...En écho au parallèle du Col. Chauvancy, entre la défaite de 1870 et la situation de la France aujourd'hui, celui du Col. Noirot entre F. Hollande et Louis XV...! Bonne lecture. JMR


Hollande - Louis XV...un parallèle ?

par le Colonel JJ. Noirot - promotion St. Cyr "Serment de 14" - 1963/65.


 

Louis XV est l'arrière petit fils de Louis XIV, le grand roi. Il ne prend réellement le pouvoir qu'en 1743, à la mort de son meilleur ministre, qui fut aussi un de ses précepteurs, le cardinal Fleury.

Louis XV est grand, beau, séduisant, d'allure majestueuse. Il émane de lui une autorité naturelle. Nous dirions qu'il avait un charisme certain.

 

Rien à voir avec Hollande. Alors...?

 

Examinons les conditions de leur arrivée au pouvoir.

À sa naissance, le futur Louis XV n'est que quatrième dans l'ordre de la succession des Bourbons. Il a fallu les décès de son grand père, de son père et de son frère aîné pour qu'en deux ans il se retrouve propulsé au premier rang de la succession. Il est le "Petit Dauphin". Les malheurs de sa famille ont fait son bonheur. 

Hollande en 2011 n'est même pas un outsider. La conquête du pouvoir par les socialistes est promise au directeur du FMI, que tous les sondages donnent gagnant. L'affaire du Sofitel de Manhattan coupe court à la carrière politique de DSK. Les platitudes ambiguës de l'ancien premier secrétaire du PS face aux arguments très à gauche de sa challenger lui assure la victoire à la primaire. Ayant dit au bon peuple que "son ennemi, c'est la finance", et décrété l'impôt à 75%, ce nanti socialiste riche à fortune devient président sans coup férir.

 

Comme pour Louis XV, ça n'était pas prévu.

 

 

Quelle a été la personnalité de ce roi qui va régner pendant près de soixante ans? Elle est controversée, les uns le jugeant timide, hésitant, indécis, taciturne, soumis à ses plaisirs et aux influences de son entourage, particulièrement celui de ses maîtresses. Pour d'autres, il est cela, mais aussi brutal, courageux, avisé, circonspect. Élevé dans la foi catholique, il reçoit une éducation qui marquera toute sa vie. N'ayant pas connu ses parents, il en concevra une peine inconsolable  qu'il saura surmonter pour exercer son métier de roi. Vous l'avez compris, Louis XV n'a pas le "profil" d'un aigle. Ce roi manque d'envergure, il ne fera pas d'ombre à Philippe le Bel, François 1er, Henri IV ou son arrière grand-père.

La ressemblance de Hollande avec ce roi de second rang s'établit dès lors que lui sont retirés courage et sensibilité. Non que ce président ne soit pas courageux. Mais il n'aura jamais l'occasion de démontrer son courage comme Louis XV a pu le faire à Fontenoy. Quant à la sensibilité, chacun sait qu'il n'a ni scrupule, ni état d'âme. Un cœur de glace. Cela n'est pas forcément un défaut. Issu d'un milieu petit bourgeois aisé, il se tient royalement éloigné des soucis quotidiens. Il reçoit la meilleure instruction possible en accédant aux plus grandes écoles du pays. Ce qui ne veut  rien dire s'agissant de son éducation. Dans l'exercice de ses fonctions présidentielles, ses atermoiements, ses louvoiements, ses changements de pied contribuent à accréditer une personnalité floue, sans cap, sans relief, cherchant à contenter tout le monde sans trancher au moment des décisions difficiles.  Il ne fera pas d'ombre à Clemenceau, au général de Gaulle ou à François Mitterrand. L'envergure n'est pas là. Ce n'est pas un aigle. 

 

Les personnalités de ce prince et de ce chef d'état se ressemblent.

