La dernière du Col. Georges Michel :

Colonel à la retraite

Cahiers de doléances : rien de nouveau au royaume de France ?

Le 24/01/2019

Vous avez envie de participer au grand débat national, donner votre contribution aux cahiers de doléances ? Oui, mais vous êtes à court d’idées. Bon, vous pouvez toujours, évidemment, pomper sur votre voisin et pratiquer sans vergogne le copier-coller. Une autre suggestion, plus originale, c’est d’aller voir ce que nos ancêtres écrivirent en 1789 dans nos provinces avant que ne se rassemblent, à Versailles, les États généraux. Vous risquez d’être surpris par certaines de ces doléances, vieilles de 230 ans, qui résonnent curieusement avec l’actualité, si tant est que vous fassiez un effort de transposition…

« Qu’il soit arrêté… que la France est une monarchie héréditaire dans la maison régnante, de mâle en mâle, par ordre de primogéniture.

Que le pouvoir d’établir des impôts appartient à la nation seule.

 

Que la liberté de la presse soit autorisée, avec les modifications nécessaires pour maintenir l’ordre public, les mœurs et la religion.

 

Qu’il ne soit fait aucun emprunt que du consentement de la nation.

 

Que la justice soit rapprochée des justiciables ; en conséquence qu’il soit érigé des cours souveraines à une distance convenable.

 

Que le déficit soit déterminé d’une manière invariable.

 

Qu’examen soit fait des titres des pensions et gratifications, pour éteindre celles qui ne sont pas fondées sur des services rendus à l’État, et réduire celles qui sont exorbitantes.

 

Que dans les impôts à établir, ceux sur les biens-fonds* n’écrasent pas la classe indigente, par leur poids ou leur inégalité ; ceux sur les personnes atteignent principalement les rentiers et capitalistes, et ceux sur les consommations tombent principalement sur les marchandises étrangères et de luxe.

 

Que les différents droits de péage sur les rivières, les routes et à l’entrée des villes soient supprimés.

Que la paie du soldat soit augmentée…

 

Que dans les examens des chirurgiens qui se destinent au service des campagnes, il soit apporté autant d’attention et de sévérité que pour ceux qui s’établissent dans les villes.»

 

Tiré du Cahier des plaintes et doléances des trois ordres de la Province de Bresse. Ces plaintes et doléances sont celles du tiers état, rassemblées par les trente et un commissaires nommés par cet ordre et d’après les cahiers particuliers des paroisses et communautés de la Province. Elles furent largement consenties par les représentants des ordres du clergé et de la noblesse.

 Source : https://www.bvoltaire.fr/cahiers-de-doleances-rien-de-nouveau-au-royaume-de-france/ 


Lutte contre les groupuscules d’extrême droite : et contre les groupuscules d’extrême gauche, on fait quoi ?

Le 25/01/2019

Jean-Luc Mélenchon peut être content de lui : le groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale a obtenu, en vertu de son « droit de tirage pour la session 2018-2019 », sa commission d’enquête sur les groupuscules d’extrême droite. La demande remontait à novembre dernier. Les députés Insoumis avaient signé une proposition de résolution dans ce sens. Selon l’exposé des motifs de cette résolution, « depuis quelques mois, des groupuscules d’extrême droite agissent en toute impunité dans le pays ». La République en danger, et tout ça…

Première remarque : n’y a-t-il que ces groupuscules qui agissent en toute impunité ?
Prenons l’exemple des violences commises par les Black Blocs à l’occasion de la manifestation du 1er mai 2018. Ils étaient environ 1.200, cagoulés, vêtus de noir, armés de cocktail Molotov, de pavés. A-t-on vu, alors, une commission parlementaire se créer pour lutter contre les groupuscules d’extrême gauche qui, tout autant, peut-être plus que les groupuscules d’extrême droite, ont pour « premières victimes » « nos jeunes, lycén-ne-s et étudiant-e-s » (sic) ? Certes, les députés communistes déposèrent, dès le 4 mai 2018, une demande de création de commission pour « faire la lumière sur les conditions dans lesquelles s’est déroulé le défilé du 1er mai 2018″. Mais il s’agissait là de chercher les responsabilités en amont, les dysfonctionnements de l’État qui amenèrent à ces violences. Pas d’enquêter sur les groupuscules en cause. Dans l’exposé des faits, il est question de « groupuscules » sans, du reste, préciser « d’extrême gauche », et si l’on y évoque, à juste titre, la nécessité de « mettre un terme à ces violences répétées lors des manifestations », les députés communistes se gardent bien de parler de « dissolution » de ces groupuscules.

Le parallélisme des formes ne serait donc pas le fort de la gauche ? Mais c’est comme ça depuis toujours. Par exemple, à gauche, on fait la révolution. À droite, des coups d’État. Pas pareil.

Mais revenons à la résolution des Insoumis qui a conduit à la création de cette commission. Des exemples incontestables de violences émaillent cet exposé mais l’opération pacifique de Génération identitaire au col de l’Échelle, l’an passé, pour interdire la violation de notre frontière par des clandestins est citée comme l’une de ces actions violentes. L’on y cite même l’université d’été de l’Action française au château d’Ailly, en août 2018 ! De là à ce que les funérailles du comte de Paris passent pour factieuses… L’accusation de racisme, antisémitisme, sexisme et homophobie est évidemment portée indistinctement sur ces « groupuscules », ce qui reste probablement à démontrer pour chacun d’eux. Mais amalgamons tout ça dans un grand tout « groupuscules d’extrême droite », et roule la charrette !

Bien sûr, on ne peut s’empêcher de penser qu’avec la création d’une telle commission, si l’on peut donner indirectement un coup de griffe au Rassemblement national, on ne va pas se gêner non plus. Selon, toujours, ce même processus de l’amalgame : qui dit groupuscule d’extrême droite dit extrême droite. Qui dit extrême droite dit droite extrême, et qui dit droite extrême dit droite nationale, etc… Vous connaissez la suite. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils se garderont bien d’enquêter, comme l’a suggéré la députée de l’Hérault Emmanuelle Ménard, sur « tous les groupes violents sans distinction d’appartenance politique ».

On notera tout de même, parmi les vingt-six membres de cette commission, la présence du délicieux M’jid El Guerrab. Vous vous souvenez de lui ? Ce député ex-LREM des Français d’Afrique du Nord et de l’Ouest avait porté des coups de casque à un cadre du Parti socialiste, Boris Faure, le 30 août 2017, ce qui avait valu à ce dernier un traumatisme crânien et une hospitalisation en soins intensifs. Sorti de l’hôpital, Boris Faure avait déclaré : « M’jid El Guerrab aurait pu tuer, il reste député. » Ainsi va la vie. Le 25 août 2018, ce même M’jid El Guerrab participait à l’université d’été de La France insoumise à Marseille. Il avait alors déclaré à Marianne : « Je connais bien les Insoumis, je suis derrière eux dans l’Hémicycle. On mène certains combats ensemble. » On voit ça.

 

 

Source : http://www.bvoltaire.fr/lutte-contre-les-groupuscules-dextreme-droite-et-contre-les-groupuscules-dextreme-gauche-on-fait-quoi/

 


Grand débat national : bonne nuit, les petits !

Le 26/01/2019

Le marchand de sable va passer

On leur avait dit d’arrêter de « faire de la pédagogie », que les Français ne sont pas des enfants et que la France n’est pas une école élémentaire. Mais c’est plus fort qu’eux. C’est, surtout, plus fort que LuiLui ? Emmanuel Macron, évidemment.

Jeudi, à Bourg-de-Péage, dans la Drôme, il s’est invité dans un débat du grand débat. Avec de vraies gens comme dans la vraie vie. Triés sur le volet ? On n’en sait rien. Disons, déjà, comme l’aurait dit M. de Lapalisse, que ceux qui n’avaient pas envie de se farcir un long monologue présidentiel ne sont pas venus. Ça doit éliminer pas mal de monde, quand même. La sélection naturelle a du bon ! Mais, disons-le, par convention de manœuvre, ces gens, c’était vous, nous, bref, des Français, les Français. Et Il nous a fait son show. Ça, on commence à être habitué et à se lasser. On a compris qu’il veut renouer le contact avec les Français, si tant est qu’il l’ait jamais eu (les meetings de campagne, façon show évangéliste, ça n’était pas vraiment la France qu’on retrouve depuis deux mois dans la rue).

Donc, faire accessible. Parler simplement. Parfois trivialement, pour ne pas dire plus. Est-ce pour autant qu’il faut parler aux Français de manière paternaliste ? « Les vraies réformes, elles vont avec la contrainte, les enfants », s’exclame le Président pour expliquer qu’il a été élu démocratiquement et que, donc, il était tout à fait légitime pour appliquer son programme. Euh, dis-donc, Manu, t’es qui, toi, pour nous interpeller ainsi ? Même de Gaulle, qui avait passé l’âge d’entamer une carrière de dictateur lorsqu’il devint président de la République, ne s’adressera jamais ainsi aux Français. Question d’époque. D’éducation, peut-être, aussi. Il paraît qu’Emmanuel Macron n’est pas né avec une cuillère en or dans la bouche (c’est lui-même qu’il l’a dit durant cette séquence drômoise). Mais en argent, tout de même : son père ne poussait pas un wagonnet au fond d’une mine et sa mère ne s’épuisait pas à faire des lessives au lavoir par des moins dix l’hiver, puisque tous deux étaient médecins. Comme quoi la cuillère en argent ou en or ne fait pas tout en matière d’éducation. Loin de là, semble-t-il. Car est-ce bien élevé de s’adresser ainsi à ses compatriotes, dont certains pourraient être vos parents ?

Tiens, je pense à une chose, puisque j’évoquais le général de Gaulle (esprit d’escalier, es-tu là ?) : il me semble que la dernière fois qu’un chef de l’État a appelé les Français « enfants », c’était le maréchal Pétain à l’occasion de la Noël 1940. « Serrez-vous, ce soir, autour de moi, pour que cette France, une France neuve et saine, grandisse et se fortifie… Bon Noël, mes enfants. Et vive la France ! » Bon, Macron – pardon, Monsieur le Président de la République – n’a pas dit « mes enfants » mais « les enfants ». Nuance. C’est vrai. Il n’empêche, le mot est lâché. Et les enfants, ça fait quoi ? Des enfantillages. Donc, on est bien d’accord, les enfants, vous arrêtez votre chahut, vous vous mettez en pyjama, vous vous brossez les dents et je viens vous raconter une belle histoire avant que Nounours n’arrive avec le marchand de sable. Bonne nuit, les petits !

 

 

Source : http://www.bvoltaire.fr/grand-debat-national-bonne-nuit-les-petits/

 


La République en marche, le parti de l’ordre ? On se pince…

Le 27/01/2019.

Emmanuel Macron et La République en marche remontent dans les sondages. Si les élections européennes avaient lieu aujourd’hui, le parti du Président arriverait en tête, avec ou sans liste des gilets jaunes. On a bien compris que l’objectif majeur pour le pouvoir est que le dimanche 26 mai soir, LREM soit en tête. Même si c’est à un poil du Rassemblement national, peu importe. Même si cela doit représenter 10 % du corps électoral, peu importe. Même si c’est une victoire à la Pyrrhus, peu importe. Vous vous débrouillez comme vous pouvez, les enfants, mais il faut être en tête.

