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Cet article a été publié le 10/09/2023.
Tout l'été, BV vous
propose de relire certains articles de l'année écoulée. Ici, nos chroniques du Macronistan.
Il fallait entendre, la semaine dernière, Thomas Cazenave, le tout nouveau ministre délégué en charge des Comptes publics. Interrogé sur TF1 au sujet de la flambée de la taxe foncière, ce pur produit du macronisme eut cette réponse magique
: « On a supprimé la taxe d’habitation, pourquoi ? Pour soutenir le pouvoir d’achat. Et ça a été compensé à l’euro
près pour les communes. Et il appartient aux élus, en responsabilité, de choisir ce qu’ils font avec la taxe foncière. » Fin de la discussion. À l’euro près ? Bien sûr que
non, puisque désormais, c’est l’État qui a la main sur cette compensation et qu’elle n’est pas près d’être revalorisée, malgré l’inflation qui frappe tout autant les collectivités que
les ménages.
On l’a dit et répété, il était évident que cette suppression de la taxe
d’habitation, péché originel du macronisme, aurait des répercussions sur la taxe foncière. Mais en plus, dans cette Absurdie qu’est le Macronistan, pour reprendre le thème des
chroniques d’été de BV, on a trouvé le moyen de maintenir la taxe d’habitation pour les résidences
secondaires. En gros, pour faire simple, moins on habite une commune, moins on utilise ses infrastructures, ses services, plus on paye. Il en est de même pour la taxe d’enlèvement des
ordures. Vous possédez une résidence secondaire, ne l’occupez que trois mois par an, mais vous payez plein pot cette taxe, comme si vous sortiez votre poubelle tous les soirs.
Mais ce n’est pas tout. La loi prévoit que les conseils municipaux peuvent décider de majorer cette taxe d’habitation sur les résidences secondaires
entre 5 et 60 % (pas moins !) dans les communes appartenant aux « zones tendues de marché locatif ». Cette mesure vise à inciter les propriétaires à mettre leur propriété sur le
marché du logement pour, ainsi, « détendre le marché ». Il est vrai que dans certaines régions, notamment touristiques, il devient difficile pour beaucoup de ménages de se loger.
Néanmoins, on aimerait connaître l’impact réel d'une telle mesure. La belle villa jouissant d'une magnifique vue sur le golfe du Morbihan va-t-elle se transformer comme par miracle en
logement social ? Franchement, qui peut croire à cela ! Ouest-France évoquait, la semaine
dernière, le cas de la commune de Landunvez, dans le
Finistère. 1.500 habitants. Le maire se justifie de la décision de son conseil municipal de majorer de 60 % la taxe d’habitation sur les résidences secondaires : crainte que la
jeunesse ne puisse s’installer au village, difficulté pour les saisonniers (nous sommes en zone touristique) de trouver un logement temporaire. Craintes sans doute justifiées. Mais
n’est-on pas là dans une sorte de schizophrénie ? En effet, le marché des résidences secondaires est évidemment lié à l’attractivité touristique et concourt à l'activité économique du
« territoire ». Peut-on avoir le beurre et l’argent du beurre ? Autre justification de l’édile : « L’opportunité
pour la commune est de constituer une réserve financière supplémentaire permettant de constituer de la réserve foncière. Elle peut favoriser l’implantation de lotissements communaux,
les logements sociaux, voire l’achat de résidences vacantes. » Un argument qui rappelle farouchement – les plus anciens s’en souviendront – le coup de la vignette auto qui
devait servir à payer la retraite des vieux. Cette manne fiscale (276 euros multipliés par les 574 résidences secondaires, soit 40 % des maisons de la commune) représente un peu plus
de 150.000 euros par an. Au prix du mètre carré constructible dans la région, il ne faut pas imaginer que les maisons vont pousser comme des champignons…
En fait, il est à parier que nombre de communes qui appliquent cette majoration le font non pas tant pour répondre à l’objectif affiché de détendre le
marché locatif que pour rentrer des ressources fiscales dans un contexte inflationniste, d’une part, et de compression des dotations de l’État aux communes, d'autre part, et ce, sans
se poser vraiment la question du caractère confiscatoire que peut prendre une telle mesure, sans parler du défunt principe de libre consentement à l'impôt. Pas certain, d'ailleurs,
qu’ils s’y retrouveront vraiment. En effet, interrogé sur ce sujet, le député RN de Vaucluse Hervé de Lépinau citait l’exemple d’une petite commune de sa circonscription : 1.000
habitants, 60 % de résidences secondaires. La commune a voté cette majoration. Bilan : la dotation de l’État a baissé, car celle-ci prend en compte le potentiel fiscal de la commune.
C'est-à-dire l'ensemble des taxes perçues - et, donc, la taxe d'habitation sur les résidences secondaires ! - sur le territoire de la commune pour elle et l’intercommunalité,
rapportées au nombre de résidents principaux et aux résidents secondaires à raison d'un seul habitant par résidence secondaire. Mécaniquement, le potentiel fiscal de la commune
augmente et, par conséquent, la dotation de l'État baisse. Belle manœuvre !
Mais revenons à notre exemple breton. Le maire déclare qu’il veut que les propriétaires de résidence secondaire s’impliquent pour l’avenir de la
commune. Il semble pourtant qu’ils s’impliquent déjà pas mal en payant une taxe d’habitation alors qu’ils n’habitent pas en permanence la commune ! Alors, on a envie de suggérer à ces résidents
secondaires de s’inscrire sur les listes électorales de la commune. Ils y ont droit, étant inscrits sur le rôle des contributions. Ce sera une façon très concrète et tout à fait citoyenne de
s’impliquer pour l’avenir de la commune. Les élections municipales sont en 2026…
Macron sur France 2 : le G.O. des J.O. est au top
Les images sont belles.
En fond de tableau, la tour Eiffel parée des anneaux olympiques. Quelques vues plongeantes sur la Seine qui, vue de loin, semble tout à fait baignable. À trois
jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, Emmanuel Macron a donc donné, ce mardi soir, une interview à France
2 et Radio France pour tenter de prendre de la hauteur, depuis le toit du Trocadéro, après les semaines marécageuses et houleuses que notre pays vient de connaître. À cette altitude, il
faut bien reconnaître que le Président ne manque pas d’air. Car qui a plongé le pays dans ce marigot, si ce n’est le personnage qui, ce soir, tout sourire, en appelle à l’esprit de la flamme
olympique qui ne doit pas s’éteindre, et tout ça ? Ce personnage qui, à la fin de cet entretien, en véritable apothéose, lance que le pays va être uni durant ces JO, ajoutant :
«On en a besoin. » Faut oser !
Personne n’a compris cette dissolution qui a précipité la crise, attaque, bille en tête Thomas Sotto, l’homme de Télématin, accompagné de Nathalie Iannetta, ancienne présentatrice sur Canal+, conseillère de François Hollande à l’Élysée et aujourd’hui directrice des sports de Radio France. Mais pas du tout, répond le
chef de l’État. J’ai pris mes responsabilités. D’abord, nous avions une Assemblée qui n’était plus le reflet de la société française. Tiens, on ne l’avait jamais entendu celle-là ! Ensuite, on
était sous la menace d'une motion de censure à l’automne avec le budget. Donc, en gros, on va dire que cette dissolution était une sorte d’action préventive pour éviter une crise. Du coup, on
pourrait en avoir deux pour le prix d’une si l’on tente de comprendre quelque chose à ce que dit l’athlète qui nous parle ce soir. Un athlète qui, visiblement, a hâte que l’on passe vite sur les
questions politiques qui l’ennuient afin qu’il puisse briller, ensuite, dans son rôle de G.O. des J.O.
En attendant, que nous ont dit ces législatives ? Macron refait alors le match. On est d’accord, le RN est arrivé en tête au premier tour. Oui, mais ça ne
s’est pas concrétisé, la semaine dernière, à l’Assemblée, rétorque le journaliste. Et, là, très fort, trop fort, gonflé comme jamais, le Président affirme que ce n’est pas une bonne chose, qu’il
n’y a pas de sous-députés, que ce n’est pas correct de ne pas serrer la main (les oreilles de Pannier-Runacher sifflent) mais, vous comprenez, moi, je suis pour le respect de la séparation des
pouvoirs. On se pince. Ensuite, Macron reprend le fil de son analyse du match des législatives. Et, donc, il y a eu le second tour. Des formations politiques se sont entendues pour ne pas donner
le pouvoir au Rassemblement national (d'aucuns appelleraient ça des accords contre-nature, mais pas Macron). Puis est venu le troisième tour, c’est-à-dire l’élection pour la présidence du
perchoir, la semaine dernière. La clarification que Macron appelait de ses vœux est donc venue : Le candidat du NFP, le communiste André Chassaigne, n’a pas été élu.
Et le Président fait un petit retour en arrière en rappelant, tout de même, que le RN est arrivé en tête au second tour des législatives (pas le NFP). En clair, la
clarification, c'est que Macron ne donnera pas les clés de Matignon au NFP. Un NFP qui, à quelques heures de cet entretien, nous a sorti in extremis du chapeau une illustre inconnue, Lucie Castets, haute fonctionnaire, marquée très à gauche et responsable des finances
de la ville de Paris (plus de 8 milliards de dette…).
Tiens, au fait, on se rend compte après coup que Macron a complètement zappé l’avant premier tour des législatives, c’est-à-dire les élections européennes, qui ont
provoqué cette dissolution. Mais on imagine qu’il imagine que les Français ont déjà oublié ça. Et on imagine qu’il a probablement raison.
En nous expliquant le match à sa manière, on voit où Macron veut en venir. Les partis ont su se désister les uns pour les autres pour faire barrage au RN ?
Oui.
Eh bien, qu’ils s’entendent pour constituer un gouvernement ! Ce qui, au fond, n’est pas complètement sot et les ramène à leurs propres responsabilités… et
turpitudes.
Il faut savoir faire des compromis et sortir des évidences, lance-t-il, comme savent le faire nos voisins européens (réflexion personnelle sans doute déplacée :
l'Italie, peut-être ? Non, pas l'Italie). Ce n’est pas gagné, le NFP faisant bloc derrière leur nouvelle perle rare - pour l’instant – et les LR, qui ont tout compris de la maxime de Talleyrand,
cultivent l’ambiguïté, pensant en récolter les fruits un jour ou l'autre. Ce n'est pas gagné et Macron le sait très bien.
Si ce n'est pas du cynisme, niveau olympique...
Et, du coup, c’est pour quand, la désignation d’un Premier ministre ? On n’est pas pressé, les gars, là, il y a JO. « J’ai choisi la stabilité », ose même dire Macron, après avoir semé un chaos politique qu’on n’avait jamais connu en 65 ans de
Ve République.
La France sera peut-être dans le Top 5 des nations médaillées, comme l’espère Macron, mais elle détient d’ores et déjà le record de France, depuis 65 ans, du
gouvernement démissionnaire qui aura tenu le plus longtemps en place.
C’est déjà pas mal. Et ça, c’est grâce au champion de l’Élysée…
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Cet article a été publié le 25/05/2024.
Tout l'été, BV vous propose de relire certains articles de l'année écoulée. Ici, des nouvelles de notre civilisation.
[POINT DE VUE] Éric Ciotti et François-Xavier Bellamy ont signé, en mai dernier, dans FigaroVox, une tribune sur la question de l’impôt sur les successions et les donations. Et ils n’y vont pas de main
morte : « Nous voulons la mort de l’impôt sur la mort », lancent-ils dans le titre. Nous étions en
pleine campagne pour les élections européennes et l’on pouvait alors se demander pourquoi cette tribune tombait à ce moment-là, alors que la tête de liste des LR ne cessait de dire, à
juste titre, qu’il fallait ramener la campagne sur les enjeux européens. Les droits de succession ne sont pas une compétence (pas encore, en tout cas !) européenne, mais on comprendra
aisément que tout est bon pour tenter de ramener vers soi un électorat de droite sensible à ce sujet et tenté, par ailleurs, d’aller voir en face, notamment du côté de Reconquête ou
du RN.
Un régime quasi confiscatoire remettant en cause le droit de propriété
Il n’empêche que Ciotti et Bellamy mettent, avec cette tribune, sur la table une question essentielle, existentielle, voire philosophique. Du reste,
c’est ce qu’écrivent les deux parlementaires en qualifiant cet impôt sur les successions et les donations de « philosophiquement inacceptable ». On devine qui a été la plume… Effectivement, « au terme d’une vie d’imposition, un patrimoine – imposé et taxé à chaque étape de sa constitution – se retrouve de nouveau
frappé par la fiscalité du simple fait de sa transmission », rappellent-ils. Aussi proposent-ils d’alléger cette fiscalité confiscatoire en l’alignant sur le mieux-disant en
Europe (cela doit être le fil rouge pour se raccrocher à la campagne européenne !) : en Italie, par exemple, l’abattement est fixé à un million d’euros et le taux d’imposition n’est
que de 4 %, alors qu’en France, l’abattement est de cent mille euros et que le taux peut monter à 45 % ! Des droits de succession qui pèsent 0,6 % de notre PIB, contre 0,2 % en
Allemagne. On est bien dans un régime quasi confiscatoire qui remet en cause, l’air de rien, le droit de propriété consacré par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Notons, tout de même, que si la proposition de Ciotti et Bellamy est très intéressante (restera à en évaluer le coût pour les finances publiques), elle est relativement incohérente, à
bien y réfléchir : un impôt « philosophiquement inacceptable » devrait tout bonnement être supprimé et non pas allégé ! Philosophiquement parlant…
Des Français majoritairement favorables à la baisse des droits de
succession
Mais, comme toujours, tout est une question de mesure et, au fond, il n’est pas philosophiquement inacceptable qu’un impôt minimum soit perçu par la
collectivité, en charge du bien commun, à l’occasion d’une succession. Cela a d’ailleurs toujours existé. On ne va pas faire, ici, l’histoire de la féodalité, mais l’on pourrait
évoquer le paiement des droits de relief pour la
transmission des terres nobles ou encore le droit de mainmorte qui permettait au seigneur de s’approprier les biens du serf mort sans héritier (un droit qui existait encore de façon
résiduelle à la fin du XVIIIe siècle en Franche-Comté). La Révolution
établit, en 1791, un impôt sur les successions de… 1 % sur les biens immobiliers. Mais parallèlement, elle faisait de la propriété un droit sacré, comme on l’a dit plus haut. Cette
imposition monta jusqu’à 40 % à l’issue de la Grande Guerre, les finances publiques étant exsangues, pour faire le Yo-Yo™, ensuite, jusqu’à ce taux confiscatoire
d’aujourd’hui. Il se trouve que ce caractère confiscatoire est rejeté par une immense majorité des Français : 87 % de nos concitoyens, selon une enquête du
CREDOC [Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie, NDLR] pour France Stratégie, souhaitent une baisse des droits de succession alors même que
seulement 20 % des héritages sont taxés. D’où, peut-être, la relative retenue de la Macronie à aller plus loin dans la taxation des successions, comme le suggérait l’une des têtes
pensantes programmatiques de Macron, Jean Pisani-Ferry. Macron était même allé jusqu’à promettre, dans sa campagne de 2022, un allégement
de ces droits de succession. Ayant, sans doute, découvert la réalité des finances au lendemain de sa réélection, la promesse est passée à la trappe…
En tout cas, que révèle cette sensibilité des Français à la question de la fiscalité successorale ? Il faut, sans doute, la relier à l’attachement
viscéral de ces mêmes Français à la propriété. On se souvient de ce film de Pierre Granier-Deferre, La Horse, sorti en 1970. Jean Gabin y campait un gros cultivateur (on disait encore comme
ça, à l’époque), patriarche et maître absolu sur ses terres. Impliqué dans une affaire criminelle, Gabin doit décliner sa profession au juge. « Propriétaire », lance-t-il. « C’est pas
une profession », rétorque le magistrat. « Pour moi, si », réplique, cinglant, Gabin. Certes, c’était il y a un demi-siècle. C’est-à-dire hier, aux yeux de l’Histoire. Les Français « de
souche » d’aujourd’hui, qui pour la majorité ont des racines paysannes, ont sans doute hérité cette aspiration légitime, quasi atavique, à être seigneur chez eux, à transmettre ce chez eux, aussi
modeste soit-il, tel qu'ils l'ont reçu, constitué, voire amélioré et, donc, non diminué sous le rabot fiscal. Tout ça est évidemment aux antipodes de la société liquide que Macron appelle de ses
voeux...
[ÉDITO] La lettre de Macron : L’art de se moquer du monde
Difficile de rester poli lorsqu’on lit la lettre qu’Emmanuel Macron a adressée aux Français ce
10 juillet 2024. Au mieux, cet homme nous écrit d’une planète qui n’est pas la nôtre. Ce qui un peu le cas puisque, a priori, ce courrier a été envoyé depuis l’avion présidentiel alors que le
chef de l’État se rendait au sommet de l’Alliance atlantique à Washington. Au pire, Macron se moque totalement, pour ne pas dire plus, de ses « chères Françaises, chers Français ». Personnellement, nous penchons pour la deuxième hypothèse. De la première à la dernière ligne,
tout sonne faux dans cette missive : de la formule d’appel « Chères Françaises, chers Français » à ce
« En confiance » qui conclut ce petit chef-d’œuvre de « foutage de gueule ». Effectivement, il fallait oser écrire
« En confiance », alors que les Français, par trois fois, en moins d’un mois, on dit très clairement qu’ils n’ont
plus confiance en lui. On touche là les sommets du déni ou du cynisme, voire des deux à la fois. A-t-il souri lorsqu’il a écrit cette petite phrase conclusive ? On l’ignore.
