Révolte spontanée ou déstabilisation préméditée et organisée ?
...par le Gal. Dominique Delawarde - le 20/03/2019.
Bonsoir à tous,
Ci joint mon analyse sur les événements survenus en Algérie.
Bonne lecture
DD
Général DELAWARDE - 19 mars 2019
(Ancien chef «situation-renseignement-guerre électronique» à l'état major interarmées de planification opérationnelle)
Nombre de mes amis m'ont demandé ce qu'il fallait penser des événements survenus en Algérie
ces trois dernières semaines. Pour avoir beaucoup travaillé sur le dossier algérien lorsque j'étais en fonction et pour ne pas avoir cessé de le suivre depuis, je vais tenter de vous donner mon analyse de la manière la
plus claire possible en répondant à trois questions : Pourquoi ? Quoi ? Comment ?
*
Pourquoi ?
La réponse à cette question se trouve, de mon point de vue, dans un contexte géopolitique qui
dépasse largement les frontières de l'Algérie. Pour simplifier à l'extrême, le monde est aujourd'hui coupé en deux camps qui s'opposent.
Il y a celui qui s’accommode parfaitement d'une organisation de la communauté internationale
telle qu'elle a été conçue et construite au sortir de la 2ème guerre mondiale: FMI, OMC, Banque
Mondiale, dollar, et prééminence US quasi absolue depuis 1990. Les idéologues néoconservateurs de ce camp dérivent aujourd'hui peu à peu vers un objectif de «mondialisation heureuse (pour eux)», unipolaire, sous dominance occidentale (en fait, sous dominance US-OTAN).
Minoritaire en nombre d’États et en population (quarante à cinquante états, un milliard
d'habitants) ce camp dispose, pour quelques années encore, de la puissance économique (plus de 60% du PIB mondial) et, d'une supériorité militaire (OTAN qu'il utilise sans modération). Un quarteron d’États s'active, sur la scène internationale (ou en coulisse), pour mobiliser ce camp et faire valoir ses intérêts : Les USA, le
Royaume-Uni, la France et Israël. L'influence majeure est, dans les faits, exercée par un duo: USA et Israël (pour ce dernier, grâce à
la puissance financière, à l'influence, à la motivation et à la capacité d'action extraordinaires
de sa diaspora et de ses sayanims). Ce camp se regroupe sous la bannière de la «coalition occidentale» et s'autoproclame
souvent, à lui seul : «communauté internationale».
De l'autre côté du grand échiquier, un autre camp s'est organisé peu à peu sous la houlette de la
Russie et de la Chine. Aujourd'hui, ce camp monte rapidement en puissance avec, entre autres, des organisations
internationales créées en ce début de XXIème siècle: les BRICS et l'OCS pour ne citer qu'elles. Il souhaite remettre en cause l'ordre et les règles de
la gouvernance mondiale établis au sortir de la guerre, au profit des occidentaux, pour évoluer vers un monde multipolaire. Il
regroupe, autour de la Russie et de la Chine, de grands pays tels l'Inde ou le Pakistan (puissances nucléaires) et surtout de nombreux «fans». Ce camp, fans compris, est majoritaire tant en nombre d’États qu'en population
(une centaine d’États et plus de quatre milliards d'habitants) mais il est encore à la traîne en terme
de puissance économique (moins de 40% du PIB mondial).
L'Algérie est un grand pays. Avec une superficie de 2,4 millions de km2, c'est à la fois le plus
grand pays d'Afrique, du monde arabe et du bassin méditerranéen. Sous la gouvernance de
Bouteflika, elle a su rester un pays indépendant, contrairement à de nombreux pays arabes qui, se sont, peu ou prou, rapprochés de la coalition occidentale, en application du proverbe : « Baise la main que tu ne peux trancher».
Aux yeux de la «coalition occidentale» précédemment décrite, la gouvernance Bouteflika a
commis cinq «fautes impardonnables» :
1 – Elle entretient de trop bonnes relations avec la Russie, pays dans lequel elle forme les officiers deson
armée depuis fort longtemps et auquel elle achète beaucoup de matériels militaires majeurs (dont les fameux S 400).
2 – Elle entretient de trop bonnes relations avec l'Iran, ennemi désigné des USA et d'Israël, et , par conséquent, pas
vraiment ami de la France et du Royaume-Uni.....
3 – Contrairement à la gouvernance de plusieurs pays arabes (dont le docile Maroc, son voisin), l'Algérie de Bouteflika a
refusé de rejoindre la grande coalition saoudienne, soutenue par les occidentaux, dans son
intervention armée au Yemen pour mater la révolution populaire d'Ansar Allah. Cette opération militaire visait, à l'évidence, à contrer l'extension de
l'influence iranienne au Moyen-Orient, et cela au profit de l'état hébreu.
