"Donne-moi..."

...par Roger Neusius - Le 22/12/2020.

Bientôt Noël alors j’ai pensé à écrire quelques mots.
Mais, avant de commencer, on m’a dit : « Pas d’amalgame ! ».
Amalgame ? Vous avez dit amalgame ?
Mélange d'éléments hétérogènes, réunion dans un même corps d'unités de recrutement différent…
C’est vrai, j’avais eu l’initiative, il n’y a pas longtemps, de publier une vidéo qui se passait dans une église. Une messe avec des parachutistes de chez Bruno à l’occasion de la Saint Michel.
Une église c’est un lieu dont l’entretien incombe à la République. Oui, mais, ce qui se passe à l’intérieur ne regarde pas la République. 
Alors pas d’amalgame entre l’intérieur et l’extérieur !
A l’intérieur c’est quoi ?
Et bien, c’est d’abord les doigts dans le bénitier de la vieille dame, l’avancée discrète dans l’allée centrale et l’hommage rendu à celui qui est dans le fond.
Car dans le fond, il y a quelqu’un, mais tout le monde ne le sait pas où du moins ne veut pas toujours le voir… La vieille dame le connait. Il parait que c’est quelqu’un de bien.
Dans cette vidéo, que j’avais diffusée, au début quelqu’un est passé rapidement sur l’écran. Peut-être celui que vient voir la vieille dame ?  
Et soudain un chant est monté de l’assistance.
L’assistance chantait un extrait de texte que les parachutistes connaissent tous.
Donne-moi - ………- donne-moi…
Un chant, une prière ? Peu importe.
C’est rare d’entendre des gens demander ce dont personne ne veut.
C’est pourquoi j’avais publié cet extrait.
« Pas d’amalgame ! »… Donc, pas question de repasser ou de reparler de cette vidéo.
J’ai repris mon stylo et cherché quelques mots pour souhaiter à tous une bonne fête de Noël.
Je n’ai pas trouvé de mots et je n’ai pas osé faire un copier-coller qui aurait ravi notre ami Serge…. Aujourd’hui, tous les mots peuvent laisser penser à un « amalgame »…
Amalgame…
N’en parlons plus.
Je suis sorti pour regarder les étoiles mais le ciel était couvert.
Bételgeuse cachait son rouge de confusion derrière un rideau gris.
Les Pléiades étaient invisibles comme Saturne et Jupiter qui tentaient un rapprochement.
Au coin de la rue, un type m’a abordé.
Vieux et vouté, il demandait un euro.
« Donne-moi, si tu veux bien, donne-moi… »
Sa tête ne m’inspirait pas confiance. Mal rasé, pas coiffé, vêtements déchirés …
Par chance, j’avais quelques pièces.
Il m’a remercié et avec sa main sale m’a tendu un bout de papier. De sa poche, il a sorti un objet qui ressemblait à un insigne vert et rouge. Avec un serpent et un aigle. Fier de me les montrer.
Ce vieil homme avait fait la Légion… !
Le temps de croiser rapidement son regard et il est parti suivi de son chien.
Le morceau de papier chiffonné comportait des mots.
Les mots que j’avais peut-être cherchés ?
Ces mots, les voici.
 
Notre-Dame
 
Il était allongé au milieu des épis                                                           
Comme endormi dans la rizière.                                             
Un simple trou, une balle dans la tête                                   
Et par le trou, l'âme s'était enfuie.                                                         
Il avait marché très longtemps, le voyage était long.      
Il s'était trouvé dans la lumière tout d'un coup,                 
C'était le ciel, mais pas comme sur les images.    
Dieu n'avait pas une grande barbe blanche,                                                    
C'était simplement quelqu'un de très bon                                           
Dont le visage était soucieux                                                    
En voyant arriver ce légionnaire.                                                           .
Il en avait tant vu, depuis quelques années                
Qui arrivaient chez lui, comme la mort les avait pris :     
Las, mal rasés, crottés, boueux,                                              
Mais cela n'était rien,                                                                                
Avec la vie qu'ils avaient menée, leur âme aussi                
Avait ramassé de la boue.                                                                        
Et Dieu souffrait en voyant ces hommes
Qui avaient si bien fait leur devoir
Qu'il leur avait coûté la vie,
Avec parfois des âmes qui n'étaient pas jolies.
Ce n'était pas toujours facile de les juger.
Alors il se tourna vers la Vierge Marie
Et Notre-Dame regardant ce soldat
Qui l'avait priée si souvent comme une mère
Retrouva sur son front les épines
Qui avaient labouré le visage de Jésus.
Sur ses joues, la sueur et le sang qui coulaient
Sur les joues de Jésus.
Dans tout son corps meurtri, les blessures de Jésus.
Et Notre-Dame se tourna vers Dieu :
" Vous souvient-il du Golgotha ? "
Et Dieu revit son Fils en Croix
Intercédant pour les humains :
" Père, pardonnez- leur ... »
 
Je ne sais pas si cet inconnu était l’auteur de ces mots …
Un poème, une prière…
Et ce que Dieu finalement a décidé…
Quand vous entendrez quelqu’un chanter : « Donne-moi, donne-moi… »,
Pensez à lui poser la question…
 
Bon Noël à tous.
 

*****

 
Nota : le poème m’avait été aimablement envoyé par B. Potel.
Mais ce texte figurait déjà sur le forum : NOTRE - DAME (parachutistes-militaires.org)

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