Macron, mauvais perdant
Passons sur la façon d’enjamber les résultats de ces élections législatives. « Si l’extrême
droite est arrivée en tête au premier tout avec près de 11 millions de voix, vous avez clairement refusé qu’elle accède au gouvernement », affirme le Président qui se garde bien
d’évoquer le fait que le Rassemblement national est aussi arrivé en tête au second tour en nombre de voix : 8,7 millions contre 7,5 millions au Nouveau Front populaire et seulement 7 millions au
camp présidentiel. En pourcentage, cela parlera mieux : plus de 36 % pour le RN, 25 % pour la gauche et 23 % seulement pour la Macronie. Il est donc faux de dire, comme le fait Macron, que les
Français ont clairement refusé que le RN et ses alliés accèdent au pouvoir. Tout sonne faux dans cette lettre, disions-nous. « Personne ne l’a emporté », ajoute-t-il. Pour le coup, ce n’est pas faux ; c’est même plutôt vrai. En creux, pour être plus
clair, cela veut dire que Macron a été défait. Quand on perd plus de 100 députés par rapport à la dernière législature, on ne dit pas qu’on ne l’a pas emporté, on dit qu’on a perdu. Mais l’on
sait que Macron est mauvais perdant.
Monsieur pose ses conditions
Mais, visiblement, ces millions d’électeurs et leurs aspirations à plus de sécurité, de souveraineté, à moins d’immigration, à conserver l’identité de notre pays,
comptent pour peu de chose pour Emmanuel Macron. En effet, Monsieur, dans son avion présidentiel, se permet de dire qui est républicain et qui ne l’est pas. « Je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’État de droit, le
parlementarisme [Faut quand même être gonflé d’écrire ça quand on sait comment Macron a maltraité le Parlement à coups de 49-3 !], une orientation européenne [Peut pas s’en empêcher] et la
défense de l’indépendance française [Là aussi, quel culot !] d’engager un dialogue sincère et loyal [On se
pince] pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle [Comme la gauche de jadis ?] pour le pays ». Mais de qui se moque-t-il ? En gros, j’ai semé le chaos et maintenant débrouillez-vous ! Mais – attention ! - en
respectant strictement mon cahier des charges. Car, on aura lu entre les lignes, LFI – on s’en réjouira – est exclu du dispositif ainsi que le Rassemblement national qui, pourtant, n’a jamais
appelé à marcher sur Matignon et a toujours respecté les institutions républicaines depuis qu’il existe. Et donc, Monsieur explique tranquillement, aux Français, qui, à plus de 75 %, ont
voté contre les candidats de son camp, que « c’est à la lumière de ces principes » qu’il décidera de la nomination du
Premier ministre. Royal.
On n’a pas de conseils à donner au Président, mais il ne devrait peut-être pas trop mépriser les deux bouts de l’échiquier politique, notamment à droite, car, si à
Dieu ne plaise, il réussit à nommer un Premier ministre qui remplisse ce joli cahier des charges, ce mouton à cinq pattes sera à la merci de la moindre motion de censure de la gauche et de
l'extrême gauche, convaincues qu'elles ont gagné les élections. Qui dit que demain, ce Premier ministre ne devra son maintien à Matignon qu’à la seule faveur, par exemple du Rassemblement
national et des amis de M. Ciotti qui ne voteraient pas cette motion de censure ? Faut-il rappeler à Macron que la corde peut parfois soutenir le pendu. Mais nous n’y sommes pas encore…
En principe, une lettre appelle une réponse. On l'appellera « la lettre à l'Élysée » !
Le crépuscule du macronisme
La sentence est tombée : plus de 85 % des Français qui sont allés voter ce 9 juin 2024 ont rejeté le macronisme.
Une déroute. Les Français ne veulent plus de Macron : C’est ainsi que l’on peut interpréter ces résultats implacables, si l'on observe avec un peu
de hauteur le champ de bataille. Oui mais, me direz-vous, c’était des élections européennes, pas nationales.
Bah si, justement ! Sinon, le président de la République ne se serait pas adressé aux Français à trois jours du scrutin, histoire de leur fiche la pétoche, et il ne
se serait pas empressé de dissoudre l’Assemblée nationale, à peine tombés les résultats, en prenant des accents crépusculaires.
85 % des Français ont donc rejeté Macron. La pauvre Valérie Hayer, qui aura fait ce qu’elle pouvait, c’est-à-dire pas grand-chose, fait moins de 15 % (14,7 à
l’heure où nous écrivons ces lignes). Certes, elle pourrait se consoler en se souvenant du score de la liste socialiste aux européennes de 2014 : 13,98 % après deux ans de hollandisme. Mais ce
serait vite oublier qu'à l'époque, le FN de Marine Le Pen, arrivé en tête du scrutin, ne l’avait emporté « qu’avec » 24,86 % des suffrages, alors qu’il avoisine les 32 % aujourd’hui ! Que l’UMP -
la fameuse « droite républicaine » - tirait encore son épingle du jeu, avec presque 21 % des suffrages.
Après sept ans de Macron à l'Élysée, alors que, souvenons-nous, le macronisme devait bazarder l’ancien monde (exit le PS et les LR !) tout en faisant reculer le FN, depuis devenu RN, ce dernier est désormais le premier, caracolant en tête à
32,6 % des suffrages. Cerise sur le gâteau : Le RN fait plus du double de la liste de la majorité présidentielle (c’est comme ça que s’intitulait la liste de Hayer, preuve que c’était bien un
suffrage national et non européen !). Sans oublier le petit plus, on va dire le petit geste commercial : Une extrême gauche qui ne faiblit pas (avec 9,2 %, LFI fait trois points de plus que
Mélenchon aux européennes de 2014), malgré (ou à cause de ?) la bordélisation de l'Assemblée nationale, avec pourtant (ou à cause de ?) un discours qui s’est radicalisé, pour ne pas dire
islamo-gauchisé.
On a envie de dire à Macron : « Chapeau, l’artiste ! » Il se rêvait Giscard rassemblant deux Français sur trois. Il s'est mis à dos 85 % des Français
!
Donc, on aura beau tourner et retourner la feuille des résultats de cette élection comme on veut, en long, en large ou en travers : C’est une défaite
cuisante pour Emmanuel Macron.
Le macronisme de la « période bleue » se voulait comme une sorte de fin du politique, de la politique, comme d'autres, après la chute du mur, voyaient venir la fin
de l'Histoire. La politique lui revient comme un boomerang en pleine figure.
Et l'Histoire en plus, avec la guerre à l'horizon, alors qu'à l'évidence il n'est pas taillé pour ça, malgré ses coups de menton et ses rodomontades.
Oui mais, me direz-vous encore, c’est loin d’être gagné pour Le Pen et Bardella. Peut-être. Mais de toute façon, et quels que soient les résultats des élections
législatives des 30 juin et 7 juillet, ce sera le crépuscule du macronisme.
Première hypothèse : Le RN l’emporte. Macron, celui qui était le jeune homme fringant de 2017, fera du Mitterrand. Pas du Macron. Il se voulait Bonaparte au pont
d’Arcole, il terminera en père Queuille.
Deuxième hypothèse : il réussit à sauver les meubles en s’aidant des LR (déjà, la Macronie a annoncé qu’elle ne présenterait pas de candidat contre des députés
sortants « faisant partie du champ républicain » (on parlait de « l’arc », voici venu le temps du «champ
républicain»…).
Rien ne dit, à ce jour, qu’il obtiendra une majorité absolue à l'Assemblée, étant donné le rapport des forces en présence. Donc, on reprendrait le cabotage
institutionnel que l’on connaît depuis deux ans ? Une longue et lamentable agonie jusqu’en 2027 ?
Macron et le macronisme auront donc épuisé la France : Socialement, sociétalement, économiquement, politiquement, institutionnellement, nerveusement,
moralement.
Le torse bombé, la mâchoire serrée, le regard perçant, il passe en revue, aux accents de la Marche consulaire, les
troupes déployées devant le monument à la mémoire du maquis breton de Saint-Marcel. Seul. Contre tous les usages séculaires de notre vieille armée française. Macron imperator ! À ce
moment-là, de deux choses l’une : soit il joue à merveille la comédie, soit - et c’est là que c’est peut-être le plus dangereux - il y croit, il s’y croit vraiment. Vient ensuite le discours de «
Je suis votre chef », devant les troupes au garde-à-vous, saint-cyriens et forces spéciales. « Alors que les périls montent,
vous rappelez que nous sommes prêts à consentir aux mêmes sacrifices pour défendre ce qui nous est le plus cher, notre terre de France… » Vous noterez le « nous », comme s’il allait y
aller lui-même, gants blancs et casoar au vent. Des accents presque gaulliens, voire pétainiens (la terre qui, comme chacun sait, ne ment pas !), si le Président n’ajoutait pas immédiatement
: « …et nos valeurs républicaines »... Évidemment. Pas certain que nos soldats pensent aux valeurs républicaines
lorsqu’ils font le parcours du combattant ou marchent de nuit avec 30 kg sur le dos. Tiens, au fait, une petite parenthèse, puisque ce discours était prononcé devant la croix de Lorraine :
dans l’appel fondateur du 18 juin, le mot « République » n’apparaît jamais. Fin de la parenthèse.
Que se passera-t-il si des soldats français sont tués au cours d'un bombardement ?
Et de poursuivre dans le grandiloquent qui lui va à merveille : « Je sais notre pays,
fort d’une jeunesse audacieuse, vaillante, prête au même esprit de sacrifice que ses aînés… »Quelle jeunesse ? Celle qui brûlait les voitures, l’an passé, parce
qu’elle s’ennuyait après l’école ? Ou bien les bataillons des Jeunes avec Macron qu’on n’a pas vus, pour l’instant, quitter leurs écoles de commerce pour se précipiter dans nos écoles militaires
et aller sauver ces fameuses valeurs de la République ? On sait pas. En tout cas, on se dit, à ce moment précis, que Macron ne rigolait peut-être pas quand il évoquait, quelques jours
avant, l’éventualité d’envoyer des instructeurs en Ukraine. Une
marche de plus vers la guerre. La preuve ? La déclaration du porte-parole
de l’ambassade de Russie à Paris : « Si vous envoyez vos instructeurs sur le sol ukrainien pour qu’ils forment
les soldats ukrainiens pour mieux cibler et tuer les Russes, ils constitueront naturellement une cible légitime. » Et Paris de s’offusquer : « Ce sont des propos scandaleux qui ne resteront pas sans conséquences », a déclaré, à l’AFP, le Quai d’Orsay. C’est-à-dire, «
sans conséquences » ? Pourtant, on aura beau ratiociner sur le statut de ces éventuels instructeurs (belligérants ou pas), l’argumentation russe, au point de vue strictement militaire, se tient.
Imaginons ce qu’il se passera si des soldats français sont tués ou blessés au cours du bombardement russe d’une base ukrainienne. Imbrication des dispositifs, combats dans la profondeur,
assistance au plus près de la ligne de front : tout cela multiplie à l’évidence les risques d’une telle éventualité. Une éventualité qui, désormais, n’est plus une hypothèse d’école, selon cette
mécanique bien huilée et infernale qui veut que ce qui était inenvisageable hier le devient aujourd’hui avant de devenir une réalité demain.
Certes, ce ne serait pas la première fois que la France envoie une mission à l’est de l’Europe. Macron et Lecornu ont-ils entendu parler de la mission militaire
française envoyée en Pologne pour soutenir la toute nouvelle république au sortir de la Grande Guerre face à la toute jeune Union soviétique ? Mais à cette époque, l’armée française était la
première armée d’Europe et, surtout, l’arme nucléaire n’existait pas encore… Toujours au sujet de cet envoi d’instructeurs, on pourrait aussi évoquer le cas du Vietnam. C’est ce que vient de
faire Henri Guaino. « Vous savez comment a commencé la guerre du Vietnam, pour les Américains ? », demandait-il, cette
semaine, sur le plateau de CNews. « On a commencé par
envoyer des instructeurs »… 800 conseillers envoyés par Kennedy qui passèrent à... plus de 16.000 en 1964.
Avant, finalement, l’envoi de combattants. Au total, c’est plus de trois millions de jeunes Américains qui firent cette guerre du Vietnam. Un exemple historique à méditer, car l’Histoire devrait
être méditée avant d’être instrumentalisée, comme, du reste, le fait de manière quasi indécente Macron. L’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, lui, à l’évidence, a médité, et c’est pourquoi il dénonce
cet « engrenage » et cette « escalade ». Selon lui, « on joue avec le
feu »… Et à la fin, comme aimait à le répéter le maréchal Pétain, « le feu tue »...
On ne va pas tourner autour du pot : cet homme fait peur ! Cet homme ? Emmanuel Macron, évidemment. Cet homme, qui depuis sept ans détient le pouvoir suprême et
souverain d’appuyer sur le bouton nucléaire et de ramener à l’âge de pierre n’importe quel pays qui menacerait les intérêts vitaux de la France, souhaite ouvrir le débat. Ouvrir le débat sur ce
qu’on appelle les « intérêts vitaux » de la nation qui, selon Macron, ont une « dimension européenne ». Nous y voilà
donc. « Ouvrir le débat » ? Au risque d’être accusé de plagiat ou de radotage, imagine-t-on le général de Gaulle «
ouvrir le débat » sur la question de la dissuasion nucléaire et sur son partage avec d’autres nations, fussent-elles alliées ou amies ? Franchement, non.
L'arme nucléaire : le patrimoine des Français
Ainsi, comme ça, au détour d’un discours de campagne – car le discours de la Sorbonne de la semaine dernière n’est
rien d’autre que ça pour tenter de sauver le soldat Hayer -, un président de la République française « met tout sur la table
». Banco ! Vous savez à quoi cela nous fait penser ? À ces héritiers qui n’ont eu qu’à se baisser pour récolter et dilapider la fortune constituée avec patience, prudence, constance et
détermination par les générations qui les ont précédés. Parce que, au fond, de quoi parle Macron, en faisant le malin à la Sorbonne ? Tout simplement de votre, de notre patrimoine, du patrimoine
des Français constitué depuis près de soixante ans et même plus, si l’on prend pour acte fondateur la création du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) en octobre 1945 par le général de Gaulle,
quelques mois avant qu'il ne quitte le pouvoir.
Car n’oublions pas que notre dissuasion nucléaire n’est pas née d’un effet de génération spontanée, d'un claquement de doigt ou d'un coup de com' d'un soir. La
IVe République, tant décriée, avait du
reste préparé le terrain. En 1954, n’est-ce pas d’ailleurs Pierre Mendès France, président du Conseil, qui avait déclaré : «
Sans la bombe, on n’a pas voix au chapitre. » Toute la politique du général de Gaulle, revenu aux affaires en 1958, aura consisté à redonner à la France cette voix au chapitre. Macron,
lui qui, sans vergogne, n’a pas hésité à insérer dans les armes de la République la croix de Lorraine de la France libre, mais qui n'a jamais remis l'Allemagne à sa place quand son
vice-chancelier Olaf Scholz - depuis devenu chancelier - suggérait que la France donne à l'Union européenne son
siège chèrement acquis de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, Macron donc, aujourd’hui, pose sur la table, comme ça, l'idée d'offrir (il ne le dit pas ainsi, mais
ça revient au même) notre arme nucléaire à l'Union européenne.
Emmanuel Macron a-t-il idée des milliards d’anciens francs, de nouveaux francs puis d’euros qui ont été déversés par les Français dans cette dissuasion nucléaire, à
travers leurs impôts, exercice budgétaire après exercice budgétaire de la nation, depuis au moins trois générations ? D’ailleurs, au passage, se souvient-il de cette époque pas si lointaine où
l’on nous présentait la « vertueuse » Allemagne dirigée par Merkel comme un modèle de rigueur budgétaire à imiter, en oubliant soigneusement de rappeler que l’Allemagne, elle, n’avait pas à
porter le poids financier de l’arme nucléaire comme la très dépensière France ?
Emmanuel Macron a-t-il idée des millions d’heures de travail de nos ingénieurs, techniciens et ouvriers hautement qualifiés consacrées à la constitution de cette
arme nucléaire, à son maintien et à sa modernisation pour qu'elle reste crédible dans le concert des nations ? A-t-il idée des millions d’heures de veille opérationnelle assurée par nos
militaires des trois armées, depuis des décennies, de jour, de nuit, 365 jours par an, 24 heures sur 24, sous terre, au fond des mers, dans les airs, pour que cette arme nucléaire si redoutable
soit véritablement redoutée par ceux qui pourraient menacer les intérêts vitaux de la nation ? A-t-il idée de tout ça ? De cette politique faite de patience, constance, permanence, et qu'on
pourrait qualifier de capétienne ?