 

 

Louis XV est conscient de détenir le pouvoir sur un royaume qui le situe au premier rang des puissants de l'Europe. Il en a la première armée, commandée par de bons maréchaux. La France est au XVIIIème siècle l'état le plus peuplé du continent. Les guerres passées, qui ont prouvé à la fois la vaillance de ses armées et les sursauts patriotiques de son peuple, la font craindre dans toute l'Europe. Elle en est l'arbitre. Élevé dans un esprit pacifiste par Fleury, Louis XV a fait la guerre contre son gré, sans véritable stratégie à l'échelle du continent. Après avoir gagné la guerre de succession d'Autriche, il procédera à un funeste renversement d'alliance. Faute d'avoir su percer à temps les enjeux de ses puissants adversaires ou alliés, il entraînera la France dans la défaite et le déclin.

Hollande est à la tête de la première puissance militaire de l'Europe et la constitution de la V ème république lui confère  des pouvoirs quasi monarchiques, au moins équivalents à ceux de Louis XV. Il doit affronter le défi nouveau et sans précédent du terrorisme mondialisé dont la France a déjà payé un prix sanglant. Notons toutefois  que ce prix reste sans commune mesure avec celui infligé au Moyen Orient, en Aghanistan, en Afrique et à  d'autres pays dont on se soucie moins. Face à ce péril généralisé,  Hollande avance à tâtons, choisit mal ses alliés, se trompe d'ennemi, balbutie une stratégie mal définie, emploie son armée à des missions incongrues. La France ne tient plus sa place dans le monde. Une armée dégraissée, des matériels obsolètes ou insuffisants, des chefs militaires soumis aux pouvoir absolu du politique témoignent du déclin inexorable où se précipite ce qui fut en d'autres mains une grande puissance du dernier siècle. Hollande y prend hélas plus que sa part.

 

Dans un cas comme dans l'autre, les défis à relever ont dépassé ces personnalités habillées d'un costume bien trop grand pour eux.

 

Le XVIIIème siècle est celui des lumières. Les idées nouvelles percent sous l'impulsion courageuse de grands auteurs comme la France n'en avait jamais connus. Citons Voltaire, mais aussi Diderot, d'Alembert, Rousseau, Condillac, Grimm, Montesquieu ou Marivaux pour faire court. Le roi n'a pas du tout conscience de l'inestimable valeur représentée par ces immenses esprits, dont la simple écoute ou lecture aurait changé, au profit du régime, le cours de l'Histoire. Au contraire, il exile Voltaire, enferme Diderot, cadenasse les encyclopédistes, dresse les uns contre les autres par de basses manœuvres ceux qu'il ne parvient pas à circonvenir.

Aujourd'hui, Hollande est le contemporain d'innombrables talents littéraires et philosophiques. Citons d'Ormesson, Finkelkraut, Zemmour, Polony, Houellebeques, Onfray, Fourest, Ferry, BHL, le regretté Glucksman... j'en oublie. Quel profit tire-il de ce foisonnement d'idées qui s'opposent, s'affrontent, se conjuguent? Zemmour au ban de la télévision, Onfray voué aux gémonies, Polony mal traitée par les médias, Finkelkraut  subissant la hargne des bien-pensants avant d'être adoubé par l'académie. Seuls lui paraissent dignes d'envahir l'espace de la pensée une Fourest bornée et un BHL sans horizon . Drapé dans la certitude du socialisme éclairé qu'il veut représenter, il laisse se perdre dans des haines stériles les esprits lucides qui analysent et jugent notre temps. 

Après Louis XV gâcheur de génies, Hollande s'affiche ignorant voire méprisant pour la pensée de nos modernes et engagés philosophes de toute tendance. 

Dans chaque cas les conséquences ont été ou seront irrémédiablement désastreuses.

 

 

Pour échapper à la surveillance de son entourage, Louis XV avait aménagé un endroit discret à Versailles pour y retrouver celles avec qui il passait de bons moments. C'était le Parc aux Cerfs, lieu des débauches royales. La reine Marie, si elle s'en est offusquée un moment, s'est trouvée soulagée des assauts d'un roi qui, après  lui avoir fait dix enfants, l'avait épuisée. La Pompadour fermait les yeux, l'essentiel pour elle étant de rester indispensable à la marche des affaires. 

