« Gloire à ceux qui sont morts pour Elle »... (Victor Hugo)
...par le Gal. Vincent Lanata - le 30/12/2020.
La nouvelle est tombée : « Trois soldats de l’opération Barkhane ont trouvé la mort au Mali … »,
communiqué laconique suivi très rapidement par la publication des photographies des trois malheureux soldats,… leurs noms, …un peu plus tard leur situation de famille… Très rapidement les
chaînes d’informations continues s’emparent de la nouvelle, en urgence elles constituent des plateaux « d’experts », qui en fin de compte le sont plus ou moins ; sur le plateau
les débats, très vite, portent sur l’avenir de l’opération Barkhane, sur sa légitimité, sur la capacité de notre pays à entretenir une force
importante à 5 000 kilomètres de la métropole ….mais, au fait pour faire quoi ? Quelle est son utilité ? Quel est l’intérêt de la France dans cette affaire… ?
Sur le plateau chacun disserte doctement sur le sujet que la plupart ne connaissent, bien souvent, que de façon marginale, et dans ce brouhaha où
s’entrechoquent souvent des arrières pensées politiques, on oublie très vite, après le moment de compassion de bon aloi, qu’il y a trois jeunes gens qui ont perdu la vie pour une cause qui
les a dépassés mais ils étaient là pour SERVIR. Quel mot barbare, bien trop souvent inusité aujourd’hui mais qui est dans le cœur de tous ceux qui SERVENT avec ardeur, avec ferveur la PATRIE
qui leur a donné mandat de la défendre ! Qu’il soient fantassins dans la poussière, la rocaille par une chaleur torride portant un équipement de plusieurs dizaines de kilos, qu’ils
soient dans un hélicoptère en vol au ras de sol, de jour comme de nuit, par une visibilité réduite par cette horrible brume sèche qui englue la zone, qu’ils soient pilotes de chasse sanglés
dans leur cockpit prêt à décoller pour une mission de plusieurs heures, de jour comme de nuit, au cours de laquelle ils auront à effectuer plusieurs ravitaillements en vol avant de détruire
l’objectif qui leur a été assigné, qu’ils soient pilotes de drones sur qui, loin de l’engagement sur le terrain, pèsent la lourde responsabilité de recueillir le
renseignement, de l’analyser de le transmettre, de désigner l’objectif , qu’ils fassent partie des équipes chargées de la logistique qui doivent dans des conditions difficiles, par des
pistes dangereuses, ravitailler leurs camarades engagés sur le terrain : TOUS CES HOMMES ET CES FEMMES SERVENT LA FRANCE. Tous savent que bien loin de la métropole ils
défendent ses frontières, car ils savent tous que la partie qui se joue dans ces coins perdus et déshérités est une partie vitale pour l’avenir de notre pays ainsi que de celui de l’Europe
toute entière ; ils savent tous que la lutte contre le terrorisme, qui tue tant de leurs compatriotes, passe par leurs actions, et ils savent que les souffrances qu’ils endurent sur le
terrain ne sont pas vaines.
Au-delà des analyses politiques, géostratégiques ou militaires, parle-t-on sur les plateaux-télé de l’angoisse des familles qui vivent dans la hantise de la
terrible nouvelle ? J’ai eu malheureusement, au cours de ma carrière, à annoncer à une femme, à des parents la mort de leur mari ou de leur enfant ; je n’ai jamais délégué cette
tâche à un subordonné car je considère que cette terrible charge revient au commandement et à lui seul. Je n’en suis jamais sorti indemne. Il faut rendre hommage à ces familles qui savent,
elles aussi, que celui ou celle pour qui elles tremblent, servent le pays et c’est pour elles une manière d’être partie prenante de l’action d’un pilier central de la République que
représentent les forces de Défense.
Mais qui sont ces hommes et ces femmes, nombre réduit dans la nation, mal connus, quelques fois, mais assez rarement, décriés qui s’engagent au péril de leur
vie ? Combien y en a-t-il parmi ceux qui tous les jours manifestent bruyamment dans les rues qui mettraient leur vie au bout de leurs idées ? Combien accepteraient, pour des
conditions matérielles dérisoires, d’imaginer que peut être un jour ils risqueraient d’être d échiquetés par une mine, abattus dans leur hélicoptère ou leur avion, transpercés par une
balle ? La question reste posée.
Tous ces hommes et toutes ces femmes qui engagent leur vie et à qui j’aimerais que l’on rende hommage au-delà des moments de compassion nécessaire ou des
cérémonies officielles, tous, sans le savoir sans doute, ont gravé au fond d’eux-mêmes les paroles d’Antoine de Saint Exupéry dans Citadelle : « Ce pour quoi tu acceptes de mourir c’est cela, seul, dont tu peux vivre. »
Des insinuations et insultes inacceptables pour ceux qui se battent et meurent pour la France en Afrique**
...par Bernard Lugan - Le 31/12/2020.
