Il  y a 70 ans : La RC 4 !

"Passant, souviens-toi...."

...pour que les combats de la RC 4 ne restent pas oubliés.

...par R. Neusius - Le 04/09/2020.

Fin septembre - début octobre, ce sera les 70 ans de la RC 4 ...


Beaucoup de textes ont été écrits sur la Bataille de la RC4.
Aujourd’hui, je voudrais vous proposer une étude très complète sur cet épisode catastrophique de la guerre d’Indochine. Un travail considérable que je vous engage à lire… pour que les combats de la RC 4 ne restent pas oubliés.
C’est la motivation de l’auteur de cette étude. Qu’il partage avec un témoin ayant vécu cette tragédie…
Nous les remercions d’avoir bien voulu nous faire partager cette évocation…

 

Source : Parachutistes militaires


L’auteur : Saint-cyrien (1962-1964), le général de brigade (2S) Bertrand Potel a servi au 2e REP comme chef de section et comme commandant de compagnie ; il est breveté de l’ESG et auditeur de l’IHEDN ; il a commandé le 151e R.I. dont le bataillon de marche s’est distingué en Indochine (Croix de guerre des TOE avec palme pour le fanion et inscription « INDOCHINE  1947-1950 » au drapeau).

(Roger Delpey, sergent du 151e RI, a écrit, de 1950 à 1954 les cinq tomes de « Soldats de la boue », un des tous premiers récits sur la guerre d’Indochine…)

Les sources : Cette présentation des combats de la RC 4 repose sur l’exploitation d’une quinzaine d’ouvrages notamment « Les combats de la RC4 / Face au Viet-Minh et à la Chine » de Longeret, Laurent, Bondriot et « Le rendez-vous manqué des colonnes Chartron et Le Page   Indochine RC 4 1950 » de Serge Desbois (voir renvoi bas de page).

En complément de la bibliographie, les lecteurs intéressés par la guerre d’Indochine, et en particulier par les combats de la RC4, pourront trouver sur le site « indochine-images.blogspot.com » un recueil d’une trentaine de billets, intitulés "Arrêt sur image",  du colonel (er) Jean-Luc Martin qui font découvrir, par les textes et par les très nombreuses illustrations d’hier et d’aujourd’hui, tous les sites se rapportant à ces batailles.

On pourra également regarder sur Internet le film « Cao Bang, les soldats sacrifiés d’Indochine » de Bernard George (durée 53 mn) avec ses témoignages et ses prises de vue d’époque.

Note : les textes relatifs aux combats émanent du livre de Serge Desbois (récit le plus fidèle, d’après un survivant du 1er BEP* ayant vécu ces journées et qui est bien connu de l’auteur) ; ils sont complétés par des informations provenant d’autres sources ainsi que par des réflexions personnelles.
(* A/C Francis Ruiz alors sergent-chef, chef de la section commandement de la 1ère compagnie)

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Général Bertrand Potel et A/C Francis Ruiz
8 mai 2017 à Rennes : remise de l'insigne d'officier de la Légion d'Honneur à l'A/C Ruiz

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Médaille de la RC 4 et insigne du cinquantenaire des combats.



Pour beaucoup de Français la guerre d’Indochine se résume à son épilogue, Dien Bien Phu en 1954 ; ce faisant, ils ignorent une défaite majeure du Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient, la bataille de la Route coloniale n°4, la RC 4, en octobre 1950. C’est à cette époque, toujours au Tonkin mais à proximité de la frontière qui sépare l’Indochine de la Chine, que va se dérouler une série de combats qui constitueront de fait le tournant de la guerre d’Indochine ; les répercussions immédiates en seront énormes et resteront irréversibles.

On pourra noter que le Viet Minh emploie les termes : « Bataille de Dong Khê » pour désigner les combats qui ont eu lieu sur la RC4 en octobre 1950. Les Français utilisent eux, les termes : « Désastre de Cao Bang » ou bien encore « Bataille de Cao Bang ». Les Français perçoivent ces événements comme une opération de retrait du poste de Cao bang qui aurait mal tourné. Pour le Vietminh, le plan était dès le départ, d’enlever Dong Khê, puis d’attaquer les colonnes de secours. La bataille de Dong Khê était donc la clé de voûte du plan du Vietminh. Le haut-commandement français n’a pas saisi l’importance de la chute de ce poste.

Serge Desbois pour clore son ouvrage de référence ; "L'Histoire de ces batailles de la guerre d'Indochine à l'issue souvent catastrophique, doit stigmatiser l'inconséquence des hommes politiques quand elle s'associe à l'impéritie des grands chefs de l'Armée".

