Le vrai visage du terrorisme Sahélien:

Le grand banditisme et la criminalité ordinaire

...par Catherine Van Offelen - Le 28 juillet 2020

Source : Conflits

Avant d’être religieux, le terrorisme au Sahel est d’abord une forme de grand banditisme. La zone sahélienne est en effet l’une des plaques tournantes intercontinentales de trafics en tout genre et le djihadisme est surtout utilisé comme paravent pour les activités illicites. Derrière le terrorisme se cache ainsi le vrai problème d’une grande partie de l’Afrique en général : la criminalité ordinaire, qui se drape des oripeaux de l’idéologie et de l’Islam pour justifier ses attaques, pillages et exactions. 

 

Au Sahel, les forces françaises et nationales, peu à peu renforcées par des contingents du G5 Sahel, affrontent des katibas de djihadistes et les groupes armés. Au cours des dernières années, cette zone, autrefois prisée pour la fierté et l’hospitalité de ses habitants et la beauté de ses paysages, a connu une hausse des violences plus rapide qu’aucune autre région en Afrique[1]. Au Mali, au Niger et au Burkina Faso le nombre de victimes d’attaques terroristes y a été multiplié par cinq entre 2016 et 2019. D’après le Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), ce sont plus de 4.000 personnes qui ont trouvé la mort dans ces affrontements en 2019, contre 770 en 2016[2].

 

Une insécurité qui s’étend

L’implantation au Sahel de groupes armés djihadistes remonte au début des années 2000. En particulier, la formation d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a consolidé sa présence avec la création de katibas (unités combattantes) sahéliennes qui lui ont prêté allégeance[3]. Désormais, trois groupes sont responsables de pratiquement les deux tiers de la violence terroriste dans le centre du Sahel : le Front de Libération du Macina (FLM, ou katiba Macina), centré autour de la région de Mopti et Ségou, au centre du Mali; Ansarul Islam, centré autour de la municipalité de Djibo, au nord du Burkina Faso; et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), qui s’enracine depuis 2015 dans la zone des trois frontières (Mali-Niger-Burkina Faso), ou Liptako-Gourma[4].

 

Le nexus entre criminalité et terrorisme

Pour expliquer la propagation du terrorisme au Sahel, les analystes évoquent régulièrement les liens entre grand banditisme et djihadisme. Les mouvements terroristes se seraient appuyés sur les bandes criminelles pour s’implanter et s’approprier de nouvelles zones. Des groupes de bandits armés travailleraient au profit des groupes terroristes comme sous-traitants et alliés. « Petites mains » du terrorisme sahélien, les bandes criminelles formeraient le maillage informel des réseaux terroristes jusque dans la corne d’Afrique de l’Ouest, tour à tour informateurs, défenseurs et exécutants.

Mais le lien entre djihadisme et banditisme est bien plus substantiel qu’il n’y paraît. S’il existe quelques idéologues qui ont un projet politique, le terrorisme est surtout utilisé comme paravent pour les activités illicites hautement lucratives, telles que la prise en otage contre rançon des Occidentaux, le trafic de narcotiques ou l’exploitation de l’immigration clandestine. Ainsi, les katibas de djihadistes et groupes armés présents au Sahel se comportent avant tout comme des opérateurs économiques, soucieux de la rentabilité et des profits qu’ils tirent de leurs activités. Dans cette perspective, les « djihadistes » sahéliens sont, avant tout et pour la plupart, des bandits de grand chemin guidés par l’appât du gain : la dimension idéologique qu’ils revendiquent sert à légitimer le caractère illicite de leurs opérations et l’usage de la violence.

 

Le piège du prisme religieux 

Un accent particulier est généralement mis sur le rôle de la religion dans les facteurs qui poussent les jeunes à rejoindre les groupes armés djihadistes. Pourtant, comme le montre une note d’analyse[5] de l’Institut d’études de sécurité basé à Dakar en 2016, l’engagement des jeunes n’est généralement pas l’aboutissement d’un processus d’endoctrinement religieux. Cette étude, qui se penche sur les motivations des individus embrigadés dans des groupes armés ayant commis des actes terroristes, indique que leur principale motivation n’est pas la religion, mais le facteur économique et le désir de protection[6]. Dans la plupart des cas documentés, le motif religieux semble même n’occuper qu’une place marginale : la majorité des individus interrogés explique avoir rejoint ces groupes armés terroristes pour de l’argent ou bien pour se protéger ou protéger leur communauté.