« Selon que vous naissiez homme blanc ou femme noire en Afrique ou en France, vous savez que vous avez plus de
chance » vient de déclarer sur LCI, Madame Elisabeth Moreno, native de la République du
Cap-Vert, et présentement ministre français en charge de « l’Egalité entre les femmes et les hommes ». A quand un ministère
de l’Egalité entre les petits et les grands, les gros et les maigres, les blonds et les roux ?
Madame le ministre en charge de « l’Egalité entre les femmes et les hommes », vient donc de faire un constat
qui avait jusque-là échappé à l’esprit humain. A savoir que la population qui a créé un pays depuis des siècles ou même des millénaires, celle des indigènes, des primo-occupants, de ceux qui, par
définition, sont de « souche », est naturellement davantage chez elle que les pérégrins. Un « privilège » universel qui est « jaune » au Japon ou en Chine,
« noir » en Afrique et arabe en Arabie…
Question incidente à Madame le ministre français en charge de « l’Egalité entre les femmes et les hommes »:
au Cap-Vert, et plus généralement en Afrique, y-a-t-il beaucoup de présentateurs blancs, d’hommes politiques blancs et pourquoi pas de femmes blanches ministres en charge de « l’Egalité entre les femmes et les hommes »?
Plutôt que ces incessantes et arrogantes jérémiades quasi quotidiennement assénées par certains néo-Français semblant être à ce point masochistes qu’ils paraissent
n’être venus en France que pour s’y faire « discriminer », ne serait-il pas plus juste et honnête de leur part de dire :
« D'être venu vivre chez vous m’a privilégié car j’ai pu avoir accès à un statut que je n’aurais pas eu chez moi. J’ai en
effet pu profiter des infrastructures nées du labeur et des sacrifices de vos générations passées. Celles de ces paysans blancs qui ont défriché et bonifié votre terre, celles de ces mineurs de
fond blancs qui mouraient de maladie avant 40 ans, celles de ces centaines de milliers d’ouvrier blancs qui ouvrirent vos routes, vos canaux et vos voies de chemin de fer à la pioche, celles
de ces millions d’hommes blancs morts pour défendre la terre de leurs ancêtres, et dont les descendants ont aujourd'hui pour dernier « privilège » celui de devoir payer des impôts pour
financer la CMU et pour loger, nourrir, éduquer, soigner, habiller, un nombre indéterminé de « citoyens du monde » venus, tels des coucous, profiter de nids qu’ils n’ont pas
bâtis.... » Mais il y a aussi un « privilège noir ». C’est celui de pouvoir cracher sur un footballeur blanc sans que cela provoque de
réel émoi… Imaginons l’inverse !!! Ou de pouvoir, comme Madame Afsa Aksar, vice-présidente de l’UNEF dire :
- « On devrait gazer tout (sic) les blancs (resic) cette sous race.
- « Tout ce que j’ai à dire c’est les blancs (sic) arrêtez de vous reproduire ».
- « Non à la mixité avec les blancs (sic)»
- « Je suis une extrémiste anti-blanc »
- « Le monde serait bien mieux sans les blancs (sic) » etc.,
Ou encore, comme Madame le député Obono qui a légitimé la formule « Nique
la France », et à laquelle l’on pourrait légitimement poser la question de savoir ce qui arriverait à un Blanc qui, au Gabon, son pays de naissance, s’aventurerait à
dire « Nique le Gabon »…
Là est le vrai « privilège ». Celui d’être au-dessus des lois, de ne pas être « inquiété » pour de tels propos par les ligues
« antiracistes » subventionnées par les impôts des « privilégiés » blancs, ni poursuivi par certains juges dont la principale activité semble être de guetter le
moindre « dérapage » verbal des hommes et des femmes blancs, et de « droite », afin de pouvoir les traîner devant les
tribunaux… Celui aussi, d’être recruté, non plus au mérite, mais selon ces discriminants quotas « raciaux » non officiels, et qui écartent de bons candidats malheureusement nés
leucodermes, au profit de médiocres impétrants ayant eu la chance, eux, de naître mélanodermes en France…
Mais tout cela aura une fin le jour où se lèvera un chef qui, tel Cicéron devant le Sénat romain, osera dire aux arrogants
forts de notre faiblesse et parce que nous sommes à genoux :« Quo usque tandem abutere, Catilina, patientia nostra ? (Jusques à
quand, enfin, Catilina, abuseras-tu de notre patience ?».
L’église pourra alors être remise au centre du village…
Le sergent Yvonne Huynh et le brigadier Loïc Risser, du 2e régiment de hussards de Haguenau ont été tués le samedi 2 janvier dans le nord-est du Mali dans une attaque à l’engin explosif improvisé, un troisième militaire est blessé, selon un communiqué du palais présidentiel de l’Élysée.
