Géopolitique: Il est temps pour Netanyahu de partir

...proposé par le Gal. Dominique Delawarde - le 06/03/2019

Bonsoir à tous,

Un commentaire de DD (2 pages) sur un article du New York Time paru sous le
titre : "Il est temps pour Netanyahu de partir".

Bonne lecture

DD


 

 

Sous le titre «Il est temps pour Netanyahu de partir», le New York Time a publié le 1er mars

une chronique de Bret Stephens. Le lecteur en trouvera le lien en fin de commentaire. Cette

chronique me paraît importante pour trois raisons.

1 – Le fait qu'elle soit publié dans le New York Time à moins de 6 semaines des élections

israéliennes, et la personnalité de l'auteur,

2 – Le contenu de l'article et quelques phrases clefs relevées dans le texte qui pourraient alimenter l'actuel débat sur la montée de l'antisionisme en France,

3 – La teneur des 598 commentaires émanant de lecteurs de cet article.

Reprenons dans l'ordre.

 

*

 

1 – Le New York Time est un journal US dont on peut dire qu'il est un soutien ardent d’Israël. Il

ouvre largement ses colonnes aux journalistes et chroniqueurs de la communauté juive.

Bret Stephens, 46 ans, en est un, très honorablement connu. Prix Pulitzer en 2013, il a été

éditeur en chef du Jerusalem Post, journal israélien, à 30 ans (2002-2004). Il est de la droite

américaine, proche des néoconservateurs, et, sans surprise, ardent supporter d’Israël.

Pour qu'un article puisse paraître dans le New York Time, à six semaines des élections

israélienne sous le titre: «Il est temps pour Netanyahu de partir», cela ne peut s'expliquer que par

une prise de distance, voire un lâchage de Netanyahu par une partie de la communauté juive

américaine. Mais que reproche-t-on donc à Benjamin ?

 

2 – Bret Stephens ne reproche pas vraiment à Netanyahu ses ennuis judiciaires. Il constate

simplement que, dans la difficulté où il se trouve, Benjamin Netanyahu n'aura pas d'autres choix

que de faire alliance avec la droite israélienne la plus extrême «Otzma Yehudit» (Le Pouvoir Juif),

notoirement raciste, ce qui sera dommageable pour l'image du sionisme, déjà très affectée dans le monde entier.

 

Quelques extraits de l'article : «Netanyahu est un homme pour lequel aucune considération morale ne prime sur l'intérêt politique et pour lequel l'intérêt politique suprême : c'est lui même. C'est un cynique, drapé dans une idéologie et dans un schéma.»

 

«Le dommage n'est pas seulement moral. Les juifs du monde entier font face à une vague

d'antisémitisme de plus en plus meurtrière, alors même que le mot «sionisme» devient un gros mot dans les cercles de gauche. Avoir un premier ministre israélien qui crédibilise l'idée que le

sionisme est une forme de racisme en prévoyant de faire rentrer dans sa coalition

d'incontestables racistes est impardonnable. Cela justifie l'assaut progressif contre Israël et laisse ses défenseurs embarrassés et perplexes.

 

Plus sérieusement, cela affaiblit un élément central de la défense d’Israël et des Juifs: la

confiance en soi «morale». Les calomnies anti-israéliennes peuvent être légions, mais elles ne

feront que très peu de mal à l’État si une majorité d’Israéliens comprennent qu’elles n’ont pas de

fondement sérieux en réalité. Le comportement de Netanyahu met en péril cette confiance.»

 

Il est heureux qu'un membre de la communauté juive, sioniste de surcroît, s'aperçoive que le

comportement de Netanyahu crédibilise l'idée que le sionisme est une forme de racisme.

 

Il est malheureux qu'il s'en aperçoive aussi tard alors que Netanyahu a passé un total de 13

ans au pouvoir et que, depuis 2009, les dérives extrême-droitières de plus en plus racistes n'ont

pas manqué. Le mal est fait. Il sera difficile à réparer même si les «lobbies amis» de différents

pays tentent et obtiennent parfois de leurs obligés politiques de faire voter des lois anti-BDS ou

«antisionisme = antisémitisme» pour tenter d'endiguer l'indignation et d'interdire aux populations de ces pays de penser et d'agir contre l'inacceptable.

 

3 – Les 598 réactions des lecteurs de l'article de Brett Stephens nous apportent aussi quelques

enseignements intéressants.

 

Le lectorat semble se diviser entre fervents supporters de Netanyahu, qui en redemandent et

fervents opposants qui adhèrent à l'idée que Netanyahu doit partir. Ces derniers sont, de loin, les

plus nombreux parmi les personnes ayant réagi à l'article.

 

Je recommande au lecteur anglophone d'en lire un maximum. Ces réactions reflètent le

malaise qui saisit une partie importante de la communauté juive américaine mais aussi une

partie de la société israélienne.

Je ne citerai qu'une réaction qui m'a plus particulièrement frappé : celle d'Edwin Rosen, un homme de 70 ans, résidant à Ramat Gan, Israël.

 

« Si l'on met de côté les chefs d'accusation du procureur général israélien, suffisamment sérieux

pour renvoyer n'importe quel politicien chez lui, pour ceux d'entre nous qui vivent en Israël,

Netanyahu a été un gestionnaire habile du pays si vous regardez les choses à court terme. Mais en ne faisant rien sur le problème palestinien, il a fait prendre au pays une direction qu'il paiera très cher à long terme.

 

Cette stratégie du statut-quo est une bonne approche pour moi, homme de 70 ans, mais

terrible pour mes petits enfants qui se retrouveront soit dans un état non juif, ce qui mettra fin au

rêve sioniste, soit dans un pays d'apartheid où la population palestinienne sera traitée de la même

manière que les noirs pouvaient l'être en Afrique du Sud. Le pays court rapidement vers une

solution inacceptable de la question palestinienne. Nous avons certainement besoin de sang neuf, pas d'idées etc ».

 

Ci-après le lien vers l'article du New York Time

 

https://www.nytimes.com/2019/03/01/opinion/netanyahu-israel-indictment.html?ribbon-ad-

idx=3&rref=opinion&module=Ribbon&version=context&region=Header&action=click&contentCollection=Opinion&pgtype=article

 

*

 

Pour conclure cet article, j' invite le lecteur à regarder cette vidéo de 3 minutes 33 secondes

qui a déjà été visionnée près de 4 millions de fois. Sous le titre «Cette terre est mienne», elle résume de manière très pédagogique 24 épisodes de l'histoire de la terre de Palestine.

 

https://www.youtube.com/watch?v=-evIyrrjTTY

 

Elle permet de tirer deux enseignements :

1 – Jamais dans l'histoire de cette terre ceux qui ont voulu la contrôler par la force ne l'ont dominé très longtemps.

 

2 – L'état d'Israël proclamé en Mai 1948 ne constitue qu'un des 24 épisodes successifs de

domination en terre de Palestine. A moins que l'histoire ne s'arrête là, cet épisode ne sera pas

nécessairement le dernier.

 

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