Politique-géopolitique-information

...par le Gal. Dominique Delawarde - le 28/03/2019.

Bonjour,

Deux documents aujourd'hui.

1- Une analyse de 2 pages + 1 tableau sur l'audience actuelle des quelques
sites dits de réinformation

2 - Un exemple de manipulation par nos médias mainstream s'appuyant sur des
sources "pourries" , article parfaitement argumenté par Bruno Guigue.


Bruno Guigue, ancien haut fonctionnaire du ministère de l'intérieur, ancien de normal sup et de l'ENA, a été limogé en 2008 pour "avoir manqué à son devoir de réserve".

 

Pensez donc: il avait publié, dans une tribune libre, une "critique de la politique israélienne"..... 

    Il aurait évidemment dû publier une tribune critiquant la politique russe, iranienne ou syrienne. Il aurait été promu !....

"Intelligent" et "courageux", Bruno Guigue a tout pour m'être sympathique.

Bonne lecture

DD : 


Classement actuel de fréquentation des sites d'information indépendants

Point de situation et perspectives ( DD. 24 mars 2019)

 

Pour les non initiés, «ALEXA» est LE site de référence qui réalise un classement de

fréquentation pour les 25 premiers millions de tous les sites du web mondial, appelé «traffic

rank». J'en ai extrait quelques classements qui concernent une vingtaine de sites français. Ces

extraits concernent des sites de médias mainstream et des sites d'information indépendants qui se proclament eux mêmes, sites de ré-information. Ils vous seront donnés, après l'analyse que j'en tire dans un tableau à 3 colonnes :

1ère colonne: classement parmi les sites web français de toute nature (y compris commerciaux)

2ème colonne: classement parmi tous les sites web mondiaux

3ème colonne: progression ou régression sur trois mois dans le classement mondial

 

L'analyse des résultats conduit à 10 observations principales :

 

5 Observations générales :

1 – Le site d'Alexa est un site anglo-saxon. Comme pour les agences de notation économiques, on ne peut s'empêcher de nourrir un léger doute sur la fiabilité et l'objectivité des résultats et sur certains aspects de la méthodologie employée pour «classer».

 

2 – Dans la fréquentation d'un site d'information, il y a les habitués qui apprécient ce qu'ils y

trouvent, mais il y a aussi les adversaires acharnés qui cherchent «la faute» ou le «mot de trop» pour les dénoncer et initier, le cas échéant, des poursuites judiciaires aux fins d' obtenir la fermeture d'un site gênant. Il y a les inévitables trolls subventionnés pour déconsidérer les auteurs et le site par leurs commentaires souvent violents et parfois débiles. Le taux de fréquentation d'un site ne signifie donc pas nécessairement le taux d'adhésion à la «ligne éditoriale du site».

 

3 – Peut être grâce aux gros moyens financiers et aux subventions gouvernementales dont ils

disposent, les médias mainstream restent en tête du classement français. Parce qu'ils travaillent

«en meute» sur certains sujets, leur influence reste encore prédominante, notamment auprès

des gens pressés, gros consommateurs de «prêt à penser», qui avalent, sans vraiment réfléchir,

l'information «mainstream» et surtout les commentaires associés délivrés par des experts

soigneusement sélectionnés pour être «politiquement corrects». L'autocensure et la réserve lorsqu'il s'agit de la critique de l'action gouvernementale sont souvent de mise dans ces médias mainstream. Une subvention d'état doit se mériter......

C'est peut être pour cette raison que la quasi totalité des sites de médias mainstream

reculent dans le classement mondial, alors que d'autres se maintiennent tout juste. Cette perte

d'audience pourrait-elle s'expliquer par la perte de crédibilité mise en évidence par de nombreux

sondages ?

 

4 – Aux mains d'une dizaine de milliardaires qui se connaissent bien, la presse mainstream française ne rapporte pas «directement» de l'argent à ses propriétaires malgré les subventions étatiques. En revanche, par son pouvoir d'influence, notamment lors des élections, cette presse mainstream achète le soutien de certains élus et oriente l'action de l'état dans un sens favorables aux autres «affaires» de ces même milliardaires. Ceux ci y gagnent donc «indirectement» beaucoup d'argent.

