a celui-ci, de Chris “Ox” Harmer, de War Zone, le 18 juillet 2019, qui soupçonnait que cette décision servait essentiellement à dissimuler
une faiblesse de l’US Navy, celle du USS Dwight D. Eisenhower, ce qui a eu pour conséquence d’en mettre
à jour une autre, celle du Truman... Ainsi parlait l’amer Harmer :
« “Une armée marche avec son estomac”. Ce truisme de la mobilité militaire de l’époque préindustrielle a été attribué à
Napoléon Buonaparte et à Frédéric le Grand. Personne n'est sûr si l'un ou l'autre l'a vraiment dit, mais tous deux ont certainement expérimenté la réalité de la maxime. En leur temps, non
seulement les vastes armées de l'époque se déplaçaient à pied sur le champ de bataille, mais elles se déplaçaient à pied sur le champ de bataille. Il n'était pas rare que les fantassins
marchassent des centaines de kilomètres entre les grandes batailles, et toute cette marche signifiait que les soldats devaient être bien nourris. S'ils ne l'étaient pas, ils mouraient de faim, de
maladie ou étaient trop faibles pour combattre efficacement et étaient massacrés, ce qui arriva exactement à la Grande Armée de Napoléon à la suite de son invasion de la Russie avec des
ressources insuffisantes. » J'ai lu récemment que le porte-avions USS Harry S. Truman (CVN-75) de la marine américaine allait partir pour son
troisième déploiement en seulement quatre ans, ce qui m'a rappelé ce dicton lapidaire. Bien que la Navy insiste sur le fait que le déploiement avait été planifié à l'avance, le fait qu'il ait été
annoncé peu après que l'USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69) eut terminé une période de maintenance de 18 mois qui devait initialement durer six mois a suscité des spéculations selon lesquelles la
Navy avait déployé le Truman pour dissimuler le fait que l’Eisenhower ne pouvait simplement pas effectuer ce déploiement. »
Pourquoi liquider le USS Harry S. Truman ?
... Mais nous n’en avons pas fini avec le USS Harry S. Truman, tant s’en faut, et tant cette formidable unité semble
résumer à elle seule tous les problèmes de l’US Navy en, train de couler très rapidement, et même, disent certains, pas loin d’être menacée de perdre
un jour dans années 2020 sa position de “Première Dame des Mers du Monde”. Il faut savoir qu’en février 2019, l’US Navy annonçait par le biais du détail de son budget pour l’année
fiscale 2020 (FY2020) que le Truman prendrait sa retraite en 2024, soit près de dix ans avant la date qui achève le demi-siècle de carrière de
ce type d’unités ; et cela, alors que l’US Navy est de plus en plus serrée du point de vue de ses super-porte-avions ; et cela, alors que le Gerald R. Ford qui doit inaugurer la super-classe succédant à la classe USS Nimitz à laquelle appartient
le Truman, connaît d’innombrables problèmes techniques comme nul ne peut en
ignorer.
La décision de démobilisation du Truman fit tant de bruit, tant au Pentagone qu’au Congrès où personne n’arrive
(toujours pas maintenant) à comprendre les raisons qui y ont poussée, que la grogne atteignit l’Olympe de Jupiter lui-même. Le président Trump entra dans l’arène à la fin avril pour proclamer
qu’il fallait abandonner cette absurde décision (de démobiliser le Truman) que lui-même avait approuvée
sans ciller en signant la proposition budgétaire du Pentagone.
Commentaire de The War Zone du 1ermai 2019 : « Le président Donald
Trump a annoncé qu’il avait annulé l’“ordre” de retirer du service le porte-avions USS Harry S. Truman de la classe Nimitz
avant la date prévue, un jour après que le vice-président Mike Pence eut révélé pour la première fois que l'administration prenait ses distances de ce plan pendant une visite du navire. Le plan
suscite une opposition croissante, en particulier parmi les membres du Congrès, depuis qu’il a été annoncé en février 2019. À l'époque, The War Zone a exposé en détails les raisons pour lesquelles il était peu probable que la
proposition soit réalisée, et combien cette décision particulièrement rapide de l’abandonner effectivement ne fait que s’interroger plus encore à propos des raisons qui ont poussé
l’administration Trump, le Pentagone et l’US Navy à la présenter à l’origine. »
Embouteillage entre 90 0000 et 100 000 tonnes
Nous en sommes donc dans une grande zone navale d’incertitude, et pas encore à la mer pour l’épisode présent, pour ce qui concerne le sort du USS Harry S.Truman. Certes, il y a l’ordre de Trump d’abandonner la décision de démobilisation du porte-avions, mais l’on sait
que les “ordres” de Trump sont souvent aussi incertains qu’ils sont proclamés avec la plus grande emphase que permet le tweet. Quoi qu’il en soit, l’opposition contre la décision de la Navy reste
extrême, alors que l’incident du Truman en panne vient un peu plus encore brouiller la perspective. La chose ne va-t-elle pas regonfler le camp
des partisans de la démobilisation ? Dans tous les cas, elle ne simplifie certainement pas le cas du Truman, et surtout de l’énorme problème qui se pose à l’US Navy lorsque tout son contexte est considéré. C’est ce qui est fait dans un long article de Forbes.com de Craig Hooper, certes du 26 mars 2019 mais qui garde toute sa pertinence et même sa complète
actualité.
Hooper détaille l’extrême imbroglio, à la fois kafkaïen et ubuesque où se trouve aujourd’hui l’US Navy. Comme on l’a déjà ressenti à l’une ou l’autre allusion,
nul ne sait précisément pourquoi la Navy veut retirer le Truman à peu près une décennie avant sa fin de vie opérationnelle normale. Certains ont
laissé entendre que ce pourrait être le signe que la Navy a compris que l’ère des grands porte-avions étaient terminée, avec la perspective de les voir se faire tailler d’horribles croupières du
fait des missiles antinavires hypersoniques où Chinois et Russes sont passés maîtres. L’argument peut s’entendre, d’autant que trois autres porte-avions de la classe Nimitz arrivent en fin de vie opérationnelle normale en 2025-2032, le Nimitz lui-même, le Eisenhoweret le Stennis.Mais c’est sans doute mal connaître la Navy,
sa bureaucratie, sa certitude de soi, sa programmation et l’hybris qui l’enivre du simple fait de
contempler ces mastodontes de 90 000/100 000 tonnes.
100 000 tonnes en effet, c’est le tonnage de la nouvelle classe des “super-super”, la classe Gerald S. Ford, avec
dans la foulée deux autres unités dont la construction est déjà lancée après le premier de la classe, le USS John F. Kennedy et le
USS Enterprise, pour 2024 et 2028 respectivement, – en principe et en théorie, ajouterons-nous fort prudemment. Dans ce cas, on voit mal comment on
peut continuer à accepter l’argument que la Navy abandonne les grands porte-avions... Mais nous sommes d’ores et déjà emportés sur un autre champ de la polémique en cours, car
l’arrivée possible/probable de ces nouvelles unités implique à la fois un grand embouteillage et un grand remue-ménage, avec des carambolages
divers, et surtout le tout rythmé par les extraordinaires difficultés de mise au point que rencontre le Ford, comme on l’a vu à plusieurs
reprises, avec le retard que cela implique et qui se répercutera sur les suivants.
Que reste-t-il de l’US Navy ?
Hooper nous explique donc plusieurs choses :
• Pour ces mastodontes qui demandent des périodes importantes et parfois très longues d’entretien opérationnel et de mise à niveau, il faut des chantiers navals
avec leurs cales sèches, et les USA en manquent cruellement. De là la très grande difficulté de programmer la vie courante de tous ces porte-avions, la classe Nimitz en fin de vie et la classe Ford qui arriverait bientôt,
à son heure (mais quand ?), à maturité, – si elle y arrive, certes...
• Au reste, les différences technologiques essentielles entre les deux classes, avec le Ford qui est
présenté comme une super-merveille complètement nouvelle par rapport à la classe Nimitz, implique que
les chantiers navals doivent être eux-mêmes modifiés pour traiter toutes ces choses nouvelles. Cela ajoute diablement à l’embarras, d’autant qu’il n’est pas assuré que ces installations
ainsi modifiées soient encore adéquates pour traiter les classe Nimitz encore en service (d’où l’une des hypothèses pour répondre à la
question : “pourquoi se débarrasser du Truman ?”).
• Mais comme l’on sait, il y a bien pire : il y a les formidables difficultés du premier de la nouvelle
super-classe (voir plus haut : “d’innombrables problèmes techniques comme nul ne peut en
ignorer”). Cela signifie 1) que le Ford a déjà pris du retard et qu’il passe énormément de temps dans les chantiers navals ; 2) que
toutes les modifications qu’il reçoit, et dont on ne voit pas la fin, vont se répercuter sur les deux suivants qui, non contents (!) de dépasser leur date de mise en service opérationnel, vont à
leur tour mobiliser les chantiers navals plus longtemps que prévu pour ces divers travaux...
Hooper : « Il pourrait être embarrassant pour la Marine ou le ministère de la Défense de l'admettre, mais la décision
de retirer le Truman pourrait se résumer à une simple question de non-capacité de cale sèche “à l'ancienne”. En sacrifiant les carénage d’entretien de l’USS Harry S. Truman de 2024 à 2028, le
Pentagone libérerait suffisamment de disponibilité de cale sèche pour accueillir, au besoin, des travaux de radoub ou de maintenance non planifiés mais importants sur le USS Gerald R. Ford et le
USS John F. Kennedy. »
• ... Pendant ce temps, dans cet invraisemblable embouteillage de porte-avions immobilisés pour des travaux et des entretiens prévus et imprévus, sans compter
les “imprévus imprévus” (les “unknown-unknowns” du philosophe Donald Rumsfeld) qui ne manqueront pas de survenir,
que restera-t-il et combien restera-t-il de coques de l’US Navy encore à la mer ? Que restera-t-il de la maîtrise des mers du globe grâce aux
“super” et aux “super-super” grands porte-avions d’attaque de la Navy ?
• “Les Chinois”, suggère Hooper...
Les Chinois rois des mers ?
En effet, Hooper termine son article sur les perspectives de la marine chinoise par rapport à l’US Navy, tournant autour de l’arrivée de porte-avions chinois, de
leurs technologies, et notamment celle des catapultes et des systèmes électromagnétiques de lancement et de récupération des avions, qui paraît l’un des nœuds fondamentaux du formidable bond
technologique en avant des nouveaux “super-super” type-Ford. (Hooper précise ainsi que les “experts” supputent et prévoient de quatre à six porte-avions chinois de technologies très avancées déployés dans les années 2020. Importante
nouvelle pour notre compte.)
