Les Opérations (III)

Fuite des forces armées ukrainiennes de Bakhmout

L’armée ukrainienne continue de se retirer de Bakhmout. Notez au passage le nombre d’équipements ukrainiens détruits par les membres du groupe Wagner.

Frappes russes en Ukraine, un éclair de vérité au détour de l’émotionnel

Source : Le Courrier des Stratèges - par Philippe Migault - Le 09/03/2023.

Frappes russes en Ukraine, un éclair de vérité au détour de l’émotionnel, par Philippe Migault

La campagne de frappe « massive » conduite cette nuit par l’armée russe en Ukraine est une nouvelle occasion pour nos médias, de cultiver l’émotion en lieu et place de la réflexion. Cependant un fait est enfin reconnu : La Russie a toujours des missiles et ses usines n’ont jamais cessé d’en produire.

REUTERS/Stringer TPX IMAGES OF THE DAY

Maîtriser ses émotions, encore et toujours. C’est le b.a-ba de tout homme, soldat, Grand reporter, entrepreneur… faisant profession d’affronter des crises. Non seulement parce qu’on doit garder la tête froide pour prendre les bonnes décisions, mais aussi parce qu’il faut savoir communiquer ses ordres ou ses informations au plus juste, sans divulguer des données destinées à demeurer confidentielles compte tenu de leur sensibilité ou de l’effet contre-productif qu’elles pourraient avoir vis-à-vis de l’action engagée. Mais lorsqu’on choisit de ne couvrir des évènements que sous l’angle de l’émotionnel, il arrive nécessairement qu’on se laisse emporter. Et qu’on en dise trop.

C’est ce qui est arrivé ce matin sur RTL, lors du plateau d’Yves Calvi. Celui-ci interviewait Gallagher Fenwick, récent auteur d’un ouvrage, « Volodymir Zelensky, l’Ukraine dans le sang », dont le titre et le ton de l’auteur laissent à penser qu’il relève plus de l’hagiographie que d’une solide enquête sans complaisance, mais passons. Emblématique de ces journalistes formés au moule de l’audiovisuel public français, donc dédaigneux du principe de neutralité qui est censé être une des bases de la profession, le vibrionnant Fenwick a fustigé « le barrage de missiles » qui a frappé l’ensemble du territoire ukrainien la nuit dernière, accusant le Kremlin de viser sciemment les populations civiles dans le cadre d’une politique de terreur faute de pouvoir gagner la guerre.

Evidemment qu’elles n’ont jamais cessé de tourner !

Bien interrogé par Yves Calvi, le poussant à se montrer plus analytique, le sensible Fenwick a reconnu que ce n’était pas la première fois que de telles frappes survenaient et qu’il fallait en tirer les conclusions. Evoquant la vague de bombardements de la nuit dernière qui a mis en jeu plus de 80 missiles, il s’est interrogé sur le « stock dont la Russie dispose qu’on a énormément de mal à évoluer. On a régulièrement entendu qu’il était proche de son niveau d’étiage, donc finalement il y a peut-être plus de missiles dans les stocks et il y a peut-être une capacité à reconstruire ces missiles, à construire de nouvelles munitions qui peuvent être encore bien vive », a-t-il admis, reconnaissant que la pénurie de missiles russes que l’on évoque depuis un an n’était sans doute qu’un vaste bobard collectif. Relancé par Calvi, l’interrogeant sur les capacités de production des usines russes avec l’air volontairement interloqué du bon professionnel, Fenwick a répondu avec fièvre que les-dites usines n’avaient « évidemment jamais cessé » de produire des missiles. Bref que tout le story-telling médiatique décliné depuis un an sur l’incapacité de l’industrie de défense russe à produire des armes modernes en raison des sanctions occidentales est lui aussi mensonger.

Militant plus que journaliste -il verse les droits d’auteur de son livre au Mouvement interculturel France-Ukraine– Fenwick a donc donné raison à ceux qui contestaient la version communément admise et raté une bonne occasion de se taire. Encore a-t-il eu de la chance que Calvi ne se montre pas trop cruel. Car l’ensemble de son discours était marqué du sceau de l’incohérence. On peut ainsi se demander si Russes mènent réellement une « politique de terreur » visant les populations civiles, alors que le bilan de ces frappes, intégrant rappelons-le plus de 80 missiles, est de moins de dix morts suivant le dernier bilan… Mais sans doute est-il inconvenant de se livrer çà ce type de froide arithmétique.  Tout comme il est sans doute incongru de ne pas partager l’énième vague d’inquiétude autour de la centrale de Zaporojie.

Celle-ci, la plus puissante d’Europe est, rappelons-le, sous contrôle des forces armées russes depuis un an. Et alors que l’on s’indigne que le Kremlin l’ait utilisé pour y installer une base militaire parce que les Ukrainiens n’oseraient pas tirer dessus, on ne cesse par ailleurs de nous dire que les Russes la prennent pour cible, visant sciemment un de leurs meilleurs atouts sur le terrain. Non seulement l’absurdité de l’affirmation n’échappe à personne, mais le dernier incident survenu ne comporte aucun tir sur la centrale.

Certes celle-ci a été coupée du réseau électrique ukrainien et fonctionne depuis sur générateurs, pour la cinquième ou sixième fois depuis le début des affrontements. Mais la coupure a été occasionnée par une frappe survenue sur le réseau électrique ukrainien, détruisant des infrastructures, celles de Zaporojie n’ont aucunement été visées. Lorsque TF1 titre que l’Agence Internationale de l’Energie Atomique juge que l’on « joue avec le feu » à Zaporojie après une frappe russe sur la centrale, il s’agit donc au mieux d’une approximation, au pire d’une faute professionnelle du secrétariat de rédaction privilégiant l’alarmisme à l’exactitude pour mieux capter le lecteur…et les recettes publicitaires. L’émotion fait vendre. Les experts de plateaux l’ont parfaitement compris.

Pourquoi les Ukrainiens ont-ils décidé de résister à Bakhmout à tout prix ?

par Valentin Vasilescu - Le 09/03/2023.

Lors d’une réunion avec les commandants de l’armée ukrainienne, le président Zelensky a décidé que Bakhmout ne serait pas abandonné, quel que soit le nombre de pertes subies. Dire qu’il y a eu une discussion interne est juste une façon de parler, puisqu’il s’agit en fait d’un ordre qu’il a lui-même reçu de Washington.

Quelle est la teneur de cet ordre ?  

Selon les estimations de Prigogine-Wagner, 12 à 20 000 soldats ukrainiens se trouvent à Bakhmout, pris dans un encerclement tactique. La seule route permettant d’entrer et de sortir de la ville, non occupée par les Russes, est sous le feu d’un puissant groupe d’artillerie russe. Les positions d’artillerie russes ne peuvent pas être touchées par l’artillerie ukrainienne, car elles sont hors de portée. Les brigades ukrainiennes au nord et au sud de la ville contre-attaquent par vagues pour empêcher l’avancée des détachements d’assaut de Wagner.

Comment desserrer l’étau autour de la garnison ukrainienne de Bahmut ?

1. Par le sud, en apportant des renforts importants pour attaquer massivement les détachements d’assaut de Wagner. En pratique, c’est impossible, car les Ukrainiens n’ont pas de ligne de forêt pour se camoufler et se retrouvent directement sous le feu de l’artillerie russe.

2. Au nord, la situation est la même qu’au sud, mais elle est encore compliquée par l’existence de canaux d’irrigation et par les récentes inondations causées par l’explosion d’un barrage que les Ukrainiens avaient fait sauter. Cela empêche l’utilisation de blindés.

3. Une percée à 10 km au nord de Bakhmout, le long de la route Sloviansk-Krasna Hora, suivie d’un virage vers le sud et d’un encerclement des détachements d’assaut Wagner constituant le côté nord de l’actuel « chaudron » russe de Bakhmout. Il semble que ce soit la variante choisie.

Pour cette mission, l’armée ukrainienne disposait à l’avance, pour se réapprovisionner et se compléter, au nord et au nord-ouest de Bakhmout, d’une force offensive (sur la carte A,B,C,D,E) d’environ 30 000 hommes. Elle est composée de 10 brigades entraînées (2 de chars, 2 d’artillerie, 2 mécanisées, 1 aéroportée, etc.). On peut maintenant en déduire que la 20e division mécanisée de l’armée russe, déployée dans la région de Soledar-Krasna Hora, avait anticipé le mouvement ukrainien, conservé ses forces et, à cette fin, n’avait pas initié d’action offensive en soutien à Wagner.

Pourquoi les Américains ont-ils pris cette décision ?

Les Américains ont très bien évalué la situation. Le retrait de Bahmut aurait créé un grave problème pour l’ensemble de la défense ukrainienne dans le Donbass et même pour la guerre. En raison de la configuration du terrain, l’armée ukrainienne n’aurait pas pu créer une ligne de défense à l’ouest de Bakhmout et les Russes auraient avancé rapidement vers l’ouest mais aussi vers le sud.

Du sud de Bakhmout à la ville de Donetsk, les Ukrainiens ont créé une solide ligne fortifiée composée de trois segments : Toretsk, Avdiivka et Mariinka. Après Bakhmout, les Russes avaient devant eux un réseau de routes goudronnées sur lesquelles leurs chars pouvaient rouler à grande vitesse. L’avancée des Russes était facilitée par l’important centre de communications de Pokrovsk, qui est également le principal centre logistique des Ukrainiens. La conséquence aurait été l’encerclement du premier et probablement aussi du deuxième segment fortifié, Toretsk et Avdiivka, s’ajoutant au repli des Ukrainiens à l’ouest de Mariinka.

Valentin Vasilescu

traduction Avic – Réseau International

Voici pourquoi Bakhmut est en train de tomber

Source : The Saker francophone - par Moon of Alabama - Le 06/03/2023.


Il y a deux jours à peine, je signalais que Bakhmut était en train de tomber. Les soldats ukrainiens y sont dépassés en nombre dans un rapport de 1 à 10 et meurent sous les tirs d’artillerie sans avoir la possibilité de riposter. D’autres rapports en provenance du front sont arrivés depuis. Ils confirment mon point de vue alarmant.

L’agence de presse allemande pro-ukrainienne Bild a rapporté ce matin qu’il y avait des doutes au sein de la direction militaire ukrainienne :

 

Le président Volodymyr Zelensky et le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Valerii Zaluzhnyi ont des avis divergents sur la manière dont les militaires doivent gérer la situation à Bakhmut, selon des sources anonymes au sein de la direction politique ukrainienne citées dans un rapport de Bild.