4 – En outre, depuis le début du conflit syrien la gouvernance Bouteflika a entretenu de bonnes relations avec celle de Bachar el Assad en Syrie et refusé de participer à la curée et au démembrement de ce pays programmé
par les occidentaux et certains de leurs alliés arabes au profit de l’État hébreu.
5 – Enfin, l'Algérie de Bouteflika reste l'un des derniers bastions arabes dans la défense de la cause palestinienne. Chacun peut comprendre que cette position indispose l’état hébreu et son puissant allié US qui
peuvent y voir un obstacle sérieux au «deal du siècle».
La réponse à la question : «Pourquoi les événements sont-ils aujourd'hui ce qu'ils sont en terre
algérienne ?» tient, pour une large part, dans les points évoqués ci dessus .
*
Quoi ?
Les indices ne manquent pas dans la crise algérienne qui font furieusement penser à une
opération de «Regime Change» (changement de régime), dont les occidentaux sont
particulièrement friands (révolutions colorées, Ukraine, Libye, Printemps arabes, Syrie, Venezuela, Brésil.....), qu'ils réussissent parfois (Maïdan, Libye, Brésil) et dont ils gardent jalousement «les secrets de fabrication».
Il y a, bien-sûr, les déclarations enflammées, à l'attention du peuple algérien, de l'inénarrable BHL qui constituent, à elles toutes seules, un marqueur indiscutable qu'une
opération de «Regime Change» est en cours. Il faut se souvenir de son engagement
constant et toujours théâtral
dans ce type d'opération : Bosnie, Kosovo, Libye, Maïdan, révolutions colorées, Syrie, et même
Venezuela dernièrement ....etc.
Ses appels à la révolution (chez les autres, pas chez nous) relèvent désormais du grand classique
autant que du meilleur comique troupier. Elles pourraient même devenir contre-productives en révélant, à l'avance, le
dessous des cartes aux observateurs les plus avertis.
Il y a aussi la teneur des déclarations des grands leaders de la coalition occidentale sur cette
affaire algérienne, qui montre clairement, jour après jour, qu'ils apprécieraient un changement de
gouvernance en Algérie et l'avènement d'un nouveau pouvoir qui leur serait plus favorable. A chacun de s'y référer et
d’interpréter les propos tenus.
Il y a, encore, la lecture des journaux du quarteron d’États dirigeant «la coalition occidentale».
L'ampleur, la teneur et le ton des réactions médiatiques sur ce qui devient, peu à peu, la «crise algérienne» et
qui pourrait être baptisé dans quelques jours: «le printemps algérien», sont particulièrement révélateurs. La lecture du New York Time et du
Washington Post aux USA, du journal «Le Monde» et des reportages de BFMTV en France, des journaux israéliens, Haaretz et Jerusalem post, est édifiante
et facile à décrypter pour un bon spécialiste du renseignement.
Enfin, il y a la méthode, les techniques et les moyens utilisées pour organiser un chaos de plus ou
moins grande ampleur, préalable indispensable à l'avènement d'un nouveau régime. Ils constituent également de précieux
indices.
Comment ?
Comme dans toutes les opérations de «Regime Change», il faut, pour réussir, respecter plusieurs
règles de base et disposer de gros moyens financiers :
1 – Choisir le bon moment pour déclencher l'opération.
Le bon moment, c'est celui où le régime auquel on s'attaque est fragilisé (crise économique ou
sociale, gouvernance usée et affaiblie, population divisée). Une échéance électorale peut constituer une excellente
opportunité permettant d'éviter trop de dommages collatéraux pouvant aller jusqu'à la guerre civile ...
Tous les feux sont au vert pour déclencher, en mars 2019, ce type d'opération de «Regime
Change» en Algérie, avec quelques espoirs de succès.
2 – Diaboliser le camp à abattre, puis promouvoir celui qu'on veut aider à triompher.
Ce sont les techniques de base utilisées avec grand succès par Cambridge Analytica dans plus de 200 campagnes électorales
entre Septembre 2013 et Mars 2018. Ces techniques sont toujours utilisées aujourd'hui.
Dans le cas de l'Algérie, l'incapacité physique de Bouteflika à gouverner le pays est mise en
avant. On dénonce les résultats de sa gouvernance, évidemment qualifiés de désastreux (chômage, inégalité, résultats
économiques). On dénonce son entourage et la corruption. On s'appuie sur une diaspora algérienne nombreuse et fortement influencée par les médias
mainstream occidentaux pour chauffer à blanc l'opinion et la rue.
3 – Utiliser les moyens modernes de communication et d'échange entre les citoyens.
Facebook et Twitter, outils sous contrôle occidental, sont utilisés au maximum pour manipuler
et chauffer les foules et pour organiser très rapidement de grands rassemblements protestataires. Là encore, il s'agit de méthodes expérimentées avec succès par Cambridge Analytica dans un passé récent, notamment en Amérique du
Sud.