Si oui, alors c’est de la trahison.
Si non, c’est à désespérer d'un homme à qui les Français ont confié leur destin pour le meilleur et surtout pour le pire.
Gabriel Attal : « L’islamisme n’est pas une religion. »
Oui, et alors ?
Ça partait pourtant bien, tout ça, et puis, c’est parti dans le grand n’importe quoi. Voilà ce qu’on pourrait, malheureusement, retenir de la déclaration de Gabriel
Attal, ce lundi 25 mars, depuis le poste de commandement sécurité de la gare Saint-Lazare à Paris. Flanqué du préfet de police en uniforme et du gouverneur militaire de Paris en tenue de combat,
le Premier ministre devait passer un message clair aux Français : après l’attentat islamiste de Moscou, la France ne baisse pas la garde et est prête à toutes les éventualités. On n’en attend pas
moins de ceux qui nous gouvernent.
De mâles accents...
« La menace terroriste islamiste est réelle ; elle est forte. Je le dis, elle n’a jamais faibli… L’ennemi, je le dis, il a un nom, c’est le terrorisme islamiste. » Les propos du Premier
ministre sont clairs et nets. Il est loin, le temps où un François Hollande peinait à nommer les choses. Certes, on pourrait être plus précis dans l’emploi des mots et, d’ailleurs, c’est là, à
bien y réfléchir, que le bât blesse déjà : stricto
sensu, le terrorisme n’est pas un ennemi, c’est un mode d’action qui consiste à susciter la terreur dans la population pour imposer sa volonté avec des objectifs qui peuvent être politiques
ou religieux, voire les deux à la fois, pour ce qui concerne le terrorisme islamiste. Mais bon, on ne peut pas trop en demander à un Gabriel Attal qui n’a sans doute pas eu le temps de réfléchir
à tout ça, jeune home pressé qu'il est.
Stricto sensu, il faudrait dire que l’ennemi, c’est l’islamisme qui veut s’imposer à nous par le terrorisme. Mais passons. La suite de la déclaration de Gabriel Attal se poursuit sur de
mâles accents : «
Il s’immisce partout, l’islamisme. Nous baissons le regard, nous acceptons le "pas de vagues", nous laissons l’angélisme triompher. Alors, partout, nous ne devons pas laisser le moindre
millimètre au terrorisme islamiste… » En deux phrases, écrites sur un bout de papier, le Premier ministre glisse de l’islamisme au terrorisme islamiste. Comprendre qu’il y a bien un
continuum entre les deux phénomènes, que le second se nourrit du premier. On ne peut qu’approuver ce qui relève du factuel.
C'est quoi, ce charabia ?
Et puis, tout d’un coup, les propos du Premier ministre se gâtent.« Je
le redis ici, l’islamisme n’est pas une religion, ce n’est même pas une simple idéologie, c’est une spirale, un engrenage de la haine qui se nourrit de notre naïveté et qui veut tuer la
République. »Mais c'est quoi, ce charabia ? Bien sûr, que l’islamisme n’est pas une religion. Et alors, du coup, ça fait quoi, ça change quoi, ça apporte quoi, que de dire ça ? Mais
l’islamisme n’existerait pas s’il n’y avait pas d’islam. L’islamisme ne serait pas une idéologie : ah bon, c’est nouveau, ça ! Les islamistes ne veulent pas tuer la République dont ils se fichent
sans doute comme de leur premier kamis : ils veulent imposer la charia partout où ils s’immiscent, notamment en France, et encore plus notamment dans ces fameux «
territoires perdus de la République ». Nuance.
En fait, toute cette logorrhée relève d’un « en même temps » qui vise, justement, à éviter de faire des vagues là où vous savez et relève au mieux d’un certain
angélisme, au pire d’une certaine lâcheté, à moins que cela ne soit le contraire. Osons poser cette question : que craignent-ils le plus ? Un nouvel embrasement des banlieues ou les attentats
islamistes ? On n'ose imaginer le chaos possible si, d'aventure, la France devait envoyer des troupes en Ukraine. « Pourvu que l'arrière tienne bon », disait-on sur le front, pendant la Grande
Guerre...
« Le Président va rendre compte de la situation de manière pédagogique », rapportait la presse, ce jeudi matin. Les Français ne sont pas des enfants, mais bon… En tout cas, il était grand
temps qu’Emmanuel Macron s’adresse directement aux Français après ses saillies va-t-en-guerre des dernières semaines et après que le Parlement a débattu et s’est prononcé, cette semaine, sur
l’accord bilatéral de sécurité signé récemment entre la France et l’Ukraine. Grand temps, d’autant que les deux tiers (68 %) de nos compatriotes considèrent que le chef de l’État a eu tort de
prendre des positions ressenties comme bellicistes, selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting réalisé fin février pour Le
Figaro.
Des propos qui ont « créé
une forme de peur », soulignait un député Renaissance, selon La
Nouvelle République, qui ajoutait : « Il
faut rassurer, dire qu’on fait tout pour éviter la guerre, que la France use toujours de la voie diplomatique et qu’il ne faut jamais abandonner l’Ukraine. » Alors, ce jeudi soir,
interviewé par Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau, Emmanuel Macron a donc voulu faire de la pédagogie. Tout du moins au début de son interview. «
Vous êtes assis devant moi. Est-ce que vous êtes debout ? Non. Est-ce que vous excluez de vous lever, à la fin de votre interview ? À coup sûr vous n’allez pas l’exclure.
» Référence à ses récents propos selon lesquels il n’excluait pas d’envoyer des troupes au sol en Ukraine. La comparaison est un peu boiteuse, mais le Président semble content de sa
trouvaille. A-t-il rassuré les Français ? Sans doute pas. A-t-il convaincu que la France use toujours de la voie diplomatique ? Encore moins. Qu’il ne faut jamais abandonner l’Ukraine ? Oui, sur
ce point, le message a été clair.
Macron n’a pas rassuré.
Tout d’abord sur la situation tactique sur le terrain, là-bas, sur la ligne de front : « La
situation est difficile », reconnaît le Président. « Une
litote », lui répond Gilles Bouleau. Traduire : la situation tactique est mauvaise pour les Ukrainiens. Mais Macron va plus loin en rappelant que « la
guerre est sur le sol européen », que « ce
n’est pas une fiction loin de nous ». C’est une évidence que les Français savent mais ne veulent sans doute pas croire, il faut bien l'avouer. Et donc, Macron n’a pas voulu rassurer en
affirmant que c’est la sécurité de l’Europe, de la France et des Français qui se joue là-bas. «
Guerre existentielle pour la France et l’Europe », dit-il carrément. Sur l’envoi de soldats français en Ukraine, a-t-il rassuré ? Non plus. «
J’ai peut-être raison de ne pas être précis. » C’est la fameuse «
ambiguïté stratégique ». On n’en saura pas plus. Pourtant, Le
Monde révélait, ce 14 mars, que Macron, le 21 février dernier, dans un salon de l’Élysée, aurait déclaré «
d’un air dégagé » : «
De toute façon, dans l’année qui vient, je vais devoir envoyer des mecs à Odessa. » Propos que dément formellement le Palais, ce même 14 mars. Ambiguïté stratégique.
« Nous sommes prêts », assène-t-il...
Rassurer sur le fait que « les
choses bougent » en tentant de faire oublier le cinglant désaveu qu’il a reçu de la part des alliés après ses propos lors de la conférence de soutien à l’Ukraine, le 27 février
dernier. On verra cela après qu’il aura rencontré Scholz, ce 15 mars. Macron a voulu rassurer quant à nos capacités militaires. Nous avons un « modèle
d’armée complet », se plaît-il à rappeler. Un modèle que les esprits chagrins qualifient d’« échantillonnaire »... Et le chef des armées d'évoquer notre récent engagement au Sahel pour
prouver notre capacité opérationnelle. Bouleau a beau rétorquer que ce n'était pas tout à fait le même genre d’ennemi et de guerre que celle qui est menée en Ukraine, Macron balaie l’argument
d’un revers de manche. «
Nous sommes prêts », assène-t-il. La France produit moins de cent obus par jour, ce que consomment les Ukrainiens en quelques minutes ? On va chercher partout dans le monde des munitions et
accélérer les cadences. Tout ça coûte cher. 4,8 milliards ont déjà été donnés à l’Ukraine. 3 de plus sont prévus. Va-t-il falloir emprunter sur les marchés internationaux ? Ne pas l’exclure. Et
de rappeler ce que l’on a fait durant le Covid («
Quoiqu'il en coûte » ?) pour tenir le pays à flot. Donc, se préparer à ce que la France s’enfonce un peu plus dans la spirale infernale de l’endettement.
Et la diplomatie, dans tout ça ? « Je
suis disposé à mener les discussions », affirme Macron. Ce n’est sans doute pas lui qui les mènera, ces discussions, le jour où elles viendront... « Mais
en face quand on ne dit pas la vérité… », ajoute-t-il. En clair, le temps où la France se positionnait comme une grande nation diplomatique est révolu.
[EDITO] Droit du sol, un pilier fondamental de notre République : Vraiment ?
Le fameux droit du sol est une de ces vaches sacrées de notre République. Il serait donc, par définition, intouchable. « Un
des piliers fondamentaux de notre République », déclare le député LFI des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard, vent debout, comme toute la gauche, par les
propos de Gérald Darmanin qui veut modifier l’application de ce droit à Mayotte en passant par une révision constitutionnelle.
Droit du sol : un droit fondamental ?
Droit fondamental, vraiment ? En 1993, le Conseil constitutionnel avait été saisi par des députés de gauche (socialistes et communistes) concernant une réforme
(déjà !) du Code de la nationalité. Ces parlementaires estimaient notamment que le projet de loi porté par la majorité de droite (on était sous Édouard Balladur)
méconnaissait « un
principe fondamental reconnu par les lois de la République ». Déjà ! Voici
la réponse du Conseil constitutionnel à l’époque : « Le
législateur a posé en 1851 et réaffirmé à plusieurs reprises en 1874, 1889 et 1927 la règle selon laquelle est français tout individu né en France d’un étranger qui lui-même y est né, il n’a
conféré un caractère absolu à cette règle qu’en 1889 pour répondre notamment aux exigences de la conscription… » De quoi relativiser les embardées lyriques de la gauche sur ce
sujet. Ce droit du sol n’est donc pas un droit fondamental. Mais en appeler aux grands principes, aux fameuses « valeurs » de la République, s’appuyer sur ces supposés « piliers
fondamentaux » est un grand classique à gauche pour mobiliser ses troupes et tenter de faire rentrer la « bête immonde » dans sa tanière.
Plus d'immigration pour lutter contre l'immigration...
Les habitants de Mayotte n’en peuvent plus de la submersion migratoire ? Manuel Bompard, comme toute la gauche, a la solution : «
Je crois que pour résoudre les problèmes de Mayotte, on n’a pas besoin de moins de République, on a besoin de plus de République et donc certainement pas le fait d’entamer le droit du
sol… » C’est quoi, « plus
de République » ? Investissement dans les services publics, nous dit l'insoumis. Sans doute. Renégociation avec les Comores ? Très bien, mais si les Comores ne veulent pas renégocier,
on fait quoi, on envoie la canonnière ? Et puis, « plus de République » - nous y voilà -, c’est aussi, pour Bompard, accueillir une partie des mineurs étrangers présents sur l’île dans
l’Hexagone. En fait, à l’écouter, on n’a pas besoin de plus de République mais de plus d’immigration. On n’y avait pas pensé.
Autre étendard brandi à gauche après la déclaration de Darmanin : l’indivisibilité de la République. Elle est menacée, estime l’historien de gauche Patrick Weil,
spécialiste des questions d’immigration et de citoyenneté et directeur de recherche au CNRS et, accessoirement, ancien membre du PS. On répondra que dans son Histoire, la République a montré à de
nombreuses occasions qu’elle n’était pas si indivisible que ça. Ainsi, durant la période coloniale en Algérie, la République ne semblait pas trop inquiète pour son indivisibilité lorsqu’elle
accordait des droits différents aux Européens et aux indigènes musulmans. Encore moins lorsqu’elle accorda l’indépendance à l’Algérie, constituée de départements français…
Pour la gauche, l'occasion de repartir en guerre
Mais on l’aura compris, les propos de Darmanin sont pour la gauche l’occasion de repartir en guerre, moins de deux mois après la bataille sur la loi Immigration.
Une guerre de postures plus que de positions. Tout était d’ailleurs écrit et la bataille s’est terminée en jus de boudin grâce aux charcutiers du Conseil constitutionnel. Darmanin, qui parle vite
et beaucoup, a donc évoqué une révision de la Constitution pour revenir sur le droit du sol à Mayotte. La démarche prospérera-t-elle ? Il faut l’espérer pour les habitants de Mayotte. Là où la
gauche a raison, c’est que cette remise en cause du droit du sol dans un département ne peut qu’amener à une réflexion plus large, c’est-à-dire pour l’ensemble du territoire de la République,
dans un contexte de non-maîtrise de l’immigration. Mais, entre nous, il ne faut pas trop compter sur Darmanin.
Quoique ! Le 15 mars 2018, celui qui était alors ministre de l’Action et des Comptes publics était
face à Jean-Marie Le Pen. Vient la question de Mayotte. Le Menhir dénonce une situation déjà catastrophique à l'époque. Mais cela ne fait que dix mois que nous sommes aux affaires, lui répond
Darmanin. Aujourd’hui, cela fait bientôt sept ans qu’ils y sont… Et pas question, à l’époque, de revenir sur le droit du sol, rétorquait-il à Le Pen : « Il
n’y a pas deux catégories de territoires », déclarait un Darmanin, très républicain. Si, quand même un peu, non, avec ces tristement célèbres « territoires perdus de la République
»...
Discours de politique générale de Gabriel Attal
: Vous n’avez rien raté
Ça y est, c’est fait. Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale : cette espèce de grand oral, de figure imposée de notre Ve République
qui en a vu d’autres en soixante-cinq ans. Ce matin, en milieu de matinée, l’auteur de ces lignes faisait une petite halte au bistrot du village. Des retraités attendaient sagement l’heure de
l’apéro, un plombier faisait une pause avant de retourner sur le chantier ou se prendre la tête avec la paperasse qui s’entasse sur le coin du bureau. Une question traverse alors l’esprit de
celui qui va devoir, dans quelques heures, se coltiner le discours du Premier ministre pour préparer cet édito : combien de ces braves gens attendent vraiment quelque chose de cet exercice ? Sans
vouloir être irrespectueux envers le Premier ministre, sans doute pas grand monde. Un retraité ou deux, peut-être, qui, dans l’après-midi, hésitent entre une crapette au club des anciens ou une
séance de sieste devant La
Chaîne parlementaire. On ne vous fera pas ici le catalogue des annonces faites par le chef de gouvernement, ce serait trop fastidieux. On retiendra simplement quelques punchlines,
comme on dit aujourd’hui dans cet univers de la com’ qu’est devenu le monde politique.
« Désmicardiser » la France
D’abord, Gabriel Attal veut « désmicardiser
» la France. Très bien. La formule restera peut-être, mais comment ne pas voir là le constat d’échec des politiques conduites depuis des décennies en France, et notamment par Emmanuel
Macron depuis bientôt sept ans. La France se prolétarise. Alors, Gabriel Attal veut «
faire en sorte que ceux qui vont travailler puissent vivre de leur travail ». Fort bien. C’est un peu le principe du travail, « à la base », non ? La semaine dernière, Marie Delarue évoquait le « grand déclassement » des classes moyennes. Ce déclassement est une réalité dont les classes moyennes ont pleinement conscience, puisqu’elles sont
majoritairement convaincues que leurs enfants vivront moins bien qu’elles. Mais il n’y a pas que le salaire qui smicardise la France. Aller travailler, cela veut dire se déplacer, souvent loin de
chez soi, donc des frais de route, des taxes, etc. Travailler est une chose, mais il faut aussi se loger. L’accroissement des normes, notamment environnementales, aggrave la crise immobilière et
se loger décemment va devenir un luxe. Alors, Attal veut créer «
un choc d’offre » pour «
déverrouiller » le secteur du logement. Cela passera, notamment, par la simplification des normes (la révision des diagnostics de performance énergétique). À suivre.
Mais c’est sur la crise agricole qu’on attendait Gabriel Attal. Une belle déclaration d’amour pour « nos
agriculteurs, nos pêcheurs, qui travaillent matin, midi et soir pour nous nourrir », notre agriculture qui « est
notre force et notre fierté aussi ». Ce n’est pas du Sully, mais c’est pas mal. Mais nos pêcheurs et agriculteurs resteront sans doute sur leur faim pour les preuves d’amour. La
suppression de dix normes françaises suffira-t-elle ? Car Gabriel Attal sait très bien que la solution n’est qu’en partie en France, que les leviers sont à Bruxelles. Alors, certes, c’est beau
d’entendre un Premier ministre déclarer : «
Je le dis ici solennellement, il doit y avoir une exception agricole française. » On connaissait l’exception culturelle française, jolie façon de dire « préférence nationale » ; on
aura donc l’exception agricole française. Comment traduit-on ça en langage technocratique de Bruxelles ? On demande à voir ce qu'Emmanuel Macron obtiendra...