Bild écrit que Zaluzhnyi avait opté pour un retrait tactique de Bakhmut il y a plusieurs semaines, inquiet pour le bien-être de ses troupes.

Le gouvernement ukrainien a déclaré à Bild que rester à Bakhmut était la bonne décision en raison des graves dommages que cela infligeait au personnel et au matériel militaires russes. Cependant, selon d’autres sources citées par la publication, la situation risque de devenir intenable.

« La grande majorité des soldats à Bakhmut ne comprennent pas pourquoi ils doivent tenir la ville« , a déclaré à Bild un analyste militaire ukrainien sous couvert d’anonymat.

Quelques heures seulement après la publication de cet article, le bureau de Zelensky publiait un communiqué de presse niant tout trouble de ce type (traduction automatique) :

Lundi, le président de l’Ukraine Volodymyr Zelenskyy a tenu une réunion régulière de l’état-major du commandant en chef suprême.

Les commandants des groupes de troupes opérationnelles et stratégiques ont rendu compte de la situation sur les principales lignes de front.

Les membres de l’état-major ont notamment examiné la situation à Bakhmut. En évaluant le déroulement de l’opération de défense, le Président a questionné le Commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeriy Zaluzhnyi, et le Commandant du groupement opérationnel et stratégique de troupes « Khortytsia », Oleksandr Syrskyi, sur les actions futures dans la direction de Bakhmut. Ils se sont prononcés en faveur de la poursuite de l’opération de défense et du renforcement de nos positions à Bakhmut.

Je ne crois pas que Zaluzhnyi et Sirskyi aient donné de tels conseils. La situation des Ukrainiens à Bakhmout (Ru : Artyomovsk) est désespérée et ils le savent certainement. Les pertes seraient moindres si les troupes se retiraient vers la prochaine ligne de défense située sur les hauteurs à l’ouest de Bakhmut.

Source : Live US Map – Agrandir

La situation actuelle est un désordre :

Source : Live US Map – Agrandir

Pour sortir de Bakhmut ou y acheminer du ravitaillement, il faut traverser un corridor de 10 kilomètres de long et de 6 kilomètres de large seulement, entièrement couvert par l’artillerie et les tirs terrestres russes. Les résultats des tentatives de franchissement de ce couloir peuvent être lus dans le rapport quotidien du ministère russe de la Défense :

Dans la direction de Donetsk, l’action active du groupe de forces « Yug » et l’opération d’artillerie ont permis d’éliminer jusqu’à 225 ukrainiens, cinq véhicules de combat d’infanterie, neuf véhicules de combat blindés, cinq pick-ups, quatre véhicules à moteur, un MLRS Uragan et un obusier D-30.

Un dépôt de munitions de la 55e brigade d’artillerie des forces armées ukrainiennes (FAU) et un radar de guerre anti-batterie AN/TPQ-37 de fabrication américaine ont été détruits respectivement près de Dachnoye et de Chasov Yar (République populaire de Donetsk).

La perte de 23 véhicules de transport en une journée, plus les personnes qui s’y trouvaient, est assez grave. Il a cessé de geler à Bakhmut et les champs sont maintenant trop boueux pour qu’on puisse y circuler. Voici une vidéo de quelques pickups qui ont essayé et ont été endommagés par des tirs d’artillerie. Toutes les routes de sortie sont sous le feu direct des Russes. La meilleure façon d’entrer ou de sortir est donc probablement une longue marche à travers les champs boueux.

Une autre carte de Bakhmut :

Source : Military Land – Agrandir

La carte ci-dessus date de deux jours. Elle indique la présence de 9 équivalents-brigade ukrainiennes dans la zone. Je ne sais pas si les informations sur les positions de ces unités sont fiables. La carte générale de la même source montre un total de 13 équivalents-brigades dans la même zone.

Source : Military Land – Agrandir

Une brigade complète compte environ 3 000 à 3 500 hommes. Il y a donc probablement 30 000 à 40 000 soldats ukrainiens impliqués. Cependant, toutes ces brigades ont subi des pertes. Certaines ont même subi des pertes extrêmes et ne sont plus qu’à 30% de leur taille initiale.

Dans le résumé de samedi, les auteurs de Military Land parlent de Bakhmut :

Un pont routier a explosé dans la colonie de Khromove, à l’ouest de Bakhmut. La seule route restante de/vers Bakhmut est à travers les champs et Ivanivske. (source)

Compte tenu de la situation dans la région de Bakhmut et des rapports sur le terrain, on peut supposer que les forces russes ont capturé le reste de la périphérie nord et la zone située au nord de l’usine de viande de Tavr.

La situation à Zabakhmutka (partie est de Bakhmut) est actuellement couverte par le brouillard de guerre. Il est possible que les défenseurs ukrainiens se soient retirés de la zone.

Voici une autre carte basée sur des sources russes.

Source : Rybar – Agrandir

Hier, le Kyiv Independent rapportait, depuis la ligne de front, la mauvaise situation des troupes ukrainiennes qui s’y battent :

Soldats ukrainiens à Bakhmut : « Nos troupes ne sont pas protégées« 

L’assaut incessant de la Russie sur Bakhmut sacrifie des vagues et des vagues d’hommes non préparés qui sont envoyés à la mort.

Mais de nombreux défenseurs de cette ville assiégée de l’Oblast de Donetsk ont le sentiment d’être dans la même situation, selon des entretiens avec plus d’une douzaine de soldats combattant actuellement à Bakhmut ou dans ses environs.

Lors de leurs brèves visites dans la ville voisine de Kostiantynivka, les fantassins ukrainiens ont raconté au Kyiv Independent que des bataillons mal préparés et mal entraînés étaient jetés dans le broyeur à viande qu’est la ligne de front pour survivre du mieux qu’ils pouvaient avec peu de soutien de la part des véhicules blindés, des mortiers, de l’artillerie, des drones et des informations tactiques.

« Nous ne recevons aucun soutien« , déclare un soldat nommé Serhiy, qui a combattu sur les lignes de front à Bakhmut, assis avec son ami, également nommé Serhiy, pour une conversation dans un petit café du marché de Kostiantynivka. Les deux hommes ont la quarantaine, mais l’un d’eux est un peu plus âgé que l’autre.

Les soldats manquent à peu près de tout ce qui pourrait soutenir leur défense :

Ils disent que l’artillerie, les véhicules de combat d’infanterie et les véhicules blindés de transport de troupes russes frappent les positions ukrainiennes pendant des heures ou des jours sans être arrêtés par les armes lourdes ukrainiennes. Certains se sont plaints d’une mauvaise coordination et d’une mauvaise connaissance de la situation, ce qui a permis que cela se produise ou l’a aggravé.

Les artilleurs ont parlé de l’extrême rareté des munitions et de la nécessité d’utiliser des armes datant de la Seconde Guerre mondiale. Les drones qui sont censés fournir des informations de reconnaissance essentielles sont également rares et disparaissent à un rythme très élevé dans certaines parties du champ de bataille.

Tout cela conduit à des pertes terrifiantes de morts et de blessés. « Le bataillon est arrivé à la mi-décembre… entre les différents pelotons, nous étions 500« , raconte Borys, un médecin de combat de l’oblast d’Odessa qui combat autour de Bakhmut. « Il y a un mois, nous n’étions littéralement plus que 150« .

« Quand vous allez sur la position, il n’y a même pas une chance sur deux que vous en sortiez (vivant)« , dit Serhiy, plus âgé. « C’est plutôt 30/70.« 

Les soldats décrivent l’opération russe comme une sortie de reconnaissance suivie de tirs d’artillerie. Cette opération est répétée encore et encore jusqu’à ce qu’elle ait atteint le résultat souhaité. L’application très raisonnable de cette tactique est la raison pour laquelle je ne tiens pas compte des affirmations de « vagues ou de chair à canon russe déferlant en avant » ou de « pertes russes élevées« . Ce sont manifestement des absurdités :

Le vieux Serhiy dit que l’ennemi aime envoyer une équipe de trois ou quatre fantassins non indispensables pour attaquer et obliger les Ukrainiens à s’exposer en leur tirant dessus. À ce moment-là, les forces d’élite se concentrent sur la position des défenseurs.

Une fois qu’elles commencent à échanger des coups de feu, les Ukrainiens sont frappés par des armes plus lourdes comme les mortiers et les roquettes russes des systèmes de lance-roquettes multiples Grad ou les véhicules de combat d’infanterie BMP et les véhicules blindés de transport de troupes BTR équipés de mitrailleuses.

« Ils repèrent les positions où nous sommes, établissent les coordonnées, puis ils nous frappent à sept ou neuf kilomètres de distance avec des mortiers« , ainsi que de plus près avec des lance-grenades, explique Serhiy, plus âgé. « Ils attendent que la maison tombe pour que nous devions sauter. Le bâtiment prend feu et ensuite ils essaient de nous achever. »

« Leurs oiseaux sortent et ils nous poursuivent à coup de tirs« , ajoute le plus jeune Serhiy, faisant référence aux drones russes, comme les quadcoptères et les Orlan-10 à aile fixe qui repèrent les armes lourdes éloignées. « Ils frappent avec précision« .

Alors que les Russes détruisent de plus en plus de bâtiments, les Ukrainiens perdent de plus en plus d’endroits où ils peuvent s’abriter de manière fiable. Borys, le médecin, raconte que des personnes ont été perdues lorsque leurs positions retranchées se sont effondrées sous le feu nourri des Russes, les étouffant.

« Je vais le dire comme ça, nous devrions faire sortir nos gens parce que si nous ne décollons pas, alors dans les prochaines semaines, ça va être mauvais« , dit Oleksandr. Un artilleur nommé Illia convient que Bakhmut est « pratiquement encerclé« .

Par manque de munitions, il n’y a pas de contre-artillerie ukrainienne. Les véhicules de combat d’infanterie sont retenus loin du front. Les brigades territoriales, peu entraînées, sont envoyées la nuit pour être tuées le lendemain matin :

De nombreux soldats affirment que les troupes de Bakhmut ont à peine le temps d’apprendre à tirer au fusil – parfois leur formation ne dure que deux semaines, avant qu’elles ne soient lâchées dans les zones les plus chaudes de la bataille actuelle la plus intense de la guerre. Ils auraient préféré que les troupes reçoivent un minimum de deux ou trois mois d’entraînement avant d’être déployées dans un tel point chaud.