« Le Congrès a besoin de la vérité, aujourd'hui, pour prendre les bonnes décisions. Avec un préavis suffisant, il est
possible de modifier les cales sèches ou d'en construire de nouvelles. Un plus grand nombre de travailleurs des chantiers navals peuvent être embauchés et formés. Les calendriers de livraison des
porte-avions peuvent être modifiés selon une chronologie nouvelle. Les enjeux sont tout simplement trop élevés pour continuer à se perdre dans d’autres dissimulations [dont la Navy a le
secret]. » Dans quelques années, le Pentagone saura avec certitude si le Ford est un fer à repasser sans fiabilité, exigeant un
entretien considérable, ou s’il tient ses promesses. Mais le Congrès ne peut pas attendre. Le temps presse. Au plus tard, les systèmes électromagnétiques de lancement et de récupération de l'USS
Gerald R. Ford doivent être à la fois opérationnels et fiables avant l’entrée en service des porte-avions chinois de Type-002 en
2023. » Plus tard, l'Amérique aura de vrais problèmes. » Le monopole américain sur les super-porte-avions est en train de s'effondrer et, considérant que la transition vers le
super-porte-avions de classe Ford commencerait réellement au milieu des années 2020, la marine chinoise deviendrait une force de très-grande importante dans ce domaine des super-porte-avions,
déployant de quatre à six porte-avions. » Si le plan actuel de construction navale de 30 ans est maintenu, les États-Unis n'auront que neuf grands porte-avions
d’attaque en 2027, et plusieurs d'entre eux ne seront tout simplement pas prêts pour des opérations de guerre. Avec la diminution de la force de porte-avions des États-Unis, la Chine pourrait
bien être tentée de rechercher la parité relative des porte-avions avec les États-Unis. » Et, en dehors de la course stratégique évidente à la parité du nombre de super-porte-avions, les stratèges économiques de
la Chine ont également conçu ce développement quantitatif de porte-avions comme un défi direct lancé à la position de l'Amérique en tant que leader mondial de la technologie et de l'ingénierie.
De nombreux observateurs chinois pensent que les porte-avions de Type-002, les premiers grands super-porte-avions chinois de construction “maison”, n’utiliseront pas l'ancienne technologie de la
catapulte à vapeur utilisée à bord des vieux porte-avions américains au profit des mêmes systèmes de lancement et de récupération électromagnétiques high-tech utilisés sur le
Ford. » Si les observateurs ont raison et que le nouveau porte-avions de Type-002 devient opérationnel à la mer avec des systèmes
de lancement et de récupération électromagnétiques, la course à la parité électromagnétique sera lancée. Et, dans ce genre de concours, la tolérance de la Chine au risque dans les tests de
développement, jumelée à la poursuite ciblée d'une seule technologie de pointe, donne à la Chine un avantage distinct. Les États-Unis, par contre, seront peut-être encore aux prises avec une
tâche beaucoup plus ardue, celle d'intégrer systématiquement plusieurs technologies de pointe dans une coque unique mais beaucoup plus formidable. » Il y a beaucoup de choses en jeu. Tandis que le prestige de l’US Navy diminue aux yeux du public en même temps que ses
manifestations publiques, les dirigeants chinois comprennent le pouvoir inhérent aux simple affichage public de leur puissance. Même si le Ford est pleinement opérationnel d'ici 2024, les
États-Unis pourraient rater une occasion de montrer en public l’incroyable nouvelle puissance technologique qu’apporte cette classe. D'autre part, les progrès en technologie électromagnétique de
la Chine, – s'ils sont atteints, – peuvent recevoir une grande publicité dans quelques vidéos triomphantes d’exercice d’opérations aéronavales de grande envergure. Si la Chine gagne la
course aux systèmes électromagnétiques fiables, le coup symbolique porté à la Navy sera diablement douloureux. » Mais ce sera encore bien plus douloureux si la classe Ford ne parvient pas à résoudre toutes ses technologies et se
cantonne au rôle de fers à repasser... »
Bon signe : nous n’y comprenons pas grand’chose
Reste à voir si tout cela se fera, et si “tout cela” ne sera pas pire encore... En effet, “tout cela” semble
d’abord identifier une énorme crise ontologique de l’US Navy elle-même face à l’US Navy, entre sa puissance en train de s’effilocher, avec
ses nouveaux mastodontes de 100 000 tonnes entre promesse du renouveau et très-possible “JSFisation” de la toute-puissante classe Gerald S.
Ford, et ses interrogations au milieu du labyrinthe d’installations navales dépassées ou en nombre insuffisants, avec une classe Nimitz qu’on hésite à liquider ou à prolonger c’est selon... Le sort étrange et incertain du USS Harry S. Truman résume et symbolise bien cette formidable crise de l’US Navy, qui fut l’orgueil et le
socle même de l’immense puissance militaire américaniste.
Pendant ce temps, plane la menace de la perception de la réduction à néant de la puissance des porte-avions du fait des armes hypersoniques. Les Chinois sont, avec
les Russes, les maîtres de cette nouvelle arme ; mais en même temps, les experts projettent la possibilité d’une puissante flotte de porte-avions chinois qui pourrait supplanter au long des
années 2020 la flotte US enfoncée dans ce désarroi labyrinthique qu’on a décrit. Les Chinois développeraient-ils un type de navires d’une puissance si considérable, dont ils savent très bien
eux-mêmes l’extrême vulnérabilité face aux armes hypersoniques ? Dans tous cas prendre en compte cette perspective hypothétiique, c’est ajouter
encore au désarroi de l’US Navy.
Hooper termine son article par une conclusion plaintive et si incertaine jusqu’au pathétique :
« C’est pourquoi l'Amérique mérite des informations valides et véridiques pour gérer activement la transition de la classe de Nimitz en fin de carrière.
Le Congrès a besoin de savoir maintenant si la retraite anticipée de l’USS Truman fait partie d'un grand plan stratégique ou s'il s'agit simplement d'un moyen de s'assurer que suffisamment
d’espace est disponible dans les chantiers navals pour réparer les porte-avions défectueux de la classe Ford. »
Cette incertitude pathétique vaut certainement pour l’US Navy, pour la puissance navale en général, pour la puissance militaire conventionnelle confrontée aux
inconnues et aux surprises de plus en plus catastrophique du technologisme en pleine crise, bref pour tout ce qui constitue le concept de puissance
dans une époque si complètement hors du contrôle humain. Le destin du porte-avions et le destin de l’US Navy sont une illustration symbolique d’une très grande force de la Grande Crise
d’Effondrement du Système. On comprend que le Congrès soit inquiet et n’y comprenne pas grand’chose. Nous non plus, nous n’y comprenons pas
grand’chose, mais sans aucune inquiétude pour autant, – au contraire : c’est bien là le signe de cette Grande Crise.
Ce qu’il y a véritablement derrière les zones d’interdiction aérienne A2/AD de la Russie
...par Valentin Vasilescu - Le 08/03/2020.
Une invasion terrestre surprise des forces de l’OTAN n’effraie pas la Russie. Elle a assez de moyens de combat pour la contrer dès le départ. Sa seule vulnérabilité
se situe au niveau de ses bastions avancés de la mer Noire et de la mer Baltique : la Crimée et Kaliningrad.
La Russie a créé autour de la Crimée et de l’enclave de Kaliningrad des zones d’interdiction aérienne, « une bulle » A2/AD, qui empêchent l’OTAN d’entrer
dans son espace aérien. Jusqu’à présent, empêcher un avion (avion ou missile de croisière) de toucher une cible au sol se faisait en le détectant et en le détruisant. Des avions d’interception,
des missiles et de l’artillerie AA sont utilisés à cet effet. Les experts de l’OTAN ont noté la complexité du dispositif de défense AA de l’A2 / AD, qui est stratifié, avec une forte densité de
moyens, tous intégrés dans des systèmes de gestion automatisés de type Polyana D4M1.
Mais cela n’est que la partie visible de l’iceberg. Dans l’arsenal de ses zones d’interdiction aérienne A2 / AD, la Russie a également introduit plusieurs nouvelles
catégories de systèmes, avec une efficacité maximale (dans le combat et la sécurisation pendant le combat) que l’OTAN ne peut pas contrer. La catégorie concernant la sécurisation des combats
comprend les équipements russes de brouillage 1RL257 Krasukha-4 et R-330ZH Zhitel qui créent un « bouclier d’invisibilité » des éléments de défense les plus importants. Ces systèmes n’agissent
que contre les systèmes de détection et de guidage des tirs à partir de moyens aériens. Ils annihilent les systèmes de guidage des missiles de croisière ennemis, des avions d’attaque et des
munitions intelligentes lancés par l’ennemi. Par exemple, le brouillage touche les éléments comme :
1 – les radars à bord des avions d’attaque et des missiles.
2 – les lignes de transmission de données à partir d’avions et de missiles de croisière.
3 – les récepteurs de positionnement GPS sur les avions, les missiles de croisière et les bombes lancées par les avions.
4 – les capteurs infrarouges et fréquences de guidage laser de missiles et de bombes lancées par les avions.
Si l’armée américaine, à la base aérienne irakienne d’Ain al-Assad, avait des systèmes de brouillage similaires à ceux de la Russie, aucun des missiles balistiques
iraniens n’aurait touché sa cible.
Cependant, ce « bouclier d’invisibilité » ne peut empêcher une opération de débarquement maritime mené par la flotte navale américaine, la plus puissante du monde.
Pour éliminer cette vulnérabilité, le deuxième nouveau type de système, sur lequel sont basées les zones russes d’interdiction aérienne A2/AD, dispose de missiles hypersoniques. Seule la
Russie dispose de tels moyens qui ne peuvent être interceptés par un bouclier antibalistique ou un système antiaérien américains. Par conséquent, l’A2/AD russe ne se limite pas seulement à
défendre la zone de vulnérabilité, mais élargit considérablement le champ de bataille contre l’invasion par voie maritime, portant les combats là où la marine américaine ne pourra ni se défendre,
ni riposter.
La Russie possède deux types de missiles hypersoniques. Le Kh-47M2 Kinzhal, déjà opérationnel, a une portée de 2000-3000 km (contre 1300-1700
km, le rayon d’action du missile de croisière BGM-109 Tomahawk, ou 900 km, rayon d’action de l’avion embarqué F / A-18). Kinzhal a une vitesse de Mach 10 (14700 km/h), vole
à une altitude de 19 km, et est lancé à partir des avions MiG-31 et Tu-22M.
Le 3M22 Zirkon, qui est en phase avancée de test, a une portée de 1000 km, vole à une altitude de croisière de 40 km, à une vitesse de Mach 8-9
(9800-11000 km/h) et a la capacité d’effectuer des manœuvres latérales et en altitude (horizontales et verticales). Il est prioritairement destiné à équiper les petits navires de surface (navires
de patrouille, corvettes, frégates) de la flotte de la Baltique et de la mer Noire. La portée des missiles hypersoniques russes est supérieure à celle des avions embarqués sur les
porte-avions et des missiles de croisière américains.
Leur équipement embarqué doit leur permettre de se guider à la fin de leur trajectoire pour un impact précis sur les navires de surface en mouvement. La
probabilité de percer la défense AA est absolue (100%). C’est pourquoi la mission du missile hypersonique est de couler en 5 à 10 minutes un groupe naval américain d’invasion, composé de
50 à 70 unités de combat, avant de pouvoir lancer ses avions et ses missiles de croisière.
