L'Histoire donne des leçons.

...par le Col. JJ. Noirot - Promotion St. Cyr "Serment de 14"  1963/65

Le 09/02/2017.

 

Ainsi, d'Henri IV et de Fillon.

 

Comparaison n'est pas raison, mais enfin, osons celle là, avec quelques approximations.

 

Rappelons nous nos cours d'Histoire. 

 

Henri IV est roi. De Navarre, mais après le coup de couteau de Jacques Clément, de France aussi.

Henri III l'a voulu. Et cette volonté est conforme au droit. Tout huguenot qu'il soit, le roi de Navarre, qui n'est pas à une abjuration près, descend tout droit de Saint Louis. C'est un Bourbon. La dynastie des Valois s'étant éteinte, et la loi salique excluant Margot qui de surcroît est sans descendance, la couronne de France revient aux Bourbons. Donc à Henri de Navarre. Nul ne peut la lui contester.

Nul, sauf les Guise, vieille famille de Lorraine qui affirme-sans preuve irréfutable-descendre de Charlemagne et à ce titre cherche depuis longtemps à supplanter les dynasties régnantes qui se sont succédées sur le trône de France.

 

Henri III a fait un peu de ménage en décembre 1588 à Blois, en faisant assassiner par ses "45" (une dizaine d'entre eux a quand même été nécessaire pour l'occire) le duc Henri de Guise. Le lendemain, son frère a pris le même chemin. 

"C'est bien taillé, mon fils, maintenant il faut coudre" s'est exclamée la reine mère Catherine de Médicis, qui trois semaines plus tard rendra l'âme. Henri III n'aura pas le temps de coudre. En août 1589, il sera percé sur sa chaise percée. C'est donc à Navarre que va revenir le devoir de jouer les petites mains.

 

En face de lui, il y a la Ligue, qui,  après avoir conspiré, maintenant se bat. Certes, elle a été décapitée à Blois. Navarre remporte des victoires, convainc, fait tomber des villes, gagne des sièges. Mais Paris résiste.

Dans Paris, la Montpensier, "la boiteuse", sœur d'Henri de Guise, dresse frénétiquement le peuple contre l'hérétique. Les lieux où se diffusent les appels au meurtre sont les églises. Les diffuseurs de ces horreurs sont les prêtres.

 

Paris et son peuple, c'est l'électorat. La Montpensier, c'est le canard enchaîné. Les églises, se sont les médias. Les prêtres, se sont les journalistes.

Et Henri IV, c'est Fillon.

 

La Montpensier distille à ses principaux relais qu'elle réunit chaque semaine les thèmes, les mots, les phrases, les injures, les insultes, les outrages qui seront fidèlement répercutés si possible en les amplifiant lors des prêches du dimanche par des prêtres fanatisés que bien peu ose contredire, sous peine de mort.

Henri de Navarre est fustigé, insulté, calomnié, vilipendé comme traitre hérétique indigne de la couronne. C'est un batard. Il est sodomite. Il est relaps. Il viole, il pille, il tue, il torture. Quiconque parle de lui en le nommant "le roi" meurt sur le champ. Dagué, ou pendu, ou brûlé. Parfois jeté vivant en Seine, ficelé dans un sac. Le peuple entier assiste, crédule, à ces homélies meurtrières et acquiesce et adhère et se persuade et croit à ces énormités prononcées par des hommes de Dieu en qui ils ont déposé depuis toujours et pour toujours leur croyance, leur foi, leur confiance et leur conscience.

 

Les nouveaux prêtres exaltant  le peuple sont les journalistes. Ils viennent chercher chaque semaine auprès de leur fournisseur institutionnel qu'est le canard enchaîné les ignominies fielleuses qui alimenteront leurs éditoriaux, leurs commentaires, leurs tribunes. Comme ces prêtres, ils répandent servilement les fausses nouvelles sans chercher à savoir, à comprendre, à vérifier, à juger. Ils ont peur de la sanction des affairistes qui possèdent leurs titres et qui veulent du tirage ou de l'audimat par la sensation. Ils sont aux ordres. Alors, unissant leurs voix et leurs forces dans une croisade débile, la bave aux lèvres, les babines retroussées et le croc menaçant, maquillant la vérité sous les remugles glaireux du mensonge, ils font de Fillon dont ils ne veulent pas parce qu'il les dérange un Henri IV ressuscité.

Pour eux, Fillon ment, vole, magouille, profite, spolie. Qu'en savent-ils? Rien. Mais ils le proclament comme une vérité révélée, et le peuple dans sa majorité les croit. Il s'en remet aux supposés "sachants", qui pensent, agissent, fixent les règles et les normes pour lui. 

 

Henri IV a fini par gagner, et il fut un grand roi, vaillant, combatif, courageux. Il a conquis son royaume à la pointe de son épée. Il était entouré d'un groupe de fidèles qui a grandement contribué à ses victoires. Fin politique, il a su réconcilier, apaiser et enrichir les français. Il fut avisé et tolérant. Son destin fut tragique, à la dimension d'un règne qui scellera la paix pour longtemps.

 

Pour l'heure, personne ne sait ce que pourrait être un quinquennat Fillon. Mais en observant l'attitude de cet homme face aux attaques, bassesses et injustices dont il est l'objet, on peut dire qu'il y a chez lui la pugnacité, la combativité, le sens du devoir, la foi et le caractère que l'on retrouve chez Henri IV, monarque admirable qui a forgé une part de notre destin.

Dans les circonstances qu'il traverse, Fillon doit faire appel aux mêmes forces intérieures, à la même énergie, à la même résistance inébranlable. Mais où sont ses fidèles, indispensables pour sortir du traquenard qui l'accable et prétendre à la victoire finale? Leur silence d'aujourd'hui sera trahison demain.

 

La guerre est médiatique et non religieuse, Fillon n'est pas hérétique, la France n'est pas ligueuse mais laïque, la paix n'est pas menacée, la démocratie règne, la peine de mort n'existe plus, les assassinats politiques n'ont plus cours.

Il y a là des facteurs qui permettent d'espérer.

 

Fillon doit rappeler à ses soutiens endormis les fortes paroles prononcées par Henri IV en 1590 au moment d'engager la bataille d'Ivry:

« Mes compagnons, si vous courez aujourd'hui ma fortune, je cours aussi la vôtre ; je veux vaincre ou mourir avec vous. Dieu est pour nous. Voici ses ennemis et les nôtres. Voici votre roi. Gardez bien vos rangs, je vous prie ; si la chaleur du combat vous le fait quitter, pensez aussitôt au ralliement : c'est le gain de la bataille. Vous le ferez entre ces trois arbres que vous voyez là-haut à main droite. Si vous perdez vos enseignes, cornettes ou guidons, ne perdez point de vue mon panache ; vous le trouverez toujours au chemin de l'honneur et de la victoire

 

Fillon n'a pas eu à tailler. Mais il doit coudre.

 


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