UKRAINE

...par le Col. Jean-Jacques Noirot - Le 05/03/2022.

Cette invasion russe de l’Ukraine nous oblige, quand même, à nous poser quelques questions. S’en tenir à ce que nous disent les experts qui babillent sur les plateaux de télévision, si cela semble de nature à nous fournir une assez bonne approche conjoncturelle de la situation, ne permet en aucune façon de se faire une opinion personnelle des réalités historiques et culturelles de cette partie orientale de l’Europe.

Il nous faut donc partir à la rencontre de l’Ukraine et chercher, si l’on veut sortir des sentiers battus. Elle a une Histoire, une géographie et surtout une littérature qui nous indique ce qu’elle est vraiment. Ces écrits s’enracinent dans cette terre lointaine qui a fait battre les cœurs des poètes ukrainiens. Ils peuvent nous faire comprendre ce que ressent aujourd’hui le peuple ukrainien soumis à une agression que tout laissait prévoir, mais dont les plus éclairés des observateurs de notre temps nous disent qu’elle aurait pu être évitée.

Voici comment Germaine de Staël décrit l’Ukraine qu’elle a traversée pendant son périple d’exilée à travers l’Europe : « Quoiqu’on conduisît avec une grande rapidité, il me semblait que je n’avançais pas tant la contrée était monotone. Des plaines de sable, quelques forêts de bouleaux et des villages à grande distance les uns des autres, composés de maisons de bois toutes taillées sur le même modèle, voilà les seuls objets qui s’offraient toujours à mes regards. J’éprouvais cette sorte de cauchemar qui saisit quelque fois la nuit, quand on croit marcher toujours et n’avancer jamais. Il me semblait que ce pays était l’image de l’espace infini et qu’il fallait l’éternité pour le traverser ». Voilà qui ne donne pas envie d’aller trainer ses guêtres dans ces parages !

Des Khazars au Tatars, des Mongols aux Polonais, des Cosaques aux Russes, la terre d’Ukraine, qui ne prit ce nom qu’au XIXème siècle, fut un théâtre de rivalités, brutales, sauvages, un flux constant de peuples qui ont voulu s’installer en chassant ou dominant ceux qui les ont précédés. La situation s’est stabilisée dans le courant du XIXème siècle, quand la domination russe s’est imposée. Mais dans l’âme et le cœur des cosaques, qui prirent le nom d’« Ukrainiens », une identité est née de ces affrontements, distincte du peuple russe mais identique dans sa culture et ses mœurs. Seule la religion les a séparés. Face à une Russie Orthodoxe s’est affirmée une Ukraine catholique héritée de l’influence polonaise.

Au milieu du XIXème siècle s’épanouit une langue ukrainienne portée par des écrivains et poètes qui vont l’utiliser pour glorifier l’identité de l’Ukraine et l’imposer à ses voisins dominateurs. Chevtchenko est un des plus grands parmi les intellectuels de ce siècle. Il rend, dans le poème « Le testament », un vibrant hommage à l’Ukraine, sa patrie :

« Quand je mourrai, enterrez-moi

Dans une tombe au milieu de la steppe

De ma chère Ukraine

De façon que je puisse voir l’étendue des champs

Le Dniepr et ses rochers,

Que je puisse entendre son mugissement puissant.

Et quand il emportera de l’Ukraine

Vers la mer bleue

Le sang des ennemis, alors

Je quitterai les prairies et montagnes

Et m’envolerai vers Dieu lui-même

Pour offrir mes prières,

Mais jusque-là

Je ne connais pas de Dieu.

Enterrez-moi debout

Brisez vos fers,

Et arrosez du sang de l’ennemi

La Liberté…. »

De surcroît peintre de grand talent, Taras Chevtchenko fut condamné et exilé par le pouvoir russe pour avoir milité contre le servage.

Avec l’arrivée de ces intellectuels et artistes, la lutte pour exister s’est déplacée des armes vers la culture et l’identité. Les vers que nous venons de lire en témoignent. Gogol aussi, dans « Taras Boulba », l’exprime en donnant à l’Ukraine un rôle protecteur au profit de l’Occident : « L’Histoire nous apprend comment les luttes perpétuelles des cosaques sauvèrent l’Europe occidentale de l’invasion des sauvages hordes asiatiques qui menaçaient de l’inonder ».

Mais le vainqueur définitif des affrontements qui jalonnent l’histoire de l’Ukraine est la Russie. Pour le régime tsariste de Saint-Pétersbourg, elle est russe, habitée seulement par des russes « ukrainiens ». Il faut leur imposer, par la force si nécessaire, la langue russe en interdisant la leur, et le terme d’Ukraine doit être banni de toute expression, orale ou écrite.

L’effondrement de l’empire tsariste permettra la naissance en 1918, pour la première fois, d’un état ukrainien indépendant mais éphémère. Voici en quel estime, après la révolution bolchévique, la princesse russe Kourakine tenait les ukrainiens et leurs représentants : « En automne 1918, je me trouvais à Kiev alors au pouvoir de ce prince d’opérette, l’hetman Skoropadsy ». « Cependant le fameux aventurier ukrainien Petlioura, prévoyant que les Alliés exigeraient la retraite des Allemands de l’Ukraine, et que l’hetman se trouverait par terre entre deux chaises, rassembla ses troupes et marcha sur Kiev. Ces troupes étaient composées de la racaille ukrainienne, — adolescents de seize dix-sept ans, voleurs et bandits… ». Le décor est planté définitivement. D’un côté, les plaines d’Ukraine sont une terre riche et sacrée, tournée vers l’Occident, où vivent des femmes et des hommes libres qui veulent se sentir chez eux, avec leur histoire, leur mœurs, leur culture, leurs morts. De l’autre, il n’y a là qu’un glacis protecteur placé sous la haute surveillance des autorités dominatrices de Moscou. L’affrontement, à terme, est inévitable. 

L’effondrement de l’URSS redonnera vie à cet état en 1991. Tout l’occident s’est trompé en imaginant que puisse exister aux portes de la Fédération de Russie un état ukrainien libre et indépendant. Une telle aspiration n’est qu’un rêve qui ne peut mener qu’à des drames. La force asienne sera toujours dominante sur cette partie d’Europe parce que, malheureusement, elle l’a été depuis plusieurs siècles. Quand les royaumes ou empires de l’Europe occidentale dominaient le monde et se faisaient continuellement la guerre, personne ne s’est intéressé à ce qu’il advenait de ces peuples lointains. Depuis le mariage d’Henri 1er avec Anne de Kiev, il s’est passé presque 1.000 ans. L’horizon de nos rois n’a pas dépassé la Pologne. Pourquoi faudrait-il que tout à coup, le peuple ukrainien s’arrache seul de l’Orient pour se marier à l’Occident ? Cela aurait pu arriver si l’Union Européenne avait tendu la main à la Russie. Elle aurait, immanquablement, entrainé avec elle l’Ukraine et la Biélorussie. Faute d’avoir su saisir cette opportunité qui aurait, pour longtemps, assuré la paix dans cette moitié du monde, les erreurs se sont accumulées et ont fait grandir de terribles dangers aux portes de notre Europe. La pression de l’OTAN est une erreur. La volonté de UE d’incorporer l’Ukraine seule dans sa construction technocratique n’est qu’un mauvais caprice de démocraties prétentieuses, imbues de leurs prétendues valeurs. De quoi se mêlent-elles ? Aujourd’hui, le peuple ukrainien, victime des occasions manquées, qui a cru à ces chimères, en paie douloureusement le prix. La Russie envahit l’Ukraine parce que cette part d’elle-même, qu’elle voit avec inquiétude s’amarrer à l’Occident, n’a pas joué le jeu de l’Histoire commune et séculaire qui les unit.

Poutine est revenu, de façon brutale, violente, inhumaine, condamnable, aux fondamentaux de la géopolitique russe. Il a eu tort de procéder ainsi. Il s’est conduit en despote, qu’il est sûrement. Il avait mieux à faire pour s’opposer aux menées sournoises et iniques des européens, eux-mêmes à la solde d’une Amérique obsédée par des démons d’un autre temps. Espérons qu’il sera échec et mat. Ça n’est pas pour autant que l’Ukraine sera libre et sauvée. Car elle ne pourra l’être que si, par on ne sait quel miracle (ou cauchemar) de l’évolution du monde, il n’y a plus de puissance russe à ses frontières. Ça n’est pas pour demain, ni pour les siècles à venir, et ça n’est pas souhaitable.

...QUE D'ALERTES - Le 13/03/2022.

J'ai écrit depuis plus de 10 ans que la perspective d'une entrée de l'Ukraine dans l'OTAN était pour la Russie un "casus belli".

 

Macron le savait mais il n'a rien fait pour empêcher la guerre. Il lui suffisait de dire que la France s'opposerait toujours à l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN. D'autres plus importants que moi l'ont aussi affirmé :


- Jack F. Matlock Jr., ambassadeur des États-Unis en Union soviétique de 1987 à 1991, déclare en 1997 que l'expansion de l'OTAN est "une profonde bévue stratégique, encourageant une chaîne d'événements qui pourrait produire la menace la plus grave pour la sécurité depuis l'effondrement de l'Union soviétique".


- George Kennan, célèbre stratège de la guerre froide, déclare en 1998 que l'expansion de l'OTAN est une "erreur tragique" qui provoquera une "mauvaise réaction de la Russie".


- Bill Burns, ex-directeur de la CIA, déclare en 2008 que "l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN est la plus brillante de toutes les lignes rouges" et qu'il n'a encore "trouvé personne qui considère l'Ukraine dans l'OTAN comme autre chose qu'un défi direct pour les intérêts russes".