Du point de vue chronologique, pour la Russie, la nécessité de créer des zones d’interdiction aérienne et navale est apparue avec l’Euromaidan de Kiev, l’un des
objectifs poursuivis par les États-Unis, étant de remplacer les navires de la flotte russe de la mer Noire par ceux de la 6e flotte des États-Unis dans les bases navales de Crimée. On peut dire
que la décision de Washington d’accroître la pression sur la Russie a été une très mauvaise décision, avec un effet opposé à celui attendu. Parce que les États-Unis ont forcé la Russie à changer
radicalement les principes d’engagement dans le combat, en créant de nouveaux systèmes pour lesquels les États-Unis n’ont aucun antidote. Les États-Unis n’avaient pas prévu que la Russie puisse
monter le missile hypersonique Zirkon dans un conteneur de lancement sur un navire commercial en Méditerranée ou en mer du Nord. Ce qui permettrait de couler les porte-avions américains avant
leur entrée dans la mer Noire ou dans la mer Baltique.
NB : On ne sera pas surpris que nos frégates n'aient pas pu lancer leurs missiles lors de la tentative de frappe contre
la Syrie le 14 avril 2018. (Voir l'analyse du Gal. Delawarde ici)
...Si la discussion est réelle c’est le comble du comique !...mais il y a du soucis à se
faire quant aux capacités opérationnelles RÉELLES de l'US Navy...!
Autre source : https://youtu.be/cXGLdcD1b6M .....du 05/08/2012
En
pleine tension sino-américaine sur les eaux de la mer de Chine méridionale, le porte-avions le plus cher de la l’US Navy, l’USS Gerald R. Ford, fait face à des failles techniques qui
ne datent pas d’aujourd’hui et qui sont là, depuis sa mise en service en 2017.
Le navire de 13,2 milliards de dollars a des problèmes avec les systèmes d’atterrissage et de décollage des chasseurs sur son pont, a
indiqué Bloomberg le
9 janvier.
Selon de nouvelles estimations du Pentagone, les systèmes de vol coûteux, y compris le système de lancement électromagnétique de 3,5 milliards de
dollars, ont affecté les capacités des chasseurs à décoller depuis le pont du navire, indique Bloomberg.
Selon un article publié par Geopolitics,
à la fin de 2020, les États-Unis ont publié deux documents importants sur la stratégie navale américaine : le premier est intitulé « Advantage at Sea » (Avantages en
mer) et le deuxième est un rapport du Congressional Research Service sur la modernisation navale chinoise.
La stratégie navale 2020 définit la Chine et la Russie comme rivales et même adversaires. Elle place la Chine dans une position
exceptionnelle, compte tenu de sa capacité économique et militaire, avant de mettre directement en garde contre le fait que la Chine est la menace stratégique la plus importante
et à long terme pour l’accès sans entraves des États-Unis aux océans du monde.
« Nous accordons la priorité à la concurrence avec la Chine en raison de sa force économique et militaire croissante, de son intention
manifeste de dominer ses eaux régionales et de refaire l’ordre international en sa faveur », indique la stratégie navale américaine 2020 qui prévient clairement que les
États-Unis ont besoin de porte-avions pour combattre efficacement la Chine en mer. En tant que porte-avions le plus cher de la Marine, l’USS Gerald R. Ford doit voir ses problèmes
résolus dès que possible et être opérationnel à pleine capacité.
À noter que l’armée chinoise a récemment tiré avec succès deux missiles DongFeng 26 et DongFeng 21 depuis les îles Paracel dans la mer de Chine
méridionale vers des cibles prédéterminées à plusieurs milliers de kilomètres.
À en juger par le flux
de nouvelles concernant le dernier lancement par le navire Amiral Gorshkov du 3M22 Zircon, les tests sont très réussis et, selon les rapports de l’agence TASS (en russe), trois autres lancements depuis le Gorshkov sont prévus d’ici la fin de l’année. Cela inclut l’attaque d’une
cible imitant un porte-avions. Ceci est tout à fait naturel et facile à prévoir.
Quelque part dans ces lancements, est censé se trouver un lancement depuis un sous-marin, un des SSGN de la classe Yasen (projet 885), la dernière fois c’était le Severodvinsk, je crois, qui était prévu pour servir de plate-forme pour ce lancement. Comme on s’y attendait, et les gars des forums de
discussion l’ont déjà fait remarquer, les médias occidentaux font beaucoup de bruit autour de ce lancement. Mais encore une fois, rappelez-vous une réaction initiale puis une transition tortueuse
(pour l’Occident) par le modèle de deuil Kubler-Ross. Cela a bien sûr conduit les États-Unis à exiger l’inclusion de ces armes inexistantes dans le traité START. Je me demande pourquoi je n’entends pas encore parler de
notre grand « stratège », pronostiqueur de
pronostics, esprit militaire exemplaire, David Axe, mais je suis sûr qu’il va nous faire profiter de son expertise dans les programmes d’armement soviétiques/russes d’une minute à l’autre.
J’ai toujours affirmé que le passage au paradigme hypersonique EST une véritable révolution, qui ne peut être plus réelle que cela. C’est une révolution parce
qu’elle change la nature de la guerre. Poutine, lorsqu’il a parlé à Valery Gerasimov du lancement de Zircon, était explicite : c’est un événement de grande envergure pour la Russie. Eh bien, pour
le monde aussi. Un autre « expert », Kyle Mizokami, qui
écrit sur le Zircon, a tout faux.
Le Zircon est conçu pour utiliser la vitesse de tir fulgurante pour atteindre des cibles avant qu’elles ne puissent monter une défense efficace. Si un navire de
défense a son radar de recherche monté à 100 pieds du sol et que le Zircon vole à une altitude de 1 000 pieds (le chiffre réel pourrait être bien inférieur), le radar devrait détecter le
missile à environ 50 miles. À une vitesse de 1,7 miles par seconde, le Zircon comblera l’écart en seulement 29 secondes, ce qui signifie que le navire de défense devra détecter, suivre,
identifier, lancer des missiles défensifs et les intercepter en moins d’une demi-minute.
Comme tout missile russe de lutte contre les navires (ou d’attaque terrestre), le Zircon a des trajectoires de vol très variées et peut s’approcher de la cible sur
différentes trajectoires, notamment en « plongeant » dans le cône
d’aveuglement radar, en attaquant presque verticalement, comme le X-32. Mais cela va au-delà de la question, toute interception d’un missile de manœuvre M=8+ n’est pas l’affaire
de « 29 » secondes
(à condition qu’il soit détecté – et il y a des raisons de penser que même la détection de ce type de missile est extrêmement difficile), il est physiquement impossible de faire quoi que ce soit,
même dans les meilleures circonstances. Dans le cas d’une salve de 4 ou 6 Zircons, les systèmes anti-aériens et antimissiles les plus avancés ne sont même pas capables de réagir et le resteront
pendant une longue période.
Il n’existe actuellement aucune solution technologique pour arrêter ce type d’armes aux États-Unis. Les conséquences sont colossales : en général, il s’agira d’un
lent et pénible remodelage des flottes de surface vers des plates-formes de frappe plus petites (de la taille d’une frégate). Pour la marine russe, le Zircon libère les mains en termes de
contrôle de la mer non seulement dans les zones littorales et les eaux vertes mais, en cas de nécessité, dans la zone éloignée ou océanique, ce qui permet de protéger les groupes de frappe de surface contre toute tentative de la marine
américaine de mettre à profit la puissance de feu de ses groupes aéronavals. Ainsi, les porte-avions sont finalement déplacés vers le créneau où ils se trouvent – principalement un outil de projection de puissance contre des entités
instables. Il est évident que les dépenses gigantesques consacrées à la construction et à l’entretien de tout porte-avion de la marine américaine soulèvent une question sérieuse quant à la
validité de l’approche consistant à disposer d’un matériel d’une valeur d’environ 20 milliards de dollars (porte-avion + navires d’escorte + escadre aérienne) correspondant à des tâches plutôt
limitées que cette force incroyablement coûteuse peut accomplir dans les conditions actuelles. Il est trop coûteux de bombarder un pays de merde quelque part, alors attaquer la Russie ? Quelle
merveilleuse collection de cibles coûteuses et prestigieuses.
La Russie ayant officiellement annoncé que 7 sous-marins et 5 frégates étaient déjà prévus pour être armés du Zircon, et ayant potentiellement 6 autres Udaloys
modernisés (projet 1155M) armés d’une version complète (portée de plus de 1000 km), sans parler d’une flotte massive de petits navires lance-missiles russes (pr. 21631 et 22800) qui sont prêts à
recevoir la version Zircon Light (portée de plus de 500 km), on est obligé de se poser une question : et maintenant ? Maintenant, le maréchal Billingslea va essayer, une fois de plus, de
prétendre que la Russie va négocier son tout nouvel arsenal et il va « presser » les Russes qui,
probablement, vont rire en privé d’être « pressés », dans une sorte de
respect de… quel que soit le parfum du mois à D.C. Bien sûr, la perspective la plus terrifiante pour les Etats-Unis est l’apparition d’une sorte d’arme similaire dans les mains de la Chine. Non
pas que cela se produira nécessairement, mais qui sait – la Russie ne permettra pas à la Chine de tomber militairement si la merde frappe le ventilateur (Dieu l’interdit) et certains fous (et il
y en a beaucoup) à D.C. décideront finalement de diriger l’implosion de l’Amérique à l’extérieur en commençant une guerre « un peu victorieuse ». Même le
vieux fou Kissinger l’a remarqué :
« Les Etats-Unis doivent repenser leur
hégémonie et parler à la Chine de l’imposition de limites à leur concurrence, car l’alternative est la création de conditions similaires à celles qui ont précédé la première guerre
mondiale », a averti Henry Kissinger. « Nos dirigeants et leurs chefs doivent discuter
des limites au-delà desquelles ils ne pousseront pas les menaces, et de la manière de définir cela », a déclaré Kissinger, un diplomate de haut niveau sous l’administration Nixon, qui
est crédité d’avoir orchestré le rapprochement des Etats-Unis avec la Chine. « Vous pouvez dire que c’est totalement
impossible, mais si c’est le cas, nous glisserons dans une situation similaire à celle de la première guerre mondiale », a-t-il averti.
Les États-Unis n’ont tout simplement pas de bonnes options actuellement. Aucune. La moins mauvaise option, cependant, est de parler aux Russes et non en termes de
bras de fer géopolitique et de rêves humides que les États-Unis, d’une manière ou d’une autre, peuvent convaincre la Russie « d’abandonner » la Chine –
les États-Unis n’ont rien, zéro, à offrir à la Russie pour le faire. Mais au moins, les Russes et les Américains peuvent enfin régler pacifiquement cette bagarre « hégémonique » entre eux et
ensuite convaincre la Chine de s’asseoir enfin comme le « club des 3 grands » à la
table des négociations et de décider comment diriger le monde. C’est la seule chance pour les États-Unis de rester pertinents dans le nouveau monde. Soit les États-Unis négocient et acceptent les
limites de leur influence, soit ils disparaissent d’une manière ou d’une autre. Quoi qu’il en soit, il y a beaucoup à réfléchir sur cette question, car le monde change à une vitesse folle.