Le Parc au Cerf de Hollande s'appelle la rue du Cirque. En catimini, grimpé et casqué sur un scooter, notre président volage trompait allègrement sa maîtresse officielle qu'un baiser demandé puis exigé sur la bouche un soir d'élection devant les caméras avait hissée au rang de première dame. Ségolène Royal, comparable à la Pompadour, qui notons-le n'a pas donné d'enfant à son maître, a regardé tristement, tout au long de sa vie, son amant courir les jupons en lui restant longtemps fidèle. Aujourd'hui encore, elle le sert sans faillir, oublieuse des frasques passées.

 

Il faut cependant reconnaître qu'Hollande a davantage dégradé l'image présidentielle que Louis XV a pu écorner celle des rois. Ses sorties en douce à la nuit tombée pour rejoindre une jeunette font de lui un petit filou au comportement de voleur...de poule enjuponnée, indigne de son statut.

 

Louis XV a eu besoin tout au long de son règne, comme ses prédécesseurs, de s'attacher les services de personnages auxquels il a donné des postes clés. Ainsi de Berryer à la police, d'Aguesseau à la Chancellerie, Orry aux finances, Maurepas à la marine, la Pompadour passée du statut de favorite à celui de ministre sans portefeuille, plus tard d'Argenson à la guerre et d'Arnouville aux sceaux, Maupeou à la chancellerie, Choiseul puis d'Aiguillon aux affaires étrangères. Lorsque les affaires ont mal tournées, notamment après la guerre de sept ans, ce fut une valse des ministres comme il n'y en avait jamais eu. Louis XV s'est débarrassé de ceux d'entre eux à qui il a fait supporter ses déboires ou ses défaites. La disgrâce tombait, soudaine et brutale, bien dans le caractère de ce timide introverti. Ainsi de Bernis, Orry ou Maurepas, renvoyés sans préavis dans leurs propriétés. Même Choiseul, le meilleur de tous, fut balayé lors de la fronde parlementaire, remplacé par un Maupeou bien moins compétent. 

Hollande à son tour s'est entouré de personnages à sa dévotion. Dans l'exercice du pouvoir, il est normal qu'un chef d'état se repose sur des personnes capables et de confiance. Les révocations de Montebourg, Ayrault, Pellerin, Filipetti, Le Branchu et autres Hamon ou Peillon font irrésistiblement penser à celles des malheureux ministres de Louis XV. Elle traduisent plutôt chez ce président indéfinissable voire insondable un réflexe de protection pour éviter des conflits internes nuisibles à ses éternelles synthèses.

Comme Louis XV, Hollande a organisé la captation pour ses affidés des postes clés des rouages de l'état. Dans les préfectures, la haute administration, la magistrature, les médias, les entreprises publiques, les grands corps, les cours, Hollande, roitelet déguisé en président, a favorisé honteusement ses camarades de promotion de l'ENA,  a fait main basse sur tout ce qui de près ou de loin est susceptible de servir ses desseins, évinçant ceux qui ne répondaient pas au seul critère de sélection: être socialiste, fut-ce sans compétence pour exercer la fonction. 

 

Cette manière de faire est d'une maladresse consternante. Si ce type de comportement se justifiait lorsqu'un pouvoir monarchique sans opposition n'avait pour s'attirer les services de personnes de confiance que l'attribution de prébendes à des gens titrés( l'équivalent de l'ENA), il est à la limite grotesque de faire de même à notre époque quand tout se sait et que tout sera payé un jour ou l'autre au détriment du bien commun.

 

Louis XV s'est fâché avec son peuple sur la question de l'impôt et de l'usage qu'il en a fait. Toujours à court d'argent pour financer ses guerres ou les frais d'une cour vivant dans un luxe surréaliste au regard de la misère du peuple, il a  cherché à créer un nouvel impôt, rendant encore plus difficile la vie quotidienne d'une population pressurée. Ainsi son ministre des finances Machault d'Arnouville imagina le vingtième, impôt devant s'appliquer à toutes les classes, alors que le clergé, effectuant depuis Louis XIV des dons gratuits et s'occupant des pauvres, et la noblesse, par le don du sang, en étaient exemptés. La révolte qui s'en suivit fut telle que ce vingtième fut d'abord abandonné et remplacé par une augmentation de la taille, puis rétabli. Ce vingtième venait s'ajouter aux impôts directs et aux taxes de l'ancien régime, la taille, la capitation, le dixième et les taxes sur la consommation: les aides la gabelle et les traites. Écrasé d'impôts, le peuple sous Louis XV s'est engagé sur la voie qui mènera à la révolution. De "bien aimé",  ce roi inconséquent s'est lui même surnommé "le bien haï".