- Henry Kissinger, ex-secrétaire d'État de Richard Nixon, déclare en 2014 que "l'Ukraine ne devrait pas rejoindre l'OTAN".


- Stephen Cohen, chercheur américain en études russes, déclare en 2014 que "si nous déplaçons les forces de l'OTAN vers les frontières de la Russie, cela va évidemment militariser la situation [et] la Russie ne reculera pas, car c'est existentiel".


- Robert Gates, ex-secrétaire américain à la Défense, écrit dans ses Mémoires en 2015 qu'"agir si vite pour étendre l'OTAN est une erreur. Essayer d'amener la Géorgie et l'Ukraine dans l'OTAN est vraiment exagéré et constitue une provocation particulièrement monumentale".


- William Perry, secrétaire à la Défense de Bill Clinton, explique dans ses Mémoires que l'élargissement de l'OTAN est la cause de "la rupture des relations avec la Russie" et qu'en 1996, il s'y opposait tellement que sous la force de sa conviction, il a "envisagé de démissionner".


- Noam Chomsky, grand intellectuel américain, déclare en 2015 que "l'idée que l'Ukraine puisse rejoindre une alliance militaire occidentale serait tout à fait inacceptable pour tout dirigeant russe" et que le désir de l'Ukraine d'adhérer à l'OTAN "ne protègerait pas l'Ukraine, mais menacerait l'Ukraine d'une guerre majeure".


- Jeffrey Sachs, économiste libéral, écrit en 2022 dans le Financial Times que "l'élargissement de l'OTAN est complètement malavisé et risqué. Les vrais amis de l'Ukraine et de la paix mondiale devraient appeler à un compromis entre les États-Unis, l'OTAN et la Russie".


- Sir Roderic Lyne, ex-ambassadeur britannique en Russie, déclare en 2021 que "pousser l'Ukraine dans l'OTAN est stupide à tous les niveaux". Il ajoute : "Si vous voulez déclencher une guerre avec la Russie, c'est la meilleure façon de le faire".

...Que de lanceurs d'alerte qui n'ont pas été écoutés !

...Que de stupidité criminelle....!

JMR

« Poutine est un patriote que le mépris de l’Occident a poussé vers la Chine »

...par le Col. Jacques Hogard - Le 12/03/2022.

Source : RzO International.

 

par Éric Verhaeghe - Le 12/03/2022.

 

Nous avons interrogé le colonel Hogard, ancien responsable de missions « spéciales » françaises à l’étranger, sur la situation en Ukraine. Son interview est à suivre avec intérêt, car il exprime la vision « traditionnelle » des services et d’une bonne partie de l’armée française sur la question russe. En rupture, bien entendu, avec l’orientation russophobe et outrageusement atlantiste prise par le gouvernement profond depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir.

 

Le colonel Hogard a un immense mérite : Celui de ramener à la surface les doctrines françaises traditionnelles sur la question russe, qui n’ont jamais consisté à propager la russophobie, ni à croire ou à prétendre qu’un Président russe ancien du KGB soit un « taré » (propos tenus sur France Inter, si, si), ou un « fou » incontrôlable. En ce temps-là, la France avait une autre vision de ses intérêts à long terme. Elle ne se réduisait pas à un suivisme aveugle et arrogant vis-à-vis du mondialisme anglo-saxon, ni à une vocifération russophobe permanente nourrie par les éléments de langage fabriqués de toutes pièces par la CIA.

 

En ce temps-là, il est vrai, Nicolas Sarkozy n’avait pas infiltré le gouvernement profond avec des éléments proches ou admiratifs de la même CIA à tous les postes-clés.

Bref, nous étions encore une puissance indépendante.

Une interview indispensable pour comprendre le poids du mensonge aujourd’hui.

 

source : Le Courrier des Stratèges

Ukraine : Nous marchons vers la guerre comme des somnambules

...par Henri Guaino - Le 13/05/2022.

 

Dans un texte de haute tenue, l’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République relève des analogies entre la situation internationale née de la guerre en Ukraine et l’état de l’Europe en juillet 1914. Sans renvoyer dos à dos l’agresseur et l’agressé, et tout en distinguant le bellicisme de Moscou et le discours désormais martial de Washington, il s’alarme du durcissement des positions en présence qui ne laisse aucune place à une initiative diplomatique et à une désescalade.

Nous marchons vers la guerre comme des somnambules.

 

J’emprunte cette image au titre du livre de l’historien australien Christopher Clark sur les causes

de la Première Guerre mondiale : Les Somnambules, été 1914 : Comment l’Europe a marché

vers la guerre.

« Le déclenchement de la guerre de 14-18, écrit-il, n’est pas un roman d’Agatha Christie (...) Il

n’y a pas d’arme du crime dans cette histoire, ou plutôt il y a en a une pour chaque personnage

principal. Vu sous cet angle, le déclenchement de la guerre n’a pas été un crime, mais une

tragédie. » En 1914, aucun dirigeant européen n’était dément, aucun ne voulait une guerre

mondiale qui ferait vingt millions de morts mais, tous ensemble, ils l’ont déclenchée. Et au

moment du traité de Versailles aucun ne voulait une autre guerre mondiale qui ferait soixante

millions de morts mais, tous ensemble, ils ont quand même armé la machine infernale qui allait

y conduire.

 

Dès le 7 septembre 1914, après seulement un mois de guerre, le chef du grand état-major

allemand qui avait tant plaidé pour que l’Allemagne attaquât avant d’être attaquée écrivait à sa

femme : « Quels torrents de sang ont coulé (...) j’ai l’impression que je suis responsable de

toutes ces horreurs et pourtant je ne pouvais agir autrement. »

 

« Je ne pouvais agir autrement »: tout était dit sur l’engrenage qui mène à la guerre. Engrenage

qui est d’abord celui par lequel chaque peuple se met à prêter à l’autre ses propres arrière-

pensées, ses desseins inavoués, les sentiments que lui-même éprouve à son égard. C’est bien

ce que fait aujourd’hui l’Occident vis-à-vis de la Russie et c’est bien ce que fait la Russie vis-

à-vis de l’Occident. L’Occident s’est convaincu que si la Russie gagnait en Ukraine, elle n’aurait

plus de limite dans sa volonté de domination. À l’inverse, la Russie s’est convaincue que si

l’Occident faisait basculer l’Ukraine dans son camp, ce serait lui qui ne contiendrait plus son

ambition hégémonique.

 

En étendant l’Otan à tous les anciens pays de l’Est jusqu’aux pays Baltes, en transformant

l’Alliance atlantique en alliance anti-Russe, en repoussant les frontières de l’Union européenne

jusqu’à celles de la Russie, les États-Unis et l’Union européenne ont réveillé chez les Russes le

sentiment d’encerclement qui a été à l’origine de tant de guerres européennes.

Le soutien occidental à la révolution de Maïdan, en 2014, contre un gouvernement ukrainien prorusse a été la preuve pour les Russes que leurs craintes étaient fondées. L’annexion de la Crimée par la Russie et son soutien aux séparatistes du Donbass ont à leur tour donné à l’Occident le sentiment que la menace russe était réelle et qu’il fallait armer l’Ukraine, ce qui persuada la Russie un peu plus que l’Occident la menaçait. L’accord de partenariat stratégique conclu entre les États-Unis et l’Ukraine le 10 novembre 2021, scellant une alliance des deux pays dirigée explicitement contre la Russie et promettant l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan, a achevé de

convaincre la Russie qu’elle devait attaquer avant que l’adversaire supposé soit en mesure de

le faire. C’est l’engrenage de 1914 dans toute son effrayante pureté.

 

Comme toujours, c’est dans les mentalités, l’imaginaire et la psychologie des peuples, qu’il faut

en chercher l’origine. Comment la Pologne, quatre fois démembrée, quatre fois partagée en trois siècles, comment la Lituanie annexée deux siècles durant à la Russie, la Finlande amputée en 1939, comment tous les pays qui ont vécu un demi-siècle sous le joug soviétique ne seraient-ils pas angoissés à la première menace qui pointe à l’Est ? Et de son côté, comment la Russie, qui a dû si souvent se battre pour contenir la poussée de l’Occident vers l’Est et qui est déchirée depuis des siècles entre sa fascination et sa répulsion pour la civilisation occidentale, pourrait-elle ne pas éprouver une angoisse existentielle face à une Ukraine en train de devenir la tête de pont de l’occidentalisation du monde russe ? « Ce ne sont pas les différences, mais leur perte qui entraîne la rivalité démente, la lutte à outrance entre les hommes », dit René Girard.

Menacer ce par quoi le Russe veut rester russe, n’est-ce pas prendre le risque de cette « rivalité démente »?

L’Occident voit trop la nostalgie de l’URSS et pas assez, le slavophilisme, c’est-à-dire la Russie éternelle telle qu’elle se pense avec ses mythes. Alexandre Koyré a consacré un livre profond (1), à ce courant dont sont nées la grande littérature et la conscience nationale russes au début du XIXe siècle quand « le nationalisme instinctif aidant, un nationalisme conscient avait fini par voir entre la Russie et l’Occident une opposition d’essence ».

Le slavophilisme, ce sentiment de supériorité spirituelle et morale face à l’Occident, est dans le cri du cœur de Soljenitsyne devant les étudiants de Harvard en 1978 : « Non, je ne prendrais pas votre société comme modèle pour la transformation de la mienne. »

 

Cette Russie-là ne voit peut-être pas la guerre en Ukraine comme une guerre d’invasion mais

comme une guerre de sécession. Sécession du berceau du monde russe, de la terre où s’est joué tant de fois le sort de la Russie, où elle a repoussé les Polonais et les armées de Hitler.