Alors, faisons de ce mouvement « protéiforme » des gilets jaunes qui nous a affaiblis une force. Une liste « gilets jaunes » aux élections européennes ? Bonne idée. La démocratie doit pouvoir s’exprimer. Et si cela peut allier l’utile à l’agréable, on ne va pas se gêner : le Rassemblement national perdrait trois points, selon le dernier sondage de l’institut Elabe. Pas besoin d’avoir fait dix ans d’études de sciences politiques pour comprendre ce qui est « cousu de fil jaune », pour reprendre l’expression d’Éric Zemmour.

Il n’empêche qu’avec ou sans liste « gilets jaunes », le parti du Président monte dans les sondages. Pourquoi ? C’est toujours la même chose. Un truc qui marche pas mal, en France : le parti de l’ordre. Le joker qui marche du feu de Dieu. C’est l’économiste Jacques Sapir qui fut l’un des premiers à voir venir le coup. Le 5 janvier, il publiait une tribune sur Sputnik dans laquelle il soulignait le fait que, moins de deux ans après qu’Emmanuel Macron s’était présenté comme le candidat du « parti en mouvement », il s’affirmait désormais comme le Président du « parti de l’ordre ». Et il est vrai que la répétition des manifestations, samedi après samedi, les violences, les dégradations de biens publics et privés en marge des manifestations des gilets jaunes ne peuvent que jouer, à la longue, en faveur du pouvoir. En gros, ça commence à bien faire. Alors, Castaner joue et surjoue son rôle de « premier flic de France ». Le pouvoir joue, surjoue la carte du parti de l’ordre.

Mais il s’agit là d’un ordre immédiat, superficiel : celui qui permet de rassurer le « bourgeois » qui a envie d’aller faire ses courses sans encombres le samedi après-midi et de trouver de l’essence à la pompe. Alors même qu’Emmanuel Macron et La République en marche s’apprêtent à remettre en cause un ordre bien plus important, un ordre essentiel, naturel. En effet, lorsqu’on envisage de légaliser la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes, mesure qui ouvrira immanquablement la voie vers la gestation pour autrui au profit des couples d’hommes, lorsqu’on veut abolir les souverainetés nationales historiques au profit d’une hypothétique « souveraineté européenne », est-on bien légitime pour s’ériger en défenseur de l’ordre, à longueur de plateaux télé, comme le font les élus du parti présidentiel, notamment au lendemain de l’acte XI ? « L’ordre doit revenir », assène, martial, le député LREM de Paris Sylvain Maillard sur BFM TV

Les héritiers de Mai 68 encostardés qui s’érigent en défenseurs de l’ordre : certainement l’une des grandes impostures de notre époque. Il serait temps que les défenseurs de l’ordre essentiel et naturel se réveillent et comprennent bien ce que représentent et incarnent Emmanuel Macron et son parti. Et mettent en cohérence leurs convictions essentielles avec leurs intentions de vote… et, in fine, leur vote.

 

 

Source : http://www.bvoltaire.fr/la-republique-en-marche-le-parti-de-lordre-on-se-pince/

 


Lois anti-casseurs : en marche vers Vichy ?

Le 31/01/2019.

La France vit-elle une dérive autoritaire ? On peut se poser la question quand une ONG comme Amnesty International, dès le 17 décembre dernier, publiait un rapport titrant « Usage excessif de la force lors des manifestations des gilets jaunes ». Quand Christophe Castaner déclare, dans une interview, le 11 janvier, que « ceux qui viennent manifester dans des villes où il y a de la casse qui est annoncée savent qu’ils seront complices de ces manifestations-là ». Des propos que l’avocat Marine Le Pen avait qualifiés de « nouvelle provocation verbale » et d’« ineptie juridique qui attente gravement à notre État de droit ». Ineptie tout court, pourrait-on même carrément dire, si on prend la peine de relire attentivement les propos du ministre de l’Intérieur.

C’est fou, d’ailleurs, comme on devient vite complice d’un crime ou d’un délit dans le système intellectuel castanero-macronien : par exemple, vous êtes contre le traité d’Aix-la-Chapelle ? Vous voilà, subitocomplice des crimes du passé ! Dixit Macron. Et, du reste, on peut se demander si la création d’une loi pour faire la chasse aux « fake news » – aux « infox », comme on dit désormais – ne relève pas de la même démarche intellectuelle : pour peu que l’on arrive à faire passer une opinion pour une fausse nouvelle, on arrivera bien à faire taire en amont les velléités d’opposition, tout comme Castaner essaye d’empêcher en amont les velléités manifestantes. Une sorte de principe de précaution qu’on voudrait voir appliquer par ailleurs : par exemple, pour lutter contre le terrorisme islamiste…

Et n’est-ce pas cette démarche, que l’on pourrait qualifier de dérive, que le député UDI Charles de Courson vient de dénoncer à l’Assemblée au sujet de la proposition de loi anti-casseurs ? Charles Amédée du Buisson de Courson ? Pas spécialement un gauchiste ! Ce député UDI de la Marne depuis 1993, bien connu pour ses prises de position contre la dérive de la dépense publique, se caractérise par son indépendance d’esprit et la rigueur de son jugement. Aussi, lorsqu’il s’exprime, sa parole porte. Le projet de loi sous les yeux, il lance dans l’Hémicycle : « Une autorité administrative [le préfet] va priver un individu de sa liberté de circulation et de manifester au motif qu’il y a une présomption – bon, on va lui interdire -, des raisons sérieuses de penser – qui apprécie les raisons sérieuses ? L’autorité administrative ! Bon, bah, allons-y ! -, de penser que son comportement constitue une menace d’une particulière gravité pour l’ordre public… Mais où sommes-nous, mes chers collègues ? C’est de la dérive complète. On se croit revenu sous le régime de Vichy. Mais oui, vous êtes présumé, par votre attitude, être résistant, donc on vous entaule. Voilà ! Par l’autorité administrative ! Mais où sommes-nous ? Mais réveillez-vous, mes chers collègues ! » Propos qui ont, évidemment, soulevé le tollé dans les bancs de la majorité. Mais M. de Courson sait de quoi il parle car il sait d’où il vient : avec un père résistant et un grand-père, le marquis Léonel de Moustier (1882-1945), qui fut l’un des rares députés à avoir refusé les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940, qui s’engagea dans la Résistance, fut déporté et mourut des suites de sa déportation.

Qu’un député de haut lignage parlementaire, issu d’une famille dont les « preuves » sont incontestables, ose parler de « dérive complète » aurait peut-être dû interpeller « quelque part » les « petits marquis » de la Macronie au sujet de cette question des libertés fondamentales dans notre pays.

Apparemment, non : le texte a été adopté par l’Assemblée.

Mais l’on est rassuré : Castaner, qui s’y connaît, a dit qu’il « ne faut pas caricaturer ».

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/lois-anti-casseurs-en-marche-vers-vichy/?mc_cid=e0745efed2&mc_eid=c2875309d7



Laurent Nuñez contre les adorateurs du régime de Vichy

Le 02/02/2019.

Nous avons eu droit aux factieux, aux séditieux, aux émeutiers, aux chemises brunes. Voici, maintenant, les adorateurs du régime de Vichy. Répondant à l’opposition virulente du député UDI Charles de Courson à la loi anti-casseurs, évoquée ici même, il y a deux jours, le secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent Nuñez, a expliqué doctement au micro de RTL, vendredi matin, que le député de la Marne ne comprend pas ce qui se passe actuellement dans notre pays. « Cette loi vise à écarter les adorateurs du régime de Vichy. »

Dans la série « Des vessies pour des lanternes », on atteint des sommets. Ce qui a fait bondir l’avocat Gilles-William Goldnadel, bien connu des lecteurs de Boulevard Voltaire et pas spécialement adorateur dudit régime : « Il y avait longtemps qu’on ne nous avait pas fait avaler notre petite pastille de Vichy. » Un peu confus dans ses propos, Nuñez ajoute : « C’est plutôt dans ce sens-là, je veux dire, la référence au régime de Vichy. » Et pour les adorateurs du régime de Staline ou de Castro, pendant que nous y sommes, on fait quoi ? Et la béquille de Castaner d’insister lourdement : « Nous avons aussi des adorateurs du régime de Vichy qui sont parmi les casseurs. » S’il nous dit qu’il y a des adorateurs du régime de Vichy parmi les casseurs, c’est que c’est vrai. M. Nuñez est un homme bien informé, qui ne dit pas n’importe quoi. La preuve, la semaine dernière, après que le gilet jaune Jérôme Rodrigues avait été blessé à l’œil, il affirmait qu’« il n’avait aucun élément qui » lui permettait « de dire qu’il y a eu usage du lanceur de balle de défense à cet endroit-là et qui aurait touché monsieur Rodrigues », précisant, très pro, que « les 32 tirs ont été filmés, y compris les 18 qui ont eu lieu à la Bastille et à ce moment-là, nous n’avons pas de tir de lanceur de balle de défense ». Bon, en fin de semaine, on apprenait qu’un policier avait reconnu, dans un rapport, avoir fait usage du LBD sur un manifestant qui jetait des projectiles sur les policiers, mais pas sur Jérôme Rodrigues. Déclaration qui venait sérieusement contredire les propos très affirmatifs du secrétaire d’État.

Donc, des adorateurs du régime de Vichy. Et les 1.200 Black Blocs du 1er mai 2018, c’est des adorateurs du régime de quoi ? Cela dit, nous avons bien le député de Vaucluse Adrien Morenas, dont l’ignorance crasse fait peine à voir, qui voit en quelque sorte dans les Scouts unitaires de France de la graine de fachos. Il faudrait, du reste, qu’il en parle à son collègue et néanmoins président de groupe à l’Assemblée, le délicieux Gilles Le Gendre. Cet ancien de Sainte-Croix de Neuilly n’est autre que le frère d’Olivier Le Gendre (1950-2014), l’un des fondateurs desdits Scouts unitaires de France. Pendant qu’il y est, il pourrait même le faire auditionner par la commission parlementaire chargée d’étudier les groupuscules d’extrême droite !

Certaine voit des nains partout, Emmanuel Macron la main de Poutine dans la culotte de chaque gilet jaune et Nuñez des adorateurs du régime de Vichy dans les casseurs. On a envie de leur demander si c’est de la bonne. On ne saurait trop leur recommander de prendre leurs pastilles… de Vichy.

 

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/laurent-nunez-contre-les-adorateurs-du-regime-de-vichy/?mc_cid=db4ee5f429&mc_eid=c2875309d7

 


Diplomatie franco-allemande : soumission

Le 06/02/2019.

Mais à quoi joue donc Emmanuel Macron avec le siège de la France au Conseil de sécurité de l’ONU ? Ce siège de membre permanent obtenu parce que la France était à la table des vainqueurs en 1945 : ça plaît, ça plaît pas, mais c’est comme ça et c’est l’Histoire. En mars, la France présidera le Conseil de sécurité et, en avril, ce sera au tour de l’Allemagne (en temps que membre élu pour deux ans) de le présider, toujours pour un mois, puisque telle est la durée de cette présidence tournante.

À l’occasion de cette conjonction des planètes, la Représentation permanente de la France auprès des Nations unies à New York vient de publier un petit clip de propagande intitulé « Dans un mois, une présidence du Conseil de sécurité historique ». Ce petit film nous explique que « pour la première fois aux Nations unies, DEUX pays assurent une présidence conjointe du Conseil de sécurité » : France et Allemagne. Tout ceci sur fond de la photo du général de Gaulle embrassant le chancelier Adenauer, suivie immédiatement de celle de Macron et Merkel. Ça fait toujours bien d’invoquer les grands ancêtres en faisant croire que l’on s’inscrit dans leur lignée. C’est le principe des grandes usurpations.