Hollande est lui aussi un spécialiste de l'imposition tous azimuts. Après avoir inventé l'impôt à 75% qui subit le même sort que le vingtième, il a exigé des services du ministère des finances la fiscalisation de revenus jusqu'alors exonérés, la création de nouvelles tranches, le maintien du gel du quotient familial et des seuils. Une part non négligeable de son impopularité  réside dans sa politique fiscale démesurée. Hollande a inventé l'impôt qui tue l'impôt, ce n'est pas rien. Le ras le bol fiscal s'est installé dans tous les foyers, et les échéances électorales passées et avenir ont été autant de sanctions pour ce prédateur aux griffes crochues.

 

L'un comme l'autre a, en matière fiscale, abusé du pouvoir dont il a été ou est dépositaire, sacrifiant son peuple à ses envies ou son idéologie personnelle, fussent-elles désastreuses.

 

Dans les dernières années de son règne, mais pas seulement, ce roi incertain a été marqué par la fronde du parlement au sujet précisément de l'instauration de cet impôt contraire à tous les usages. Le parlement lui fit des remontrances en se positionnant comme "défenseur des lois fondamentales du royaume" contre l'arbitraire de la monarchie, présentant le roi comme un tyran. Les remontrances au roi ayant été une concession de Philippe d'Orléans pour que le parlement l'accepte comme régent, Louis XV dû s'incliner. Il n'avait pas le 49/3. Il fut en fin de règne un roi contesté, impopulaire, et les parisiens se réjouirent à sa mort, faisant la fête à grand bruit. Son enterrement de nuit à la sauvette en contournant Paris symbolise cette descente aux enfers d'un homme haï plus pour ce qu'il a été, jouisseur, dépensier, indifférent à la misère, que pour ce qu'il a fait.

Hollande fait face aujourd'hui, comme il le fera demain, aux frondeurs parlementaires de sa majorité qui au mieux dénigrent, au pire entravent son action. Taxé par ces derniers de faire une autre politique que celle pour laquelle il a été élu, Hollande connaît une fin de quinquennat tourmentée. Sa popularité est au plus bas. Tout ce qu'il fait est contesté, prétexte à manifestations. Sa dernière visite au salon de l'agriculture où il a été insulté-ce qui ne c'était jamais produit-en dit long sur l'appréciation que porte le peuple sur sa personne et son quinquennat. Son avenir, dit-on, sera très compliqué. Mais rien n'est joué.

 

Ces deux fins de règne sont à maints égards comparables. Elles s'achèvent dans la détestation de ces deux personnages.

 

La ressemblance entre un roi timoré et un président calamiteux n'est finalement pas aussi flagrante. Bien des aspects les séparent, qui méritent de la nuancer. Il est en particulier heureux que Hollande n'ait pas été agressé sur sa personne. C'est malheureusement la nation tout entière qui l'a été à travers les attentats de l'année 2015, qui valurent à ce président un net mais éphémère regain de popularité. Ce regain est à mettre en parallèle avec celui qu'a connu Louis XV au lendemain de Fontenoy. En revanche, la cruelle exécution de Damiens son agresseur ne valut à ce roi pâlichon aucun retour de sympathie. Au contraire.

