Quand Paris m'énerve ...!

par le Col. JJ. Noirot - Promotion St. Cyr "Serment de 14"  1963/65


 

Le 03/05/2016.

 

 

"Paris sera toujours Paris"

 

 

 

C'est une chansonnette de boulevard qui nous l'apprend. Intéressant à savoir quand même. Car j'ai l'impression que Paris n'est plus du tout Paris.

 

 

Pour moi, Paris a été la capitale de tous les rêves. La première fois que j'y suis allé, pour disputer un championnat de France d'épée, j'étais en seconde, 1959, et la découverte de cette ville superbe, animée, éblouissante, clinquante, m'a émerveillé.

Le ruban lumineux d'information défilant gare Saint Lazare m'avait stupéfié. Un dîner chez Mollard pour déguster un canard à l'orange a achevé de m'étourdir. J'ai immédiatement aimé Paris. Quand je suis rentré chez mes parents aux permes suivantes, j'ai été très fier de leur reparler de cette découverte de la capitale, eux qui n'y avaient, à plus de quarante ans, jamais mis les pieds.  

 

 

L'Histoire de France se confond peu ou prou avec celle de sa capitale. Le royaume est né là. C'est de là que les capétiens, opiniâtres grignoteurs de voisins, mangeurs de fiefs, phagocyteurs de comtés, avaleurs de duchés, bouffeurs de provinces ont affirmé leur pouvoir pour construire la France. Leur devise : "Dans la mariée tout est bon", ou encore:" La rançon ou le jupon mieux que le canon contre les donjons".

Dans le même temps, un peuple frondeur, gouailleur, indocile, turbulent se fabrique une légende. Celle d'une ville indomptable qu'il ne faut pas trop chatouiller sous peine de colère. A la fin XIV ème siècle, les maillotins de Paris en révolte sont massacrés sans pitié par un roi encore sain d'esprit. Ils payaient trop d'impôts. Déjà.

Leur succèdent au début du siècle suivant les cabochiens, tout aussi déterminés, qui inventent le capuchon, ancêtre du bonnet phrygien cher à Louis XVI, dont ils coifferont leur roi dément. Paris se donne aux anglais, puisque la reine est vendue, le roi fou et le bourguignon garant de l'ordre.

Tout cela ne dure pas, son peuple se soulève et fait connaître à tous que le sang, avant d'abreuver les sillons, peut abreuver les caniveaux.

 

 

Paris assiégé, affamé, se rend contre une messe deux siècles plus tard. Il faut savoir échanger du pain contre une hostie. Auparavant, la ville avait repris goût aux règlements de comptes sanglants avec les protestants. Tout est parti de Paris. La province a suivi. Paris l'exemple , le guide des longs chemins, miroir d'une nation en construction, est né à ce moment.

Plus tard,  cherchant à mettre à mal une monarchie branlante, la fronde va couper le roi de sa capitale, donc de son peuple. Il n'aura pas envie d'y retourner et se fera construire un petit cabanon de jardin pour mieux régner : Versailles, symbole de ce qu'il ne faut pas faire quand ça va mal, et du pouvoir coupé des réalités, mais qu'aujourd'hui nous sommes fiers de faire visiter au monde entier. 

 

 

Séparé de son monarque, Paris peut foisonner et ne s'en prive pas. Voltaire, Diderot, Grimm et les autres éclairent les esprits , les pamphlets prospèrent, les idées nouvelles jaillisent, les artistes créent, les sciences et les techniques progressent, les bourgeois s'enrichissent, le reste crève de faim. C'est 89. En 93, Paris teste la République en brandissant la tête de son roi. Après le 18 brumaire, Paris se donne en 1804 à l'Empire. 1815 et la Restauration, les trois glorieuses et la Monarchie de Juillet 1830, la révolution de 1848, la Commune en 1871, l'adoption définitive de la République en 1875...y a-t-il eu un siècle plus agité  pour le peuple de Paris?

 

 

Paris, toujours Paris. Mais quand  Paris, devenu grandiose et magique, s'anime pendant ce long siècle, c'est pour le bien, pour l'œuvre commune, pour forger le destin. Son peuple s'est battu. Il a été à la hauteur, animé d'une volonté farouche. Il a donné des génies à la littérature, à la peinture, au théâtre, à la musique, à l'architecture. Son humanisme imprègne la France entière. Paris a gagné son titre de capitale admirable et admirée.

En 14, c'est de Paris que sont partis les taxis de la Marne, sans qui il n'y aurait pas eu Verdun, sans qui nous ne serions peut être plus. C'est l'ultime signe de sa ferveur patriotique, de sa force morale et de son indomptable énergie. Paris au lendemain de la grande guerre rayonne d'un prestige inégalé. Il est la capitale des braves. Il a tenu bon. Paris a mérité de la patrie. Les années folles suivront, avant les années noires.