Ceux qui contrôlent ces opérations «numériques» ne résident pas toujours dans le pays
objet de l'ingérence. L'opération peut être contrôlée à partir du territoire d'un pays occidental
(généralement les USA). Il suffit de disposer d'un groupe d'individus de bon niveau maîtrisant
parfaitement la langue du pays objet de l'ingérence. Ces individus existent évidemment en grand nombre dans la diaspora
algérienne mais aussi dans la diaspora séfarade. De telles actions contrôlées à partir de l'étranger ont déjà été observées dans les cas tunisien,
libyen et égyptien....
Ces opérations numériques constituent un complément utile et efficace à l'action des médias
traditionnels (TV et journaux mainstream) qui agissent en meute, avec une belle unanimité, ce qui
n'a rien d'étonnant lorsqu'on connaît la connivence de leurs propriétaires et les règles de «la guerre de l'information».
4 – Corrompre un maximum de politiques, d'organisations d'influence, d'hommes importants dans l'appareil d'état (Armée, Justice, Élus....)
Il s'agit d'organiser d'abord le lâchage du régime en place et dans un deuxième temps le soutien
du candidat à promouvoir : encore une méthode éprouvée de «Cambridge Analytica». Elle nécessite beaucoup
d'argent, mais l’État qui imprime le papier «dollar» n'en manque pas.
L'argent et les promesses de positions avantageuses dans le nouveau régime viennent
généralement à bout des plus coriaces.......
Pour savoir qui aura gagné de la coalition occidentale ou du camp «BRICS-OCS», il sera très
utile d'étudier le passé, les soutiens et l'entourage de l'homme qui émergera lorsque le régime en place aura passé la
main ...... Il sera très instructif d'observer les premières mesures prises par le nouveau pouvoir. Une normalisation des relations avec le Maroc et un
rapprochement avec les pays du Golfe constitueraient des indices intéressants.
Je ne pense évidemment pas qu'on aille jusqu'à une normalisation des relations avec Israël, à une
visite officielle à Tel Aviv ou à l'établissement d'une ambassade d'Algérie à Jérusalem. Pour les non initiés, ces trois
derniers gestes ont été observés dans le «régime change» brésilien et indiquent de manière claire le rôle éminent joué par la diaspora pro-israélienne
au Brésil dans l'affaire Bolsonaro. Ce rôle existe aussi dans l'affaire Vénézuélienne, si l'on en croit les promesses enflammées de Guaïdo
de transférer son ambassade à Jérusalem, s'il parvient à prendre le pouvoir. Ce genre de promesses a l'immense intérêt de désigner clairement les sponsors financiers du président élu brésilien et du «président
autoproclamé» du Venezuela et d'expliquer le soutien de la «coalition occidentale» à ces individus.
*
En conclusion, vous l'aurez compris, je ne crois pas à la spontanéité de tous les événements qui
agitent aujourd'hui la rue algérienne.
Aucun des deux grands camps qui s'opposent aujourd'hui dans le monde ne peut être indifférent à ce qui se passe en
Algérie. L'ingérence étrangère y est donc plus que probable. Le contraire serait surprenant.
Ceux qui s'ingèrent sont ceux qui y ont un intérêt et qui en ont les moyens. Ils s'appuient très
habilement sur la triple opportunité qui leur est offerte : l'usure du pouvoir en place et de son chef, l'indéniable
crise économique et sociale imputée à la gouvernance Bouteflika et l'échéance électorale prévue par la constitution. Ils s'appuient aussi sur les moyens
techniques (réseaux sociaux), et les moyens financiers et humains dont ils disposent.
Bien sûr, les tenants du clan «occidental» vont hurler «au complotisme» à la lecture de cette
analyse. C'est une technique désormais bien connue pour discréditer les individus dont les points de vue s'écartent des
positions officielles. Mais cela n'empêchera pas ceux qui réfléchissent encore par eux mêmes de se poser les bonnes questions.
Quant à savoir comment va tourner cette affaire, je me garderai bien d'émettre le moindre
pronostic. La rue algérienne n'a probablement aucune idée de la manipulation dont elle est l'objet. La gouvernance en
place et ses services de renseignements disposent certainement d'informations précises qui peuvent constituer un facteur de force. Mais de là à en
déduire qui va l'emporter, c'est encore impossible aujourd'hui. On ne peut dire qu'une chose: «Bonne chance l'Algérie»!
DD
PS : Trois documents intéressants viennent à l'appui de mon propos pour ceux qui veulent aller au fond des choses:
- Un article intéressant du 13 mars 2019 relevé sur le site «les alertes de Stratediplo» sous le titre
La diplomatie algérienne transmettra à Poutine une lettre de Bouteflika
Le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a tenu une conférence de presse avec Sergueï Lavrov lors de laquelle il a abordé plusieurs sujets, dont la lettre d'Abdelaziz
Bouteflika à Vladimir Poutine, la création d’un groupe de travail russo-algérien ainsi que l’élection présidentielle dans son pays.