La première femme de l’armée française tuée au
Sahel
Yvonne Huynh, 33 ans, est la première femme de l’armée française tuée au Sahel depuis l’intervention Serval en 2013. Elle était maman d’un petit garçon. Loïc
Risser avait 24 ans et était célibataire. Tous deux étaient engagés dans un régiment spécialisé dans le renseignement et effectuaient respectivement leur deuxième et troisième mission. Ces
deux décès portent à 50 le nombre de soldats français tués au Sahel depuis 2013 dans les opérations anti-djihadistes Serval puis Barkhane.
Emmanuel Macron a salué la mémoire des deux soldats, «
morts pour la France dans l’accomplissement de leur devoir ». Il a aussi réaffirmé « la détermination de la France dans son combat contre le terrorisme », cinq jours seulement
après une autre attaque mortelle contre la force Barkhane dans le centre du Mali, où trois soldats du 1er régiment
de chasseurs de Thierville-sur-Meuse ont été tués par une bombe artisanale. Cette attaque a été revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à
Al-Qaïda.
Le ministre des Armées Florence Parly a rendu hommage «
à la force de leur engagement, leur courage et leur don de soi ». « La
motivation, la pugnacité et l’abnégation des militaires français demeurent intactes face aux groupes terroristes, filières de Daech et d’Al-Qaïda, qui sèment terreur et chaos au Mali et au
Sahel », a-t-elle ajouté.
Entre la météo et les dernières nouvelles du front du Covid, on apprend régulièrement qu’au Mali, de jeunes Français perdent la vie dans le combat, contre le
terrorisme selon la version officielle, en fait contre les islamistes dont les frères sont accueillis chez nous. Evidemment le président et la ministre des armées expriment réglementairement leur
émotion, tout en préparant j’imagine leur tenue pour aller s’incliner sur les cercueils des nôtres tombés si loin.
Que nos soldats risquent leur vie pour la protection des Français n’est en soi pas scandaleux. C’est leur raison d’être. Ce qui l’est dans cette affaire, c’est que
le sens de leur sacrifice n’est plus discernable.
Je n’ose penser que les derniers ont peut-être été tués par ceux-là même que M. Macron a consenti à libérer pour « récupérer » l’apostat Sophie (pardon,
Mariam) Pétronin il y a peu. Pourtant comment ne pas l’imaginer ? Comment ne pas se rappeler une fois de plus que pendant que nous risquons la vie des nôtres au Mali, 80.000 Maliens vivent
chez nous, tranquilles, accueillis au seul mérite d’être des déserteurs ayant fui leur propre pays en guerre. La famille de bandits Traoré ne serait-elle pas mieux à défendre « ses
valeurs » là-bas plutôt que subir la « tyrannie blanche » ici ? Comment ne pas imaginer le désarroi, l’inquiétude de nos soldats luttant là-bas, alors qu’ils ne sont même pas
rassurés sur la sécurité de leurs familles ici parce que le chef qui les exhorte au combat contre la vague islamique africaine est incapable d’endiguer l’invasion des mêmes chez nous et d’assurer
la sécurité des quartiers où vivent leurs familles ?
Que fait-on encore là-bas ? Chaque fois qu’un de nos soldats tombe on ne peut s’empêcher de se poser la question. Peut-on apercevoir la lumière au bout du
tunnel quand on ne connait même pas le but de guerre ?
En décembre 2019, en déplacement au Mali avec le président de la république, le CEMA actuel (général Lecointre) a déclaré au sujet de notre engagement au
sahel: «Nous sommes ici pour assurer notre sécurité pour les 30 ans qui viennent» […] « car si nous laissons le chaos s’installer, les États sahéliens vont s’effondrer sur
eux-mêmes, laisser la place à l’État islamique, ce qui provoquera une pression migratoire sur l’Europe, avec tous les risques populistes que cela entraînera ».
Je voudrais pouvoir oublier ses derniers mots qui sont une prise de position politique qu’on n’attend pas d’un soldat. Doit-on penser que pour lui, le principal
objectif final de notre action au sahel, est la lutte contre le populisme en Europe, qui nait justement, en grande partie, d’une immigration massive qu’on tolère? Il ne devait pas donner ce
quitus courtisan à un président égaré. Peut-on raisonnablement penser que la pression migratoire subie, consentie, actuellement chez nous, qui n’est que l’avant-garde de la déferlante africaine à venir,
sera contenue par cette unique « légion » à la romaine engagée sur un territoire grand comme huit fois la France, où se mène une guerre de nomades sans cesse à recommencer ; avec
des alliés européens presque absents, et des alliés locaux dont la médiocrité militaire semble sans remède.