Serge Desbois :

"Lors des événements de Cao Bang, en 1950, Serge Desbois est étudiant à Rennes. Il fait partie des Français que la guerre d’Indochine ne laisse pas indifférents. Plusieurs de ses camarades de lycée à Rennes abandonneront leurs études secondaires, avant l’obtention du baccalauréat, pour s’engager dans l’Armée, c’est-à-dire pour l’Indochine, et ne reviendront pas… Cent noms sont inscrits sur le monument aux morts de Rennes.
Depuis l’ouverture du Vietnam en 1990, le Docteur Serge Desbois a effectué six voyages, se spécialisant plus particulièrement dans l’histoire de la Route Coloniale N° 4. Les nombreux camarades qui ont visionné ses documentaires réalisés au cours de ses voyages l’ont incité à reprendre l’histoire de « l’affaire » de l’évacuation de Cao Bang.
Parmi les documents consultés au Service Historique de l’Armée, les messages échangés entre les différents protagonistes de cette bataille ne semblaient pas, à ce jour, avoir été exploités dans leur totalité. Leur analyse éclaire le déroulement des différents épisodes de ces combats où 5 000 soldats français disparurent…


Le Docteur Serge Desbois. 1930 - 2013. Docteur en médecine en 1958. Il effectue quatre séjours en Algérie où il sert successivement à la 13e demi-brigade de la Légion Étrangère, à l’hôpital de Laghouat et comme chef de l’antenne chirurgicale de Reggane.
Assistant de chirurgie du Val-de-Grâce en 1963, il est nommé chirurgien des hôpitaux en 1969 et occupe successivement les postes d’adjoint du service de chirurgie de Bühl (Baden-Baden), chef du service de chirurgie et de la maternité de Trèves puis chef du service de chirurgie de l’hôpital Ambroise Paré à Rennes.
En 1978, il est chirurgien-consultant de la 3e Région Militaire. De retour à la vie civile, en 1981, il poursuit une carrière dans la médecine d’expertise et de contrôle."

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Note Complémentaire : Serge Desbois (1930 – 2013) avait de bonnes raisons de se prendre de passion pour cette Indochine où tant de ses camarades médecins, à peine sortis de leurs écoles de formation, se sont donnés sans réserve au secours des soldats comme des populations civiles ; pendant les combats de la RC 4, les médecins des bataillons ont été placés dans des conditions inédites jusque-là.
Leur courage, leur détermination, leurs hautes qualités morales, tout autant que leur expérience de praticien ont reçu une juste reconnaissance : à l’Ecole du Service de Santé des Armées de Lyon-Bron, le 18 octobre 2003, les élèves-officiers de la Promotion 2002 ont choisi comme nom « Médecins de bataillon de la RC4 » ; sur les neuf médecins de la RC 4, deux ont été tués au combat, six ont été faits prisonniers –un d’eux décèdera en captivité-, un seul en échappera . Le parrain de la promotion était le médecin-colonel Pierre Pédoussaut qui lui remettra son fanion(source BCISSA : « Cet homme et soldat atypique est né en 1918. Il a vécu 17 années de guerre dont 2 ans de captivité en Allemagne et 3 ans au Tonkin. Premier médecin breveté parachutiste (brevet n° 10661 signé le 20 juin 1947 par le général Gilles, inspecteur des Troupes aéroportées), il a été le médecin-capitaine du 1er Bataillon étranger parachutiste (BEP). Comme tous ses camarades médecins, il aura un comportement extraordinaire pendant les combats de la RC4 en septembre et octobre 1950 puis en captivité[au camp n°1]. A l’époque de ces combats, il a eu ce propos adressé au capitaine Jeanpierre, commandant en second le BEP : « Je ne me mêle pas des combats, mais les combattants blessés m'appartiennent ». Avec son équipe d’infirmiers, il soignera les blessés au mépris du danger. Lui-même blessé, il est fait prisonnier le 7 octobre 1950. Il s'agissait du dernier survivant des médecins présents sur la RC4 »).
En 1991, la promotion de l’ESSA Lyon avait choisi comme nom « Médecins de Dien Bien Phu ».

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Pour que les combats de la RC 4 ne restent pas oubliés !


Sommaire :

1. Les données initiales
1.1 Le contexte politique et social  
1.2 La situation militaire en Indochine et au Tonkin
1.3 Le cadre de la bataille de la RC4
1.3.1 Les chefs
1.3.2 Les plans
1.3.3 Les moyens
1.3.4 Les capacités opérationnelles
2. Le déroulement de la bataille
2 1 Sur la RC4, les combats pour Dong Khê
2.1.1 La première chute et la reprise de Dong Khê
2.1.2 La perte de Dong Khê et l’échec de la tentative de reprise
2.2 Dans les calcaires et dans la jungle
2.3 Le sacrifice des colonnes de secours
2.4 L’effondrement de la Zone Frontière
3. Le bilan et conséquences
3.1 Le bilan humain
3.2 Les répercussions
3.2.1 Les aspects politiques
3.2.2 Les aspects militaires
4. Conclusion

 

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