 

 

Car c'est à Paris qu'en février 34 se prépare 36 et son cortège de malheurs. La roue a tourné. Elle ne repassera pas. Le vers est dans le fruit et patiemment, il va ronger le coeur et l'âme de cette splendeur qui se fane. C'est 40. Autant il fut facile de se trucider dans l'entre soi du pré parisien au temps des rois, autant la peur a paralysé Paris devant les panzers à croix gammée.

Paris, ville ouverte sans combat, s'est couché. S'en est fini de sa gloire. La ville honteuse d'elle même découvre que sa fureur fratricide de jadis a la cuisse légère, la rafle écœurante et le marché noir.

L'euphorie de la Libération commence à peine que déjà s'éteint l'espoir du grand renouveau. Les idées stupides, les âneries saumâtres, les fadaises mortelles naissent à Montmartre et Saint Germain des Prés pour ne plus quitter l'âme assombrie d'une capitale projetée dans le firmament de l'irréel. Paris devient la capitale du prêt à penser. S'en est fini de la liberté joyeuse et flamboyante, de l'exemple limpide qui éclaire la voie, donne le signal, allume le rêve. Sous l'ensorceleuse beauté des poèmes, images et chansons  d'avant garde, se réchauffe le venin qui bientôt paralysera concepts et idées.

 

Survient 68, ses barricades, ses pavés et son cauchemar poisseux. Paris , après l'avoir acheté à vil prix, va revendre le pire des messages à tout un pays, à l'Europe entière : La grandeur est un crime. Le passé est son glaive. Dès lors, des esprits mauvais répandent partout l'illusion que le bien n'est plus dans la connaissance et l'effort mais dans les luttes. 

 

 

Quelles luttes? 

 

 

Les luttes pour ce qui ne compte pas et fait du mal. Luttes pour les jeux. Luttes pour ne rien faire. Luttes pour soi. Luttes pour prendre. Luttes pour les médiocres. Luttes pour l'innommable. Luttes pour faire taire. Luttes pour casser les grands. Luttes pour le fric. Luttes pour paraître sans avoir été. Luttes pour l'audimat. Luttes, luttes, luttes sans fin, luttes sans trêve, luttes sans remord. Luttes sans joie. Luttes pour rien.

 

 

Aujourd'hui, cette dérive funeste s'amplifie. Ce sont les idiots debout, les femmen grotesques, les casseurs cagoulés, les manifestants vociférants, les grévistes sans cervelle. Paris est moche, crasseux, puant.  Il projette sur la France entière, en plus de la chape de plomb de sa pensée unique, de sa laïcité au rabais, le spectacle affligeant de son indignité et de sa déliquescence morale, tuant aux yeux du monde le joyau unique qu'il avait mis des siècles à façonner. 

 

 

Paris tue les français. Et d'abord les francaises, qui ne peuvent plus être elles mêmes dans ses rues comme dans les banlieues, repaires de tous les dangers. Djellaba, niqab, halal, mosquées, kebab, tels sont les nouveaux mots personnifiant le renouveau des esprits.

Du haut de son "pasdamalgame" les puissants abaissent la tolérance au rang du servage. Derrière les murs de l'Elysée, de Matignon, du palais Bourbon, du Luxembourg, de l'Hotel de ville où s'agitent pour mieux nuire des marionnettes de foire, toutes manipulées par les fossoyeurs médiatisés de la mémoire et du savoir, se meurent à tout jamais les valeurs qui ont fait Paris.

Insidieusement, par faiblesse et mensonges, inconsciemment peut être, Paris a déclaré la guerre à l'identité de la France et entend la gagner au prix de tous les renoncements, au mépris de son histoire qu'il faut gommer, défigurer, assassiner.

Paris s'est vautré. Paris sent la mort. Paris, calamiteuse paillasse des minables, pose pour les essuyer ses mains souillées sur le triste linceul des merveilles déchues.

La France dans ses tréfonds pleure sa capitale perdue. Elle a laissé faire. Elle ne sera plus. Son phare s'est éteint.

 

Paris n'est plus Paris.

 

Aux "sentinelles" qui gardent cette ville pétrie d'Histoire et que j'ai tant aimé, j'ai demandé, après qu'elles se soient par trois fois écriées: "Halte là, qui va là, qui vive?" 

 

-Quel est votre mot de passe?

 

Elles m'ont répondu:"Celui que nous a donné Valls" : "Islam".

 

 

 


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Commentaires: 2
  • #1

    de Carvalho (mercredi, 04 mai 2016 13:35)

    A mon premier commandant de compagnie à la Légion, je dis que tout cela est bien vu et bien dit.
    Et pour reprendre le titre d'une chanson de JPM : Respect !
    Olivier.

  • #2

    Adamastor (lundi, 09 mai 2016 23:02)

    Bravo pour ce beau texte!