Cet article constitue la première partie d’une analyse plus large, visant à démontrer l’imposture sioniste et les mécanismes de réécriture historique depuis
des siècles pour justifier une identité juive moderne et les stratagèmes qu’Israël déploie à travers l’usage des technologies modernes et l’utilisation des instruments politiques
contemporains, pour justifier le génocide en cours à Gaza, ainsi que la future annexion de tout le Moyen-Orient avec leur plan du «Grand Israël». Loin d’être une simple question de
légitimité territoriale, la colonisation israélienne se révèle être une entreprise systématique de falsification de l’Histoire, non seulement de la région, mais de l’Histoire de ce peuple
en dévoyant le patrimoine culturel et religieux de l’humanité tout entière.
Ceci est le récit d’une mystification qui a démarré il y a déjà bien longtemps et dont on touche la finalité de nos jours. À travers des discours
soigneusement construits et maintes fois remaniés, les israélites cherchent à imposer une version monolithique de leur histoire, où la continuité des récits bibliques justifierait des
actes de domination qui ne sont en réalité que des formes de colonisation territoriale, culturelle et spirituelle aussi abjectes qu’archaïques.
Depuis la fondation de l’État d’Israël en 1948, une entreprise méthodique de réécriture historique s’est imposée avec une intensité remarquable des
destructions ciblées des vestiges matériels des civilisations antérieures, d’un effacement systématique de la mémoire collective des peuples autochtones, et de l’encadrement sévère du
discours par des dispositifs juridiques destinés à neutraliser toute remise en question de la version officielle de l’Histoire. De plus, cette stratégie de contrôle s’adosse à une
glorification exclusive d’une identité juive, érigée comme narrative dominante, souvent en opposition implicite, voire explicite, aux autres mémoires collectives. Leur «devoir de mémoire»
imposé autour de la Shoah, les lois comme la loi Gayssot, et l’accusation d’antisémitisme brandie à la moindre critique du récit établi, participent
activement à une forme de chantage moral globalisé, où toute dissidence intellectuelle est immédiatement disqualifiée, sinon réprimée.
Mais ce verrouillage idéologique ne se limite pas aux enjeux du XXIe siècle. Il s’enracine dans un long processus de falsification et de réécriture
de l’Histoire, amorcé bien avant la création de cet État illégal maintes fois réprimandé par l’ONU et touchant aux fondements mêmes des récits religieux, historiques,
identitaires, et territoriaux. L’objectif clair de cette malversation est de redéfinir la réalité en fonction d’une vision exclusivement sioniste du monde moderne, au mépris des vérités
historiques, archéologiques, théologiques et dorénavant des tentatives d’effacement des peuples autochtones.
Ce premier article, donc, se propose d’explorer les premières étapes de cette manipulation historique, en s’intéressant à la façon dont Israël, à travers
l’occupation illégale des terres palestiniennes, la destruction des sites archéologiques du Moyen-Orient, et la mise en place d’un discours révisionniste, efface petit à
petit les traces d’une civilisation arabe et méditerranéenne millénaire, tout en imposant un récit mensonger mais exclusif. Or, cette entreprise suprématiste ne concerne pas uniquement le
conflit israélo-palestinien, mais touche aussi les fondements mêmes de la mémoire collective mondiale.
Cette déconstruction du mythe de l’identité juive moderne est non seulement nécessaire pour une compréhension juste des événements historiques, mais aussi
pour stopper un projet sioniste génocidaire et impérialiste, devenu fou et sanguinaire à force d’impunité.
Depuis sa naissance, ce projet a été entretenu par un système de déni et de suppression systématique de toute forme d’opposition, qu’elle soit diplomatique,
médiatique ou académique. L’impunité dont il bénéficie, en raison de corruption active des gouvernements comme des institutions (voir le dossier Epstein), l’absence de
réelle pression internationale et de la marginalisation violente des voix critiques, a permis à ce régime d’apartheid de poursuivre sa politique coloniale et ses violations des droits
humains sans aucune crainte des conséquences.
C’est la raison pour laquelle, démonter cette construction mythologique, point par point, est crucial pour exposer la vérité des faits et permettre à
l’opinion mondiale de se libérer des illusions entretenues par des narrations falsifiées. Et ce ne sera seulement qu’en dévoilant ces manipulations historiques que l’on pourra,
espérons-le, ouvrir la voie à une véritable justice pour les peuples opprimés, à commencer par les Palestiniens, et ainsi mettre un terme à cette tragédie qui se perpétue dans le silence
complice de la «communauté internationale».
Il est essentiel aussi de préciser, dès à présent, que cet article ne constitue en aucun cas une attaque antisémite ou antijuive. Bien au contraire, il
s’agit ici de rétablir une vérité souvent occultée, sachant déjà que les véritables Sémites modernes, dans leur majorité linguistique, culturelle et historique, sont avant tout les
Palestiniens et les peuples arabes de la région. Et que les premiers otages et victimes de ces malversations volontaires sont aussi les «juifs» du quotidien, n’adhérant pas au projet
sioniste, et qui ne demandent qu’à vivre tranquillement leur vie comme leur croyance où qu’ils soient. Le propos n’est donc pas de stigmatiser une religion ni un peuple, mais de
déconstruire un mythe politique soigneusement fabriqué depuis des siècles, celui d’une identité juive moderne prétendument enracinée de manière ininterrompue sur les terres de Palestine.
Ce mythe, habilement élaboré à travers les siècles et renforcé par les outils de la propagande contemporaine sioniste, servant de nos jours à justifier un projet colonial
sanguinaire menant au génocide des habitants de la bande de Gaza et à effacer les traces d’une histoire bien plus complexe, plurielle et enracinée, doit être déconstruit afin de
libérer le monde d’une oppression intellectuelle qui n’a que trop durée.
L’objectif de cette série d’articles est donc et avant tout d’apporter un éclairage factuel et critique sur les manipulations historiques, archéologiques et
symboliques qui ont permis d’asseoir une légitimité construite de toutes pièces, une fiction politique et une colonisation injustifiée, qui sera analysée et démontée point par point avec
des preuves et arguments factuels. Car seule la vérité peut nous libérer de l’emprise du mal !
Israël aime se présenter, sur toutes les tribunes internationales, comme une oasis de démocratie et de modernité au cœur d’un Moyen-Orient «sauvage». Ce
discours, mille fois relayé par des médias complaisants ou intéressés, dissimule une réalité bien plus brutale d’un régime raciste fondé sur l’exclusion, l’occupation et la falsification
historique de territoires. Mais derrière cette façade de high-tech, de start-up nation et de pluralisme, s’exerce une politique de dépossession non seulement territoriale, mais aussi
mémorielle. Il ne s’agit pas seulement de confisquer des terres, mais d’écraser l’Histoire même de ceux qui les ont habitées bien avant la naissance de l’idéologie sioniste. Dans les
territoires occupés comme à l’intérieur des frontières israéliennes reconnues, des sites archéologiques palestiniens, cananéens, grecs, romains, byzantins ou islamiques sont ignorés,
dissimulés, voire détruits, non pas par hasard, mais par dessein. Ce ne sont pas simplement des pierres que l’on pulvérise, mais des siècles d’Histoires, de cultures et de
civilisations que l’on cherche à effacer pour faire triompher une illusion, une mythologie manipulée par des générations de propagande et de falsifications historiques.
