Pour le deuxième tour des élections présidentielles, nous avons désormais quatre certitudes
et quatre incertitudes.
Les certitudes ?
1ère certitude : Le premier parti de France sera celui de l'abstention et du vote blanc et nul avec un
score proche de 40% des électeurs inscrits. Du jamais vu pour le deuxième tour d'une
élection présidentielle française sous la Vème République.
Les deux candidats du 2ème tour se partageront donc environ 60% des électeurs inscrits dans un rapport proche de 60/40.
En clair, cela signifie que le président élu ne le sera, par défaut,
que par moins de 36% des électeurs inscrits.
2ème certitude : Jamais la légitimité du président élu n'aura donc été aussi faible sous la 5ème
République, alors que notre pays se trouve en situation difficile avec une population divisée, un surendettement hors de contrôle, un chômage record,
des crises économiques et migratoire aiguës......
Rappel des résultats des présidentielles passées :
Inscrits
Exprimés
Score 2° tour
en voix
Vainqueur
en % des inscrits
Vainqueur final
en % inscrit 1° tour
1974
30.6 M
26.7 M
13.4 M
44 %
21 %
1981
36.4 M
31.25 M
15.7 M
43 %
21 %
1988
38.1 M
30.9 M
16.7 M
44 %
27 %
1995
40 M
30 M
15.8 M
40 %
16 %
2002
41.2 M
31.1 M
25.5 M
62 %
14 %
2007
44.4 M
37.3 M
19 M
43 %
26 %
2012
46 M
35.9 M
18 M
39 %
22 %
2017
47.6 M
- de 30 M
- de 18 M
36 % (+/-)
18 %
Alors que le nombre d'électeurs inscrits est supérieur à ceux de 2007 et 2012, le score du président élu sera inférieur à celui de Hollande en 2012 et très
inférieur à celui de Sarkozy en 2007, au premier comme au deuxième tour.
82 % des électeurs inscrits n'auront pas voté pour lui au premier tour, ce qui témoigne d'une
très faible adhésion au candidat et à son programme et ce qui porte en germe de grosses
difficultés à gouverner et à obtenir une majorité parlementaire dans 5 semaines.
Malgré la «menace FN» et la «tentative» du «système» de promouvoir un front républicain
anti-FN, 64% des électeurs inscrits n'auront pas voté EM au deuxième tour de la
présidentielle. Rien à voir avec 2002.......
3ème certitude : La France électorale est profondément divisée.
Entre l'Est plutôt favorable au FN et l'Ouest plutôt favorable à EM
Entre les grandes villes très favorables à EM et les campagnes, plutôt favorables au FN.
4ème certitude : Les médias, concentrés dans un tout petit nombre de mains, dirigés et
coordonnés par un même lobby, ont pu faire, en France, le résultat de cette élection. Ils ont réussi à
promouvoir un candidat jamais élu, au bilan médiocre, ministre et solidaire d'un gouvernement dont les résultats ont été calamiteux au point que Président et premier ministre ont été «sortis».... Les médias ont bénéficié pour cela de la complicité active des politiques et des institutions en place et de l'appui incontestable de la finance.
Ce candidat a été vendu à l'électorat comme un vulgaire paquet de lessive et ça a marché.
Alors que les électeurs anglosaxons ont su s'affranchir du bla-bla-bla médiatique en votant,
contre les médias et le lobby qui les tient, le Brexit et Trump, les français, manifestement moins
«connectés», donc plus vulnérables à la manipulation télévisuelle, radio et presse écrite, ont voté
pour un candidat contre lequel ils manifestaient hier et contre lequel ils ne manqueront pas de
manifester demain.
Les Français ont donc quelques années de retard sur les anglosaxons, mais ils sont en train
de les rattraper si l'on en croit la percée de JLM et le «début de la fin» du concept politico-
médiatique fumeux de «front républicain». Les français sont donc encore manipulés et
manipulables, sous influence médiatique, mais de moins en moins .....
A ces quatre certitudes, on peut adjoindre quatre incertitudes.
1ère incertitude : le score final de chacun des candidats.
Si MLP-NPA font moins de 40 %, ce sera une déception et le résultat des législatives
pourrait en être impacté. Cela signifiera que le concept «front républicain» promu par les médias et le «système»
fonctionne encore un peu.