Sécession politique, culturelle et même spirituelle depuis qu’en 2018 l’Église orthodoxe

ukrainienne s’est affranchie de la tutelle du patriarcat de Moscou. Et les guerres de sécession

sont les pires. Une chose en tout cas est certaine : Cette guerre est, à travers l’Ukraine

martyrisée, une guerre entre l’Occident et la Russie qui peut déboucher sur un affrontement

direct par une escalade incontrôlée. La guerre, c’est, depuis toujours, la libération de tout ce

qu’il y a dans la nature humaine de sauvagerie et d’instinct meurtrier, une montée aux extrêmes

qui finit toujours par emporter malgré eux les combattants comme les dirigeants.

Ni Churchill, ni Roosevelt, n’avaient pensé qu’un jour ils ordonneraient de bombarder massivement les villes allemandes pour casser le moral de la population, ni Truman qu’il finirait en 1945 par recourir à la bombe atomique pour casser la résistance japonaise. Kennedy en envoyant quelques

centaines de conseillers militaires au Vietnam en 1961 ne pensait pas que huit ans plus tard

l’Amérique y engagerait plus d’un demi-million d’hommes, y effectuerait des bombardements

massifs au napalm, et serait responsable du massacre de villages entiers.

 

Si la guerre froide n’a pas débouché sur la troisième guerre mondiale, c’est d’abord parce qu’aucun de ses protagonistes n’a jamais cherché à acculer l’autre. Dans les crises les plus graves, chacun a toujours fait en sorte que l’autre ait une porte de sortie.

Aujourd’hui, au contraire, les États-Unis, et leurs alliés, veulent acculer la Russie.

 

Quand on agite devant elle la perspective de l’adhésion à l’Otan de la Finlande, de la Suède, de

la Moldavie et de la Géorgie en plus de celle de l’Ukraine, quand le secrétaire américain à la

Défense déclare que les États-Unis « souhaitent voir la Russie affaiblie au point qu’elle ne puisse plus faire le genre de choses qu’elle a faites en envahissant l’Ukraine», quand le président des États-Unis se laisse aller à traiter le président russe de boucher, à déclarer que « pour l’amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir » et demande au Congrès 20 milliards de dollars en plus des 3 milliards et demi déjà dépensés par les États-Unis pour fournir en masse des chars, des avions, des missiles, des canons, des drones aux Ukrainiens, on comprend que la stratégie qui vise à acculer la Russie n’a plus de limite.

Mais elle sous-estime la résilience du peuple russe, comme les Russes ont sous estimé la résilience des Ukrainiens.

Acculer la Russie, c’est la pousser à surenchérir dans la violence.

Jusqu’où ? La guerre totale, chimique, nucléaire ?

Jusqu’à provoquer une nouvelle guerre froide entre l’Occident et tous ceux qui, dans le monde, se souvenant du Kosovo, de l’Irak, de l’Afghanistan, de la Libye, pensent que si la Russie est acculée, ils le seront aussi parce qu’il n’y aura plus de limite à la tentation hégémonique des États-Unis : l’Inde qui ne condamne pas la Russie et qui pense au Cachemire, la Chine qui dénonce violemment « les politiques coercitives » de l’Occident parce qu’elle sait que si la Russie s’effondre elle se retrouvera en première ligne, le Brésil qui, par la voix de Lula, dit « une guerre n’a jamais un seul responsable », et tous les autres en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique qui refusent de sanctionner la Russie.

Tout faire pour acculer la Russie, ce n’est pas sauver l’ordre mondial, c’est le dynamiter. Quand la Russie aura été chassée de toutes les instances internationales et que celles-ci se seront désintégrées comme la SDN au début des années 1930, que restera-t-il de l’ordre mondial ?

 

Trouver un coupable nous conforte dans le bien-fondé de notre attitude, et dans le cas présent,

nous en avons un tout désigné, un autocrate impitoyable, incarnation du mal. Mais le bien

contre le mal, c’est l’esprit de croisade : « Tuez-les tous et Dieu reconnaîtra les siens. »

Au lieu de faire entendre sa voix pour éviter cette folie et arrêter les massacres, l’Union européenne emboîte le pas des États-Unis dans l’escalade de leur guerre par procuration. Mais que feront les Européens et les États-Unis au pied du mur de la guerre totale ?

Avec les obus nucléaires et les armes nucléaires tactiques de faible puissance, la marche n’est plus si haute. Et après ?

Après, tout peut arriver : L’engrenage tragique de la violence mimétique que personne n’aurait

voulu mais auquel tout le monde aurait contribué et qui pourrait détruire l’Europe et peut-être

l’humanité ou la capitulation munichoise des puissances occidentales qui ne voudrons peut-être

pas risquer le pire pour l’Ukraine, ni même peut-être pour les pays Baltes ou la Pologne.

 

Souvenons-nous de l’avertissement du général de Gaulle en 1966 lors de la sortie du

commandement intégré de l’Otan : « La Russie soviétique s’est dotée d’un armement nucléaire

capable de frapper directement les États-Unis, ce qui a naturellement rendu pour le moins

indéterminées les décisions des Américains, quant à l’emploi éventuel de leur bombe. »

Où est la voix de la France, de ce « vieux pays, d’un vieux continent qui a connu les guerres,

l’occupation, la barbarie », qui le 14 février 2003 à l’ONU disait non à la guerre en Irak, qui en

2008 sauvait la Géorgie et s’opposait à l’adhésion de celle-ci et de l’Ukraine à l’Otan et qui

plaiderait aujourd’hui pour la neutralisation d’une Ukraine qui n’aurait vocation à n’entrer ni dans

l’Otan, ni dans l’Union européenne, en écho à l’avertissement lancé en 2014 par Henry Kissinger : « Si l’Ukraine doit survivre et prospérer, elle ne doit pas être l’avant-poste de l’une

des parties contre l’autre. Elle doit être un pont entre elles. L’Occident doit comprendre que

pour la Russie l’Ukraine ne pourra jamais être un simple pays étranger. »

C’est par sa neutralisation que la Finlande a pu demeurer libre et souveraine entre les deux blocs pendant la guerre froide.

C’est par sa neutralisation que l’Autriche est redevenue en 1955 un pays libre et souverain.

 

Faire aujourd’hui des concessions à la Russie, c’est se plier à la loi du plus fort. N’en faire aucune, c’est se plier à la loi du plus fou.

Tragique dilemme. Un dilemme comme celui-ci, vécu dans la Résistance par le poète René Char (2) : « J’ai assisté, distant de quelque cent mètres, à l’exécution de B. Je n’avais qu’à presser la

détente du fusil-mitrailleur et il pouvait être sauvé ! Nous étions sur les hauteurs de Céreste (...)

au moins égaux en nombre aux SS. Eux ignorant que nous étions là. Aux yeux qui imploraient

partout autour de moi le signal d’ouvrir le feu, j’ai répondu non de la tête (...) Je n’ai pas donné

le signal parce que ce village devait être épargné à tout prix. Qu’est-ce qu’un village ? Un

village pareil à un autre ? »

Et nous, que répondrons-nous aux regards qui nous imploreront d’arrêter le malheur quand nous l’aurons fabriqué ?

Nous marchons vers la guerre comme des somnambules.

 

(1) «La philosophie et le problème national en Russie au début du XIXe siècle » (1978). (2)

« Feuillets d’Hypnos », fragment 138 (Gallimard, 1946)

La guerre en Ukraine et le crépuscule de l’Occident

Le 20/05/2022.

Né en 1944, Jean-René Bachelet a effectué une carrière militaire complète dans l’armée de terre, de 1962, où il entre à Saint-Cyr, jusqu’en 2004, où, général d’armée, il occupe les fonctions d’inspecteur général des armées. Chasseur alpin, il a commandé le 27e bataillon de chasseurs alpins, bataillon des Glières. Comme officier général, outre de multiples commandements nationaux au plus haut niveau, il a exercé le commandement du secteur de Sarajevo dans le cadre de la Forpronu en 1995, au paroxysme de la crise. De longue date, il a mené une réflexion de fond touchant aux fondamentaux du métier militaire en termes d’éthique et de comportements ; cette réflexion est traduite dans un certain nombre de documents dont les principaux sont « L’Exercice du métier des armes dans l’armée de terre, fondements et principes » et le « code du soldat », ainsi que dans de multiples articles et communications. Jean-René Bachelet quitte le service actif en 2004 et sert actuellement en deuxième section des officiers généraux.

 

Face à la guerre en Ukraine, nous sommes sommés de choisir notre camp selon un manichéisme absolu, en l'occurrence derrière une Amérique, redevenue le champion des plus hautes valeurs humanistes. Ceux qui émettent quelques objections le feraient au nom d'un "parti pris anti-américain virulent".

La réalité historique qu'il faut bien regarder en face et qui devrait nous conduire à mieux percevoir la façon dont le monde apprécie quant à lui l’Amérique, donc l'Occident, est pour le moins contrastée. 

*le génocide indien comme acte fondateur (pour le coup, le mot, fût-il anachronique, est rigoureusement approprié).

*la conquête des Philippines conduite avec une sauvagerie sans égale.

*la réduction en lumière et chaleur de 300 000 habitants d'Hiroshima et Nagasaki, pour l'essentiel civils de tous sexes et âges, sans objectif militaire, alors même que le Japon était soumis à un blocus hermétique, sans ressources, que la maitrise américaine dans les airs et sur mer était totale et que le mikado faisait des offres de cessation des hostilités. Si crime contre l'humanité il y eut ce fut bien dans ce moment-là.

