SNU - "Le vieux fusil"

...par Roger Neusius - le 27/06/2018.

Texte irrévérencieux, mais de nos jours il faut savoir prendre les choses sérieuses avec “recul”...

 

Un vieux fusil pour un nouveau Service… Ou comment sauver le SNU.

Le premier Ministre, avec son Ministre de l’Education Nationale, nous a donné quelques modalités

concernant ce nouveau Service National Universel.

 

Le SNU.

Et quelle déception : rien de vraiment militaire là-dedans !

Mon petit fils était déçu et il n’était pas le seul.

Alors, j’ai pensé qu’en envoyant ma petite histoire au Premier Ministre, il changerait peut-être

d’avis. Puisque les dernières modalités doivent encore faire l’objet de concertations-discussions…

C’est une vieille histoire, celle d’un vieux fusil, qui a fait «rêver » beaucoup de jeunes gens il y a

cinquante ans.

Si, si je vous assure : le MAS 49-56 !

 

Voila mon histoire.

Quelque part dans l’ouest de la France au début des années 1960…

… «Nous avions beaucoup de contacts avec la nature, mais il ne faut pas oublier qu'un

combattant est aussi un guerrier. Pour cela, nous disposions d'une arme redoutable et redoutée ;

il s'agit du fusil. Le fameux MAS 49-56.

- Un fusil ne se donne pas, il se lance ! » avait dit un de nos chefs de chambre.

C'était faux !

Une fois dans nos bras, il ne nous quittait plus !

Dormir, manger, faire sa toilette ou ses besoins, marcher, courir, ramper. c'était notre seconde

peau !

Contrairement à une idée reçue, ce canon équipé d'une crosse ne sert pas forcément à tirer. Bien

sûr, il est très utile sur un champ de tir pour faire des trous dans un grand carton ou pour se

blesser la main si on l'affuble d'une roquette antichar, mais sa véritable utilité réside dans les

multiples occupations qu'il peut vous procurer. avec lui pas question de s'ennuyer. C'est une

véritable mine d'or pour les loisirs.

Toujours disponible, il attend sagement rangé dans le râtelier avec ses confrères que le préposé

au cadenas veuille bien le libérer de son câble. Les retrouvailles sont généralement discrètes, et

il s'intègre au reste de l'équipement sans faire de commentaire. Parfois, il fait preuve de

coquetterie et manifeste le besoin de parader. Il suffit alors d'accrocher une baïonnette à son

canon et le voilà parti à virevolter dans toutes les directions. Pour l'empêcher de s'envoler, il

faut le tenir avec énergie et le calmer en le caressant avec la paume de la main.

Ce type d'occupation s'appelle l'ordre serré !

A force de le manœuvrer dans tous les sens, nous sommes progressivement devenus des jongleurs de haut niveau. Notre maîtrise était telle que nous arrivions, les yeux fermés, à lui faire toucher terre avec un bruissement d'ailes à peine perceptible. Pour un fusil ce n'était pas un mouvement naturel, et nous étions obligés de le rappeler régulièrement à l'ordre avec des claques sonores pour le présenter à la verticale. Crosse bloquée par la main droite, fût entravé avec la main gauche, il n'aimait pas ce manque de liberté. Pour se venger, il prenait un malin plaisir à venir s'incruster sur l'épaule du côté de la clavicule droite, et tout l'art consistait à le bloquer avec une épaulette, de préférence dans un plan perpendiculaire au sol.

Malheur à celui qui essayait de le faire sauter pour lui trouver une meilleure position ou qui

utilisait son oreille pour le maintenir. Il avait droit à une séance de maniement personnalisée qui

avait l'avantage de muscler les bras. Elle consistait à faire effectuer à son arme un déplacement

à l'horizontale en haute altitude, le tout au pas de gymnastique. Ce n'était pas prévu dans les

manuels.

Ce mélange de bois et d'acier avait aussi le mérite de nous accompagner lors de nos sorties. Rien

de tel pour s'ouvrir un chemin dans les ronces, s'appuyer sur les barbelés ou se protéger des

chiens. Son sens de l'adaptation lui permettait même de se transformer en béquille ou en

brancard, voire en sèche-linge. Compagnon fidèle, il occupait nos mains pendant nos heures

d'attente et savait maintenir notre esprit en alerte grâce à son chargeur. Cette verrue située à

proximité de la queue de détente était un accessoire important pour deux raisons. D'une part, sa

disparition signifiait la rédaction d'une déclaration de perte, ce qui était désastreux, d'autre

part, elle servait de réserve aux cartouches, réelles ou à blanc.

Pour les vraies nous n'avions pas le choix. Chacun recevait la dotation prévue, et ce cher fusil les

avalait avec bonheur en se ramonant le canon.

Pour les fausses, il en allait différemment. Elles pouvaient être tirées en partie ou en totalité

selon le degré de combativité de chacun et l'humeur de la culasse qui parfois s'enrayait.

Mais pour le canon, le résultat était toujours le même en cas d'utilisation : une poudre qui

explose vient tout naturellement tapisser la paroi et là…

… Et, c'est là que nous pouvons aborder le loisir favori que nous procurait le MAS 49-56 !

Ce fusil était plein de ressources, car même propre il pouvait être nettoyé !

Nous avons découvert qu'il était composé d'un canon qui s'oxydait à la moindre occasion et de

pièces qui suintaient d'huile en permanence.

Dévoreuses de chiffons en tout genre, ces petites choses pleines de recoins inaccessibles

acceptaient nos caresses répétées sans manifester la moindre émotion. Elles attendaient l'instant de la revue pour exprimer un orgasme contre nature en expulsant quelques gouttes de cette huile que nous avions cherché laborieusement à éradiquer.

L'écouvillon métallique manipulé avec l'énergie du désespoir était impuissant devant ce canon

aux parois maculées de traces indélébiles, et seul un mauvais éclairage arrivait à nous sauver.

L'introduction délicate d'un doigt ganté de blanc dans les entrailles de cette arme diabolique

était une opération à haut risque parfaitement impudique. Pratiquée par certains contrôleurs

soucieux du détail et fervents de la propreté, on imagine facilement les conséquences

désastreuses qu'une telle agression entraînait.

Une telle adversité méritait que l'on se penche sérieusement sur la question.

Nous avons tout essayé : des chiffons de qualités différentes, des écouvillons agressifs, des

produits de toute nature.

Certains passaient l'arme sous la douche avec de la lessive, mais Persil et Omo restaient

inopérants.

François, mon voisin d'en face, se lança un jour dans un essai à l'eau écarlate.

Le résultat fut fantastique - et catastrophique. Les pièces étaient tellement impeccables qu'elles

avaient pris une teinte presque blanche.

Pour se faire repérer c'était une réussite.

François, bien entendu, hérita d'une sanction style tenue de campagne, et nous avons banni l'eau

écarlate de nos produits d'entretien…quotidiens (Extraits de souvenirs incorrects)

Tout à fait dans le ton, non ?

J’ai donc proposé au Premier Ministre de ressortir le MAS 49-56 pour ce Nouveau Service.

C’est un vieux fusil, il ne coûtera pas cher et il peut rapporter gros.

Le fusil MAS 49-56, un outil pédagogique pour donner le souci de la rigueur et le sens du

nettoyage à nos petits jeunes.

 

Info flash : Il parait que mon appel a été entendu. Une « Fake news » ?

Information pour les connaisseurs : D’après Face book, à Coëtquidan les élèves de l’ESM sont

furieux ; Il parait qu’on va remplacer les sabres par des fusils !

Ceux de l’EMIA rigolent, ils vont bien entendu conserver leurs sabres …

 

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