On entend dire partout en Occident, que l’armée américaine est la plus puissante du monde. Cela a longtemps été vrai. Ça l’est toujours si on choisit bien
les critères de comparaison. L’armée américaine est sans discussion celle qui dépense le plus d’argent, plus que les neuf armées suivantes réunies, dans la liste des dépenses militaires
par pays.
C’est aussi celle qui occupe le plus de terrain : plus de 700 bases dans le monde.
C’est celle qui a la plus importante « triade » nucléaire, suivie de près par la Russie, quoique, de l’avis des dirigeants américains eux-mêmes, elle ait
besoin d’une sérieuse modernisation. C’est celle qui a le plus de porte-avions, et de loin, mais là, déjà, il y a matière à discussion. Les porte-avions ont beaucoup perdu de leur
invulnérabilité avec l’arrivée de nouvelles armes, les armes hypersoniques, par exemple.
Mais les États-Unis ont perdu leur suprématie, dans le domaine des armements. Je ne parle pas des missiles hypersoniques ou des torpilles à propulsion
nucléaire, des armes que les armées US sont encore en train d’essayer de mettre au point. Dans le domaine de l’armement conventionnel, la Russie a pris la tête à quasiment tous les
niveaux, du fusil d’assaut au chasseur en passant par le char d’assaut.
Le
fusil d’assaut
Le fusil d’assaut M-16 est, de l’avis des spécialistes, le plus sophistiqué des fusils d’assaut du monde. Bien plus que le célèbre Kalashnikov, que
certains disent être fabriqué comme un « ouvre-boite ». Le problème c’est que la merveille technologique ne supporte pas le moindre grain de sable. Selon des témoignages de soldats
américains, si du sable, même en très petite quantité entre dans le fusil, il se mélange avec l’huile de lubrification et garantit l’enrayage, une fois sur deux. De son côté, «
l’ouvre-boite » peut passer quelques jours dans un marais et recommencer à tirer immédiatement (ou presque) quand on l’en sort. En résumé, le M-16 est si sophistiqué qu’il ne
fonctionne de manière optimale qu’au stand de tir. Certains utilisateurs mettent également en cause la puissance d’arrêt de sa cartouche de 5.56, à plus de cent mètres.
Le
char de combat
Le char américain Abrams a été conçu pour combattre en Allemagne où il y a très peu de sable. Seulement voilà, il s’est agi ensuite d’aller « porter la
démocratie » au Moyen Orient et là… que de sable ! Cet engin est propulsé par une turbine à gaz, et en Irak, le sable a détruit les pales des turbines, entre autres pièces, et plus
d’un millier d’Abrams (des engins à plusieurs millions de dollar pièce) ont dû être renvoyés très loin du théâtre des combats, pour des réparations lourdes. Je vous laisse imaginer le
budget et la logistique de ce genre d’opérations.
L’avion
F-35
Le nouveau JSF (« Joint Strike Fighter»), chasseur multi emploi de l’armée américaine est le projet le plus cher et le plus raté de l’histoire
militaire. Il a déjà englouti mille cinq cent milliards de dollars et l’armée de l’air est déjà en train de réclamer un nouvel avion plus fiable et… moins cher. La Turquie doit se
féliciter d’avoir acheté des S-400 russes, ce qui lui a valu d’être « éjectée » du projet F-35.
L’hélicoptère
« Commanche »
Le « Commanche » était supposé remplacer « l’Apache ». De 1983 à 2004, près de sept milliards de dollars de l’époque ont été dépensés, soit environ 10
milliards de dollars d’aujourd’hui, avant que l’on abandonne le projet. Dix milliards sans qu’un seul appareil de série ne soit livré à l’armée ! Vous imaginez ce que la Chine ou la
Russie pourraient faire avec dix milliards de dollars ?
*
S’il fallait résumer le problème des fabricants d’armes américains, on pourrait dire : complexité et prix. Les ingénieurs se font plaisir en misant
sur l’originalité et la complexité, au lieu de la souplesse et de la simplicité d’emploi, et sans considération pour les coûts. Il faut dire que quand on est le pays qui imprime la
monnaie de réserve…
À cela vient s’ajouter une sorte de sentiment de culpabilité. L’armée américaine est composée de professionnels et les combats se passent très loin du
pays. Beaucoup considèrent donc que donner à l’armée le plus gros budget possible est une façon de rendre hommage à ceux qui se battent au loin.
Mais surtout, le complexe militaro-industriel a mis sur pied un système de corruption sophistiqué qui assure sa rentabilité. Les prix des matériels
comportent des marges exorbitantes, dont une partie (des centaines de millions par an) est reversée aux fonds de campagne électorale de ces élus qui ensuite voteront les budgets du
Pentagone. Sans parler des dépenses de lobbying.
Comme le disait, il y a quelques années déjà, un analyste militaire de mes amis : « les Russes font des armes pour gagner des guerres et les Américains
font des armes pour gagner… de l’argent ».
Un drone iranien armé de missiles de croisière tactiques a survolé et filmé un porte-avions américain.
Après que le commandement de l’US Navy ait déclaré la domination complète de sa flotte au Moyen-Orient, on sait maintenant que lors de la
dernière visite du porte-avions américain USS Dwight D. Eisenhower dans le golfe Persique, un drone d’attaque stratégique iranien armé de missiles de croisière a survolé le
porte-avions de manière démonstrative, montrant ainsi que la flotte américaine est non seulement incapable de détecter les drones iraniens, mais constitue également une
excellente cible pour les missiles iraniens.
Dans les images vidéo présentées, vous pouvez voir comment le drone iranien Shahed-191 examine avec succès le pont d’un porte-avions américain depuis les airs, tout
en restant inaperçu par l’armée américaine. La démonstration de ces images vidéo a frappé assez durement la réputation de l’armée américaine, puisque, si nécessaire, Téhéran pourrait facilement
éliminer le porte-avions avec plusieurs frappes aériennes.
Pour le moment, il n’y a pas de détails à ce sujet, cependant, c’est loin d’être la première fois que l’armée iranienne montre sa capacité à attaquer avec succès
les forces américaines dans un contexte d’escalade des relations entre les deux pays.
En mars dernier a eu lieu un événement incongru qui témoigne de l’état de délitement de la direction militaire américaine. Carlson Tucker, un commentateur
de la chaine conservatrice Fox News, a
relevé que la Chine avançait à grands pas vers la construction d’une marine de classe mondiale pendant que l’administration militaire américaine se concentrait sur la production
de combinaison de vol
pour femmes enceintes et sur de nouvelles exigences en matière de coiffure et de
vernis à ongles pour les troupes US.
À la surprise
générale, le Département de la Défense (DoD) a réagi furieusement en accusant Tucker d’être anti-femme et de « rabaisser l’ensemble de l’armée américaine ». Au lieu
de répondre sur le fond aux critiques de Tucker, il a produit une réponse outragée dans la droite ligne de la doxa progressiste :
« Les femmes dirigent nos unités les plus meurtrières avec caractère. Elles domineront N’IMPORTE QUEL futur champ de bataille sur lequel nous serons
appelés à nous battre ». (SMA Michael Grinston (@16thSMA)).
Le DoD a également produit un
article sur son site officiel defense.gov avec un titre sidérant d’amateurisme : « Le porte-parole de la défense châtie l’animateur de Fox qui a
critiqué la diversité dans l’armée américaine ».
La
« wokenisation » en cours de l’armée US
Cette réaction ridiculement disproportionnée et politisée du DoD témoigne d’une évolution profonde de l’armée américaine qui, sous la pression du nouveau
gouvernement Biden, se « wokenise »
rapidement et fait désormais la chasse aux « suprémacistes blancs » qui peupleraient ses rangs.
L’une des premières mesures prises par le secrétaire à la Défense Lloyd Austin a été de demander un examen à la loupe de tous les tatouages et symboles
d’unité susceptibles d’avoir des « significations cachées ».
Un vaste programme de formation a également été engagé afin de «sensibiliser »
le corps militaire US à l’existence de terroristes intérieurs caractérisé par un extrémisme « anti-gouvernemental », « anti-autorité »,
« anti-avortement » et diverses idées « suprémacistes ». Les diapositives de
cette formation incitent clairement
à la délationde tous ceux qui
seraient soupçonnés de soutenir cette « idéologie extrémiste ». La menace est claire : « le service est un privilège » et il serait dommage de perdre ce
privilège en ne faisant pas votre part pour éradiquer les « extrémistes ». La « cancel culture » progressiste a revêtu son nouvel habit kaki.
C’est dans ce contexte délétère qu’une simulation récente de l’armée de l’air américaine (USAF) a conclu
à une
défaite rapide de l’armée américaine face à la Chine en cas d’invasion de Taïwan. Bien que ne pouvant encore se comparer à la puissance militaire
américaine, la Chine a
entrepris un énorme effort de modernisation de ses forces qui suscite désormais l’inquiétude
au sein de l’hégémon américain. Un article
de CNN relevait
ainsi que « La Chine a construit plus de navires en un an de paix (2019) que les États-Unis en quatre ans de guerre (1941-1945) ».
Billions
de dollars et guerres perdues
Il faut dire que pendant ces vingt dernières années, l’armée américaine s’est
progressivement usée dans des guerres ruineuses qu’elle n’a jamais réussi à gagner et qui n’ont apporté aucun bénéfice stratégique majeur.
La guerre d’Irak a couté 3
000 milliards de dollars aux États-Unis et, pour ce prix modique, elle n’a réussi qu’à renforcer la position de l’Iran et de la communauté chiite au moyen-orient. La
guerre en Afghanistan a couté 450
Md$ ce qui aurait d’ailleurs fait dire à Ben Laden qu’il avait réussi à ruiner les États-Unis avec un attentat à moins d’un million de dollars. Pas faux.
La stratégie américaine en Syrie est devenue un jeu illisible dans lequel des proxys islamisés sont soutenus
un jour pour être bombardés le lendemain. Au Yémen, le soutien actif de l’armée américaine en matériel, en renseignement et en actions clandestines n’a
pas permis à l’Arabie Saoudite de vaincre les rebelles houtis soutenus par l’Iran après 6 ans d’une guerre calamiteuse sur le plan humanitaire, et ce en dépit de la disproportion
des moyens engagés.
Après l’intervention occidentale de 2011 à l’initiative du président Sarkozy, la Libye est devenue un cloaque ingouvernable en proie à la guerre civile et
est aujourd’hui une des principales
portes d’entrée de l’immigration clandestine africaine, menaçant de déstabiliser l’Europe.
En résumé, à part semer le chaos un peu partout au Moyen-Orient et en Asie mineure pour un résultat stratégique clairement négatif, personne ne
comprend trop à quoi ont servi les billions de dollars dépensés par les États-Unis dans son appareil militaire depuis 20 ans, si ce n’est pour gaver un appareil militaro-industriel
devenu obèse.
La
surprise russe de 2018
À ces multiples déconvenues de l’Hégémon américain s’est ajoutée la rupture
technologique majeure de la propulsion
hypersonique, dévoilée en 2018 par le président Poutine qui est devenue le cauchemar des états-majors occidentaux.
