L'Iran triomphe au Moyen-Orient

...par le Col. Jacques Hogard - le 12/05/2018.

 

Président du Groupe E.P.E.E (Experts Partenaires pour l’Entreprise à l’Etranger)

 

Officier supérieur parachutiste 

Ecole militaire Interarmes (St Cyr-Coëtquidan)

 

Executive MBA à HEC CPA Paris (Centre de Perfectionnement aux Affaires).

 Colonel de l’armée de terre où il a servi durant 26 ans (1974-2000), comme officier parachutiste à la Légion étrangère puis au Commandement des Opérations spéciales, a participé en tant que tel à de nombreuses missions extérieures en Afrique (notamment au Rwanda en 1994) et dans les Balkans [commandement en Macédoine puis au Kosovo du Groupement inter armées des Forces spéciales (1999)].

Quitte l'Armée (2000)

Fonde la société d’intelligence stratégique EPEE (Experts Partenaires pour l’Entreprise à  l'Etranger)    www.epee.fr - (2005) et filialise les activités spécifiques de conseil en sûreté sous la marque ESEI (Experts en Sûreté pour l’Entreprise à l’international) - www.esei.fr - (2011) 

Ouvrages

Plusieurs articles et publications dont deux livres :

Les larmes de l’Honneur, 60 jours dans la tourmente du Rwanda été 1994 

L’Europe est morte à Pristina, guerre au Kosovo printemps-été 1999. 

Distinctions

Officier de la Légion d'Honneur

Officier de l'Ordre national du Mérite

Croix de guerre des Théatres d'opérations extérieures

Croix de la Valeur militaire

Titulaire de l'Ordre de Saint Sava (Serbie)


Si la guerre en Irak et en Syrie est en passe de se terminer, si Daech est d'ores et déjà militairement vaincu, et a cessé d’exister en tant qu’ "État", c’est en grande partie grâce à l’appui militaire apporté par la Russie à la Syrie à partir d’octobre 2015, mais aussi sur le terrain, par l’Iran et les milices chiites.

 
L’Iran, grande puissance moyen-orientale, revient en force sur la scène internationale et apparaît de fait comme le grand vainqueur régional de cette guerre de six ans. Ceci évidemment ne plaît pas à tout le monde. Le Président Macron a dans ce contexte appelé au désarmement de ces milices irakiennes provoquant l'ire de Bagdad.
Aux États-Unis, où la diplomatie apparaît très affaiblie, la Maison-Blanche remet en cause l’accord sur le nucléaire iranien de Vienne (JCPOA) signé le 14 juillet 2015. Donald Trump n’a pas de mots assez durs pour attaquer l'Iran : "régime fanatique", "principal Etat soutenant le terrorisme dans le monde, qui répand la mort, la destruction et le chaos". Trump renoue avec la vieille rhétorique belliciste des États-Unis éprouvée en Yougoslavie, Irak, Syrie et en Ukraine. Chaque jour, l’Iran progresse sur tous les fronts comme si la rhétorique anti-iranienne de Trump le renforçait dans son rôle de puissance géopolitique, militaire et économique. La politique visant à l’isoler, le déstabiliser ou le diaboliser est en échec.
 
Le rapprochement franco-iranien en péril
Côté français, alors que les prises de position affichées jusqu’ici en matière de politique étrangère par Emmanuel Macron allaient plutôt dans le sens d’un certain réalisme, d’une volonté pragmatique de regarder les choses en face et de se démarquer aussi de nos positions antérieures, voici subitement que s’assombrit le ciel des relations bilatérales franco-iraniennes. Ainsi, le 18 novembre dernier, tandis qu'éclatait l'affaire Saad Hariri, l’Iran s’en prend vertement à la France qui a critiqué la politique "agressive" de l’Iran et son programme balistique : "Il n'est pas dans l'intérêt de M. Macron ni de la France de s'ingérer dans les affaires de la République islamique (…) Sur les questions de défense et du programme balistique, nous ne demandons la permission à personne. (...) En quoi cela regarde-t-il Macron ? Qui est-il pour s'ingérer dans ces affaires", a prévenu Ali Akbar Velayati, le conseiller du Guide suprême pour les relations internationales. La veille, l'Iran avait réagi une première fois aux déclarations du chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian, en voyage à Riyad, accusant Téhéran de "tentations hégémoniques" au Moyen-Orient. Comme si Téhéran n'avait pas compris que la France donnait des gages au prince héritier saoudien afin de sauver l'unité du Liban.
Ces échanges un peu vifs seraient-ils de nature à rigidifier les relations franco-iraniennes ? Ce n'est pas certain car Emmanuel Macron a tout de suite maintenu sa volonté de se rendre le plus vite possible à Téhéran en 2018.