 

5 – La totalité des principaux «sites d'information indépendants» où sites de ré-information»

progressent de manière significative et parfois spectaculaire dans le classement mondial. Ces

performances sont d'autant plus méritoires que ces sites français ne disposent que de maigres

moyens financiers et que leur fonctionnement reposent beaucoup sur le bénévolat. Il est aussi

d'autant plus méritoire que ces sites sont harcelés en permanence par le pouvoir exécutif et législatif d'une part, et par les médias mainstream d'autre part qui les qualifient régulièrement de facho-sphère, de complotistes, d'anti-sémites et les accusent de ne diffuser que des «fake news».

 

Ces accusations n'ont pas l'air de décourager tous les internautes puisque ceux ci sont

toujours plus nombreux à fréquenter ces sites, écœurés qu'ils sont de percevoir les manipulations et les désinformations dont ils sont les objets de la part des médias mainstream sur certains sujets sensibles de politique intérieure (périodes électorales, gilets jaunes....) ou de politique étrangère (Syrie, Venezuela, Ukraine, Iran, Russie, Chine ....etc )

 

5 Observations particulières :

 

6 - Dans l'échantillon retenu (qui n'est pas exhaustif), les places des médias russes RT et Sputnik qui ont déjà dépassé le site Libération.fr continuent de s'améliorer malgré les virulentes attaques de l'exécutif et des médias mainstream nationaux et européens. Au rythme où vont les choses, la fréquentation des 2 sites russes pourrait bientôt dépasser celle de Nouvelobs.com, de ouest-france.fr voire de bfmtv.com, qui reculent inexorablement. Cherchez donc à qui la faute et surtout évitez de dire que les français préfèrent les présumées «fake news» des médias russes aux vraies «news» des médias mainstream français. Qui a gagné et qui a perdu en crédibilité ? La faute à qui ?

 

7 – Dans l'échantillon retenu (qui n'est pas exhaustif) la remontée la plus spectaculaire est celle du site «Stop Mensonge»: 13 673 places gagnées dans le classement mondial en trois mois. Cette percée d'un site portant un tel nom est très révélatrice de l'affaissement de la crédibilité des médias mainstream et de l'aspiration des internautes à connaître une «autre vérité» que celle qui nous est assénée quotidiennement par BFMTV.

 

8 – Le site UPR.fr, 1er site de parti politique français mais aussi site d'information indépendant, gagne 7441 places au classement mondial. C'est un résultat spectaculaire pour un site de parti dont le chef est superbement ignoré par les médias mainstream mais dont le nombre d'adhérents (35 300) a plus que triplé en deux ans et continue de progresser très vite. Notons, pour mémoire, que ce parti prône le FREXIT, la sortie de l'Euro et de l'OTAN.

 

9 – La troisième hausse dans l'ordre d'importance de l'échantillon étudié est celle de Breizh Info, média indépendant traitant de l'actualité bretonne et internationale. Il gagne 4 636 places dans le classement mondial, suivi de près par les sites «Réseau International» et «les crise.fr» qui gagnent respectivement 4 332 et 4 293 places.

 

10- Enfin, il convient de noter les excellentes performances des sites «Médiapart» et «Égalité et Réconciliation» qui occupent les deux premières places des médias d'information indépendants. Pour ce dernier, la performance est d'autant plus remarquable qu'il se maintient à ce niveau depuis plusieurs années et continue de progresser au niveau mondial malgré les attaques incessantes et coordonnées menées par «les meutes» exécutives, législatives et judiciaires agissant sous l'influence d'un lobby bien connu, qualifiée de «puissante et nocive» par François Mitterrand.

 

La conclusion est simple. Elle se déduit des tendances lourdes observées dans le tableau ci

après. Les médias mainstream sont en perte de vitesse du fait d'un déficit de crédibilité

incontestable. Les médias alternatifs montent en puissance et détournent un nombre croissant de lecteurs, d'auditeurs et de téléspectateurs du «prêt à penser» mainstream.

 

Le combat sera de plus en plus féroce. Les politiques qui souhaitent garder un minimum de

contrôle sur cette information multiplieront et durciront probablement les lois visant à limiter la

liberté d'expression. Lois anti-fake news, anti-BDS, antisionisme = antisémitisme......etc ...etc...