Il ne s’agit pas minorer le poids de tensions politiques ou de la pénétration de courants religieux rigoristes qui ont contribué à fragiliser le tissu politique et social et à préparer le terrain pour des groupes se réclamant de la religion pour prendre les armes. Mais il apparaît que l’engagement des individus dans le djihadisme relève moins de l’idéologie que de situations sociopolitiques ou économiques.

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De fait, pour un individu pauvre, au chômage, sans ressources ni perspective d’avenir, rejoindre un groupe armé terroriste, c’est s’assurer un statut, un avenir, et surtout une manne financière. Sous la bannière d’une idéologie extrémiste, ces groupes disposent d’une excuse rêvée pour voler, piller, confisquer, attaquer, prélever des taxes sur des populations, contrôler et s’approprier des régions entières dans l’optique de s’enrichir. En ce sens, le terrorisme est largement utilisé comme paravent pour les activités illicites. C’est du grand banditisme revêtu des oripeaux de l’idéologie politique et de l’islam, avatars différents d’un même mal, mais qui révèlent le vrai fléau du Sahel – voire de l’Afrique – à savoir le banditisme et la criminalité ordinaire.

 

Le Sahel, un vivier de recrutement 

Le grand banditisme trouve dans la région du Sahel un terrain d’épanouissement idéal. Et pour cause : dans ces zones où la frontière n’a qu’une existence virtuelle ou juridique, les peuples nomades en transhumance, les us et coutumes, les relations familiales interethniques, le caractère de ces communautés qui font de la libre circulation un fondement de leur identité interdisent les cloisonnements et les approches sécuritaires trop rigoureuses.

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En outre, le Sahel constitue un réservoir de recrutement considérable et de choix pour les groupes armés violents. Cette région regorge de bandits, qu’il s’agisse de coupeurs de route, de trafiquants, de contrebandiers, de braconniers, ou de simples individus en quête d’un emploi rémunérateur. Déjà formés au maniement des armes, redoutés localement et maîtrisant pleinement la géographie de leur territoire, ils sont des éléments rapidement mobilisables dans le cadre d’opérations armées. Au lieu de rester « bandits » ou « trafiquants », nombreux sont ceux qui, dans une logique carriériste, entreprennent une trajectoire de radicalisation. Au Mali, les « groupes armés terroristes » comprendraient 1.000 à 1.400 hommes et plusieurs centaines au Burkina Faso, pour un total d’environ 2.000 sur tout le Sahel[7]. Ces individus font vivre des dizaines de milliers de personnes, et administrent de fait des zones de non-droit. Les chefs de ces groupes ne travaillent pas tant au nom de l’Islam que pour l’argent. L’un de ces chefs les plus emblématiques, Mokhtar Belmokhtar, était un trafiquant notoire dans le triangle Mauritanie-Mali-Algérie avant de devenir islamiste[8].

 

Le terrorisme sahélien, d’abord une question d’argent ?

On a coutume de dire qu’il est le nerf de la guerre. Si la visée première de ces groupes armés est d’amasser de l’argent, comment s’y prennent-ils ? En Afrique, comme ailleurs, les opérations terroristes coûtent cher et l’une des meilleures façons d’en récolter rapidement et en grande quantité reste le crime organisé (trafic de stupéfiants, d’armes, de médicaments contrefaits, d’objets culturels, d’animaux sauvages ou la traite d’êtres humains), le banditisme (coupeurs de route, pillages, vols, exactions), la collecte de taxes sur les populations[9], ainsi que l’exploitation minière artisanale illégale dans certaines zones qui soutiennent leurs réseaux[10].