Les nouveaux
systèmes d’armes russes hypersoniques tels que l’Avangard remettent non seulement en cause la capacité des systèmes antimissiles américains de prévenir une première frappe russe
sur le sol américain ; mais ils sont également une menace majeure
pour les flottes US qui deviennent de facto d’énormes cibles à plusieurs dizaines de milliards de dollars au milieu de l’océan. Grâce à ces nouveaux systèmes
d’armes, la mer Noire et la
mer de Chine peuvent être désormais transformées en zone d’exclusion rendant très dangereuse toute incursion pour la Marine américaine.
En matière de puissance militaire, le meilleur classement est sans doute établi par
le site atlasocio.com. Son « Power Index » prend en compte plus de 50 indicateurs relatifs à la défense nationale. Plus il se rapproche de 0, plus le niveau est
élevé.
Pour l’année 2020, le classement place logiquement en tête les États-Unis avec
un score de 0,0606 suivi de la Russie avec 0,0681 et la Chine avec 0,0691. La France est classée 7ème avec un score de 0,1702. Malgré le
poids énorme de budget de la défense américain (650 Md$ à comparer à 250 Md$ pour la Chine et 60 Md$ pour la Russie), on constate que les États-Unis sont
désormaissérieusement
contestés en tant que superpuissance militaire ce qui explique l’hystérisation croissante de leurs relations avec la Russie et la Chine.
Le
désastre industriel du JSF
Toujours dans le domaine technologique, un autre dossier donne également des sueurs froides à l’état-major américain : celui du JSF F35
surnommé la « dinde volante ». Cet énorme programme militaire à plus de 1 000 milliards de dollars vise à remplacer l’ensemble de la flotte des avions de chasse
américains par un seul avion multirôles.
Hors de prix, bourré
de défauts, incapable de dépasser durablement le mur du son sans se désagréger, ce programme va de Charybde en Scylla et est en passe de
devenir le plus gros désastre industriel de tous les temps. Le dernier secrétaire à la défense de Donald Trump avait
qualifié le F35 de « paquet de merde » et de « monstre » juste avant son départ et il est de plus en plus probable que le
programme soit discrètement tué par l’USAF et remplacé par un programme moins ambitieux.
Mais rien n’est certain : le Pentagone est
hors contrôle depuis le début des années 2000, engloutissant des sommes folles que le GAO (la Cour des comptes américaine) a renoncé depuis longtemps à auditer sérieusement, et
n’hésitant plus à désobéir aux ordres reçus de l’exécutif.
Dans un entretien exclusif avec The Grayzone, le
colonel Douglas Macgregor, ancien conseiller principal du secrétaire à la Défense, a ainsi révélé que le
Pentagone avait
continument et sciemment saboté tous les efforts du président D. Trump pour obtenir un retrait des troupes américaines d’Afghanistan au cours de son mandat.
Dans un discours d’adieu inquiétant prononcé en 1961, le président
Eisenhower mettait déjà en garde contre le danger d’un complexe militaro-industriel en roue libre :
« Dans les assemblées du gouvernement, nous devons donc nous garder de toute influence injustifiée, qu’elle ait ou non été sollicitée, exercée par
le complexe militaro-industriel. Le risque potentiel d’une désastreuse ascension d’un pouvoir illégitime existe et persistera ».
Il semble que ce risque soit désormais avéré et que les forces armées
américaines soient entrées dans une phase de déstructuration qui laisse en lointain souvenir des grands noms tels que Lee, Jackson, Grant, Sherman, MacArthur, Patton, Nimitz
et tant d’autres généraux hauts en couleur qui ont fait la gloire de l’armée américaine, à l’époque où elle savait encore gagner des guerres.
Une
guerre mondiale aujourd’hui plus probable que jamais ?
Le dernier sommet sino-américain en Alaska des 18-19/03 témoigne de l’agacement
grandissant de l’alliance sino-russe vis–à-vis d’interlocuteurs occidentaux qui ne sont plus considérés comme fiables et rationnels.
Des reproches maladroits du représentant américain Anthony Blinken sur la situation des droits de l’homme en Chine ont déclenché en retour une
réaction aussi furieuse que rarissime du représentant chinois qui a agoni un Anthony Blinken livide pendant 15 minutes sur la situation intérieure des États-Unis où
« de nombreux américains n’ont eux-mêmes pas confiance dans la démocratie aux États-Unis ».
Comme l’a relevé un commentateur perspicace :
« S’il devait y avoir une date pour que les historiens marquent l’humiliation télévisée et la fin officielle de l’hégémonie américaine, ce serait la
gifle publique du secrétaire d’État Antony Blinken et du NSA Jake Sullivan par l’ambassadeur chinois sur le sol américain » ~ Mollie (@MZHemingway) March 22, 2021.
Malheureusement, il faut aussi
craindreune réaction
désespérée de l’hégémon américain désormais dirigé par une élite déconnectée qui ne vit plus que dans un monde de communication et d’affect outragé. C’est bien ce que
craignent aujourd’hui les dirigeants chinois et russes : Plus qu’une défaite militaire, une fuite en avant de l’occident vers une guerre mondiale.
Cette hypothèse catastrophique est aujourd’hui
plus vraisemblable qu’elle ne l’était au temps de la guerre froide, à une époque où l’élite militaire et politique occidentale – qui connaissait encore le prix atroce de la guerre
– était encore rationnelle et compétente et où aucun président américain ne se serait abaissé à attaquer
ad hominem son interlocuteur russe en le traitant de « tueur ».
Le Wall Street
Journal s’inquiète. À tel point qu’il a ressenti le besoin d’écrire sur le « Checkmate » russe (actuellement également connu sous le nom de SU-75) et de citer le grand
patron de Rostec, Sergey Chemezov.
« Lors de la principale
exposition d’avions militaires en Russie, en juillet, le président russe Vladimir Poutine a inspecté un prototype d’avion à réaction conçu pour affronter plus que des chasseurs ennemis.
Le LTS Checkmate serait le deuxième avion de combat monomoteur au monde à intégrer les systèmes de commande et d’évasion radar les plus sophistiqués. Le seul autre avion de cette
catégorie, le F-35, fabriqué par Lockheed Martin Corp. est l’avion le plus avancé de l’arsenal américain ».
Chemezov nie catégoriquement tout aspect géopolitique du Checkmate, mais il est juste poli – bien sûr qu’il y en a un. Alors que le Wall Street
Journal tente de donner une tournure positive au F-35 en faisant des déclarations risibles comme celle-ci :
« Le F-35 fait l’objet
d’une demande internationale, offrant à Washington une exportation de défense viable qui contribue également à faire progresser la sécurité et les objectifs diplomatiques des États-Unis.
Israël et le Japon font partie des 15 pays qui ont reçu le F-35 ou qui ont conclu des accords pour l’acheter ».
Le gorille de 800 livres dans la pièce ne peut être ignoré : Le F-35, qui est un échec au combat à 100 millions de dollars par jour, est totalement perdant
sur trois points (parmi de très nombreux autres) :
1. Il ne peut pas voler correctement, sans parler du vol supersonique, alors que vous pouvez parier vos fesses sur les avions de combat de fabrication
russe, quelle que soit leur génération, qui sont capables de voler, surtout avec le moteur Izd. 30 avec vectorisation de poussée. Avons-nous besoin de discuter de la manière dont les
avions russes volent ?
2. La question du prix. La comparaison n’est même pas valable.
3. Laissons tomber cette absurdité de « furtivité ». Une observabilité faible ou très faible ne vous place pas dans une bulle
« d’invisibilité », en particulier face à une suite de capteurs fusionnés modernes sur tout avion de combat moderne, sans parler des systèmes de défense antimissile modernes.
Les Turcs peuvent en témoigner.
Donc, oui, ce Checkmate est conçu pour gagner le marché tout en offrant de bien meilleures performances de combat pour une fraction du prix du F-35. Il
s’agit d’un acte géopolitique par défaut, car il incite la clientèle américaine à réfléchir à deux fois à ce qu’elle achète aux États-Unis pour ses besoins de défense. Demandez aux
Allemands, ils ont agi de manière géopolitique :
« L’Allemagne ne veut
pas du chasseur furtif F-35. L’annonce faite par le Bundestag la semaine dernière est une bonne nouvelle pour la multinationale européenne Airbus, qui avait été touchée par le
coronavirus ».
Les Allemands souhaitaient que la fabrication reste sur le continent. De plus, les Allemands ont clairement fait savoir en 2019 que les rumeurs de
« furtivité » des F-35 étaient largement exagérées.
« Ils ne sont plus
furtifs ? Un fournisseur allemand de radars affirme avoir suivi le jet F-35 en 2018 – depuis une ferme de poneys. Dans l’illustre histoire de l’avion de combat F-35, ajoutez une ferme de
poneys à l’extérieur de Berlin comme l’endroit où une entreprise prétend que la couverture furtive de l’avion a été soufflée, écrit Sebastian Sprenger pour C4ISR.com ».
Si d’énormes questions se posent quant à la capacité de l’Europe à rivaliser avec les États-Unis, nominalement, sur l’ensemble des besoins de la guerre
moderne, on ne peut nier le fait que les problèmes de l’Europe se situent en dehors de la guerre classique entre États-nations (ou blocs militaro-politiques) et qu’ils sont de nature
systémique.
La Russie ne va pas faire exploser l’Europe où elle vend ses hydrocarbures et même sans cela – quelle est la valeur de l’Europe pour la Russie ? Les Russes
ont leurs propres problèmes de migration, même s’ils ne sont pas aussi aigus que ceux de l’Europe, donc, pour l’instant du moins, l’Europe restera sur ses positions, pour ainsi dire, et
poursuivra son propre programme Typhoon. Ceux qui ne le feront pas, comme les Pays-Bas ou l’Italie, se feront tordre le bras pour acheter des F-35.
Mais en fin de compte, le F-35 est en soi un pur outil géopolitique, et il l’a toujours été, si l’on considère les « antécédents » des États-Unis
en matière de concurrence sur les marchés d’armement internationaux.
Le précédent de la Turquie avec l’achat de S-400 a porté un coup massif à la confiance américaine et maintenant l’Inde subit une pression imparable des
États-Unis pour revenir sur sa décision et, accessoirement, sur un contrat de 5 milliards de dollars avec la Russie pour des S-400.
D’une manière générale, le S-400, de même que toute mise à jour de la série S-300 et d’autres systèmes de défense aérienne russes, et le F-35 ne sont pas
« compatibles » parce qu’ils exposent le F-35 pour ce qu’il est, un échec, et cela est verboten dans le « livre » américain.
C’est là que tout se croise dans la pure géopolitique et l’argent, beaucoup d’argent. Il n’est pas rare que les États-Unis « conditionnent »
l’utilisation de leurs propres armes. Laissez-moi vous rappeler :
Tout ça, c’est au grand jour. Cela a toujours été le cas. Maintenant, lorsque d’anciens sous-mariniers soviétiques et russes commencent également à parler,
les choses se compliquent vraiment avec la réputation des systèmes d’armes et des facilitateurs de l’Amérique.
