Ce qu’un général pourrait penser, sans oser le dire

Article proposé par le Gal. Dominique Delawarde - le 06/01/2019.

 

 

Bonjour, 

 

Je viens de recevoir l'article suivant qui nous éclaire sur la relation entre le président et le peuple, le président et son Armée.

 

Il est signé du général H. Roure, ancien des troupes de Marine, sous le titre :

"Ce qu’un général pourrait penser, sans oser le dire "

 

Je partage, avec beaucoup de nos camarades militaires, l'opinion exprimée par le général ROURE. 

Ses conclusions me paraissent d'autant plus intéressantes que le pouvoir en place semble, plus que jamais, avoir besoin de son armée et de ses forces de l'ordre par les temps qui courent.

 

Le fait même qu'ils proclament de plus en plus fréquemment que les institutions sont solides et que les forces de l'ordre sont "secure" montre que nos gouvernants sont saisis d'un doute.....

 

Jusqu'où ira la loyauté de l'armée et des forces de l'ordre si le gouvernement persiste dans ses maladresses, dans son indifférence hautaine, dans son incompréhension des vrais problèmes du pays, dans sa soumission à des instances supranationales voire à des intérêts étrangers ?

That is the question.

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Le général ROURE avait déjà écrit un article intéressant au moment de la présidentielle en Mai 2017.  : Un puntsch sans soldats

 

Bonne lecture

 

DD.


Ce qu’un général pourrait penser, sans oser le dire

 

Le général (2s) Henri Roure résume ce que doivent penser l’immense majorité de nos soldats, du militaire du rang aux généraux les plus étoilés, mais également un très grand nombre de français.

La France et son Armée

Je ne crois ni aux hasards, ni aux coïncidences. Tout a un sens dès lors que les évènements émanent d’une même source. C’est bien sûr le cas en stratégie politique.

Si nous considérons plusieurs faits récents, apparemment indépendants les uns des autres, et si, avec un peu de réflexion et d’attention, nous essayons de leur trouver un ferment commun, nous sommes immédiatement amenés à nous interroger sur les calculs qui sous-tendent certaines actions du gouvernement. Un phénomène latent depuis quelques années vient de prendre une acuité toute particulière avec les dirigeants actuels : les Français ne se contentent plus des paroles issues du système politique traditionnel, ils analysent et ils jugent de la pertinence des décisions.

Désormais ils s’informent grâce aux réseaux sociaux, à internet et à une solidarité qui s’est créée en dehors des cheminements habituels et qui porte un nom : ras-le-bol ! Ils en tirent inévitablement des conclusions.

Dans un panorama d’insatisfaction nationale s’ajoutant à l’insécurité, nous pouvons nous interroger, aussi, sur le fond des relations entre le pouvoir et l’armée. Les forces armées sont les garantes de l’intégrité du territoire, de la défense de la population et des intérêts nationaux. C’est dire que leur mission est essentielle, régalienne, et doit les rendre intimes avec le peuple. Elles sont, d’ailleurs, constituées par des citoyens qui en sont issus. Dans le paysage politique présent il est bon de le rappeler.

Bien avant la révolte des gilets jaunes le président et ses soutiens ont montré à la fois une indifférence hautaine et une crainte inavouée du peuple. Ils persévèrent.

Méconnaissant les gens-d’en-bas ils prennent des décisions à l’emporte-pièce, en cohérence avec leur idéologie européiste et mercantiliste, sans se soucier des conséquences sociales, parce qu’ils se sentent assurés de leur intelligence et donc de la qualité de leurs choix.

Ils savent, cependant, probablement de manière encore confuse et en sous-estimant les conséquences possibles, qu’ils ne sont pas à l’abri de sévères remous, car leur politique ne sert pas la France indépendante alors que les Français restent toujours attachés à leur pays, à leur mode de vie, à la grandeur de leur histoire et à leur culture. Cette crainte a sans doute été confirmée par les actions des gilets jaunes.

Cette arrogance va de pair avec une inquiétude. Ils prennent donc quelques précautions pour éviter un mouvement populaire puissant et structuré qui viendrait à mettre en péril la permanence de leur démarche politique. Mais nous pouvons douter de leur compréhension de la situation, donc de la justesse de leur réaction…

Une de leur appréhension, non-dite, serait que les armées sortent de leur neutralité en cas de crise majeure, contestant la globalité de la politique conduite. Cette méfiance est en soi une preuve supplémentaire d’une politique très sensiblement en contradiction avec un destin national indépendant. Ils ont à l’égard des militaires ce même regard qu’ils portent au peuple.

Ils additionnent, donc, des gestes et des décisions vers les armées qui visent à les affaiblir et à les décérébrer mais à les conserver aux ordres.