En visite en Russie, le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a tenu à l'issue de leur réunion du mardi 19 mars une conférence de presse conjointe avec le chef de la
diplomatie russe Sergueï Lavrov.
Lettre de
Bouteflika à Poutine
L’homme politique algérien a annoncé qu’il avait apporté à Moscou un message d'Abdelaziz Bouteflika à Vladimir Poutine.
«J'ai saisi l'occasion pour apporter en Russie un message écrit du Président de la République algérienne, Abdelaziz Bouteflika, adressé à Vladimir Poutine», a-t-il déclaré.
Cependant, comme Vladimir Poutine n’était pas à Moscou, le diplomate a transmis le document à M.Lavrov. Le ministre russe passera ainsi la lettre au chef du Kremlin quand il sera de retour, a
expliqué M.Lamamra.
Ramtane Lamamra a en outre annoncé que la Russie et l’Algérie créeront un groupe de travail au niveau des chefs de la diplomatie et leurs adjoints pour discuter de différentes sujets, dont «des
questions de coordination bilatérale, de coopération et de notre travail dans des forums et plateformes multilatéraux dans l’intérêt du renforcement de la paix et de la sécurité».
Présidentielle
en Algérie
Abordant le sujet de l’élection présidentielle, le ministre algérien a déclaré que l’opposition pourra participer à la gouvernance du pays après la fin du forum national d’unification qui se
produira «dans un avenir proche».
«L'élection présidentielle, il faut le souligner, se déroulera dans de nouvelles conditions, car pour la première fois dans l'histoire du pays, tous ceux qui le souhaitent pourront y
participer. Pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie moderne, une commission électorale indépendante suivra le processus et l'opposition algérienne aura l'occasion de participer
activement aux travaux du gouvernement», a précisé Ramtane Lamamra.
«La nouvelle date de l'élection présidentielle sera déterminée par un forum national indépendant. Il convient également de noter que le Président en exercice Abdelaziz Bouteflika a décidé de
ne pas participer à l'élection présidentielle. Il est prêt à transférer ses pouvoirs en toute transparence au Président qui sera élu à cette élection», a souligné le chef de la diplomatie
algérienne.
Les voies de
la sortie de crise
Par ailleurs, M.Lamamra a insisté sur le fait que l'Algérie sera en mesure de surmonter seule la crise politique et d'en sortir encore plus forte.
«La Russie et l'Algérie prônent une non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays. Les deux pays croient en la priorité du dialogue dans la résolution pacifique et diplomatique
de toutes les situations de conflit. Je tiens à vous assurer que ce qui se passe en Algérie est désormais une affaire familiale et nationale», a-t-il dit.
Abdelaziz Bouteflika avait précédemment déclaré qu'il entendait remettre ses pouvoirs à son successeur qui sera élu lors d'un scrutin organisé à l'issue d'une Conférence nationale qui se
tiendra «dans un très proche avenir». Celui-ci devra réformer l'Algérie, modifier la Constitution et mettre fin à la crise actuelle.
Ciblé depuis près d'un mois par une vague de contestations inédite, l'actuel Président de l'Algérie a renoncé le 11 mars à briguer un 5e mandat et a repoussé la présidentielle — initialement
prévue le 18 avril — à la fin de la Conférence nationale dont la date n'a pas encore été fixée.
Vendredi, des Algériens sont à nouveau descendus dans les rues pour protester contre la prolongation du mandat de M.Bouteflika.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov reçoit son homologue algérien Ramtane Lamamra à Moscou, le 19 mars 2019.
Sergueï Lavrov a reçu ce 19 mars à Moscou son homologue algérien Ramtane Lamamra. Abordant la situation politique en Algérie, le chef de la diplomatie russe a souligné le refus de Moscou
de «toute ingérence dans les affaires internes de l’Algérie».
Le vice-Premier ministre et chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra a entamé depuis le 18 mars une tournée internationale visant à rassurer les partenaires étrangers de
l’Algérie, quant à la viabilité du processus engagé pour le pouvoir pour sortir de la crise politique actuelle. Depuis mi-févier, le pays est le théâtre d’importantes manifestations contre Abdelaziz Bouteflika. Si le chef de l’Etat algérien a renoncé à briguer un cinquième mandat sous la pression de la rue, la décision de reporter l’élection présidentielle,
prolongeant de facto son mandat actuel, n’a pas apaisé la colère des protestataires.
«Le peuple algérien doit décider lui-même de son avenir et de son destin»
Après l’Italie où il a rencontré le président du Conseil des ministres d'Italie Giuseppe Conte, Ramtane Lamamra s’est rendu ce 19 mars en Russie pour s’entretenir avec son homologue russe
Sergueï Lavrov. Au cours d’une conférence de presse conjointe, ce dernier a notamment rappelé l’importance du respect de la souveraineté algérienne : «Le peuple algérien doit décider
lui-même de son avenir et de son destin sur la base de sa constitution et dans le respect du droit international», a-t-il déclaré avant de souligner que la Russie refusait «toute
ingérence dans les affaires internes de l’Algérie».