Ils seront aidé par les médias mainstream dont l'intérêt majeur est d'éliminer un maximum de

concurrents. Ces derniers s'érigeront toujours plus en «magistère de la vérité» comme ils le font

déjà avec des sites bidons de type «Décodex» du Monde qui couvrent, en attaquant les autres, les

«fake news» diffusées par leur maison mère (couveuses du Koweït, Timisoara, Ukraine, Libye..etc)

Il n'est pas certains que ces «prohibitions» obtiennent plus de succès que «La Prohibition» de vente d'alcool aux USA entre 1920 et 1933. Le peuple français, de nature rebelle, pourrait bien contourner ces mesures, voire finir par se révolter......

 

 


Nom du site

 

 

 

Le Figaro.fr 

 

Le monde.fr 

 

20 minutes.fr 

 

bfmtv.com 

 

ouest-france.fr 

 

Nouvelobs.com 

 

RT 

 

Sputnik

 

Liberation.fr 

 

Médiapart: 

 

Egalité et Réconciliation

 

Breizh Info 

 

Agora Vox.fr 

 

Bd Voltaire 

 

Réseau International 

 

Wikistrike

 

UPR.fr 

 

Les crises.fr 

 

Stop Mensonge 

 

Réseau voltaire

 

 

Alterinfo.net 

Classement France

 

 

20

 

24

 

44

 

78

 

86

 

119

 

132

 

141

 

159

 

197

 

264

 

787

 

879

 

884

 

965

 

1002

 

1127

 

1288

 

2220

 

2489

 

3095

Classement trimestriel "Monde"

 

811

 

875

 

1760

 

2376

 

2948

 

2849

 

268

 

586

 

4720

 

6540

 

8379

 

24833

 

25673

 

28854

 

25124

 

28075

 

33845

 

38812

 

41139

 

19893

 

62031

Evolution "Monde par rapport au précédent trimestre

+20

 

-97

 

+24

 

-296

 

-186

 

-326

 

+23

 

+90

 

-504

 

+2917

 

+1316

 

+4636

 

+2351

 

+4025

 

+4332

 

+893

 

+74

 

+4293

 

+13673

 

+2501

 

+1531



La cause ouïghoure, coqueluche de l’Occident,

...par Bruno Guigue - le 22/03/2019.

 

L'analyste politique Bruno Guigue revient sur la campagne en faveur des Ouïghours, peuple musulman de Chine dont l'Occident estime qu'il est brimé par Pékin.

 

Quel est l'agenda géopolitique derrière les rapports des ONG occidentales? Analyse.


 

Reprise en boucle par les médias occidentaux, l’accusation portée contre la Chine s’est

répandue comme une traînée de poudre : dans sa province stratégique du Xinjiang, Pékin aurait

«emprisonné un million de Ouïghours dans des camps d’internement et contraint deux millions

d’entre eux à suivre des cours de rééducation». Les Ouïghours sont l’une des 54 nationalités

minoritaires reconnues par la Constitution de la République populaire de Chine. Située à

l’extrémité occidentale de la Chine, la Région autonome ouïghoure du Xinjiang a une population

composite de 24 millions d’habitants, dont 46% de Ouïghours et 39% de Han.

 

Curieusement, aucun témoignage ne mentionne cette disparition massive dans les rues d’Urumqi

 

Si les allégations de la presse occidentale sont exactes, la population ouïghoure, qui est

estimée à 10 millions de personnes, aurait donc subi un monstrueux coup de filet! Pour interner

un million de personnes, en effet, il faudrait capturer pratiquement la moitié de la population

adulte masculine de cette malheureuse ethnie. Curieusement, aucun témoignage ne mentionne

cette disparition massive dans les rues d’Urumqi, de Kashgar et des autres cités de la province

autonome.

 

Outre cette invraisemblance factuelle, le procès fait à Pékin souffre aussi de la partialité et

de l’unilatéralité des sources d’information mentionnées. Croire sur parole le discours officiel est

complètement naïf, mais tomber dans l’excès inverse en épousant aveuglément le discours

oppositionnel ne vaut guère mieux. Or la narration médiatique relative à cette incarcération

massive s’appuie sur un rapport rédigé par une organisation composée d’opposants au

gouvernement chinois et financée par le gouvernement des Etats-Unis.