L'identité, maintenant
Pour finir, on saluera le clin d’œil appuyé à droite de Gabriel Attal : « Dans
un monde où tout s'accélère et se transforme, je refuse que notre identité puisse se diluer ou se dissoudre. » On applaudit. Mais l’identité de la France (si c'est bien de celle-ci
qu'il a voulu parler), c’est quoi, au juste, pour Gabriel Attal ? Après la dévitalisation d’une loi Immigration qui n’était pourtant pas bien méchante, dévitalisation dont se réjouissent Emmanuel
Macron et son gouvernement, que compte faire le Premier ministre pour que cette identité ne se dilue pas dans le grand tout ? Quand on voit que dans le même discours, il a annoncé qu’il compte
traiter la question de l’AME par voie réglementaire, donc en contournant le Parlement, on comprend qu’on n’est peut-être pas à la hauteur des enjeux et qu'on va continuer comme avant.
En attendant, les retraités sont retournés à la crapette ou sont passés sur une autre chaîne. Demain matin, le plombier râlera toujours autant au coin du
zinc.
[EDITO] Gabriel Attal : Taper sur le cul des vaches suffira-t-il ?
La semaine qui vient s’annonce cruciale pour Gabriel Attal. Vous me direz qu’au rythme où vont les choses, des semaines
cruciales, il y en a pratiquement tous les jours ! Mais quand même. On saura très vite si le fringant et nouveau chef de gouvernement est un laboureur de fond ou un simple butineur. En effet,
mardi, il prononcera son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale. Trois semaines après sa nomination à Matignon. Autrement dit, une éternité… au rythme où vont les choses !
Entre-temps, Emmanuel Macron lui a coupé l’herbe sous le pied avec sa conférence de presse du 16 janvier et les agriculteurs ont déversé des tonnes de lisier devant les grilles des préfectures.
Sans parler d’une loi Immigration effeuillée ou - si vous préférez être moins bucolique et plus charcuterie - désossée par les « sages » du Conseil constitutionnel.
Gabriel Attal face aux « injonctions contradictoires »
Certes, vendredi dernier, Gabriel Attal a fait fort. En tout cas, a
minima, sous l’angle de la com’. Frédéric
Sirgant a démontré toutes les limites de ce bel exercice champêtre. Et la menace d’un « siège » de la capitale, ce lundi 29 janvier, par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs confirme ces
limites. La preuve : ce dimanche, Gabriel Attal a dû se rendre, une fois de plus, sur le terrain, cette fois-ci en Touraine, pour faire de nouvelles annonces. Il envisagerait des
mesures «
supplémentaires » au niveau national et européen pour protéger nos agriculteurs de la concurrence déloyale. Nous y voilà. «
Je veux qu'on clarifie les choses et qu'on voie les mesures que l'on peut prendre, supplémentaires, sur ces histoires de concurrence déloyale », a-t-il déclaré. Les choses étaient pourtant
claires depuis longtemps, semble-t-il. Des années, en effet, que les agriculteurs se plaignent de cette concurrence déloyale. Le Premier ministre, ce dimanche, a évoqué «
les injonctions contradictoires », ajoutant : «
On ne sait plus où on va. » On lui répondra que si, on sait où on va. Au rythme où vont les choses, dans le mur. Mais comment ne pas s’étonner, s’indigner même, justement, de
ces «
injonctions contradictoires ». Un exemple très concret : les accords de libre-échange entre l’Union européenne et plusieurs pays, grands producteurs agricoles. C’est vrai – et Gabriel Attal
l’a rappelé aux agriculteurs -, la France, par la voix d’Emmanuel Macron, s’oppose à la signature de l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays d’Amérique latine du Mercosur
(Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay). Bientôt vingt-cinq ans que ce projet est en discussion ! En
décembre dernier, le président de la République, alors à Dubaï, avait déclaré : «
Je ne peux pas demander à nos agriculteurs et à nos industriels […] d’œuvrer
à la décarbonation de leurs activités et, dans le même temps, supprimer les droits de douane sur des biens qui ne respecteraient pas ces règles. » Très bien. Et, pratiquement dans le
même temps, plus exactement deux semaines avant cette déclaration, le Parlement européen votait à une très large majorité, comme le rappelait ici même Nicolas Gauthier, la ratification du traité de libre-échange entre l’Union et la Nouvelle-Zélande. Et, la semaine dernière, la commission du commerce
international au Parlement européen a approuvé l’accord de libre-échange avec le Chili. Il est vrai que le Chili ne fait pas partie du Mercosur. Il n’est que pays associé... Inutile de préciser
que les députés macronistes siégeant dans le groupe Renew Europe à Strasbourg ont voté des deux mains la ratification de ces accords. Comprenne qui pourra.
Comment Gabriel Attal se sortira-t-il des ronces de ces « injonctions contradictoires » ? Pas certain que taper sur le cul des vaches suffira. On se souvient de
François Hollande, en 2012 à Florange, huché sur un camion pour promettre, en pleine campagne présidentielle, de défendre l’acier français. Aujourd'hui, Attal est aussi en campagne (élections
européennes) et c’est devant une botte de paille qu’il a promis de sauver notre agriculture. La paille dont on fait les feux ou qui cache la poutre ?
Bien sûr, le Conseil constitutionnel ne fait pas de politique
Invitée, sur le plateau de CNews,
au lendemain de la
décision du Conseil constitutionnel sur la loi Immigration, Maud Bregeon, députée des Hauts-de-Seine, en bon petit soldat de la Macronie, affirme comme une vérité
indiscutable : « Le
Conseil constitutionnel ne fait pas de politique. » Il fait quoi, alors, du tricot ? Non, mais, à l’évidence, du détricotage.
Entre gouvernement et Conseil constitutionnel, il n'y a plus rien
Darmanin a beau fanfaronner en insistant, avec la finesse qu’on lui connaît, sur le fait que le texte qui ressort de la rue Montpensier est « l’intégralité
du texte du gouvernement », la loi votée par une majorité de députés (dont, faut-il le rappeler, l’écrasante majorité des députés de la majorité présidentielle) ressemble désormais plus à
une serpillière qu’à un gilet (on renvoie nos lecteurs au film Le
père Noël est une ordure…). Au passage, le ministre de l’Intérieur saisit-il toute l’incongruité de ses propos ? Que doit-on comprendre, en creux ? Que la représentation nationale compte
pour du beurre, qu’entre gouvernement et Conseil constitutionnel, il n’y a plus rien, du moins pas grand-chose. En effet, le gouvernement présente un texte au Parlement. L’Assemblée nationale
rejette le texte du gouvernement à la surprise générale, puis vote un texte largement modifié après un passage en commission mixte paritaire et, au final - pirouette, cacahuète -, c’est le texte
gouvernemental qui sort du chapeau. Ce n’est pas du détricotage, c’est de la prestidigitation. On dit chapeau, l’artiste !
Mais, on est bien d’accord, « le
Conseil constitutionnel ne fait pas de politique ». Sur les neuf membres de cette institution, on compte tout de même quatre anciens ministres, dont deux ex-Premiers, et un ancien sénateur.
On imagine qu’après plus de quarante ans de vie politique, sans pratiquement aucune interruption dans le cursus
honorum, un Laurent Fabius ou un Alain Juppé ont pu laisser, comme ça, du jour au lendemain, au vestiaire du Conseil constitutionnel, leurs oripeaux et cerveaux de politicien pour se draper
dans la toge impeccable du juge constitutionnel. Que l’homme de l’« identité heureuse », regrettant trente ans après ses propos au bon temps du RPR qui fleureraient bon aujourd’hui leurs relents
d’extrême droite, a fait abstraction de toute idéologie pour faire une lecture strictement juridique du texte de loi. Oui.
D’ailleurs, « qui
siège au Conseil constitutionnel ? », demande la députée macroniste Maud Bregeon. Réponse de la même députée : « Des
femmes et des hommes de grande qualité, qui viennent de la gauche, qui viennent de la droite. » C'est bien la preuve. «
On parle de Laurent Fabius, on pourrait parler d’Alain Juppé, qui jugent en droit », nous dit la dame. Pas de n'importe qui, hein ! Des personnes connues et reconnues. Incontestables. Qui
jugent en droit, peut-être, mais qui, sans doute, ne vont pas déjuger la politique qu’ils ont menée à tour de rôle en matière d’immigration pendant quarante ans. Donc, circulez, il n’y a rien à
voir.
Nous n’avons pas la prétention d’avoir la science de ces « juges », mais avouons tout de même notre étonnement. En effet, plus du tiers des articles ont été jugés
comme étant des « cavaliers législatifs », c'est-à-dire sans rapport avec la loi initiale. D'où censure. Or, ce même Conseil constitutionnel, l’an passé, lorsqu’il avait eu à se prononcer sur la
constitutionnalité de la loi sur la réforme des retraites, n’avait rien eu à redire sur le fait que pour porter cette réforme importante, le gouvernement avait utilisé une loi de financement
rectificative de la Sécurité sociale. Un véhicule législatif considéré à l’époque par certains spécialistes de droit constitutionnel comme plutôt... cavalier. Mais à part ça, «
le Conseil constitutionnel ne fait pas de politique ».
Conférence de presse de Macron : "On ne doit pas vivre dans le même pays"
On le savait déjà, mais c’est toujours bien d’avoir la confirmation : Emmanuel Macron est Premier ministre. Alors
que Gabriel Attal n’est pas encore monté à la tribune de l’Assemblée nationale pour prononcer son discours de politique générale, le président de la République lui a grillé la priorité en donnant
une conférence de presse-fleuve ce mardi 16 janvier. Une récidive : il avait fait à peu près le même coup à Édouard Philippe le 3 juillet 2017 en prononçant un discours devant le Parlement réuni
en congrès à Versailles, tout juste la veille du discours de politique générale du Premier ministre.
« D’où
nous venons, où nous allons », déclare-t-il pour introduire l’exercice. Allons droit au but, au bout de cette très longue conférence de presse, on ne le sait toujours pas. Durant plus
d’une demi-heure, le chef de l’État nous a d'abord délivré un discours liminaire censé nous tracer une perspective pour les trois ans qui viennent, une vision pour notre pays, comme on dit, un
truc qui fasse « Waouh », nous transporte au septième ciel. Mais non, au lieu de ça, nous avons eu droit à des préliminaires fastidieux emplis de détails laissant finalement peu d’espace au
discours de politique générale du Premier ministre.
Une conférence de presse, une tisane et au lit
Un mot, peut-être, sur l’heure choisie pour l’administration de ce pensum : 20 h15, c’est-à-dire l’heure du JT, une tisane et au lit. Evidemment, la cible visée
était celle de son électorat de prédilection, les séniors, ceux qui iront voter à coup sûr le 9 juin prochain. Du reste, lorsque est abordée plus tard, la question si centrale du Rassemblement
national par Benjamin Duhamel, que dit le Président, en gros (nous citons de mémoire) ? Le RN, c’est le contraire de l’Europe des vaccins, avec les populistes en Europe, nous n'aurions pas eu les
vaccins. Si vous voyez ce que je veux dire. Et puis, une conférence de presse à l’ancienne, avec les ministres en rangs d’oignons qui luttent pour ne pas s’endormir, ça rappelle le bon vieux
temps du Grand Charles quand est-ce qu’on étaient jeunes. D’ailleurs, le symbole de la République avec la Croix de Lorraine est ostensiblement projeté au-dessus de l’estrade présidentielle. Un
détail ? Pas tant que ça.
Macron, ministre de l'Education nationale
Emmanuel Macron est Premier ministre, mais il est aussi ministre de l’Éducation nationale. Un long passage sur ce sujet. On ne peut que s’en réjouir après les
zigzags qui nous ont baladés de Blanquer à Attal en passant par Ndiaye. Il est vrai que les ministres ne comptent pas beaucoup pour Macron. La preuve, lorsque interrogé plus loin sur la valse des
ministres de la Santé (six ministres en six ans, sans compter l’intérimaire Le Bodo), il aura cette réponse magique : « Les
ministres, c’est la vie politique ! »
L’éducation, donc. Macron veut « un
choc des savoirs ». Très bien. « On
va revoir tout ça ». On dirait qu’il est arrivé à l’Élysée avant-hier. « Une
instruction civique refondée ». Refondée, c’est-à-dire ? L’idée : « faire
des républicains ». Elle ne lui a pas dit, Brigitte, que le verbe « faire » n’est pas joli et qu’on enseignait autrefois aux écoliers de toujours chercher à remplacer ce verbe par
un autre plus riche ? Et puis, il entre, non pas dans les détails, puisqu’il laisse ça à son gouvernement, mais quand même, il nous donne presque le programme : désormais, le théâtre sera un
« passage
obligé » à l’école. Là, tout de suite, on comprend à quoi sert Brigitte à l’Élysée. Un petit coup de focus sur l’uniforme : d’abord, on ne dit pas « uniforme » mais « tenue
unique ». Ensuite, on testera mais avec les établissement volontaires. Pourquoi pas.
Un grand moment de cette longue introduction aura tout de même été le couplet sur la natalité. Là, on se dit, avec le soi-disant virage à droite, qu’il va nous
parler de familles nombreuses, d’allocations familiales, de bonification de points de retraite, de quotient familial, que sais-je. Vous rigolez, faudrait surtout pas que les féministes crient au
retour de Pétain ! Non, on va lutter contre l’infertilité. Cela est sans doute juste et bon mais avouons que c’est un peu court pour freiner notre dégringolade démographique. Manquait seulement
un couplet sur le danger des jeans trop serrés. Tiens, au fait, puisqu’on y est : interrogé sur la question du passage de la franchise médicale de 50 centimes à 1 euro, Macron justifie cette
mesure sur la nécessité de responsabiliser les assurés sociaux. Très bien. Le même qui, l'an passé, annonçait solennellement la gratuité des préservatifs pour les moins de 18 ans. Responsabiliser
qu'il disait…
Les émeutes ? Ces petits s'ennuyaient
Là où on a bien compris qu’on ne devait pas habiter le même pays, c’est lorsque prit fin ce propos liminaire. Pas un mot sur l’immigration. Si, très indirectement :
« Mieux
contrôler nos frontières ». D'accord. L’insécurité qui explose ? Rien. Le communautarisme, le séparatisme, comme il dit : rien. Si, lorsque le journaliste du Figaro Louis
Hausalter aborda la question des émeutes de l’été dernier. Une conséquence de l'immigration ? Pas du tout. Tout juste, concède-t-il un léger problème d'intégration. D'ailleurs, la plupart des
émeutiers étaient de nationalité française. Darmanin a bien fait son rapport. Non, le problème, c’est l’oisiveté. Ces gamins auraient eu école, on n’aurait pas eu ces émeutes. « Ils
s’ennuyaient », nous explique-t-il. Et les réseaux sociaux, bien sûr. « La
télé ! », disait Madame Mado dans Les
Tontons flingueurs. On va s’arrêter là, la coupe et pleine et il se fait tard !
2023 : L’année du garçon de bain ou du petit
baigneur?
Entre Noël et jour de l’An, c’est l’heure du bilan et, comme souvent, c’est la dernière impression qui compte. Et il faut avouer que les propos d’Emmanuel
Macron sur le plateau d'Élisabeth Lemoine, au lendemain du vote de la loi Immigration, donne le la de
cette année 2023. « Une
manœuvre de garçon de bain » : c’est ainsi qu’est qualifié, par le garant de nos institutions, le vote du Rassemblement national pour le projet de loi Immigration, que du reste le
gouvernement aurait très bien pu retirer de l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Faut avouer que c’était drôlement gonflé, comme un Zodiac™ prêt à prendre la mer, de la part de celui qui
fait du cabotage, depuis qu’il en a été réduit à abandonner le paquebot confortable de la majorité absolue pour le frêle esquif d’une majorité relative, soumise aux vents contraires et obligée
d’aller de Charybde en Scylla (nous renvoyons nos chers lecteurs à nos non moins chères pages roses du dictionnaire).
2023, l'année des émeutes
En 2016, lorsqu’enfin Emmanuel Macron vint, on nous avait promis une sorte de nouveau Grand Timonier qui allait conduire notre pays vers de nouveaux horizons dont
on n’avait même pas idée. Le capitaine au long cour s’avéra, finalement, comme une sorte de marin d’eau douce, cabotant et cabotinant, cahin-caha, au gré des vents. En 2023, il (lui, le
Président) nous avait promis une sorte de nouvel élan, après le vote aux forceps de la loi
sur la réforme des retraites. Il
se donna cent jours. Mais qui avait donc pu lui souffler cette idée à la coque de noix ? Les Cent Jours… Franchement ! On est consterné par tant d’inculture historique. En guise de nouvel
horizon, 2023 aura finalement été l’année des émeutes
qui enflammèrent le pays : pas seulement les « quartiers », les « cités », mais aussi des petites villes de notre France péri-urbaine dont « tout le monde » (celui qui vit à l’intérieur
du périphérique) se fiche comme de son dernier costume slim. 2023 aura donc été l’année où, parce qu’un petit voyou avait fait un refus d’obtempérer et avait été abattu par un policier dans des
circonstances qu’il reste à définir, des mairies, des écoles, des bibliothèques auront été saccagées, vandalisées, brûlées. Tournez ça comme vous voulez, c’est la France de Macron !