Le CEMA dit chercher la sécurité en France pour les 30 ans à venir. Pour l’instant la seule perspective c’est un enlisement de 30 ans qui ne protégera in fine rien
du tout. Bien sûr on peut se réjouir de nos succès sur place ; autant de « salopards » en moins. Bien sûr notre retrait aggravera la situation locale. Mais
les moyens engagés sont dérisoires, ne nous permettent pas d’envisager, à nous seuls, une issue heureuse d’un conflit dont d’ailleurs l’impact sur notre situation intérieure n’est guère
appréciable compte tenu de l’absence de véritable volonté de défense du pré carré national. Le sacrifice des nôtres en Afrique sert de caution à un état qui, à travers ses présidents successifs,
veut nous faire croire qu’il défend la France et les Français. La citadelle est assiégée, déjà envahie, les murailles s’écroulent, pendant que nos soldats sont engagés au loin dans une lutte sans espoir de succès final.
Le donjon risque de céder, il faut rameuter les troupes.
Général Roland Dubois
Oui, c’est notre sécurité qui est en jeu au Mali !
Ne cédons pas à la compréhensible et légitime amertume que tous les Français éprouvent dans l’affaire malienne, et plus généralement africaine. Pas seulement
celle d’un général mais celle de toutes les familles, époux, enfants, parents, fratries, petits-enfants, de soldats français qui ont accompli leur glorieux ou tragique devoir. Même si c’est
difficile, ignorons les propos et comportements irresponsables ou misérables de Pétronin à la famille Traoré, des frustrés de l’assimilation ratée aux rappeurs entre deux prisons, des gauchistes en mal d’électeurs. Et même ceux du général Lecointre ou d’Emmanuel Macron.
Au demeurant, n’eût été son dérapage courtisan, le général Lecointre a, en grande partie, raison sur le fond. Oui, c’est notre sécurité qui est en jeu, et notre
action au Mali est nécessaire pour endiguer la submersion migratoire qui menace de noyer l’identité de notre nation et son immense culture. Mais ce général politique pèche par
deux oublis. D’abord, il oublie les familles africaines de combattants pour la France, petits-enfants, enfants, parents, fratries de soldats qui ont participé aux combats pour notre patrie.
Et, au-delà, il oublie la majorité silencieuse des populations africaines qui est atterrée par le drame qu’elle subit, qui respecte la France et regrette avec tristesse qu’elle ne se respecte
pas elle-même et abandonne les idéaux qui en firent une nation unique. Ce général se trompe aussi en fixant un horizon de trente ans de combats. Car la durée, qui aurait dû être bien plus
courte, sera bien plus longue par la faute de nos gouvernants. La guerre est consubstantielle de l’islam initial depuis l’an 624 (Médine). L’islamisme la prolonge alors qu’il existe, désormais, un islam paisible (on dit parfois « des Lumières »). Il faut le défendre
face aux salafistes assassins et génocidaires. Alors que, pendant plusieurs siècles, le christianisme natif a progressé pacifiquement, et même malgré les persécutions. Voilà, Général, pour
tenter de répondre aux légitimes questions que vous posez : « le sens du
sacrifice [de nos soldats] n’est plus
discernable […] que fait-on encore, là-bas ? […] [quel
est] le but de guerre ? »
Quant à votre conclusion (« Il faut rameuter les troupes
»), même si elle est tentante, permettez-moi d’en contester le bien-fondé dialectique. Vous incriminez, à juste titre, l’inconsistance intellectuelle et morale des pouvoirs
politiques successifs de la France, depuis des décennies. Mais il ne suffira pas de faire revenir dans l’Hexagone quelques milliers de soldats pour régler ce problème de décomposition par la
tête. C’est la tête qu’il faut trépaner… Toute la perversion vient de là. Le trépan devra viser les tumeurs qui s’opposent à la volonté populaire : le régime électoral parlementaire injuste
et le refus de soumettre les options essentielles à référendum (le dernier a été violé). Ce mépris du peuple et du droit est devenu une anti-culture politique chez nous. Si la loi était
appliquée par le pouvoir et par les juges, sous contrôle de la nation, chacun serait à sa place, y compris les délinquants et criminels, en prison ou hors de nos frontières.
Ultimes précisions : l’armée tchadienne est considérée comme valeureuse et efficace dans la lutte contre les criminels islamistes ; c’est donc que c’est possible : aidons les États voisins à en faire autant. De plus, après la victoire de nos armes (opération Serval en 2013), sauvant
Bamako, et toute la région, des islamistes, Hollande et Fabius, au lieu d’imposer une conférence de réconciliation nationale nord/sud dans un pays aussi immense et divers, ont délégué les
négociations aux Algériens et aux USA et se sont défaussés en précipitant une élection présidentielle qui a aggravé et pérennisé les tensions communautaires qui pouvaient alors encore être
réglées.