Une initiative, en tout cas, qui s’inscrit tout à fait dans l’esprit et la lettre du traité d’Aix-la-Chapelle, signé le 22 janvier dernier. En son article 8, ne lit-on pas : « L’admission de la République fédérale de l’Allemagne en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies est une priorité de la diplomatie franco-allemande. » Il y a avait une diplomatie française. Il y avait une diplomatie allemande. Il y a donc une diplomatie franco-allemande. Bismarck n’en aurait sans doute pas demandé autant ! Un traité, du reste, dans lequel l’Allemagne gagne tout et la France rien. Le jour – encore hypothétique, certes – où l’Allemagne accédera à ce Saint des saints qu’est le club restreint des membres permanents du Conseil de sécurité, que restera-t-il à la France pour peser face à une Allemagne déjà toute-puissante économiquement ? Notre armement nucléaire ? C’est la France qui le finance mais, toujours par ce traité, c’est l’Allemagne qui pourrait aussi en bénéficier, puisqu’il est bien spécifié, dans l’article 4, que la France et l’Allemagne « se prêtent aide et assistance par tous les moyens dont ils disposent, y compris la force armée, en cas d’agression armée contre leurs territoires » Ce n’est pas une option, c’est une obligation.

Mais revenons à cette « présidence conjointe ». La page Twitter de notre Représentation à New York, est pour le coup, pleine d’enseignements. Un twitto demande une explication sur ce clip et publie, malicieusement, un extrait du texte publié sur le site du gouvernement, à l’issue de la signature du traité, afin de lutter contre les fausses nouvelles : « Jamais aucun “partage” ou “cession” du siège français au profit de l’Allemagne n’a été mentionné ou envisagé. » Réponse de la Représentation à New York : « En effet, aucun “partage” de siège n’a été mentionné ou envisagé. En mars et avril, chaque pays présidera chacun son tour, selon les règles du Conseil. » Donc, le clip officiel raconte n’importe quoi. Pas très convaincu, un autre twitto pousse dans ses retranchements la Représentation : « Donc, la France ne partagera mais cédera son siège temporairement au profit de l’Allemagne ? Soyez précis dans vos réponses. » Réponse de la Représentation : « La France ne cédera pas son siège. La France présidera en mars, l’Allemagne en avril. Et nous avons décidé de présider conjointement durant ces deux mois, pour renforcer nos positions. » Au passage, cela va d’abord renforcer les positions de l’Allemagne, mais bon…

Un autre twitto résume parfaitement la situation : « On partage notre siège mais sans le partager. C’est orwellien. » À quand Merkel venant présider le Conseil des ministres à l’Élysée ? Ce qui était inenvisageable, hier, devient possible, aujourd’hui, et sera obligatoire, demain. Accoutumer…


France-Italie : c’est la guerre ?

Rien ne va plus entre la France et l’Italie, ou tout du moins entre les deux gouvernements et, plus précisément encore, entre Emmanuel Macron et le duo Salvini-Di Maio. La France (fait rare) vient de rappeler son ambassadeur pour consultation. Ce n’est pas encore la guerre mais, dans l’échelle des mesures diplomatiques, en cas de litige entre deux pays, ce n’est pas rien. Ce n’est pas rien, d’autant que nous avons affaire à deux pays frontaliers, deux pays fondateurs et membres de l’Union européenne, deux pays membres de l’OTAN.

Qui a fait l’œuf, qui a fait la poule – ou le coq – dans cette brouille macro-romaine ? Difficile à dire mais les faits sont là. Et Emmanuel Macron – pour une fois ! – n’est peut-être pas le seul responsable. Nous ne remonterons pas à la guerre des Gaules mais, plus modestement, à celle que Nicolas Sarkozy fit en Libye en 2011 avec le coup de pouce qu’elle apporta à l’accélération du chaos migratoire dans le monde méditerranéen. Phénomène que l’Italie, malgré elle, dut subir, de par sa géographie, en première ligne, des années durant et seule. En septembre dernier, le ministre de la Défense italien Elisabetta Trenta (du Mouvement 5 étoiles) avait, du reste, pointé cette responsabilité française en déclarant : « Il est indéniable qu’aujourd’hui ce pays [la Libye] se retrouve dans cette situation parce que quelqu’un, en 2011, a privilégié ses intérêts. » Allusion on ne peut plus claire.

Et puis, évidemment, il y a eu ces échanges d’amabilités, de part et d’autre des Alpes, depuis que les « populistes » sont arrivés au pouvoir en Italie. Au cœur de cette brouille, la question migratoire. Le 21 juin dernier, depuis Quimper, Macron se lançait dans une « envolée de bois vert » qui désignait, entre autres, clairement, Salvini : « Vous les voyez monter, comme une lèpre, un peu partout en Europe, dans des pays où nous pensions que c’était impossible de les voir réapparaître. Et les amis voisins, ils disent le pire, et nous nous habituons ! » Salvini, qui n’a pas fait ses classes dans la diplomatie ou chez une dentellière, répondait, quelques jours après : « Si l’arrogance française pense transformer l’Italie en camp de réfugiés pour toute l’Europe, peut-être en versant quelques euros en pourboire, elle se fourvoie complètement. » Il ajoutait : « Nous sommes peut-être des populistes lépreux, mais moi, les leçons, je les prends de qui ouvre ses ports. Accueillez les milliers de migrants et après on en reparlera. » Et l’on pourrait citer encore bien d’autres échanges d’amabilités, au sabre ou à fleuret moucheté.

La question migratoire est évidemment au cœur de cette chamaillerie entre cousins latins. Mais, plus largement, ne doit-on pas y voir deux conceptions de l’Europe qui s’affrontent ? D’un côté, une vaste plate-forme d’échanges financiers et commerciaux, reliée au grand tout et n’importe quoi mondial, où les hommes sont finalement des consommateurs-producteurs interchangeables ? Ou bien une civilisation qui trouve ses racines à Rome et Athènes, constituée d’une mosaïque de nations millénaires ? Salvini ne lit peut-être pas Paul Valéry dans le texte comme Macron, mais il a sans doute l’intuition que les civilisations sont mortelles.

En tout cas, le rappel de notre ambassadeur à Rome est une manière, pour Emmanuel Macron, de mettre en scène, de se mettre en scène, à quatre mois des élections européennes, dans ce combat de titans qu’il souhaite voir s’engager en Europe contre les populistes et où il serait le héros du camp du bien. Visiblement, les prises de position pro-gilets jaunes, tant de Salvini que de Di Maio, ont agacé Paris qui ne digère pas cette ingérence. Il est vrai qu’Emmanuel Macron s’y connaît en ce domaine. Ne déclarait-il pas, en janvier dernier, que l’Italie « mérite des dirigeants à la hauteur » ? À l’heure où sont écrites ces lignes, Salvini et Di Maio se disent prêts à rencontrer Macron. Tragédie ou comédie que tout cela ? « Comediante ! » « Tragediente ! » disait le pape Pie VII de Napoléon. Que disent nos deux Italiens de notre Président ?


Voile islamique en entreprise : la complaisance d’Emmanuel Macron

Soyons clair :
petit 1, Emmanuel Macron ne l’est pas sur la question du voile islamique ;
petit 2, il est en campagne électorale. Et en campagne, toute voix est bonne à prendre.
Jeudi soir, à Pessac (Gironde), le grand débat national avait pris des couleurs de soirée privée : pour participer, il fallait être une femme (voilée ou pas), président de la République ou garde du corps. Ça doit être ce qu’on appelle une société inclusive. Pour ça, peut-être aussi que la salle était tellement peu remplie que les caméras n’ont même pas pu le cacher aux téléspectateurs.

Alors, nous avons eu droit à la scène touchante de cette dame voilée qui a dénoncé la discrimination dont elle serait victime. Là, Marlène Schiappa frémit et tend l’oreille : on est au cœur de son sujet, vu que le Président, au dernier remaniement, lui a refilé en sus le dossier des discriminations. « Je ne trouve pas de travail car le gouvernement a fait une circulaire pour m’interdire de travailler, tout simplement, parce que je porte un foulard », explique la dame voilée. On notera la manière quelque peu biaisée de présenter le « dossier » : c’est ce qu’on doit appeler l’accroche. À l’écouter un peu vite, cette femme serait victime d’une mesure individuelle. Elle précise, néanmoins son cas : « J’ai fait le choix de mettre un foulard, donc je n’ai pas le droit de travailler dans l’administration. » Eh oui, car les agents publics qui travaillent au service et au contact des usagers sont soumis à une obligation de neutralité. Voici ce que dit la loi du 13 juillet 1983, modifiée par celle du 20 avril 2016 : le fonctionnaire « dans l’exercice de ses fonctions est tenu à l’obligation de neutralité. Le fonctionnaire exerce ses fonctions dans le respect du principe de laïcité. À ce titre, il s’abstient notamment de manifester, dans l’exercice de ses fonctions, ses opinions religieuses. » Sauf à changerla loi, la messe est dite, oserions-nous dire à cette dame. Ce que, objectivement, Emmanuel a rappelé très clairement.

Mais c’est après que cela s’est gâté. La dame voilée d’ajouter : « Cette interdiction est arrivée aussi dans les entreprises, toutes les entreprises. On n’a plus le droit de travailler parce qu’on a un foulard. Donc, on nous empêche de travailler, du coup, on fait de nous des assistés… On nous rejette de la société, on nous exclut… » Et là, Emmanuel Macron, très sûr de lui, est parti, bille en tête, sur la grand-route des approximations. D’aucuns ont même parlé de « fake news » ! « La loi, il n’y a aucune loi qui prévoit que, dans une entreprise, on n’a pas le droit d’être embauché parce qu’on a un signe de religion… Je veux tout simplement, ici, rétablir la vérité. »

Sauf que la vérité, ce n’est pas tout à fait cela. La loi Travail, dite El Khomri, de 2016 qui fut discutée, votée, promulguée alors qu’Emmanuel Macron était encore ministre de l’Économie (mais il avait, sans doute, déjà la tête ailleurs…) reconnaît aux entreprises le droit de restreindre « la manifestation des convictions des salariés » à travers une clause de neutralité dans le règlement intérieur. La loi offre donc une certaine liberté en ce domaine aux entreprises : ce qui devrait pourtant plaire à Emmanuel Macron ! Du reste, la Cour de cassation, en novembre 2017, avait rendu une décision qui permet à un employeur de licencier un employé pour port du voile, sous certaines conditions, notamment que le règlement intérieur prévoie la « clause de neutralité ».

Emmanuel Macron est en campagne, disions-nous. Le 5 février 2017, dans un discours, il évoquait une rencontre faite à la gare :  » …une jeune femme est venue me voir en me disant “Moi, on m’empêche de travailler avec le voile”. Ce ne sont pas les règles de la République. Et accepter qu’elle perde un peu de cette liberté, c’est accepter que nous perdions de la nôtre. » C’était à Lyon, premier grand discours de campagne. Déjà en campagne, déjà approximatif, déjà très compréhensif, aussi, envers le port du voile…

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/voile-islamique-en-entreprise-la-complaisance-demmanuel-macron/?mc_cid=20a0021fe0&mc_eid=c2875309d7

 


Pie XII, pape d’Hitler ? On le saura peut-être bientôt…

...le 05/03/2019.