Mais un clou chassant l’autre, on passa vite à autre chose. Jusqu’à la prochaine fois. C’est le principe même du cabotage. Notre petit baigneur nous promit alors,
au cœur de l’été, une «
initiative politique d’ampleur ». On allait voir ce qu’on allait voir à la rentrée. En attendant, salut les filles et bonnes vacances ! Ce furent les Rencontres de Saint-Denis. Une sorte de
conclave organisé à la fin de l’été, à l’ombre de la nécropole de nos rois qui firent la France, auquel étaient invités les chefs des partis représentés au Parlement. Si l’on devait retenir un
seul fait saillant de cette machine à fabriquer du temps perdu, c’est incontestablement l’émergence de Jordan Bardella, s’imposant comme un interlocuteur crédible et incontournable face à un
Président baratineur et pagayant à contre-courant. Impression
confirmée par le renouvellement de ces rencontres en novembre, auxquelles les LR décidèrent de ne pas se joindre, ces mêmes LR avec qui, quelques semaines plus tard, le Premier ministre
devait discuter en boucle courte lors du vote de la loi Immigration. « Va comprendre, Charles ! », comme disait le regretté André Pousse au non
moins regretté Guy Marchand.
Loi Immigration : brasse coulée ?
Et puis, vint le 7 octobre. Un conflit séculaire, se déroulant loin de chez nous, vint percuter de plein fouet la barcasse macronienne. Toutes ses paroles comme ses
« initiatives » firent « flop » : sa proposition de coalition internationale contre le Hamas, son idée de conférence humanitaire pour Gaza, comme sa tournée proche-orientale. Jamais la sentence
de Francis Blanche dans Les
Tontons flingueurs ne se sera autant appliquée à notre capitaine : «
C’est curieux, chez les marins, ce besoin de faire des phrases. » On en rigolerait s’il ne s’agissait de la France. Un conflit qui s’invita dans notre France largement islamisée : le
terrible assassinat
d’un professeur, Dominique Bernard, par un islamiste qui a toute sa place dans notre pays, si l’on en croit les bonnes âmes qui s’opposeront, bec et ongles, quelques semaines plus tard, à la
loi Immigration. Et puis, enfin, cette loi vint. Le petit baigneur envoya alors au plongeoir son surveillant de baignade en chef, Gérald Darmanin, coiffé de son petit bonnet réversible
(«
gentil pour les gentils, méchant pour les méchants »). Un
plat magistral, appelé « motion de rejet », une nage à l’indienne ou en crabe quelque peu approximative et laborieuse à l'occasion du vote après le passage en commission mixte paritaire.
Brasse coulée pour une Macronie déboussolée ? Les garçons de bain se posent encore la question dans les vestiaires. En attendant 2024, année olympique...
« Pour
ce qui est du jour ou de l’heure, personne ne le sait ». Cette phrase tirée de l’Evangile s’applique malheureusement aux attentats islamistes qui frappent notre pays depuis des années
et des années. Et l’on pourrait ajouter, « pour ce qui est du lieu, personne ne le sait non plus ». Qui aurait imaginé en effet qu’une commune comme Trèbes, moins de cinq mille habitants, comme
il y en a des milliers en France, serait le théâtre du drame que l’on sait en 2018 ? Les attentats, jadis, c’était à Paris, pas dans la France périphérique. On sait que cela peut aussi frapper
n’importe où, et donc, encore et toujours, à Paris, comme dimanche au pont de Bir-Hakeim. Et n’importe quand.
Et cet attentat, pour Gérald Darmanin, tombe plus mal que jamais. Qu’on ne se méprenne pas sur nos propos : nous ne voulons pas dire que parfois cela peut bien
tomber comme l'insinua en 2021 Jean-Luc Mélenchon, évoquant
les attentats de Toulouse à quelques jours de l’élection présidentielle de 2012. Mais il faut bien reconnaître qu’à quelques mois des Jeux olympiques alors qu’on s’interroge sur cette
« folie »
que serait la cérémonie d’ouverture, si l’on en croit l’avocat Thibault
de Montbrial, invité de BV, il y a deux semaines, on est en droit de se poser quelques questions. Le déploiement de milliers de policiers, gendarmes, militaires, les restrictions de
déplacements à
coups de QR codes, suffiront-ils face à l’action, ne serait-ce que d’un fou, puisque maintenant il est convenu que nous avons affaire à des psychopathes et que ce serait un peu la
faute aux psychiatres, pour faire court, s’il y a des attentats ?
Une loi Immigration détricotée, souligne le RN
Mais cet attentat tombe d'autant plus mal que s’ouvre le débat à l’Assemblée nationale sur une xième loi sur l’immigration. Mais que dites-vous donc là ? Le
terrorisme islamiste n’a rien à voir avec l’immigration, clame la gauche, depuis toujours, certes de moins en moins fort. Un peu quand même, non ? La preuve en est : Darmanin lui-même qui déclare
que « si
nous avons moins de délinquants étrangers à suivre sur notre territoire, nous pourrons concentrer nos efforts ailleurs ». Darmanin ventriloque de Marine Le Pen qui s’époumone depuis des
années à le dire et répéter… Comme quoi, ça doit finir par infuser. Darmanin, qui aurait pu vendre des cravates vertes à rayures mauves sur les marchés, si la politique ne l’avait pas biberonné
jeune, est passé maître dans l’art de nous faire prendre des vessies pour des lanternes : « Je
veux dire l’importance de voter la loi immigration. Il y a une responsabilité immense de ceux qui, s’ils votaient contre pour empêcher son adoption, nous empêcheraient d’expulser des délinquants
étrangers radicalisés ou de droit commun ». Alors que, comme
l’expliquait au micro de BV, samedi dernier, la députée RN Edwige Diaz, le projet de loi durci au Sénat a été détricoté en commission des Lois à l’Assemblée. Le RN votera contre, on le
sait.
Les LR à l'offensive. Jusqu'où ?
Reste le cas des LR. Et c’est sur eux que Darmanin met la pression en leur faisant le chantage du procès en irresponsabilité. La honte pour un parti labellisé «
parti de gouvernement » ! Des LR qui ont compris que la meilleure défense est l'attaque et qui vont poser deux actes forts à l’occasion de leur niche parlementaire de ce jeudi 7 décembre : la
dénonciation de l’accord franco-algérien de 1968, comme
le préconisait ici même Xavier Driancourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, et la proposition d’une loi constitutionnelle qui permettrait d’en appeler au peuple par référendum sur la
question de l'immigration. Cela dit, le Rassemblement national ne dit pas autre chose depuis des mois. La gauche sera sans doute vent debout et la Macronie ratiocinera comme elle sait si bien
faire. Si ces deux propositions de loi ne prospèrent pas, les LR iront-ils jusqu’à faire chuter le gouvernement, lorsqu’il faudra en passer par le 49.3 pour faire adopter cette loi Immigration ?
Qu’on nous permette d’en douter. Un tout petit peu.
Quoiqu’il en soit, les Français ont bien compris le lien étroit entre immigration, islamisme et terrorisme islamiste et ce n’est sans doute pas à travers le vote
d’une loi à « caractère administratif », faite de mesurettes, qu’on créera les conditions d’un sursaut avant qu’il ne soit vraiment trop tard.
Crépol : Ils savaient
Ils savaient. Ils savent. Ils savent même très bien. Ils ? Les « celles et ceux » qui nous gouvernent. Qui nous gouvernent depuis plus de quarante ans, aux doux
accents de la social-démocratie ou de la démocratie libérale, interchangeables qu’ils et qu'elles sont. C’est la première réflexion qui nous vient à l’esprit, lorsqu’on lit ceci : «
Ils sont français, mais pas un seul n’a un nom à consonance française, confie, après coup, ce ministre, en soupirant. Vous
verrez ce que ça suscitera dans le pays… Cette affaire traumatise légitimement nos compatriotes. Il faut remettre des règles et de l’ordre, sinon le pays partira à vau-l’eau. » Cela
est tiré
du Figaro :
des propos rapportés par le journaliste Louis Haushalter. « Ils » ? Pour le coup, pas les « celles et ceux » qui nous gouvernent mais les suspects de la razzia meurtrière de Crépol. En marge du
Conseil des ministres, nous raconte le quotidien, le ministre de l’Intérieur montre cette liste à l’un de ses collègues qui aurait donc eu cette réaction. Une réaction qui dit tout, révèle tout,
résume tout.
Une réaction qui dit la réalité que l’on devine depuis des jours à travers les non-dits, les mal-dits, les trop-dits. Un procureur, aux ordres de la Chancellerie,
rappelons-le, obligé de préciser
que le principal suspect serait de nationalité française, né de mère française. Pourquoi, aujourd’hui, en France, est-il nécessaire d’apporter d’emblée cette précision ? Du reste, une
précision bien maladroite : et le père, du coup, de quelle nationalité est-il ? Des non-dits, mal-dits ou trop-dits qui en disent long. Parce que les Français savent très bien lire entre les
lignes : ils ont le décodeur. Si ces suspects avaient été des jeunes issus de la mouvance d’extrême droite, comme on dit, si l’un d’eux avait été le cousin issu de germain par alliance d’un
candidat FN en 1985 à une élection cantonale dans la Creuse, pas de doute qu’on ne se serait pas gêné pour nous révéler ce scoop avec, en sus, son prénom et, pourquoi pas, sa généalogie depuis
Louis XIV.
Une réaction qui révèle que le pouvoir sait et qu’il a peur. Qu’il a peur que la prédiction de Gérard Collomb se réalise. Ou, plutôt, que cela aille bien au-delà de
la prédiction. Jusqu’à maintenant, cette « France des territoires » n’a pas provoqué d’émeutes, n’a pas trouvé son Assa Traoré. Il y a bien eu les gilets jaunes, dont on
« fêtait », la semaine dernière, le cinquième anniversaire. Les gueux s’étaient levés contre le coût du carburant et cette dîme des temps modernes qui consiste à payer, à travers
des taxes, le droit d’aller travailler à une demi-heure, voire plus, de chez soi. Le sinistre Castaner avait réprimé tout ça comme il se devait et Macron avait terminé le travail à travers une
grande séance d’anesthésie collective baptisée « Grand débat national ». Mais cette France ne brûle pas de bagnoles, ne se victimise pas et rentre sagement chez elle après la marche blanche.
Jusqu’à quand ? C’est bien là, la grande peur du gouvernement : «
Vous verrez ce que ça suscitera dans le pays… », confesse ce ministre. Et puis, en juin prochain, il y a les élections européennes. Si vous voyez ce que je veux dire…
Une réaction qui résume tout. L’échec, le gâchis, le désastre, après des décennies de politiques de la ville, de plans ci, de plans ça, de lutte contre un racisme
plus ou moins fantasmé, de politique de l’excuse. Tout ça résumé dans la pitoyable intervention d’Élisabeth Borne, ancienne directrice de cabinet de Ségolène Royal, mercredi au Sénat, nous
resservant l’éternelle
rengaine que l’on connaît par cœur : « Ce
moment appelle à la retenue et à la décence. Utiliser ce drame pour jouer sur les peurs, c’est manquer de dignité et de respect pour les victimes. » L’idée, on l’a bien compris : tout
finit par se savoir et « cela » va donc se savoir. Alors, gagnons du temps. Glissons sur l’émotion du moment. Demain sera un autre jour et les Français, vous savez, ont la mémoire courte.
Regardez comment ils ont été « résilients » (le grand mot à la mode, depuis une décennie) face aux attentats islamistes. Alors, une « rixe » en marge d’un bal de village, vous pensez-bien…
Jusqu'à quand ?
Mais à quoi joue donc Emmanuel Macron ? La guerre fait rage entre Israël et le Hamas, les risques d’une régionalisation du conflit, voire d’une guerre mondiale,
ne sont pas à exclure, la menace de nouveaux actes terroristes islamistes sur notre territoire est au plus haut. Sur le front socio-économique, l’inflation fait des ravages chez les ménages
modestes qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts et continue d’essorer les classes moyennes. La vague Lampedusa va
bientôt irriguer nos villages, etc. Mais l’on apprend, un beau dimanche matin, que le président de la République a décidé de déposer en Conseil d’État un projet de loi pour
constitutionnaliser le droit à l’avortement. Il n’y avait donc rien de plus urgent ? Le monde peut s’effondrer, le chaos s’installer à tous les étages de notre société, mais vite, sans plus
attendre, car ça presse, constitutionnalisons ce qui est désormais considéré comme un droit fondamental.
Constitutionnalisons, on ne sait jamais...
C’est quoi, l’idée ? Il y a un risque que ce droit soit remis en cause ? Pas du tout, mais on ne sait jamais. Faute de pouvoir peser sur le cours des choses
dans le monde – on ne peut pas dire que la tournée moyen-orientale d'Emmanuel Macron ait été un triomphe romain -, le chef de l'État se raccroche aux branches du sociétal. Oui, mais on ne
badine pas avec les grands principes, les droits fondamentaux, d’autant – c’est bien connu – que la France est un phare pour l’humanité ! Quelques États américains, dont on a déjà oublié les
noms, remettent en cause ce droit à l’IVG, alors la France se doit de montrer l’exemple.
Pourtant, l’évidence crève les yeux : il n’y a aucune chance que ce droit soit remis en cause - on peut le déplorer ou pas, c'est ainsi - par une quelconque
majorité de circonstance. Mais on ne sait jamais… Tiens, justement, penchons-nous sur ce « on ne sait jamais ». Ça veut dire quoi, en fait ? Que les lois seraient gravées sur des tables de
marbre pour l’éternité, comme une sorte de Décalogue républicain ? Que le peuple français dans dix, trente, cinquante ans ou plus serait lié par des lois prises par les représentants de leurs
parents, grands-parents, arrière-grands-parents ? Et si dans dix, trente, cinquante ans ou plus - hypothèse d’école tout à fait théorique, étant donné l’évolution de notre société -, il
prenait l’envie au peuple français, par la voix de ses représentants, de remettre en cause cette loi ? Donc, dès aujourd’hui, mettons tout en place pour réduire ce risque au maximum. C’est ce
qu’on doit appeler l’État de droit, notion qui, au final, revient à dire que le peuple ne peut pas faire sa loi comme il le souhaite.
Constitution fourre-tout
Passons sur la transformation de notre Constitution en texte fourre-tout où l’on inscrit, désormais, des principes qui vont bien au-delà de ce que devrait être
une Constitution (pensons au principe de précaution inscrit dans la Charte de l'environnement, elle même intégrée dans la Constitution), c’est-à-dire un texte fondamental régissant
schématiquement le fonctionnement des grandes institutions de la République entre elles : pouvoir exécutif, pouvoir législatif, autorité judiciaire. Si ce projet de loi constitutionnelle va à
son terme (pardons pour l’expression plutôt mal appropriée), ce sera la vingt-cinquième modification de notre Constitution depuis son entrée en vigueur, il y a bientôt 65 ans. Autant dire
qu’on est loin du texte et sans doute de l’esprit du texte de 1958, rédigé par Michel Debré. Que dirait, d’ailleurs, ce dernier, grand défenseur de la natalité française, s’il voyait son «
bébé » ériger le droit à l’avortement en droit fondamental ?
Pas de référendum sur l'immigration mais...
Emmanuel Macron aura probablement sa réforme constitutionnelle. Les Présidents veulent tous la leur. Sauf Hollande qui n'en fit pas : c'est peut-être là son
œuvre majeure ! La Macronie votera comme un seul homme. La gauche aussi, à qui Macron veut sans doute faire un petit geste commercial alors que se profile une loi Immigration qui la hérisse.
La droite et l’extrême droite seront sans doute divisées mais, globalement, ça devrait passer crème avec les abstentions. Belle opération en perspective. On ne fera pas de référendum sur
l’immigration qui, pourtant, menace gravement, réellement, l’identité de la France, mais on réformera la Constitution pour se protéger d'un risque plus que chimérique. En 2022, 234.000
avortements ont été enregistrés en France. Un chiffre en augmentation, le plus haut depuis... 1990. Au fait, y a-t-il encore des gens pour croire qu’Emmanuel Macron est de droite ?