La semaine dernière, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova avait annoncé que la Russie considérait que les derniers développements en Algérie relevaient d'une «affaire purement intérieure».
«Une commission électorale indépendante va être en charge de la présidentielle»
De son côté, Ramtane Lamamra a assuré que le président algérien respecterait ses engagements pour permettre une issue rapide à la crise actuelle : «L'élection présidentielle se
tiendra dans de nouvelles conditions : pour la première fois dans l'histoire du pays, pourront y prendre part tous ceux qui le souhaitent», a-t-il assuré.
«Une commission électorale indépendante va être en charge de la présidentielle et des personnalités de l’opposition feront parties du prochain gouvernement», a-t-il poursuivi avant de
garantir que «la prochaine constitution refléter[ait] la réalité du consensus national pour un avenir radieux». Ces annonces du vice-Premier ministre algérien avaient déjà été formulées le 14 mars lors d’une conférence de presse tenue conjointement avec le Premier ministre Nourredine Bedoui. Elles avaient alors été
immédiatement rejetées par la majorité des partis d’opposition et la rue.
Ce 19 mars à Alger, des étudiants, des enseignants ou encore des infirmiers ont
battu le pavé de plusieurs villes du pays pour exprimer une nouvelle fois leur opposition à cette feuille de route. Le 25 mars, soit le cinquième vendredi consécutif, une grande
marche est prévue pour demander le départ d’Abdelaziz Bouteflika à l’expiration théorique de son mandat, le 28 avril.
De formation militaire, financière et diplomatique, s'appuie sur une trentaine d'années d'investigations en sciences sociales et
relations internationales.
La fièvre du vendredi matin, que l'on constatait en Syrie en juin 2011, touche à présent l'Agérie.Elle ne saurait surprendre ceux qui ont vu se
multiplier les préparatifs en vue de la déstabilisation qu'on annonçait le 17 octobre 2018 (http://stratediplo.blogspot.com/2018/10/tant-qua-destabiliser.html).
A peine un mois après cet article, un groupe de 43 "syriens" infiltrés clandestinement par la frontière malienne a été arrêté près de Tamanrasset. En langage
algérien cela signifie, comme dans le cas des dits "afghans" des années quatre-vingt, des mercenaires d'origines diverses ayant servi en Syrie, mais du moins sait-on qu'il s'agissait
d'arabophones, pas de Français (plus gros contingent européen détaché en Syrie). Il y avait en tout cas parmi eux de vrais Syriens, anciens officiers déserteurs passés aux forces islamistes.
Porteurs de grosses sommes d'argent destinées au recrutement de réseaux en Algérie, ils se sont réclamés de l'Armée Syrienne Libre (faction soutenue notamment par la France), ont en effet
bénéficié immédiatement de pressions étrangères en vue de leur libération et surtout de leur éviter un renvoi vers la Syrie, et ont été expulsés début décembre en direction du Soudan prêt à
les recevoir, avec un groupe de Yéménites (ou islamistes arabes revenus du Yémen) d'effectif non diffusé. Quelques jours plus tard 53 Palestiniens ont été à leur tour capturés dans la région
de Tamanrasset après leur infiltration. Puis le 8 décembre une trentaine de "syriens" a encore été capturée à Tamanrasset, et d'autres encore à Ghardaïa. Quelques individus avaient quitté la
Syrie, après la défaite de l'Etat Islamique, par la Jordanie, mais la grande majorité étaient passés par la Turquie d'où ils avaient ensuite été acheminés par avion vers Khartoum, dotés là de
faux passeports soudanais, transférés par voie aérienne à Bamako et de là par voie terrestre sous escorte armée.
Si des centaines de mercenaires islamistes ont été ainsi interceptés depuis novembre il est difficile d'estimer combien ont été introduits sans être interceptés. Le
2 janvier le ministère de l'Intérieur a révélé que des centaines de "syriens" avaient ainsi été capturés, après leur entrée clandestine par la frontière malienne alors que les Syriens n'ont pas
besoin de visa pour se rendre légalement en Algérie, et a annoncé des mesures comme l'interdiction formelle aux Syriens d'entrer par la frontière sud dans un pays qui a accueilli légalement 50000
vrais réfugiés syriens depuis le début de la guerre. Pour sa part le Mali ne cache pas son hostilité (récente) envers l'Algérie, coupable d'avoir décidé en 2017 l'expulsion du cinquième de
la centaine de milliers de clandestins dits subsahariens (parmi lesquels on estime 5% d'islamistes), et d'y avoir procédé de manière à dissuader la récidive, en déposant ces clandestins "en plein
désert", en l'occurrence sur la route mais à la frontière puisque l'armée algérienne ne saurait faire incursion en territoire malien. Ainsi la police malienne n'a pas empêché l'attaque et le
saccage de l'ambassage algérienne à Bamako par des "refoulés" le 12 mars de l'année dernière. Certes le nord du Mali, par où passe l'infiltration des mercenaires islamistes pour entrer en
Algérie, est pour sa part pratiquement contrôlé par la France, au nom de l'Union Européenne.