Les archives du Vatican ? C’est comme le secret des Templiers, l’homme au masque de fer ou le sexe du chevalier d’Éon : rien de tel pour attiser les fantasmes collectifs. Des fois que, sur un rayon poussiéreux, soit déposé le grimoire prouvant que le Christ était un extra-terrestre… Et les archives du pontificat de Pie XII, cela doit forcément être explosif ! Car on devine quel est LE sujet central.

Le pape François, qui recevait lundi les archivistes du Saint-Siège, a donc annoncé qu’il allait autoriser l’ouverture partielle des archives secrètes du pontificat le plus controversé du XXe siècle. Un pontificat qui s’ouvrit le 2 mars 1939, à quelques mois du déclenchement du second conflit mondial, et s’acheva en 1958. Le plus controversé ? Enfin, pas à son époque. « Pie XII, glorifié de son vivant de façon effarante, est le dernier pontife d’une dynastie de papes-rois », écrivait Robert Serrou, auteur du livre, paru en 1992, Pie XII. Le pape-roi. Hiératique, le visage émacié, prêtre, roi et prophète, aristocrate né – il appartenait à la noblesse noire -, ce pontife était vraiment souverain et n’engageait pas vraiment à faire des selfies lors des audiences hebdomadaires ! C’était l’époque. Lorsqu’il meurt à Castel Gandolfo, le 7 octobre 1958, âgé de 82 ans, Pie XII était considéré par beaucoup comme un saint. N’aurait-il pas eu, d’ailleurs, des visions du Christ ? C’est ce que rapporte Serrou dans son livre. A la fameuse sœur Pascalina, en 1954, il aurait confié : « Madre, je vais vous dire un secret, Tardini* le sait, mais peut-être doute-t-il. J’ai vu le Seigneur. Tout le monde me croit perdu. Mais mon heure n’est pas venue. » Ses funérailles furent grandioses et… télévisées, vues par des millions de téléspectateurs. Une première.

À sa mort, le ministre des Affaires étrangères de l’État d’Israël, Golda Meir, déclara : « Pendant la décennie de terreur nazie, quand notre peuple a subi un martyre terrible, la voix du pape s’est élevée pour condamner les persécuteurs et pour invoquer la pitié envers les victimes… Nous pleurons un grand serviteur de la paix. » On pourrait, du reste, multiplier les témoignages d’éminents représentants de la communauté israélite sur les prises de position du pape face à la Shoah. Mais moins de cinq ans après sa mort, c’était la curée. La pièce Le Vicaire, de l’Allemand Rolf Hochhuth, représentée pour la première fois en 1963, critiqua sévèrement le grand silence de l’Église, et notamment du pape durant la Seconde Guerre mondiale. La « légende noire » était lancée pour ne plus s’arrêter. Ce pape était celui d’Hitler. Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) de 2007 à 2013, écrivait cependant, dans Actualité juive en 2010, dans un article pourtant peu complaisant à l’égard de Pie XII : « Il ne fait pas de doute, contrairement à une légende noire, que Pie XII s’est opposé à la doctrine nazie de l’inégalité des races, si contraire aux fondements même du christianisme ; il l’a exprimé en particulier dans l’encyclique Mit brennender Sorge, écrite par lui [en fait, en partie], publiée pendant le pontificat de Pie XI et lue dans les églises allemandes. »

Au passage, on pourrait s’étonner que le reproche fait de nos jours d’avoir été passif et silencieux sur la Shoah s’applique aussi sévèrement à Pie XII. En tout cas bien plus sévèrement qu’à l’égard de Churchill, Roosevelt, Staline et de Gaulle. Ils savaient, on le sait. En 2012, France 3 diffusait un documentaire intitulé « Ce qu’ils savaient. Les alliés face à la Shoah ». La réalisatrice, Virginie Linhart, expliqua alors au Parisien : « Il ne s’agit pas de porter un jugement a posteriori ni de remettre en cause les grands hommes mais de comprendre comment ils ont mené la guerre. » On aimerait la même objectivité pour Pie XII, que l’on juge depuis bientôt soixante ans. Espérons que l’ouverture des archives de son pontificat permettra de faire entendre un autre son de cloche : à Rome comme dans le monde.

Domenico Tardini (1888-1961), proche de Pie XII. Jean XXIII le créa cardinal et nomma secrétaire d’État en 1958

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/pie-xii-pape-dhitler-on-le-saura-peut-etre-bientot/?mc_cid=89a687e2b7&mc_eid=c2875309d7



La petite fessée de l'ONU à E. Macron.

...le 07/03/2019

Franchement, ça la fiche un peu mal : la France, patrie des droits de l’homme, vient de se prendre une petite fessée par l’ONU au sujet des violences policières à l’occasion des manifestations des gilets jaunes. La France qui donne des leçons de morale à la Terre entière, se faire réprimander comme une vulgaire république bananière qu’elle n’est pas ! Où va le monde ? 

 

Notre pays figurerait même sur une liste où l’on trouve aussi Haïti et le Venezuela. Vexant, tout de même. « Est-ce bien raisonnable ? », s’est interrogé, sur Twitter, Christophe Castaner. En effet, Haïti a connu, en février dernier, des manifestations contre la vie chère et la corruption. D’« inacceptables actes de violences », en marge de ces rassemblements, ont d’ailleurs été dénoncés par la mission de l’ONU pour l’appui à la justice (MINUJUSTH), présente sur place, et ses partenaires, dont la France. Quant au Venezuela, le ministre de l’Intérieur a beau jeu de rappeler que Maduro interdit l’entrée de l’aide humanitaire dans son pays. « Est-ce bien raisonnable ? » Comparaison n’est pas raison, et est-il bien raisonnable de comparer la situation de la France à celle de ces pays, disons bien plus troublés que le nôtre. Est-ce à dire qu’à l’ONU, on perdrait la boule ? 

 

Le 14 février, déjà, les « experts indépendants » des droits de l’homme de l’ONU dénonçaient, dans un rapport, des « restrictions graves aux droits des manifestants “gilets jaunes” ». Mais, au fait, d’où viennent ces experts ? Le président est un Coréen (du Sud !), Seong-Phil Hong. Michel Forst est français, ancien directeur général d’Amnesty International France, ancien secrétaire général de la CIMADE, ancien secrétaire général de la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Clément Nyaletsossi Voulé, lui, est togolais, rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d’association. Aucun Russe parmi ces experts et, pour l’instant, la main de Benalla n’est pas évoquée !

 

Dans ce rapport, accablant pour la France, étaient dénoncées « les restrictions aux droits » qui ont « entraîné un nombre d’interpellations et de gardes à vue, fouilles et confiscations de matériel de manifestants, ainsi que des blessures graves causées par un usage d’armes dites “non létales” »… Soit ces experts sont des rigolos ou ont commis un rapport à charge et la France doit le dire haut et fort. Soit… Mais que disait, mercredi, Benjamin Griveaux, lors de sa conférence de presse hebdomadaire ? « Lorsque les Nations unies s’expriment […] la moindre des choses, c’est de les écouter et de les prendre en considération. » Soit.

 

Cette petite humiliation internationale pour Emmanuel Macron (mais il faut beaucoup d’humiliation pour faire un peu d’humilité !) est d’autant plus grande que le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU a demandé instamment à la France une « enquête approfondie » sur les violences policières pendant les manifestations des gilets jaunes. Or, qui est ce haut-commissaire ? Une « sous-secrétaire désœuvrée qui s’est exprimée un jour où elle s’ennuyait », comme l’a tweeté Jean-Michel Aphatie ? Non, Michelle Bachelet, ancienne présidente de la République du Chili de 2014 à 2018 et fille du général d’armée aérienne Alberto Bachelet, arrêté, torturé et mort en prison sous Augusto Pinochet. Michelle Bachelet fut, d’ailleurs, elle-même emprisonnée avec sa mère. On imagine qu’elle a donc quelques compétences en matière de droits de l’homme, même si elle n’a pas le bonheur d’être française (elle l’est quand même un peu par son ascendance paternelle). Avouons qu’une leçon d’un « expert » russe, hongrois ou italien, par exemple, aurait été bien mieux venue. Mais on ne choisit pas toujours ses experts.

 


Églises profanées et vandalisées : le silence « monacal » du pouvoir

Le 08/03/2019.

La semaine dernière, une stèle commémorant l’ancien emplacement de la synagogue de Strasbourg était endommagée. Avant tout résultat d’enquête, on criait au loup antisémite. Pour apprendre, une semaine après, que l’acte était accidentel… Devra-t-on, désormais, parler d’antisémitisme accidentel pour éviter le ridicule à toutes les bonnes âmes qui s’émeuvent par réflexe au moindre graffiti ?

Dimanche dernier, la prestigieuse basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France, subissait des dégradations : grand orgue endommagé, des vitraux brisés. Cela n’a rien à voir, mais rappelons qu’il y a quelques mois, la basilique avait subi l’outrage de migrants, soutenus par l’extrême gauche, qui avaient manifesté dans le sanctuaire comme dans la rue. Comme dans la rue où l’on casse les vitrines, dans l’église on casse des vitraux ! Mercredi, c’est un lieu de culte catholique plus modeste, l’église paroissiale de Reichstett en Alsace, qui a subi des dégradations : un vitrail centenaire brisé, des portes forcées, des vitres cassées. Des inscriptions à caractère satanique à la craie ont été retrouvées sur les murs de l’église. BFM TV, ce vendredi, rappelait qu’en 2018, 90 % des dégradations d’édifices religieux concernaient des bâtiments chrétiens : 878 exactement. Les statisticiens auront beau jeu d’expliquer que cette proportion est normale car (pour l’instant) les lieux de culte les plus nombreux en France sont chrétiens, et principalement catholiques.

Notons, tout de même, que le ministre en charge des Cultes, Christophe Castaner, ne semble pas avoir l’émotion compulsive sur Twitter qu’on peut lui connaître par ailleurs. Pas le moindre tweet ministériel pour condamner de la façon la plus ferme ces actes ignobles et inadmissibles dans une République qui assure à toutes et à tous la liberté de croire ou de ne pas croire. Des actes, qui, croyez le bien, ne resteront pas impunis, etc. Enfin, vous connaissez la chanson… Il est vrai qu’on ne connaît pas encore leurs auteurs et qu’il faut se garder de toute précipitation et surtout d’amalgame, n’est-ce pas. Une marche vespérale à la lumière des bougies n’est donc pas appropriée. Et puis, il se peut aussi que le ministre ait usé son crédit mensuel de superlatifs et d’hyperboles et finisse par être à court.

Cela dit, Christophe Castaner est tout excusé, quand on écoute les propos plutôt lénifiants du président de la Conférence des évêques de France, Mgr Pontier, archevêque de Marseille. Interrogé par Le Point, la semaine dernière, sur la série de profanations d’églises dans le pays, le prélat se voulait rassurant. Et quand des politiques, comme Ciotti, dénoncent une « cathophobie qui gagne tous les milieux et conduit à des violences », l’archevêque répond benoîtement : « Je ne vois pas quels faits permettent à ces politiques de tenir un tel discours. » Vu comme ça, effectivement… Comme disait le prophète Jérémie, « ils ont des yeux mais ne voient point ».