Énième rebondissement dans les affaires Fillon et Sarkozy ? Le Conseil constitutionnel a déclaré inconstitutionnel un article du Code de procédure pénale ayant
trait au régime des nullités de procédures. Cette décision fait suite au dépôt d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par les avocats des deux personnages, condamnés tous
deux en appel, l’un pour son affaire d’emplois fictifs, l’autre pour ce que la presse a baptisé « l’affaire Bismuth ». Suite à cette QPC, le Conseil constitutionnel a
donc rendu son jugement dans la séance du jeudi 28 septembre où siégeaient, notamment, Laurent Fabius (président), les anciens ministres Jacqueline Gourault et Jacques Mézard : pour être
objectif, pas vraiment des fillonistes ou des sarkozystes de la première heure, ni même de la dernière ! On ne vous détaillera pas les arguments juridiques avancés par les avocats de Fillon et de
Sarkozy, ni les attendus du jugement, mais, pour résumer, cet article d’une loi qui ne date pas de Napoléon mais du 15 juin 2000 méconnaît les droits fondamentaux de la défense. Il était temps de
s’en rendre compte ! En effet, l’article invalidé interdisait au prévenu d’invoquer devant le tribunal correctionnel, une fois l’instruction close, un vice de procédure constaté durant
l’instruction, vice de procédure qui pourrait conduire à l’annulation de ladite instruction. Et donc ?
Et donc, il se trouve que François Fillon et Nicolas Sarkozy estiment avoir eu connaissance d’éléments de nature à invoquer le vice de procédure, mais après la
clôture de l’instruction de leur dossier. Il s’agit, pour l’ancien Premier ministre, des déclarations de l’ancien procureur de la République financier, Éliane Houlette. Auditionnée le 10 juin
2020 à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête sur les obstacles à l’indépendance judiciaire, l’ancienne magistrate avait évoqué une « pression
très lourde » exercée par le parquet général au moment le plus chaud de l’affaire Fillon, c’est-à-dire en pleine campagne présidentielle. Des pressions, non pas pour orienter
l’enquête, mais pour faire remonter rapidement les informations. Nuance importante, certes, mais dans le contexte politique du moment, cela pouvait avoir son importance. De plus, l’ancienne
patronne du PNF avait carrément parlé de demandes d’«
un degré de précision ahurissante ». Ce souci du détail… Concernant Nicolas Sarkozy, le vice de procédure résiderait dans une enquête parallèle menée par le PNF dans « l’affaire des écoutes
».
Et donc, encore ? Bien évidemment, cette décision des sages n’annule pas les condamnations de Fillon et Sarkozy. L’avocat de l’ancien président de la
République, Me Spinosi, crie victoire : « Pour
Nicolas Sarkozy, c’est une grande victoire, un camouflet à la cour d’appel qui a appliqué une loi qui est anticonstitutionnelle. » Argument, il faut bien l’avouer, un peu spécieux.
Faudra-t-il, désormais, que les cours d’appel saisissent le Conseil constitutionnel avant d’appliquer une loi pour s’assurer de sa constitutionnalité ? On n’est pas sorti des ronces… Mettons cela
sur le coup de l’émotion ! En tout état de cause, après cette décision du Conseil constitutionnel, la Cour de cassation pourrait bien avoir à ordonner un nouveau procès pour François Fillon et
Nicolas Sarkozy qui, après tout, sont des justiciables comme les autres.
Quelle aurait été l’issue de l’élection présidentielle de 2017 s’il n’y avait pas eu cet empressement zélé de la Justice à s’emparer de l’affaire Fillon ? Le 13
septembre dernier, le successeur de Mme Houlette au PNF, Jean-François Bohnert, était reçu à la
matinale de RTL.
Interrogé, à la fin de l’interview, sur les enquêtes menées actuellement par le PNF autour du comité d’organisation des Jeux olympiques de 2024, notamment pour des soupçons de prise illégales
d’intérêts et de l’éventualité de gardes à vue durant les Jeux qui « feraient
mauvais genre », selon la journaliste, le magistrat, sur un ton bonhomme, a eu cette réponse : «
Notre objectif, c’est de permettre un déroulement serein d’une activité qui va être un événement planétaire, une fête universelle. Il ne nous appartient pas de venir déranger cet
ordre-là… »C’est vrai, ça, une élection présidentielle, ça peut se saboter, mais pas les Jeux olympiques…
Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 01/10/2023 à 15:38.
De bien belles images ce mercredi après-midi : Emmanuel Macron, accompagné de son épouse, accueillait le roi Charles et la reine Camilla. Enfin, après
le rendez-vous manqué du printemps dernier ! À l’heure où nous écrivons ces lignes, on doit s’affairer aux fourneaux à Versailles pour le dîner d’État. Rien à dire là-dessus : La France
doit être à la hauteur et, comme dans les grands concours, qui ne sont pas que de circonstances, tout compte : Du brushing des chevaux de la Garde en passant par celui de la « Première dame » aux
petits plats dans les grands. Au passage, on ne dira jamais assez tout ce que la République doit à la monarchie pour ne pas passer pour une souillon sur la scène internationale : Les culottes
blanches du régiment de la cavalerie de la Garde, la vaisselle, l’argenterie, les hauts plafonds dorés et toutes ces sortes de choses.
Tout compte, donc. Or, peu de personnes, à part quelques grincheux, n’ont relevé les fautes protocolaires d’Emmanuel Macron, qui se targue de parler à l’oreille des
rois comme le roi à celle de son cheval. Les fautes du Président mais aussi de sa dame. Que cette dernière ne fasse pas la révérence au roi, passons. Mmes Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy s’y
étaient pliées devant la reine Elisabeth. Mais le protocole n’oblige pas à cet exercice de gymnastique pas toujours évident pour tout le monde. Donc, rien à dire là-dessus. En revanche, que Mme
Emmanuel Macron, née Trogneux, claque la bise à la reine, même consort, comme à ses copines du Touquet ou du gouvernement, là, franchement, on se pince sans rire. Mais bon… On va dire que c’est
pour la bonne cause, histoire de mettre tous les atouts de notre côté dans le cadre du rapprochement entre nos deux nations. Mettons.
Le pompon revient tout de même à Emmanuel Macron himself.
Tout à son extase monarchique, le chef de l’État n’a pas hésité à poser sa républicaine main gauche sur le royal avant-bras droit du souverain, comme il le ferait après une remise de décoration,
un meeting politique ou un tour de table avec des représentants syndicaux. Ils lui ont dit, ceux du protocole, que cela ne se fait pas ? Cela ne se fait pas de toucher le roi. Il
vous tend la main, vous lui tendez la vôtre, sans lui écraser les doigts. Point barre. Sans doute, le côté décomplexé d’Emmanuel Macron : Je peux tout me permettre, je suis l’égal des grands de
ce monde. Mais le pompon du pompon, sans nul doute, aura été cette main passée dans le dos du roi à plusieurs reprises. Le roi a été élevé à Buckingham. Autrement dit, il est très poli. Des
décennies qu’il fait le job « à l’international ». Aucun risque, donc, qu’il ne provoque un incident diplomatique. Pas du genre à inviter Emmanuel Macron à aller monter le chauffage dans la
Galerie des Glaces.
Mais, dans un énième épisode de The
Crown, on pourrait imaginer ce dialogue after
the dinner in Versailles Palace, alors que la reine Camilla aura fait valdinguer ses escarpins à travers le salon de la suite royale et que Charles dénouera le nœud papillon de son smoking
(s’il le fait tout seul comme un grand). « Dites donc, ma chère Camilla, ils sont gentils comme tout ces Macron. Un peu petit bourgeois, Emmanuel et Brigitte, bras dessus, bras
dessous, pour nous accueillir, mais charmants quand même. Mais, entre nous, ça manque un peu d’éducation tout ça. N’est-il pas ? » Et la reine, enfilant sa nuisette en dentelle, de
répondre : « Oui, il est » (traduction libre et approximative).
Samedi, à Marseille, avec pape François, presque un copain, celui-là, ça promet…
...quand "on" est Président de la République Française, "on" ne se comporte pas comme cela...JMR
De Richelieu à Catherine Colonna : La diplomatie LGBT+ d’Emmanuel Macron
Un an après
avoir nommé un ambassadeur à la cause LGBT+, voici que le ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, vient d’annoncer la création d’un fonds de deux millions d’euros pour défendre
les droits des personnes LGBT+ dans le monde. Qui pourra désormais oser dire qu’il n’y a pas de cohérence dans la politique étrangère d’Emmanuel Macron ? Le reproche lui est souvent fait d’avoir
conforté comme jamais notre pays dans son rôle de remorque de la politique étrangère américaine dans le monde. Cet ajout sociétal au train diplomatique de la France va bien dans ce sens, les
États-Unis de Joe Biden n’étant pas en reste sur ce sujet.
Est-ce bien là que l’on attend la diplomatie française ?
Certes, il existe tout un tas de pays à travers le monde qui se moquent comme d’une guigne des droits des « personnes LGBT+ ». Prenons, par exemple et au hasard,
l’Arabie saoudite et le Qatar, avec qui la France entretient les meilleures relations du monde et dont les souverains sont reçus par Emmanuel Macron avec tous les honneurs dus à leur rang et à
leur portefeuille ainsi qu'avec force embrassades et accolades sur le parvis de l’Élysée. On ne peut pas dire que, dans ces pays, le miel et le lait coulent pour les homosexuels. Nos ambassadeurs
de Riyad et de Doha vont-ils puiser dans ce fonds pour soutenir «
celles et ceux qui défendent les droits des personnes LGBT+ au quotidien, parfois au péril de leurs vies », pour reprendre les mots du porte-parole du Quai d’Orsay ? On pose ça là.
Certes, il ne paraît pas incongru de se soucier des personnes LGBT+. Mais est-ce bien là que l’on attend la diplomatie française, si tant est qu'il y ait encore une
diplomatie française ?
« Les États n’ont pas d’amis, seulement des intérêts », disait de Gaulle, qui reprenait et assumait à travers cette boutade toute la tradition héritée de la monarchie. Une tradition qui
faisait que François Ier pouvait
s’entendre avec le Grand Turc ou le très catholique Louis XIII, sur les conseils du très catholique cardinal de Richelieu, avec les puissances protestantes, et ce, dans le but séculaire de
desserrer l’étau des très catholiques Habsbourg qui menaçaient la France. Du reste, cela n’empêchait pas la monarchie de combattre le protestantisme au sein du royaume. Pour parler le langage
d’aujourd’hui : pas d’idéologie, seulement du pragmatisme. Voire du cynisme. Talleyrand fut un maître en la matière.
La France inaudible
Aujourd’hui, il faut reconnaître que l’on peine à discerner la voix de la France dans le monde. Son siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU est
lorgné par nos chers amis d’outre-Rhin selon le fameux principe que ce
qui est à moi est à moi et ce qui est à toi est éventuellement à moi. Et si nous n’avions pas l’arme nucléaire, l’affaire serait peut-être déjà entendue. Il suffit de regarder ce qu’il se
passe en Afrique, où notre pays subit revers et humiliations à répétition, pour réaliser l’ampleur du recul de notre pays sur le plan diplomatique.
Comment, d’ailleurs, pourrait-il en être autrement, alors qu’Emmanuel Macron ne conçoit la souveraineté qu’à travers l’Union européenne ? La France n’étant plus
audible, pour ne pas dire plus crédible, il reste à notre pays la diplomatie des bonnes causes comme celle, donc, des droits LGBT+. Il y a des ONG qui font ça très bien. La France, une ONG+,
comme l’Église catholique dont le chef actuel, comme par hasard, s’entend si bien avec notre Président ? Si l’on voulait s’inspirer à l’envers de la devise de Fouquet, on pourrait se demander :
jusqu’où ne descendrons-nous pas ? Au fond, un Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères sous Mitterrand, était plus proche de Talleyrand que de Colonna. La chute aura été rapide.
...et "ON" s'étonnera que nos ambassadeurs soient expulsés, pris en otage.... sans aucun respect pour leur statut de représentants
de la France...! JMR...
De mieux en mieux : Une Américaine à la Concurrence de l’Union européenne !
Source : Bd. Voltaire - Le 12/07/2023.
« Donc, c’est une Américaine tout droit venue du département de la Justice américaine qui devient la chef de la Concurrence européenne, en pleine guerre économique avec Washington ? Et tout
le monde trouve ça normal ? » Tout le monde ? Sans doute pas ! Ce tweet a été lancé par Julien Aubert, ancien député LR
de Vaucluse et président de Oser la France. On attend avec impatience la réaction de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances de la région France au sein de l’Union européenne, et,
bien évidemment, d’Emmanuel Macron qui, on le sait, n'a qu’un mot à la bouche : « Souveraineté ». À condition qu’elle soit européenne, ça va sans dire.
On peut parier qu’on va nous fourguer que c’est une femme qui succède à un homme, le Belge Pierre Régibeau, en poste depuis 2019. Et que, donc, c’est très bien. Un
message fort adressé à toutes les femmes de l’Union européenne qui aspirent à plus d’égalité, de responsabilités, et qui travaillent dur, etc. Ursula von der Leyen fera ça très bien : dérouler
les éléments de langage avec la précision d’une belle mécanique de fabrication allemande.
Mettons que tout cela ne soit que ragots
Bien entendu, on va nous vendre le CV long comme le bras de cette dame, Mme Fiona Scott Morton, qui a travaillé pour l’administration de Barack Obama (elle aurait
bossé pour Trump que cela nous aurait étonnés !). Tiens, justement, parlons-en, de son CV. Pressentie depuis quelque temps, Mme Scott Morton a été pointée du doigt par plusieurs médias,
notamment Marianne qui
écrivait, à son sujet, le 27 juin dernier : «
Dans le passé, elle a conseillé plusieurs multinationales qui sont aujourd’hui dans le collimateur de l’institution [la Commission européenne].
» En outre, La
Lettre A notait, toujours fin juin, que cette «
économiste à Yale et ancienne fonctionnaire de la Justice conseille également deux des plus grosses entreprises du secteur – Amazon et Apple – alors qu’elles affrontent des enquêtes fédérales
anti-monopole ». Cela la fiche peut-être mal pour celle qui était présentée, sous Obama, comme la grande experte anti-trust. Par ailleurs, le magazine économique The
American Prospect révélait, en 2020, que cette dame avait omis de divulguer ses contrats de conseil auprès de Apple et Amazon et titrait : «
Fiona, Apple et Amazon : comment les grandes technologies paient pour gagner la bataille des idées. »
Mais mettons que tout cela ne soit que ragots, mauvaise interprétation, que sais-je encore. Est-ce bien là l’essentiel ? Non, finalement. Et l’on revient à la
question de Julien Aubert : «
Une Américaine devient chef de la Concurrence européenne… Et tout le monde trouve ça normal ? » Et c’est là que se révèle, à ceux qui avaient encore des illusions, la vraie nature de ce
qu’est l’Union européenne à travers ses institutions : un monstre froid et apatride. Sous couvert, on imagine, d’un primat à l’efficacité, à la compétence. Toutes choses, du reste, qui restent
largement à démontrer… Et l’on comprend mieux, alors, l’idéologie qui guide, au fond, la politique d’immigration de l’Union européenne. On manque de bras sur le continent européen pour faire
tourner la machine économique ? Qu'à cela ne tienne : importons de la main-d’œuvre d’Afrique. Bien sûr, essayons, « dans le respect de nos valeurs », tant bien que mal (plutôt mal, pour
l’instant), que cela se passe au mieux : « Dispatchons » les migrants à travers l’UE afin que chacun prenne sa part, évitons les drames en mer, diabolisons ces horribles racistes qui veulent
préserver l’identité de leur pays. Mais, surtout, ne perdons pas de vue l’objectif : faire tourner la machine.
Au sommet de la pyramide, pareil. Un.e Européenne ou un.e Américain.e, peu importe. Et puisque aujourd’hui une Américaine peut être à la tête de la Concurrence de
l’UE, demain, cette même UE viendra nous dire qu’il n’y a aucune raison que, par exemple, un haut fonctionnaire à Bercy soit obligatoirement de citoyenneté française. Et puis, on pourra pousser
le bouchon toujours plus loin, dans tous les secteurs, à tous les niveaux. Tiens, pourquoi pas celui des armées ? Paraît qu’on appelle ça le mercenariat… «
La France est notre patrie, l’Europe est notre avenir », disait Mitterrand, en 1989.
Avec de telles décisions, l’Europe n’est pas près de devenir notre patrie…
Pour les banlieues, on parle en milliards ; pour la ruralité, en millions…
C’était le 15 juin dernier. Autant dire avant. Avant les émeutes. Élisabeth Borne, en déplacement dans la Vienne où elle fut jadis préfète, assistée de pas moins de
trois ministres, venait présenter son plan France Ruralités. Tout ce beau monde, devant un parterre d’élus locaux (région, département, intercommunalités, communes) s’était même dépaysé à
Montmorillon, charmante petite ville du Poitou de 6.000 habitants. Un remake du sous-préfet aux champs.