Ces deux hommes se différencient aussi fondamentalement sur leur comportement vis à vis des femmes. Ça n'est pas sans importance. À l'indifférence propre à un goujat dont Hollande a fait preuve en "plaquant" ses maîtresses sans remord, il faut opposer, même si ce n'est pas sans arrières pensées religieuses, les regrets et le sentiment de culpabilité de Louis XV quant à sa vie dissolue, tourment de sa conscience. Nous en sommes loin chez Hollande. Le souverain tomba malade lors de la guerre de succession d'Autriche à laquelle il participait à la tête de ses armées. Le croyant perdu, son premier aumônier subordonna l'administration de l'extrême onction à une confession publique, dans laquelle il apparaîtrait comme une personne immorale indigne du titre de "roi très chrétien". Louis XV s'est exécuté, renvoyant sa maîtresse, et il guérit. Ce jouisseur ne renonça pas pour autant à ses conquêtes, la suivante devant être Jeanne Poisson, qui deviendra La Pompadour, accusée de tous les maux et de tous les péchés, objet de la rancoeur et de la haine du peuple tout entier. Elle entraînera dans ce tourbillon d'amertume son roi tant aimé.

 

En résumé, l'élégance royale de Louis XV ne s'est jamais démentie, à l'opposé d'un Hollande dépourvu de cette éducation nécessaire pour se hisser à la hauteur de la prestigieuse magistrature suprême. 

 

JJN

 



Parallèle (suite)


Dialogues...

...surpris en écoutant aux portes du Palais -  le 31/03/2016.


 

"On me dit que les marches de mon royaume ne sont plus sûres?"

"Majesté, c'est un fait incontestable. Les marches au delà du Haut du royaume sont agitées."

"Et peut on savoir ce qui s'y passe?"

"Nos amis musulmans se sont un peu énervés."

"Que dois-je dire?"

"Comme d'habitude. Vous dites que nous sommes en guerre sans dire contre qui et que nous allons gagner. Surfer sur le vague sans stigmatiser. Craignez l'amalgame, un mot magique. Encouragez les dépôts de fleurs et les bougies, nos gazettes adorent ces gestes de compassion qui ne coûtent rien au royaume."

"Et que va penser le bon peuple?"

"Rien. Il aime les pleurs et les lamentations. Il adore aussi les discours martiaux et les postures guerrières."

"Vous croyez que ça suffira?"

"Sire, vous régnez en maître absolu. Votre devoir n'est pas de réveiller le peuple mais de l'endormir."

 

"On me dit que ma loi sur le travail dans le royaume n'agrée pas mon peuple?"

"Ne vous inquiétez pas, nous allons faire en sorte qu'elle plaise aux corporations."

"Comment cela?"

"Nous allons supprimer tout ce qui agite les agités et glisser dans cette loi un article qui plaira à ceux qui déplaisent."

"C'est sur quel sujet?"

"Au sujet de vos sujets qui ne veulent pas être assujettis à vos sujétions."

"Je ne comprends rien à ce que vous me dites."

"C'est fait exprès."

 

 

"Sire, aujourd'hui le peuple fête la Pâques."

"Excusez-moi, c'est quoi cette Pâques?"

"Il s'agit du Christ ressuscité"

"Ah bon, il était mort? Vous m'en direz tant! Et de quoi est-il mort?"

"C'est une maladie de foi."

"Ne pouvait-on pas le soigner? Le guérir?"

"Il existe un remède, qui s'appelle "la icitéquimine."

"Et pourquoi ne l'a-t-on pas soigné à "la icitéquimine"? Il faut en parler à la duchesse Touraine."

"La duchesse Touraine est une adepte de ce médicament. Elle en use sans compter et a ressenti depuis longtemps ses effets secondaires."

"Vous m'inquiétez..."

"Majesté, la maladie de foi est très résistante. "La icitéquimine" soigne assez bien les coupe-jarrets, tire-laines et autres vide-goussets, et sa performance maximale est atteinte avec les bons à rien."

"Suis-je à l'abri de cette dangereuse maladie de foi?"

"Oui, Majesté, je vous confirme que jamais vous n'aurez la maladie de foi. Elle se répandra cependant au cours des prochaines années dans le peuple. Et je ne suis pas certain que "la icitéquimine" y pourra grand chose. Car les effets secondaires de ce médicament sont terribles. Ils rendent les plus intelligents débiles, les plus compétents stupides, les plus courageux craintifs et les plus efficaces ridicules. En résumé, au bout d'un certain temps, "la icitéquimine" rend bête, irrémédiablement et irréversiblement bête."