Si le score MLP-NPA est supérieur à 40%, cela sera pour eux de très bon augure pour les
législatives qui vont suivre, notamment dans de nombreuses circonscriptions législatives de l'Est où l'alliance aura
dépassé les 50%.
2ème incertitude : L'attitude des électeurs LR qui se sont sentis trahis par l'appel de Fillon à voter
Macron et qui auront déposé un bulletin MLP dans l'urne pour le 2ème tour de la Présidentielle.
Ces électeurs reviendront-ils au bercail pour les législatives ? Ou feront-ils payer la trahison en
continuant de voter FN ? Se partageront-ils entre ces deux options ?
La réponse à cette question sera déterminante pour les résultats de l'alliance LR-UDI aux
législatives. Il n'est pas exclu que cette alliance se fasse étriller par l'alliance FN-DLF dans de
nombreuses circonscriptions de l'Est de la France, voire se fasse éliminer du second tour (règle des 12,5% des électeurs
inscrits, soit 19% à 22 % des suffrages exprimés pour se maintenir.)
3ème incertitude : Y aura-t-il des alliances pré-électorales entre le mouvement «En Marche» et le
PS, voire les Ecologistes, pour éviter une trop grande dispersion des voix au premier tour des
législatives ? Quelle serait la réaction de l'électorat face à cette éventuelle «cuisine électorale»
survenant après la Présidentielle ?.....
La réponse à cette question sera déterminante pour les résultats d'EM au premier tour des
législatives. Sans accord de ce type, le risque est important d'une élimination de nombreux
candidats EM dès le premier tour des législatives faute d'avoir atteint les 19 à 22% des suffrages
exprimés (12,5% des inscrits) qui seront nécessaires pour se qualifier, notamment dans l'Est de la
France.
4ème incertitude : Quelles seront les initiatives prises par le pouvoir en place, par les médias et le
lobby qui les dirige et coordonne leur action, pour déconsidérer le FN et DLF et promouvoir EM.
Tout peut être envisagé par ce «système» qui ne reculera devant rien pour faire gagner les candidats EM.
Il faut s'attendre à 5 semaines de campagne anti-FN dans tous les médias. Les mots de
fascisme, de racisme, d'antisémitisme, les références bidon à la deuxième guerre mondiale, à Vichy, vont être répétés en
boucle à longueur de journée. Le Canard Enchainé va reprendre du service pour tenter de détruire des candidats qui dérangent le système en initiant des
scandales sur des rumeurs plus ou moins fausses et non vérifiées, toutes visant évidemment le FN et DLF.
Bref, le Système français de lobby qui a promu Macron et son mouvement est de même
nature que celui qui cherchait à promouvoir Hillary Clinton aux USA (l'AIPAC). Ces deux lobbies
sont frères (et de connivence). Ils ont raté leur coup aux USA mais cherchent à rattraper le coup en détruisant le
Président US élu. Ils ont partiellement réussi en France en créant et en vendant Macron à un électorat plus naïf et moins «connecté» qu'aux USA. Ils
vont tout faire pour compléter la victoire aux législatives en attaquant sans relâche le FN durant les cinq prochaines semaines.
En conclusion: encore 5 semaines difficiles à vivre, puis, cinq ans, encore plus difficiles........
Résultats passés (suffrages exprimés et pourcentage nécessaire de suffrages exprimés pour se
qualifier au deuxième tour: règle des 12,5% des inscrits).
Législatives 1995: 1er tour: 64,60% exprimés 19% des exprimés pour se maintenir
Législatives 2002: 1er tour: 61,62% exprimés 20% des exprimés pour se maintenir
Législatives 2007: 1er tour: 59,29% exprimés 21% des exprimés pour se maintenir
Législatives 2012: 1er tour: 56,32% exprimés 22% des exprimés pour se maintenir
Législatives 2017: 55% à 65% exprimés 19% à 22% des exprimés pour se maintenir
(prévisions) (prévisions)
1ère conclusion : Il faudra, en application de la règle imposant 12,5% des inscrits pour se maintenir, obtenir entre 19 et 22% des suffrages exprimés au 1er tour pour pouvoir participer au 2ème tour des législatives 2017.
Avec quatre forces politiques soutenues par 20% à 24% de l'électorat, le nombre de
triangulaires au 2ème tour des législatives pourrait être important. On voit mal les candidats FI ou
LR qualifiés se désister au profit de EM pour barrer la route au FN qui sera présent au 2ème tour
dans plus de 350 circonscriptions (sur la base de ses résultats aux présidentielles).
