Devenir combattant

....par le Col. Michel Goya - le 28/03/2018.

Devenir combattant, c’est se porter volontaire pour pénétrer dans des espaces de violence. C’est accepter la transformation de l'être que cela induit avec le risque d’y être détruit ou mutilé dans son corps ou son âme. Devenir combattant, c’est accepter aussi la métamorphose préalable qui sera nécessaire pour évoluer dans un tel monde sans y être broyé à coup sûr. Devenir combattant ce n'est pas devenir "soi-même", c'est accepter d'être un autre, d'accumuler un peu de plus afin de pouvoir l'échanger éventuellement contre du moins et même du tout.
S’il n’y a pas de bonheur des peuples sans liberté, cette liberté dépend du courage des hommes et des femmes qui acceptent et se portent même volontaires pour cette transformation parfois fatale. Si les Français dorment en sécurité, c’est aussi parce que des soldats veillent sur le rempart ou plus exactement que ces soldats sont le rempart. Que l’on cesse de s’intéresser à eux et celui-ci s’effritera.
Nouvelle conclusion 
Sous le feu-La mort comme hypothèse de travail

 

Source : https://lavoiedelepee.blogspot.com.es/2018/03/devenir-combattant.html


Pour le retour des héros

...par le Col. Michel Goya - le 27/03/2018.

En 2009, l’historien britannique Ben Macintyre s’étonnait dans un article du Times qu’aucun héros combattant ne soit connu du grand public de son pays malgré la violence des combats en Irak et en Afghanistan. Il constatait également que les soldats mis en avant par l’institution militaire étaient des héros « secouristes », comme le caporal Beharry, récompensé de la Victoria Cross pour avoir sauvé des camarades lors d’embuscades en Irak en 2004.
 
Quelques mois plus tôt dix soldats français (et peut-être 70 rebelles) étaient tombés dans un combat dans la vallée afghane d’Uzbeen. Le ministre de la défense de l’époque refusait d’admettre que le pays était en guerre. Un hommage émouvant fut rendu aux soldats morts pour la France mais les seuls combattants vivants à avoir l’honneur des médias furent…les rebelles interrogés par Paris Match. Rien en revanche, entre autres, sur le sergent Cazzaro, alors en tête de la section tombée dans l’embuscade, blessé, qui a réussi à se sortir du piège en combattant.
 
Quinze ans encore avant, en juin 1993, une troupe française menait aussi un combat très violent à Mogadiscio et réussissait sa mission. Action passée totalement inconnue des Français…au contraire des combats américains au même endroit, en octobre, popularisés par un livre documentaire, La chute du faucon noir et surtout par un film tiré du livre. Le combat avait été un échec mais un échec n’empêche pas les actes héroïques et le film les met clairement en avant.
 
La chute du faucon noir date de 2001, début de « la guerre contre le terrorisme ». Cent soldats français sont tombés au combat dans le cadre de cette guerre, en Afghanistan, en Somalie et au Mali. D’autres combats très violents ont eu lieu par ailleurs, en Libye en 2011 et en Centrafrique en 2014. Pour autant, le public reste incapable de citer le nom d’un excellent soldat et nos films de recrutement s’obstinent toujours à éviter de parler du combat et surtout de le montrer. Par pitié, on ne parlera pas du cinéma français. 
 
Si on veut voir des images « institutionnelles » de combat, il faut regarder Flames of war, la série de films vantant les exploits des soldats de Daesh. Si on veut voir des héros au cinéma, on va voir American sniper, le film de Clint Eastwood retraçant la vie et les combats du tireur d’élite Chris Kyle. Il faut ensuite se demander, si nous sommes effectivement en guerre, si on peut gagner cette guerre sans ressentir le besoin, comme nos adversaires, de mettre en avant nos guerriers. 


Source : https://lavoiedelepee.blogspot.com.es/2015/03/pour-le-retour-des-heros.html

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