« Deux semaines d’entraînement en direct et on les envoie ici. On ne peut pas faire ça« , dit le plus âgé des Serhiy. « Ou alors c’est une personne qui a déjà servi dans l’armée, il y a combien de temps ? Manifestement, ils ont tout oublié. »

« On nous avait promis qu’on ne nous enverrait pas tout de suite à la ligne zéro, qu’au début on nous enverrait en deuxième ou troisième ligne« , poursuit-il. « Et puis nous sommes arrivés ici au milieu de la nuit et ils nous ont immédiatement envoyés à Bakhmut« .

Selon les deux soldats nommés Serhiy, la plupart des brigades ne sont pas suffisamment entraînées et manquent d’expérience pour un environnement aussi brutal que Bakhmut. Les gens sont amenés de nuit dans un endroit qu’ils n’ont jamais vu auparavant et la bataille commence dès le matin.

« C’est pourquoi les positions sont abandonnées, les gens sont là pour la première fois« , dit le plus jeune Serhiy. « Je suis allé trois fois sur une position et on m’a donné six personnes qui n’avaient pas du tout combattu auparavant. Nous avons eu quelques morts et blessés qui ont dû être évacués… Notre peuple n’est pas protégé. »

Oleksandr confirme que si certains bataillons combattant à Bakhmut sont bien entraînés et prêts, la plupart ne le sont pas et beaucoup ont été amenés de nuit sans grande préparation. « Oui, c’est vrai, mon bataillon n’était pas préparé« , dit-il. Après cinq mois sans la moindre pause dans les combats, il ne reste plus que la moitié du bataillon d’Oleksandr, dit-il.

« Ils n’auraient pas dû se précipiter pour jeter tout le monde là-dedans« , dit le plus jeune Serhiy. « Il vaut mieux abandonner ces positions, qui s’en soucie ? Il vaut mieux former correctement les gens. »

Le journaliste de Kyiv Independent n’a pas demandé, ou n’a pas rapporté, quelle est l’opinion des soldats sur les discours d’encouragement et les slogans irréductibles de Zelensky.

Je ne pense pas qu’ils le remercieront pour les expériences qu’ils ont acquises. Ils s’en serviront plutôt pour expliquer leur dégoût à son égard.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

 

Repli ukrainien de Bakhmut au 5 mars 2023 : Quelles unités ?

Selon les rapports, les unités des forces armées ukrainiennes ayant subi les pertes les plus importantes ont reçu le feu vert pour se retirer d’Artemivsk (Bakhmut).

Selon Milchronicles, les unités des 24e et 63e brigades mécanisées, du 21e bataillon d’infanterie motorisée et de la 3e brigade ont reçu l’ordre de rassembler les armes et les munitions restantes afin d’être évacuées de la ville avec leur équipement léger, d’ici lundi (6 mars) et de commencer à se retirer par petits groupes de la taille d’une section à intervalles de 25 minutes.

Vraisemblablement, le matériel lourd et gravement endommagé de ces unités sera laissé sur place par crainte des frappes aériennes et de l’artillerie russes, tandis que les groupes importants (compagnies et bataillons) ne seront pas autorisés à partir.

Selon les rapports, les unités de la 93e brigade mécanisée qui n’ont pas été en contact seront laissées dans la ville, ainsi que les unités de la 241e brigade de défense territoriale, qui pourrait être renforcée par les unités restantes des 4e et 17e brigades blindées.

source : Milchronicles via Veille Stratégique

À confirmer, neutralisation des drones

Aviation Ukrainienne, questions-réponses avec un général

 

par Francis Goumain - Le 07/02/2023.

Quelques remarques et questions sur l’armée de l’air ukrainienne toujours en activité.

En préalable, il faut dire que les bilans de pertes donnés par les états-majors sont toujours majorés pour l’adversaire et minorés pour son propre camp. C’est une règle toujours vérifiée dans les conflits militaires. Pour avoir pu mesurer concrètement les écarts lorsque j’étais aux affaires dans les crises du Kosovo ou de la Bosnie, je peux affirmer que les occidentaux mentent bien davantage que leurs adversaires.

Ainsi par exemple, dans les bombardements du Kosovo, l’OTAN déclarait 800 matériels majeurs serbes détruits et 20 avions, la réalité (constatée aux comptages post conflit) était de 30 matériels majeurs détruits et de zéro avion détruit.

Lorsqu’on parle de pertes, il faut toujours estimer la plausibilité des pertes annoncées et se rappeler que c’est le feu qui tue lorsqu’il est appliqué aux forces de l’adversaire.

Aujourd’hui, la supériorité du feu est russe. Il y a consensus dans les deux camps pour admettre que la supériorité est de l’ordre d’au moins 8 pour 1 en faveur des Russes (Artillerie, missiles de croisière, feu d’appui air-sol, feu de protection sol-air).

Parce qu’elle a la supériorité aérienne et la supériorité dans la guerre des drones (qui permettent d’affiner la précision des feux d’artillerie), il est très plausible que les pertes humaines et matérielles soient au moins dans un rapport de 1 pour 8 en faveur des Russes. Les pertes sont proportionnelles aux FEUX.

En clair, les chiffres pour les pertes humaines devraient être autour de 150 000 tués et disparus chez les Ukrainiens pour un peu moins de 20 000 Russes. Pour les blessés, dont une partie pourra reprendre le combat, il faut multiplier par trois.

Passons maintenant aux réponses question par question

1. Le 11 mai 2022, je passais cet article sur RI montrant que d’après le Mindef russe, 162 avions avaient été abattus.

Or, 160, c’était grosso modo la dotation estimée des avions disponibles de l’armée de l’air ukrainienne au début de la guerre.

Gén. : Le chiffre que vous avez donné le 11 mai dans votre article me paraît fort plausible, et en tout cas peu éloigné de la réalité. En effet, les premières frappes russes ont été appliquées sur les bases aériennes militaires. Elle visait à s’emparer d’emblée de la supériorité aérienne. Rien de surprenant à ce qu’une partie très importante de la flotte aérienne ukrainienne ait été clouée, voire détruite au sol en moins de trois mois.

D’autant que lorsqu’on parle d’avions détruits on ne les énumère pas par type d’aéronef (avions de chasse, bombardier, avions de transport, avions d’entraînement.

Par ailleurs, il faut se méfier des chiffres de dotation annoncés. Ils varient énormément selon les bases de données et selon ce qu’on inclut dans ces bases.

Par exemple selon le document suivant : 

https://atlasocio.com/classements/defense/equipements/classement-etats-par-forces-aeriennes-monde.php l’armée de l’air française aurait 1055 avions. Ce chiffre est archi faux. Il donne une très mauvaise idée de la réalité.

La réalité 2022 est la suivante : 200 avions de combat, 90 avions de transport, 30 avions de surveillance, de liaison, de renseignement et de contrôle, 77 avions de formation des pilotes. Soit 400 avions au total avec une disponibilité technique opérationnelle (DTO)de 50%. Soit 200 avions disponibles à un instant T (dont 100 avions de combat seulement).

On peut y rajouter les 40 rafales de la Marine Nationale, soit 20 disponibles à un instant T avec une DTO de 50%.

2. Comment se fait-il que ce même Mindef russe, annonce aujourd’hui un compteur cumulé de 382 avions détruits – plus du double de la dotation initiale ?

Gén. : Ce chiffre me paraît plausible. En effet, tous les ex-pays de l’Est (Bulgarie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Roumanie, Pays Baltes ont cédé très vite et discrètement leurs vieux appareils soviétiques à l’Ukraine pour les remplacer par des appareils US neufs.

La totalité des appareils cédés à l’Ukraine représente plus que la dotation initiale de l’Ukraine. Cette nouvelle armée de l’Air Ukrainienne s’est faite détruire entre mai 2022 et Février 2023, d’où le chiffre de 382.

On ne voit d’ailleurs quasiment plus d’avions militaires ukrainiens dans le ciel de l’Ukraine.

3. Rappel, l’Ukraine ne produit pas d’avion, un appareil écrasé ne peut pas être réparé, il n’y a eu aucune livraison d’avions occidentaux jusqu’ici.

Gén. : C’est faux ! S’il n’y a pas eu de livraison d’avions de conception occidentale moderne, il y a eu transfert discret des matériels de type soviétique ancien en provenance des ex-pays de l’Est déjà cité. C’est vrai des avions et c’est vrai pour les blindés. Un coup de peinture et l’avion ou le char polonais ou tchèque devient ukrainien.

4. Il peut y avoir eu récupération d’avions soviétiques dans l’ancien pacte de Varsovie ou dans des pays d’Afrique, d’Amérique du Sud ou en Asie, mais, à part la Pologne, je n’ai pas entendu parler de tels transferts, par exemple, ni l’Algérie, la Syrie ou le Venezuela, pro-russes, n’accepteraient un tel transfert.

Gén. : C’est exactement ce qui s’est passé discrètement avec la Roumanie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Bulgarie, les pays Baltes. Bien évidemment, ces pays l’ont fait sur pression des USA, mais ne s’en sont pas vantés par crainte de représailles russes. Ce n’est pas parce qu’on n’en a pas entendu parler que ça ne s’est pas produit…

5. Ceci pose clairement la question de la crédibilité des chiffres du Mindef, le cumul des pertes annoncées est maintenant au niveau de ce qui est en dotation dans tout l’OTAN, USA compris : 1000 LRM, 8000 chars, 4000 canons et mortiers pour prendre les exemples les plus frappants.

Gén. : Ces chiffres ne me choquent pas outre mesure, sans doute sont-ils exagérés, mais sans plus. « Au total, 382 avions de guerre ukrainiens, 206 hélicoptères, 3021 drones, 403 systèmes de missiles sol-air, 7737 chars et autres véhicules de combat blindés, 1007 lance-roquettes multiples, 3996 canons d’artillerie de campagne et mortiers et 8 262 véhicules militaires spéciaux à moteur ont été retirés depuis le début de l’opération militaire spéciale en Ukraine »Il ne faut pas faire dire à ces chiffres ce qu’ils ne disent pas. À aucun moment on ne parle de 8000 Chars. On parle de 7737 Chars et véhicules blindés (qui peuvent être à chenille ou à roue, évidemment. En clair, tous les véhicules de transport de troupes, blindés (de type VTT, VAB, auto-mitrailleuses).

Il ne faut surtout pas prendre le MINDEF Russe pour un imbécile. Il ne publierait pas des chiffres stupides qui seraient immédiatement contestés par l’Occident.