En un temps lointain, on ferma et transforma en parc à fourrage les églises. Bien longtemps après, un certain clergé up to date voulut en faire des lieux de vivre ensemble enrubannés de papier crépon où l’on se regardait le nombril plutôt que de regarder le bon Dieu. Puis, donc, aujourd’hui, le retour des vandales. Et pire que tout : le temps de l’indifférence. Grande pitié des églises de France, pour reprendre le titre d’un livre de Barrès !

 

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/eglises-profanees-et-vandalisees-le-silence-monacal-du-pouvoir/?mc_cid=a8ff161fb3&mc_eid=c2875309d7

 


Préfet de police viré : Entre pétage de plombs et remplacement de fusibles…

Le 19/03/2019.

De l'électricité dans l'air au plus haut niveau de l'État ?

La semaine dernière, Christophe Castaner dégageait en boîte de nuit. Cette semaine, il dégage le préfet de police de Paris : entre pétage de plombs et remplacement de fusibles, ambiance électrique au ministère de l’Intérieur !

Certes, c’est bien connu, un préfet, ça sert de fusible. C’est un peu comme ça que la chose a été conçue, dès l’origine, c’est-à-dire lorsque Napoléon Bonaparte, Premier Consul, institua la fonction en 1800. Il ne partait pas de rien, d’ailleurs, les préfets étaient à certains égards les successeurs des intendants de l’Ancien Régime.

On pourrait donner des dizaines d’exemples de préfets relevés de leur fonction du jour au lendemain par le pouvoir politique. Sans remonter aux origines, on peut évoquer le limogeage du préfet de l’Isère, en juillet 2010, sous Sarkozy, après que le quartier de la Villeneuve avait connu plusieurs jours d’émeutes. Sous l’actuel règne d’Emmanuel Macron, on se souvient que le préfet du Rhône et de la région Auvergne-Rhône-Alpes avait été relevé de ses fonctions par Gérard Collomb après l’assassinat de deux jeunes filles, le 1er octobre 2017, à la gare Saint-Charles de Marseille, par un Tunisien qui n’aurait pas dû se balader dans la nature et n’avait rien à faire sur notre territoire. Le porte-parole du gouvernement de l’époque, Christophe Castaner, avait parlé de « dysfonctionnements jugés graves »« Dysfonctionnements » : un mot qui plaît bien, fait technique et évacue un peu la notion de faute, un peu datée et moralisatrice.

Tout ça pour dire que le limogeage du préfet de police de Paris, Michel Delpuech, n’est pas un événement. Ce haut fonctionnaire, âgé de 66 ans, dont le sort importe peu, finalement, dans l’Histoire qui se déroule devant nous, avait déjà un pied dans la tombe – façon de parler – et l’autre sur une plaque d’égout.

Non, ce que l’on retiendra dans cette décision qui s’imposait peut-être déjà au lendemain du saccage de l’Arc de Triomphe, ce sont les propos du ministre de l’Intérieur pour la justifier. « Des décisions, des instructions ont échappé » au préfet, a déclaré Castaner, ce mardi matin, sur LCI, ajoutant que « des consignes ont été données en dessous du préfet de police ». Et, comme il est le premier flic de France et qu’il a peut-être sa police dans la police, de préciser : « Je sais où, je sais qui. » Et c’est là qu’on se dit que, franchement, Christophe Castaner est vraiment gonflé. Samedi après samedi, depuis dix-huit semaines, nous avons eu droit aux « points de sit’ », aux breefings, du ministre sur les manifestations en cours, avec force détails. Tout juste si l’on ne voyait pas Castaner déplacer, sur la carte d’état-major, les compagnies de CRS et les escadrons de gendarmerie mobile, tel Napoléon sous sa tente à Austerlitz. Un ministre flanqué des plus hauts hiérarques de l’ordre public, directeurs généraux de la gendarmerie et de la police nationale, du secrétaire d’État, Laurent Nuñez, la caution professionnelle, histoire de faire moins amateur, et, évidemment, du préfet de police. À voir les images, on pouvait imaginer (ça sert à ça, les images, justement !) une connivence, une unité d’esprit et d’action, une fluidité dans l’échange des informations, osons le mot, une complicité entre l’échelon politique et les échelons opérationnels rassemblés en aréopage autour du ministre. On aura vu plus élégant et courageux dans la façon de justifier et assumer un limogeage…

On est tenté, alors, de se demander si ces fameuses « décisions et instructions », qui auraient donc échappé au préfet, si l’on en croit le ministre, n’ont pas aussi échappé à Castaner. Cela n’a sans doute pas échappé à Emmanuel Macron… et surtout aux Français.

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/prefet-de-police-vire-entre-petage-de-plombs-et-remplacement-de-fusible/?mc_cid=e521b51c49&mc_eid=c2875309d7

 


La vieille dame, le Président et le policier

Le 31/03/2019.

Finalement, cette histoire autour de Geneviève Legay est pleine d’enseignements. Elle nous montre que, parfois – et peut-être plus souvent qu’on le pense -, l’exemple vient plus du bas que du haut.

 

La vieille dame, d’abord. Façon bien irrévérencieuse, je le concède, de parler d’une « senior » âgée d’à peine 73 ans. De nos jours… On est d’accord ou pas avec les idées de Mme Legay, militante d’ATTAC (elle ne doit sans doute pas lire Boulevard Voltaire en se levant le matin), mais on peut lui reconnaître son militantisme. Alors qu’elle pourrait tranquillement passer son samedi après-midi à déambuler sur la promenade des Anglais, à faire du sudoku ou voir le monde défiler en boucle devant son téléviseur, madame Legay monte à l’assaut, drapeau au vent, pour défendre une cause en laquelle elle croit. Il y a tellement de gens qui ne croient plus en rien. Un exemple à suivre ? Je n’irai peut-être pas jusque-là. Elle a été imprudente, s’est aventurée dans une manifestation interdite. Je crois avoir entendu, aussi, sur je ne sais plus quelle chaîne, qu’elle ne savait pas. Peu importe.

 

Pas comme le Président. Le Président, lui, il sait. Il sait tout sur tout et toujours. Même s’il ne sait pas. Il n’a pas fait l’armée, mais comme il en est le chef, il connaît et applique à merveille les principes qui régissent cette vénérable institution depuis la nuit des temps.

Article 1 : le chef a toujours raison. Article 2 : quand le chef a tort, se reporter à l’article 1.

C’est ainsi que, la semaine dernière, le Président affirma mordicus dans un tweet que Mme Legay n’avait pas été en contact avec les forces de l’ordre.

C’est fou, avec tous ces moyens modernes, comme les informations remontent vite au plus haut niveau de l’État. Bon, dans le cas qui nous intéresse, heureusement qu’il y a l’article 2, puisque l’on sait désormais que la dame a bien été bousculée par un policier et, donc, par définition, qu’il y a eu contact.

On sait que le Président a du mal avec les excuses. Je n’ai aucune compétence en psychologie et encore moins en pédopsychologie, donc je ne me hasarderai à aucune explication fumeuse.

Je constate, c’est tout.

Va-t-il se fendre d’un petit tweet d’excuses ? On n’exige pas qu’il demande pardon, fasse livrer des fleurs ou pénitence, pieds nus, la corde au cou. Juste un petit « Je m’excuse ». Bien mal élevé, certes, mais on comprendra. Du bout des lèvres, comme les excuses qu’il fit aux Français en décembre dernier : « Je sais que j’ai pu blesser certains d’entre vous par mes propos » (en clair : j’ai blessé beaucoup d’entre vous).

 

Pas comme le policier. Lui, il présente ses excuses. Tout en bas de la hiérarchie, bras armé du pouvoir, si j’ose dire, il a non seulement reconnu les faits – ce que le Président et son ministre de l’Intérieur n’ont pas fait pour le moment – mais, en plus, il a présenté ses regrets. Ce qui n’est pas rien. Dieu merci, la vie de la dame n’étant plus en danger, il n’a que des regrets, pas des remords. Il sait, non pas qu’il a pu, mais qu’il a blessé : « Mon client tient tout d’abord à exprimer ses plus sincères regrets quant aux conséquences de l’intervention des services de police sur la personne de madame Geneviève Legay et aux blessures qu’elle a subies à cette occasion. »

 

Décidément, l’exemple vient du bas, dans ce pays. On attendrait qu’il vienne d’en haut. C’est peut-être pour ça que la France ne tourne pas très rond. C’est peut-être aussi un peu pour cela que les gilets jaunes sont descendus dans la rue.

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/la-vieille-dame-le-president-et-le-policier/?mc_cid=011eb3112b&mc_eid=c2875309d7

 



Toute vérité n’est donc pas bonne à dire, en Macronie

 

 

 

« Qu’est-ce que la vérité ? » La question n’est pas d’hier. C’est celle que posa Ponce Pilate à Jésus-Christ. Pour dire. La vérité, c’est visiblement un truc qui travaille Emmanuel Macron et la Macronie. On se souvient des vœux du Président, le 31 décembre dernier : des vœux de « vérité », « dignité »et « espoir ». « Le vœu de vérité, c’est aussi celui qui doit nous conduire, afin de demeurer une démocratie robuste, à mieux nous protéger des fausses informations, des manipulations et des intoxications. »

 

Visiblement, en langage macronien, la définition de la fausse information s’étend aux analyses adverses qui ne rentrent pas dans le cadre de la vulgate officielle. Par exemple, estimer que le pacte de Marrakech est un encouragement pressant à accueillir toujours plus de migrants en Europe, et notamment en France, c’est une fausse information.

 

Dans un tout autre ordre d’idée, parler de violence policière au vu d’une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et même au journal télévisé de France 2, vidéo où l’on voit très nettement un policier asséner un coup de matraque à un jeune homme, lors de la dispersion d’une manifestation à Besançon, la semaine dernière, c’est aussi, en quelque sorte, diffuser une fausse information, manipuler, intoxiquer l’opinion. D’ailleurs, que nous dit Christophe Castaner, interrogé mardi sur cet incident ? « Il n’y a pas d’image de violence policière. Il y a une scène où un policier dans l’action, au moment d’une charge, a effectivement poussé quelqu’un… » À la vérité, en écoutant le ministre, on sent tout de même qu’il a une petite hésitation avant de sortir le verbe « pousser ». Comme on dit : faut pas pousser ! Et Pilate de poser la question à Castaner : « Qu’est-ce que la vérité ? » Notion évolutive, on l’a vu avec l’affaire Benalla, véritable puits sans fond de mensonges, si l’on en croit certains.

 

Toujours sur ce rapport à la vérité, une question : Est-ce mentir que de ne pas dire la vérité ? Toute la vérité, rien que la vérité ? Autour de la polémique sur les propos de Sibeth Ndiaye, qui aurait assumé de mentir pour protéger le Président – propos qu’elle dément désormais à grand coups de capillotracteur -, le député LREM de l’Hérault Patrick Vignal déclarait benoîtement, le 1er avril sur CNews : « On va être très clair, s’il faut dire la vérité aux Français, ça veut dire dix ans de sang et de larmes […] Vous voulez que je vous parle de dossiers de terrorisme ? Vous voulez dire la vérité aux gens sur ça ? Vous voulez dire sur le chômage aux gens ? Mais attendez, il faut donner une vision d’espérance, aussi, aux Français. » Certes, comme on dit, toute vérité n’est pas bonne à dire, mais là, subitement, on est pris comme d’un doute : La situation serait-elle donc plus grave qu’on l’imagine ? Et tous ces oiseaux de malheur, ces Cassandre, ces complotistes et autres populistes qui nous prédisent les pires choses pour notre pays, notamment la submersion migratoire, l’islamisation de la France, finalement, ne diraient-ils pas un peu la vérité ? Allez savoir.