La colonisation agressive menée depuis plus de 80 ans sous couvert de «sécurité», ne se contente plus d’installer des blocs de béton sur des collines
volées. Elle s’inscrit dans une entreprise plus vaste d’éradication symbolique et réelle visant à effacer pierre par pierre les traces des cultures antérieures, pour imposer une seule
version de leur Histoire, falsifiée et remaniée à outrance, pour ancrer le mythe moderne des juifs en adéquation avec celle d’une continuité biblique prétendument ininterrompue qui
justifierait, rétroactivement, la conquête et l’annexion. Les musées, les programmes scolaires, les fouilles dites «officielles» servant ce récit exclusif et les rares voix qui contestent
ce monopole sont muselées, les chercheurs critiques marginalisés, les minorités arabes reléguées à des rôles folkloriques ou accusées de «négationnisme». Ce n’est pas la préservation ou
la réappropriation du passé qui est en jeu, mais bien sa réécriture.
Israël, en ce sens, ne se contente pas d’être un simple projet politique contestable, tant il est raciste et suprématiste. Il se veut être aussi une
refondation de la mémoire régionale, voire mondiale, en effaçant méthodiquement tout ce qui pourrait rappeler qu’avant le monothéisme hébraïque, des civilisations entières ont vécu,
rayonné, et laissé leurs empreintes sur ces terres et dans les esprits. Ce n’est donc pas seulement une occupation militaire aussi sanguinaire qu’injustifiable, c’est surtout une guerre
contre le temps, contre les peuples et contre les vérités archéologiques. L’imposture de cette colonisation qui a débuté bien avant 1948 est totale, puisqu’elle est inscrite dès les
premières lignes de la Bible, désormais détrônée par le Talmud, qui lui aussi vise à une suprématie politique, historique, culturelle et spirituelle. Et elle se poursuit, chaque jour,
sous les yeux d’un monde qui pratique un déni devenu inhumain.
Et le soi-disant «mur de la légitime défense», derrière lequel les colons d’Israël s’abritent, n’est finalement qu’une façade qui cache une réalité bien
plus sombre d’un régime qui se nourrit de l’effacement systématique des traces des civilisations qui précédaient son implantation coloniale. C’est une guerre de mémoire, une guerre contre
les témoins d’un passé trop dérangeant, contre la vérité elle-même. Chaque site historique détruit, chaque village rasé sous les bulldozers israéliens, n’est pas simplement une perte
archéologique ou esthétique, c’est une tentative délibérée d’effacer un héritage que certains voudraient faire disparaître pour masquer leur propre imposture séculaire. On ne peut que
constater impuissants la méthode abjecte utilisée par une machine coloniale à la recherche d’une légitimité qu’elle n’a jamais eue.
Depuis la création de l’État d’Israël en 1948, plusieurs sites historiques et archéologiques anciens, particulièrement ceux ayant des liens avec les
populations arabes et chrétiennes palestiniennes, ont été détruits ou gravement endommagés lors des conflits, des bombardements, et des politiques de réaménagement territoriales. Ces
destructions ne se limitent pas à des bâtiments modernes ou contemporains, mais incluent aussi des lieux antiques qui ont une valeur historique et culturelle majeure. Et le silence
complice des médias et des «protecteurs» du patrimoine mondial en dit long sur l’ampleur de l’hypocrisie. Tout comme les campagnes de «progrès» ont effacé les traces palestiniennes dans
la vieille ville de Jérusalem ou à Gaza, ces destructions sont des actes de pure domination culturelle. Ce n’est pas une guerre contre des peuples, mais une guerre contre leur Histoire.
C’est une guerre d’anéantissement symbolique, d’effacement pur et simple des témoins d’une époque révolue mais non oubliée. Et cette guerre continue dans l’ombre, invisibilisée par ceux
qui ne voient que ce qu’ils veulent bien voir.
Ce processus de destruction ne se limite pas aux frontières de la Palestine, il s’étend dans une spirale d’effacement culturel dont les ramifications
touchent chaque site, chaque pierre, chaque artefact en territoire occupé. La vieille ville de Jérusalem, son quartier arabe d’Al-Maghariba, a été rasée dès 1948. Les ruines d’une
civilisation millénaire ont été sacrifiées sur l’autel de l’idéologie expansionniste. À Jaffa, la mosquée Al-Nour, joyau de l’architecture ottomane, a été engloutie dans les décombres,
effacée comme si la présence arabe dans cette ville millénaire n’avait jamais existé. De même, les villages comme Deir Yassin et Lifta, symboles tragiques de la Nakba, ont été rayés de la
carte, avec la même froideur qu’un simple acte administratif. Mais dans le cas de Tel es-Safi, ancienne Gath des Philistins, ou à Qumrân, ce haut lieu de mémoire où s’écrivait l’histoire
plurielle des manuscrits de la mer Morte, l’effacement avance masqué, camouflé derrière les éternels prétextes de «développement» ou de «sécurité».
Mais que l’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas de protéger un site ni d’en valoriser la richesse, mais bien de déraciner tout ce qui atteste d’une
présence humaine, spirituelle ou culturelle antérieure à l’invasion sioniste. La méthode est bien rôdée entre l’appropriation, la relecture, puis la disparition de tout ce qui ne cadre
pas avec leur récit national. C’est tout simplement vouloir rayer du paysage, au propre comme au figuré, l’histoire des racines du monde moderne. Car pour imposer dans le futur une
mythologie de la continuité biblique, il faut d’abord que le passé lui-même soit nettoyé, remodelé, reconfiguré à l’image du dogme. À Qumrân comme ailleurs, l’archéologie devient alors
une arme et la mémoire une cible.
La fausse promesse d’une terre «promise» n’est qu’un prétexte abusivement brandit à la face de tous les contestataires lucides. Aucune preuve historique
sérieuse ne vient soutenir le mythe d’un royaume unifié de David et Salomon, que ce soit par l’archéologie ou les sources historiques indépendantes. C’est ce que nous verrons dans le
prochain article à ce sujet. Pas plus que les narrations autour des fameux «Temples de Jérusalem». Et ce «retour en terre promise» tant vanté, loin de reposer sur une vérité historique,
est aussi une fiction construite de toute pièce, un levier permettant de justifier l’annihilation symbolique de cultures entières au nom d’une prétendue réparation historique, sous le
couvert de l’expansion territoriale, que nous allons démontrer. Ce projet colonial, confronté aux réalités historiques et archéologiques, s’affiche donc comme une tentative effrontée de
légitimer un vol de terre, un anéantissement de peuple, et une annihilation de mémoire. C’est un vol manifeste, camouflé sous des airs de modernité et de démocratie.
De plus, cette colonisation n’est pas seulement un affront aux Palestiniens et aux Arabes de la région, c’est aussi un déni collectif de l’Histoire du
Levant tout entier. De Baalbek à Al-Araqib, en passant par le Mont Nébo, Israël se livre à une guerre de destruction du patrimoine mondial. La destruction de ces sites anciens, qu’ils
soient grecs, phéniciens, ou romains, ne dérangent visiblement pourtant personne dans la «communauté internationale», sauf pour le mythe d’une présence ancestrale des juifs sur ces
terres. Ce n’est ni une tragédie pour les archéologues, ni un sujet d’indignation pour les historiens. La mise à mal de ces mémoires est simplement ignorée, car elle dérange trop
l’idéologie dominante et l’histoire officielle d’un État qui s’est construit sur un récit falsifié.
Alors que l’Occident corrompu ferme les yeux, aveuglé par sa culpabilité post-Shoah et ses intérêts géopolitiques, il est grand temps de comprendre que ce
qui se joue dans cette région n’est pas une simple guerre de territoire, mais une guerre contre l’Histoire de l’humanité elle-même. Une guerre contre tout ce qui a précédé et qui résiste
à l’imposition d’un récit figé, dénaturé, destiné à occulter les racines profondes de la civilisation arabe, palestinienne et méditerranéenne. Ce qu’Israël cherche à éradiquer, ce n’est
pas seulement la terre, c’est une culture, une langue, une mémoire et tout un peuple. Et tout cela, au nom d’une version mensongère de l’Histoire, bien plus violente et destructrice que
l’on ne veut bien l’admettre.