Mais de la même façon, les nombreuses attaques sur des villages ou des hameaux, et des postes de police ou de gendarmerie dans le Sahel permettent aux groupes extrémistes violents de se procurer des moyens de subsistance (y compris des biens de consommation comme de la nourriture, des médicaments), des moyens opérationnels (armes, munitions, motos, pièces détachées, carburant) et des moyens de communication (téléphones, cartes de recharge ou crédits de communication)[11]. Ces ressources servent à leur tour à mener de nouvelles attaques, ou conquérir des voies de trafics et permettre le développement d’autres activités lucratives, comme la transhumance dans les zones sous leur contrôle.

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Ces groupes armés et terroristes occupent en effet les corridors de trafics dans la zone sahélienne qui, zébrée de routes millénaires, voient transiter notamment des stupéfiants en provenance d’Amérique du Sud[12]. Les cartels latino-américains acheminent depuis des années leurs marchandises illicites vers l’Europe (cocaïne, méthamphétamines) par voies maritimes vers l’Afrique de l’Ouest, via les ports de Guinée Bissau, du Sénégal, de Côte d’Ivoire[13] et de Guinée-Conakry. Ces drogues transitent ensuite à travers le Sahel via certaines voies privilégiées, telle la ville d’Agadez au Niger, carrefour des migrations et de toutes les contrebandes. Enfin, ces marchandises remontent les routes de l’Algérie ou la Libye pour terminer leur course en Europe[14]. Ainsi que le montre un récent rapport de l’organisation Global Initiative against Transnational Organized Crime (GITOC)[15], ce sont ces mêmes routes qu’empruntent des trafics d’armes légères, de voitures volées, de diamants ou de pétrole et servent également à l’exploitation de l’immigration clandestine et au trafic d’êtres humains[16], permettant à ces groupes de générer des profits considérables. Dans cette perspective, le djihadisme sert de paravent idéologique aux activités criminelles des groupes qui s’y livrent.

 

L’industrie lucrative du kidnapping

La convergence entre banditisme et djihadisme dans le Sahel est particulièrement flagrante dans le cas des prises en otages d’Occidentaux ou ce qu’on pourrait appeler l’industrie du kidnapping[17]. Ainsi, un otage occidental capturé par des criminels – qui sont mobiles et disposent de contacts locaux – sera revendu pour une somme élevée à un groupe terroriste comme AQMI, qui utilisera ses réseaux de propagande à l’international pour faire pression sur l’Occident et obtenir le paiement d’une rançon estimée à des millions de dollars.

Les paiements de rançon semblent même être l’une des principales sources de financement pour les groupes terroristes dans la région sahélo-saharienne. Depuis 2003, AQMI a kidnappé des dizaines d’étrangers et a perçu des rançons dans la plupart des cas. Or la rançon pour un seul captif occidental peut s’élever à plusieurs millions de dollars. Bien que les paiements de rançon ne soient jamais officiellement confirmés par les gouvernements concernés, une enquête par un quotidien américain[18] indique ce sont près de 58 millions de dollars qui auraient été versés par la France à AQMI ou des groupes affiliés entre 2008 et 2014. Quelques 17 millions de dollars auraient ainsi été versés à l’organisation terroriste pour la libération de quatre Français enlevés en 2010 dans une mine d’uranium à Arlit, au nord du Niger[19].

Au total, AQMI et ses filiales auraient accumulé un trésor de guerre d’au moins 125 millions de dollars (110 millions d’euros) sur cette période grâce aux enlèvements d’Occidentaux. Un rapport sur le financement du terrorisme en Afrique de l’Ouest[20] souligne par ailleurs que l’intensité des attaques d’AQMI aurait tendance à croître à la suite de paiements suspectés de rançons conséquentes. La France serait ainsi prise au piège d’un cercle vicieux, à la fois victime d’AQMI et sa « vache à lait », l’un entraînant l’autre. Bien davantage que le bras de fer idéologique avec l’Occident, l’enjeu de ces prises d’otage est avant tout économique et s’inscrit dans une logique capitaliste axée sur le profit.