 

Cette organisation qui a pignon sur rue à Washington, le «réseau des défenseurs chinois

des droits de l’homme» (CHRD en anglais), est présidée par une fervente admiratrice du dissident

chinois nobélisé Liu Xiaobo. Condamné à 11 ans de prison en 2009, puis décédé d’un cancer en

2017 peu après sa libération, ce dernier approuvait avec enthousiasme les interventions militaires

américaines et appelait à la colonisation de son pays par les puissances occidentales afin de le

«civiliser». C’est ce réseau d’opposants en exil aux Etats-Unis qui orchestre la campagne

médiatique contre Pékin en présentant sa politique au Xinjiang comme une entreprise

d’asservissement totalitaire.

 

Comme par hasard, l’une des principales sources citées dans le «rapport accablant» du

CHRD n’est autre que «Radio Free Asia», une station de radio gérée par le «Broadcasting Board

of Governors», agence fédérale supervisée par le département d’État et destinée à promouvoir les

objectifs de la politique étrangère des Etats-Unis. Une autre source importante est le Congrès

mondial des Ouïghours. Organisation séparatiste créée en 2004, elle est considérée comme

terroriste par les autorités chinoises qui l’accusent d’être à l’origine des sanglantes émeutes

d’Urumqi qui, en 2009, donnèrent le signal d’une déstabilisation de toute la région. Installée aux

Etats-Unis, sa présidente avait obtenu le soutien officiel de George W. Bush en 2007.

 

Naturellement, cette organisation est financée par le «National Endowment of democracy», une émanation du Congrès des Etats-Unis qui constitue la cheville ouvrière des politiques de «changement de régime» et sur laquelle plane le soupçon d’une proximité douteuse avec la CIA. Comme le notent Ben Norton et Ajit Singh dans une étude récente, «la dépendance quasi totale à l’égard de sources liées à Washington est caractéristique des reportages occidentaux sur les musulmans ouïghours en Chine, comme sur ce pays en général, et ils présentent régulièrement des allégations sensationnelles».

 

Confrontées à un phénomène semblable à la terreur importée en Syrie, les autorités chinoises ont réagi sans mollir.

 

En publiant un «Livre Blanc sur la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme et la protection des droits humains au Xinjiang», le 18 mars 2019, le gouvernement chinois a répondu à ces allégations. Peu commenté en Occident – et pour cause–, le terrorisme djihadiste qui a

frappé durement la Chine dans les années 2009-2014 a créé dans ce pays un véritable

traumatisme. Depuis le carnage qui fit 197 morts à Urumqi en mai 2009, les attentats commis par

les séparatistes se sont multipliés : Kashgar en mai 2011 (15 morts), Hotan en juillet 2011 (4

morts), Pékin (sur la place Tiananmen) en octobre 2013 (5 morts), Kunming en mars 2014 (31

morts), puis à nouveau Urumqi en avril (3 morts) et en mai 2014 (39 morts). Encore cette

énumération ne mentionne-t-elle que les attentats les plus sanglants sur le sol chinois.

 

Confrontées à un phénomène semblable à la terreur importée en Syrie, les autorités chinoises ont réagi sans mollir. Dans le «Livre blanc» précité, Pékin affirme que, depuis 2014, 2 955 terroristes ont été arrêtés, 2 052 explosifs saisis et 30 645 personnes sanctionnées pour 4 858 activités religieuses illégales. Le document indique aussi que 345 229 copies de textes religieux

illégaux ont été confisquées. Contrairement à ce qu’affirme la presse occidentale, il ne s’agit pas

du Coran, mais d’une littérature wahabite takfiriste qui transpire la haine à l’égard des

musulmans n’appartenant pas à cette obédience sectaire. Dans un pays où le pouvoir politique est jugé sur sa capacité à garantir la stabilité, il va de soi que toute tentative de déstabilisation – a

fortiori par le terrorisme aveugle – est combattue sans pitié.

 

Les Ouïghours sont particulièrement appréciés au sein de la mouvance djihadiste

 

On peut juger cette politique particulièrement répressive. Elle l’est, et les autorités chinoises ne s’en cachent pas. Un cap a sans doute été franchi lorsque la terreur s’est répandue hors de la province du Xinjiang. La perspective d’un embrasement général du pays a fait planer le spectre d’un scénario à la syrienne. Cette crainte était d’autant plus justifiée que la principale

organisation séparatiste ouïghoure, le parti islamique du Turkestan, sévit en Chine comme en

Syrie, où les Ouïghours (qui seraient encore au nombre de 15 000, familles incluses) sont

particulièrement appréciés au sein de la mouvance djihadiste. Mais les défenseurs de cette noble cause oublient généralement de mentionner que cette organisation – qu’ils considèrent sans doute comme une association philanthropique – est la branche locale d’Al-Qaida.

