TRAHISON...!

...part le Gal. François Torres - le 22/12/2018.

Ce qui se passe dans les fontaines profondes s’y passe avec lenteur. Il faut du temps pour savoir ce qui est tombé dans leurs profondeurs ». Friedrich Nietzsche. « Also sprach  Zarathustra. » (1883)

 

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Dans la bouche de militaires qui eurent si souvent à souffrir des manquements à la parole donnée des hommes politiques, le mot baigne dans une résonnance particulière. Celle des abandons cyniques en rase campagne, des négociations avec l’adversaire alors que les hommes continuaient à mourir au combat, celle encore, mais la liste n’est pas close, des moyens chichement comptés aux armées pourtant engagées au-delà du raisonnable, pour la seule et unique raison qu’il est politiquement plus facile de réduire les budgets de ceux qui se taisent.

Lâchée dans la jungle médiatique qui en fait les « choux gras » de son audience habituée au silence militaire, l’accusation - à la fois une pressante angoisse et une exhortation à mieux entendre « les fontaines profondes » du pays -, éclate au moment où une partie de la France filmée par tous les médias de la planète, donne l’image d’un pays chaotique en situation pré-insurrectionnelle.

Réactions au mépris, les doléances des « Gilets Jaunes » furent perturbées et amplifiées par des « casseurs » organisés prêts à en découdre et par des petites bandes violentes de jeunes banlieusards venus piller les magasins éventrés par eux ou par d’autres.

Le « sacrilège » public de « Généraux 2s » habituellement muets, ne faisait pourtant que mettre en garde contre le risque d’ignorer quelques très alarmantes réalités françaises soigneusement tenues à distance par les tabous de la bien-pensance moralisatrice, mais récemment dénoncées par un ancien président de la République, un ministre de l’intérieur démissionnaire et une longue enquête du journal Le Monde sur l’islamisation de la Seine Saint-Denis, intitulée « Inch’Allah ».

Considéré comme « un outrage » par les adeptes de la pensée moralisatrice à visée utopique, régulièrement sidérée par le fracas des vérités premières, ce qui n’était en réalité qu’une recommandation, venait moins de deux années après que, versant de l’huile sur le feu de nos banlieues, le candidat Emmanuel Macron ait, en Algérie publiquement considéré, sans la moindre nuance ni mise en perspectives, que « la colonisation était un crime contre l’humanité ».

Apportant ainsi en terre algérienne de l’eau au moulin d’un pouvoir politique à l’agonie dont la seule légitimité reste de ressasser « la guerre de libération » contre la France dont la mémoire est, sans la moindre réserve, réduite à « la torture » et « aux massacres », la parole publique d’un candidat à la fonction suprême trahissant l’histoire a, sans doute, encore aggravé les plaies ouvertes minant la cohésion du pays.

 

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A défaut d’un débat sur le fond des choses dont même un aveugle verrait qu’il conditionne notre futur et les contours culturels de la France, le pouvoir piqué au vif se raidit et pratique l’ostracisme réglementaire et moralisateur. Les Généraux en 2e section, citoyens de seconde zone dont l’alerte est considérée comme « inadmissible et indigne » sont, pour solde de tout compte, renvoyés à leur « devoir de réserve », accusés de « saper ce qui les a conduits aux responsabilités du haut desquelles ils donnent aujourd’hui des leçons ». 

Utilisant le rappel disciplinaire et réglementaire articulé à une obligation de silence jamais clairement définie, l’oligarchie offusquée d’avoir été ainsi publiquement mise en cause, se réfugie dans la menace de sanction pour fermer un débat essentiel pour l’avenir du pays.

Très ancien procédé des pouvoirs antidémocratiques ne tolérant aucune objection, l’accusation « d’indignité » morale  adressée à ceux qui dénoncent le silence des tabous, cible pourtant des officiers dont le seul tort est de s’inquiéter de la cohérence budgétaire, sociale et culturelle et, pour finir, sécuritaire du pays dont ils sont des praticiens ; Alors qu’une myriade de commentateurs bien moins qualifiés qu’eux distillent leurs appréciations à l’emporte-pièce parfois articulées à des préjugés idéologiques très éloignées de la réalité des situations.  

Se pressant dans les allées du pouvoir, des journalistes sectaires, relais sans recul de la parole officielle, s’imaginent étouffer les angoisses du peuple par un ostracisme d’un autre âge, accusant les signataires d’appartenir à des mouvements « d’extrême-droite fascisante ». Caricaturer à ce point et de manière systématique ceux qui ne pensent pas de manière « correcte », commence à tenir de la « grosse ficelle » politicienne.

Sur quelle planète vivent donc ceux qui ne voient pas que les migrations ayant déjà mis sous tension plusieurs pays européens, provoqué le Brexit, l’élection de D. Trump, sérieusement augmenté en France l’audience du front national et bousculé la politique italienne, sont un des graves problèmes à venir du 21e siècle ?