*durant la "guerre froide", l'appui systématique et sans états d'âme à des dictatures de tous poils en Amérique, en Grèce et en Extrême-Orient.

*dans la même période, 10 000 jours durant, la mise à feu et à sang du Viêt-Nam, et ses prolongements laotiens et cambodgiens, avec le résultat pitoyable que l'on sait et dont, avec le recul, on recherche vainement ce qui pouvait justifier des victimes qui se comptent par millions... Là encore, indéniable "crime contre l'humanité"...

*à peine l'implosion de l'empire soviétique survenue, en guise de "nouvel ordre mondial", un interventionnisme sans frein qui, via l'Irak, allait mettre, pour le coup la planète à feu et à sang, au prix de mensonges d'état désormais avérés.

Sans omettre, au prix de semblables mensonges, l'opération kosovare et le bombardement de la Serbie 45 jours durant, qui permet de redonner une nouvelle vie à une Otan dont nul ne voyait plus la justification.

 

Encore ne s'agit-il là que des faits historiques les plus saillants.

Or, dans le même temps, et aujourd'hui plus que jamais, tout cela au nom de valeurs hautement proclamées : la dignité de l'homme, son intégrité, sa liberté ! Comment, hors Occident, n'y verrait-on pas qu'hypocrisie et duplicité ?

 

Je pensais pour ce qui me concerne que l'Europe, après avoir pris sa part au cours des siècles passés à une semblable hypocrisie, avait désormais pour vocation et destin de remettre l'Occident sur le droit chemin, seule voie susceptible d'assurer, dans le nouveau monde qui émerge, la pérennité de notre civilisation, mieux encore, d'en favoriser la renaissance et, pour cela de se dégager de l'emprise de son avatar d'outre-Atlantique.

Au lieu de cela, nous voilà revenus au banc des rameurs de la galère américaine, pour un naufrage de concert programmé...

Douloureuse perspective au soir de nos vies...

 

Jean-René Bachelet, le 5 mai 2022

 

Cet Article très réaliste et bien argumenté démontre que les USA sont un peuple de va en guerre qui attisent les Nations de l'Otan pour aller au combat défendre ses propres intérêts en vue d'une domination mondiale de sa part...Tout le monde * ferme sa gueule *... et la Moutons suivent le mouvement. Le seul à s'y être opposé était le Général de Gaulle qui avait quitté le * MACHIN * comme il l'appelait.

 

Arrêtons de donner des armes à l’Ukraine

Source : Riposte laïque - Le 22/05/2022.

 

« … Nous vous demandons instamment de vouloir bien mettre fin au transfert d’armes à l’Ukraine et de respecter stricto sensu les règles imposées par les décisions de l’Union interdisant de fournir des armes à un pays belligérant sans être en situation d’en assumer le contrôle et l’usage légal. Ne pas accéder à notre requête serait perçu comme une volonté de mettre notre pays dans une situation visant à l’amener à participer à une guerre dont le peuple ne veut pas… »

(Colonel Daniel Péré, lettre à Emmanuel Macron du 10 mai 2022 (1))

Beaucoup de gens – dont je fais partie – s’inquiètent de la montée des périls depuis que la Russie a lancé son offensive contre l’Ukraine. Biden et l’OTAN sont capables de nous entraîner dans une Troisième Guerre mondiale alors que le simple fait que l’Ukraine ne soit pas dans l’OTAN (et dans l’UE) aurait dû nous imposer une bienveillante neutralité en ne nous mêlant pas à ce conflit.

Il importe peu de savoir si Poutine est un fou furieux et l’Ukraine un État nazi ou mafieux.

Certaines bonnes âmes s’indignent que Vladimir Poutine soit allé envahir l’Ukraine, d’autres leur rétorquent à juste titre que, depuis 2014, les nazillons du régiment Azov massacrent les pro-Russes dans le Donbass. Les uns et les autres disent vrai, mais était-ce une raison pour nous  mêler de cette affaire ? Et qu’on ne vienne surtout pas m’invoquer le « droit d’ingérence humanitaire » qui est une invention de Bernard Kouchner, car nous savons qu’il est à géométrie variable.

Cessons notre sentimentalité à l’eau de rose et nos trémolos de vierges outragées. Voyons, d’abord et avant tout, NOS intérêts et ceux de l’Europe ; faisons enfin de la realpolitik.

Et puis, posons-nous la question de savoir si ce que fait Emmanuel Macron – au nom de la France – est sensé, logique, réfléchi ou tout simplement légal.

On peut, tout d’abord, s’étonner de la décision de Bercy d’amputer le budget de la Défense pour financer l’accueil des réfugiés ukrainiens. Il va sans dire que je ne conteste pas le fait d’accueillir des réfugiés ukrainiens. Nous recevons chaque année des milliers de migrants venus principalement du Maghreb ou d’Afrique noire (et qui sont rarement des réfugiés politiques), il est donc normal de recevoir des Ukrainiens qui aspirent à rentrer chez eux à la fin de la guerre. Mais il est hautement condamnable de mélanger les genres dans l’usage des budgets. Depuis des années, l’Armée sert de « variable d’ajustement » budgétaire, ce n’est pas normal !

Emmanuel Macron a fait croire aux Français que cette pratique allait cesser et que le budget de la Défense serait « sanctuarisé ». De qui se moque-t-il ? Une fois de plus, il a menti !

Pour rassurer l’armée, on lui dit que cette réduction sera temporaire et qu’elle entre dans le cadre de la « solidarité gouvernementale ». Il me semble que cette solidarité devrait  être appliquée en priorité à des ministères moins importants en temps de (quasi) guerre : la Fonction publique, l’Écologie, la Culture, la Condition féminine, etc. pourraient faire un effort  budgétaire sans que cela remette en cause la sécurité du pays. Cette amputation aura des répercussions très importantes puisque la Défense va devoir supprimer 340 millions d’euros.

En 2017, le général Pierre de Villiers a démissionné car il ne voulait pas accepter, et encore moins cautionner, la baisse récurrente du budget de la Défense. Ses deux successeurs s’inclinent servilement devant le pouvoir alors qu’ils auraient dû refuser cette coupe sombre qui est suicidaire sachant que le conflit Russie/Ukraine peut dégénérer plus vite que prévu.

Deuxième sujet de préoccupations, la baisse des effectifs : notre armée devait augmenter ses effectifs de 300 postes en 2021 (ce qui est très peu !). Mais en réalité les effectifs ont baissé de 485 postes, ce qui débouche sur un déficit réel de 785 postes. Le ministère affirme que ce retard sera rattrapé en 2022 mais personne n’est dupe ; c’est totalement irréaliste !

Alors, pourquoi les recrutements sont-ils inférieurs aux prévisions ?

Les raisons en sont multiples : rémunérations trop faibles au regard des risques encourus, manque de reconnaissance, peu d’intérêt des missions « sentinelles » qui sont des tâches de gardiens de la paix,  mépris de la population (et de nombreux élus) envers l’armée… etc.

J’en veux pour preuve le fait que, dans n’importe quel autre pays, l’amputation des budgets militaires aurait provoqué une indignation, une levée de bouclier d’une majorité d’élus, tous bords confondus. Chez nous, en France, RIEN : nada ! Que dalle !

Ne nous attardons pas sur la vétusté de notre matériel, tant il y aurait à dire (2). Nos soldats en Opex paient souvent de leurs propres deniers leurs gilets pare-balles. Les jeunes – on peut les comprendre – n’ont plus confiance dans une armée aussi mal équipée.

Comme dans l’armée mexicaine, on les nomme rapidement caporaux-chefs, juste pour ne pas augmenter les soldes, mais le soldat doit se débrouiller, avec « sa b… et son couteau » et il n’est pas certain qu’on lui fournisse le couteau.

En 2022,  l’armée devrait, en théorie,  recruter 27 000 soldats. Ce ne sera pas le cas pour une raison toute simple : le niveau moyen est trop  faible. L’Éducation dite « nationale » (on se demande bien pourquoi ?) ne remplit plus son rôle : elle formate les esprits (aux droits de l’homme, à la diversité, ou à l’écologie) mais elle n’apprend plus les fondamentaux : lire, écrire, compter, réfléchir par soi-même, refuser les idées prémâchées… etc. À ce propos, la récente nomination du nouveau ministre, Pap N’diaye, indigéniste et racialiste, est encore une provocation de Macron qui, décidément, n’aime pas le « mâle blanc » (ou, si vous préférez, le « Gaulois réfractaire »).

Enfin, un troisième point est plus préoccupant que les deux précédents : le transfert massif d’armes modernes à l’Ukraine, des armes dont nous aurions besoin.

J’ai fait du droit dans ma jeunesse (et durant toute ma carrière). Je sais lire un texte législatif et le comprendre. Or, dans la « Politique étrangère et de sécurité commune » (PESC) et la « Politique de sécurité de défense commune » (PSDC) on constate des divergences.

Dans la position commune du Conseil on peut lire : « Les États membres reconnaissent la responsabilité particulière qui incombe aux États exportateur de technologie et d’équipement militaire » et « Les États membres sont déterminés à empêcher les exportations de technologie et d’équipements militaires qui pourraient être utilisés à des fins de répression interne ou d’agression internationale, ou contribuer à l’instabilité régionale. ». C’est la situation actuelle, non ?