 

Les tensions intercommunautaires et le « djihad de la vache »

C’est sous ce même angle que peuvent se comprendre les tensions intercommunautaires. Celles-ci ne cessent de se multiplier au Mali d’après un rapport de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma)[21], qui évoque notamment celles entre les Peuls, traditionnellement éleveurs, et les Dogons, pratiquant essentiellement l’agriculture et accusant les premiers de dévaster leurs récoltes pour nourrir leur bétail. Au total, 35 attaques souvent accompagnées de razzias et de pillages ont été enregistrées entre janvier et mars 2020 dans les régions de Mopti et Ségou, causant la mort de 180 personnes. À cela s’ajoutent aussi les exactions commises par les chasseurs traditionnels dozos : la Minusma leur prête 7 attaques. Parmi elles, l’attaque du village Ogossagou au Mali le 14 février 2020 qui fit 35 morts Peuls.

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Parmi les logiques d’engagement fréquemment citées par les analystes, le facteur ethnique est souvent mis en exergue. Ce discours est très fréquent dans l’analyse du centre du Mali en particulier, où l’on parle de « mouvements djihadistes Peuls ». Il est vrai que les Peuls sont aujourd’hui très représentés au sein des groupes armés djihadistes[22]. Pourtant, comme le souligne l’étude de l’ISS de Dakar[23], ce qui guide l’action des individus enrôlés, ce n’est pas tant qu’ils soient Peuls, mais qu’ils possèdent du bétail, leur principale richesse et source de revenus. Or la katiba Macina par exemple a la réputation de protéger le bétail de ses membres. Pour ces communautés rurales qui subissent des vols de bétail par des groupes de bandits anonymes[24] et parfois le racket perpétré par les forces de sécurité[25], soutenir les groupes armés terroristes revient donc à protéger une activité génératrice de revenus. Ainsi que l’a résumé un chercheur, les Peuls soutiennent en premier lieu un « djihad de la vache »[26] qui, dans un contexte de vols de bétail[27] et de réduction des pâturages, légitime le grand banditisme et l’accaparement agraire sous couvert de l’idéologie et de l’Islam.

 

La nécessité d’un changement de paradigme

Cette lecture impose de penser différemment le terrorisme islamiste au Sahel. Trop souvent, l’évocation des faits au Sahel par les analystes se cantonne encore à une lecture emmurée dans le paradigme djihadiste et le bras de fer idéologique avec l’Occident. Or il apparaît de plus en plus clairement que l’engagement des individus dans les groupes extrémistes armés relève moins de considérations idéologiques que de motifs économiques, qui n’ont en soi pas grand-chose de « radical ». Ainsi que le souligne la chercheuse Théroux-Béoni, plus que de djihadistes mus par un agenda religieux au Sahel, il convient de plus en plus de parler de « groupes armés insurrectionnels » aux agendas locaux[28]. C’est pourquoi les notions actuellement en vogue de « radicalisation », « extrémisme violent », « nébuleuse djihadiste », « groupes islamistes » doivent être utilisées avec prudence, car elles sont susceptibles d’engendrer l’élaboration de réponses inadéquates.

De fait, aucune réponse satisfaisante n’a été apportée jusqu’ici au problème sahélien. Plus de sept ans après le début de l’intervention au Mali en janvier 2013, la France maintient environ 5.100 militaires au Sahel dans le cadre des opérations Barkhane et Sabre, cette dernière relevant des forces spéciales. Depuis fin 2019, l’armée française dit éliminer une centaine de « combattants » par mois[29]. Aux forces françaises s’ajoutent entre autres celles de la Minusma, qui compte plus de 12.000 Casques bleus au Mali, du G5 Sahel, qui prévoit le déploiement 5.000 militaires à terme, des forces armées nationales, des missions de l’UE (EUTM Mali, EUCAP Mali et EUCAP Niger), et enfin de la future force européenne « Takuba »[30]. Pourtant, malgré cette panoplie d’acteurs et les efforts gigantesques consentis se chiffrant en milliards d’euros, le bilan des solutions militaires dans la lutte contre la violence au Sahel demeure insatisfaisant. La « lecture sécuro-théologique du djihadisme »[31] et la militarisation du conflit malien auraient même rendu endémique la violence, qui s’est propagée à toute la région et ne cesse de s’étendre davantage.