Il est donc primordial de souligner, une fois encore, que ce travail ne cherche ni à remettre en question l’existence d’un peuple juif ni à nier son
histoire, mais bien à démystifier la construction d’une identité moderne qui repose sur des récits manipulés, des falsifications historiques et des réinterprétations abusives. Dans cet
article, nous avons seulement entamé l’exploration de cette vaste entreprise de manipulation. Le prochain volet de cette analyse se penchera donc plus précisément sur la construction du
mythe de l’identité juive moderne, à travers trois étapes clés : l’utilisation des textes bibliques pour façonner un récit originel, passant de la Torah au Talmud ; les narrations
fallacieuses qui ont été forgées au fil des siècles ; et enfin les inventions archéologiques qui ont servi à légitimer cette identité dans le présent.
Cette démarche nous permettra, je l’espère, de démontrer, de manière détaillée, comment cette mythologie a été méticuleusement construite pour justifier un
projet politique et territorial qui n’a que peu de liens avec la réalité historique des peuples de la région. Et ainsi, redonner une légitimité aux véritables «juifs» du quotidien, faire
cesser le chantage mené de main de maître par les sionistes sur le monde entier et surtout faire stopper le génocide des gazaouis.
Depuis des décennies, le conflit israélo-palestinien est au cœur des débats géopolitiques mondiaux, alimenté par des récits contradictoires, des mythes et
des narrations idéologiques qui façonnent la perception de l’histoire dans cette région et des droits des peuples. Le discours dominant, largement porté par les soutiens du projet
sioniste et sa coutume d’inversion accusatoire, a présenté Israël comme étant la restauration d’une nation ancienne et légitime, tandis que les Palestiniens ont été dépeints comme des
envahisseurs étrangers sur une terre qui pourtant leur revenait par droit historique du sol. Cependant, une étude approfondie de l’histoire et des dynamiques sociopolitiques révèle une
toute autre réalité, largement ignorée ou délibérément occultée par les médias occidentaux. Ces vérités cachées et ces mensonges répétés derrière les mythes fondateurs du sionisme et de
l’identité juive moderne, déconstruisent toute la propagande qui a façonnée cette guerre coloniale aussi abjecte qu’interminable. Mais en confrontant les mensonges qui alimentent ce
conflit, il devient possible de poser les bases d’une compréhension plus juste et plus humaine de la situation véritable, fondée sur des faits historiques, archéologiques, sociologiques
et théologiques, ainsi que sur les droits légitimes de tous les peuples agressés à se défendre.
Le lien profond qu’entretient la société israélite avec son passé, sa mémoire et son histoire, souvent qualifié d’hypermnésie (exaltation de la mémoire qui
se caractérise par une autobiographie extrêmement détaillée et un temps excessif consacré à se remémorer son passé pour certains, et beaucoup de temps pour construire son futur pour
d’autres) confère à ce groupe ethnoreligieux un équilibre identitaire particulièrement précaire, et peut aussi constituer un carcan intellectuel lorsqu’il se transforme en récit figé et
incontestable.
À force de répéter et d’enseigner une version tronquée ou mensongère de l’Histoire, qu’elle repose sur quelques faits réels ou non, cette version finit par
s’imposer dans les esprits comme une vérité incontestable. Ce processus, insidieux mais puissant, transforme un récit biaisé, voire falsifié, en norme intellectuelle, acceptée sans remise
en question du plus grand nombre. Lorsqu’un mensonge ou une interprétation partielle devient ainsi enraciné dans la mémoire collective, il verrouille toute tentative de relecture critique
ou de débat, étouffant la pluralité des points de vue. La mémoire collective cesse alors d’être un outil de compréhension du passé dans sa complexité pour devenir un instrument
idéologique, sacralisé et figé, qui déforme le réel plutôt qu’il ne l’éclaire.
Ce récit univoque impose une vision monolithique de l’Histoire, qui façonne en profondeur non seulement la perception qu’a l’État d’Israël de lui-même, mais
aussi celle qu’en ont les acteurs de la scène internationale. En érigeant une version unique et incontestée des faits, cette construction nébuleuse participe à la consolidation d’une
identité nationale qui se veut homogène, tout en influençant les regards extérieurs à travers un prisme idéologique rigide. Ainsi, la complexité du réel se voit éclipsée au profit d’une
lecture simplifiée, remaniée et largement diffusée, qui tend à légitimer certaines positions politiques inadmissible dans un monde moderne, tout en marginalisant toute voix critique ou
alternative.
Il est manifeste que le judaïsme ne constitue pas un bloc homogène, ni sur le plan religieux ni sur le plan culturel, tant la diversité des interprétations
de ses textes fondamentaux est vaste et parfois contradictoire. Ce qui est présenté comme une foi unifiée, reposant sur la Torah et plus tard le Talmud, s’avère être en réalité un corpus
composite, élaboré au fil des siècles dans des contextes historiques et politiques spécifiques. La Torah elle-même résulte d’une compilation progressive de textes aux intentions variées,
tandis que le Talmud, plus raciste, radical et sectaire, loin d’être une simple transmission de sagesse, reflète aussi des positionnements idéologiques suprématistes visant à affirmer une
identité distincte et supérieure aux autres peuples. Ces textes, souvent sacralisés à tort, ont largement été soumis à d’innombrables réinterprétations, servant des intérêts sociaux,
religieux ou politiques au fil du temps, bien avant l’émergence de courants modernistes comme le judaïsme réformé ou le sionisme. Dès lors, il apparaît difficile de les considérer comme
une base historique fiable ou comme un socle identitaire univoque, tant leur contenu est mouvant et tributaire de lectures contextuelles.
D’autant que de nos jours, une part croissante des juifs considère la Torah et le Talmud non plus comme des révélations divines, mais comme des témoignages
historiques dont la portée est essentiellement contextuelle, tributaire de l’époque et des circonstances de leur rédaction. Cette relecture s’accompagne d’un éclatement profond des
interprétations, à tel point que l’idée même d’une identité juive cohérente et unifiée devient une fiction intenable. Chaque courant du judaïsme moderne, orthodoxe, réformé, conservateur,
laïque, sioniste ou ultraorthodoxe, s’approprie ces textes selon sa propre grille de lecture, les adapte à ses besoins idéologiques ou spirituels, et les instrumentalise pour asseoir sa
propre légitimité.
Ce processus de fragmentation transforme ce qui aurait pu constituer un socle commun en un champ de tensions multiples, où les textes deviennent des leviers
de pouvoir, de distinction, voire d’exclusion. Pour certains, ils nourrissent des visions théocratiques, suprémacistes ou ouvertement racistes ; pour d’autres, ils servent de support à
des projets politiques ou à des aspirations théologiques divergentes. Mais tous, quel que soit leur positionnement, tendent à y projeter une dimension messianique, révélatrice d’un désir
profond d’exceptionnalité et de finalité transcendante, souvent au détriment d’une lecture critique ou d’un rapport apaisé à l’Histoire et à l’altérité.
En définitive, le judaïsme moderne apparaît comme un patchwork hétéroclite de croyances anciennes et souvent vidées de leur sens originel et détournées au
profit d’intérêts matériels, identitaires ou politiques. Les discours sur une prétendue unité religieuse et culturelle ne servent alors que de façade, masquant une réalité profondément
fragmentée et traversée par des tensions internes irréconciliables. Cette pluralité, loin de chercher une véritable cohérence ou un dialogue constructif, tend parfois à s’ériger en
principe de supériorité, nourrissant des ambitions d’influence universelle, voire de domination symbolique et idéologique à l’échelle mondiale. Ce décalage entre le discours d’unité et la
réalité d’une diversité instrumentalisée révèle donc une utilisation stratégique de la religion, non comme source de spiritualité partagée, mais comme vecteur de pouvoir, d’exclusion et
de légitimation d’objectifs qui dépassent largement le cadre du religieux.