Par ailleurs, le texte énonçant les critères à respecter pour l’exportation d’armement, dit entre autres : « situation intérieure dans le pays de destination finale (existence de tensions ou de conflits armés). » et « préservation de la paix, de la sécurité et de la stabilité régionales ».

En quoi préservons-nous la paix ? En entretenant et en alimentant la guerre ?

Ajoutons un autre critère : « Le comportement du pays acheteur à l’égard de la communauté internationale, et notamment son attitude envers le terrorisme, la nature de ses alliances et le respect du droit international… est un élément essentiel dans le cadre de la préservation de la paix. » Un petit dernier, avant de conclure : « L’existence d’un risque de détournement de la technologie ou des équipements militaires dans le pays acheteur ou de réexportation de ceux-ci dans des conditions non souhaitées est une base non négociable dans la vente d’armement. »

De surcroît, la situation en Ukraine n’offre absolument pas les garanties nécessaires pour que de l’armement lui soit livré. Il nous est impossible d’assurer le contrôle, l’évaluation et le suivi de l’utilisation de l’armement que nous fournissons (massivement semble-t-il).

En résumé, et pour faire court : Macron affaiblit notre armée et, à la remorque de Biden, il est prêt à engager la France dans un conflit  dont nous ne voulons pas.

De nombreux militaires, plus qualifiés que moi, pensent que l’amputation du budget de la Défense est une volonté délibérée : en fait, on ne veut plus assurer nous-mêmes notre défense.

Pour retrouver une armée digne de notre nation, la solution « low cost » serait de rétablir la conscription pour incorporer des jeunes ayant un bon niveau, mais il est assez peu probable que les Français, habitués à voir des professionnels se faire tuer au combat,  supportent l’idée de voir mourir des « p’tits gars du contingent » comme en Algérie. Le Français a encore un vieux fond antimilitariste.

En ce qui concerne le transfert d’armement, à ce jour, il est parfaitement illégal et contraire aux textes de l’Union qui régissent la vente d’armes à des pays belligérants.

Une fois de plus, Macron fait ce qu’il veut quand il veut. Non content d’être le « maître des horloges », il entend être « le maître des canons » : Jupiter se prend pour Mars, le dieu de la guerre.

A-t-il été réélu pour ça ?  Pour ma part, n’ayant jamais voté pour lui, j’ose espérer que non.

Mais je ne perds pas de vue qu’il est d’abord le gugusse, la marionnette, le pantin,  du Nouvel Ordre Mondial et qu’en réalité, il ne maîtrise strictement RIEN !

Eric de Verdelhan 

 

1) Le colonel Péré est président de la « Fédération des Opex de France ». C’est sa lettre à Macron, remarquablement étayée, qui m’a inspiré ce « coup de gueule » de simple vulgarisation.

2) J’ai appris récemment, par hasard, que l’avion Transall  sur lequel j’ai été breveté parachutiste en mai 1970, venait d’être retiré du service… plus d’un demi-siècle après sa mise en service. 

 

L'Europe et l'Ukraine :

Du syndrome de Stockholm au complexe de l'autruche

Le 16/05/2022.

 

Billet du lundi rédigé par Caroline Galactéros, membre fondateur de Geopragma. 

 « L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est » avait dit James Baker à Mikhail Gorbatchev en février 1990, pour obtenir son accord à la réunification de l’Allemagne et à l’intégration de sa partie orientale dans l’Alliance atlantique.

      Désormais, c’est la Finlande et la Suède qui expriment ardemment leur volonté de rejoindre l’OTAN… pour se protéger de la Russie naturellement !

Un raisonnement sidérant d’aveuglement voire de mauvaise foi, puisque c’est précisément l’avancée géographique ininterrompue de l’OTAN vers les frontières russes au cours de 5 phases d’élargissement, et les encouragements et soutien militaire actifs donnés à l’Ukraine comme à la Géorgie pour rejoindre l’Alliance qui ont, depuis plus de 20 ans, nourri le complexe obsidional russe et finalement conduit le président Poutine à lancer son intervention armée en Ukraine. Nous n’avons encore qu’entrevu les conséquences dramatiques non pour Washington mais pour nous, Européens, de cette folie stratégique.

      Mais il est vrai que nous vivons, en Occident, dans l’inversion permanente. Inversion des postures, inversion des principes, inversion des valeurs. Nous avons méthodiquement affaibli les Nations unies depuis la fin de la Guerre froide, anéanti le multilatéralisme, pratiqué le Regime change à tour de bras en nous asseyant sur la souveraineté des Etats et porté l’ingérence au pinacle (soft et hard power confondus) …mais c’était au nom de la démocratie ! Nous détruisons populations et territoires…mais c’est au nom de la liberté et auto-investis d’un mandat de « responsabilité de protéger » ces malheureux peuples que nous renvoyons à l’âge de pierre quand ils ne déposent pas leurs autocrates à notre guise. L’Empire et ses vassaux font le Bien, par le fer et le feu, mais avec au cœur de pures intentions et des valeurs humanistes ! Bref, nous barbotons frénétiquement en plein cynisme, schizophrènes portant le masque de l’ange, Mister Hyde jouant les bons Docteur Jekyll…. Mais c’est pour porter la lumière aux peuples encore sous le joug de tyrans sanguinaires…

      Ce que je dis est naturellement indicible, inaudible, passible de tous les anathèmes et accusations de collusion avec le Mal. Poutinophile, Poutinolâtre, Poutinomane !!! Vade retro Satanas ! La bien-pensance médiatique et le chœur des grandes consciences en charentaises prêtes à se battre jusqu’au dernier Ukrainien n’ont que faire des Français impécunieux qui ont désormais du mal à se nourrir, se chauffer ou se transporter et qui se demandent si le conflit entre la Chine et les Etats-Unis doit obligatoirement se mener à leurs dépens (quand les USA achètent encore Pétrole et Uranium à Moscou et peaufinent leur prise de contrôle énergétique de l’Europe avec leur GNL hors de prix). Quelle médiocrité, quel prosaïsme ! L’Europe est unie et enfin forte contre la barbarie russe. Grace à la barbarie russe ! Inespérée victoire ! Tout le monde en rang !

      Sauver l’Ukraine de l’ours russe assoiffé de sang, et surtout abattre la Russie pour très longtemps, enliser son équipée malheureuse dans un nouvel Afghanistan, voilà une cause noble et salutaire entre toutes, et qui vaut bien quelques privations. Les Américains savent de quoi ils parlent, après 20 ans d’une présence dispendieuse clôturée par une énième déroute militaire et la remise du pouvoir sans coup férir, aux anciens compagnons de Ben Laden.

      Ceux qui osent encore se demander s’il ne vaudrait pas mieux reconstruire la sécurité en Europe sur des bases réalistes et équilibrées, tenir compte de son caractère indivisible, neutraliser stratégiquement l’Ukraine et enrayer l’escalade militaire ne sont rien moins que des Munichois au cœur de glace ! Là encore, l’automutilation du raisonnement et son inversion ne font pas peur ; plus c’est gros, plus ça passe. À quand le bataillon Azov déclaré héroïque, défilant sur les Champs Élysées le jour de la fête Nationale ? Seuls les esprits corrompus par une russophilie nauséabonde y verront un sinistre rappel de 1940.

      Réfléchir, comprendre, se souvenir, ressentir, se mettre à la place de l’Autre, chercher des solutions mutuellement acceptables, tout cela ne pèse plus face à l’avalanche d’images de guerre unilatérales qui inondent nos esprits ignorants et prompts à l’indignation sélective. Nous ne savons plus et ne voulons surtout plus nous mettre à la place de l’autre. On risquerait de comprendre pourquoi il fait ceci ou cela. Il est tellement plus simple de le diaboliser, de le dire fou, de le pousser en permanence à la surenchère et de pouvoir ainsi, endossant l’habit de la victime, justifier notre harcèlement continu. C’est le triomphe du dogmatisme sur la raison…au nom de la raison bien sûr. Une seule issue donc : la fuite en avant endiablée vers le gouffre, celui de la vengeance et de la haine absconse. Celui de la guerre généralisée. Poutine doit payer, Poutine doit ramper, Poutine doit perdre la face. Poutine doit surtout partir. Enfin ! Encore un petit coup de Regime change ! Car l’on veut croire, dans nos rêves les plus fous, qu’après lui surgira un nouvel Eltsine, Tsar faible et complaisant, qui fera enfin ce qu’on lui dira. Rien n’est moins sûr. C’est de la roulette russe.

      Au moment où nous écrivons ce billet, les forces occidentales acheminent, depuis déjà des semaines, troupes et matériels en Moldavie pour parer à une invasion de la petite république par les forces russes via la Transnistrie. Les services américains nous l’annoncent comme une forte probabilité. Vladimir Poutine voudrait, par pure cruauté, étendre plus encore son emprise maléfique sur la malheureuse Ukraine pacifique et sans défense (dont les forces sont entraînées depuis 2015 par celles de l’OTAN et désormais surarmées) et combattre le spectre de l’enlisement de ses forces … par leur dispersion. Logique ! Il pourrait bien y être contraint cependant. Encore une prophétie autoréalisatrice basée elle aussi sur l’inversion. Comme ce fut d’ailleurs le cas pour l’offensive ukrainienne préparée dans le Donbass et qui poussa le président russe à la faute le 24 février dernier.