Parallèlement aux infiltrations d'islamistes étrangers l'armée algérienne a découvert des centaines de caches le long des frontières orientales et
méridionales, avec bien sûr des stocks alimentaires et du carburant mais surtout de l'armement, y compris collectif, antichar (lance-roquettes) et antiaérien sophistiqué (missiles). En
matière d'armement individuel la presse algérienne déclare que l'armée a saisi en quelques mois, fin 2018, quarante-huit millions de munitions (il y a peut-être un zéro de trop). Et fin
décembre un cargo chargé d'armement, provenant de Turquie, a été appréhendé à son arrivée en Tripolitaine. Il est difficile d'attribuer tout cela à un mouvement spontané, pas plus que les
recommandations de gouvernements européens envers leurs ressortissants d'éviter, en cas de tourisme au Maroc, la zone frontalière avec l'Algérie.
C'est pourtant très spontanément qu'ont éclaté les manifestations monstres du 22 février, immédiatement qualifiées de protestations à l'annonce de la candidature du
président Abdelaziz Bouteflika à l'élection présidentielle du 18 avril, mais dont il n'est pas interdit de se demander si elles n'auraient pas spontanément trouvé un autre motif au cas où
celui-là ne se serait pas présenté. En effet si une telle mobilisation avait eu lieu deux mois plus tard, dans les isoloirs habituellement massivement boudés par l'électorat algérien, un candidat
honni n'aurait certainement pas pu être élu. Et d'ailleurs peu d'Algériens croient que c'est la momie présidentielle qui gouverne réellement leur pays, entre ses séjours médicaux en France. Sans
le moindre préavis sur "réseau social", des centaines de milliers d'Algériens sont sortis dans la rue pour manifester dans quasiment toutes les grandes villes, y compris à Alger où c'est interdit
depuis 2001. La presse, prise par surprise, ne l'a ni vu venir ni même rapporté le soir, et a dû s'informer et se concerter dans la nuit pour rendre compte de l'événement le lendemain samedi.
Plus de trois semaines plus tard tout le monde assure ignorer qui a appelé à cette marche du vendredi 22 février, qui s'est ensuite reproduite vendredi 1er mars, puis vendredi dernier 8
mars et se reproduira certainement vendredi prochain 15 mars. Dans tout le pays, en fin de matinée et en synchronie surprenante, les gens se sont spontanément mis à manifester en sortant des
dizaines de mosquées des grandes villes, comme si une révélation prophétique leur était soudainement apparue sans que personne ne leur donne de consigne.
Il y eut certes une exception, à Bougie, la ville dont le régime fondé par le colonel de Gaulle entend faire oublier qu'elle a donné son nom français à la chandelle
de cire. Vendredi 22 février, dans son homélie, le moufti de Bougie a appelé ses ouailles au calme et au respect de l'ordre constitutionnel dans la période troublée que traversait le pays.
Ignorant ce qui se passait au même moment dans d'autres mosquées, et donc choqués qu'un ministre du culte se mêle soudain de politique, et de plus qu'il appelle la population kabyle à
soutenir le régime arabe, de nombreux fidèles sont alors sortis de la mosquée. C'est certainement par une heureuse coïncidence, ou une inspiration divine, que ce moufti a appelé au respect de
l'ordre au moment même où dans de nombreuses mosquées du pays des centaines de milliers de personnes acquéraient collectivement l'idée de manifester spontanément en sortant.
Le 9 mars un appel à la grève générale de cinq jours a été lancé, paraît-il par un petit syndicat méconnu, très généralement diffusé et relativement bien suivi le
10 mars. A ce sujet il faut savoir que la culture syndicale et gréviste n'est pas la même en Algérie qu'en France. Dans un pays socialiste les employés ne servent pas le grand capitalisme privé
mais la population, et dans un pays pauvre ils savent que ce sont leurs compatriotes qui souffriront de toute interruption des services essentiels. Un bel exemple est celui du métropolitain
d'Alger, dont la grève consiste à débrancher les distributeurs de tickets et fermer les guichets (plus quelques bouches de métro) afin que les usagers puissent utiliser le transport public
gratuitement. Dans certaines villes, une sorte d'incertitude quant à l'ampleur et la suite des événements a fait fermer pratiquement tous les petits commerces, mais en même temps les commerçants
discutaient avec leurs clients sur le trottoir des difficultés qu'entraînerait la prolongation de cette grève. Tous les débats publics, oraux ou écrits, montrent que l'opinion est très divisée et
n'est certainement pas majoritairement acquise à une véritable grève de cinq jours. Là comme en matière de manifestation, la seule coordination qui soit apparue au grand jour est celle des
étudiants, rejointe aujourd'hui par les enseignants. Des étudiants préparent aussi un service d'ordre pour contrer les provocateurs, introduits vendredi dernier en marge des manifestations
pacifiques comme à Kiev il y a cinq ans.