L’armée française lutte au Mali contre un terrorisme qui est en France
...par Sophie Durand - Le 03/01/2021.
Encore deux soldats tués au Mali. Deux de trop. L’un d’eux avait 24
ans. Ce n’est pas un âge pour mourir. C’est la cinquantaine de soldats tués au Mali depuis le début de l’opération Barkhane qui est de trop. Mourir pour le Mali semble surréaliste. Certes de
puissants intérêts, d’ailleurs impossibles à démêler lucidement, s’y font concurrence, mais ce n’est pas une raison.
Le sergent Yvonne Huynh et le brigadier Loïc Rysser du deuxième
régiment de hussards de Haguenau sont décédés dans l’explosion de leur véhicule qui a roulé sur un engin explosif. Juste après trois autres militaires cette semaine.
Que fait la France au Mali ? Tout le monde se souvient de Mamadou
Gassama, ce Malien qui avait, paraît-il, escaladé quatre balcons pour décrocher un gamin, alors que toutes les lois de la physique ont expliqué qu’il était impossible de tomber du sixième
pour se raccrocher au balcon du quatrième.
Mamadou Gassama, soi-disant réfugié en France, était ensuite rentré
triomphalement dans son pays, avec un accueil extatique à l’aéroport, preuve qu’il n’était nullement paria dans son pays ni obligé de se réfugier en France.
La politique de Macron au Mali est absolument détestable.
Spécialement quand il fait libérer 200 djihadistes pour récupérer l’otage Sophie Pétronin, laquelle probablement atteinte d’un curieux syndrome, celui de Stockholm ou un autre, s’est
convertie à l’islam et a déclaré qu’elle n’avait rien de plus pressé que de retourner chez ses geôliers.
Les deux cents djihadistes, eux, n’ont vraisemblablement rien eu de
plus pressé que de reprendre les armes contre la France. Choupinet s’est montré là d’un inconscience, d’une immaturité inqualifiables.
Mais que va donc faire la France au Mali ? Qu’allons-nous faire dans
cette galère ? C’est la vraie question. Nous n’avons aucune urgence d’aller nous mettre entre les forces islamiques et les tribus locales. Laissons-les régler leurs comptes toutes
seules.
Le gouvernement malien, selon certains analystes, se battrait contre
les Touaregs, et nous contre les islamistes. Dans cet imbroglio, l’urgence est de nous abstenir, de rester chez nous et de préserver nos troupes pour des combats moins
improbables.
Bernard Lugan le dit très bien
sur son blog : l’armée française n’a pas pour vocation de se battre à la place des Maliens. Il écrit : « C’est ainsi que des dizaines de milliers de Maliens en âge de porter les armes vivent en France, notamment à Montreuil deuxième ville
du Mali. » Il ajoute : « touchant des subventions et percevant des allocations généreusement versées par le « néocolonialisme » français, ils laissent nos soldats se faire tuer pour eux… et à
leur place. »
Ondevrait
renvoyer tous les Maliens chez eux, s’engager pour leur pays.
Et de plus, au Mali et surtout à Montreuil, chez certaines minorités
agissantes et agitatrices, la France est de plus en plus honnie pour son intervention.
Barkhane a pour but d’éviter la
désintégration régionale, au Mali. Mais que n’agissons-nous en France même, si nous voulons éviter une désintégration ? Celle de notre pays ?
En France nos cités se désintègrent allègrement. Pourquoi aller
lutter si loin contre le terrorisme, alors qu’il est chez nous, au milieu de nous, et que tous les jours il tue ?
Nous sommes impuissants à traiter en France nos problèmes d’ordre et
de sécurité, alors comment pouvons-nous espérer faire quoi que ce soit au Mali ?
Le Mali c’est notre nouveau ViêtNam, notre Afghanistan à nous. Nous
allons nous y enliser.
Certains commentateurs disent au sujet de ces deux nouveaux
militaires tués : « ces militaires savaient parfaitement les risques du métier au moment de signer », donc tant pis pour eux, ils avaient accepté de mourir. C’est un raisonnement
honteux.
Car ce n’est pas respecter les militaires. La guerre n’est pas un jeu
de casino. Un militaire n’a pas à être traité comme un animal qu’on mène à l’abattoir. Un militaire est un être humain, qui doit être respecté.
On n’a pas davantage, dans une escalade du pire, à dire à quelqu’un
qu’il est payé pour se faire tuer, ce que font en France certains antimilitaristes, déclarés ou non. Si chaque soldat est prêt à donner sa vie, il espère quand même s’en sortir, et est formé
pour tout faire pour en réchapper.