S’il y a un domaine dans lequel les États-Unis ont vraiment laissé tomber la balle, c’est bien celui de l’aviation de combat. Le F-35 en est la preuve
vivante et même la « technologie » de gestion de la perception et de la communication massive de l’Amérique ne peut cacher le fait que les États-Unis ont perdu une compétition
où ils ont toujours revendiqué le leadership.
Dans ce cas, l’apparition d’un chasseur qui fonctionne simplement pour une fraction du prix du F-35, sans parler du fait qu’il s’agit d’un très bon avion de
combat, ce qui, connaissant la propension de la Russie à produire régulièrement de bons avions, est hautement probable, devient une préoccupation géopolitique majeure pour les États-Unis,
parce qu’une sacrée quantité d’argent et de prestige est en jeu ici.
Et les États-Unis, certainement, ne savent pas comment perdre avec élégance. Pouvez-vous imaginer le cirque médiatique lorsque le SU-75 sera proposé à
l’exportation, et il le sera.
P.S. Pour le Waal Street
Journal – apprenez la signification du mot « avancé » lorsqu’il est appliqué à la guerre. La sur-ingénierie et les caractéristiques inutiles ne font pas partie de ce
qui rend les choses avancées. L’efficacité au combat oui.
Les armées européennes ne cessent d’approfondir le fossé technologique qui les sépare des trois premiers mondiaux – la Russie, la Chine et les États-Unis –
ce qui menace à terme le Vieux Continent de perdre ses compétences en matière de conception et de savoir-faire industriel.
Frank Haun a fait cette déclaration lors d’une interview avec Les Echos. Il
dirige le groupe de défense KNDS, qui réunit certains fabricants d’armes allemands et français :
« Le rythme de
développement des produits européens ne correspond pas aux besoins prospectifs des armées, ni au rythme industriel et technologique mondial, qui a récemment été fortement perturbé par la
Russie et la Chine ».
Selon lui, les progrès actuels supposent que le nouveau système européen de combat terrestre MGCS et le chasseur de nouvelle génération SCAF n’apparaîtront
pas avant 2040 – 2045. Cela dit, Moscou dispose déjà de plates-formes prêtes à l’emploi, à savoir le chasseur Su-57, le drone d’attaque lourd Su-70, une nouvelle génération de véhicules
blindés lourds de la famille Armata, le véhicule blindé de classe moyenne Kurganets (à chenilles) et le Boomerang (à roues) – « tous conçus pour
entrer en service dans les prochaines années », précise M. Haun. La situation semble similaire en Chine, qui a développé le chasseur de nouvelle génération J-35, de nouveaux
véhicules blindés tels que le Type-99A ou le Type-15.
Selon le responsable, tous les produits susmentionnés remplaceront les générations précédentes de véhicules en
Russie et en Chine d’ici 2040. Dans ce contexte, l’Europe mise sur la modernisation de plates-formes plus anciennes comme les chasseurs Rafale et Typhoon ou les chars lourds Leclerc et Léopard 2,
qui « n’ont
pas d’avantage technologique sur les Su-57, J-35 et autres Armatas ».
« Cela rendrait, de manière
tout à fait prévisible, les armées européennes inférieures sur le plan opérationnel », selon M. Haun.
En outre, le fossé technologique ne fera que se creuser, car tandis que l’Europe crée enfin des produits de nouvelle génération, la Fédération de Russie, la Chine
et les États-Unis auront déjà mis au point de nouvelles itérations de systèmes précédemment développés.
« Les pays européens
s’accrochent désespérément à des conceptions vieilles de 30 ans, fondant leur vision sur le remplacement des équipements plutôt que sur l’évolution de la technologie et des doctrines
militaires ». Le chef du groupe est perplexe face à la situation actuelle.
M. Haun invite à prêter attention aux derniers développements de l’industrie européenne de la défense. Par exemple, le système de camouflage SALAMANDER dans le
spectre optique et infrarouge de Nexter, qui, dit-il, « est capable d’effacer les
véhicules blindés des champs visuels et électro-optiques ». Ou pour le canon ASCALON de 140 mm. Ou encore le programme SHARK de protection active des véhicules blindés.
« La réalisation des programmes
de défense devrait aujourd’hui se fonder sur le rythme technologique des trois superpuissances mondiales, par rapport auquel les Européens sont de plus en plus distancés », conclut
Haun.
Les systèmes de Guerre électronique russe ont lancé une attaque massive contre les satellites militaires américains
Les
États-Unis ont enregistré une attaque sur leurs satellites militaires spatiaux.
Le commandement militaire américain a déclaré que l’armée russe avait mené une attaque sans précédent contre des engins spatiaux militaires américains. Les
attaques ont été menées à l’aide de systèmes de guerre électronique de type non spécifié, et ce depuis très longtemps. Ces attaques affectent sérieusement le fonctionnement des engins
spatiaux américains.
Cette information intervient après que des commandants militaires américains ont annoncé que la Russie et la Chine avaient même utilisé des armes laser
contre des satellites.
« Lorsque la Russie
fait exploser un satellite dans l’espace avec un missile, comme elle l’a fait ce mois-ci, la course aux armements en cours dans l’espace devient une nouvelle importante, bien que les
États-Unis et leurs adversaires se battent dans l’espace tous les jours. En effet, les menaces grandissent et s’étendent chaque jour. Et il s’agit bien d’une évolution d’une activité qui
dure depuis longtemps », m’a expliqué le général David Thompson, premier chef adjoint des opérations spatiales de la Force spatiale. « À l’heure actuelle, l’US Space Force enquête
sur ce que Thompson appelle des « attaques réversibles » contre des satellites du gouvernement américain (c’est-à-dire des attaques qui n’endommagent pas de façon permanente les
satellites) « chaque jour ». Selon lui, la Russie attaque régulièrement les satellites américains avec des moyens non cinétiques, dont la guerre électronique », rapporte
le Washington
Post.
À ce jour, la Russie dispose de plusieurs capacités de guerre électronique qui lui permettent d’attaquer les satellites spatiaux américains. De plus, selon
toute vraisemblance, les attaques contre les engins spatiaux militaires américains n’en sont pas – la Russie ne fait que les perturber lorsqu’ils passent au-dessus de ses cibles
stratégiques et militaires, en essayant d’empêcher la fuite d’informations importantes, bien que si nécessaire, les satellites puissent être complètement désactivés par les mêmes
complexes de guerre électronique.
Même la marine américaine reconnaît la supériorité des armes russes
...par Moon of Alabama - Le 23/12/2021.
Il y a un signe que les
États-Unis reconnaissent enfin la supériorité écrasante des nouvelles armes russes comme les missiles hypersoniques Tsirkon (Zircon). Voyons cela.
La Russie possède
plusieurs navires de guerre de la taille d’une corvette ou d’une frégate de classe Amiral Gorshov, d’environ 5 000 tonnes. Ils sont désignés sous le nom de projet 22350. D’autres sont en commande. Ils coûtent environ 120,150, $500 1 millions de dollars chacun.
Outre d’excellentes défenses antiaériennes et antimissiles et des capacités de guerre électronique, chacun de ces navires dispose de 16 à 32 cellules de système de
lancement vertical (VLS) à partir desquelles ils peuvent tirer des missiles hypersoniques antinavires et/ou d’attaque terrestre.
Les navires standard de la marine américaine sont les destroyers de classe Arleigh Burke, d’environ 9 000 tonnes. Il y en a actuellement 69 en service, chacun coûtant environ 1,8 milliard de dollars.
Les Burke possèdent chacun 96 cellules VLS à partir desquelles ils peuvent tirer des missiles de croisière Tomahawk contre des cibles terrestres ou maritimes. Les
États-Unis ne disposent pas de missiles hypersoniques. (Les missiles balistiques sont supersoniques mais ne sont généralement pas utilisés à cette fin.) Les Tomahawk volent à une vitesse
subsonique et sont dépassés. Lorsque les États-Unis ont attaqué la Syrie, en 2018, en lançant 103 missiles de croisière contre 8 cibles, 71 de ces missiles ont été abattus par les défenses aériennes et antimissiles ou détournés par des moyens
électroniques. Seuls 32 missiles, soit moins d’un tiers, ont atteint leurs cibles.
Les missiles hypersoniques permettent à l’attaquant de surmonter les défenses antimissiles protégeant toute cible. Cela conduit, comme l’enseigne Andrei Martyanov
dans ses livres, à une supériorité balistique écrasante pour le camp qui dispose de l’hypersonique :
Le
résultat de tels calculs est bien exprimé dans une citation de l’amiral Turner que Martyanov cite : « Ce n’est pas la taille des navires qui comptent. C’est la capacité à
faire ce qui pourrait être décisif dans une situation particulière. »
Enfin, des diplômés de l’école militaire de l’U.S. Navy, à Monterey, ont également fait les calculs appropriés. Voici leurs résultats (p. 57) :
La section d’analyse documentaire décrit la manière dont les missiles de croisière [Tomahawk Land Attack Missile (TLAM)] doivent être lancés en salves de 16
missiles pour vaincre une cible dotée d’une défense active. En raison de sa vitesse exceptionnelle, de sa manœuvrabilité et de
sa trajectoire de vol basse, un seul missile hypersonique à corps glissant est susceptible de venir à bout d’un système de défense active et pourrait vaincre même une salve de
TLAM.
Un destroyer de la classe Arleigh Burke est équipé de 96 TLAM, soit six salves de 16 missiles chacune. Cela signifie qu’un navire équipé de 12 missiles hypersoniques
peut attaquer autant de cibles activement défendues que deux destroyers de classe Arleigh Burke tirant des salves de 16 missiles. 12 [All-Up-Rounds (AURs)] a été choisi comme la note
la plus élevée pour cet attribut car il
représente l’équivalent offensif de deux navires entiers dans le scénario où une cible activement défendue est attaquée.
Une corvette russe de classe Amiral Gorshov d’environ 5 000 tonnes, équipée de 16 missiles hypersoniques et coûtant entre 150 et 500 millions de dollars, possède
une puissance de feu SUPÉRIEURE à celle de deux destroyers américains de classe Arleigh Burke de 9 000 tonnes chacun, équipés de 192 missiles et coûtant au total quelque 3,2 milliards de
dollars.
Ce n’est pas qu’Andrei Martyanov, des diplomates russes ou moi-même qui affirmons cela, mais des universitaires payés par la marine américaine.
Les résultats des missiles hypersoniques contre des ennemis ne disposant pas de capacités hypersoniques sont vraiment impressionnants. Ce fait évident vient
seulement d’être compris par les experts américains :
Une étude fascinante. Un planificateur de flotte de la Navy montre comment 1 navire équipé de 12 missiles hypersoniques CPS pourrait avoir la même puissance de
frappe que 2 destroyers Arleigh Burke équipés de 192 Tomahawks.
Patrick Armstrong, un ancien analyste militaire en service dans le corps diplomatique canadien, a récemment énuméré un certain nombre de mesures que la Russie
pourrait prendre pour faire pression sur les États-Unis afin qu’ils signent les projets de traités« mais-pas-ultimatum »[de Poutine, NdT]. Je voudrais attirer votre attention sur
celle-ci :
Je
crois (soupçonne ou devine) que les forces armées russes ont la capacité d’aveugler les navires équipés d’Aegis. Moscou pourrait le faire en public d’une manière qui ne pourrait être niée.