      Ce goût impardonnable de notre Vieux Continent pour la soumission confine au masochisme et aux tendances suicidaires. Une Europe qui ne veut pas comprendre qu’elle n’est que l’instrument, le proxy de deuxième rideau (l’Ukraine constituant le premier) d’une domination impériale dont elle fait pourtant sans arrêt les frais. Cela me fait penser aux sanglantes célébrations de la secte de l’Ordre du Temple solaire, dont les adeptes sous emprise, obéissant à leur leader bien-aimé qui leur promettait lumière et félicité, furent conduits en 1997 au suicide collectif après avoir été, durant des années, dépouillés de leurs biens terrestres. Il n’y aura pas d’au-delà radieux pour les peuples européens. Il y aura la descente aux enfers des classes moyennes européennes, leur contrôle social accru au nom du progrès numérique et bien sûr de la liberté, leur embrigadement accéléré dans un conflit avec la Chine pour le rétablissement de l’hégémonie américaine face à la puissance chinoise. Un empire américain en pleine caducité éthique, qui ne veut pas mourir et pousse tel un bouclier humain, le troupeau des moutons-perroquets européens à l’abattoir, reconnaissants pour ce rôle épique mais surtout tragique. 

      C’est la tragique beauté de l’inversion. On sombre alors que l’on croit s’élever. On se dissout quand on croit s’unir. Mais l’hystérie désinformationnelle dont nous nous enivrons produit une hémiplégie cognitive qui nous enferme dans un autisme stratégique qui risque de nous coûter très cher.

      Nous sommes bien ces « somnambules » que dénonçait récemment Henri Guaino dans une tribune du Figaro, qui courent à la guerre les yeux délicieusement fermés et jubilent de voir tomber un nouveau rideau de fer coupant l’UE de la Russie et de l’Eurasie pour des décennies sans doute, sans voir que cette « victoire » sera l’ultime clou dans leur cercueil qui les placera sous dépendance énergétique, politique, économique et stratégique stricte de leur maître américain. Pour l’éternité. RIP.

Guerre en Ukraine : Pour le Salut du peuple Russe (et de la France)

par Nicopol - Le 24/05/2022.

Ah, Vladimir Poutine et ses rêves de « Grande Russie », son projet de reconstituer l’URSS, ses plans d’invasion de l’Ukraine, de la Finlande, de la Pologne, des Pays Baltes ; mais Poutine vaincu par l’héroïque résistance ukrainienne, Poutine humilié, Poutine effondré par la défaite cuisante de son armée, les images de soldats russes en pleurs, les Sukhoi tombant comme des mouches, les chars abandonnés sur le champ de bataille, son navire-amiral coulé… La Russie détruite par les sanctions, à genoux économiquement, le rouble effondré, la population sur le point de renverser son « dictateur », avide de démocratie et de McDonalds… « Poutine le boucher », les atrocités commise par l’Armée russe, la torture, les massacres et les viols de civils, les « crimes contre l’humanité », la condamnation unanime de la « Communauté internationale » ; Poutine isolé sur la « scène internationale », ostracisé, abandonné par ses derniers soutiens, coupé du monde, terré comme une bête dans un bunker du Kremlin ; Poutine malade, agonisant d’un cancer, d’une leucémie, de Parkinson, quitté par sa femme, se baignant dans du sang de cerf ; Poutine acculé, au pied du mur, prêt à tout, y compris l’holocauste nucléaire, si on ne l’assassine pas dans les plus brefs délais…

Voilà, pour résumer, la vision de la guerre en Ukraine qu’aurait légitimement l’« Occidental moyen » informé par la presse mainstream, les chaîne d’info en continu et les communiqués officiels des chancelleries. Une vision univoque, sans nuance ni concession, à la hauteur de la « menace existentielle » que Vladimir Poutine et ses hordes slaves feraient peser sur nos belles démocraties libérales… Le petit souci étant que tout ce qui précède est bien entendu complètement faux (à l’exception, qui sait, du sang de cerf)… Peut-on avoir une autre vision, alors, de ce qui se passe là-bas, à la frontière de l’Occident et du Monde slave ? Une vision russe, peut-être aussi un peu française ?

Des Esclaves antiques aux Untermenschen du IIIe Reich…

Une autre vision qui, pour bien s’en imprégner, nécessite de remonter dans le temps, il y a près de 3000 ans, à l’aube de la civilisation européenne. Car c’est bien depuis l’Antiquité que le malheureux peuple Slave fait l’objet d’une détestation, d’un mépris et, il faut bien le dire, d’un racisme farouche de la part des autres peuples indo-européens. C’était déjà le cas à l’époque des Grecs et des Romains, qui les plaçaient au dernier niveau de la barbarie, et même en-deçà, dans une espèce de sous-humanité plus proche de l’animalité. On retrouve pareille xénophobie chez les peuples scandinaves, germaniques et, par extension, anglo-saxons. Cela s’est traduit tout au long de l’histoire par des razzias, massacres et déportations en esclavage organisés par les Grecs, les Vikings et plus généralement l’ensemble de la chrétienté médiévale (rappelons que le mot « Slave » a donné en langues latines et anglo-saxonnes sclavus et slave, « esclave »), et même du monde musulman.

À l’époque moderne, cette tradition de haine raciale se retrouve dans la politique nazie d’« épuration ethnique » de l’Europe de l’Est, slave ou assimilée (Polonais, Ukrainiens, Serbes…), et bien sûr aussi, fantasmaient-ils, de la Russie elle-même, condition requise pour tailler un « espace vital » suffisant à la race supérieure aryenne. Le génocide des Slaves, rabaissés au rang d’Untermenschen, constitue en fait le cœur de l’utopie raciste-suprémaciste du IIIe Reich, comme c’est parfaitement expliqué dans Mein Kampf et confirmé par la politique d’extermination systématique des Slaves en Pologne et en Ukraine – mais aussi par la suicidaire opération Barbarossa de 1941, au cours de laquelle les troupes SS firent preuve d’un acharnement proprement inhumain contre les populations civiles et les prisonniers de guerre soviétiques. Ce n’est qu’après la défaite de Stalingrad que le régime nazi a concentré sa fureur meurtrière, en quelque sorte par dépit et frustration, sur les infortunés juifs, dont il était plutôt question jusqu’alors de les déplacer à Madagascar.

Ce projet monstrueux des nazis a quand même couté 30 millions de morts au peuple russe, qui a dû lutter purement et simplement pour sa survie. Les Russes, encore aujourd’hui, ont une perception aigüe de l’immense sacrifice que leurs parents et grands-parents ont offert pour sauver leur peuple et leur identité. Chaque Russe a d’innombrables morts dans sa propre famille, comme a pu en avoir chaque Français après la guerre de 14-18. C’est d’ailleurs le cas de Vladimir Poutine lui-même, et celui-ci, dans chacun de ses discours, ne manque pas de rappeler cette dimension héroïque et sacrificielle des Russes pendant la Seconde Guerre mondiale : pour eux, « lutter contre le nazisme » ne s’est pas limité à une résistance plus ou moins de la dernière heure (comme les Communistes français), mais une lutte proprement « existentielle » contre une puissance implacable qui avait juré sa destruction absolue…

Mais il serait faux de croire que les Nazis germaniques étaient seuls sur le coup : avant le déclenchement de la guerre, les grandes puissances anglo-saxonnes (Angleterre et États-Unis en première ligne) étaient en fait clairement des soutiens du pouvoir allemand dans sa « lutte contre le bolchévisme », et les appuyaient financièrement et même militairement. Et une fois le tournant de Stalingrad et la défaite allemande inéluctable, l’obsession des Américains, et probablement la véritable raison de leur débarquement en Normandie (alors que sur le plan militaire tout était déjà joué), ne fut pas du tout de « sauver l’Europe de la barbarie nazie », mais de contenir la poussée de l’Armée rouge en Europe centrale… Par ailleurs, pendant la guerre, les Allemands ont pu compter sur le soutien assidu d’une partie des populations d’Europe centrale et de l’Est pour organiser leur campagne d’épuration des Slaves, que ce soient les Croates oustachis (que l’on retrouvera 50 ans plus tard à l’œuvre contre les Serbes d’ex-Yougoslavie), une partie des Polonais mais aussi des Ukrainiens (le fameux mouvement nationaliste des « bandéristes », antisémite mais surtout antirusse, et qui collabora avec enthousiasme aux côtés de l’occupant nazi).

De l’impérialisme anglo-saxon à l’« exceptionnalisme » américain

Pour bien comprendre la situation actuelle, il faut également prendre en compte la mentalité profondément manichéenne et suprémaciste des Anglo-saxons, et en particulier des États-Unis. Descendant des Puritains anglais, l’élite américaine, marquée par l’idéologie de sa « Destinée manifeste », se considère littéralement comme le « nouveau Peuple élu », investi par le Dieu de l’Ancien Testament d’un droit absolu sur les autres peuples (à commencer par les malheureux Amérindiens, exterminés sans ménagement sur le même modèle que les occupants de Canaan au retour des juifs d’Égypte). De là cet insupportable « deux poids deux mesures », déjà présent dans le Pentateuque, qui revient à dire : « nous avons le droit divin de faire de vous ce que nous voulons, mais vous avez l’interdiction absolue de porter la main sur nous, et même de nous contredire, et même de résister ».