Les chefs militaires n’ont pas à envoyer leurs militaires vers une
boucherie certaine. Ils doivent au contraire les économiser au mieux pour d’autres combats prévus et organisés comme victorieux. On l’avait bien compris pendant la Première Guerre
mondiale.
C’est pour toutes ces raisons qu’il nous faut sortir le plus
rapidement possible de ce guêpier mortel qu’est le Mali.
Entre la météo et les dernières nouvelles du front du Covid-19, on apprend régulièrement qu’au Mali, de jeunes Français perdent la vie dans le combat, contre le terrorisme selon la version officielle, en fait contre les islamistes dont les frères sont accueillis chez nous. Évidemment, le Président et le ministre des Armées expriment réglementairement leur émotion tout en préparant,
j’imagine, leur tenue pour aller s’incliner sur les cercueils des nôtres tombés si loin.
Que nos soldats risquent leur vie pour la protection des Français n’est, en soi, pas scandaleux. C’est leur raison d’être. Ce qui l’est, dans cette affaire,
c’est que le sens de leur sacrifice n’est plus discernable.
Je n’ose penser que les derniers ont peut-être été tués par ceux-là mêmes qu’Emmanuel Macron a consenti à libérer pour « récupérer » Sophie (pardon, Mariam) Pétronin il y a peu. Pourtant comment ne pas l’imaginer ? Comment ne pas se rappeler une fois de plus que, pendant que nous
risquons la vie des nôtres au Mali, 80.000 Maliens vivent chez nous, tranquilles. La famille Traoré ne serait-elle pas mieux à défendre « ses valeurs » là-bas plutôt que subir la « tyrannie blanche » ici
? Comment ne pas imaginer le désarroi, l’inquiétude de nos soldats luttant là-bas, alors qu’ils ne sont même pas rassurés sur la sécurité de leurs familles ici parce que le chef qui les
exhorte au combat contre la vague islamiste africaine est incapable d’endiguer l’invasion des mêmes chez nous et d’assurer la sécurité des quartiers où vivent leurs familles ?
Que fait-on encore, là-bas ? Chaque fois qu’un de nos soldats tombe, on ne peut s’empêcher de se poser la question. Peut-on apercevoir la lumière au bout du
tunnel quand on ne connaît même pas le but de guerre ?
En décembre 2019, en déplacement au Mali avec le président de la République, le général Lecointre, chef d’état-major des armées, déclarait, au sujet de notre
engagement au Sahel : « Nous sommes ici pour assurer notre sécurité pour les 30 ans
qui viennent […] car si nous laissons le chaos s’installer, les États
sahéliens vont s’effondrer sur eux-mêmes, laisser la place à l’État islamique, ce qui provoquera une pression migratoire sur l’Europe, avec tous les risques populistes que cela entraînera. »
Je voudrais pouvoir oublier ses derniers mots qui sont une prise de position politique qu’on n’attend pas d’un soldat. Doit-on penser que, pour lui, le
principal objectif final de notre action au Sahel est la lutte contre le populisme en Europe, qui naît justement, en grande partie, d’une immigration massive qu’on tolère ? Il ne devait pas
donner ce quitus courtisan à un Président égaré.
Peut-on raisonnablement penser que la pression migratoire subie, consentie, actuellement chez nous, qui n’est que l’avant-garde de la déferlante africaine à
venir, sera contenue par cette unique « légion » à la romaine engagée sur un territoire grand comme huit fois la France, où se mène une guerre de nomades sans cesse à recommencer ; avec des
alliés européens presque absents et des alliés locaux dont la médiocrité militaire semble sans remède.
Le CEMA dit chercher la sécurité en France pour les 30 ans à venir. Pour l’instant, la seule perspective, c’est un enlisement de 30 ans qui ne
protégera in fine rien du tout.
Bien sûr, on peut se réjouir de nos succès sur place ; autant de « salopards » en moins. Bien sûr, notre retrait aggravera la situation locale. Mais les moyens
engagés sont dérisoires, ne nous permettent pas d’envisager, à nous seuls, l’issue heureuse d’un conflit dont, d’ailleurs, l’impact sur notre situation intérieure n’est guère appréciable,
compte tenu de l’absence de véritable volonté de défense du pré carré national. Le sacrifice des nôtres en Afrique sert de caution à un État qui, à travers ses Présidents successifs, veut nous faire croire qu’il défend la France et les Français.
La citadelle est assiégée, déjà envahie, les murailles s’écroulent pendant que nos soldats sont engagés au loin dans une lutte sans espoir de succès final. Le
donjon risque de céder, il faut rameuter les troupes.
Mali : Allons-nous continuer encore longtemps à faire tuer nos soldats parce que les décideurs français ignorent ou refusent de prendre en compte les réalités ethno-politiques locales ?