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Cette situation met en lumière les limites d’une politique axée sur une sur-interprétation religieuse systématique. Il importe donc de penser différemment le terrorisme islamiste, comme un « djihadisme de circonstance » ou un avatar de la criminalité ordinaire, et qui se drape des oripeaux de l’idéologie extrémiste pour légitimer et rendre plus profitables ses activités criminelles ou exactions. Comme tout opérateur économique légal ou illégal, les groupes armés terroristes s’adaptent ou se transforment en fonction du contexte local, national et international. Ils exploitent ainsi une pauvreté endémique, des griefs multiformes, des avantages géographiques comme la porosité des frontières, des fractures sociales souvent communautaires, et enfin le manque de gouvernance des États à des fins lucratives.

On ne peut nier que les solutions militaires ont leur place dans des pays sous haute pression sécuritaire. Mais l’impasse de l’enlisement sahélien qui se dessine pour l’option du « tout militaire » appelle, nécessairement, à une reconsidération des paradigmes. Envisager le djihadisme sahélien comme une forme de grand banditisme avant tout, obéissant aux lois de la criminalité ordinaire, implique de déplacer le curseur de la réponse à ce phénomène vers les notions de justice sociale, de bonne gouvernance, et de développement économique et social plus équitable. Cette lecture invite aussi à renforcer les lois nationales afin de dissuader les organisations criminelles d’utiliser leurs pays comme points de transit et à mobiliser davantage les outils de coopération et de lutte contre la criminalité transnationale organisée.

 

Catherine Van Offelen

Doctorant à la Sorbonne (Paris IV) et l'Université libre de Bruxelles (ULB)

 

[1] Pauline Le Roux, « Répondre à l’essor de l’extrémisme violent au Sahel », Bulletin de la sécurité africaine, Centre d’études stratégiques de l’Afrique, décembre 2019, p. 1.

[2] Conférence de Mohamed Ibn Chambas, chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) devant les membres du Conseil de sécurité de l’ONU en janvier 2020.

[3] AQMI s’est associé avec plusieurs autres groupes, dont la katiba Macina, sous la bannière du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) en 2017.

[4] Le Roux, « Répondre à l’essor de l’extrémisme violent au Sahel », op. cit, p. 1.

[5] Cette étude, fondée sur des entretiens avec 63 ex-engagés des groupes djihadistes opérant au Mali interroge les motivations des jeunes à rejoindre les groupes terroristes. Lori-Anne Théroux-Bénoni et William Assanvo, « Jeunes « djihadistes » au Mali : guidés par la foi ou par les circonstances ? », Institut d’études de sécurité de Dakar, août 2016.

[6] Les logiques d’engagement sont multiples, le groupe de chercheurs dit en avoir repéré « plus de 200, regroupées en 15 catégories », mais les deux qui reviennent le plus sont la protection et l’économie.

[7] « Attaques djihadistes au Sahel : la plongée vers l’abîme », Voice of Africa, 22 mai 2019.

[8]  L’algérien Mokhtar Belmokhtar, aujourd’hui présumé mort, était à la tête d’Al-Mourabitoun, l’une des principales katibas au Mali. Surnommé « Mister Marlboro », il avait été impliqué dans l’économie régionale du trafic des cigarettes, mais aussi de la drogue, ce qui lui a valu une réputation de « narco-djihadiste ». Cyril Bensimon et Nathalie Guibert, « Le barbare du désert », Le Monde, 16 juin 2015.

[9] De fait, les groupes armés terroristes peuvent aussi tirer des ressources financières sans être impliqués dans une activité donnée, par exemple, en procédant à la collecte de taxes sur les convois de marchandises qui transitent dans une zone sous leur contrôle. William Assanvo et al., « Extrémisme violent, criminalité organisée et conflits locaux dans le Liptako-Gourma », Institut d’études de sécurité, décembre 2019, p. 10.

[10] L’exploitation artisanale de l’or est répandue au Burkina et au Niger. Une enquête nationale sur le secteur de l’orpaillage au Burkina menée en 2017 a recensé 53 sites d’exploitation artisanale dans l’Est, une région où se sont justement installés les groupes extrémistes violents. Ibid., p. 10.

[11] Ibid., p. 9.

[12] Voir à ce propos Laurent Guillaume (dir.), Africa Connection. La criminalité organisée en Afrique, Paris, Manufacture de livres, 2019.