 

Question hautement philosophique à laquelle l’auteur de ces lignes serait bien en peine de répondre : Peut-on donner une vision d’espérance aux Français en ne leur disant pas la vérité ? « Qu’est-ce que la vérité ? » Pilate posa cette question après que Jésus-Christ lui avait déclaré : « Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix. » Ceux qui ont accédé au pouvoir, il y a bientôt deux ans, ont donné la nette impression que la vérité leur appartenait, et parfois même qu’ils appartenaient à la vérité. Du reste, le député Vignal, qui reste tout de même un élu de terrain, n’évoque-t-il pas, dans son intervention sur CNews, ces « présomptueux » ?

C’est peut-être pour cela qu’ils se sont fracassés contre le mur de la réalité. Qui rime avec vérité.

 



Remplacer « hommage » par « femmage »....

Et pour « couillonnade », on fait quoi ?

« Un dernier hommage sera rendu à »… Pas une semaine sans qu’on lise ou entende cette expression toute faite et désormais convenue avec, parfois, la variante « ultime » au lieu de «dernier », plus recherchée peut-être. Curieux, d’ailleurs, que ce vieux mot rescapé de nos temps féodaux se refasse une santé à bon compte dans le commerce des pompes funèbres. Il est vrai que c’est une activité fleurissante et pleine d’avenir.

Mais à l’occasion du décès de la cinéaste Agnès Varda, l’association Osez le féminisme !, tout comme le Planning familial de Haute-Loire d’ailleurs, a rendu un « femmage » à celle qui fut une grande féministe devant l’Éternel.le. Bon, on ne va pas faire tout un fromage pour ce néologisme, pas très joli du reste, mais on se demande un peu si le féminisme poussé à l’excès de zèle n’est pas en train de tourner à la pantalonnade. Au fait, doit-on dire, encore, « pantalonnade », dans le cas présent ? « Juponnade » ou « robade » serait pas mal, même si ces vêtements ne sont plus réservés aux femmes depuis qu’on a inventé la Journée de la jupe.

Mais bon, allons-y pour un dernier « femmage » à Agnès Varda, auteure (ou autrice), en 1975, de ce court-métrage féministe, Réponse de femmes, dans lequel on entend cette saillie, si j’ose dire, magique : « Non, non, non et non. Je ne suis pas un homme sans queue ni tête ! » Même si les spécialistes de notre langue disent que ce mot « femmage » sans queue ni tête est ridicule et n’a aucun sens, si ça peut faire plaisir à ces dames…

Maintenant, une question : faut-il envisager d’interdire, voire carrément de pénaliser la formule de politesse « Mes hommages, Madame », avec sa variante populo de jadis « Mes hommages à vot’dame » ? Faut voir. On a bien banni de nos formulaires administratifs le beau titre de «Mademoiselle ». Car, à bien y réfléchir, n’est-ce pas ce genre de formules de politesse ringardes qui maintiennent les femmes dans une soumission ancestrale ? Présenter ses hommages aux dames et pourquoi pas les honorer, pendant que nous y sommes ! Mes hommages, Madame ? Non, mais je rêve, on n’en veut pas, de tes hommages, mon petit bonhomme. On n’est tout de même plus au Moyen Âge ou dans les années cinquante. À une époque où ce macho de Frédéric Dard sortait un San-Antonio intitulé Mes hommages à la donzelle. Un bouquin dans lequel on lit ce genre d’horreur : « Moi, les gonzesses qui chialent me courent sur le système glandulaire. » Ou encore celle-ci : « Elle essaie de me faire du charme, de me vamper : pour cela, elle veille à ce que le haut de son corsage baille comme un crocodile occupé à lire un roman de Mauriac. »

Esprit d’escalier, es-tu là ? Oui, je suis là. Alors, une question, du coup : comment pourrait-on masculiniser le mot « couillonnade » ? La question reste pendante, aurait dit ce bon curé de Camaret. Osons le masculinisme en terminant ce billet par cette formule d’un autre âge : Veuillez agréer, je vous prie, Mesdames, l’expression de mes plus respectueux hommages.

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/remplacer-hommage-par-femmage-et-pour-couillonnade-on-fait-quoi/?mc_cid=d5f0a014c4&mc_eid=c2875309d7

 


Limogé, le préfet Delpuech intègre le Conseil d’État : Comme la République est bonne !

On s’inquiétait du sort de Michel Delpuech, le préfet de police de Paris limogé le 20 mars dernier après l’acte XVIII des gilets jaunes, marqué par des violences sur les Champs-Élysées et leurs abords. Nous voici donc rassurés : par décret du président de la République en date du 10 avril, Michel Delpuech vient d’être nommé conseiller d’État en service extraordinaire.

  

Âgé de 66 ans depuis le 13 février dernier, on aurait pu imaginer qu’il soit invité à faire valoir ses droits à la retraite pour aller cultiver son jardin, écrire ses mémoires ou faire du sudoku devant son écran plat. Mais le service de l’État est plus fort que tout. Et puis, ne faut-il pas que l’exemple vienne du haut ? Régulièrement, un ministre est préposé aux matinales pour expliquer aux Français qu’il va falloir travailler plus longtemps, rapport à l’entrée de plus en plus tardive dans la vie active et à l’allongement de la vie. En plus, on imagine bien que faire conseiller d’État en service extraordinaire doit être autrement plus harassant que de s’occuper de chiards dans une école élémentaire, vider les tinettes à l’hospice ou faire les trois huit. Moins fatigant, certes, que préfet de police avec Castaner au bout du fil toutes les cinq minutes, nuit et jour, même – surtout ! – le week-end, mais quand même… Donc, effectivement, on peut voir ça comme ça et saluer le geste.

 

Évidemment, les esprits tordus peuvent voir la chose autrement. Le Conseil d’État en service extraordinaire, ça doit être encore une de ces prébendes dont seule la France a le secret, deux cent trente ans après la prise de la Bastille, la nuit du 4 août et toutes ces sortes de choses folkloriques. Avant la Révolution, justement, on renvoyait dans ses terres celui qui avait failli dans l’accomplissement de sa mission, avec l’obligation de ne pas en sortir et de ne surtout pas réapparaître à la cour. Parfois, on embastillait. Pire : il arrivait même que l’on exécutât en place de Grève. En 1766, ce fut le cas du pauvre Lally-Tollendal, bouc émissaire des défaites de la France durant la guerre de Sept Ans, après son échec aux Indes. Aussi, on ne dira jamais assez les bienfaits que la Révolution française a apportés à notre pays, notamment à la haute noblesse, tout du moins à celle que la République s’est inventée depuis lors. Elle ne risque pas sa tête sur le billot parce que des sans-culottes ont saccagé les Champs-Élysées, faute de pouvoir démolir la Bastille, vu que ça, c’est fait.

 

Cela dit, on notera que la République a su prendre ce qu’il y avait de bon dans la royauté. Par exemple, justement, les conseillers d’État en service extraordinaire. C’est, en effet, par une ordonnance du 5 novembre 1828 que Charles X décida que le service extraordinaire serait réservé à « ceux de nos sujets exerçant des fonctions publiques auxquels, en récompense de leurs bons services, il nous plaît d’accorder ce titre… » Voilà, voilà.

 

Évidemment, aussi, les gagne-petit et autres pousse-mégot vont nous enquiquiner sur le salaire du conseiller d’État en service extraordinaire. Qu’est-ce qu’on peut être mesquin lorsqu’on appartient au tiers état ! D’abord, il ne perçoit pas un salaire. Il reçoit, nous dit le décret ad hoc, une indemnité. Nuance. Une misère, en plus : 18.700 euros bruts par an en fixe et une part variable qui peut monter à 55.000 euros.

 

On notera que l’un des derniers nommés comme conseiller d’État en service extraordinaire par le garde des Sceaux est le docteur Yves Lévy, qui n’est autre que le mari d’Agnès Buzyn. Encore un exemple qui vient du haut : Le docteur Lévy aura 62 ans, cette année.

 

Et il y a encore des Français qui nous emmerdent avec leur retraite à 60 ans. Franchement…

 


Macron et Mattarella à Amboise : la Renaissance entre soi

Le 02/05/2019.

La ficelle est grosse, mais bon, on ne sait jamais, sur un malentendu… La liste de La République en marche aux élections européennes s’appelle pompeusement « Renaissance » et – bénédiction du calendrier – à quelques semaines de ces élections, on commémore le cinquième centenaire de la mort de Léonard de Vinci – Leonardo da Vinci -, le génie de la Renaissance. D’une renaissance l’autre… Tiens, au fait, tout de suite, une petite parenthèse : à cette époque de la Renaissance, on avait coutume de franciser son nom ou de le laisser franciser par ses contemporains. Aujourd’hui, évoquer cette éventualité, c’est le tollé assuré. Refermons la parenthèse.

Or, donc, en ce 2 mai 2019, Emmanuel Macron (Emanuele Macroni) recevait son homologue italien Sergio Mattarella (Serge Mattarelle) à Amboise, puis au château de Chambord : d’un château l’autre… Pratique, en tout cas, ce président italien qui, même s’il possède le pouvoir de dissoudre les chambres, a surtout un rôle honorifique. Pratique car il permet de passer par-dessus ces ploucs de souverainistes italiens, actuellement au pouvoir chez nos amis transalpins et qui font la misère à Emmanuel Macron. Enfin, quelqu’un de fréquentable : un démocrate-chrétien, ce qui n’implique pas forcément d’être démocrate et chrétien. Qu’importe s’il n’est pas vraiment du nouveau monde : fils de ministre, sept fois élu député depuis 1983 (à l’époque, Emmanuel Macron fréquentait encore l’école élémentaire), plusieurs fois ministre, juge constitutionnel, bref, le cursus honorum classique et rassurant. Et, ce qui ne gâche rien, un parfait européiste : on se souvient que, l’an passé, il s’était porté garant des « engagements européens de l’Italie » et avait donc essayé, en vain, de s’opposer à la constitution d’un gouvernement de coalition entre le Mouvement 5 étoiles et la Ligue. C’est quand même mieux lorsqu’on est entre soi, a dû se dire le Président français !

Entre soi est le mot. Fini le temps où les souverains faisaient leur entrée dans les villes avec la foule en liesse. Nous l’évoquions l’autre jour mais, à lire les comptes rendus de la presse, il semble bien qu’on ait atteint des sommets : « Ville morte », lit-on un peu partout. C’est étrange, pour une célébration de la Renaissance ! « Ça devait être une fête populaire et c’est la fête de monsieur Macron », souligne France 3 Val de Loire, qui publie des images où l’on découvre la petite cité transformée en camp retranché, centre-ville complètement désert, commerces fermés. Interviewé, un Tourangeau déclare : « Bah, c’est une honte même. Il vient se promener, bah, c’est bien, mais il pouvait venir dire bonjour aux gens… » Et la journaliste de demander à ce brave retraité s’il allait dire bonjour au Président. Réponse : « Ah, j’veux pas l’voir. On l’voit déjà assez à la télé. ». La sécurité, me direz-vous.