 

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En réalité, la force répétitive des anathèmes doctrinaires et partisans occulte le fond des choses tapi dans les replis du pacte onusien dit « de Marrakech » pour « des « migrations sûres, ordonnées et régulières ». Accusant ses détracteurs de mensonges, les thuriféraires de l’accord approuvé le 10 décembre en présence de 160 membres des Nations-Unies dont la plupart recèlent une importante proportion de candidats à l’immigration vers les pays développés, passent sous silence quelques réalités à la racine de l’angoisse que la pensée normative s’obstine à masquer.

 

Qu’en est-il ? Tout au long des 23 articles d’un texte dont les prosélytes ne cessent de répéter qu’il est « un bon texte » dont le caractère « non contraignant » devrait rassurer les pays jaloux de leur souveraineté, on apprend d’abord le présupposé articulé à une vision à la fois généreuse, utopique et technocratique, que les migrations seraient une source de prospérité, d’innovation et de développement durable dans un monde globalisé ».

 

Étonnamment déconnectée des réalités crues du terrain des exodes modernes marqués par de puissants brassages culturels à un niveau inédit en hausse de 48% depuis 2000, la vision idyllique ajoute que « les impacts positifs » des flux migratoires peuvent être « optimisés en améliorant leur gouvernance ».

 

Alors que nombre de pays, démocratiques ou non, ont, pour des raisons économiques et culturelles, commencé à se crisper sur leurs frontières, la référence à la vertu bénéfique d’un « monde globalisé » ouvert au vent des migrations implicitement considérées comme un droit humain légitime par le pacte, sonne comme une provocation aveugle. Au point que, suivant les États-Unis, Israël et l’Australie, le groupe européen de Visegrad (Hongrie, République tchèque, Pologne, Slovaquie) auxquels se sont ajoutés l’Autriche, la Bulgarie, la Croatie, l’Estonie, le Danemark et l’Italie, la Suisse ayant suspendu sa signature, n’adhèrent pas.

Malgré les dénégations de Louise Arbour, présidente de la Commission onusienne des droits de l’homme affirmant la prééminence de la souveraineté migratoire des États, la vérité oblige à dire que le pacte qui se définit lui-même à de nombreuses reprises comme un « engagement » appelé à être révisé, amorce en réalité la vision irréductible que l’effacement des frontières constitue un progrès.

Une perspective qui, dit Régis Debray dans Éloge des frontières(Gallimard 2010), nie la réalité d’un monde dans lequel «27 000 km de frontières nouvelles» ont été dessinées «depuis 1991». A ceux qui tout en prônant les flux migratoires, s’inquiètent des désordres du monde, il répond : « Comment mettre de l’ordre dans le chaos? En traçant une ligne. En séparant un dehors d’un dedans.»

Plus encore, l’article 16 du pacte, faisant la promotion du respect à l’anglo-saxonne des cultures des migrants et de l’acceptation de cette sacro-sainte diversité chère à nombre de nos intellectuels qui en font un dogme exemplaire de moralité humaniste, est en réalité un encouragement au communautarisme à l’anglaise à l’exact opposé du concept français d’intégration. 

Enfin, signalé par nombre d’observateurs critiques dont Hélène Nouaille dans sa Lettre de Léosthène , du 1er décembre 2018, l’article 17 est une étonnante et très indigeste leçon de journalisme « normalisé ». Supposant que les actes de xénophobie et de racisme n’existent que dans les populations d’accueil « ce qui laisse pantois », dit Hélène Nouaille, le pacte incite les adhérents à l’exercice normatif à l’usage des seuls pays d’accueil, consistant à « mettre en place des “normes éthiques“ pour le reportage et la publicité ».

Pire encore, dans la plus néfaste tradition des régimes autoritaires adeptes de la censure répressive de l’information, le pacte conseille sans vergogne de « supprimer l’attribution de fonds publics aux médias qui promeuvent systématiquement l’intolérance, la xénophobie, le racisme et autres formes de discrimination envers les migrants ». Et ceci, bien entendu ironise Hélène Nouaille qui cite un « oxymore » du pacte « dans le plein respect de la liberté des médias ».

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Dès lors que le pouvoir ainsi aliéné au mouvement grégaire de la bien-pensance moralisante piétine par son adhésion au pacte de Marrakech quelques-uns de nos principes fondateurs allant de la souveraineté nationale mise à mal par la machine onusienne, à la liberté d’informer, en passant par l’exigence de plus en plus pressante d’un débat public pour des choix déterminant l’avenir du pays et la cohérence générale de l’action publique, la question se pose de savoir où se trouve l’indignité dénoncée par l’oligarchie ?

Est-elle du côté de ceux qui, jamais écoutés, réclament qu’on entende leurs suggestions et leurs mises en garde où de ceux qui ferment le débat par des accusations morales et la menace disciplinaire.

François TORRES
Officier général (2s)

Source : https://www.asafrance.fr/item/trahison-libre-opinion-du-genneral-2s.html

 

Lire aussi les articles en relation avec ce sujet : 

"Immigration" et l'éditorial du Gal Martinez en date du 07/12/2018

 

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