"Je suis la guerre !"

par le Col. Michel Goya - le 26/03/2016.


Je suis fatigué, fatigué de voir la succession des « Je suis » (une ville européenne, les autres sont visiblement de catégorie empathique inférieure), fatigué des bisous, des bougies, des « continuons comme avant ». Je ne suis pas insensible, tout cela est sympathique et même nécessaire, je suis juste fatigué et affligé de constater, qu’accompagné de fausses postures, cela constitue un substitut au combat. Le pathos c’est bien, l’écrasement de l’ennemi c’est mieux.
 
Je suis écœuré de voir la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères s’effondrer en larmes. Imagine-t-on un Clemenceau, un Churchill ou une Margaret Thatcher s’effondrer de la sorte ? Ajoutons que, pour ne pas être taxé de chauvinisme, que notre propre Président-chef des armées n’était pas loin de l’état de Federica Mogherini le soir du 13 novembre. Nous avons visiblement plus d’hommes et de femmes de beurre ou, au mieux, de carton que de « Tigre » ou de « Dame de fer ».
 
En parlant d’Etat justement où est-il ? Vous savez, cette institution dont l’obligation première est d’assurer la sécurité de ses citoyens et la victoire sur ses ennemis, grâce à son monopole de la violence ? Il fut un temps où Français, Belges, Britanniques et autres Alliés, affrontaient des monstres autrement plus forts que l’Etat islamique ou Al Qaïda et en triomphaient par leur courage et leur volonté. Là encore avouons que Verdun, la bataille d’Angleterre ou Bir Hakeim sont bien loin. Oui mais voilà, à l’époque on mobilisait les forces de la nation et on prenait des risques. Quand, après dix-neuf mois de guerre contre Daech (pour ne parler que de cet ennemi), 100 % des pertes françaises sont civiles, c’est clairement que nous ne la faisons pas vraiment et qu’on ne me parle pas des quelques frappes aériennes supplémentaires depuis novembre comme réponse forte. Quand on constate simplement l’incapacité depuis des années à démêler la structure byzantine (vous savez, Byzance et ses débats stériles devant les « musulmans radicaux » de l’époque ?) de l’organisation française du contre-terrorisme, on ne peut que douter d’une réelle volonté d’assurer la sécurité du territoire.
 
Continuons donc d’accumuler les « Je suis » en espérant que lorsque toutes les grandes villes de l'Union européenne auront été frappées, le gros machin continental impuissant dans lequel nous sommes englués se réveillera. Continuons à tolérer chez nous « l’intelligence avec l’ennemi » et la progression de l’obscurantisme (oui, je sais le « quiétisme », tout ça…mais il y avait aussi beaucoup de « Nazis quiétistes » en Allemagne au début des années 1930), voire à décorer ses promoteurs de nos plus hautes distinctions. Continuons à ne pas nommer les choses pour ne pas froisser. Continuons à ne pas soutenir les démocrates arabes. Continuons à ne pas réfléchir car « réfléchir l’ennemi c’est l’excuser ». Continuons donc à faire semblant. Nous sommes dans la position du grand mou qui prend des gifles de la part des petites frappes de la cour d’école, ne fait rien mais promet à chaque fois, avec ses voisins tout aussi mous, que c’est la dernière.

Il paraît que notre Premier ministre est un admirateur de Clemenceau, mais visiblement il s’est arrêté à l’époque où celui-ci était ministre de l’intérieur (pas la meilleure partie de sa carrière). Clemenceau a été aussi et surtout un de nos plus grands chefs de guerre.
Essayons juste d’imaginer quelques instants ce qui se passerait s’il était d’un seul coup au pouvoir à la place de substituts en plastique

Source : http://lavoiedelepee.blogspot.fr/2016/03/je-suis-la-guerre.html

 


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