Le Mindef Russe sait qu’il est ou sera opposé à l’ensemble des matériels anciens du pacte de Varsovie stocké depuis des années dans les pays ex-membres, passés à l’OTAN et qui viennent renforcer discrètement l’Armée ukrainienne.

6. Ces pertes annoncées ne se traduisent jamais par des avancées significatives sur le terrain, ce qui n’arrange pas leur crédibilité.

Gén. : La Russie prend son temps pour hacher menu les forces armées ukrainiennes et détruire, jour après jour, les matériels et mercenaires envoyés par l’Occident à dose homéopathique. S’agissant de crédibilité, seul le résultat final fera foi. Lorsque Napoléon ou Von Paulus sont entrés en Russie, la croyance en une victoire Russe n’était pas très élevée et pourtant …

Le temps joue aujourd’hui en faveur de la Russie dans le volet économique du bras de fer mondial, si l’on en croit les données du FMI du 31 janvier 2023 et un rapport de la Rand Corporation qui met en garde les USA contre une guerre longue qui porterait sérieusement atteinte à l’économie US.

Si l’on observe les réactions mondiales, hors pays de l’OTAN, la crédibilité de la Russie a toujours le vent en poupe. L’Afrique nous chasse désormais pour se donner à la Russie. Le monde émergeant refuse de nous suivre malgré les pressions et les menaces. Aujourd’hui, c’est la crédibilité de l’OTAN qui semble mise à mal.

7. Pour en revenir à l’armée de l’air ukrainienne, autre mystère, quel est l’intérêt pour elle de faire voler les appareils dont elle dispose ? Je pense qu’ils sont systématiquement abattus par l’aviation russe, Su57 et Su35 qui patrouillent avec des missiles air – air qui touchent à 300 km, de plus, le système défensif antiaérien des Russes est impressionnant, à la fois en qualité, en quantité, et pas son organisation en couches.

Gén. : La stratégie et la tactique ukrainiennes ont des aspects suicidaires difficiles à comprendre et donc à expliquer même pour un spécialiste.

8. D’autant que pour leur part, les Russes ont l’air de craindre le reliquat de défense aérienne des Ukrainiens, leur aviation d’attaque au sol ne se montre pas beaucoup, de temps à autre, on a droit à une vidéo avec deux malheureux SU25 qui lâchent trois flèches et qui décrochent dans un nuage de leurres thermiques, ce n’est vraiment pas impressionnant. Idem pour les hélicoptères Ka 52, travaillant en mixte avec les Mi28 (ce dernier portant le radar de détection et de désignation, semble-t-il) ; les Ka52 sont même tellement prudents, qu’ils cabrent leur appareil à 40° pour augmenter la portée de leurs roquettes et éviter de rentrer dans la zone de défense.

Gén. : Les Russes semblent vraiment travailler à l’économie selon le vieux principe : L’Artillerie conquiert, l’Infanterie occupe. Ils veulent minimiser leurs pertes et maximiser celle de l’adversaire. Ils feront probablement une offensive plus spectaculaire dans les jours qui viennent pour rassurer leur population, mais ils s’arrêteront probablement de nouveau pour ne pas conclure cette année. Ils laisseront l’Occident s’affaiblir en s’empêtrant dans les sanctions boomerang.

Lorsqu’ils voudront terminer l’affaire, ils le feront en mobilisant les personnels et les matériels nécessaires. Ils ont encore d’immenses réserves qui n’ont pas été engagées.

Entretien par mail du 5 février 2023

Francis Goumain

Les pertes de l’Ukraine et de la Russie selon le Mossad

Source : The Saker francophone.


Le 25 janvier 2023 − Source Hurseda

Alors que la première année de la guerre Russie-Ukraine approche, les pertes de guerre prétendument annoncées par les services de renseignement israéliens révèlent les terribles dimensions de la guerre.

 

Selon la revendication, les données de terrain du 14 janvier 2023 basées sur les renseignements israéliens sont énumérées comme suit :

Russie

418 000 soldats (plus 3 500 000 réservistes) et un nombre croissant de mercenaires Wagner.

Ukraine

734 000 soldats (plus 100 000 réservistes) et des officiers, soldats et mercenaires de l’OTAN sur le terrain

  Russie Ukraine Ratio
Avions 23 302 13
Hélicoptères 56 212 4
Drones 200 2 750 14
Chars et véhicules blindés 889 6 320 7
Howitzer (systèmes d’artillerie) 427 7 360 17
Systèmes de défense aérienne 12 497 41
Morts 18 480 157 000 8,5
Blessés 44 500 234 000 5,25
Captifs 323 17 230 53
Morts – Instructeurs militaires de l’OTAN (États-Unis et Royaume-Uni)   234  
Morts – soldats de l’OTAN (Allemagne, Pologne, Lituanie, …)   2 458  
Mercenaires Occidentaux   5 360  

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

Notes du Saker Francophone

Ces chiffres sont à prendre avec des pincettes mais semblent vraisemblables. A noter que les russes avaient communiqués sur des pertes russes de 5 à 6000 en août mais cela ne comptait sans doute pas celles de la LNR/DNR ou de Wagner. Depuis les 2 entités ont fusionné.

  • C’est une boucherie entre slaves, si on met de côté le personnel OTAN et les mercenaires non slaves, pilotée de l’extérieur notamment de Washington.
  • Le nombre de morts et de blessés ukrainiens est sans doutes très sous-estimés car ils laissent les morts sur place et ce sont même les russes qui s’occupent de les enterrer et les blessés ne sont sans doute pas tous comptabilisés pour ne pas effrayer la population.
  • Idem pour les mercenaires occidentaux, beaucoup sont sans doute « oubliés » et non réclamés.
  • Le ratio morts est supérieur au ratio blessés sans doute car la logistique médicale est bien meilleure côté russe, notamment les poches de sang.
  • Il est fort probable que sur les pertes de blindés et systèmes d’armement, les russes récupèrent de nombreux matériels y compris ukrainiens pour les retaper car leurs usines sont protégées des bombardements.
  • Et toutes les pertes ne se valent pas. Quid des soldats d’actives bien formés par rapport à des réservistes ou des appelés ?

 

Evolution de la situation militaire dans le Donbass pour les prochains jours

 

par Valentin Vasilescu - Le 05/02/2023.

Des sources ukrainiennes ont présenté une carte de la situation militaire future la plus probable. La logique du déploiement de grandes unités ukrainiennes à partir du front de Bahmut indique qu’il n’y aura pas de retrait désorganisé. Sur la carte, les Ukrainiens ont établi un plan pour défendre le Donbass selon deux autres axes.

Ce que l’on prévoyait, et j’en ai parlé, c’est que les Ukrainiens s’attendent à ce que les Russes réorientent l’attaque principale de Bahmut vers Soledar. Ainsi, à Bahmut, la résistance ukrainienne s’est affaiblie. On comprend maintenant l’importance de la conquête de la tête de pont de Soledar par Wagner. À l’ouest de Soledar, les Ukrainiens ont été contraints de déplacer 13 brigades, dont 2 brigades d’artillerie et 2 brigades de chars, et seulement 2 brigades de réservistes territoriaux, soit un total de 30 000 hommes. Fondamentalement, ce sont les troupes les plus expérimentées au combat et les plus lourdement armées qui ont été redéployées.

Afin d’éviter de tomber dans l’encerclement russe, les 4 brigades ukrainiennes avec 8 000 hommes autour de Siversk devront se déplacer vers l’ouest jusqu’à Sloviansk. L’armée ukrainienne crée ainsi une première ligne de défense, délimitée par les localités de Kriva Luka-Nikiforievka-Chasiv Yar. Au nord de Siversk, les offensives ukrainiennes sur Kreminna se sont soldées par des échecs. Maintenant, les Russes ont pris l’initiative et avancent vers Liman. 5 grandes unités ukrainiennes et 2 bataillons indépendants, avec 12 000 soldats qui assiégeaient Kreminna, sont maintenant bloqués sur la rive nord de la rivière Severodonetsk. S’ils ne sont pas retirés d’urgence à Sloviansk, ils seront encerclés par les Russes.

Contrairement à la région de Bahmut, fortifiée depuis 8 ans, la nouvelle ligne de défense ukrainienne Kriva Luka-Nikiforievka-Chasiv Yar est en terrain ouvert, sans hauteurs dominantes permettant d’observer l’ennemi. De ce fait, les Ukrainiens préparent actuellement une 2e ligne de défense Starii Karavan-Sloviansk-Kramatorsk. Les Ukrainiens espèrent maintenir cette ligne de défense jusqu’en avril, date à laquelle ils commenceront à recevoir l’afflux massif de chars, d’obusiers et de matériel de combat d’infanterie promis par l’Occident.

Valentin Vasilescu

traduction Avic – Réseau International

Ukraine - SitRep. Pourparlers entre les États-Unis et la Russie, retraite de Bakhmut, chiffres de pertes ridicules


Par Moon of Alabama – Le 3 février 2023

Le journal suisse Neue Zürcher Zeitung a publié aujourd’hui un article (en allemand) qui affirme que le patron de la CIA, William Burns, a offert 20 % de l’Ukraine à la Russie en échange de la paix en Ukraine.

Comme le résume Newsweek :

La NZZ a rapporté jeudi, citant des politiciens allemands de haut rang, qu’à la mi-janvier, Burns a présenté à Kiev et à Moscou un plan de paix qui mettrait fin à cette guerre qui a commencé lorsque Poutine a envahi l’Ukraine le 24 février 2022.

Selon le journal, la proposition offrait « environ 20 % du territoire de l’Ukraine« , soit à peu près la taille de la région orientale du Donbass.

 

Le porte-parole du Kremlin, Dimitry Peskov, la Maison-Blanche et la CIA ont nié cette histoire :

Un responsable de la CIA a déclaré à Newsweek que les affirmations du rapport de la NZZ selon lesquelles Burns aurait effectué un voyage secret à Moscou en janvier et qu’une proposition de paix aurait été présentée par le directeur au nom de la Maison Blanche étaient « complètement fausses« .

Le mois dernier, Burns a fait un voyage secret à Kiev pour rencontrer et informer le président ukrainien Volodymyr Zelensky, selon le Washington Post.

Le Neue Züricher affirme qu’aussi bien Kiev que Moscou ont rejeté le plan américain.

Le fait que tout le monde nie que cela se soit produit signifie que les affirmations du Züricher sont probablement vraies.

Nous savons que des discussions entre Washington et Kiev sont en cours.