Cependant, l’idée saugrenue d’un «peuple élu», profondément enracinée dans la tradition judaïque, continue de jouer un rôle central dans l’imaginaire
collectif et dans le discours politique israélien contemporain. Cette croyance, qui puise ses origines dans certains passages bibliques affirmant une relation particulière entre Dieu et
le peuple d’Israël, est régulièrement mobilisée pour justifier des positions identitaires ou géopolitiques, allant à l’encontre de l’apaisement recherché par les peuples du monde
entier.
Pourtant des figures politiques de premier plan, comme Benyamin Netanyahou, l’ont explicitement invoquée, notamment lors d’un discours télévisé en 2023, où
il affirmait la singularité historique et spirituelle du «peuple juif», allant jusqu’à stipuler sa supériorité sur les autres peuples du monde. Ce type de rhétorique raciste, s’appuyant
sur un statut d’exception supposé, bien qu’absurde, contribue à nourrir un sentiment de légitimité absolue, qui est utilisé pour écarter toute critique ou remettre en cause certains choix
politiques rétrogrades. En s’ancrant dans une logique d’élection divine, ce discours renforce une vision particulariste du monde, où la nation israélienne se présente non seulement comme
unique, mais aussi comme détentrice d’un droit moral supérieur, indépendamment des dynamiques historiques ou des exigences du droit international.
Cette conception fantasmée, à la fois viciée et fallacieuse, constitue pourtant l’un des fondements idéologiques de la politique identitaire de l’État
illégal d’Israël. Elle s’appuie sur une vision totalement mythifiée du passé, qui cherche à établir une continuité directe entre un Israël biblique décrit dans la Torah et l’État moderne
colonisateur et expansionniste, malgré l’absence formelle de fondement solide, selon les standards de la recherche historique contemporaine. Car selon des découvertes archéologiques
récentes, l’Israël biblique tel que décrit dans les cinq premiers livres de la Bible, ainsi que dans les livres de Josué, des Juges et de Samuel, n’a jamais existé ! Les archéologues
suggèrent même que Juda et Israël n’ont jamais formé une entité politique unie et ont entretenu très peu de liens entre eux.
Des historiens comme Shlomo Sand ont par ailleurs vigoureusement contesté cette narration, démontrant que la notion de peuple juif homogène, descendant en
ligne directe du royaume de David, ne résiste pas à l’analyse rigoureuse des sources historiques et archéologiques. Ces nouvelles informations remettent en cause l’histoire glorieuse des
rois David et Salomon, considérée comme l’âge d’or de la Terre promise. Selon les archéologues, ces deux rois n’ont jamais gouverné le royaume fabuleux décrit dans la Bible, mais étaient
plutôt des chefs de clan dont le pouvoir administratif s’étendait uniquement sur la région montagneuse qu’ils contrôlaient.
L’idée d’un peuple juif unifié et éternel relève donc bien plus d’une construction idéologique que d’un fait historique avéré. De plus et de manière
emblématique, toujours lors de son discours de 2023, Benyamin Netanyahou a invoqué la prophétie d’Isaïe, mobilisant un imaginaire religieux pour justifier des choix politiques et
militaires contemporains. Or, Les découvertes archéologiques montrent également que l’aventure des patriarches Abraham, Isaac et Jacob relève plus de la saga homérique que du récit
historique, et que l’Exode, l’épisode qui conte la libération des Hébreux du joug égyptien grâce à Moïse, n’est qu’un produit mythologique. Sans oublier que la conquête de Canaan par
Josué, le successeur de Moïse, n’a, elle non plus, jamais eu lieu.
Ce recours aux textes sacrés à des fins de légitimation étatique illustre un usage instrumentalisé du religieux, où des références bibliques sont détournées
pour conférer une légitimité morale à des actions critiquées sur le plan du droit international ou des principes humanitaires élémentaires. En sacralisant ainsi la politique par le biais
du religieux, les dirigeants israéliens occultent les débats critiques, étouffent les voix dissidentes et renforcent un récit nationaliste excluant, difficilement compatible avec les
exigences d’un État démocratique moderne.
Et ce type de discours est de plus en plus perçu, y compris par de nombreux observateurs et intellectuels à travers le monde, comme une tentative abjecte de
légitimer des actions hautement controversées en les enveloppant d’un vernis religieux archaïque. Présenter des opérations militaires, aux conséquences dramatiques pour les populations
civiles, comme l’accomplissement de prophéties millénaires revient à détourner des croyances anciennes à des fins de justification politique, au mépris des principes éthiques et des
réalités contemporaines. Ces références à des prophéties religieuses, souvent illusoires et détachées des connaissances historiques et scientifiques modernes, ne peuvent ni masquer la
gravité des faits ni absoudre les responsabilités engagées. En aucun cas, elles ne sauraient constituer une justification morale ou politique aux massacres répétés et systématiques
perpétrés contre les civils palestiniens à Gaza.
Pour beaucoup, ces violences, qui dépassent les cadres du droit international humanitaire, relèvent non seulement de crimes de guerre, mais soulèvent
également la question, de plus en plus débattue, de l’intention génocidaire. Face à cela, l’invocation de mythes religieux apparaît non seulement inopérante, mais profondément cynique,
dans un contexte où des milliers de vies sont détruites sous prétexte de légitimités divines que plus rien ne peut rationnellement soutenir.
Pour bien saisir l’ampleur de cette mystification, il est essentiel de comprendre que le peuple qui se désigne aujourd’hui comme «juif » a traversé la
majeure partie de son histoire sans structure politique propre, ni identité culturelle unifiée. Dispersé à travers le monde, souvent intégré, assimilé ou influencé par des sociétés très
diverses, ce peuple s’est constitué au fil du temps davantage par des expériences d’exil, d’adaptation et de résilience que par la continuité d’une entité nationale homogène. Ce parcours
diasporique, loin de dessiner une nation au sens classique, a donné lieu à une diversité de cultures, de langues, de pratiques religieuses et de visions du monde, parfois radicalement
opposées.
Pourtant, à travers un lent processus de reconstruction idéologique, cette réalité plurielle a été remodelée pour servir une narration nationale cohérente,
unifiée et linéaire. Cette entreprise de réécriture a progressivement forgé l’illusion d’un peuple juif ancien, indivisible et éternel, relié par une essence commune et une histoire
ininterrompue, alors même que les preuves archéologiques, historiques et anthropologiques contredisent largement cette vision. Ainsi, c’est sur cette base reconstruite, largement
déconnectée de ses racines historiques concrètes, qu’a été élaborée l’idée d’une «nation juive» légitime, prête à être «réactualisée » par le projet sioniste, au mépris des réalités
multiples qui composaient jadis ce groupe humain.
Ce récit fallacieux et reconstruit, à force d’être enseigné, relayé dans les discours politiques et diffusé à travers les institutions éducatives et
culturelles, a fini par s’imposer comme une vérité historique que beaucoup de juifs considèrent aujourd’hui comme indiscutable. En naturalisant cette version de l’histoire, on occulte les
nombreuses divergences, les contradictions internes, les ruptures chronologiques et les contextes socio-politiques variés qui ont pourtant façonnés l’identité juive à travers les siècles.
Et ce processus illustre parfaitement comment une construction idéologique postérieure peut, par sa répétition, se figer en dogme collectif, devenant un carcan intellectuel qui verrouille
la réflexion critique. Il réduit la richesse des expériences juives à une lecture homogène et linéaire du passé, disqualifiant toute tentative de complexification ou de remise en
question. Ce récit simplifié, voire mythifié, ne laisse que peu de place à la pluralité réelle des parcours historiques juifs, et fonde ainsi une identité nationale plus enracinée dans
une légende fondatrice que dans une mémoire lucide et assumée, avec ses tensions, ses évolutions et ses discontinuités.