Il devient alors très intéressant d’examiner les résultats du premier tour de l’élection présidentielle sous l’angle des
circonscriptions parlementaires. D’où le tableau suivant :
Effectifs de circonscriptions
où le candidat est arrivé
en tête.
Répartition en fonction
des suffrages exprimés :
en dessous de 25%
Répartition en fonction
des suffrages exprimés
entre 25 et 30 %
Répartition en fonction
des suffrages exprimés :
Plus de 30 %
EM=230
71
117
52
FN=216
18
105
83
LR=52
22
22
8
FI=67
12
26
29
Compte tenu de l’implantation locale très importante des candidats LR (qui ne sont pas tous
mis en examen), il est évident que l’échec considérable du 23 avril (52 circonscriptions où F. Fillon
était en tête) sera sensiblement compensé (principalement au détriment des candidats EM).
Difficile pour autant d’imaginer la conquête d’une majorité avec un parti LR divisé.Il est à peu près sûr que les nombreux électeurs qui se sont sentis trahis par l'appel du parti LR
à voter Macron ne reviendront pas tous vers les LR pour les législatives. Mais, en retour, difficile d’imaginer moins de 150 députés pour une coalition LR-UDI qui compte encore 226
députés dans l'assemblée actuelle. (échec à prévoir pour la coalition LR-UDI avec une réduction du nombre de sièges : les conséquences de l'appel à voter Macron auront été préjudiciables....)
Par contre, compte tenu de la très forte adhésion aux candidats FN - il est vrai contrariée par
l’absence relative de leaders locaux- compte tenu de l'accord avec DLF , du soutien du parti
chrétien démocrate et d'une part de l'électorat de «Sens commun», il est très probable que le FN
puisse gagner entre 100 et 150 circonscriptions surtout avec un score de MLP au 2ème tour des
présidentielle donné à 40 % des suffrages exprimés, score qui dépassera alors les 50% dans
nombre de circonscriptions législatives de l'Est de la France.
Le mouvement FI de JLM pourrait, lui, rassembler près de 50 députés.
Si l’on ajoute le défunt PS pour lequel il est difficile d’imaginer le nombre de députés pouvant être obtenu sur la
notoriété des sortants, on s’aperçoit vite qu’il sera très très difficile, sinon
impossible pour EM d’obtenir une majorité parlementaire. Même avec l’effet porteur provoquée par la victoire
présidentielle, on imagine mal qu’il puisse, d’après le tableau ci dessus, dépasser les 250 députés et même les 200, voire les 150....... Le parti EM du président élu, pourrait même ne pas être le premier parti de l'assemblée nationale.
Avec 8400 candidats en 2002, 7600 en 2007, 6591 candidats en 2012, il y a donc eu de 14,5
à 11,4 candidats en moyenne par circonscription législative, lors des dernières élections.
En 2017, avec l'arrivée du mouvement «En Marche» et de l'UPR présents dans toutes les
circonscriptions, le nombre des candidats par circonscription devrait être, en moyenne,
supérieur à 12.
Dans ces conditions, il sera difficile, sinon impossible d'obtenir 50% des suffrages exprimés
au 1er tour, avec 4 offres politiques de force comparable. Le nombre d'élus au premier tour qui était encore de 36 en
2012 devrait s'approcher de zéro cette année.
Par ailleurs, avec 4 partis importants et un PS qui n'est pas encore mort, la répartition des
voix des grands partis entre ces cinq ensembles va rendre plus difficile, pour un candidat, l'atteinte de score allant de
19 à 22% des suffrages exprimés (12,5% des inscrits) au premier tour. Dans ces conditions, le nombre de circonscriptions dans lesquelles un seul
candidat restera qualifié au second tour augmentera très sensiblement. Il y en avait 15 en 2012, il pourrait y en avoir
plus de 100 en 2017.
En d'autres termes, même si le premier tour ne débouche sur aucun élu (ou presque), il sera
déterminant puisque nous pourrions connaître, le soir du 11 juin, le nom d'une bonne centaine de
députés, peut être davantage, qui seront élus au deuxième tour, car restant les seuls qualifiés. Cette règle des 12,5 % des inscrits devrait donc être déterminante, cette année, dans la composition de la future assemblée, notamment dans
l'Est de la France.