Le 30 janvier, le secrétaire d’État Anthony Blinken était en Égypte et a rencontré son ministre des Affaires étrangères Sameh Shoukry. Le lendemain, Shourky s’envolait pour la Russie et rencontrait son ministre des Affaires étrangères, Sergei Lavrov. Les médias égyptiens ont rapporté que Shoukry était porteur d’une lettre de Blinken :

Le média d’État égyptien Al-Ahram a rapporté que Shoukry a remis à Lavrov un message de Blinken. Le message semble faire référence à un appel à l’arrêt de l’offensive russe en Ukraine.

« La Russie devrait arrêter ces actions afin que les négociations aboutissent« , tel était le message, selon Al-Ahram.

Un porte-parole du département d’État a déclaré à Al-Monitor que M. Blinken avait un message cohérent disant que la Russie devrait arrêter la guerre en Ukraine et retirer ses forces du pays pour le bien de la paix. Le message qu’il a transmis à Shoukry n’en diffère pas, selon le porte-parole.

Lavrov a qualifié la proposition d' »incomplète« . Lavrov a également salué l’approche « équilibrée » de l’Égypte concernant la guerre en Ukraine. Lavrov a en outre déclaré que la Russie continuerait à s’engager avec l’Égypte sur la question de l’Ukraine, a rapporté Al-Ahram, citant la conférence de presse.

« Nous resterons en contact. Et je suis convaincu que cela sera dans l’intérêt de l’amitié entre les deux pays« , a déclaré M. Lavrov.

En résumé : La Russie a accepté le rôle d’intermédiaire de Shourkry dans les négociations mais souhaite une meilleure offre de la part de Washington.

Nous verrons ce qu’il en ressortira.

Les États-Unis savent que l’armée ukrainienne n’est pas en mesure de tenir la ligne de défense actuelle à l’est du pays. Ils craignent que cette dernière ne s’enfuie lorsque la ligne sera percée.

L’Ukraine a déjà retiré plusieurs brigades de la ligne Bakhmut/Artyomovsk pour boucher les trous dans d’autres lignes de défense (Ugledar, Kremmina). Le 17 janvier, en utilisant la carte de déploiement de Military Landj’avais compté 27 équivalents de brigades ukrainiennes dans cette zone. La carte ne montre plus que 18 équivalents-brigades ukrainiennes sur la ligne Soledar-Bakhmut.

17 janvier – 27 équivalents-brigades ukrainiennes

—-

3 février – 18 équivalents-brigades ukrainiennes

L’Ukraine va bientôt abandonner la ville.

Le nombre de morts ukrainiens dans la ville doit être extrêmement élevé :

[Mykola] Bielieskov, [chargé de recherche à l’Institut national ukrainien d’études stratégiques,] Bielieskov a déclaré que l’Ukraine compense son manque d’équipement lourd par des personnes prêtes à tenir jusqu’au bout.

« Légèrement armés, sans soutien d’artillerie suffisant, qu’on ne peut pas toujours leur fournir, ils se tiennent debout et repoussent les attaques aussi longtemps que possible« , a-t-il déclaré.

Le résultat est que la bataille aurait entraîné d’horribles pertes de troupes tant pour l’Ukraine que pour la Russie. On ne sait pas exactement à quel point : Aucune des deux parties ne le dit.

Le long de la ligne de front du côté ukrainien, des unités médicales d’urgence fournissent des soins urgents aux blessés du champ de bataille. De 50 à 170 soldats ukrainiens blessés passent chaque jour par un seul des nombreux points de stabilisation le long de la ligne de front de Donetsk, selon Tetiana Ivanchenko, qui s’est portée volontaire dans l’est de l’Ukraine depuis qu’un conflit séparatiste soutenu par la Russie y a débuté en 2014.

La Russie a augmenté l’intensité des combats :

Les barrages d’artillerie russes sont passés d’une moyenne d’environ 60 par jour il y a quatre semaines à plus de 90 par jour la semaine dernière. En une seule journée, 111 sites ukrainiens ont été visés.

Mardi, les forces russes ont frappé 197 fois les positions ukrainiennes à Bakhmut avec de l’artillerie à courte portée, et les deux parties se sont affrontées quelque 42 fois, a déclaré l’armée ukrainienne, soit beaucoup plus qu’il y a un mois. Les forces ukrainiennes ont repoussé les soldats russes, attaquant leurs lignes à maintes reprises, selon l’armée.

Ce qui précède confirme les chiffres d’engagement d’artillerie donnés dans les rapports quotidiens du ministère russe de la Défense. Il confirme également que la Russie ne manque pas de munitions d’artillerie.

Mais malgré cela, le New York Times avance à nouveau des affirmations peu crédibles sur le nombre élevé de victimes russes :

Le nombre de soldats russes tués et blessés en Ukraine approche les 200 000, un symbole frappant de l’échec de l’invasion du président Vladimir V. Poutine, selon des responsables américains et occidentaux.

Bien que les responsables avertissent que les pertes sont notoirement difficiles à estimer, en particulier parce que Moscou sous-estime régulièrement le nombre de ses morts et blessés de guerre, ils affirment que le massacre des combats dans et autour de la ville de Bakhmut et de la ville de Soledar, dans l’est de l’Ukraine, a fait grimper un bilan déjà lourd.

Moscou cherchant désespérément à remporter une victoire majeure sur le champ de bataille et considérant Bakhmut comme la clé pour s’emparer de toute la région orientale du Donbass, l’armée russe a envoyé des recrues mal entraînées et d’anciens détenus sur les lignes de front, directement sur le trajet des bombardements et des mitrailleuses ukrainiennes. Le résultat, selon les responsables américains, est que des centaines de soldats sont tués ou blessés chaque jour.

Les chiffres des pertes de l’Ukraine sont également difficiles à établir, étant donné la réticence de Kiev à divulguer ses propres pertes en temps de guerre. Mais à Bakhmut, des centaines de troupes ukrainiennes sont également blessées et tuées, tous les jours, selon des responsables. Les formations d’infanterie mieux entraînées sont gardées en réserve pour les protéger, tandis que les troupes moins préparées, comme celles des unités de défense territoriale, sont maintenues en première ligne et supportent le poids des bombardements.

Le 22 janvier, à la télévision norvégienne, le général Eirik Kristoffersen, chef de la défense norvégienne, a déclaré que, selon les estimations, la Russie avait subi 180 000 morts et blessés, tandis que l’Ukraine comptait 100 000 morts ou blessés au combat, ainsi que 30 000 morts civils.

Je trouve ces allégations de pertes russes élevées risibles, car nous savons que l’artillerie russe tire plusieurs fois plus d’obus par jour que l’armée ukrainienne ne peut en fournir. L’artillerie est le grand tueur dans cette guerre.

Des « experts » amateurs affirment souvent que le défenseur a l’avantage dans la guerre urbaine et qu’il a moins de pertes que l’attaquant. Ces deux affirmations sont tout simplement fausses :

L’idée que le terrain urbain favorise le défenseur, une affirmation courante chez les exceptionnalistes urbains d’aujourd’hui, est incorrecte.  Dans les années 1980, la Defence Evaluation and Research Agency (DERA) du Royaume-Uni a montré que le terrain urbain n’est pas le paradis des défenseurs. Le contraire est plutôt vrai. Les attaquants gagnent presque toujours et, dans presque tous les cas pour lesquels des données détaillées sont disponibles, les défenseurs subissent des pertes élevées.

Notamment, le facteur décisif dans les opérations urbaines est un bon entraînement et des feux d’appui de véhicules blindés. En comparant l’analyse historique avec les essais de la Brigade de Berlin, d’autres recherches ont confirmé que les opérations urbaines se terminaient généralement, mais pas toujours, mal pour le défenseur, pour des raisons très faciles à comprendre. Les défenses urbaines habiles sont rares et nécessitent des contre-attaques planifiées à l’avance et soutenues par des blindés. Les travaux de Christopher Lawrence, qui a confirmé les conclusions de la DERA, ont apporté d’autres preuves.

Même une analyse superficielle des données communément disponibles tend à confirmer ce qui précède. Par exemple, la bataille de Marawi a donné lieu à 150 jours de combats au cours desquels les défenseurs ont subi des pertes catastrophiques, avec un taux de pertes en vies humaines de 6,52 par jour, contre 1,12 pour l’attaquant. Fallujah 2004 a été combattu pendant 50 jours et a vu l’attaquant américain subir 112 KIA à un taux de 2,24 par jour tandis que le défenseur a subi un taux de perte estimé à 40 KIA par jour. L’opération Bordure protectrice en 2014 a connu 49 jours de combat, et les FDI ont perdu 67 KIA, donc un taux de pertes supérieur à celui de Marawi à 1,3 KIA par jour, mais seulement très marginalement.

La lutte pour Bakhmut est beaucoup plus intense que les batailles mentionnées ci-dessus.

Les forces russes attaquent des conglomérats urbains tout en ayant une supériorité absolue en matière d’artillerie et beaucoup de munitions et de blindages. L’armée ukrainienne défend les villes principalement avec des brigades territoriales pédestres, peu entraînées, tout en gardant ses unités régulières mieux entraînées et équipées en renfort. Il y a également un manque cruel de soutien blindé du côté ukrainien.

Mais l’histoire et la science militaires nous apprennent que le défenseur subit généralement plusieurs fois plus de pertes que l’attaquant. Nous savons également qu’un bon entraînement et un soutien blindé sont essentiels pour la défense. Les forces ukrainiennes à Bakhmut n’ont ni l’un ni l’autre.

Il y a dix jours, le très bien informé colonel (retraité) Doug Macgregor a chiffré (vidéo) le nombre de morts du côté ukrainien à 122 000, plus 35 000 manquant au combat (présumés morts). Le nombre de Russes morts (y compris les forces Wagner et la milice du Donbass) est de 16 000 à 25 000, avec 20 à 40 000 blessés supplémentaires. Les chiffres ont depuis augmenté, les Ukrainiens étant plusieurs fois plus nombreux que les Russes.

Malgré cela, nous devrions croire que la Russie perd beaucoup plus d’hommes que l’Ukraine ? Pourquoi être aussi stupide ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

L’héroïsme des soldats ukrainiens, tant vanté sur les plateaux télé, et la réalité sur le terrain

 

par Valentin Vasilescu - Le 04/02/2023.

Sur les plateaux de télévision, les généraux ne cessent de louer l’héroïsme des militaires ukrainiens. Selon eux, ils se battent bien mieux que les Russes. Est-ce vraiment le cas ? Ils ne connaissent manifestement pas la géographie militaire.