En réalité, les Hébreux historiques du Levant, loin de constituer un peuple à l’existence continue et stable, ont été successivement conquis, dispersés,
assimilés ou anéantis par les grandes civilisations qui ont dominé la région comme les Égyptiens, les Babyloniens, les Grecs, les Romains, puis bien plus tard les Ottomans. Leur empreinte
matérielle et archéologique dans la région est extrêmement ténue, presque anecdotique au regard de l’ampleur des revendications territoriales actuelles. Il est donc profondément
malhonnête de brandir cette présence antique comme justification exclusive et sacrée de la dépossession d’un peuple vivant. D’un point de vue historique, culturel et génétique, les
Palestiniens contemporains sont sans doute bien plus proches des populations sémites originelles du Levant que les colons ashkénazes venus d’Europe centrale ou orientale au XXe siècle,
mus par un projet nationaliste construit en rupture avec la réalité locale.
Revendiquer, au nom d’un passé largement mythifié, la terre d’un autre peuple au prix de l’expulsion, de l’occupation militaire et désormais de massacres de
masse, revient non seulement à tordre l’Histoire, mais à piétiner les principes élémentaires de justice, de décence et d’humanité. Ce renversement du réel, où les descendants probables
des anciens Hébreux sont traités en intrus sur leur propre sol, constitue une des plus cyniques opérations de légitimation du colonialisme moderne, déguisé sous les oripeaux du droit
divin et du récit national sacralisé.
D’ailleurs plusieurs, sinon la majorité, des premiers ministres israéliens depuis 1948 sont originaires d’Europe centrale et n’ont rien de sémites. Par
exemple, David Ben Gourion (1948-1954, 1955-1963), qui a été le premier Premier ministre d’Israël, est né en Pologne et a été élevé dans une famille sioniste. Moshé Sharett
(1954-1955) est né en Russie, il a immigré en Palestine en 1906. Levi Eshkol (1963-1969) est né en Ukraine et a immigré en Palestine en 1914. Golda Meir (1969-1974), première femme
premier ministre est née aux États-Unis, elle a immigré en Palestine en 1921. Menahem Begin (1977-1983) est né en Pologne et a immigré en Palestine en 1942. Itzhak Shamir, qui a servi
comme Premier ministre de 1983 à 1986 puis de nouveau de 1986 à 1992, a également des origines ukrainiennes. Cependant, il est important de noter que certains d’entre eux ont changé leur
nom d’origine européenne pour renforcer leur lien avec la région, ce qui soulève encore des questions sur l’identité et l’appartenance.
Quant à l’actuel premier ministre, Benyamin Netanyahou, s’il est né à Tel Aviv, en Israël, il a passé la majeure partie de son enfance aux États-Unis. Il
est né dans une famille militante du sionisme révisionniste. Son père, Bension Netanyahou, était le secrétaire de Zeev Vladimir Jabotinsky, le père spirituel de la droite israélienne,
d’où naîtra plus tard le Likoud.
Jabotinsky était un dirigeant majeur du sionisme, qui a développé une idéologie sioniste révisionniste visant à créer un État juif sur les deux rives du
Jourdain, avec surtout une approche militarisée. C’est cette idéologie sioniste révisionniste, fondée sur l’idée d’un État juif fort et sécurisé, qui a influencé la pensée politique de
Benyamin Netanyahou. Nous y reviendrons dans un prochain article sur le sionisme et sa narration dévoyée, mais imposée par le chantage, la victimisation à outrance et la corruption, aux
autres nations.
Mais continuons donc par le commencement de cette histoire totalement fantasmée d’un peuple prétendument «élu» par un dieu hypothétique, dont la seule
réalité tangible est celle d’un mythe soigneusement tissé par des écrivains hébreux, bien loin de toute révélation divine. Ce récit n’a en réalité aucun autre fondement que celui d’un
roman, conçu et réécrit au fil des siècles, nourri par les contes et légendes orales qui, la nuit venue, animaient les soirées autour du feu de ces nomades, gardiens de troupeaux,
désireux de se donner une contenance ethnique et des racines ancestrales pour justifier leur existence précaire dans un monde sans écriture ni pouvoir.
Ce n’est ni une vérité historique, ni un héritage immuable, mais une construction idéologique, façonnée à mesure que les générations de scribes se
succédaient, cherchant à répondre aux enjeux politiques et sociaux de leurs époques respectives. Ce dieu omnipotent, mais jaloux et violent, bien qu’imaginé et projeté à travers des
récits mythologiques, n’est au fond qu’un outil de légitimation, un prétexte pour imposer une identité unifiée là où la réalité de l’histoire juive était celle de la dispersion, du
métissage et de la multiplicité des influences. Il est donc absurde et dangereux de faire de ce mythe la pierre angulaire d’une prétendue légitimité sur des terres revendiquées par un
peuple qui, lui, vit encore aujourd’hui dans la région, enchaîné à la souffrance d’une occupation brutale.
Le monothéisme hébreu, loin d’être l’aboutissement spirituel d’une révélation divine pure et transcendante, apparaît plutôt comme une construction
artificielle, patiemment élaborée à travers des siècles de syncrétisme, de purges théologiques et de manipulations scripturaires. Derrière l’image lisse et solennelle d’un Yahvé unique et
omnipotent, se dissimule un théâtre d’ombres où s’agitent les spectres d’anciens dieux oubliés, rebaptisés et recyclés. Ce prétendu «monothéisme» n’est en réalité qu’un polythéisme
camouflé, un empire divin aux identités fluctuantes, où Elohim, Azazel, Adonai, Metatron, El Shaddai et consorts sont les masques changeants d’un même pouvoir en quête d’hégémonie. Chaque
nom effacé, chaque attribut absorbé, trahit une conquête d’un dieu local devenu souverain, non par révélation, mais par effacement systématique de la concurrence.
Le Deutéronome lui-même trahit cette mascarade, cantonnant Yahvé à un peuple, à une terre, à un territoire parmi d’autres, dans un monde encore peuplé de
divinités rivales. Et que dire du Psaume 82, cette anomalie biblique criante, où Dieu siège parmi d’autres dieux, leur adressant des remontrances comme un chef de tribu à ses vassaux ? Le
«dieu unique» n’est en réalité qu’une concentration divine précaire, une entreprise d’annihilation des anciens dieux, effacés comme s’il s’agissait d’une simple page d’histoire à
réécrire.
Avant cette purge théologique, le judaïsme n’était qu’un hénothéisme, un club élitiste où Yahvé n’était qu’un dieu parmi d’autres. Ce n’était pas un
monothéisme, mais une consolidation du pouvoir, un système où les dieux se partageaient le monde comme des financiers négociant des parts de marché. Cette prétention à l’unicité n’est
donc qu’une entreprise de domination religieuse, un coup de force métaphysique qui, sous couvert de foi, a réécrit l’histoire sacrée à coups d’exclusions, d’absorption et de silences.
Yahvé n’est pas l’Unique, il est seulement l’ultime survivant d’une guerre des dieux dont on a effacé les perdants. À travers les siècles, il n’a cessé d’éradiquer, d’anéantir, et de
réécrire les traces des autres cultes, comme si leur simple existence était un affront. Une supercherie millénaire, habillée d’éternité.
Cette logique de réécriture et d’appropriation ne s’est pas limitée aux sphères théologiques puisqu’elle a irrigué l’ensemble de la culture juive à travers
les siècles, contaminant jusqu’à l’idée même d’identité. De la même manière que Yahvé a absorbé et effacé les autres figures divines pour imposer son hégémonie, l’identité juive s’est
construite par strates successives, mutations profondes et adaptations contextuelles, souvent loin des origines revendiquées.