Rapatrié d'urgence par vol bleu de Genève où il était hospitalisé, l'homme faible du régime a annoncé avant-hier lundi 11 sa mission ultime de fondation d'un
nouveau régime, le report de l'élection présidentielle, un remaniement ministériel, le lancement d'une grande "conférence nationale" ou remue-méninges devant préparer pour fin 2019 un projet
de constitution pour soumission à referendum, la tenue ensuite d'une élection présidentielle conforme aux prédicats étrangers, la formation d'un gouvernement de transition avant l'élection
présidentielle, et le retrait du dictateur (au sens classique de chargé de mission exceptionnelle avec pleins pouvoirs) à l'issue de l'élection présidentielle.
En Algérie comme à l'étranger l'annonce présidentielle a été perçue comme un projet de prolongation du mandat et du régime, et donc reçue négativement par les
aspirants au changement et positivement par les tenants de la stabilité. En Kabylie la réaction assez générale des journaux et des réseaux sociaux semble être un appel à la sécession.
Plus franchement encore que lors de l'interruption du processus électoral parlementaire en décembre 1991, les gouvernements des grandes puissances ont
officiellement déclaré approuver le plan gouvernemental, à l'exception notable de l'allié de l'Algérie, la Russie, qui conformément à sa doctrine de non-ingérence et au droit international
déclare ne pas se prononcer sur une question interne. Dans les Etats de non-droit comme les Etats-Unis et les pays arabes la presse commente le fond de la décision gouvernementale, en Europe
quelques médias comme Le Monde et la BBC soulignent qu'elle viole la constitution algérienne, sans pour autant la qualifier de coup d'Etat comme le fait une partie de la presse algérienne.
D'une manière générale l'ensemble de la presse occidentale dépendante des agences monopolistiques des pays de l'OTAN (AFP, Reuters et AP), suivie par la presse des pays arabes, dénonce la
manoeuvre gouvernementale et annonce le chaos. L'illustre libérateur de la Cyrénaïque et éminence grise du gouvernement français, connu pour ses appels au bombardement de Belgrade puis de Moscou
au siècle dernier et plus récemment sa prose d'appel à la haine contre le président russe, a dès lundi appelé la population algérienne à la révolution.
En réalité un certain nombre de puissances et de pouvoirs étrangers attendaient ou préparaient la déstabilisation. Quelques jours après les manifestations surprise
du 22 février, Amnesty International et ses soutiens ont fortement appelé les forces de l'ordre algériennes à la retenue en vue des manifestations du vendredi suivant. Cette ingérence est
particulièrement notable alors que seuls 41 activistes violents avaient été interpellés (et libérés au bout de quelques heures) sur des centaines de milliers de manifestants, quand en France les
manifestations de, paraît-il, quelques dizaines de milliers de personnes le samedi (le néo-poujadisme est constitué de travailleurs) donnent lieu à des milliers d'arrestations et de
placements en garde à vue ou défèrements immédiats. Elle surprend aussi dans la mesure où la police a unanimement toléré (et parfois accompagné) les manifestations, y compris à Alger où elles
sont prohibées, en singulier contraste avec la France, condamnée en cela par le Parlement Européen, où chaque manifestation donne lieu à des violences gouvernementales inouïes avec tortures et
mutilations ciblées.
Algérie Patriotique de ce mercredi relaie, avec force détails troublants, des révélations persanes sur les préparatifs organisés de la déstabilisation de
l'Algérie (www.algeriepatriotique.com/2019/03/13/un-plan-de-destruction-de-lalgerie-est-entre-en-action-a-partir-du-maroc/).
Dans un centre de coordination installé à Rabat, un certain nombre d'agents étatsuniens, marocains et de spécialistes d'Otpor (l'agence initialement serbe financée par Soros pour les
"révolutions de couleur") travailleraient depuis déjà un an à la planification, au financement et au ravitaillement de mouvements activistes en Algérie, et des cadres algériens auraient
suivi là six mois de formation intensive. Deux douzaines d'officiers étatsuniens, marocains, serbes et français (et quelques Algériens félons), seraient déjà à pied d'oeuvre dans deux
états-majors de conduite opérationnelle déployés à Oujda et Errachidia (Maroc), et des dizaines d'autres formeraient déjà un millier de futurs miliciens dans trois camps d'entraînement (dont un
en Mauritanie), tandis que deux bases de soutien logistique auraient été installées en Tunisie.