Carte 1. ugledar ouest

Nous prenons d’abord la ville d’Ugledar assaillie depuis une semaine par les Russes. Nous voyons qu’à l’ouest d’Ugledar, il y a une route où le flanc de la ville peut être enveloppé. Mais la route et le champ ouvert devant les positions russes sont contrôlés par des batteries d’artillerie et des unités mécanisées ukrainiennes placées depuis les collines d’une altitude de 221m et 238m (carte 1). Aucun enveloppement à travers l’est de l’Ugledar ne peut être réalisé, grâce à 5 collines de plus de 200 m de hauteur, où les Ukrainiens ont commandé le même type d’unités militaires (carte 2).

Carte 2. ugledar est

Nous passons au nord d’Ugledar et trouvons la ville d’Adiivka, longtemps assiégée par les Russes. Au nord d’Ugledar, nous trouvons la ville d’Adiivka, longtemps assiégée par les Russes. La ville est surplombée par 3 collines hautes de 243m, 232m et 244m, et sur lesquelles sont déployés des pièces d’artillerie et des blindés avec des armes d’infanterie lourde. En outre, des fortifications difficiles à percer par l’armée russe ont été aménagées au cours des 8 dernières années (carte 3).

Carte 3. adiivka

Valentin Vasilescu

traduction Avic – Réseau International

Des corps décapités découverts par Wagner à Bakhmout. Les soldats ukrainiens à court de munitions.

 

par Al Manar - Le 31/01/2023.

« Des unités de Wagner ont découvert des corps avec les têtes et les mains coupées », à Bakhmout (Artemovsk/Artiomovsk), a annoncé le fondateur de la PMC, Evgueni Prigojine. « On a tenté de cacher leur identité dans l’urgence », explique-t-il.

« Mais des téléphones et d’autres informations ont été trouvés indiquant que ces corps sont ceux de mercenaires que l’ennemi n’a pas pu retirer à temps du chaudron », a ajouté Prigojine.

Après la prise de Soledar, les forces spéciales tchétchènes Akhmat et le 2e corps d’armée de la milice populaire de Lougansk, ont déclaré la semaine dernière que l’armée russe terminait l’encerclement opérationnel de Bakhmout.

Les forces ukrainiennes à court de munitions

Selon RT, des unités de l’armée ukrainienne dans la région d’Artiomovsk sont contraintes de limiter l’utilisation des canons automoteurs lourds Pion en raison d’un manque de munitions explosives de calibre 203 mm. La pénurie la plus grave d’obus de gros calibre se fait sentir dans la 43e brigade d’artillerie des forces armées ukrainiennes. Après la perte de Soledar, cette formation a été affectée à la zone de Novomarkovo.

L’économie de munitions pour les obusiers lourds des forces armées ukrainiennes a commencé après la destruction d’un dépôt de munitions dans la région de Tchassov Yar en novembre 2022. Il a été détruit par le système de lance-roquettes multiples Smerch, que l’armée ukrainienne n’a pas encore été en mesure de reconstituer.

En raison de la pénurie de munitions hautement explosives de 203 mm, les forces armées ukrainiennes sont obligées de tirer avec les canons Pion des obus perforants 53-G-620Sh.

Les obus de ce type sont très efficaces contre les cibles enterrées et protégées, mais sont pratiquement inutiles contre l’infanterie et pour le combat de contre-batterie. Au contact de la surface, un tel projectile n’explose pas immédiatement, mais pénètre profondément dans le sol, sans causer de dommages aux troupes « au sol ».

De plus, ces munitions, produites pour l’armée soviétique il y a plus de 60 ans, arrivent au front dans un état proche de la date de péremption et ne peuvent être utilisées en toute sécurité. En raison d’un mauvais stockage et de la violation des règles de transport, des obus perforants ont explosé plusieurs fois directement sur les positions de la 43e.

Des mitrailleuses MG-42

Lors de l’assaut lancé par Wagner contre la localité de Klecheïevka, située au sud-ouest de la ville de Bakhmout (Artiomovsk), des membres de Wagner ont retrouvé de nombreuses munitions et armes de fabrication étrangère sur des positions abandonnées par des nationalistes ukrainiens. Ils ont notamment constaté que de plus en plus souvent, les forces ukrainiennes utilisent des mitrailleuses MG-42 au lieu de celles de fabrication russe ou soviétique qui avaient été largement utilisées par l’infanterie de la Wehrmacht pendant la deuxième moitié de la Seconde Guerre mondiale.

source : Al Manar

L’armée russe est également passée à l’offensive sur le front sud du Donbass

 

par Valentin Vasilescu - Le 25/01/2023.

Le succès obtenu par l’armée russe sur le front nord du Donbass à Bakhmut a forcé l’armée ukrainienne à amener des forces d’autres fronts dans cette région. Profitant de la situation difficile des Ukrainiens, les Russes sont passés à des actions offensives plus petites, sur 5 directions tactiques depuis le front au sud du Donbass, afin de consolider leurs positions. Toutes ces directions visent à perturber les voies de communication que détient l’armée ukrainienne (Carte 1).

carte 1Donbas sud

Avdiivka est une ville située dans la banlieue nord-ouest de Donetsk. Les Russes ont tenté en vain de la conquérir par des attaques frontales. Hier, les Russes ont réussi à attaquer au sud d’Avdiivka et à occuper le village de Pervomaske. De là, ils se dirigeront vers le nord en prenant d’assaut les fortifications de Semenivka, pour encercler la ville d’Avdiivka (carte 2).

carte 2. sud Adiivka

Une autre ville bien fortifiée des Ukrainiens est Krasnohorivka, située au sud d’Avdiivka. Le développement de l’offensive russe à Avdiivka permettra d’envelopper le flanc de la défense ukrainienne à Krasnohorivka par le nord. Dans le même temps, l’armée russe a la voie libre vers l’ouest, vers la ville de Kurakhiva (carte 3).

carte 3. Kurakhivka

Mariinka, au sud de Krasnohorivka, est sur le point d’être entièrement occupée par les Russes. La ville est importante en raison de l’autoroute H15 par laquelle les défenseurs ukrainiens sont approvisionnés. L’assaut ultérieur des fortifications au nord de Mariinka conduira à l’encerclement de Krasnohorivka (carte 4).

Carte 4. Mariinka1

Au sud de Mariinka, les Russes ont atteint la ligne du village de Pobeda, où les Ukrainiens tiennent un point d’appui fortifié. Un éventuel assaut sur ce point d’appui, coordonné avec la rupture des défenses ukrainiennes à Novomykhailovka sous l’action des troupes russes, couperait une autre route d’approvisionnement, la route Novomykhailivka -Katerinivka (carte 5).

Carte 5. pobeda-Nova Mihailovka

L’action offensive la plus intéressante des Russes est menée à Ugledar. Les troupes russes ont avancé dans un quartier résidentiel du sud de la ville, où elles ont rencontré une forte résistance de l’armée ukrainienne. Par conséquent, les Russes ont fixé les principales forces ukrainiennes au sud et ont ouvert 2 autres directions d’attaque, à l’ouest et à l’est de la ville, pour l’encercler (carte 6). Une route périphérique vers Katerinivka, Novomikhaïlovski et Mariinka part d’Ugledar, à l’aide de laquelle le commandement ukrainien transfère des troupes vers la direction critique.

Carte 6. Ugledar

Valentin Vasilescu

traduction Avic – Réseau International

Il est beau, il est beau le chaton

 

par Patrick Reymond - Le 25/01/2023.

On peut rire. L’Allemagne va fournir des chars léopard à l’Ukraine. En fait, le léopard, c’est d’un chaton qu’il faut parler…

Un nombre impressionnant : 14.

« Il s’agit de blindés de 62 tonnes, modernisés en 2001 et dotés de canons de 120 millimètres à haute vélocité et long rayon de tir ». Là, j’ai tellement rigolé que j’en ai failli me pisser dessus. « Modernisé il y a 22 ans », autant dire, ça remonte à la préhistoire des chars… Des chars dont la conception remonte à 1979, et chars, qui, comme tous les oxydentaux, n’ont pas de chargeurs automatiques, comme les Russes… Donc, un homme de plus dans l’habitacle.

En plus, du 120, alors, les Ukrainiens, souvent démissionnaires et en fuite on ne sait où (les responsables, pas la chair à canon), devront composer avec ce 120, le 152 soviétique, le 155 OTAN, etc… Donc, on peut imaginer un bordel monstre pour la logistique, l’intendance et la maintenance. Déjà que les effectifs de l’arrière dépassent largement ceux au front, cela va encore empirer… En 1939-1940, l’intendance française s’était particulièrement distinguée en donnant des obus de 105 à des pièces de 75 et de 75 au canon de 105…

Le trublion de l’Élysée, pour ajouter au bazar ambiant, parle d’envoyer, lui, des Amx 30 leclerc. Avec, bien entendu, les mêmes problèmes de biotope logistique et des problèmes d’embouteillages qui empirent… Et vu qu’il faut renvoyer le dit Leclerc au garage au bout d’environ 16 heures de fonctionnement, il passera beaucoup, beaucoup plus de temps en voyage que sur le champ de bataille. Avec de pareils amis, pas besoin d’ennemis…

Pour rappeler l’histoire, fin 1942, les Allemands avaient regroupé tous les chars restant du 22 juin 1941 en créant un 48° corps blindé. Un dit corps blindé qui aurait dû en posséder 600… Bien entendu, la plupart de ces chars étaient – déjà – obsolètes, et n’avaient aucune chance devant les T34. Les souris en mirent hors d’état de nuire la plupart, et le reste se perdit dans la débâcle de l’armée roumaine pendant la bataille de Stalingrad…

Les souris actuelles s’appellent cannibalisation, manque de pièces détachées, conflits coloniaux lointains ne nécessitant jamais de gros moyens, surfacturations…

Un autre travers était de considéré des reliquats, des restes, des morceaux de panzer division comme des divisions à part entière. Ce n’est pas le cas. Les 600 qui n’étaient que 100… 14 chars, et l’autorisation donnée aux clients d’en fournir, ça ne dépassera pas les 200, et vu les délais d’arrivages et la cadence de destruction, il n’y en aura pas 10 en simultané sur le champ de bataille. Il faut en moyenne 6 mois aux armées oxydentales pour se concentrer. Un vrai train de fonctionnaires… Dans les armées en attrition, on garde les anciennes appellations, qui créent des illusions de puissances. Les divisions n’ont plus 20 000 hommes, mais 17 000, ensuite 10 000 puis, 3000… Avec une chute de puissance équivalente, mais qui dans les têtes des napoléons, des Hitlers et des Bidens, leur font croire que tout est possible.