Cette action de défiance complète le désir de ne pas développer un instrument de défense nationale, qui serait en contradiction avec leur idéologie. Dans cette ligne, le président émet l’idée d’une armée européenne, rejetant celle de patrie et montrant, à l’évidence, qu’il ignore pourquoi un soldat accepte de mourir. La Défense est un monde qui lui échappe. Il constitue, par essence, un obstacle au supranationalisme financier.

Aucun président, avant lui, n’a trouvé nécessaire de rappeler qu’il était chef des armées. Les militaires savent parfaitement que celui qui, seul, peut engager le feu nucléaire et décider d’une opération militaire est bien le responsable suprême. Nul n’est besoin de le clamer et de défier et humilier un chef d’état-major pour asseoir une autorité constitutionnelle. Pourtant il est surprenant que le président actuel réponde aux questions d’un journaliste, à bord du porte-avions Charles de Gaulle, tout juste sorti de sa grande visite, avec en fond de tableau un Rafale Marine, comme s’il voulait se mettre sous la protection de ces armées qu’il maltraite par ailleurs.

De même en imaginant d’accorder aux grands responsables militaires parisiens une prime conséquente de très haute responsabilité, sachant pertinemment qu’ils sont les véritables chefs opérationnels des armées, alors que cadres et militaires du rang subissent toutes sortes de régressions sociales et financières et se heurtent, au quotidien, à des conditions de vie professionnelles et personnelles difficiles. Les nantis sont censés être du côté du pouvoir ! Diviser pour régner et faire accepter une nouvelle baisse de capacité opérationnelle ?

L’attitude du chef de l’État n’est paradoxale qu’en apparence.

Simultanément le président – par l’intermédiaire de son ministre des comptes publics – rabote le budget de la défense de 400 millions d’euros, malgré la LPM, alors que la menace islamiste intérieure et extérieure est bien présente et que l’immigration musulmane ne cesse pas.

Il essaie de dissocier la Nation et son armée, notamment, lors de la commémoration du centenaire de l’armistice de 1918, refusant, en outre, d’honorer les maréchaux qui ont conduit à la victoire de l’armée de la nation et non-pas des civils que l’on avait armés.

Et, tout récemment, en humiliant les Saint-Cyriens et, en fait tous les militaires, en faisant débaptiser la dernière promotion de l’Ecole Spéciale Militaire au prétexte que le parrain choisi, le général LOUSTAUNAU-LACAU – pourtant héros des deux guerres et de la Résistance, déporté par les nazis.- ne répondrait pas aux critères de la bien-pensance, à laquelle il voudrait se référer, et aux critères de ceux qui ont fait son élection. Il bafoue le contexte historique et la tradition d’une grande école qui a fourni à la France ses sauveurs, des présidents et un saint. En agissant ainsi c’est bien l’intimité du peuple et de son armée qu’il voudrait fracturer. Il affiche le même mépris des militaires que du peuple.

Nous pouvons dès lors nous interroger sur la finalité d’une politique générale qui vise à appliquer contre vents et marées les obligations supranationales du traité de Maastricht en s’opposant, notamment, aux revendications populaires, pour s’inclure dans des règles budgétaires inappropriées et à continuer, par petites touches, à résorber l’héritage gaullien d’une politique militaire indépendante.

La réponse va de soi : il faut tout faire pour réduire encore la souveraineté nationale pour mieux paraître, individuellement, dans la coterie mondialiste. D’ailleurs certaines idées sont étonnantes, sortes de ballons sondes ; mais qu’elles aient pu être émises donne la direction souhaitée par le pouvoir actuel : Partage de la direction de la dissuasion nucléaire avec un autre État, s’ajoutant à la proposition d’armée européenne, partage du siège permanent au conseil de sécurité…D’un personnage aussi complexe, élu grâce à une manipulation médiatico-
financière, partenaire des plus fervents « mondialistes », il n’y aurait là rien d’étonnant.

Général (2S) Henri ROURE 

Ancien officier des Troupes de Marine

le 27 novembre 2018

 

Source : https://www.secoursdefrance.com/2018/12/09/ce-quun-general-pourrait-penser-sans-oser-le-dire/

 

Commentaires: 1
  • #1

    Antony Lintilhac (lundi, 07 janvier 2019 10:34)

    Merci mon Général pour vôtre article. Je partage intégralement cette analyse de l'exercice du pouvoir par M. Macron et bien entendu réprouve celui-ci tout aussi intégralement. Malheureusement, ce président légal quoique illégitime détient seul la clé de la sortie de crise par le haut. Son orgueil lui permettra t'il de l'employer? J'en doute, et redoute les conséquences de cet entêtement irrationnel. Il s'est fabriqué tout seul la toile d'araignée dans laquelle il se débat et dont il ne peut sortir qu'en quittant le pouvoir et en acceptant sa mort politique.
    Antony Pierre Lintilhac LCL(er)TDM