Pourtant le gouvernement algérien s'est conformé aux discrètes injonctions uniopéennes et françaises de revirement politique en matière migratoire. Dès le 14
février, donc avant le déclenchement de la crise actuelle, Ramtane Lamamra, ancien ministre des Affaires Etrangères, a été désigné conseiller diplomatique spécial auprès de la
présidence, comme pour superviser ou court-circuiter le ministre des Affaires Etrangères. "Kabyle de service" comme disent les Berbères, diplomate de formation et spécialiste de l'Afrique
(subsaharienne surtout), Lamamra est un homme de l'Union Africaine et de l'ONU, qui a accompli de multiples missions pour l'une et l'autre, ainsi que pour diverses agences du système onusien. Son
aversion pour la politique de contention de l'immigration illégale subsaharienne n'est pas un secret. Estimé par les hauts fonctionnaires internationaux, il est particulièrement apprécié de
Federica Mogherini, ministre des Affaires Etrangères de l'Union Européenne. Il est membre du conseil d'administration de la fameuse officine de conception et déclaration de crises
déstabilisatrices International Crisis Group.
L'hospitalisation d'Abdelaziz Bouteflika à Genève, au surlendemain des premières manifestations spontanées à la sortie des mosquées, était en fait un paravent à des
consultations discrètes organisées par son frère Saïd à l'avance, puisque les visites ont débuté le jour même de leur arrivée, dimanche 24 février. Un envoyé spécial de haut rang du
président Emmanuel Macron a même été reçu en même temps que Ramtane Lamamra, et dès lundi 25 l'agence Reuters émettait l'hypothèse d'une remise directe du pouvoir présidentiel à Lamamra par
Bouteflika. Diverses personnalités et diverses formules de transmission du pouvoir, manifestement préparées ailleurs, ont été présentées ou recommandées au président à l'occasion
de plusieurs entrevues de courte durée. Le 2 mars Euronews a annoncé que le président allait annoncer la nomination de Lamamra comme premier ministre.
Finalement un remaniement ministériel a eu lieu avant-hier 11 mars. Ramtane Lamamra redevient ministre des Affaires Etrangères, mais aussi vice-premier ministre,
poste nouvellement créé pour renforcer sa position alors qu'il eût suffi de le nommer ministre d'Etat, comme lors de son premier mandat de ministre des Affaires Etrangères et à la différence de
son successeur d'alors, et prédécesseur d'aujourd'hui, Abdelkader Messahel autodidacte arabe dont les détracteurs algériens fustigent le français grossier et l'arabe primaire. L'étranger,
surtout, reprochait à Messahel son soutien dès juillet 2017 à la politique de fermeté face à l'immigration illégale, mise en oeuvre par le premier ministre Ahmed Ouyahia devant l'accroissement
subit des flux d'origine subsaharienne, la menace de leur transformation en une route clandestine massive vers la France, et dernièrement l'apparition d'une composante arabe islamiste en marge de
ces flux. Accessoirement le Maroc lui reprochait sa dénonciation du premier narco-Etat au monde (en réalité après l'Afghanistan). Le premier ministre kabyle Ahmed Ouyahia a été démissionné, selon
le souhait de tous les appareils internationaux, uniopéens et crypto-gouvernementaux qui lui reprochaient depuis sa nomination en 2017 son combat contre l'immigration clandestine, d'ailleurs
soutenu par la population algérienne. Il est remplacé par l'Arabe anti-kabyle Noureddine Bedoui, apparatchik issu de l'administration préfectorale et ministre de l'Intérieur du gouvernement
Ouyahia, chouchou des chancelleries occidentales et dont le mérite principal est d'avoir régulièrement manifesté son opposition à la politique de lutte contre l'immigration clandestine, et
d'avoir lancé un recensement national vraisemblablement destiné à une régularisation massive.
Enfin, en marge du gouvernement, le président a aussi nommé, pour piloter la conférence nationale constituante, l'islamiste arabe Lakhdar Brahimi, haut
fonctionnaire de l'ONU, ancien secrétaire général adjoint de l'ONU et de la Ligue Arabe, plusieurs fois représentant spécial du Secrétaire Général de l'ONU, membre du comité des Elders
(chibanis) pour la Paix de l'ONU, grand pourfendeur de la souveraineté des Etats, et dont la mission impossible et hypocrite en Syrie ne lui a pas permis de faire valoir les talents de
conciliation que nécessitent la convocation d'Etats Généraux en Algérie. Sa nomination ressemblerait presque à une mise sous tutelle internationale de l'Algérie en crise provoquée.
Lundi 11 mars, le pouvoir politique algérien semble avoir abdiqué sa souveraineté et ses frontières et mis le pays sous contrôle étranger en croyant éviter la
déstabilisation qui entre en phase finale. Deux-tiers des Algériens d'aujourd'hui n'ont pas connu la guerre civile islamique des années quatre-vingt-dix et ignorent où va leur pays.