En Syrie, de plus, les léopards turcs engagés se sont surtout distingués pour s’être fait massacrer…

Des Abrams viendront aussi, au compte-goutte. 30 Apparemment. Comme, à l’américaine, ces blindés sont des gloutons, il y a aussi de très fortes chances qu’on ajoute encore aux problèmes…

Là aussi, on ne comprend pas que les Russes jouent à domicile, ou pas loin. Et que les oxydentaux, eux, traversent tout le pays et tout le continent…

Les cartes de readovka indique une extension des bombardements, tout le long de la frontière russe au nord de Karkhov, en plus des concentrations qui s’opèrent en Biélorussie. Sans, bien entendu, que les bombardements du Dniepr à Karkhov perdent en intensité. Si la poussée russe qui s’opéraient à partir du sud n’est plus aussi forte, et que certains pensent l’offensive qui devait avoir lieu, finie, il me semble que ce raisonnement est erroné. Cela me semble correspondre aux offensives soviétiques de 1943 qui martelaient à différents endroits le front, progressaient là où c’était possible, et passaient à un autre secteur, dès que l’élan était passé. Cela avait pour avantage, outre de faire tourner en bourrique l’ennemi, de l’épuiser et notamment, de gaspiller l’essence à courir partout, aggravant les problèmes de logistique.

Là, la puissance de l’artillerie russe, déjà proverbiale devient plus accentuée encore, et garde de nombreuses pièces en réserves pour servir de contre-batterie.

Le principal problème oxydental, c’est la désindustrialisation, et notamment, la militaire. Il y a belle lurette que les complexes militaro-industriels en oxydent-oxydés fonctionnent à 100% de leurs capacités, une capacité réduite à l’état de string brésilien. Et le problème de dépendance aux intrants extérieurs se pose à tous les secteurs, pas seulement militaires… L’armée russe détruit patiemment les arsenaux oxydentaux-oxydés, sans que les remplacements puissent avoir lieu, d’abord par manque de capacités, ensuite par manque de moyens financiers pour acheter des armes survendues, pas seulement financièrement…

Pour la russophobie, elle est simple à comprendre. Aux différentes époques de l’histoire, combattants et généraux russes n’ont pas été tellement plus nombreux, ils ont été meilleurs.

source : La Chute

Le moment décisif

 

par Régis Chamagne - Le 24/01/2023.

La rupture du front à Soledar marque un tournant décisif dans la guerre qui se joue entre « l’Occident collectif » et le reste du monde emmené par la Russie pour l’occasion. Une question se pose : l’Occident collectif va-t-il franchir un palier dans son engagement en soutien à l’Ukraine ou bien accepter une porte de sortie ? Une question subsidiaire en découle : la co-belligérance sera-elle déclarée ou non ?

Sur le plan opérationnel, la rupture du front à Soledar marque un tournant considérable dans les opérations militaires. En effet, après des mois de guerre d’attrition méthodique, la percée tactique à Soledar place la Russie en position d’engager l’offensive décisive. À cet égard, la nomination du chef d’état-major de l’armée russe, le général Gerasimov, à la tête de l’opération et celle du général Sourovikine à la tête des opérations aériennes, alors que les réserves russes sont désormais prêtes au combat, laisse présager un changement d’ampleur de la stratégie militaire russe, et potentiellement, une victoire rapide de la Russie sur le terrain… bien avant que les chars lourds promis n’arrivent sur le front (et tant mieux pour eux).

Pour les États-Unis suivis de leurs toutous, il s’agissait jusqu’à présent d’alimenter le chaudron le plus longtemps possible en vue, pensaient-ils, d’essouffler la Russie, sans toutefois être déclarés co-belligérants. La bêtise de cette tactique a fait s’épuiser les ressources militaires des pays de l’OTAN sous les coups de l’artillerie et de l’aviation russe par un effet boomerang, de la même façon que les sanctions économiques contre la Russie se sont retournées contre leurs auteurs. De surcroît, compte tenu que l’armée ukrainienne a subie des pertes monstrueuses depuis le début, il faudrait de la chair à canon fraîche venue d’ailleurs, en l’occurrence des pays de l’OTAN. La Pologne semble montrer la voie.

Sur le plan géopolitique, les États-Unis ont enfin admis, par la voix de hauts responsables militaires et politiques, que cette guerre était existentielle pour eux, et de fait elle l’est puisqu’il s’agit de la dernière scène du dernier acte du changement de paradigme géopolitique débuté il y a quinze ans. L’effondrement des États-Unis en tant que super puissance mondiale s’accélère. Nous assistons à un mouvement de fond en vue de la dédollarisation de l’économie mondiale et au développement rapide des échanges économiques entre les pays du reste du monde (en dehors de l’Occident collectif). Les pays d’Afrique, d’Amérique latine, du Moyen-Orient et d’Asie ont choisi leur camp. Mais au-delà des réalités de la situation, c’est peut-être l’aspect psychologique de ce changement de paradigme qui est le plus important. En effet, le sentiment de supériorité des dirigeants américains est fondé sur le mythe de l’exceptionnalisme américain qui fait qu’ils se sentent légitimes à donner des ordres au reste de la planète et à punir les pays qui refusent d’obéir. Baignés dans ce sentiment de supériorité qui aujourd’hui relève du fantasme plus que de la réalité de la situation, les neocons psychopathes qui sont aux commandes de l’Occident collectif jouent avec le feu (nucléaire). Il n’est même pas certain qu’ils aient bien évalué la puissance militaire russe.

Pour la Russie, il s’agit d’atteindre les objectifs géopolitiques de cette opération en évitant une escalade qui mènerait à une confrontation nucléaire. On marche sur des œufs. En fin stratège, Vladimir Poutine sait qu’il ne faut jamais acculer son adversaire mais toujours lui laisser une porte de sortie « honorable », tout en dessinant des lignes rouges pour le dissuader d’en faire trop (par exemple livrer des chars lourds à l’Ukraine, ce qui, sur le plan opérationnel ne changerait pas grand-chose, mais qui pourrait être considéré comme un acte de co-belligérance et permettrait à la Russie de frapper directement des cibles en territoire américain).

Voilà à peu près où nous en sommes actuellement. Cette partie qui se joue en ce moment est le point clé du changement de paradigme géopolitique. La Russie va vraisemblablement lancer son offensive décisive bientôt. Quelle sera la réaction des psychopathes ?

Pour ma part, j’imagine trois scénarios :

 Les psychopathes pourraient être ramenés les pieds sur terre, ou au minimum neutralisés, par des généraux de haut rang du Pentagone qui ont une vision suffisamment claire de la situation. J’estime que la probabilité de ce scénario est assez faible, mais on ne sait jamais.

 Des révolutions de palais ou des révolutions populaires pourraient avoir lieu dans les pays de l’Occident collectif et renverser les psychopathes, tant la situation économique de nos pays se dégrade à grande vitesse. Il m’est difficile d’évaluer la probabilité de ce scénario.

 Les psychopathes pourraient être ramenés les pieds sur terre par effet de sidération, comme pétrifiés. Si la Russie décrète que la ligne rouge a été franchie, elle pourrait envoyer par le fond les plus prestigieux des porte-avions américains à l’aide d’une bordée de missiles hypersoniques. En effet, les porte-avions américains constituent l’emblème absolu de la puissance militaire américaine. Des films tels que le Nimitz ou Top Gun l’illustrent très bien. Ce scénario me semble plus probable que les deux premiers.

Je n’envisage pas le scénario d’une montée aux extrêmes nucléaire, mais…

Qui vivra verra. Espérons que nous verrons.

source : Régis Chamagne

Nouvelle offensive russe dans la région de Zaporijia

  1. Campagne de dons Janvier 2023

    Chers amis lecteurs. 2023 devrait être une année majeure dans le dévoilement de tous les mensonges qui ont permis à certaines puissances de prendre le contrôle de toute l’humanité. Le Great Reset aura peut-être bien lieu cette année, mais pas comme le voudrait le WEF de Davos. En parallèle des guerres économique et militaire, la guerre médiatique est de plus en plus virulente et la nécessité pour les médias alternatifs d’être prêts à y faire face est plus qu’urgente. A Réseau International, nous avons décidé de passer à une étape supérieure avec tous les moyens nous permettant d’être au rendez-vous des grands chamboulements qui nous attendent. Pour cela, nous avons besoin de vous et de votre soutien.
    Total de dons 13 305,00 € sur un objectif de 25 000,00 €

par Valentin Vasilescu - Le 21/01/2023.

Pour la Russie, la contre-offensive la plus dangereuse se situe sur le front de Zaporijia. Si elle réussit, l’armée ukrainienne pourrait atteindre Melitopol ou Berdiansk, coupant ainsi la liaison terrestre entre la Crimée et le Donbass. En raison de la pression russe sur le front de Bakhmout, l’armée ukrainienne a été contrainte d’y déplacer d’importantes unités blindées et d’artillerie depuis d’autres régions. En témoigne également le fait qu’il n’y a pas eu récemment de tirs d’artillerie ukrainiens sur la centrale nucléaire d’Energodar, près de Zaporijia.

L’armée russe a donc décidé de profiter de ce contexte favorable pour lancer une offensive sur le front de Zaporijia, afin que d’ici le printemps, les troupes ukrainiennes soient chassées de leurs fortifications actuelles et poussées vers le nord. Sur ce segment du front, l’armée ukrainienne dispose de 5 brigades, dont une seule est mécanisée, les autres étant de l’infanterie territoriale composée de réservistes. L’artillerie lourde ukrainienne brille par son absence (carte 1).

carte 1

L’armée russe a réussi à percer la première ligne de défense sur l’ensemble du front, avançant d’environ 10 km vers le nord. La défense en profondeur a été mise en place pour protéger les deux principales voies de communication de l’armée ukrainienne. Les fortifications se trouvent autour de la ville d’Orikhiv, qui est approvisionnée par voie ferroviaire et routière depuis Zaporijia, et autour du village de Houliaïpole, relié au front du Donbass par voie routière et ferroviaire. Cependant, c’est la route entre Orikhiv et Houliaïpole que les Russes visent dans la première phase de l’offensive (carte 2).

carte 2

La mission immédiate du groupe de forces russes est de bloquer les fortifications d’Orikhiv et de Houliaïpole et de les isoler complètement, puis d’intercepter les voies de communication partant des deux villes afin d’avancer vers le nord en direction de Zaporijia (carte 3).

carte 3

Une fois que les Russes seront au nord de Houliaïpole, ils pourront rejoindre les troupes au sud de Grand Novosilka, en encerclant les troupes dans les solides fortifications qui s’y trouvent. Si les Ukrainiens n’interviennent pas à temps, en ramenant les blindés et l’artillerie déplacés à Bakhmout, un énorme espace de manœuvre s’ouvre pour les Russes au nord de Zaporijia, qui sera utilisé par leurs nombreuses unités blindées (carte 4).

carte 4

Valentin Vasilescu

Le Groupe Wagner étend l’occupation vers l’ouest

 

par Valentin Vasilescu - Le 19/01/2023.