Loin d’être la transmission fidèle d’un héritage immuable, elle s’est au contraire forgée dans la discontinuité, dans la tension permanente entre mythe
fondateur et réalité historique mouvante. Cette dynamique d’auto-reconstruction trouve un exemple frappant dans l’émergence du dialecte yiddish, révélateur d’un judaïsme façonné par les
mondes qu’il a traversés plutôt que par une prétendue fidélité à une essence antique.
Il est donc aussi évident que l’identité juive moderne ne peut en aucun cas prétendre à une continuité directe avec le judaïsme historique, comme en
témoigne de manière éclatante l’exemple du yiddish. Ce dialecte, qui n’a strictement rien à voir avec l’hébreu classique, est un produit des communautés juives d’Europe centrale, né au
XIIe siècle dans un contexte de rencontre avec les sociétés européennes. Le yiddish, fondamentalement basé sur l’allemand, enrichi par des influences de l’hébreu, de l’araméen et même du
français ancien, incarne l’adaptation des juifs aux réalités socio-culturelles européennes, bien loin de toute continuité avec les langues et pratiques originelles des anciens israélites
sémites. Plutôt que de refléter une préservation intacte d’une culture ancienne, le yiddish témoigne d’une identité juive qui a constamment évoluée, façonnée par les interactions et les
circonstances géographiques dans lesquelles elle s’est trouvée. Cette langue n’est donc qu’une parmi d’autres manifestations de l’adaptabilité et du métissage qui ont marqué les juifs au
cours de leur histoire. Ce n’est ni un témoin de la continuité d’un peuple se croyant «élu», ni un vestige figé d’un passé glorieux, mais une réinvention constante, une réécriture d’une
identité en perpétuelle mutation, bien loin des mythes nationalistes qui cherchent à imposer une vision homogène et figée d’un peuple supposément ancestral.
Un autre exemple flagrant de la rupture entre l’identité juive moderne et le judaïsme historique réside dans la différence abyssale entre la Torah et le
Talmud. La Torah, présentée comme la parole divine pure, transmise directement au peuple juif, est censée incarner une révélation universelle, une loi divine immuable et sacrée. Pourtant,
le Talmud, qui n’est qu’une compilation de débats, d’interprétations et de discussions humaines, surgit bien plus tard, à une époque où les rabbins se livraient à une réécriture
incessante des textes pour s’adapter aux réalités sociales et politiques du moment. Ce texte n’a rien de divin ou d’immuable, mais est le produit d’une classe sacerdotale qui cherchait
avant tout à asseoir son pouvoir intellectuel et religieux, en excluant progressivement le monde extérieur de son champ de réflexion. Loin d’être une transmission fidèle de la volonté
divine, le Talmud est une tentative calculée d’imposer une version du judaïsme plus fermée, plus autoritaire, repliée sur elle-même, souvent déconnectée des idéaux d’ouverture et de
solidarité universelle présents dans les enseignements originels de la Torah.
Ce système de lois, élaboré par une élite religieuse, a permis de renforcer une forme de suprématie rabbinique sur la communauté juive, tout en consolidant
un sectarisme qui a nourri une identité juive excluante, profondément tournée vers l’intérieur, au détriment de toute volonté de dialogue ou de compréhension avec l’humanité au sens
large. Ce décalage entre le message universel de la Torah et la réalité étriquée du Talmud reflète, elle aussi, la transformation d’une spiritualité ouverte en un système intellectuel et
religieux de contrôle et de domination, profondément déconnecté des valeurs originelles qu’il prétend incarner.
Ou encore, la rupture est encore plus flagrante lorsqu’on observe la séparation abyssale entre les pratiques religieuses du judaïsme antique et celles du
judaïsme moderne. Prenons l’exemple des sacrifices et des rituels du Temple de Jérusalem, qui constituaient l’essence même du culte juif antique, et qui ont été purement abandonnés après
la destruction du Second Temple en 70 de notre ère. Ces rituels, loin d’être une simple formalité, étaient pourtant les fondements du culte et de l’identité juive, mais ils ont été
balayés sans plus de cérémonie, comme si leur disparition n’avait aucune incidence. En l’absence du «Temple», les juifs ont alors «réinventé» leur pratique religieuse, optant pour des
synagogues et des prières. Un changement pour le moins radical qui ne relève en aucun cas d’une simple adaptation, mais bien d’une réécriture complète des fondements mêmes de leur culte.
Ce virage, loin de s’inscrire dans une continuité historique, révèle donc une profonde déconnexion entre l’identité juive moderne et le judaïsme historique. À la place des sacrifices
sanglants et des rituels qui avaient constitué le cœur du judaïsme antique, une nouvelle forme de religion a vu le jour, une religion édulcorée, largement déconnectée de ses racines
anciennes, créée sur mesure pour répondre aux réalités politiques et sociales du moment. Et plutôt que de préserver une pratique vivante en harmonie avec son passé, cette réinvention ne
fait que confirmer qu’aucune continuité réelle n’existe entre le judaïsme originel et celui qui se prétend aujourd’hui «héritier» de ce passé.
Pour en rajouter, dans le judaïsme ancien, l’identité juive ne laissait place à aucune ambiguïté puisqu’elle se transmettait par les hommes. La lignée,
rigoureusement patriarcale, trouvait ses racines chez Mathusalem, figure antédiluvienne de la Genèse, avant de se prolonger à travers Abraham, fondateur du monothéisme, pour culminer avec
David et son fils Salomon, rois emblématiques d’Israël. C’est sur cette architecture masculine que reposait l’appartenance au peuple «élu», une appartenance sacrée, presque
aristocratique, dictée par le sang paternel. La transmission de l’identité juive était donc un monopole masculin, reflet d’une vision hiérarchique archaïque, tribale et dynastique de leur
monde.
Or, dans un retournement historique aussi radical que révélateur, le judaïsme moderne a jeté aux orties cette tradition patriarcale millénaire. À partir de
l’ère post-chrétienne et sous l’influence grandissante du rabbinisme, l’identité juive s’est vue reconfigurée sur une base matriarcale, puisque c’est désormais la mère qui détermine
l’appartenance au peuple juif. Un glissement aussi significatif qu’incongru, qui tranche violemment avec la logique ancestrale. Cette rupture avec la transmission paternelle, pilier
pourtant fondamental de leur tradition, s’inscrit dans une relecture tardive et opportuniste des textes, symptomatique d’une volonté d’adaptation aux bouleversements sociaux, au prix d’un
abandon des fondements initiaux.
Ainsi, sous couvert d’inclusivité, cette nouvelle définition a contribué à une dilution, voire une dénaturation, de l’identité juive originelle. Le peuple
autrefois défini par la lignée des patriarches est désormais régi par un matriarcat, au sens propre comme au figuré. Une révolution identitaire qui, derrière sa façade d’ouverture, révèle
les tiraillements profonds d’une tradition perdue, en quête de légitimité, dans un monde qui n’est plus le sien depuis bien longtemps.
L’émergence du christianisme a marqué une rupture brutale et irréversible avec le judaïsme ancestral. En accomplissant ce que leurs prophètes annonçaient
depuis des siècles, le message du Christ a mis un terme à l’ancienne alliance fondée sur la Loi, les rituels et la généalogie tribale. Ce bouleversement radical a vidé de sa substance le
pouvoir spirituel et social des élites religieuses juives de l’époque, en particulier les rabbins, qui virent leur influence s’effondrer face à cette nouvelle voie ouverte à tous, sans
distinction de sang ou de caste. Refusant de disparaître avec l’ancien monde, ces maîtres religieux, devenus gardiens d’un héritage qu’ils ne comprenaient plus, se sont arc-boutés sur
leurs privilèges en tordant leur propre tradition. C’est ainsi que, dans un effort désespéré pour conserver un contrôle exclusif sur l’identité juive, ils ont imposé des réinterprétations
arbitraires, comme la transmission matrilinéaire, rompant avec l’ordre patriarcal originel. Une manipulation doctrinale qui ne visait rien d’autre qu’à préserver leur autorité sur un
peuple dont le cœur, lui, battait déjà ailleurs.
