Mourir pour la France

...par le Col. (er) Jean-Pierre Mugg - le 09/09/2018.

 

La mort en « opérations extérieures » de notre jeune concitoyen du canton de LUSIGNAN, Hervé G. de Cloué, nous a, à l’époque, tous touché profondément.

 

Ce sous officier avait une mission (et non pas un travail) à accomplir et il l’a menée jusqu’au bout en donnant sa vie sans marchander, pour que nous ne donnions pas la nôtre, pour que nous puissions vivre dans la paix et la sécurité.

 

Ce « Marsouin » a été, comme beaucoup de ses anciens, au bout de son

engagement par le sacrifice suprême, honorant ainsi son Arme prestigieuse définie par la citation de Lyautey « les Troupes de Marine, l’Arme de tous les courages et

de toutes les abnégations ».

 

Que dire de sa famille et de son jeune fils, encore enfant mais déjà Grand qui, animé des plus belles valeurs humaines et morales, a exprimé le désir de devenir soldat comme son papa et de reprendre le flambeau :

 

Ce que je n’ai pu faire tu l’accompliras, 

Ce que j’ai commencé tu l’achèveras,

Où je me suis arrêté tu poursuivras.

 

C’est ce que chantaient les soldats macédoniens.

 

Depuis la nuit des temps tous les peuples ont eu des héros et des martyrs, des hommes et femmes hors du commun qui n’ont pas hésité à se sacrifier pour le bien commun. Ils ont été honorés, chantés; leurs vertus, exaltées, ont été transmises comme exemples, comme des phares éclairant les générations suivantes.

 

La grandeur, où il entre beaucoup d'humilité, du métier de soldat vient précisément de cette acceptation volontaire, par chacun, des combats parfois douteux, de la mauvaise fortune, des hasards de la guerre.

« Mort pour la France » «  Mort au champ d’honneur », ces mots ont une signification : la mort est due, d’une part à une décision relevant des responsables élus représentant la Nation d’engager des hommes au combat impliquant leur sacrifice éventuel, d’autre part ces hommes ne meurent pas par « accident » mais

tués du fait d’une action de l’ennemi. C’est pourquoi on les honore, c’est pourquoi des représentants de la Nation ainsi que les citoyens s’inclinent sur leur cercueil et que les honneurs leur sont rendus

Pour tous ceux qui ont combattu, il existe un écart angoissant, presque physiquement palpable, entre les mots de la communication politique, et la mort de camarades que l'on connaît par leurs noms.

 

La tentation de « banaliser » leur sacrifice consenti pour nous parce qu’ils sont soldats professionnels serait le signe d’une dégradation inquiétante de notre conscience d’hommes, de citoyens, et de notre obligation de solidarité envers ceux qui se chargent de nous défendre et de mourir à notre place.

 

Nos gouvernants prennent-ils bien la mesure de cette exigence-là ?

 

Nos soldats sont les soldats de la Nation, ce sont nos anciens mais aussi nos enfants comme Hervé. Et à ce titre ils méritent, ainsi que leurs familles notre plus grand respect, notre considération et notre affection.

 

Dans le marigot des ambitions et de l’enrichissement personnel qui s’étale devant  nos yeux, nos soldats portent haut – avec d’autres qui peuvent également être appelés à faire le sacrifice de leurs vies (pompiers, médecins et infirmières, humanitaires, sauveteurs en mer ou en montagne, policiers …) – ces valeurs

puissamment morales qui imposent le respect et la considération. Désintéressés et généreux, ils sont l’Honneur et la conscience morale (ce qui en reste) de la Nation.

 

Curieux pays que le nôtre, si plein de sollicitude pour ceux qui violent ses lois et l’insultent, et si désinvolte envers ceux qui le servent avec loyauté et abnégation. En écrivant ces lignes je revois les visages de mes camarades tombés (non par accident mais par devoir) sur les différents théâtres où j’ai eu l’honneur de servir.

 

« SERVIR » le plus beau mot de la langue française disait P. BOURGET.

 

Commentaires: 0