Le Premier ministre se voulait presque bucolique. Jugez plutôt : « Quitter
les rives de la Vienne, longer la Gartempe [la transcription officielle du site gouvernemental mentionne la « Gare
Tempe »…] pour
atteindre Montmorillon, c'est comprendre un peu de l'âme des ruralités de la France. Ici, c'est l'histoire de notre pays qui résonne. Ici, on retrouve la beauté de notre patrimoine naturel, la
force de notre agriculture, et cet esprit de solidarité, de fraternité si propre à nos villages. » Cela aurait presque pu être beau si elle avait évoqué, par exemple, « nos
campagnes françaises » au lieu « des
ruralités de France ». Mais bon, on ne peut pas trop en demander à une technocrate pur sucre. Un petit effort et elle nous faisait le coup de la terre qui ne ment pas…
Mais la réalité de la ruralité n’est pas qu’idyllique. Le chef du gouvernement le reconnaissait lui-même : «
Aujourd'hui, bien trop souvent, nos compatriotes ont le sentiment que les services reculent, que la vie de tous les jours devient un défi. » On notera tout de même qu’elle évoque « le
sentiment ». On dirait qu’elle nous fait le même coup que pour l’insécurité...
D’où le plan France Ruralités. On ne va pas détailler ici ce
plan qui, selon un député ni RN, ni LR, ni socialiste, mais apparenté Horizons, le
député de Mayenne Yannick Favennec, représente certes « une
avancée intéressante » mais « manque
cruellement d’ambition pour lutter contre la désertification médicale », ou plutôt contre le « sentiment de désertification médicale », si l’on voulait rester dans le ton gouvernemental.
Nous avons fait le calcul : si on additionne les chiffres lâchés par Élisabeth Borne dans son ode aux ruralités, on compte 217 millions d’euros, sauf erreur de notre part. Sans parler du
déploiement des « 100 Médicobus », sans doute une adaptation à nos ruralités de la vieille médecine de brousse, pour les nostalgiques du temps des colonies. Une mesure phare dont le Premier
ministre semble d'ailleurs très fier. Pour les 22 millions de Français qui habitent les campagnes (chiffres donnés par le Premier ministre), n’est-ce pas trop ?
C’était donc le 15 juin. Il y a une éternité. Entre-temps, « les ruralités de France » ne se sont pas embrasées, même si, pour la première fois, notre
pays a connu des
scènes d’émeutes dans des petites villes où, de chez soi, la campagne est à quelques coups de pédale, quand on veut bien s’extraire de son canapé.
Mais quittons les rives de la Gartempe et remontons vite à Paris en faisant un petit crochet par les fameuses banlieues. On dit que les différents plans banlieues
enquillés depuis une trentaine d’années auraient coûté plusieurs
centaines de milliards d’euros pour le succès que l’on sait. Vous noterez que là, on parle en milliards. Chacun son échelle de valeur. On n’est pas chez les pousse-mégot. D’ailleurs, les
festivités de la semaine dernière auraient provoqué, au bas mot, un milliard de dégâts, selon l’ancien patron des patrons Geoffroy Roux de Bézieux. Et on ne compte pas les faux frais ! Du genre
frais de déplacements des policiers et gendarmes. Tant qu’à faire les choses, autant les faire en grand. On dit aussi que, cette fois-ci, il n’y aura pas de nouveau « plan banlieues
», si
l’on en croit l'hebdomadaire Marianne qui
rapporte que « dans
le camp d’Emmanuel Macron s’esquisse l’idée que la réponse aux émeutes ne saurait être économique, mais axée sur l’autorité et l’éducation ». On attend de voir…
On attend aussi de voir si la gare de Tempe va rouvrir…
[Émeutes] Petit tour (très incomplet) de cette France des terroirs qu’on aime
Où faut-il habiter, maintenant, pour être épargné par les « émeutes » ? Je veux dire habiter en France. Sans aller bien loin, tenez, par exemple, l’Italie, ce pays
auquel nos gouvernants voulaient donner de condescendantes leçons de démocratie lorsque Meloni accéda au pouvoir, l’Italie ne connaît pas ce genre de « phénomènes de société ». Il faudra qu’on se
demande un jour pourquoi. Donc, restons dans « l’Hexagone », pour reprendre une expression chère à Macron. Jusqu’à maintenant, lorsqu’on brûlait des voitures, caillassait des commissariats de
police ou jetait des boules de pétanque sur les pompiers, ça concernait - dans l’imaginaire du Français moyen qui passe plus de trois heures par jour devant son écran - les banlieues, les cités
périphériques des grandes villes. Mais pas lui. Ça, c’est fini.
Alphonse Allais voulait implanter les villes à la campagne. Avec l’émeute qui se répand comme un feu de paille, on y est presque. La
République du Centre rapportait, samedi matin, qu’un feu avait pris dans un champ, durant la nuit, à Pithiviers, ville du Loiret, d’origine gauloise, comptant aujourd’hui 12.000
habitants. Toujours selon La
République du Centre, « si
l'origine du feu reste pour l'heure inconnue, les riverains pensent aux jeunes qui ont brûlé, dans la nuit du mercredi au jeudi, des voitures dans le quartier ». On n’en sait pas
plus aujourd’hui. Dans la nuit de jeudi à vendredi, dans le centre-ville, des vitrines ont été fracassées et des boutiques pillées (la presse écrit « cambriolées
», ça doit faire moins émeute). Les riverains ont raconté qu’il s’agissait d’une bande d’une vingtaine d’individus cagoulés.
Faisons un bon de quelque 280 kilomètres, cap sud-est, pour nous rendre en Côte-d’Or, à Beaune, 22.000 habitants, « là
où les bons vins sont », comme on le chante dans la vieille chanson « Réveillez-vous Picards ». « Boulangerie
et station-service attaquées, véhicules brûlés, tirs de feu d’artifice contre le commissariat », titre Le
Bien public. Et d’évoquer aussi – c’est un classique, désormais - des « affrontements » entre « forces
de l’ordre et jeunes ». Comme on parlerait d’affrontements entre bandes rivales. Samedi matin, le préfet de Côte-d’Or est venu constater les dégâts. Espérons que les assureurs seront aussi
réactifs.
Passons notre chemin et poursuivons notre petit tour de cette France des terroirs qu’on aime tant en filant, 200 kilomètres plus au sud, à Belley, en évitant
sagement Lyon. Belley, dans l’Ain, ville de 9.000 habitants, capitale du Bugey et siège d’un très vieil évêché. Dans la nuit de jeudi à vendredi, pareil : nombreuses dégradations, rapporte Le
Progrès. Voitures incendiées, vitrines de commerces cassées, la terrasse d’un bar complètement détruite par une «
vingtaine de jeunes ». On poursuit, 150 kilomètres plus au sud : Annonay (Ardèche), 16.000 habitants. Annonay, pour qui connaît un peu son Histoire de France, c’est les papetiers Montgolfier
et leur montgolfière qui s’éleva dans le ciel de la cité du Vivarais, un beau jour de juin 1783. 240 ans plus tard, on y a brûlé un camion de l'agglomération qui sert à ramasser les encombrants
ainsi qu’une douzaine de voitures dans un parking souterrain, dont deux qui ont été lancées en direction des gendarmes et des sapeurs-pompiers. France
Bleu rapporte qu’ils étaient une «
trentaine de mineurs ». On voudrait ironiser, on ferait remarquer que la presse, dans les circonstances actuelles, repère plus vite les mineurs lorsqu’ils sont en bande que ne le font
les services sociaux des conseils départementaux pour détecter les mineurs lorsqu'ils sont isolés. Là aussi, passons.
Passons et cap sur le sud-ouest. Tenez, partons pour Pau, la ville du bon roi Henri et, accessoirement, de François Bayrou, donneur de leçons perpétuel et rescapé
du giscardisme. Pau n’est pas à proprement parler une petite bourgade (77.000 habitants), mais elle garde cette belle image de carte postale, nichée au pied des Pyrénées. Un bureau de police, un
collège et une médiathèque ont été endommagés, rapporte actubéarn.
Pas de gros dégâts, mais c’est une première fois à Pau, souligne France
Bleu. « Notre
responsabilité autant que possible est de maintenir la paix dans la rue et l’ordre qui fait que l’on peut vivre ensemble », a déclaré Bayrou. Dans bien des endroits en France, il ne
s’agit pas de la maintenir, la paix, mais de la rétablir !
Remontons plein nord en nous arrêtant dans le Tarn-et-Garonne, à Moissac. Moissac, 13.000 habitants, son fameux cloître de la fin du XIe siècle.
Dans la nuit de samedi à dimanche, ce sont quatre voitures de la police municipale qui ont été incendiées, nous dit La
Dépêche. À une heure de Moissac, Villeneuve-sur-Lot, moins de 23.000 habitants. «
Les zones rurales ne sont pas épargnées par les violences urbaines constatées partout en France », fait remarquer justement Le
Républicain Lot-et-Garonne. Au bout de deux nuits de violence, on comptabilise deux véhicules de la police municipale, un «
bâtiment public ciblé ».
Achevons ce tour de France très incomplet en Touraine. Même Amboise, ville de 13.000 habitants, délicieusement posée au bord de la Loire et surplombée par son
château, n’a pas été épargnée : la salle municipale Clément-Marot a été partiellement incendiée, dans la nuit de jeudi à vendredi, relate La
Nouvelle République. L’agglomération tourangelle a d’ailleurs été frappée par de nombreuses violences, au point que le préfet Latron, ancien officier, a arrêté un couvre-feu pour les mineurs
de 22 heures à 6 heures du matin, durant ce week-end.
3h28 : c’est l’heure à laquelle Emmanuel Macron aurait promulgué la loi portant réforme des retraites, rapporte
France Culture. Il aurait pu faire ça à minuit, l'heure du crime. Ça aurait pu être mal pris, on sait jamais. L’homme est insomniaque ou matinal ? Allez savoir. C’est bien connu : y a ceux
qui sont du matin et ceux qui sont du soir. Pour tout plein de choses dans la vie. Macron, on ne sait pas trop. 3h28 : la chose était donc pressante, comme une envie irrépressible. Maintenant, la
scène s'est-elle vraiment déroulée à 3h28 ? BFM
TV, de son côté, à la rescousse du noctambule de l'Élysée, semble dire que ce n'est pas si évident que ça. Mais qu'importe au fond ! On retiendra qu'il ne fallait pas que ça traîne.
En tout cas, à cette heure-là, sauf aux alentours des sorties de boîtes de nuit, « un
grand silence règne sur la terre », pour reprendre le poème d’un Père de l’Eglise. « Un
grand silence et une grande solitude », ajoutait-il pour évoquer la nuit de Pâques. 3h28 (ou 22h73, qu'importe !), on imagine qu’Emmanuel Macron, effectivement, devait être bien seul à
cette heure-là. Les têtes des gardes républicains devaient dodeliner sous les ors d’une République barricadée, casquée, comme vendredi devant le Conseil constitutionnel. 3h28, c’est presque
l’heure des « paumés
du petit matin » qui « ont
l’assurance des hommes dont on devine que le papa a eu de la chance », comme chantait Brel. Celle aussi du laitier et des éboueurs, chers à feu Giscard d’Estaing, et qui devront
désormais travailler deux ans de plus… Merci patron ! 3h28 : c'est peut-être l'heure à laquelle la ministre de la Culture Rima Abdul Malak faisait valdinguer ses escarpins à travers sa chambre
après avoir assisté à un concert de rap. Cette journée mémorable méritait bien de terminer sur un air de teuf.
Bien sûr, lorsqu’on est à la tête d’un pays comme la France, il n’y a pas de jour, il n’y a pas de nuit. Il n’y a pas d’heure pour les braves. 24
heures sur 24, sept jours sur sept et 365 sur 365. Non stop. Richelieu, insomniaque, perclus de douleurs, gouvernait la France à la lumière de sa chandelle en caressant
ses chats. Balzac composait La
Comédie humaine en engloutissant café sur café. Bon, Macron n’est ni Richelieu, ni Balzac, ça se saurait. Mais un peu quand même, vu de loin, non ? La preuve, sa main n’a pas tremblé,
comme celle du cardinal, et depuis six ans, il nous déroule une comédie qui prend le chemin d’une tragédie humaine.
On l’avait bien dit que ce
deuxième quinquennat serait « Open bar ». Dès 2021, nous le prédisions. Pour lui, pas pour les Français. On commençait à en douter depuis quelques temps mais nous voilà rassurés. Et
l’on a encore en mémoire les propos prophétiques et quasiment hallucinés de Marisol Touraine, ancienne ministre de Hollande, le jour de son investiture, le 8 mai 2022 : « Maintenant
tu as les mains
libres.
Tu peux faire tout ce que tu veux ». Vendredi soir, Elisabeth Borne, qui visiblement ne sert plus à grand-chose dans le dispositif, tweetait en bonne social-démocrate qu’elle est :
« Ce
soir, il n'y a ni vainqueur, ni vaincu ». Presque évangélique, la Babeth. Et patatras, Emmanuel l’Insomniaque – car c’est ainsi qu’il pourrait avoir acquis de dure lutte son surnom pour
la postérité - lui casse la baraque nuitamment.
Ne nous y trompons pas, dans cette comédie humaine, la réforme des retraites devient un épiphénomène, un prétexte, un détail de l’histoire, comme
disait l’autre. Certes, Macron peut légitimement ressentir la satisfaction du bon élève qui a tout fait comme lui ont dit de faire ses maîtres. Nous ne sommes pas dans sa tête, mais on peut
imaginer que, plus encore, il a dû ressentir, au moment où le cadran de l’horloge indiquait 3h28, alors que la tête des gardes républicains dodelinait, ce sentiment de toute puissance qu’au final
on ne ressent que très rarement dans une vie d'homme. Rien que pour ça, ça valait le coup, non ?
Dernière minute : Emmanuel macron s’adressera aux Français à la télévision ce lundi soir suite à la promulgation de la réforme des retraites. On
imagine à l'heure de Bonne nuit les petits.
Emmanuel Macron ne souhaite pas l’écrasement de la Russie. Merci pour elle !
L’avion doit avoir des effets spéciaux quelque peu euphorisants sur les grands de ce monde. La preuve par ceux bien connus du pape François lorsqu’il rentre à Rome
après une longue tournée. De même pour Emmanuel Macron, de retour de la conférence sur la sécurité qui s’est tenue à Munich, et qui vient de préciser sa vision sur l’issue de la guerre en Ukraine en se confiant à plusieurs médias (JDD, Le
Figaro et France
Inter). « Je
veux la défaite de la Russie et je veux que l’Ukraine puisse défendre sa position, mais je suis convaincu qu’à la fin, ça ne se conclura pas militairement. » Faudrait savoir.
Du « en même temps » pur jus. En effet, comment être convaincu que la diplomatie finira par l’emporter tout en souhaitant la défaite de la Russie ? N’est-ce pas,
d’ailleurs, s’interdire le rôle central de négociateur privilégié qui s’inscrirait dans la tradition gaullienne de la France ? Mais en s’alignant d’emblée sur les positions américaines,
otaniennes et « unioneuropéistes », Emmanuel Macron a depuis longtemps condamné notre pays, au mieux, à une place en tout bout de table des négociations et non au centre, lorsque ces négociations viendront,
au pire à en être exclu voire, au pire du pire, à servir de secrétaire à Mme von der Leyen. Les relations internationales répondant aussi à des ressorts psychologiques, il n’est pas certain que
cette nouvelle saillie aéronautique d’Emmanuel Macron soit très bien perçue par Poutine.
Ni, du reste, par Zelensky. En effet, le président de la République ajoute : « Je
ne pense pas, comme certains, qu’il faut défaire la Russie totalement, l’attaquer sur son sol. Ces observateurs veulent avant tout écraser la Russie. Cela n’a jamais été la position de la France
et cela ne le sera jamais. » On est rassuré. Mais au fait, qui sont ces « certains » ?
Seulement des « observateurs » ?
Il suffit de relire les déclarations récurrentes de Zelensky, poussant à la surenchère, c’est-à-dire à l’escalade des armes, c’est-à-dire à la victoire totale de son pays. Dernière en date, celle
de Munich : « Il
n’y a pas d’alternative à la victoire de l’Ukraine, pas d’alternative à l’Ukraine dans l’UE, pas d’alternative à l’Ukraine dans l’OTAN. ». Il ne dit pas « S’il vous plaît, puis-je adhérer à l’OTAN, puis-je entrer dans l’Union européenne ? »
Non, son discours est « Vous n’avez pas le choix ». Jadis, l’Union européenne était un club de pays bien élevés où, pour entrer, il fallait montrer patte blanche. Ça, visiblement, c’est fini.
Désormais, c'est : « On a tout, on veut le reste. » Zelensky fixe le cadre général de l’action : «
Pas d’alternative à la victoire », c’est-à-dire pas de négociations ? Et au fait, la victoire, est-ce jusqu’à la récupération de la Crimée ?
En tout cas, on retiendra des propos d’Emmanuel Macron qu’il ne souhaite pas l’écrasement de la Russie. Monsieur est trop bon ! Monsieur est-il sérieux, d’ailleurs ? Car si l’on peut douter que la Russie puisse
emporter cette guerre d’un autre âge, on peut, de la même manière, douter que les troupes ukrainiennes puissent entrer un jour dans Moscou ! Décidément, la voix de la France devient inaudible.
Pire : ridicule.
