Encore "Lui". (1)

...par le Col. Jean-Jacques Noirot - le 13/08/2018.

 

 

"Monsieur de Chateaubriand, qui pourrait voir si loin s'il ne se mettait pas toujours devant lui!"

 

Admirable! Mais de qui est cette belle saillie qui nous plonge dans une agitation aussi désordonnée que curieuse et enthousiaste? 

 

Il s'agit, à l'évidence, d'un contemporain du grand écrivain romantique, à qui, par ce féroce trait d'humour, il règle son compte. Mais lequel ? Ou laquelle, puisque ce fier aristocrate au cœur d'artichaut breton ne compte plus ses maîtresses.....

Vous pensez, non sans quelqu'effarement, à l'Empereur que nous vénérons les yeux fermés et les mains jointes. Et non ! C'eût été trop facile... À madame de Staël, dont Chateaubriand fit le siège à défaut de réchauffer la couche ? Non encore. Elle avait pour lui les yeux de Pernette pour Maurice au temps des poètes troubadours. J'arrête là la devinette. 

 

Louis XVIII! 

 

Oui, Louis XVIII, ce roi restauré aussi méconnu que moqué, revenu, dans les fourgons de l'Étranger, relever les lys,  jetés à terre par la Révolution et rejetés par l'Empire, d'une monarchie en proie aux derniers soubresauts de sa lente agonie. 

 

Vive Louis XVIII! 

 

Et pourquoi crier vive Louis XVIII en 2018 ? À cause de 18 ? Vous n'y êtes pas du tout ! Louis XVIII est prémonitoire. Il nous décrit en une phrase très inspirée ce que sont aujourd'hui les dirigeants du monde. Et particulièrement les nôtres, depuis des décennies. Surtout celui qui, descendu dans les fourgons bancaires de l'Olympe pour nous conduire vers un Nouveau Monde, voudrait effacer notre passé pour, croit-il, mieux bâtir notre avenir. 

 

Puisse un jour ce Dandy prétentieux aux allures jupitériennes sensé nous gouverner se reconnaître dans la victime de l'humour grinçant de ce roi jamais sacré, veule et méconnu, mais lucide, qui, faute de pouvoir sans risque satisfaire les exigences mirobolantes d'un instable rêveur, lui décocha cette flèche empoisonnée. 

 

JJN

 

(1) Dans "Mon dernier rêve sera pour vous". Jean d'O. 

 

Commentaires: 0