[13] La Côte d’Ivoire s’est signalée en février 2020 avec une saisie de plus de 400 kgs de cocaïne en provenance du Brésil au large d’Abidjan. En septembre 2018, la police brésilienne avait déjà découvert 1,19 tonne de cocaïne à destination de la Côte d’Ivoire. Baudelaire Mieu, « Côte d’Ivoire : saisie de près d’une demi-tonne de cocaïne au large d’Abidjan », Jeune Afrique, 4 février 2020.

[14] D’autres alimentent une consommation locale, comme c’est le cas du cannabis, du tramadol, du diazepam et d’autres psychotropes dans le Liptako-Gourma. Assanvo et al., « Extrémisme violent, criminalité organisée et conflits locaux dans le Liptako-Gourma », op.cit., p. 12.

[15] Mark Micallef et al., « After the storm: Organized crime across the Sahel-Sahara following upheaval in Libya and Mali », Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GITOC), novembre 2019, pp. 1-140.

[16] Selon l’ONU, 90 % des pays africains sont touchés par le trafic d’êtres humains, que ce soit en tant que source, zone de transit ou destination.

[17] Lacher attribue d’ailleurs le développement d’AQMI, MUJAO et autres groupes dans la région au développement d’une industrie de kidnapping hautement lucrative. Wolfram Lacher, « Organised Crime and Conflict in the Sahel-Sahara Region », Carnegie Endowment for International Peace, Washington DC, septembre 2012.

[18] Rukmini Callimachi, «  Paying Ransoms, Europe Bankrolls Qaeda Terror », New York Times, 29 juillet 2014.

[19] Trésor Kibangula, « La France a-t-elle payé une rançon à AQMI pour libérer ses otages ? », Jeune Afrique, 8 février 2013.

[20] Rapport GAFI, « Financement du terrorisme en Afrique de l’Ouest », Groupe d’Action Financière (GAFI), Paris, octobre 2013, p. 16.

[21] Minusma, « Note sur les tendances des violations et abus de droits de l’homme. 1er Janvier – 31 Mars 2020 », ONU, avril 2020, p. 1-10.

[22] Mathieu Pellerin, « Les violences armées au Sahara. Du djihadisme aux insurrections ? », Études de l’Ifri, Ifri, novembre 2019, p. 38.

[23] Théroux-Bénoni et Assanvo, « Jeunes « djihadistes » au Mali : guidés par la foi ou par les circonstances ? », op.cit.

[24] Laurence-Aïda Ammour, « Comment les groupes extrémistes violents exploitent les conflits intercommunautaires au Sahel », Centre d’études stratégiques de l’Afrique, janvier 2020.

[25] Pellerin, « Les violences armées au Sahara. Du djihadisme aux insurrections ? », op.cit., p. 38.

[26] Giovanni Zanoletti, « Mali : le “jihad de la vache” », Libération, 12 juin 2019.

[27] Le vol et l’enlèvement de bétail sont particulièrement fréquents dans la bande frontalière entre le Niger et le Mali. Malgré le manque de données précises permettant de mesurer l’ampleur du phénomène, le bétail volé se compterait par milliers de têtes dans la région. Assanvo et al., « Extrémisme violent, criminalité organisée et conflits locaux dans le Liptako-Gourma », op.cit., p. 15.

[28] Théroux-Bénoni et Assanvo, « Jeunes « djihadistes » au Mali : guidés par la foi ou par les circonstances ? », op.cit.

[29] Nathalie Guibert, « Barkhane dit éliminer au Sahel une centaine de combattants par mois », Le Monde, 11 mars 2020.

[30] Composée de forces spéciales européennes, la future force « Takuba » a été lancée le 27 mars par 11 pays européens et comptera quelques centaines d’hommes. Sa mission est d’« assister les forces armées maliennes dans la lutte contre les groupes terroristes et appuyer les efforts actuellement déployés par l’opération Barkhane et la Force conjointe du G5 Sahel », d’après un communiqué joint des pays concernés, « Task Force Takuba : réunion ministérielle de lancement », 27 mars 2020.

[31] Giovanni Zanoletti, « Mali : le “jihad de la vache” », Libération, 12 juin 2019.

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