Réconciliation prévue à Bamako...

...entre militaires et djihadistes d'Al-Qaida

...par Claude Angeli pour le "Canard enchaîné" - Le 21/10/2020.

C'est ce que préparent les officiers maliens au pouvoir. L'Algérie les soutient, Macron est hors jeu.

 

JEAN-YVES LE DRIAN, le  ministre des Affaires étrangères, s'est rendu à Alger les 15 et 16 octobre. Il a été « dépêché là-bas en "pompier ", souligne brutalement un membre de l'état-major des armées, façon de laisser entendre que le Président est un peu dans le brouillard... Mission de Le Drian évaluer à quel point les dirigeants algériens sont disposés à s'engager au Mali et à prêter main-forte à Iyad Ag Ghali, le chef du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans GSIM), durant les négociations qu'il mène avec les militaires. Rallié depuis plusieurs années à AI-Qaida, Iyad Ag Ghali gagne à être connu, ne serait-ce que pour le plaisir qu'il a pris à revendiquer la plupart des attentats dont ont été victimes des centaines de soldats et de civils maliens, ainsi que plusieurs dizaines de Français. Grâce à la Direction du renseignement militaire, Le Drian n'ignore rien du parcours de ce Touareg, ancien combattant en Irak, qui, en 2017, avait traité la France d'« ennemie historique des musulmans ». La semaine dernière, Ag Ghali s'est permis de monter une opération de propagande sur le sol malien. Tout d'abord, il a fait savoir à la presse qu'il venait d'obtenir la libération de 206 de ses frères de combat. Ensuite, et sans être le moins du monde inquiété, il a organisé et présidé à Tessalit un méchoui pendant lequel on a pu le photographier, en compagnie d'une centaine de djihadistes, en train de festoyer. Un véritable bras d'honneur adresse à Paris.

 

Des terroristes très fréquentables ?

Que cherchent les militaires maliens ? "La réconciliation nationale au sein,du Mali ", disent-ils. Un objectif qui convient à leur grand voisin algérien, lequel n'apprécie guère la présent de troupes françaises à ses frontières, et souhaite que son protégé Ag Ghali puisse bientôt jouer un rôle politique à Bamako. Au Mali même, le projet de ces officiers-ministres ne manque pas d'appuis. Soumaïla Cissé, par exemple, ex-Premier ministre et ex-otage se dit favorable aux négociation avec ceux qui l'ont enlevé puis détenu.

Un autre notable, le député Ahmada Ag Bibi, est sur la même longueur d'onde, et cela n'a rien de surprenant. Cet ancien membre des groupes djihadistes, ami d'Ag Ghali, a négocié avec celui-ci l'échange de 206 combattants contre 4 otages. Quant au Grand imam de Bamako, Mahmoud Dicko - qui se targue d'être la « référence islamiste » de plusieurs auteurs du récent coup d'Etat il prie pour la réussite de ces palabres entre militaires et partisans d'Al-Qaida.

 

Avant la fin d'octobre, Le Drian doit se rendre au Mali et y rencontrer les nouveaux dirigeants du pays. La « réconciliation nationale » en préparation ira-t-elle jusqu'à intégrer une partie

des djihadistes du GSIM au sein de l'armée malienne ? Il ne faut douter de rien. Et, même si cela met Macron et ses généraux en fureur, Ag Ghali et ses hommes, devenus désormais fréquentables, devront, en cas d'accord et après plus de six ans de guerre, être épargnés par les militaires français. Lesquels seraient en droit de se demander ce qu'ils sont allés faire dans cette galère.

Dès lors, les soldats de Barkhane n'auront plus à pourchasser au Sahel que d'autres terroristes, ceux de Daech (Etat islamique au Grand Sahara). Jusqu'au moment où quelques chefs d'Etat voudront soudain se réconcilier avec eux

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