Cette règle va favoriser le FN dans les 83 circonscriptions où il est arrivé largement en
tête et dans lesquelles il a obtenu plus de 30 % des suffrages exprimés au 1er tour de la
présidentielle, et dans les 105 circonscriptions dans lesquelles il a obtenu entre 25 et 30%.
Il ne faut pas oublier non plus qu'une abstention traditionnellement plus forte au 1er tour des
législatives qu'aux 1er tour des présidentielles (10 à 12 points) favorisera également le FN et DLF
dont les électeurs ne s'abstiennent pas.......
A moins d'accord pré-électoraux peu probables entre Les Républicains, En Marche, France
Insoumise et le PS pour faire barrage au premier tour au Front National partout où il est fort, il est
certain que nous connaîtrons des noms de députés FN élus du 2ème tour, par élimination de
tous leurs concurrents, dès le 11 juin, au soir du 1er tour (règle des 12,5% des inscrits)
Ce pourrait bien être la nouvelle surprise du 11 juin au soir.......
Annexe
Potentiel électoral de trois partis politiques par grandes régions métropolitaines
sur la base du 1er tour des présidentielles et pour le 1er tour des
législatives.
Région
FN seul
DLF seul
EM seul
Normandie
23.93
5.23
22.36
Hauts de France
31.04
4.97
19.50
Gand Est
27.78
6.13
20.72
Bourgogne
27.78
6.13
20.72
Bourgogne-France-Comté
25.09
5.65
21.89
Corse
27.88
2.89
18.48
PACA
28.16
4.33
18.94
Occitanie
22.98
4.08
22.32
Centre Val de Loire
23.08
5.75
22.68
Auvergne-Rhône Alpes
20.72
5.16
24.50
Nouvelle Aquitaine
18.89
4.59
25.13
Payse de Loire
16.62
5.01
26.27
Bretagne
15.33
4.40
29.05
Ile de France
12.57
4.02
28.63
Observations :
1 – A 12 candidats en moyenne par circonscription, on voit mal comment le mouvement EM pourrait, aux législatives, améliorer son score du 1 er tour
de la présidentielle à moins de s'allier avec d'autres partis, ce que Macron a dit qu'il ne ferait pas.
Son élection par défaut à la Présidence n'empêchera pas les électeurs ayant voté au 2ème
tour pour «faire barrage au FN» de rejoindre leur camps d'origine, voire de voter pour un député
qu'ils connaissent. Il est donc probable que les candidats du mouvement EM, inconnus à ce jour,
feront pour la plupart, des scores, au mieux égal, plus probablement inférieur à ceux du candidat
Macron au premier tour de la présidentielle, dans l'électorat de leur circonscription.
2- Le parti des Républicains, sur la notoriété de certains sortants, non mis en examen, pourraient
élargir son score électoral. Mais certains candidats LR pourraient également perdre une part non
négligeable de leur électorat en raison de leurs appels maladroits à voter Macron à l'issue du
premier tour. Cet appel, vécu comme une trahison par beaucoup d'électeurs LR, aura conduit
nombre de ces derniers à entreprendre un départ sans retour vers le camp FN-DLF. (J'en connais
beaucoup.)
3 – Le FN, renforcé par DLF, mais aussi par les «trahis» du camp «les Républicains» (suite à
l'appel à voter Macron), obtiendra probablement, aux législatives un score supérieur ou égal à celui du premier tour de
la présidentielle. Il pourrait obtenir des scores supérieurs à 40% dans nombre de circonscriptions qui lui sont favorables. Il pourrait alors s'avérer
impossible que l'un des 10 à 12 autres candidats, réduits à se partager les 60% de suffrages exprimés restants, dépassent la
barre qualificative des 20 à 22% des suffrages exprimés (12,5% des inscrits), nécessaires pour une qualification au 2ème tour.
Conclusion : Les médias vont se déchaîner pour attaquer sans cesse le FN et DLF durant tout le mois prochain. Ils vont, bien sûr, mettre le paquet pour tenter de détruire ces deux partis en attaquant leur chef, mais aussi leurs
candidats. En revanche, ils dérouleront le tapis rouge aux candidats EM, et tenteront de les promouvoir. C'est mon intime conviction. Wait and See !
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