À l’époque moderne, ce suprémacisme religieux profondément totalitaire, et le « double standard » révoltant qui l’accompagne, s’incarnent dans la doctrine de l’« Exceptionnalisme américain », au nom de laquelle les USA réclament unilatéralement le droit de jouer les « gendarmes du monde » et de commander à la « communauté internationale », tout en s’exonérant sans aucune vergogne des règles qu’ils imposent aux autres par leur domination monétaire (le pétrodollar) et militaire (celle-ci étant permise par celle-là). Un « exceptionnalisme » bien commode lorsqu’il s’agit pour les politiciens américains de justifier, et même d’être fiers, d’avoir rasé des villes entières à coup de bombes thermiques (Dresde) ou atomiques (Hiroshima, Nagasaki), grillé des femmes et des enfants vietnamiens au napalm, et même, comme la sympathique Madeleine Albright, provoqué la mort de plus de 500 000 enfants innocents au Proche et Moyen-Orient (Irak, Afghanistan, Syrie…). Tout en mentant effrontément eux-mêmes, dans la plus parfaite inversion accusatoire, à propos de prétendus charniers serbes, massacres de bébés dans des couveuses koweitiennes, attaques à l’arme chimique syrienne et autres manipulations barbouzesques orchestrées avec le soutien des médias corporate. Sans oublier de s’autodécerner, avec le plus parfait cynisme, un « Prix Nobel de la Paix » au goût de sang (combien de familles innocentes réduites en charpie par les drones téléguidées de Obama ?).

Inévitablement, la prétention à la domination totale des États-Unis et de leurs dominions anglo-saxons et germaniques (mais hélas aussi, depuis Sarkozy, notre pauvre vieille France…) devait clacher avec un certain nombre d’autres peuples qui, de plus en plus nombreux, allaient vouloir s’opposer à cette prétention hégémonique et défendre ou restaurer leur indépendance. Dans un premier temps, ces peuples indociles purent être mâtés à coup de juntes paramilitaires d’extrême-droite (Amérique Latine), de « révolutions colorées » (type Shah d’Iran ou Boris Eltsine…), voire, lorsqu’on voulait être sympa avec ses amis du complexe militaro-industriel, de quelques tapis de bombes ou de missiles (Serbes de Yougoslavie, Irakiens, Libyens). Certes, il y a eu quelques petits loupés (le Cuba de Castro, le Vietnam, la Révolution islamiste en Iran, plus récemment l’Afghanistan), mais enfin, quand même, tout était sous contrôle, il y avait clairement d’un côté le « Camp du Bien » dirigé par les Yankees, fixant les règles du jeu international, et de l’autre le « Camp du Mal » avec quelques « états-voyous » isolés type Venezuela, Iran, Corée du Nord et cie. Et depuis la Chute du Mur de Berlin, l’effondrement de l’Union soviétique et la conversion de la Russie au capitalisme sauvage, les Américains pouvaient enfin triompher : c’était la « Fin de l’Histoire », le « Nouvel ordre mondial » unipolaire, l’Empire américain étendu à la planète entière, la domination sans partage des néo-conservateurs, de Wall Street et d’Hollywood – une hégémonie globale comme l’humanité n’en avait jamais connue jusqu’alors, économique et industrielle, financière, monétaire, militaire, politique, culturelle et même sportive…

Le réveil du Peuple russe

Mais voilà, « divine surprise », comme aurait dit Maurras : Poutine est arrivé. Le peuple russe s’est redressé, il a remis au pas ses capitalistes oligarques, il s’est réarmé militairement, économiquement et surtout moralement. Il a retrouvé foi dans son destin, la fierté de sa culture et de ses mœurs, le sentiment aigu de son particularisme identitaire et spirituel, frontalement opposée au matérialisme consumériste de l’Occident. Avec la ferme intention de redevenir une grande puissance régionale et de retrouver son autonomie au sein d’un monde multipolaire dans lequel aucun peuple ne peut plus se prétendre au-dessus des autres. Autant de prétentions insupportables aux yeux des impérialistes anglo-saxons, qui ne supportent pas qu’un peuple inférieur réduit en esclavage se rebelle et veuille s’émanciper…

Oh, certes, au début, on ne l’a pas trop pris au sérieux, ce petit agent du KGB sans grand charisme ; mais tout à coup, au moment de la Guerre en Syrie, on a réalisé qu’il était beaucoup, beaucoup plus fort qu’imaginé, et qu’il avait vraiment refait de la Russie une puissance de haut niveau, qu’il serait bien difficile, et même impossible, de remettre au pas. Pire, depuis cette renaissance de la Russie, les USA et leurs alliés connaissent revers sur revers à chaque fois qu’ils essayent de s’imposer par la force et l’intimidation, comme au bon vieux temps de Reagan et du clan Bush : incapacité à renverser Bachar El Assad, Hugo Chavez et même son pâle successeur Maduro ; fronde des pays latino-américains, menée par le Mexique et le Brésil ; indocilité et même désormais franche hostilité des pays pétroliers arabes, jusqu’à récemment alliés inconditionnels ; prise de distance de l’Inde, opposition frontale de la Turquie, émancipation progressive des pays africains…

En fait, ce n’est pas Poutine mais les USA et leurs valets qui sont de plus en plus isolés : dégoutés par leur arrogance, leur brutalité, leurs mensonges et double-jeu permanent, leur absence totale de morale et d’humanité envers les autres, les peuples du monde entier se détournent peu à peu des Occidentaux et construisent un autre monde sans eux, avec leur système bancaire et monétaire déconnecté du dollar, leurs industries de pointe, leurs accords commerciaux et de défense, leur internet, leurs propres compétitions sportives et musicales… Et comme c’est en fait l’Occident qui a besoin du reste du monde, et pas l’inverse (pour le pétrole, pour le blé, pour les terres et les métaux rares…), ça se traduit par la crise économique catastrophique que nous vivons actuellement et qui s’accélère avec les sanctions suicidaires prises contre la Russie…

Et l’Ukraine dans tout cela…

C’est dans ce contexte, donc, de déclin inéluctable de l’Occident, de crise financière en révoltes populaires, qu’il faut comprendre le conflit actuel en Ukraine. Cela fait maintenant près de dix ans que les Américains, ayant réalisé sur le tard que Poutine ne plaisantait pas et remettait vraiment en question leur suprématie eschatologique, sont prêts à tout pour supprimer Poutine et mater ce peuple russe indocile – et par « tout », il faut bien entendre « vraiment tout », comme le démontre le refus farouche des néoconservateurs, des démocrates et des leaders de l’OTAN d’adopter une doctrine de NFU (« No First Use ») nucléaire. Malheureusement pour eux – et heureusement pour les Russes – les États-Unis sont à tel point gangrenés par la corruption, le clientélisme, l’obésité, la violence raciale et désormais l’idéologie « woke », qu’ils n’ont plus les moyens de leurs ambitions ; et ça les rend très, très furieux et très, très méchants – un peu, en fait, comme les dirigeants du IIIe Reich après avoir compris que Stalingrad marquait la fin de leurs rêves millénaristes…

L’ultime tentative, après l’échec de l’option « barbus islamistes » (Al Qaeda, Tchéchènes, Daech…), c’est de lancer contre la Russie ces peuples européens qui partagent leur haine raciale du Slave. D’où le coup d’État de 2014 en Ukraine, orchestré par l’Ambassade des États-Unis, et qui a conduit à remplacer un président pro-russe légitime, Ianoukovytch, par un fantoche pro-occidental soutenu par des partis d’extrême-droite voire ouvertement néo-nazis (Svoboda, Pravyï sektor) ; mais aussi le « coup d’État soft » des milices bandéristes qui ont repris en main l’actuel président Zelensky, pourtant élu sur un programme de réconciliation avec la Russie, et l’ont obligé à torpiller les Accords de Minsk (qui prévoyaient l’autonomie des Républiques autoproclamées du Donbass) et à se lancer dans cette politique meurtrière d’oppression et de bombardement permanent des minorités russes (dans le silence le plus total des médias occidentaux, cela va de soi). Les mondialistes pro-américains jouent ici leur dernière carte, celle de la division tragique de l’Ukraine entre un Ouest qui s’identifie plutôt à l’ancienne Europe germanique et austro-hongroise, aspirant à rejoindre l’OTAN et l’Union européenne – un Ouest désormais dirigé de fait par une minorité d’extrémistes se revendiquant fièrement de la collaboration pronazie et appelant ouvertement à l’épuration culturelle, si ce n’est ethnique, des populations russophones ; et à l’Est des populations ethniquement russes en Crimée et dans le Donbass, qui ont commencé à s’inquiéter légitimement en 2014 lorsqu’ils ont vu arriver ces héritiers du IIIe Reich au pouvoir, et ont immédiatement demandé la protection de la Russie (voire, pour les Criméens, leur rattachement pur et simple à la « Mère Patrie »)…

Et nous en arrivons aux toutes dernières années, depuis l’élection de Joe Biden, avec une accélération du soutien de l‘OTAN à l’armée ukrainienne, son armement, sa formation, et l’encadrement direct des bataillons paramilitaires de fanatiques nazis, dits « bataillons Azov ». Fin 2021, tout était en place pour une opération massive contre le Donbass, avec comme projet global d’instrumentaliser le racisme anti-slave des Ukrainiens néo-nazis pour attaquer les populations russophones et provoquer une réaction de la Russie – qu’il serait alors facile de désigner comme l’« agresseur », permettant de dresser la « communauté internationale » contre eux, s’il le fallait en médiatisant quelques « atrocités » bien télégéniques des « bouchers russes » ; de pousser l’Allemagne à annuler le projet Northstream 2, et plus généralement l’Europe à arrêter de se fournir en énergie peu chère auprès de la Russie pour acheter du gaz de schiste américain, beaucoup plus couteux et polluant ; de justifier des sanctions destinées à « mettre à genoux » l’économie russe, détruire le rouble, ruiner les oligarques proches du pouvoir, provoquer des troubles socio-politiques et finalement, dans les rêves les plus mouillés des milieux néocons et démocrates, attiser les braises d’une nouvelle « révolution de couleur », et pourquoi pas d’un coup d’État, pour (re)mettre au pouvoir à Moscou une marionnette pro-occidentale type Eltsine/Kasparov/Navalny…

