Conte de Noël...

...par le Col. JJ. Noirot - Promotion St. Cyr "Serment de 14"  1963/65


 

-Allo, Barack?

-Oui, c'est Barack, qui est à l'appareil, mon écran d'affichage est en panne....?

-C'est Vladimir! Tu vas bien? Tu as des ennuis avec internet? Ça m'étonne. Tu veux que je m'en occupe? Je suis spécialiste!

-Bonjour Vladimir. Arrête tes conneries et ne commence pas à me chambrer. Qu'est ce que tu vas encore me raconter pour me virer les sangs? Avec toi, je risque chaque fois la transfusion. 

-Rassures-toi, rien de grave. Qu'est ce que tu fais pour Noël?

-Rien de spécial. Bientôt la quille, et j'en ai marre. Donald me gonfle, Hillary me gonfle, le congrès me gonfle, la presse me gonfle et toi aussi tu me gonfles.

-Hé, doucement, Barack, je ne t'ai rien fait! 

-Comment tu m'as rien fait? Tu règles les problèmes les uns après les autres, tu mets de l'ordre là où j'avais mis le bordel, tu réussis là où je me suis planté, je passe pour un clown aux yeux du monde entier, et tu oses dire que tu ne m'as rien fait! Tu ne serais pas en train de te payer ma tronche pour Noël par hasard?

-Pas du tout. Mais si le dernier des moujiks dans mes steppes d'Asie centrale rigole de toi en buvant sa vodka à ma santé, est-ce ma faute? Si tu n'aimes pas mon modèle de gouvernance à base de missiles, de bombardements, de tirs d'artillerie et de snippers, libre à toi. Moi, je trouve que ça marche bien. Tu devrais faire comme moi. Mais, t'inquiète, je vais voir avec Donald. Il a l'air décidé à changer les pompes de l'Amérique. Il trouve qu'on leur a trop marché dessus. D'ailleurs, ça m'embête un peu. Il a du caractère à revendre celui là. Mais on verra....

-Écoute Vladimir, si c'est pour balancer sur mon compte et me torturer sur l'air de la bêtise, on raccroche en se souhaitant joyeux Noël. 

-Tu t'énerves pour rien, mon vieux Barack. Si je t'ai appelé, c'est que j'ai deux choses à te dire. D'accord?

-Bon, vas-y, mais fais vite. Michèle m'a demandé de l'aider à emballer les cadeaux et elle n'aime pas attendre.

-Je te comprends. Alors voilà. Tu te souviens de Hollande?

-La Hollande, oui, bien sûr, j'y suis allé deux fois. Beau pays.

-Barack, réveille-toi. Je ne te parle pas du pays de canaux, de canards et de canailles, je te parle de Hollande. Flamby si tu préfères. Ou Pépère. Ou Patapouf.

-Qui?

-Hollande! Eh! ça suffit maintenant. Tu déconnes grave là tout de suite.Tu le fais exprès, t'es con ou t'es socialiste? Je te parle du président français. Ça y est, t'as compris?

-Holà, pas d'insultes! Tu parles au président de la première puissance du monde!

-T'es sûr de ça? Bon, c'est à voir, mais surtout c'est pas le sujet. Alors Hollande? Tu remets les gaz dans tes méninges?

-Je ne me souviens pas du tout. Il habite où?

-Mais à Paris! Oh!, l'amerlock, tu débarques ou quoi? Tu vas finir par m'énerver, et on ne va plus être copains.

-Écoute, Vladimir, franchement, je ne le fais pas exprès. Ton Hollande, je ne sais pas qui c'est. Je l'ai rencontré?

-Bien sûr, et en plus, ce qui ne m'étonne pas, c'est ton allié. A vous deux, vous faites la paire du siècle! Laurel et Hardy, en plus moderne et technicolor, tu vois le genre? Alors écoute-moi. Je fête Noël avec Bachar chez Erdogan. J'ai invité ton rigolo gras du bide de copain et il m'a dit qu'il viendrait, si tu participes aussi. Es-tu d'accord?