 

Frappant à l’aveugle, ses attentats ont fait des centaines de morts. Devant cette vague de

violence, que devait faire le gouvernement chinois ? Contrairement aux Etats occidentaux, la

Chine n’expédie pas ses extrémistes chez les autres. Elle combat vraiment le terrorisme, elle ne

fait pas semblant. La surveillance est généralisée, la répression sévère, la prévention

systématique. La presse occidentale fustige les camps de rééducation chinois, mais elle observe

un mutisme complice lorsque la CIA offre des camps d’entraînement aux terroristes. En Chine, la

répression des activités extrémistes est massivement approuvée par la population, et cette

politique a eu pour résultat de faire cesser la violence armée.

 

Contrairement aux affirmations de la presse occidentale, le gouvernement

chinois, de son côté, n’a jamais lancé de campagne contre la religion musulmane

 

Mais les adversaires irréductibles du régime chinois font feu de tout bois : ils vont

désormais jusqu’à incriminer son hostilité présumée à l’égard de l’islam. Or cette accusation

repose sur du vent. La presse occidentale a cité des internautes qui auraient stigmatisé la religion

musulmane et dénoncé la pratique du «halal». Dans un pays où 300 millions de personnes

tiennent un blog sur internet et où la liberté de parole est beaucoup plus grande qu’on ne croit,

des propos de toute nature sont tenus. Malheureusement, il y a des islamophobes en Chine

comme ailleurs. Mais contrairement aux affirmations de la presse occidentale, le gouvernement

chinois, de son côté, n’a jamais lancé de campagne contre la religion musulmane.

Car l’islam fait partie des cinq religions officiellement reconnues par la République populaire de

Chine au côté du taoïsme, du bouddhisme, du catholicisme et du protestantisme. Les mosquées

sont innombrables (35 000), et elles constituent parfois des joyaux du patrimoine national

attestant l’ancienneté de la présence musulmane. Aucune discrimination légale ne frappe les

musulmans, qui sont libres de pratiquer leur religion dans le respect des lois. Comme les

Ouïghours, les musulmans Hui disposent également d’une région autonome, le Ningxia. Les

femmes Hui portent souvent le hijab, et rien ne l’interdit. On trouve des restaurants halal à peu

près partout, notamment dans les gares et les aéroports. A l’intérieur de la Chine, l’islam fait

partie du paysage. A l’extérieur de ses frontières, la RPC coopère avec des dizaines de pays

musulmans dans le cadre de la Nouvelle route de la soie.

 

L’origine des troubles qui agitent cette partie du territoire chinois n’est pas

religieuse, mais géopolitique

 

Ceux qui soutiennent les séparatistes ouïghours et accusent Pékin de persécuter les

musulmans commettent une triple erreur.

1. Ils calomnient un pays qui n’a aucun contentieux avec le monde musulman et dont la

politique a été saluée par l’Organisation de la Conférence islamique.

 

2. Ils prennent parti pour des extrémistes affiliés à une organisation criminelle (Al-Qaida)

dont la majorité des victimes sont de confession musulmane.

 

3. Enfin, ils croient défendre les musulmans alors qu’ils servent les intérêts de Washington,

qui est leur pire ennemi. Le problème du Xinjiang, ce n’est pas l’islam et sa prétendue

persécution par les autorités chinoises. L’origine des troubles qui agitent cette partie du

territoire chinois n’est pas religieuse, mais géopolitique : c’est l’instrumentalisation du

religieux par des organisations sectaires qui doivent l’essentiel de leur nocivité à des

complicités étrangères.

 

Le problème du Xinjiang n’est pas davantage celui de la nation ouïghoure, intégrée dans

la République populaire de Chine depuis sa fondation en 1949. Le Xinjiang faisait déjà partie de

l’empire des Qing (1644-1912) et la présence chinoise y remonte à la dynastie Tang, il y a 1300

ans. Qu’il y ait des difficultés de cohabitation entre les uns et les autres n’est guère étonnant,

s’agissant d’un problème auquel n’échappe aucun pays au monde. L’accroissement du

peuplement han a sans doute nourri un sentiment de frustration chez certains Ouïghours. Mais

cette situation paraît difficilement réversible. Le brassage multi-séculaire des populations et la

fixation progressive des frontières ont uni une multitude de nationalités au sein de la République

populaire de Chine. Elle a hérité de son prédécesseur impérial sino-mandchou l’essentiel de son

assise territoriale. Il se trouve que les Ouïghours en font partie, et cet héritage historique ne

saurait être balayé d’un trait de plume.