Cela dit, un accident est si vite arrivé ! Et pas toujours comme on l’a imaginé. A-t-on raconté à Emmanuel Macron, lors de sa visite du château d’Amboise, que, le 7 avril 1498, le roi Charles VIII, alors âgé de 28 ans, se cogna la tête à un linteau de porte et mourut neuf heures plus tard ? Ou encore la conjuration d’Amboise, appelée aussi « tumulte d’Amboise », fomentée en 1560 par des gentilshommes huguenots pour s’emparer du jeune roi François II. L’affaire fut éventée et les rebelles échouèrent lamentablement. La plupart furent pendus aux balustrades du château, d’autres noyés dans la Loire ou encore massacrés par la foule. Jean du Barry, le chef des conjurés, fut découpé en cinq morceaux qui furent exposés aux portes de la ville. La répression des gilets jaunes par Castaner et Nuñez, à côté, c’est de la petite soupe ! La régente était, alors, Catherine de Médicis, une Italienne. Emmanuel Macron et Sergio Matterella ont-ils évoqué ces vieux souvenirs de l’amitié franco-italienne ?

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/macron-et-mattarella-a-amboise-la-renaissance-entre-soi/?mc_cid=3488dba9a7&mc_eid=c2875309d7


Castaner doit-il retourner à l’école ?

Le 03/05/2019.

Il regrette. C’est déjà ça. Christophe Castaner reconnaît qu’il n’aurait pas dû employer le mot « attaque ». Il aurait dû dire « intrusion violente ». C’est mieux. En effet, une attaque implique la notion d’action délibérée. Dans le vocabulaire militaire, l’attaque vise à la conquête d’un objectif ou à la destruction de l’ennemi. Vu le foutoir ambiant, que l’on devine à travers les images qui circulent, cette affaire de la Pitié-Salpêtrière, ça ne ressemblait pas trop à une manœuvre montée par Foch !
La délicieuse Amélie de Montchalin, secrétaire d’État aux Affaires européennes, expliquait, ce vendredi matin, pour défendre le soldat Castaner, chez la non moins délicieuse Apolline de Malherbe, que tout cela n’était, finalement, que de « l’étymologie ». Faux, avons-nous envie de dire à « Madame Je-sais-tout » (surnom que certains députés En Marche ! lui auraient donné lorsqu’elle siégeait à l’Assemblée) : l’étymologie est l’étude de l’origine des mots. Il eût été plus correct de parler de « sémantique ». Sauf que Mme de Montchalin ne peut balayer d’un revers de sa belle main d’albâtre ces questions sémantiques. Les mots ont un sens. Les mots tuent, dit-on souvent. Il y a même des mots qu’on n’a plus le droit d’employer. Pour dire ! C’est donc qu’on ne peut pas dire n’importe quoi. Surtout lorsqu’on est ministre.

Mais revenons à Christophe Castaner. On en vient à se demander sérieusement s’il n’a pas un léger problème pour mettre les bons mots sur les faits et choses qui l’environnent. En clair, un problème de vocabulaire. Tout simplement. Prenez cette déclaration magique prononcée par le ministre des Cultes devant le parvis après l’incendie : « Notre-Dame n’est pas une cathédrale. » On est allé chercher dans ces propos une signification polémique, on y a vu une manière de nier la vocation religieuse, catholique de l’édifice. Et si, finalement, ce n’avait été qu’une question toute bête de vocabulaire ? Si Christophe Castaner ne savait pas que ce grand bâtiment religieux où siège l’évêque s’appelle une cathédrale ? Autre exemple : « Les séditieux. » Souvenons-nous, c’était au début du mouvement des gilets jaunes. Le nouveau ministre de l’Intérieur dénonçait les « séditieux » », un mot exhumé des années 30, que même en Mai 68 on n’avait pas employé. Sédition : « soulèvement concerté et préparé contre l’autorité établie », nous dit le dictionnaire. Autrement dit, une sorte de complot contre la République. Alors, qui sont les meneurs, les organisateurs ? Car pour que l’action soit « concertée »« préparée », il faut bien des chefs. Six mois après, on ne les a toujours pas trouvés ? Alors, exagération provençale, grossissement épique ? Non, question de vocabulaire.

Au moment où j’écris ces lignes, un responsable syndical policier recommande que l’on remette un communicant pour porter la parole du ministère de l’Intérieur. En creux : que le ministre se taise !

Donc, exit « l’attaque », place à « l’intrusion violente ». Faisons notre savant, comme Mme de Montchalin, en citant Boileau : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément. » C’est peut-être ça, tout le problème de Castaner. Alors, de la pédagogie, comme on dit en langage macronien : plutôt que d’exiger la démission du ministre de l’Intérieur, comme certains le demandent dans l’opposition, peut-être devraient-ils suggérer à Emmanuel Macron que Christophe Castaner profite de ses soirées parisiennes pour prendre quelques cours de vocabulaire ? Brigitte Macron fera ça très bien. On verra, après, pour les rédactions. Une idée de sujet pour la première : « Commenter cette phrase : il faut se méfier des mots. »

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/castaner-doit-il-retourner-a-lecole/?mc_cid=7d39ef9d00&mc_eid=c2875309d7



Les préservatifs des Jeunes avec Macron : pour une Europe qui protège…

Le 08/05/2019.

« À 2 c’est bien. À 27 c’est mieux ! » Le slogan claque comme un drapeau au vent ou l’élastique d’un slip dans le petit matin blême. Le drapeau européen, évidemment, car c’est sur fond de bannière azur étoilée d’or que cette phrase d’appel à l’union est brodée. Bon, déjà, faudrait s’entendre sur le nombre : 27 ou 28, car aux dernières nouvelles, le Royaume-Uni voterait aux élections européennes. Mettons 27, on ne va pas chipoter pour une unité. Et puis, quand il y en a pour 27, il y en a pour 28.

Ce slogan, vous le trouverez sur les boîtes de préservatifs distribuées par les JAM, les « Jeunes avec Macron », à l’occasion de la campagne des élections européennes. En plein Brexit, offrir des capotes anglaises, ça ne manque pas de sel. C’est jeune, c’est frais, c’est de bon goût. Comme on dit, ça fait envie. Ça change des stylos et des mugs. Tiens, on aurait même pu imaginer la tête de Nathalie Loiseau imprimée au bout de l’objet, ou celle de Macron, si vous préférez, vu que c’est lui la vraie tête de liste. C’eût été du meilleur effet. La technologie permet d’accomplir des miracles, aujourd’hui. Cela dit, ce n’est pas la première fois que ce type d’ustensile est utilisé comme « produit dérivé ». On a le souvenir des boîtes de préservatifs à l’effigie de Kate et William vendues à l’occasion de leur mariage en 2011. Mais cette intrusion dans une campagne électorale semble être une première. Il a bien dit, d’ailleurs, que rien ne serait plus comme avant.

Question : Nathalie Loiseau va-t-elle procéder elle-même à la distribution ? On l’ignore encore. L’idée est à creuser. Le tout est de savoir si cela doit se faire en début ou en fin de meeting. C’est peut-être mieux à la fin, sinon les jeunes risquent de s’amuser avec pendant (le meeting). Ceux qui resteront jusqu’au bout du bout du discours de Nathalie, c’est promis, auront droit à une boîte dédicacée de Loiseau herself. Un lâcher de préservatifs gonflés à l’hélium en fin de meeting sur fond d’hymne européen est même envisageable. Marlène Schiappa en a, par avance, la chair de poule et Amélie de Montchalin la larme à l’œil.

« À 27 c’est mieux ! » Waouh ! Y a pas à dire, on a le sens du collectif festif, de la partouze bruxelloise, de l’orgie strasbourgeoise, à La République en marche ! On imagine la tête des « pères fondateurs », ces espèces de pères fouettards qu’étaient Schuman, Adenauer, Monnet and Co. : voir leur « projet » s’achever au fond d’un préservatif, érigé en bacchanale à 27. Heureusement qu’il n’y a pas 69 pays sur le continent européen. Mais, finalement, nous n’avons peut-être rien compris du tout au message subliminal que cette boîte de préservatifs veut nous faire avaler : Emmanuel Macron veut une Europe qui protège, il l’a dit et répété.

Au fait, alors que certains prévoient que tout ça va se terminer en débandade, Nathalie Loiseau a promis que cette campagne sera un blitzkrieg – une guerre éclair, en français dans le texte. Vite fait, bien fait, pas un truc qui dure, quoi. Et les préliminaires, on en fait quoi, dans tout ça ?

 

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/les-preservatifs-des-jeunes-avec-macron-pour-une-europe-qui-protege/?mc_cid=fc5f4ed43c&mc_eid=c2875309d7

 


Veille d’élection : veillée d’armes…

Le 25/05/2019.

À quoi peut-on comparer une veille d’élection ? Tout du moins pour ceux qui s’intéressent encore un peu au phénomène. En France, comme les élections ont toujours lieu un dimanche – ce qui n’est pas le cas partout en Europe -, les veilles d’élection ont toujours lieu un samedi. Bien vu ! Si c’est pour noircir du papier, ce n’était pas la peine.

Oui, mais un samedi, veille d’élection, cela a un côté (que personne ne crie au blasphème !) Samedi saint. Le temps est suspendu. Plus le droit de faire campagne. Repos pour tout le monde après des semaines qui, parfois, pour certains ou certaines, ont pu être un vrai calvaire. Le silence qui précède le fracas. Demain, il va se produire un grand événement. On sait que cela va arriver. Parfois, il est vrai, on ne connaît pas l’issue : c’est là que s’arrête la comparaison avec le Samedi saint, pour ceux qui croient. On a hâte que cela arrive et, en même temps, on redoute.

C’est alors que vient la comparaison avec l’accouchement. Parfois dans la douleur. Avec un examen ou un concours, aussi. A-t-on tout fait ce qu’il fallait ? Est-ce qu’il n’aurait pas fallu travailler plus tel ou tel thème ? Est-ce qu’on n’a pas été un peu léger à tel moment ? J’avais la réponse quand ce journaliste m’a interrogé. Pourquoi n’ai-je rien dit ? L’autre abruti au débat, j’aurais pu le moucher mais je n’y ai pas pensé…

La veille des élections, c’est aussi veillée d’armes. Certes, les généralissimes ne font pas le tour des bivouacs pour gonfler leurs troupes et se réchauffer au coin du feu. Ils sont, la plupart du temps, en famille ou entre amis.Trop tard, en tout cas, pour revenir sur le plan de bataille. Le plan de bataille, c’est bien connu, c’est le premier mort à la guerre. Les troupes au petit jour vont s’ébranler mais l’on n’est pas à l’abri de la surprise. Déjà, la météo. Important, la météo : à la guerre, au tiercé comme un jour d’élections. Trop beau : les électeurs iront à la pêche ou voir la belle-mère. Justement, c’est la fête des Mères, ce dimanche. Trop mauvais : ça va être difficile de sortir de la tranchée, je veux dire de dessous la couette. Quel champ de bataille, cette chambre à coucher ! Ensuite, comment va réagir la troupe ? Dans l’isoloir, il n’y a pas d’adjudant pour tenir la ligne de front ! Combien de personnes changent alors de camp sans craindre de passer en cour martiale ?

En tout cas, demain, ce sera une drôle de bataille. Une bataille quasi silencieuse. Sépulcrale. Un bureau de vote, ça parle moins que dans une église et on a gardé le confessionnal. Une bataille où la troupe est en colonne, et non en ligne, pour tirer son unique cartouche dans l’urne. Une bataille où les généraux ne peuvent manœuvrer. Une bataille où l’on compte les blessés et les morts à la fin seulement. Pas d’évacuations sanitaires en cours de journée. Tant il est vrai qu’en politique, on ne meurt jamais vraiment. Alors, disons, pour reprendre un propos de popote : une bataille qui fera plus de cocus que de morts ?