Tout cela ressemble à un gigantesque complot, et le dénoncer sonne donc très « conspirationniste » – sauf que voilà, tout ce plan machiavélique a été préparé à l’avance par différent think-tanks proches du Pentagone, type RAND Corporation, dont les rapports tout ce qu’il y a de plus officiels recommandent ouvertement de provoquer, d’agresser et d’affaiblir économiquement et militairement la Russie par proxy ukrainien interposé (« nous résisterons jusqu’au dernier soldat ukrainien », pour reprendre la bonne blague qui circule dans les cercles de l’OTAN). Un véritable script cinématographique comme les Américains en ont le secret, et qui prévoit au passage, faisant d’une pierre deux coups, de « neutraliser » et vassaliser une bonne fois pour toute l’Union européenne…

La « lutte existentielle » du Peuple russe

Poutine, bien entendu, savait tout cela, et s’était préparé au scénario du pire avancé de plus en plus frontalement par les Occidentaux. Il avait pourtant joué carte sur table depuis le début, tracé sa « ligne rouge » – l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Car si l’Ukraine tombait dans le camp occidental, c’est la Russie elle-même qui serait acculée sur ses frontières, menacée dans son existence même : « Où pourrions-nous encore reculer ? », se demandait dramatiquement le président russe dans une de ses interventions télévisées, parlant au nom de son peuple… Oui, depuis le début, les Russes le proclament : pour eux, l’Ukraine, ce n’est pas une simple question de « territoire » ou d’« aire d’influence » : comme en 1941 lorsque les troupes nazies sont entrées sur leur territoire, c’est, littéralement, une question de vie ou de mort… Et les Occidentaux le savaient pertinemment, et c’est précisément pour cela qu’ils ont continué d’avancer méthodiquement, pas à pas, par cette tactique oppressante de l’« effet-cliquet » chère aux fondateurs de l’Union européenne, avec la certitude que l’Ours russe, tôt ou tard, sortirait de sa tanière et tomberait dans leur piège mortel…

Il faut donc bien comprendre que lorsque Poutine parle de « dénazifier » l’Ukraine, de « menace existentielle » contre la Russie, de « légitime défense », il parle très sérieusement, et ce qu’il dit est vrai. Ce sont bien les Américains et leurs alliés qui provoquent et agressent la Russie depuis 30 ans, en étendant l’OTAN vers l’est en violation totale de leurs promesses solennelles ; Il y a bien un mouvement néonazi, et même nazi tout court, qui a persisté en Europe centrale et de l’est, avec la bénédiction des Anglo-saxons ; il y a bien une volonté millénaire des Occidentaux de domestiquer, et même pour certains d’exterminer, le peuple slave de Russie ; la Russie est le Mal absolu, l’Ennemi à abattre, le dernier obstacle dans la quête de domination millénariste des USA ; pour la détruire, tout est donc autorisé, comme tout était autorisé au Peuple élu à son retour d’Égypte ; il n’y aura aucune limite à la propagande, au mensonge, à la manipulation. Car on ne se limite pas à vaincre un ennemi sur le champ de bataille, on ne signe pas de cessez-le-feu avec lui, on ne négocie pas : on cherche à l’humilier, à le soumettre, à le détruire s’il le faut…

Alors, lorsqu’en février 2022 Kiev a annoncé vouloir installer des missiles nucléaires sur son territoire, et commencé à engager d’importants mouvements de troupes sur la frontière du Donbass, Poutine a su que l’heure était venue, que l’attaque était imminente, que le combat à mort allait commencer. Mais il avait murement muri sa réaction. Après s’être assuré du soutien de la Chine, il a pris les devants et, conformément au précepte militaire selon lequel « l’attaque est la meilleure défense », il a attaqué préemptivement l’Ukraine via une procédure parfaitement préparée : reconnaissance officielle de l’indépendance du Donbass, réponse fraternelle à la demande d’accord de protection des nouvelles Républiques russophones, intervention parfaitement légale et légitime, dans le cadre desdits accords, pour interposer ses troupes entre l’armée ukrainienne et les populations du Donbass. Avec parallèlement l’ouverture d’un front au Nord vers Kiev pour détourner l’attention et empêcher les renforts d’arriver vers l’Est (Poutine n’a donc jamais eu l’intention d’envahir la totalité de l’Ukraine pour reconstituer l’URSS ou une fantasmatique « Grande Russie » : tout cela n’est qu’invention des médias occidentaux pour faire passer pour une « défaite humiliante » ce qui n’est qu’un plan de bataille rondement exécuté).

Aujourd’hui le Donbass est en grande partie libéré, la Russie reconstruit les services de base (électricité, eau potable, Internet, banques avec distributeurs de roubles…) ; les populations revivent enfin, pour la première fois depuis presque une décennie, sans la hantise d’un mortier ukrainien. Une dernière bataille est engagée avec ce qu’il reste de l’armée régulière ukrainienne et de néonazis fanatisés, avec la formation de plusieurs « chaudrons » autour de Kharkov, Kramatorsk et Sievierodinestsk. Sur le plan des sanctions, après une première réaction de panique, le rouble s’est stabilisé et se situe même aujourd’hui à un niveau plus élevé par rapport à l’Euro qu’avant le déclenchement de la guerre ; les pays européens, piteusement, viennent d’accepter les conditions de Poutine pour payer leur gaz en roubles ; la hausse des cours du pétrole s’est traduit par d’importantes rentrées de cash pour la Russie, qui a plus que compensé le manque-à-gagner de la guerre par le renforcement de ses relations avec la Chine, l’Inde et les autres pays d’Asie, et plus globalement le parrainage d’un nouveau front anti-occidental dans le monde. L’Europe est au bord de la crise énergétique et alimentaire pendant que la Russie n’a jamais été aussi solide, car indépendante, sur le plan économique. Loin de renverser Poutine, la population russe a fait front derrière lui et sa côte de popularité est remontée en flèche pour atteindre des niveaux qu’il n’avait pas connu depuis longtemps. Les Européens commencent à peine à comprendre qu’ils sont en train de se suicider pour le seul profit de quelques actionnaires américains. Poutine, de son côté, à définitivement renoncé à avoir un dialogue raisonnable et équilibré avec ces pays occidentaux qui mentent en permanence (« l’Empire du mensonge », ainsi les appelle-t-il dans ses discours, et comment ne pas lui donner raison ?) ; dans cette perspective, la prestation grotesque et minable de Macron a sans doute fortement contribué à lui ôter ses dernières illusions sur le sérieux et la bonne foi des « démocraties » européennes…

On peut le dire maintenant, le plan américain a échoué ; la Russie a résisté, et ressort plus forte de l’épreuve. L’hallucinante rhétorique antirusse de l’Occident, résumée en introduction, ce registre insane de la « soumission », de l’« humiliation », de la « destruction totale », loin de refléter la réalité du terrain, n’est autre que le révélateur des fantasmes de toute-puissance sadique du camp occidental, de sa psychologie manichéenne et millénariste, de son déni de la réalité. Cette propagande haineuse n’a rien à voir avec le monde tel qu’il est, mais seulement tel que notre hubris névrosé voudrait qu’il soit – et tel qu’il ne sera jamais désormais, pour le plus grand soulagement de l’humanité. Il reste juste à espérer que les Américains et leurs complices de l’OTAN, se rendant compte de leur échec, ne sombreront pas dans la folie et la frustration, et n’en viendront pas à des actions désespérées et apocalyptiques, semblables à celle des nazis avec les juifs (« puisque nous n’avons pas gagné, vous périrez avec nous » : voilà ce que fut, au bout du bout, la « solution finale »)…

Conclusion : pour le Salut de la France et de la Russie…

Ce texte a été écrit trop vite, avec trop de passion, de subjectivité parfois. Il comporte certainement des raccourcis, des approximations, peut-être quelques erreurs… Mais l’essentiel y est, et l’essentiel, c’est qu’il ne faut pas se laisser influencer, intimider et même terroriser par l’écrasante machine de propagande occidentale, les chaînes d’info en continu, les artistes bien-pensants et toute la clique du « Camp du Bien » ; ne pas baisser les yeux et s’écraser devant toutes ces relations professionnelles, sociales ou familiales qui s’indignent de votre « soutien au génocide ukrainien », comme ils s’indignaient hier de votre opposition au passe sanitaire et au « vaccin » anti-covid (« Mais vous allez tuer nos grands-parents ! »). Poutine, et tout le peuple Russe avec lui, est dans son bon droit. La justice, la morale et la vérité sont de leur côté – de « notre » côté, oserai-je dire, puisque dans ces moments-là je m’identifie totalement, avec un immense bonheur, à ce peuple magnifique, fier et indomptable, celui de Dostoïevski, de Rachmaninov et de Soljenitsyne, dont je m’honore d’avoir un peu du sang dans le mien.

Une certaine fierté, aussi, d’être Français, le seul peuple occidental à avoir toujours manifesté une admiration et une sincère amitié pour les Russes, depuis l’époque de Voltaire et de Catherine II, des Russes blancs de la Côte d’Azur et du Général de Gaulle, de Hélène Carrère d’Encausse et de Romain Gary. Je suis intimement persuadé que notre Salut commun est dans la régénération du « couple franco-russe », ces deux vieilles puissances terriennes et paysannes dont le destin commun est de faire front au mercantilisme anglo-saxon – et c’est un privilège pour moi de me sentir déjà l’enfant d’une telle famille… 

source : Agoravox