Il ne faut pas se tromper de Satan ! 
L’Iran est une puissance montante au plan géopolitique et la victoire iranienne en Syrie en est une manifestation éclatante. Alliée de Bachar El Assad, elle prépare la reconstruction de son pays. Mais il ne faut pas sous-estimer non plus la victoire iranienne en Irak, laquelle concrétise le célèbre "arc chiite" qui va de Beyrouth à Téhéran via Damas et Bagdad.
Face à l’Amérique, l’Iran est parvenu à obtenir des autres signataires du JCPOA une attitude démarquée de celle de Donald Trump. Les États-Unis apparaissent ainsi diplomatiquement isolés et les autres grandes puissances signataires (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne, et Russie) ont toutes réaffirmé leur attachement au respect de l'accord. Si Téhéran semble effectivement avoir mis en sommeil son programme nucléaire, elle entend par ailleurs développer son programme balistique à grande vitesse.
L’Iran a profité également de l’erreur commise par l’Arabie saoudite avec le Qatar en juin dernier en minant de l’intérieur le Conseil de Coopération du Golfe. L’Iran veut ainsi affirmer la victoire remportée sur le terrorisme wahhabite, autrement dit la victoire de l’islam civilisé sur les barbares, les "takfiris qui osent tuer au nom de Dieu" !
 
Une puissance économique émergente
Au plan économique, il faut rappeler que l’Iran est la première réserve de gaz au monde avec 18,2 % du total des réserves prouvées de la planète et que le pays dispose d’un immense potentiel encore peu exploité, que l’Iran est également en matière de pétrole au quatrième rang mondial derrière le Venezuela, l’Arabie Saoudite et le Canada, avec 9,3 % du total des réserves prouvées dans le monde et que 70 % de cette production est désormais exportée, principalement vers l’Asie (Chine, Inde, Japon, et Corée du Sud) mais aussi désormais vers l’Europe. L'Iran est également une nouvelle puissance en matière de high tech et de bio tech (comme en témoigne le dynamisme de Pardis, la "Silicon Valley iranienne" : sur ce parc technologique de 1000 hectares situé à une trentaine de kilomètres de Téhéran, se trouvent quelques 400 entreprises de pointe installées depuis 2002 (fournisseurs d’accès Internet, banques, centres d’appels, laboratoires, sociétés spécialisées de biotechnologie, d’informatique et de robotique). Peuplé de 80 millions d’habitants, l'Iran dispose d’une jeunesse, garçons et filles, nombreuse et formée.
 
Les pétromonarchies du Golfe n'ont pas rompu avec le terrorisme
Obsédée par sa rivalité avec la Russie, l'Amérique voit dans l'Iran, le meilleur allié russe dans la région, le bouc émissaire parfait : "foyer, levier du terrorisme". Trump a clairement choisi le camp de l’Arabie Saoudite lors de son voyage triomphal en mai dernier à Riyad.
Mais en réalité qui finance le terrorisme islamiste, qui soutient et abrite les terroristes islamistes sinon les monarchies sunnites wahhabites du Golfe, en proie à leurs faiblesses et leurs divisions. Les déclarations américaines sur "l’Iran terroriste" en deviennent risibles de la part de ceux qui ont été les conseillers et pourvoyeurs indirects d’Al Nosra, autrement dit Al Qaida en Syrie.
Et si de bonnes âmes se risquent à comparer l’Arabie Saoudite et l’Iran en matière de bonne conduite démocratique, on voit bien que l’Iran présente un visage apparemment plus compatible avec les principes démocratiques. Droit de vote, processus électoral, respect des minorités, place des femmes ou accès de la population à l’éducation : il n’y a en vérité pas grand-chose de commun entre l’Iran et les bédouins du désert arabique. Et pourtant, malgré les évidences, Trump persiste et signe.
La France pourrait tirer parti de cette opportunité pour rétablir son influence, son prestige et son rayonnement après une décennie d’erreurs colossales et d’incurie en matière de politique étrangère. L’Iran, en définitive, n’attend que ça.

 

Source : http://www.magistro.fr/index.php/template/lorem-ipsum/de-par-le-monde/item/3327-l-iran-triomphe-au-moyen-orient

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