C’est très probablement en représailles de la mort de Bag Ag Moussa, un des principaux adjoints du chef touareg Iyad ag Ghali tué par
Barkhane le 10 novembre 2020, que deux Hussards de Chamborant (2° de Hussards), ont perdu la vie le samedi 2 janvier, à quelques kilomètres de la base de Ménaka, quand leur VBL (véhicule
blindé léger) a sauté sur une mine.
A la différence de la mort de nos trois hommes du 1° Régiment de Chasseurs de Thierville survenue le lundi 28 décembre, au sud de Gao, l’explosion qui a provoqué celle des deux Hussards s’est produite plus au nord, dans une région qui était devenue « calme »,
les décideurs français semblant avoir enfin compris qu’ici, nous ne sommes pas face au même jihadisme que plus au sud. Comme je ne cesse de le dire depuis des années, et comme je le montre
dans mon livreLes
Guerres du Sahel des origines à nos jours, ici, le conflit n’est en effet pas à racine islamiste puisqu'il s’agit d’une fracture inscrite dans la nuit
des temps, d’une résurgence ethno-historico-économico-politique touareg conjoncturellement abritée derrière le paravent islamiste.
Pour bien comprendre la situation, il nous faut revenir en
arrière, au mois de juin 2020 avec la mort de l’Algérien Abdelmalek Droukdal, le chef d’Al-Quaïda pour toute l’Afrique du Nord et pour la bande sahélienne, abattu par l’armée française sur
renseignement algérien. Cette liquidation qui libérait le Touareg Iyad ag Ghali de toute sujétion à l’Arabe Abdelmalek Droukdal, s’inscrivait dans le cadre d’un conflit ouvert qui avait
éclaté entre les deux branches du jihadisme régional. L’EIGS (Etat islamique dans le Grand Sahara), rattaché à Daech prône en effet la disparition des ethnies et des Etats et leur fusion dans
le califat universel. Tout au contraire, le groupe d’Al-Qaïda, dirigé par Iyad ag Ghali « associé » aux services algériens privilégie l’ethnie touareg et ne demande pas la
disparition du Mali.
Le coup d’Etat qui s’est produit au Mali
au mois d’août 2020, a ensuite permis de donner toute liberté à la négociation entre Bamako et la branche locale d’Aqmi, avec pour but de régler le conflit du nord Mali. Pour la France,
l’opération était entièrement profitable car cela permettait de fermer le front du nord.
Même si nous avons perdu ce
« doigté » qui était une de nos spécialités à l’époque des « Affaires indigènes » et ensuite des emprises militaires permanentes, dans la durée, avec des unités dont
c’était la culture, il allait donc être possible, avec un minimum d’intelligence tactique, et en jouant sur cette opposition entre jihadistes, de laisser se régler toute seule la question du
nord Mali. Et cela, afin de commencer à nous désengager après avoir concentré tous nos moyens sur la région des « 3 frontières », donc sur l’EIGS, et également sur certains groupes
peul jouant sur plusieurs tableaux à la fois[1].
Or, le 10 novembre 2020, une insolite opération française menée
près de Ménaka, donc en zone touareg, s’est soldée par la mort de Ba Ag Moussa, un des principaux adjoints de Iyad ag Ghali. Les Touareg ayant pris cette action comme une provocation, il
était donc clair qu’ils allaient mener des représailles.
Par devoir de réserve, je n’ai alors pas
commenté cette opération sur mon blog, mais j’ai prévenu « qui de droit » que les Touareg allaient, d’une manière ou d’une autre, venger la mort de Ba Ag Moussa et qu’il allait
falloir être vigilants dans la région de Ménaka. D’autant plus que, alors que, depuis plusieurs mois, les opérations françaises avaient évité la zone touareg, les derniers temps, elles y
avaient repris. Comme si un changement de stratégie avait été décidé à Paris, un peu « à l’américaine », c’est-à-dire en « tapant » indistinctement tous les GAT (Groupes
armées terroristes) péremptoirement qualifiés de « jihadistes », et peut-être pour pouvoir « aligner du bilan ». Une stratégie sans issue reposant sur une totale
méconnaissance des réalités ethno-politiques locales, et dont nos soldats viennent de payer le prix sur le terrain.
Le signal donné
par les Touareg étant donc clair, aux autorités françaises d’en tirer maintenant les leçons. Veulent-elles oui ou non ré-ouvrir à Barkhane un deuxième front au nord ?
En ce jour de
tristesse, j’ai une pensée particulière pour le sergent Yvonne Huynh, avec lequel, à la veille de son deuxième séjour au Mali, j’avais longuement échangé sur les causes profondes du conflit,
et je tiens, à travers ce communiqué, à faire part de mes sincères condoléances aux « Frères bruns », ses camarades de Chamborant hussards.