-Pas question! Ton Hollande, je m'en moque! Tu me vois trinquant avec toi, dont les services secrets ont piégé toute l'Amérique pendant notre campagne présidentielle? C'est à cause de toi si Hillary a perdu. Du coup, elle vient tous les jours pleurer dans mes baskets et ça m'agace. C'est une perdante collante. J'en peux plus. Ras la coupole de cette nana. Une furie et une chieuse pas possible. Alors, ça suffit. Autre chose?

-Oui. J'organise un voyage d'études pour fêter ma victoire en Syrie. Il me reste une place. Je te l'ai réservée.

-Qu'est ce que c'est que cette histoire de voyage d'études. Tu blagues, ou t'as bu? Tu fais dans le "tour operator" maintenant?

-Pas du tout. J'ai prévu le voyage suivant: Départ d'Ankara. Étape à Damas, puis les ruines d'Alep avec revue des troupes vaincues d'Al Nostra, puis Palmyre et ses vestiges pas encore  détruits par Daech, Mossoul et ses Yezzidis crucifiés sans que tu aies levé le petit doigt pour les défendre. Retour à Ankara dans la soirée. C'est juste pour que tu vois la différence. 

-La différence? Quelle différence?

-Nous, avec Bachar, mon pote Erdogan et les Iraniens, on a réglé le problème d'Alep en un mois. Et au bout du compte, les milices djihadistes se sont rendues et nous présentent les armes. Toi et ton gros balourd parisien, vous faites du bricolage artisanal partout ailleurs et le résultat est un vrai désastre. Votre méthode du rideau de fumée avec caméra incorporée, c'est plus de détresses, plus de dégâts, plus de malheurs et de misères et surtout plus de temps perdu. Et le monde entier se gausserait à vous voir et vous entendre si au bout du compte il n'y avait pas tous ces morts.

-Dis donc, le slave, tu cherches la provoc! Tu dînes avec le diable et tu me présentes une fourchette! J'en ai assez d'écouter tes sermons. Tu me gâches mon Noël. Je raccroche.

-Je sais que tu raccroches. Tu m'as même dit que tu en avais marre. Ne te fâche pas. Je t'aime bien, au fond. Avec toi, c'était facile. Il suffisait de retrousser les babines et hop! c'était gagné! Bon, alors, c'est non définitif?

-Oui, c'est non.

-Tu vois, tu es comme Hollande! Des frères jumeaux je te dis! Comment veux-tu qu'on te comprenne? Tu viens de dire "oui, c'est non". Tout et son contraire en une phrase de trois mots. Un comble et un record! Moi, à ta place, j'aurais dit: "niet, c'est niet" ou "da c'est da". Tu vois la différence? C'est pour ça que je gagne. Qu'on m'obéit. Qu'on me respecte. Qu'on me craint. Qu'on m'honore.

-Écoute, Vladimir, tu me flanques le tourni. Tes leçons de tsar endimanché ne me sont plus d'aucune utilité. Mais puis-je te demander un dernier service?

-Demande toujours, j'ai les poches pleines de bonnes intentions. Et en remerciements des éminents services que tu m'as rendu, faisant de moi l'arbitre et le vainqueur de tous les conflits, actuels ou futurs, je suis prêt à tout faire pour t'aider.

-C'est ça, remets-en une couche et prends toi pour Pierre Le Grand. Surveille tes chevilles. Ça fait mal quand elles explosent. Voila le service que tu pourrais me rendre. En y réfléchissant, je me souviens de ton Hollande. C'est celui du scooter et du casque en virée nocturne, qui a changé de maîtresse en cours de mandat. La nouvelle s'appelle Léonarda je crois. Téléphone lui, et raconte lui ton histoire de "niet c'est niet". A mon avis, elle devrait lui servir.

-Ben non. Pour Léonarda tu as tout faux. Pour le reste, il fait comme toi. Il sort du jeu. C'est trop tard. Son cas était désespéré. Tu ne l'as pas su?

-Non. Pour le temps qu'il me reste à la Maison Blanche, je gère les affaires courantes et refile les patates chaudes à Donald. Là, avec ton parisien foireux, tu me parles d'un cadavre à la renverse. Donald n'aime pas perdre son temps et va m'engueuler si j'évoque son cas. 

-Et il aura raison.... Il me plait bien, ton Donald..... Allez, Barack, joyeux Noël et de Russie, bonne retraite!

JJN


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