Or, c’est sur cette base réinterprétée, voire dévoyée de la tradition, que certains courants du judaïsme moderne, notamment dans les sphères religieuses et
nationalistes les plus intransigeantes, tentent de justifier des revendications territoriales sur la terre de Palestine. En s’appuyant sur une lecture littérale et idéalisée des textes
anciens, souvent détachée des réalités historiques et archéologiques, ces justifications religieuses servent de socle à des projets politiques contemporains. Pourtant, de très nombreux
chercheurs, historiens et même des théologiens, juifs eux-mêmes, contestent la validité de ces fondements, soulignant l’absence de continuité historique directe entre les tribus antiques
d’Israël et les constructions identitaires modernes. Ce recours à une pseudo légitimité sacrée, instrumentalisée à des fins hégémoniques, témoigne d’un grave glissement intellectuel où le
mythe supplante le fait, et où la foi se transforme en outil de pouvoir.
Enfin, l’émergence de l’État d’Israël en 1948 marque une rupture encore plus flagrante avec le judaïsme historique. Loin d’être l’aboutissement naturel
d’une continuité religieuse, cette création politique incarne une réinvention radicale de l’identité juive à travers le prisme du nationalisme moderne. L’idée d’un «retour» à la Terre
promise, brandie comme justification théologique, n’était jamais centrale dans le judaïsme antique, qui, après la chute du Temple et l’exil, avait évolué vers une spiritualité sans
temple, sans terre, et surtout sans ambition étatique. C’est ce détachement du pouvoir temporel qui avait permis au judaïsme de survivre et de se transmettre pendant des siècles à travers
la diaspora.
Avec le sionisme, cette tradition est subvertie au profit d’une vision profane, territorialisée et militarisée de l’identité juive. Le judaïsme cesse alors
d’être une foi pour devenir un projet politique, une idéologie d’État fondée sur des mythes religieux reconfigurés pour répondre aux besoins d’une souveraineté moderne. Ce glissement
transforme la mémoire spirituelle en revendication exclusive, et l’héritage ancestral en instrument de légitimation territoriale.
Ainsi, au lieu de poursuivre la vocation universaliste et éthique qui a traversé les siècles, l’identité juive contemporaine, refaçonnée par le sionisme, se
resserre autour d’une logique de frontières, de conquête et d’exceptionnalisme, en rupture directe avec l’humilité et l’exil qui avaient autrefois constitué l’essence même du judaïsme
post-biblique.
De fait, il est essentiel de ne pas confondre antisémitisme et antisionisme, deux notions radicalement différentes, que certains discours cherchent
aujourd’hui à amalgamer de manière fallacieuse. L’antisémitisme, sous toutes ses formes, est une haine raciale condamnable, dirigée non seulement contre les juifs en tant que groupe
ethnique ou religieux, mais, dans le contexte actuel, aussi contre les Palestiniens, eux aussi sémites, souvent déshumanisés et marginalisés dans les discours dominants. Il s’agit d’un
racisme pur, profondément immoral, fondé sur la stigmatisation identitaire.
À l’inverse, l’antisionisme n’est pas une haine des juifs, mais une critique politique, parfois virulente, certes, d’un projet étatique suprématiste et
idéologique absurde qu’est le sionisme. Ce dernier, dans sa réalisation contemporaine, s’est transformé en un nationalisme exclusif, appuyé sur une lecture ethno-religieuse du droit à la
terre, et structuré autour d’une logique de domination et d’apartheid. S’opposer à cette idéologie, à ses méthodes et à ses conséquences, notamment l’expropriation, la colonisation et
l’oppression systémique d’un autre peuple, relève non pas de la haine, mais de la conscience morale et du refus du suprématisme, quel qu’il soit.
Délégitimer l’antisionisme en le confondant volontairement avec l’antisémitisme, c’est museler toute critique du pouvoir en place, travestir la réalité
historique et empêcher tout débat sur les dérives politiques d’un projet qui, au nom d’un passé tragique, justifie l’injustice présente. Prétendre que l’antisionisme serait une forme
déguisée d’antisémitisme relève d’un sophisme grossier et profondément malhonnête. C’est une stratégie de confusion délibérée, utilisée pour disqualifier toute critique du
sionisme.
Ce tour de passe-passe rhétorique, qui vise à écraser la conscience critique sous le poids de la culpabilité historique, n’est rien d’autre qu’un chantage
intellectuel et du terrorisme spirituel. Et il est impératif d’y opposer une réponse ferme et sans concessions. Critiquer le sionisme n’est pas haïr les juifs, c’est refuser
l’instrumentalisation d’une foi, d’un peuple et d’une tragédie pour légitimer un projet politique profondément inique menant au génocide des habitants de Gaza et à l’invasion du
Moyen-Orient par des gangsters.
Cette confusion sciemment entretenue entre antisionisme et antisémitisme ne relève pas simplement d’une erreur intellectuelle ou d’un glissement sémantique
anodin. Mais elle a des conséquences profondes, toxiques et dévastatrices sur le débat public, sur la liberté d’expression et sur la capacité même à penser la justice
internationale.
Dans les médias de propagande, cette équation fallacieuse a permis de criminaliser toute critique de l’État illégal d’Israël, même lorsqu’elle émane
d’intellectuels juifs, de chercheurs, de défenseurs des droits humains ou d’anciens responsables onusiens. Il suffit d’évoquer la politique d’apartheid, les colonies illégales ou les
massacres de civils pour être immédiatement frappé du sceau infamant «d’antisémite», dans un réflexe pavlovien destiné à disqualifier l’argument plutôt qu’à y répondre. Ce climat de
terreur morale ne protège pas les juifs, mais protège un projet politique porté par une poignée d’individus malfaisants, au prix d’un amalgame dangereux qui finit par banaliser le
véritable antisémitisme.
Sur le plan politique, cette confusion est utilisée comme un outil de dissuasion, un levier de pression pour faire taire les voix dissidentes, empêcher des
sanctions internationales, faire capoter des résolutions onusiennes, et maintenir l’impunité d’un État qui agit en violation permanente du droit international. Elle paralyse les
institutions, fait taire les universitaires, et pousse les gouvernements à adopter des législations liberticides sous couvert de «lutte contre la haine».
Sur le plan intellectuel, elle empoisonne le débat, interdit la nuance, et transforme un projet politique suprématiste et sanguinaire, le sionisme, en dogme
intouchable. Il ne s’agit plus de discuter d’une idéologie parmi d’autres, mais d’en faire une exception sacrée, soustraite à toute critique, au nom d’une culpabilité historique que l’on
manipule sans scrupule. Cette sanctuarisation du sionisme constitue en réalité une trahison de la mémoire juive elle-même, mémoire qui devrait servir à combattre toutes les formes de
domination, pas à en justifier de nouvelles.
En réalité, cette confusion n’est pas une maladresse, c’est une stratégie de guerre culturelle, un détournement délibéré du langage au service d’un projet
de domination mondiale. Et tant qu’elle ne sera pas démantelée, il sera impossible d’avoir un débat honnête sur la question israélo-palestinienne, ni de défendre les principes universels
que l’Histoire, justement, nous impose de ne jamais trahir.
De plus, l’antisémitisme n’est que du racisme, clair, net, et sans la moindre ambiguïté. Ni plus, ni moins. C’est la haine d’un groupe humain sur la base de
son origine, de sa culture ou de sa religion. Point final ! Le travestir en phénomène à part, sacralisé ou mystifié, comme s’il relevait d’une catégorie morale supérieure, revient à
hiérarchiser les formes de racisme et à suggérer qu’il existerait des victimes plus légitimes que d’autres. C’est non seulement dangereux, mais profondément malhonnête.