Le 19 janvier, le propriétaire de Wagner, Evgueni Prigojine, a annoncé qu’il avait libéré Klishchiivka. L’assaut sur la ville a duré 5 jours en raison de la forte résistance de la 53e brigade mécanisée ukrainienne. À l’ouest et au sud de Klishchiivka, le groupe Wagner devait neutraliser les points d’appui de la brigade ukrainienne (carte 1).

carte 1

À quelques kilomètres au nord de Klishchiivka commence la ville de Bakhmout, et au sud de Klishchiivka commence un réseau impénétrable de fortifications ukrainiennes (carte 2). On peut affirmer que Wagner a trouvé à Klishchiivka le point vulnérable des défenses de Bakhmout et a réussi à briser ce dispositif.

carte 2

Avançant vers le nord, Wagner commence à envelopper le flanc ukrainien à l’ouest de la ville, visant à contrôler l’une des voies d’approvisionnement de Bakhmout par des tirs d’artillerie (carte 3).

carte 3

Dans la région de Soledar, après avoir conquis le village et la station de Sol, Wagner étend l’occupation vers l’ouest jusqu’à la voie ferrée Seversk-Bakhmout. Wagner se bat maintenant avec acharnement au sud de Soledar contre la 119e brigade territoriale ukrainienne qui défend Krasna Hora et Praskoveevka. La conquête de ces deux villes permettra à Wagner de lancer l’assaut du nord sur Bakhmout (carte 4).

carte 4

Valentin Vasilescu

Quelles actions sont prévues sur le front de Soledar ?

 

par Valentin Vasilescu - Le 15/01/2023.

L’offensive de la Russie est basée sur un rapport de force favorable des blindés. À partir de mardi, la température dépassera 0 degré Celsius dans la région de Bahmut-Soledar et restera positive pendant au moins une semaine. Le sol va dégeler, ce qui rendra difficile les manœuvres des véhicules blindés. Ceci est à l’avantage de l’Ukraine, qui aura le temps de faire venir des troupes fraîches d’autres régions, de se regrouper et de se reconstituer.

Wagner a agi très rapidement et a achevé l’occupation de Soledar le 12 janvier. Peut-être trop rapidement. Preuve que les planificateurs du ministère russe de la Défense n’avaient pas d’autre choix que de s’appuyer sur le succès de Wagner. Il n’était pas prévu de poursuivre l’offensive en force, en utilisant les blindés russes au nord pour faire des percées à Seversk.

Que peut faire l’armée russe dans le secteur de Soledar la semaine prochaine ?  Cinq à huit kilomètres au nord de Soledar, Krasnopolivka et Razdolivka pourraient être pris. Cette dernière se trouve à seulement 10 km au sud de Siversk. Au sud de Soledar, Wagner poursuit son assaut sur Krasna Gora et Parascovivka (le site d’une importante mine de sel destinée à devenir un important dépôt de munitions pour les Russes). Pour défendre Soledar contre les contre-attaques ukrainiennes venant de l’ouest et du nord-ouest, les Russes doivent maintenant construire une forte ligne défensive. Elle sera longue de 9 km, de Razdolivka à Parascovivka, sur le remblai de la voie ferrée Siversk-Bahmut.

Valentin Vasilescu

traduction Avic – Réseau International

« Quand nous partions, ils nous jetaient dessus du phosphore et du magnésium »

 

par Sputnik Afrique - Le 15/01/2023.

Évacuée de Soledar au cours de la libération de la ville par les forces russes, cette femme témoigne auprès de Sputnik que les forces ukrainiennes ont utilisé des munitions incendiaires contre les civils.

La vie des civils, c’est ce que les militaires ukrainiens prennent en considération en dernier lieu. Ce témoignage d’une habitante de Soledar à Sputnik le confirme une nouvelle fois.

Cette personne raconte que lors de son évacuation de la ville par les forces russes, l’armée ukrainienne a repéré leur convoi depuis un drone et a commencé à le pilonner avec des munitions incendiaires dont l’utilisation contre des civils est interdite par la convention de Genève.

« Quand nous partions, ils nous jetaient dessus du phosphore et du magnésium […]. C’étaient des militaires qui nous évacuaient, donc ils étaient une cible comme nous. Nous étions entre la vie et la mort. Nous avons survécu. Merci aux gars qui nous ont sortis de cet enfer et nous ont évacués », a-t-elle indiqué.

 

 

 

D’après elle, sa famille est descendue au sous-sol au mois d’avril et ne sortait que pour chercher de l’eau et du bois pour le feu. Elle se rappelle également des nombreux mercenaires étrangers dont « des Polonais, des Britanniques et des Noirs ».

Munitions au phosphore

Par le passé, la Défense russe a accusé, à plusieurs reprises, l’armée ukrainienne d’utiliser des armes incendiaires. Ainsi, mi-août dernier, des projectiles au phosphore ont été abandonnés par les soldats ukrainiens dans le village d’Oudy, dans la région de Kharkov.

Des munitions remplies de phosphore ont été massivement utilisées contre l’armée russe dans la banlieue de Kiev, près de l’aérodrome de Gostomel, au début de l’opération militaire spéciale en février 2022. Le 19 mars, des obus avec des ogives au phosphore ont également été utilisés pour attaquer un pont flottant sur le Donets.

source : Sputnik Afrique

La ville de Soledar a été libérée par les unités de Wagner

 

par Christelle Néant - Le 12/01/2023.

 

Le 10 janvier 2023 au soir, l’annonce de la libération de Soledar par les unités de la société militaire privée Wagner était confirmée par des photos de Evgueni Prigojine (l’homme d’affaires à la tête de Wagner) dans la ville avec ses hommes.

Après six mois d’une bataille d’attrition, les « musiciens », comme on les surnomme, ont enfin brisé la défense ukrainienne de la ville, facilitant ainsi la future libération de Seversk et d’Artiomovsk (Bakhmout).

Le 26 décembre 2022, les forces russes prenaient Bakhmoutskoye, situé au sud de Soledar, facilitant ainsi l’avancée vers la ville elle-même. Grâce à la prise de Yakolevka, située au nord de Soledar, les troupes de Wagner ont pu commencer une manœuvre d’encerclement.

Puis à partir du 4 janvier 2023 les choses s’accélèrent. Ce jour-là, les combattants de Wagner chassent les soldats ukrainiens de leurs positions situées près de la gare Dekonskaya, située dans le sud-est de Soledar.

 

 

 

Deux jours plus tard, c’est le nord de la ligne de défense ukrainienne à Soledar qui cédait, permettant aux forces russes d’atteindre Kranopolievka. L’encerclement de l’armée otano-ukrainienne à Soledar se dessinait alors de plus en plus clairement.

 

 

 

Le même jour, les combattants de Wagner sont entrés dans le centre de Soledar depuis Bakhmoutskoye, obligeant les soldats ukrainiens à se retirer vers le nord de la ville.

 

 

 

La crainte était alors de voir les soldats ukrainiens se retrancher dans les mines de sel de Soledar (mines qui ont donné son nom à la ville, le sel se disant « sol » en russe), comme l’avaient fait ceux de la 36e brigade des FAU et du régiment Azov à Azovstal lors de la bataille de Marioupol.

Mais dès le lendemain, les troupes de Wagner avaient déjà sous leur contrôle la moitié de Soledar, et la défense ukrainienne s’est vite effondrée comme un château de cartes, provoquant un quasi encerclement de la ville. Lors de leur progression dans le centre de Soledar, les combattants de Wagner ont commencé à évacuer les civils qui se trouvaient toujours là, et ont découvert des corps de soldats de l’armée otano-ukrainienne un peu partout.

 

 

 

Et si je parle d’armée otano-kiévienne c’est parce que de nombreux mercenaires étrangers venant des pays de l’OTAN se trouvent dans cette portion du front. Ainsi, aujourd’hui, le chef de Wagner, Evgueni Prigojine, a annoncé que ses combattants avaient trouvé le corps d’un mercenaire britannique dont les proches étaient sans nouvelles, et les documents d’un deuxième.

 

 

 

 

 

 

Le 9 janvier 2023, les unités de Wagner ont pris le contrôle d’Opytnoye et Krasnaya Gora, perturbant ainsi la liaison routière entre Seversk et Soledar, et les batailles pour le bâtiment de l’administration municipale ont commencé dans le centre ville.

 

 

 

Le soir même, Zelensky faisait une allocution lors de laquelle il a commencé à minimiser la perte de Soledar en disant que ses troupes y « ont gagné du temps », indiquant que la perte totale de la ville était imminente.

De fait, le lendemain, le chaudron (encerclement) se refermait totalement sur Soledar, bloquant plusieurs centaines de soldats ukrainiens dans la ville, qui ont reçu un ultimatum de Wagner les enjoignant à se rendre rapidement. Le soir même, Evgueni Prigojine s’est rendu à Soledar où il a été filmé et photographié avec ses « musiciens ».

 

 

 

 

 

 

Et aujourd’hui 11 janvier 2023, la prise totale de contrôle de Soledar par les unités de Wagner a été confirmée, après nettoyage des dernières poches de résistance qui se trouvaient dans le centre-ville. D’après les données fournies par Evgueni Prigojine lui-même, environ 500 soldats ukrainiens ont été tués lors du nettoyage de Soledar.

« Une fois de plus, je tiens à confirmer la libération complète et le nettoyage du territoire de Soledar des unités de l’armée ukrainienne. Les civils ont été évacués, les unités ukrainiennes qui ne voulaient pas se rendre ont été détruites. Environ 500 soldats ont été tués. La ville entière est jonchée de cadavres de soldats ukrainiens. Il n’est pas question de corridor humanitaire. Nous procédons au nettoyage des mines », a indiqué Evgueni Prigojine.