Souvenez-vous, c’était en juillet 2019. Dans l’actualité, il était question de l’interdiction de la fessée et de la venue de la jeune Greta Thunberg à
l’Assemblée nationale. Emmanuelle Ménard avait fait un peu d’humour sur Twitter en voulant relier les deux faits – « Greta Thunberg. Dommage que la fessée soit interdite, elle en mériterait une
bonne » -, mal lui en avait pris, un administrateur de Twitter l’avait très vite contactée : soit elle retirait son tweet immédiatement et présentait des excuses, soit elle
faisait appel et son compte était suspendu. Elle avait choisi de faire appel. Elle a retrouvé l’usage de son compte Twitter il y a seulement quelques semaines.
On sait la promptitude, n’est-ce pas, des GAFA pour traquer les propos violents, offensants, choquants, et surtout les « fake news »… sauf que le tweet de la Ligue de défense noire africaine insultant nos deux braves soldats tombés samedi au Mali, qui a été publié dimanche matin à 0 h 46, est toujours là : «
Selon Afrique Média : les deux terroristes (sic) fran
étaient bourrés du aux fêtes (resic) et se sont tirés eux-mêmes dessus. Ça craint ! Il faut vite que Emmanuel Macron rapatrie les troupes du Mali. Les Africains règleront seuls leurs problèmes. » Quelques heures plus tard, la LDNA, répondant à ses détracteurs, précise sa pensée : « La LDNA ne
pas regrette (resic) la mort de ces militaires qui n’auraient pas dû protéger au Mali les intérêts économiques de la bourgeoisie criminelle française menée par Bolloré. Il est temps de
ramener les soldats en France. Les africains, les Maliens se débrouilleront seuls. »
Twitter ne s’en est toujours pas ému. Ne doit pas considérer que c’est violent, choquant, offensant, ni que cela relève de la « fake news ».
Or, la LDNA est aussi sur d’autres réseaux sociaux. Instagram, par exemple, affilié à Facebook, où elle compte 57.600 abonnés. Sur Instagram, son avant-dernière
publication appelle à harceler, en le « taguant » sur les réseaux
sociaux, le député LR de Seine-et-Marne, commissaire à la défense, Jean-Louis Thieriot, qui s’est élevé avec vigueur contre les tweets ci-dessus cités. La dernière est un extrait d’émission
de radio malienne dans lequel le porte-parole de la LDNA Egountchi Behanzin conspue notre armée en toute tranquillité : « Quand les terroristes militaires français ne meurent pas pendant leurs missions, ils sont accusés
de pédophilie sur des gamines en Afrique. Ils sont attrapés avec des caisses remplies d’or. Que font-ils vraiment au Mali ? Qui arme les terroristes ? Personne n’est dupe. »
Rappelons que Egountchi Behanzin s’est rendu célèbre, en septembre dernier, pour avoir tenté d’incendier (sans succès !) le drapeau tricolore devant l’ambassade
de France au Mali.
D’Éric Ciotti à Thierry Mariani, en passant par la LICRA, nombreux sont ceux qui réclament, ce soir, de Gérald Darmanin et d’Emmanuel Macron la dissolution de la LDNA.
Mais notre gouvernement, si prompt à inonder les réseaux sociaux de son indignation surjouée sitôt qu’Éric Zemmour est supposé avoir dérapé ou qu’un policier,
sans même que la justice ait eu le temps de statuer, est accusé, est, en ce dimanche, d’une discrétion de violette, muet comme une carpe, motus et bouche cousue. Sans doute nous dira-t-on,
demain, comme pour les voitures brûlées du réveillon – on connaît la chanson -, qu’il vaut mieux ne pas en parler, chut, il ne faut pas leur faire de la publicité, car c’est ce qu’ils
recherchent, c’est bien plus malin, vous comprenez. Mais pourquoi donc, dans ce cas, fait-on « de la publicité » à Éric Zemmour ?
Dans quelques jours, on rendra hommage à leur dépouille sur le pont Alexandre-III, puis dans la cour des Invalides, avec la mine de rigueur, les troupes au
garde-à-vous, la fanfare militaire, le cercueil drapé de nos couleurs, les décorations posthumes, la poignée de main appuyée à la famille dévastée et un discours vibrant qui convoquera tous
les héros français d’hier et d’aujourd’hui. À quoi bon tout cela, si l’on tolère dans le même temps ces abjects crachats ?
« Fondamentalement, le but de l’opération Barkhane est de protéger les Français et la France »
...par le Gal. Vincent Desportes - Le 04/01/2021.
Deux nouveaux militaires de l’opération Barkhane ont été tués, dimanche, au Mali. Se pose encore une fois la question des raisons de notre présence dans la bande sahélo-saharienne. Le général (2s) Vincent Desportes y répond au micro de Boulevard Voltaire.