 

Les pays visés sont toujours ceux dont l’indépendance et le dynamisme constituent une menace systémique pour l’hégémonie occidentale

 

 Les détracteurs de la Chine affirment que les Han (90% de la population) sont dominateurs. Mais s’ils avaient voulu dominer les nationalités minoritaires, Pékin ne les aurait pas exemptées de la politique de l’enfant unique infligée à l’ethnie han de 1978 à 2015. Ce traitement de faveur a stimulé l’essor démographique des minorités, et notamment des Ouïghours. Utiliser le langage servant à décoder les pratiques coloniales pour expliquer la situation des nationalités en Chine n’a aucun sens. Depuis Mao, aucune discrimination ne frappe les minorités, bien au contraire. Malgré son éloignement et son aridité, le Xinjiang se développe au bénéfice  d’une population multiethnique. Encouragé par des opposants inféodés à l’étranger et des droits-de-l’hommistes sans cervelle, le séparatisme ouïghour est une folie que vient redoubler une autre folie : celle du djihadisme planétaire parrainé par Washington depuis quarante ans.

 

De même que le gouvernement des Etats-Unis a poussé les feux du djihad contre l’Union

soviétique en Afghanistan, puis armé ses «proxys» du Moyen-Orient contre la Syrie, il

instrumentalise aujourd’hui la cause ouïghoure pour déstabiliser la Chine sur son flanc

occidental. Ce n’est pas un hasard si le département d’État a annoncé en septembre 2018 qu’il

étudiait la possibilité de sanctions contre la Chine pour sa politique au Xinjiang. Comme

d’habitude, le discours humanitaire des chancelleries occidentales et de leurs ONG satellisées est

la face émergée de l’action clandestine visant à organiser la subversion par la terreur. Loi du

genre, les pays visés sont toujours ceux dont l’indépendance et le dynamisme constituent une

menace systémique pour l’hégémonie occidentale.

 

La réalité, c’est que la Chine est la puissance montante, les Etats-Unis la puissance déclinante. Lorsque les deux courbes se croisent, tout est bon, du point de vue des perdants, pour tenter d’enrayer le cours des choses 

 

La propagande djihadiste ouïghoure, aujourd’hui plus que jamais, cible la République populaire de Chine. Pour ses prédicateurs, la «nation du Turkestan» (c’est sous ce nom qu’ils désignent la majeure partie de l’Asie centrale turcophone) subit une oppression insupportable sur son versant oriental (Chine) comme sur son versant occidental (Russie). Lançant un appel au boycott de la Chine, ils fustigent les sévices historiques qui auraient été infligés par les Chinois aux Ouïghours, mentionnant des choses aussi absurdes que «le viol des musulmanes» ou «l’obligation de manger du porc». Désenchanté par la tournure des événements au Proche-Orient, poussé par les services de renseignements turcs, le mouvement djihadiste du Turkestan a réorienté son combat : désormais, il entend frapper à nouveau l’ennemi proche (la Chine) plutôt que l’ennemi lointain (la Syrie).

 

Il faudrait être naïf pour croire que la coïncidence entre cette propagande djihadiste, la

fébrilité des opposants chinois et la stigmatisation de la Chine par les médias occidentaux est

fortuite. Si l’on fait pleurer dans les chaumières sur le peuple ouïghour opprimé, ce n’est pas pour

rien. Le moment est bien choisi. Alliée de la Russie, la Chine a fourni une aide précieuse à la Syrie

dans son combat contre les mercenaires de l’Occident. Marginalisant les Etats-Unis, elle participe

activement à la reconstruction du pays. En Amérique du sud, elle soutient le Venezuela en lui

achetant son pétrole, mettant en échec l’embargo occidental. La guerre commerciale avec Pékin est au mieux un jeu à somme nulle, et Washington en perçoit les limites. La réalité, c’est que la Chine est la puissance montante, les Etats-Unis la puissance déclinante. Lorsque les deux courbes se croisent, tout est bon, du point de vue des perdants, pour tenter d’enrayer le cours des choses.

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