Sans Aegis, la marine de surface américaine n’est plus qu’une cible. Objection : « il s’agit d’un secret de guerre qui ne doit pas être utilisé à la légère ». À moins, bien sûr, que les forces armées
russes n’aient quelque chose d’encore plus efficace.
Les destroyers de classe Burke sont équipés du système d’armes navales intégré Aegis. Si la Russie peut le mettre hors d’état de nuire en aveuglant ses capteurs, ce que j’ai également des raisons de croire
possible, la Russie n’a même pas besoin de l’hypersonique pour couler ces navires. Dans un conflit avec la Russie ou ses alliés, les principaux navires de la marine américaine ne seront plus que
des coques métalliques inutiles destinées à couler au fond de l’océan sur lequel ils flottent.
Au fait, la Russie ne dépend pas seulement d’une poignée de corvettes de classe Gorshov. Ses sous-marins de classe Yasen peuvent également tirer des Tsirkons. Elle dispose également de missiles antinavires supersoniques Onyx qui peuvent être tirés depuis différentes classes de navires de surface, de sous-marins ou de lanceurs terrestres, ainsi que de missiles antinavires hypersoniques
Kh-47M2 Kinzhal qui peuvent être lancés depuis des avions de chasse ou des bombardiers.
Lorsque les États-Unis ou la Grande-Bretagne envoient des navires dans la Baltique ou la mer Noire, c’est uniquement à des fins de propagande. Si un véritable
conflit avec la Russie éclataient, ils seraient coulés en quelques minutes.
Et ce n’est pas seulement la marine américaine qui ne peut pas avoir le dessus sur la Russie. Scott Ritter est un ancien officier de renseignement des Marines et
inspecteur de l’ONU :
Un défi ouvert à l’armée américaine : sur un préavis de quelques instants (pas de votre choix), déployez deux brigades lourdes au NTC en une semaine, prêtes à l’arrivée pour mener des exercices intenses d’armes combinées pendant un mois. Cela n’arrivera pas. Qu’est-ce qui fait croire que nous
sommes importants en Europe ?
Ce que je veux dire, c’est que les États-Unis ne sont que l’ombre de leur ancienne force lorsqu’il s’agit de projeter une puissance de combat terrestre en
Europe. La seule Brigade de Combat Blindée que nous avons en rotation n’est pas suffisante. Pas plus que la deuxième BCB pour laquelle nous avons prépositionné des équipements en Pologne.
L’envoi d’une poignée de bombardiers américains en Roumanie relève également de la propagande destinée au public « occidental » et ne constitue pas un véritable
défi pour les défenses aériennes de la Russie. Dans un véritable conflit, ils auraient à peine le temps de décoller avant d’être touchés.
La Russie a acquis la suprématie militaire sur les forces des États-Unis et de l’OTAN, et pas seulement en Europe. C’est pourquoi elle peut formuler des exigences
et s’attendre à ce qu’elles soient satisfaites. Le « sinon… » derrière ces « demandes qui ne sont pas un ultimatum » est trop évident
pour ceux qui sont suivent l’histoire.
Il est temps que les experts, et leur public, le reconnaissent.
Moon of
Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Les 150 millions de dollars étaient mon erreur. C’était pour un autre navire. 500 millions de dollars (Rs 4 000 crore) était le prix de vente mentionné dans un certain journal indien concernant l’achat éventuel d’une frégate de classe Amiral Gorshov. La Russie paiera
probablement beaucoup moins que cela.
Qu’y a t-il derrière le durcissement de ton de la Russie vis-à-vis des États-Unis ?
À mon avis, nous assistons aujourd’hui à la deuxième étape de la tentative de la Russie de forcer Washington à s’asseoir à la table des négociations en vue d’un
nouveau partage des sphères d’influence mondiales, en profitant pleinement de la faiblesse, de l’indécision et de l’échec des dirigeants de la Maison Blanche en Afghanistan. L’objectif est
d’éloigner la menace de l’OTAN des frontières de la Russie et de favoriser le développement économique de la Russie. Le rassemblement de troupes russes aux frontières de l’Ukraine n’est donc rien
d’autre qu’un écran de fumée créé par le président Vladimir Poutine pour dissimuler cette intention et donner des atouts à la présidence américaine aux yeux du public américain si Washington
décide de négocier sur le fond.
La première tentative de
Poutine
Le discours annuel de Vladimir Poutine sur l’état de la nation devant le Parlement, qui a habituellement lieu en décembre, a été reporté au 1er mars 2018. Ce
discours a été consacré à la présentation des nouvelles armes « invincibles » de la Russie, auxquelles les États-Unis ne pourront pas faire face. En fait, la Russie a envoyé un
avertissement aux États-Unis : « À partir de maintenant, vous
allez nous écouter », a déclaré le président Poutine. Vladimir Poutine pensait que le simple fait de les répertorier, plutôt que de les déployer dans les points chauds des États-Unis,
suffirait à amener Washington à la table des négociations sur le nouveau partage des sphères d’influence. Poutine avait tort, Trump n’était pas prêt à négocier, il a même retiré unilatéralement
les États-Unis du traité INF signé avec la Russie.
Quelles sont ces nouvelles armes
?
1) Le planeur spatial Avangard avec une tête nucléaire de 2 MT. L’Avangard traverse l’atmosphère à Mach 20 (24 500 km/h), contrairement à tous les
missiles balistiques, et est capable de modifier sa trajectoire, d’effectuer des sauts d’altitude et des changements de direction. Ces caractéristiques rendent le système Avangard incapable
d’être intercepté par un quelconque bouclier antimissile balistique. Il est entré en service auprès de l’armée russe en décembre 2019. L’Avangard a au moins une décennie d’avance sur les types
d’armes occidentales.
2) Le missile SarmatICBM (RS-28), équipé de 10 à 15 têtes nucléaires individuelles, est capable d’utiliser le
procédé du Système de Bombardement Orbital fractionné (FOBS en anglais), qui consiste à placer un missile balistique intercontinental en orbite terrestre basse, d’où, sur commande, après quelques
rotations ou quelques années, il rentre dans l’atmosphère terrestre et frappe une cible ennemie. Pour le Sarmat, il n’y a pas de limites à sa portée et la prédiction de la cible est impossible
jusqu’au début de la rentrée dans l’atmosphère. Le Sarmat peut être lancé vers le pôle Nord et s’approcher du territoire américain du sud au nord pour rentrer dans l’atmosphère en contournant les
boucliers de missiles balistiques américains. Il est doté d’un équipement de leurre Mozyr, qui, lors de la rentrée, crée des centaines de cibles factices, masquant parmi elles la véritable ogive.
Le missile est toujours en cours de test.
3) Missile hypersonique Kinjal d’une portée de 2000 km et d’une vitesse de 12 500 km/h. Il est entré dans
l’armée de l’air en 2020, armant les avions MiG-31K.
4) le missile antinavire hypersonique Zircon, dont la vitesse maximale est de Mach 9 (11 025 km/h) et la
portée maximale de 1000 km. Il entrera en production en série en 2022 et équipera des navires de surface et des sous-marins d’attaque.
5) Missile de croisière à propulsion nucléaire Burevestnik avec tête nucléaire. Il peut voler pendant des heures, des jours ou des années à une vitesse subsonique
sans atterrir grâce à son réacteur nucléaire. À mon avis, c’est un fantasme qui ne peut pas devenir une arme de sitôt.
6) Drone sous-marin à propulsion nucléaire avec ogive nucléaire. Il peut naviguer sous l’eau partout et
atteindre n’importe quel point du globe. Comme Burevestnik, il a été mis sur la liste de Poutine, bien qu’il semble encore un fantasme, difficilement réalisable.
7) Système de défense aérienne S-500 (55R6M) d’une portée maximale de 500-600 km. Il intercepte également les
missiles balistiques de portée intermédiaire (3000-5500 km), jusqu’à une altitude de 200 km, avec une vitesse pouvant atteindre 5 km/s (18 000 km/h). En termes de missions, il ressemble au
système américain THAAD (Terminal High Altitude Area Defense), mais ses performances sont supérieures. Il devait rejoindre l’armée russe en 2021. En juin 2021, le S-500 aurait également été testé
sur la base aérienne de Khmeimim en Syrie, parvenant à détecter l’empreinte radar d’un avion américain F-35.
Après une analyse objective, le Pentagone a conclu que les nouvelles armes de Poutine en 2018 ne peuvent que réduire l’écart technologique entre les armées russe et
américaine. Le territoire américain n’est pas encore exposé aux frappes massives de la Russie, et il est beaucoup moins vulnérable que le territoire occidental et méridional de la Russie aux
armes américaines.
La deuxième étape de Poutine
En avril 2021, 20 à 30 unités, du niveau d’un bataillon ou d’une brigade, ont été déployées dans des zones situées sur le territoire russe, à 80-250 km de la
frontière ukrainienne, pour y effectuer des exercices. Les opérations ont pris fin et les unités russes sont restées sur place ou sont parties et revenues. Une raison suffisante pour que les
médias et les gouvernements occidentaux entrent dans une spirale de spéculation.
Dans ce contexte déjà enflammé, à la mi-décembre 2021, la Russie a précisé ses conditions pour un nouvel accord de sécurité avec les États-Unis. Il s’agit notamment
de garanties écrites que l’OTAN ne s’étendra plus jusqu’aux frontières de la Russie et du retrait de l’infrastructure militaire installée par l’OTAN en Europe orientale après 1997. Il s’agit
notamment de l’installation de missiles antibalistiques Deveselu (qui serait capable de lancer des missiles de croisière Tomahawk à tête nucléaire) et de la base militaire américaine de Mihail
Kogalniceanu. Il est intéressant de noter que la Russie a insisté pour que les discussions aient lieu uniquement avec son partenaire américain, le reste de l’OTAN n’étant pas pris en compte. La
Russie a fait de même avec l’UE, qui est considérée comme un sbire des États-Unis, alors que pas un mot n’a été prononcé à propos de l’Ukraine, qui n’est qu’un sous-fifre des États-Unis.
Il y a donc deux scénarios parallèles. Le premier, extrêmement bruyant, porté par les médias, est dicté par l’intérêt de l’Ukraine à récupérer la Crimée et le
Donbas. Seulement, les Ukrainiens ne veulent pas combattre l’armée russe eux-mêmes, ils veulent que ce soit l’OTAN qui le fasse. Le président Joe Biden a exclu cette possibilité dès le départ. Le
second scénario, dont nous n’avons pas de détails, est celui de la Russie, qui consiste à imposer des discussions à huis clos avec les États-Unis sur le partage des sphères d’influence. Ce n’est
un secret pour personne que le nouveau partage des sphères d’influence profite à l’économie russe en lui ouvrant de nouveaux marchés.
Qu’est-ce qui a pris à Poutine ? Est-ce que quelque chose a changé depuis l’évaluation du Pentagone de 2018 pour justifier qu’il force la main de Washington ? La
Russie dispose-t-elle d’une nouvelle arme, plus létale que celles présentées par Poutine en 2018, à déployer dans des zones où elle peut atteindre le territoire américain ? La réponse semble être
oui.