"Je me demande si tous mes ministres n'auraient pas été soignés à "la icitéquimine"...?"

"Majesté, leur traitement a commencé il y a 4 ans."

 

 

"Comment va l'activité économique du royaume? On me dit que ma paysannerie est en révolte, ma médecine en furie, mes armées en désespérance, ma jeunesse déboussolée, mes écoles en faillite, mes artistes en colère, mes cochers fous furieux... Seules mes gazettes seraient heureuses, ce qui me semble la moindre des choses eu égard aux prébendes que je leur verse."

"L'activité se porte certes moins bien qu'hier, mais demain elle se portera mieux. Vous l'avez promis et la parole de votre Majesté est divine. Quant à cette agitation que vous décrivez, elle est passagère. Il suffit d'attendre. La paix sociale est comme les hirondelles. Elle revient toujours."

"Nos caisses sont vides et nous sommes endettés jusqu'au cou! Calmer les colères populaires est-ce encore possible?"

"Bien sûr, avec les impôts."

"Quels impôts?"

"Les impôts que nous impose les nouvelles impositions imposées par les impôts."

"Je n'ai rien compris."

"Moi non plus, majesté, mais c'est fait pour et c'est efficace."

 

 

"Est-il vrai que mes généraux contestent mon autorité?"

"Pas vraiment, pour le moment. Ceux qui sont aux commandes ont une échine très souple. Cependant, ici ou là, quelques uns, retirés des affaires, veulent se rappeler au bon souvenir du peuple."

"Qu'on les pende, aux fers, aux galères!!"

"Il en sera fait selon votre volonté. D'ailleurs, le duc de Bretagne s'y emploie."

"Ah! Je peux compter sur mes bons amis."

"Le duc de Bretagne qui conduit vos armées, a inventé une formule qui a fait fureur dans vos cabinets."

"Quelle formule?"

"Être moins pour en faire plus"

"Jolie formule en vérité."

"Sire, c'est aussi avec ces gens sans fortune que se construira l'image que vous laisserez à la postérité. Cette jolie formule, qui plaît à votre Majesté, s'est avérée néfaste. Le duc de Bretagne en a trouvé une autre."

"De grâce, dites-la moi, mon gentil duc n'a que de bonnes idées."

"Être plus pour servir à rien."

"Quel talent!"

"Votre Majesté, vous savez bien que si un jour vous deviez entendre tonner le canon, vous regarderez alors autour de vous. Ces généraux et tous leurs amis seront là, et ils seront les seuls."

 

"Sire, les sarrasins se pressent à nos frontières. Il faut réagir."

"Qu'entendez-vous par "réagir?"

"Je n'en ai aucune idée."

"Moi non plus. Alors, après moi, le déluge!"

"Non, sire. Vos soldats sont là. Ils vous regardent."

 

JJN

 


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Commentaires: 2
  • #1

    Alain (vendredi, 01 avril 2016 10:05)

    L'Histoire est inconnue à l'ENA

  • #2

    Messana bernard (dimanche, 03 avril 2016 16:34)

    Si, féru de « caractérologie », vous tentiez de faire l’analyse du caractère de notre Président, vous découvririez que son squelette mental se bâtit sur trois caractéristiques majeures : la « non-émotivité », la « non-activité », et la « primarité ». Il appartient donc à la classe des « amorphes », ce terme, technique, n’étant en rien péjoratif. Il signifie seulement que l’individu n’a pas de personnalité « cristallisée », et qu’il est donc d’une plasticité certaine.
    Le Senne, qui a introduit la « caractérologie » en France, définit les amorphes comme « les moins entreprenants qu’il y ait dans l’ensemble de l’humanité ». Il s’est par ailleurs évertué à illustrer chaque caractère défini par la caractérologie (nerveux, colériques, flegmatiques, sanguins, etc…) par des exemples de personnages ayant marqué notre histoire. Il n’a trouvé qu’un seul amorphe…Louis XV !
    Bravo, mon Colonel !