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/veille-delection-veillee-darmes/?mc_cid=118e811b0a&mc_eid=c2875309d7


Après les voleurs de nains de jardin, les voleurs de portraits présidentiels

Le 26/06/2019.

On est rassuré, tout d’un coup. L’ordre règne en France. Enfin ! La preuve ? Ça correctionne sévère, actuellement, après une « augmentation de la recrudescence », comme disait Coluche, des vols de portraits présidentiels dans les mairies.

 

Naguère, on eut à déplorer dans notre pays des épidémies de vols de nains de jardin. On se souvient des agissements délictueux du Front de libération des nains de jardin (FLNJ) qui sévissait cruellement à la fin des années 90 et au début des années 2000. Il s’agissait de rendre la liberté à ces petits personnages qui, au fond, n’ont rien demandé à personne et vivent, été comme hiver, dans leur petit coin de jardin, souvent de banlieue. Les nains de jardin avaient droit aux grands espaces. D’où ce mouvement. En clair, dans le texte du Code de procédure pénal, peu enclin au sens de l’humour, des vols caractérisés. En 2006, le FLNJ, à travers son site Internet, comptabilisait l’enlèvement de plus 14.000 nains. Difficile à vérifier. Mais un phénomène autrement plus grave que les incendies de voitures à la Saint-Sylvestre, qui relèvent désormais de la coutume festive. Mais nous nous éloignons du sujet. Quoique…

 

 

Car ces enlèvements de portraits officiels du Président dans les maisons communes ont une dimension revendicative. Depuis le mois de février, soixante-neuf mairies, nous dit Le Figaro, ont été victimes de « décrochages » du portrait d’Emmanuel Macron de la part de militants écologistes qui ont lancé l’opération « Décrochons Macron ». À l’époque, Bruno Le Maire, qui, souvenons-nous, faillit être président de la République dans ses rêves les plus torrides (2,4 % à la primaire des Républicains en 2016), avait twitté : « Les décrochages du portrait du président de la République sont inacceptables. On ne porte pas atteinte aux symboles de la République. Soutien aux maires. » La République était en danger. Sans doute une première dans l’histoire de la République depuis que M. Thiers se fit tirer le portrait photographique. Depuis, une coutume, une tradition républicaine, comme on dit. Mais pas d’obligation légale. Chaparder la bobine encadrée du Président ne relève donc pas du sacrilège, enfin pas encore, mais du simple vol, même si, relate Le Figaro, la gendarmerie estime qu’il s’agirait d’« atteintes répétées à l’autorité de l’État ». Gendarmerie qui a passé les consignes à ses unités par l’intermédiaire de son bureau de la lutte antiterroriste…

Il faut savoir qu’il n’y a pas que dans les hôtels de ville que cette « tradition républicaine » du portrait présidentiel existe. Dans les préfectures, dans les bureaux des autorités militaires, par exemple. Je me souviens d’un chef de corps qui n’aimait pas le Président du moment. Il ne se serait pas permis de décrocher le portrait mais avait disposé devant une immense plante verte. La main verte, en quelque sorte, comme ces écolos.

Dans la Marine nationale, on appelle ce portrait un Loubet, car c’est sous le règne de ce Président que s’imposa l’usage, sur les bâtiments de la Royale, de placer le portrait présidentiel dans la salle à manger du commandant. On raconte cette anecdote qui se serait déroulée sous de Gaulle : son fils, l’amiral, rendant visite à l’un de ses camarades, commandant de bateau, découvre qu’à la place du Loubet trônait un illustre inconnu. Étonné, le fils du général demande alors qui est cet homme. « Mon père ! Vous avez bien le portrait du vôtre sur votre bateau ! » On dira que cette histoire est vraie. Cela dit, la chose ne risque pas d’arriver à notre Président.

Pour revenir à nos vols de portraits présidentiels, un petit bilan de cette affaire, en guise de conclusion : 99 auditions, 61 gardes à vue, 50 perquisitions, une dizaine de procès en mai. Certes, pas de prison pour l’instant mais des amendes. Une répression à porter au bilan positif de Christophe Castaner. En espérant que les nains de jardin ne vont pas s’y mettre.

 

 

 Source : https://www.bvoltaire.fr/apres-les-voleurs-de-nains-de-jardin-les-voleurs-de-portraits-presidentiels/?mc_cid=56cf5f3801&mc_eid=c2875309d7

 


Quel moustique a piqué Aymeric Caron ?

Le 31/07/2019.

 

Quelle mouche a donc piqué les antispécistes ? Pour tenter de répondre à la question, comme souvent, il faut revenir aux origines. L’un des fondateurs de ce « courant philosophique », le Britannique Peter Singer, écrivait, dans son livre La Libération animale (1975) : « Je soutiens qu’il ne peut y avoir aucune raison – hormis le désir égoïste de préserver les privilèges du groupe exploiteur – de refuser d’étendre le principe fondamental d’égalité de considération des intérêts aux membres des autres espèces. »

Donc, il n’y a pas de raison, selon ce principe, de ne pas considérer ce satané moustique, qui pourrit ma nuit, digne de considération. Sauf à envisager que je suis égoïste. Mais, justement, ça tombe bien, il se trouve que je suis, notamment à cette heure-là de la nuit, profondément égoïste. Avide de préserver mon statut de privilégié issu de cette espèce inventrice de l’assèchement des marais, de la moustiquaire, du DDT et de la tapette à mouche. Je suis égoïste et n’aurai donc aucun scrupule à écraser la bestiole. Si, peut-être, un tout petit regret : celui concernant l’éventuel dégât collatéral. Je veux parler de la trace du sang, qu’elle m’aura goulûment pompé sans d’ailleurs rien me demander, sur le mur blanc de la chambre à coucher. Je sais, c’est grave, d’écrire des choses pareilles, de les penser et, surtout, de les pratiquer. À bien y regarder, du reste, n’est-ce pas là une sorte d’incitation à la haine ? La question n’est pas anodine. Pourtant, il n’y a ni haine ni amour. Seulement le désir de ne pas être emmerdé dans sa nuit.

Mais si l’on est antispéciste, « que fait-on si l’on est attaqué par des moustiques ? » Question existentielle d’une certaine Rebecca, qu’on imagine en sainte Blandine de la religion antispéciste, prête à se laisser bouffer toute crue dans sa jolie nuisette immaculée, non par les lions mais par les moustiques. Une question qu’elle a posée au journaliste et gourou antispéciste Aymeric Caron, et à laquelle il a répondu sur Komodo.tv« le média du respect du vivant et des droits des animaux ». Réponse du grand prêtre : « Un antispéciste considère que les moustiques ont le même droit à vivre que vous et moi », histoire de partir sur de bonnes bases. À terme, droit = procès = avocats. On se prend tout d’un coup à être rassuré pour la profession, qui trouvera là une nouvelle mine inépuisable de causes à défendre. Aymeric Caron nous apprend aussi que ce ne sont pas les mâles qui nous piquent mais les femelles. Là, déjà, c’est pas pareil, au niveau du harcèlement. Donc, on ne dira plus un mais une moustique. « Et si les femelles piquent, c’est pour une raison. C’est parce qu’elles cherchent dans le sang de leurs victimes des protéines pour nourrir leurs œufs en développement et donc leurs bébés. » La moustique est donc « une dame qui risque la vie pour ses enfants en devenir » et qui « n’a pas le choix ». Alors, après avoir passé en revue les solutions préventives pour éviter d’être confronté au débat cornélien – l’écrasé-je ou ne l’écrasé-je pas -, dont celle de déménager si l’on habite dans une zone où les culicidés prospèrent, Aymeric Caron, évoquant le bon docteur Schweitzer (Il est minuit, docteur Schweitzer, et j’aimerais bien pouvoir dormir !), conclut ainsi : « On peut considérer qu’un don du sang ponctuel à un insecte qui ne demande qu’à nourrir ses enfants n’est pas un drame. Et que c’est même altruiste. »

Paludisme, fièvre jaune, dengue, chikungunya ne sont, au fond, que les effets secondaires d’actes altruistes involontaires reproduits à des millions de fois. Une question qu’aurait pu poser Rebecca : cet altruisme doit-il s’appliquer aux poux, morpions et autres animaux de compagnie intime qui méritent, si on a bien suivi, toute la considération due au vivant ?

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/quel-moustique-a-pique-aymeric-caron/


<<Y-a pas mort d'homme...>>

Le 18/12/2019.

Vous avez des scrupules, des états d’âme, des doutes ? Une solution : écoutez Gérald Darmanin, matin, midi et soir, et vous serez vite débarrassés de ces choses, ma foi, bien encombrantes et, finalement, contre-productives.Interrogé, mardi, par Bourdin, le ministre de l’Action et des Comptes publics – en clair, le monsieur qui s’occupe de nos impôts – déclare qu’au fond, il n’y a pas eu « mort d’homme dans ce qu’a fait Jean-Paul Delevoye ». C’est vrai, ça. Du reste, ne boudons pas notre plaisir : ici même, la semaine dernière, nous n’écrivions pas autre chose. Comme quoi… Darmanin lirait-il Boulevard Voltaire ? Que Delevoye n’ait tué personne, tout le monde peut en convenir. Certes. On ne saurait pourtant trop vous conseiller, vous le retardataire, l’oublieux ou le distrait, de dire à la dame postée en caponnière derrière l’hygiaphone qu’après tout, « il n’y a pas eu mort d’homme » et que, d’habitude, c’est votre « femme qui s’occupe de tout ce qui est administratif ». Au passage, quelle gourde, celle-là, même pas capable de compter les sous comme y faut…

 

Darmanin, qui sait d’où il vient (s’il n’a pas raconté cent fois que sa mère est femme de ménage…), estime que l’affaire Delevoye est révélatrice d’« une forme de mépris sur tous ceux qui, de près ou de loin, donnent du temps pour l’intérêt général ». Là, on touche au grandiose. « Ceux qui donnent du temps pour l’intérêt général » : on dirait qu’il parle du couple de petits retraités, celui qui, au lieu de regarder tranquillement la télé, comme va pouvoir le faire désormais Delevoye, distribue bénévolement des repas aux Restos du cœur. Comment réutiliser – j’allais dire kidnapper – un mot, en l’occurrence le mot « mépris », pour renverser la situation : finalement, le mépris ne serait donc pas là où on croit qu’il est dans notre société. Les gueux, mais arrêtez-donc d’être méprisants envers les élites qui vous dirigent ! Il fallait y penser.

Donc, il n’y a pas mort d’homme. Mettons. Cela rappelle un peu, toutes proportions gardées, bien évidemment, cette déclaration à la presse d’un maire, anciennement socialiste, rallié en 2017 à Macron, qui, condamné définitivement pour violences conjugales en 2018 et alors qu’il s’agrippait des deux mains à son siège municipal, refusait de démissionner et déclarait, sans rire, à la presse locale : « Ce n’est pas comme si j’avais tapé dans la caisse, ces faits reprochés relèvent de la vie privée. » Ça ne s’invente pas. Il est vrai, là aussi, qu’il n’y avait pas eu mort d’homme.

 

Source : https://www.bvoltaire.fr/y-a-pas-mort-dhomme/?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=cec67a447e-MAILCHIMP_NL&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-cec67a447e-31040957&mc_cid=cec67a447e&mc_eid=c2875309d7

 

 

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