Bien triste automne, en effet. Lundi 24 octobre ont eu lieu les funérailles de la petite Lola à Lillers, dans le Pas-de-Calais. L'évêque d'Arras, Mgr Leborgne, qui
présidait la cérémonie dans la collégiale Saint-Omer archi-pleine, a évoqué le martyre de cette gamine de 12 ans : «
des circonstances insupportables », a-t-il déclaré. Insupportables, en effet.
Insupportables comme les statistiques de la délinquance et de la criminalité dans notre pays. Certes, on ne fait pas des statistiques à partir de quelques cas
tirés plus ou moins au hasard des « faits divers » relatés par la presse quotidienne régionale. Certes, tous les crimes et délits ne sont pas commis par des étrangers en situation irrégulière sur
notre territoire. Au passage, rappelons qu’en 2021, parmi les crimes et délits perpétrés en France (Métropole et outre-mer), on a compté 842 homicides (chiffres
du ministère de l’Intérieur). Cinquante-cinq de plus qu’en 2020, soit une hausse de près de 7 %, ce qui n’est tout de même pas rien. Moins de 1.000 homicides sur plus de 3,5 millions de
crimes et délits constatés, c’est peu, pourrait-on se dire. C’est en tout cas 842 homicides de trop. En revanche, 3,5 millions de délits et crimes constatés pour une population de près de 67
millions, ce n’est pas rien. Notons que dans la fiche synthèse éditée par le ministère de l’Intérieur, on se garde bien de préciser combien d’étrangers ont commis ces homicides.
En tout cas, ces macro-chiffres ne peuvent pas masquer une réalité que le calvaire de Lola a cruellement mise en lumière : des crimes pourraient être évités si
leurs auteurs, qui n’ont rien à faire chez nous, étaient chez eux. On aura beau philosopher sur l’universalité de la capacité de l’homme à commettre des horreurs, on ne pourra pas empêcher les
citoyens d’interpeller ceux qui ont pour premier devoir d’assurer leur sécurité derrière les remparts de la Cité : avez-vous vraiment tout fait pour limiter au maximum les risques que des
abominations soient commises sur notre territoire ?
Et l’on ne peut pas ne pas se poser la question en lisant les tweets publiés par l’Institut de la justice, le 24 octobre. Le premier tweet : « Ils
étaient tous soumis à des obligations de quitter le territoire français. Pourtant, cela ne les a pas empêchés de commettre des crimes et des délits. » Suit une dizaine de tweets
relatant des faits qui se sont déroulés en France à quelques semaines, voire quelques jours de distance.
Le 11 août, à Limoges, « un
clandestin algérien et délinquant multirécidiviste, visé par une OQTF, interpellé pour vol et libéré » (sources Valeurs
actuelles). Le 11 septembre à Paris, « une
jeune femme violée dans sa voiture par un sans-papiers tchadien » (sources CNews, qui précise que l’individu était sous le coup d’une OQTF depuis 2016). Le 7 octobre, « au
tribunal de Brest, un homme de 35 ans a écopé de dix-huit mois de prison ferme pour harcèlement et violences sur sa compagne » (sources Ouest-France).
L’Institut pour la justice précise que l’individu était sous le coup d’une OQTF. Le 17 octobre, meurtre de Lola à Paris : «
La principale suspecte faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire » (sources Le
Figaro). Le 21 octobre, à Créteil, « une
magistrate agressée sexuellement par un Algérien sous le coup d’une OQTF » (sources Le
Figaro). Toujours le 21 octobre, « un
homme armé d'un couteau a été interpellé à Drancy, dans la mosquée de l'imam Hassen Chalghoumi. L'individu fait l'objet d'une obligation de quitter le territoire
français » (sources CNews). Le 22 octobre, à Saint-Étienne, « visé
par une OQTF, il crie "Allah Akbar" en pleine rue en tenant un couteau » (sources CNews).
Le 23 octobre, « un
Algérien faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français a été interpellé dans la nuit de vendredi à samedi à Marseille, alors qu’il tentait de violer une femme en pleine
rue » (sources CNews).
Des cas particuliers, sans valeur statistique, diront certains. Mais surtout, une réalité qu’on ne peut plus relativiser, occulter, masquer.
On dit qu’on ne peut pas être et avoir été. Emmanuel Macron, son gouvernement et, plus largement, la Macronie le découvrent aujourd’hui à leurs dépens. Durant cinq
longues années, ils ont régné sans partage avec une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Tout cela marchait, votait ou applaudissait au coup de sifflet. C’était tout simplement beau. Comme
une parade militaire. Un peu lassant, à la longue, mais beau comme peut l’être aussi une mécanique bien huilée. Lorsqu’il fallait combattre de nuit, on était assez nombreux pour se relayer,
assurer la permanence, monter la garde à la tranchée, s’il y avait risque d’escarmouche. Bref, on avait l’assurance des armées réputées invincibles « parce que nous sommes les plus
forts », ces armées qui ne perdent pas de temps à se remettre en cause car elles ont toujours raison. Jusqu’au jour…
Jusqu'au jour où vint le vilain mois de juin 2022. Des incongrus, des ingrats, des qui n’ont rien compris à tout ce qu’avait fait de bien pour eux Emmanuel Macron,
son gouvernement et, plus largement, la Macronie eurent l’idée saugrenue d’élire une Assemblée nationale d’un nouveau genre. Une Assemblée représentant pour une fois, grosso
modo, l’ensemble des sensibilités politiques du pays. Et là, effectivement, ils découvrirent qu’il est compliqué d’être et d’avoir été. Être minoritaire à l’Assemblée, du jour au lendemain,
alors qu’on avait une majorité écrasante, faut reconnaître que ça doit sérieusement piquer aux yeux. On ne change pas de logiciel comme ça. C’est la tragédie que vivent Emmanuel Macron et
consorts. C’est pourquoi le fameux 49-3 était inéluctable. On savait qu’ils appuieraient sur la queue de détente du fusil. Restait plus qu’à choisir le bon moment.
Mais, au fait, l’article 49, alinéa 3, de la Constitution, c’est quoi, au juste ? « Le
Premier ministre peut, après délibération du Conseil des ministres, engager la responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée nationale sur le vote d'un projet de loi de finances ou de
financement de la Sécurité sociale.
Dans ce cas, ce projet est considéré comme adopté, sauf si une motion de censure, déposée dans les vingt-quatre heures qui suivent, est votée dans les conditions prévues à l'alinéa précédent. Le
Premier ministre peut, en outre, recourir à cette procédure pour un autre projet ou une proposition de loi par session. » Une arme constitutionnelle dans les mains de l’exécutif
qui n’a son pareil nulle part ailleurs dans les autres grandes démocraties. La semaine dernière, le Conseil des ministres a armé son fusil en délibérant, comme le prévoit la Constitution. Il ne
restait donc plus qu’à tirer le moment venu.
Le moment est venu. Élisabeth Borne, ce mercredi après-midi, a engagé la responsabilité de son gouvernement au titre de l’article 49-3 pour faire passer le projet
de loi de finances 2023, partie recettes. Elle joue relativement (tout devient relatif, depuis que la majorité l’est !) sur du velours. En effet, les oppositions ont 24 heures pour déposer une
motion de censure afin
de faire tomber le gouvernement. La NUPES l'a
fait immédiatement et le RN devrait probablement suivre. Partant dispersées et sans le soutien des LR, ces motions seront rejetées, le gouvernement ne sera pas renversé et le budget sera voté.
Tout ça, c’est du cinéma, me direz-vous ? Oui, mais non. Car désormais, les choses auront au moins le mérite d’être claires. Ce gouvernement ne tient que par la force des institutions transmises
en héritage par de Gaulle et son légiste Michel Debré.
Il faut bien que la nation ait un budget pour 2023 parce qu’on ne peut pas faire autrement, que l’entreprise France doit bien continuer à tourner, vaille que vaille, que les factures, les
pensions et les traitements soient versés, etc. Mais si l’acceptabilité de l’impôt repose sur son libre consentement par les contribuables, que dire du budget d’une nation voté par moins de 50 %
des députés dans un pays profondément marqué par la notion de majorité absolue ?
Si l’on ajoute à cela un contexte social plus que tendu qui semble installer une distorsion durable entre ce que certains appellent le pays réel et le pays légal,
on voit mal comment Emmanuel Macron pourra longtemps faire croire qu’il a été réélu sur son programme et qu'il peut faire ce qu'il veut.
Le couple franco-allemand ou l’histoire du cocu magnifique ? - Le 14/10/2022.
Il y a, comme ça, des informations tombant opportunément en même temps qui en disent long sur la réalité de la belle solidarité européenne tant vantée par Emmanuel
Macron.
Ainsi, ce jeudi 13 octobre, «
en marge d’une réunion de l’OTAN à Bruxelles », nous
dit La
Croix, l’Allemagne a signé avec douze autres membres de l’Union
européenne une déclaration d’intention pour se constituer un bouclier antimissile européen. Et le choix de Berlin, qui est à la manœuvre, se portera sur (roulement de tambour)… le
système israélien Arrow 3. L’affaire ne date pas d’aujourd’hui. Fin mars dernier, le chancelier Scholz avait déclaré qu’il réfléchissait sérieusement à acheter
à Israël son système de défense antimissile. La guerre russo-ukrainienne avait évidemment précipité les choses : « Nous
devons nous préparer à la nouvelle réalité d’un pays voisin [en clair, la Russie] qui
utilise la force pour parvenir à ses fins. » Rappelons que l’Allemagne, qui ne fait jamais les choses à moitié, a mis cent milliards d’euros sur la table pour investir en matériel au
profit de ses forces armées fédérales (Bundeswehr). Un fonds spécial a même été créé pour cela. La renaissance de l’esprit militaire allemand sous la pression de la menace venue de l’Est ?
Esprit militaire mais aussi esprit commercial. En associant douze autres pays de l’Union
européenne à ce projet de défense antimissile, il est évident que l’Allemagne, si elle a moins de problèmes budgétaires que la France, n’en compte pas moins ses Deutsche Mark, pardon,
ses euros. Elle espère faire ce qu’on appelle aujourd’hui des économies d’échelle. En août dernier, dans un discours sur l’avenir de l’Europe, le chancelier n’avait-il pas déclaré
: «
Moins cher et plus efficace que si chacun de nous construisait sa propre défense aérienne » ? Pourtant, il existe en Europe (j’allais dire « en Union européenne », mais non, car il y a
aussi les Britanniques…) le système de moyenne portée terrestres (SMPT produit par MBDA, société industrielle, filiale d’Airbus, BAE Systems (société britannique) et Leonardo (second groupe
industriel en Italie). Pour information, MBDA, c’est tout de même 12.000 emplois en France… Une nouvelle infidélité dans le fameux et mythique couple franco-allemand !
Mais ce couple franco-allemand est résolument moderne. La notion de cocufiage, qui relève désormais du musée des antiquités et des pièces de boulevard, n’est plus
tendance. La preuve ?
En même temps qu’on apprend que l’Allemagne va se mettre en « trouple » avec la Belgique, la Bulgarie, la République tchèque, l’Estonie, la Finlande, la Norvège, la
Lituanie, la Lettonie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et les Pays-Bas, pour acquérir ce système Arrow 3, on apprend aussi que la
France a commencé à livrer du gaz à l’Allemagne. Ce gaz dont l’Allemagne a tant besoin pour faire tourner ses usines. «
Une première », «
historique », «
symbole de solidarité énergétique européenne », «
la solidarité énergétique européenne est en marche », claironnent et s'émeuvent la plupart des médias. Pour ceux qui ont quelques notions historiques, c'est beau comme... Non, je n'ai rien
dit. Il s’agit, bien entendu, de faire face à la fermeture du robinet de gaz russe. Emmanuel Macron, qui ne mégote pas lorsqu’il s’agit de donner des preuves d'amour au sein du couple
(franco-allemand), a même promis de livrer jusqu’à 5 % des réserves de gaz françaises de cet hiver. En échange, la France espère qu’en cas de besoin, l’Allemagne pourra lui livrer de
l’électricité, nous
apprend Ouest-France avec
l’AFP.
Si l’on comprend bien, donc, la France livre le gaz en échange de promesses. Sans doute un marché équitable. De toute façon, en cas de pénurie en
France, on pourra toujours faire appel à l’esprit civique des Français en leur demandant de porter un col roulé et des mitaines. Leurs réserves de patience semblent, jusqu'à ce jour,
inépuisables.
Pour résumer, si l’on comprend bien, la solidarité européenne et plus particulièrement l'amitié franco-allemande sont à géométrie variable. En gros, ça dépend des
sujets et, bien sûr, il ne faut pas tout mélanger et tout ça...
Le dernier soldat français a quitté le Mali : Honneur à nos morts et blessés !
C’était le 2 février 2013, autant dire il y a une éternité. François Hollande, président de la République, sans doute enivré par l’euphorie de l’accueil qui lui
avait été réservé à Bamako, dans la plus pure tradition de la défunte et très décriée Françafrique, déclarait : «
Je veux ici vous dire que je viens sans doute de vivre la journée la plus important de ma vie politique. Parce que, à un moment, une décision doit être prise. Elle est grave. Elle engage la vie
d’hommes et de femmes. Cette décision, je l’ai prise au nom de la France. Cette décision, elle honore la France. »
Trois semaines avant, le 11 janvier, alors que les Français sortaient à peine des fêtes du Nouvel An, François Hollande, à l’issue d’un Conseil de défense, donnait
l’ordre en fin de matinée à nos armées d’engager le combat, en appui des forces maliennes, contre les djihadistes. Une intervention qui trouvait sa légitimité dans la demande d’assistance
du gouvernement malien de l’époque. Le jour même, à 16 h 00, nos premiers hélicoptères d’attaque interviennent contre les colonnes djihadistes à hauteur de la ville de Konna, quelque 700 kilomètres au nord de Bamako. C’est là que meurt au combat notre premier soldat français, le lieutenant Damien
Boiteux, pilote d’hélicoptères.
Ce dimanche 15 août 2022, le dernier soldat français quittait le Mali. Dans la grande indifférence d’une France en grandes vacances. Un retrait qu’un
communiqué de la présidence de la République justifie ainsi : «
Le 17 février dernier, constatant que les conditions politiques et opérationnelles n'étaient plus réunies pour rester engagée au Mali, la France a décidé, en concertation avec ses partenaires
africains et européens, de réarticuler le dispositif de l'opération Barkhane en dehors du territoire malien. » Il est bien évidemment normal de saluer, comme l’a fait dans ce même
communiqué le chef de l’État, la «
réussite de cette manœuvre opérationnelle et logistique de retrait du Mali que nos armées ont conduite selon le calendrier annoncé, sans cesser leur combat contre les groupes terroristes ».
Les situations ne sont pas comparables, mais tout de même, comment ne pas penser au retrait plus que chaotique, il y a tout juste un an, des forces américaines d’Afghanistan !
Comment ne pas penser, aussi, aux 59 militaires français qui ont laissé leur vie au cours de cette guerre de plus de neuf années dans la bande sahélo-saharienne
contre les djihadistes. Comment ne pas évoquer les nombreux blessés, frappés dans leur pleine jeunesse, physiquement, psychologiquement, qui devront porter leur souffrance toute leur vie. Comment
ne pas penser aux familles qui doivent continuer à vivre, malgré tout, et qui, elles, ne font pas de bruit.
Comment, enfin, ne pas penser à la France ? Une France qui ne cesse de perdre de son influence en Afrique. On peut invoquer les «
conditions politiques » au Mali, saluer la réussite de la manœuvre logistique, la réalité n’en est pas moins là, cruelle : la France se redéploie ; en clair, elle recule. Et elle n’a
pas été capable d’influer pour que ces «
conditions politiques » lui soient favorables. Le 2 février 2013, François Hollande vécut peut-être la journée la plus importante de sa carrière politique. En ce 15 août
2022, Emmanuel Macron ne peut sans doute pas en dire autant.
Ainsi, ce 1er août
2022, prend fin
l’état d’urgence sanitaire. Certes, après quelques péripéties parlementaires, le gouvernement a réussi, avec la complicité des LR, à se garder quelques cartes en main qui lui permettront, par
exemple, par simple décret, de restreindre la liberté d’aller
et venir, notamment entre les outre-mer et la métropole, mais globalement, nous voici sortis de cette sinistre période où le pouvoir avait pu tester avec succès et à grande échelle le «
debout-assis-couché ». Masque-pas masque, passe sanitaire qu’on n'imposerait jamais et qui, finalement, le fut, vaccin qui ne sera jamais obligatoire mais qui, dans les faits, le devint
quasiment… Ils nous auront tout fait, ou presque. Il est vrai, aussi, qu’à l’époque, ils disposaient d’une Assemblée nationale aux ordres. Les choses ont un tantinet changé depuis. C’est donc
l’heure des retours d’expérience, des bilans, des évaluations. Pas pour Emmanuel Macron, qui a toujours raison et qui, s’il a tort, nous fait comprendre que c’est la faute des autres.
À l’occasion de cette fin de l’état d’urgence et de la disparition du Conseil scientifique, son président, le professeur Delfraissy,a
donné, samedi 30 juillet, une
interview au