Les États-Unis ont commis une énorme erreur en
2019 en se retirant unilatéralement du traité INF sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (signé en décembre 1987) sans avoir conçu ou avoir en cours de développement des
missiles à moyenne ou de portée intermédiaire. En revanche, la Russie a procédé à des essais approfondis et est passée à la production en série du missile Zirkon. Le complexe anti-navire volant
Zirkon (missile 3M22) a une longueur de 12 m, une masse de 3 000 kg, une vitesse maximale de Mach 9 (11 025 km/h ou 3 km/s), une portée maximale de 1000 km et une altitude de croisière de 28 000
m. D’après le lancement d’essai du 10 juin 2020, le temps de vol jusqu’à la cible est de 270 secondes, ce qui fait que le temps dont disposent les défenses AA pour le neutraliser est bien trop
court pour réagir.
En raison de sa manœuvrabilité (changement répété de direction) à des vitesses hypersoniques, le Zirkon rend impossible le calcul préalable des paramètres de la
trajectoire vers la cible.
Jusqu’à présent, rien de nouveau : un missile antinavire de la marine russe doté de la plus longue portée et de la plus grande vitesse de vol, mais pas assez pour
menacer le territoire américain. La mission la plus appropriée semble être de le lancer depuis la terre sur des cibles fixes d’importance stratégique. Toutefois, la Russie n’a pas l’intention
d’adapter le Zirkon pour cette mission et a également changé d’avis quant à son utilisation sur des bombardiers à longue portée.
Parce qu’elle est simple et fiable, la conception du Zirkon présente l’énorme potentiel de modernisation et d’adaptation que le Pentagone redoute le plus. On sait
déjà que la raison pour laquelle le Zirkon est limité à un usage naval est que la Russie a conçu et développe un autre missile hypersonique d’une plus grande portée que le Zirkon. Des sources
russes affirment que le moteur superstatoréacteur GLL-8 a été testé au banc d’essai statique des fusées de Serghiev Posad à la fin de 2021. Il mesure 8 m de long et pèse 2200 kg. Il est très
probable qu’il s’agisse du moteur superstatoréacteur du nouveau missile hypersonique russe. À titre de comparaison, le moteur statoréacteur GLL-AP-2 dont est issue le missile Zircon (3M22) avait
une masse de 600 kg et mesurait 3 m de long. En utilisant le GLL-8 comme moteur de propulsion, le missile Zirkon 2 atteindrait une vitesse maximale de Mach 15, une altitude de 70 km et une portée
maximale correspondant à celle des missiles balistiques à portée intermédiaire (3000-5500 km), comme le RSD-10 Pioneer. Le missile soviétique à ogives multiples qui a contraint les Américains, en
1987, à signer le traité FNI et à retirer d’Europe leurs missiles nucléaires Pershing 2 et Tomakawk basés au sol. On dirait que l’histoire pourrait se répéter, n’est-ce pas ?
Au milieu des discussions russo-américaines,
des choses bizarres se produisent
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Ryabkov, a averti les États-Unis de répondre par écrit et dans les meilleurs délais aux conditions proposées
par la Russie. Il n’a pas non plus exclu d’envoyer des troupes russes à Cuba et au Venezuela. Cette déclaration indique que la Russie est passée à un niveau supérieur, en montrant non seulement
la capacité de ses nouvelles armes, mais aussi sa volonté de les déployer dans les zones de conflit américaines. Sur la carte, la distance entre Cuba et Washington est de 1800 km et celle entre
le Venezuela et Washington est de 3000 km. Comme les États-Unis ne se sont jamais attendus à une attaque en provenance d’Amérique centrale et du Sud, ils ne disposent d’aucun bouclier antimissile
balistique dans cette direction.
Alaska Public Media a diffusé un reportage sur un événement survenu le 4 janvier au complexe de lancement de missiles balistiques de Fort Greely. Tout le personnel
du 49e bataillon exploitant l’installation a reçu l’ordre de se mettre à l’abri dans les bunkers de missiles antibalistiques pendant 15 minutes. Comme il ne s’agissait pas d’un exercice de
vérification planifié à l’avance, on a supposé qu’il s’agissait d’un lancement nord-coréen ou de quelque chose lié au champ de tir russe de Kura au Kamchatka, séparé de l’Alaska par le détroit de
Béring. Il y a 1200 km entre la région de Chekotka (l’Extrême-Orient russe) et Fort Greely. Dans les silos de Fort Greely, il y a environ 30 missiles antibalistiques GMD capables d’intercepter
les missiles balistiques intercontinentaux russes qui survolent le pôle Nord. Sans les missiles de Fort Greely, la partie du territoire américain où sont déployées les trois unités de
missiles balistiques intercontinentaux armées de têtes nucléaires est à la merci des ICBM russes. Cela signifie les silos de lancement dans les États du Montana, du Dakota du Nord et du Wyoming,
à la frontière avec le Canada. Trente-quatre autres missiles antibalistiques de ce type sont en service de combat sur la base aérienne de Vandenberg, en Californie.
L’une d’entre elles est, bien sûr, comme dans cette vieille anecdote sur Chief The Sharp Eye qui, après un mois d’emprisonnement, a remarqué que
la prison n’avait que trois murs, le quatrième ayant disparu et menant à la liberté, le Washington Post a maintenant « remarqué » :
« De plus en plus, les Ukrainiens sont confrontés à une vérité inconfortable : l’impulsion compréhensible de l’armée à se défendre contre les attaques
russes pourrait mettre les civils dans la ligne de mire. Pratiquement tous les quartiers de la plupart des villes ont été militarisés, certains plus que d’autres, ce qui en fait des
cibles potentielles pour les forces russes qui tentent de mettre à mal les défenses ukrainiennes. »
Non, abruti, quel que soit ton nom, Sudarsan
Raghavan, ce n’est pas « pratiquement tous les quartiers… ont été militarisés », cela s’appelle utiliser les civils et les infrastructures civiles comme bouclier humain,
parce que les gens ne sont pas autorisés à partir. Une langue de bois classique et un double sens de la part d’un tapis contrôlé par la CIA, qui a également du mal à
« remarquer » le fait que les Ukrainiens bombardent sans cesse des quartiers civils dans toute l’Ukraine et le Donbass, avant, bien sûr, d’en rejeter la responsabilité sur les
Russes.
Mais derrière cette découverte soudaine des crapules du Washington Post se cache une autre vérité importante, purement militaire, dont l’aveu par toutes
sortes d’anciens hauts gradés crachant des conneries dans les médias grand public sur l’Ukraine reviendrait à commettre un seppuku, et ces princesses parfumées n’aiment pas la douleur.
Évidemment, personne n’aime ça, mais quand la vérité fait mal, cela vous dit quelque chose sur le caractère des gens. Et la voici, tiré du blog
du Saker :
« Il est maintenant clair que les dirigeants du Pentagone ont vu les performances tout à fait lamentables du Javelin et veulent maintenant le retirer
progressivement des forces américaines. Rappelez-vous, sur des milliers de Javelins fournis, des milliers de vidéos publiées par l’Ukraine, pas une seule utilisation réussie du système
n’a jamais été enregistrée. En fait, la grande majorité des attaques ukrainiennes réussies contre les blindés russes sont le fait d’anciens systèmes soviétiques/russes, principalement de
l’artillerie. Les forces russes continuent de trouver des unités Javelin complètement inutilisées parce que les troupes ukrainiennes les ont trouvées peu maniables et peu pratiques au
combat – trop longues à mettre en œuvre et à utiliser, trop lourdes à transporter, et peu efficaces même lorsqu’elles sont utilisées. »
Je suis surpris, NON. N’ai-je pas mis en garde contre toutes ces wunderwaffe fournies aux 404 par les États-Unis et l’OTAN ? Ils sont principalement
destinés à la vente, pas à combattre dans une VRAIE guerre. L’accent est mis sur « vraie ». L’auteur de l’article (Nightvision) continue :
« Dans un autre rapport soudain et inattendu, le Pentagone veut maintenant mettre au rebut des dizaines de F-22. Ils ont soudainement décidé qu’ils
voulaient « détourner le financement » vers la plate-forme de prochaine génération. Il y a manifestement un lien avec ce que le Pentagone a vu en Ukraine et qui l’a poussé à repenser son
approche de la guerre moderne. Vous voyez, toutes les guerres par procuration sont des laboratoires permettant aux grandes puissances de tester et d’évaluer leurs équipements. Le F-22
était le fleuron de l’armée de l’air américaine, le SEUL avion que le Congrès interdit de vendre à un allié, même en “version export” ».
Je ne trouve rien d’inattendu dans cette annulation. Beaucoup de gens doivent faire le rapprochement entre ces deux événements : Décembre 2005,
l’acceptation officielle du F-22 en service et cette date – avril 2007, le déploiement de combat du système de défense aérienne S-400. Pour ceux qui ont la mémoire courte, je vous
rappellerai que tout au long des années 2000, les Russes ont affirmé que le F-22 était déjà obsolète au moment où il sortait des ateliers de Lockheed et que le concept de
« furtivité » tel qu’envisagé aux États-Unis était un gadget marketing grossièrement surestimé. Depuis lors, le S-400 a non seulement acquis mais mérité la réputation de
meilleur système de défense antiaérienne au monde et, lorsque la guerre aérienne est envisagée dans le cadre des capacités de défense antiaérienne de la Russie, et non de l’Irak ou de
l’Afghanistan, qui sont mises en réseau de manière redondante, soutenues par des capacités de détection précoce, de guerre électronique et de satellite, et sont très profondément
intégrées de haut en bas, tout le concept de la guerre aérienne américaine et du F-22 commence soudain à perdre de son glamour et de son aspect hi-tech.
En d’autres termes, l’AD russe, comme je le signale sans cesse, ne se contente pas de voir toute cible « furtive », mais la suit et développe et,
si nécessaire, distribue le ciblage. Il s’agit d’un environnement complètement différent et, comme l’ont montré les événements du dernier mois dans ce pays 404, une force aérienne
relativement moderne et nombreuse, telle que celle du pays 404, cesse très rapidement d’exister en tant que force et est réduite, à la fois par des frappes sur les aérodromes et par des
opérations anti-aériennes, à une collection de « survivants » aléatoires dont le taux de sortie diminue précipitamment et dont les chances d’accomplir quoi que ce soit et de
revenir à la base sont proches de zéro. Et tout cela, dans le contexte de ce que je décris depuis des années comme la meilleure
défense aérienne de troupes (Voyskovaya) au monde.
Une brigade de fusiliers russes « moyenne », sans parler d’une division, peut se targuer d’avoir une capacité de défense aérienne organique qui
n’est tout simplement pas égalée par l’Occident, sans parler, bien sûr, des formations de défense aérienne de troupes séparées qui sont déjà capables aujourd’hui d’effectuer de sérieuses
actions antibalistiques et hypersoniques de « transporteurs lourds », ce qui a été pleinement démontré en Ukraine, si quelqu’un avait des doutes à cause de la capacité