Toutes les formes de racisme doivent être combattues avec la même intransigeance, qu’elles visent les juifs, les Arabes, les Noirs, les blancs, les Roms ou
tout autre groupe. Et réduire toute critique du sionisme à de l’antisémitisme, c’est donc non seulement un contresens intellectuel, mais aussi une insulte à la lutte contre le vrai
racisme, celui qui tue, qui exclut, qui discrimine, dans la rue, dans les écoles, dans les institutions. En gonflant artificiellement la définition d’un mot pour en faire un bouclier
idéologique, on désarme le combat contre ce qu’il désigne réellement.
Or, paradoxalement, ce sont bien les sionistes – venus d’Europe centrale je le rappelle – en persécutant les Palestiniens et d’autres peuples du
Moyen-Orient, qui pratiquent le racisme antisémite le plus abject qui soit. En érigeant une hiérarchie raciale où les non-juifs sont déshumanisés, dépossédés, et régulièrement victimes de
violences d’État, ils appliquent les mêmes logiques de ségrégation et de domination qui ont nourri l’antisémitisme historique. Ce renversement scandaleux, où ceux qui revendiquent
l’héritage de victimes se transforment en oppresseurs, est non seulement une trahison des principes universels de justice, mais une insulte à la mémoire des millions de juifs persécutés,
qui ne méritent pas de voir leur souffrance utilisée comme prétexte pour perpétrer des injustices envers d’autres peuples. Et il est grand temps de démystifier cette mascarade
intellectuelle car l’antisionisme n’est ni de l’antisémitisme, ni une haine irrationnelle, mais un refus catégorique d’accepter l’instrumentalisation de la souffrance juive pour justifier
des actes d’oppression envers un autre peuple.
Il est également urgent de dénoncer cette hypocrisie grotesque qui consiste à qualifier de «racisme» des actions qui, sous couvert de «légitimité
historique», imposent l’apartheid, la violence et un génocide. Quand les sionistes, au nom d’un passé tragique, continuent de persécuter les Palestiniens, ils ne font pas qu’enfreindre
les droits humains, ils écrasent le sens même de la justice et de la dignité. Si l’histoire du peuple juif nous enseigne une chose, c’est que personne ne doit être au-dessus de la
critique, et surtout pas ceux qui utilisent la souffrance comme levier pour perpétuer l’injustice. La vérité est simple et claire et si l’antisémitisme est une abomination, le sionisme,
dans sa forme actuelle, est un crime contre l’humanité déguisé en droit historique.
L’un des outils les plus efficaces du racisme et de l’oppression systémique a toujours été la manipulation du langage. Tout comme l’utilisation du terme
«sales juifs» pendant des siècles visait à déshumaniser un peuple, la désignation systématique de «terroristes» pour les Palestiniens et «extrémistes» pour les musulmans suit un schéma
identique. On peut y inclure dorénavant aussi les «sales blancs» scandés par les populations immigrées en France. Cette stratégie linguistique a pour but de rendre la discrimination et la
persécution socialement acceptables, en associant un peuple entier à la violence et à la dangerosité. Ainsi, l’expression «terroriste palestinien» a été si profondément implantée dans le
discours occidental que la résistance palestinienne, même lorsqu’elle prend la forme d’une simple protestation pacifique, est instantanément étiquetée comme de l’extrémisme.
En revanche, la violence d’État exercée à leur encontre est habilement requalifiée en «autodéfense». Ce traitement linguistique contribue à la
déshumanisation des Palestiniens et des musulmans, qui, tout comme les juifs autrefois accusés de propager des maladies et une corruption morale, sont aujourd’hui perçus comme
intrinsèquement violents et irrationnels. Leur foi est désormais présentée comme une menace, plutôt que comme une religion.
Le véritable génie, ou plutôt, le cynisme, de cette stratégie est qu’elle crée des récits auto-réalistes. Lorsqu’un peuple est systématiquement brutalisé et
opprimé, certains de ses membres, poussés à bout, se révoltent inévitablement. Ces actes de résistance sont alors utilisés pour renforcer les stéréotypes déjà enracinés, justifiant une
répression plus violente. Ce cycle de violence, à la fois physique et linguistique, permet de normaliser l’oppression, de criminaliser la résistance et de perpétuer les injustices.
Si ces mécanismes de manipulation avaient été mieux compris dans le passé, peut-être aurions-nous évité certains des drames historiques que nous connaissons
aujourd’hui. Pourtant, tout comme l’identité juive a été façonnée par des siècles de récits imposés, l’identité palestinienne est aujourd’hui construite à travers des narrations
extérieures, souvent écrites par ceux qui cherchent à effacer son histoire.
Cette manipulation de l’histoire n’est pas nouvelle. Pendant des siècles, les récits bibliques ont été traités comme des faits historiques, non pas parce
qu’ils étaient prouvés, mais parce qu’ils étaient politiquement utiles. La Bible, la Torah et maintenant le Talmud, ont servi de base pour l’édification d’un récit national juif qui a, au
fil du temps, légitimé la création de l’État illégal d’Israël. Cependant, l’archéologie moderne révèle que les événements bibliques majeurs sont souvent soit inexistants, soit grandement
exagérés. Comme déjà précisé précédemment, aucune preuve tangible ne soutient l’existence d’un grand royaume israélite sous David et Salomon. Les fouilles n’ont jamais découvert de
palais, forteresses ou grandes villes correspondant aux descriptions bibliques. Au contraire, les régions historiquement connues étaient dominées par les Égyptiens, Babyloniens, Perses,
Grecs et Romains, des puissances impériales qui ont méticuleusement documenté leurs conquêtes et qui ne mentionnent que marginalement ce «royaume d’Israël». Le soi-disant «royaume unifié»
de David et Salomon n’existe que dans les textes religieux, comme une fiction politique façonnée des siècles après les événements.
L’une des tactiques les plus dangereuses de ce projet est la destruction programmée des symboles religieux palestiniens. Des groupes extrémistes israéliens
ont ouvertement exprimé leur désir de détruire la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem pour la remplacer par un troisième temple juif, croyant que cet événement précipiterait l’avènement du
Messie. Ce projet apocalyptique est soutenu par une partie significative des chrétiens évangéliques aux États-Unis, qui, loin de se soucier du sort des juifs, croient que cette expansion
d’Israël est nécessaire pour accomplir des prophéties bibliques aussi fallacieuses qu’insupportables.
Dans cette logique de falsification historique, l’idée même d’un «judéo-christianisme» s’inscrit comme un autre mythe construit sur un mensonge sémantique.
Car en réalité, judaïsme et christianisme reposent sur des fondements incompatibles, tant sur le plan théologique que culturel. Ce terme, pourtant largement répété, participe à brouiller
les repères et à rendre acceptable une opposition pourtant irréconciliable.
Cette imposture idéologique sera au cœur de notre prochain article, où nous démontrerons comment elle s’insère dans la narration fantasmée utilisée pour
légitimer le projet sioniste. Mais ces pseudos chrétiens sans culture, ni savoir (ces crétins donc) soutiennent pourtant financièrement des groupes extrémistes israéliens et font pression
sur le gouvernement américain pour qu’il poursuive des politiques interventionnistes au Moyen-Orient, afin de préparer le terrain pour une «bataille finale» d’Armageddon. Cette force
idéologique, profondément enracinée dans la politique des États-Unis et dans l’influence d’organisations comme l’AIPAC, est l’un des moteurs qui soutiennent un des pires système colonial
de domination et de répression sanglante.
Le sionisme, en dépit de sa façade de mouvement de libération, repose clairement sur une falsification historique profonde et délibérée. Une partie
importante des juifs modernes, notamment les Ashkénazes, ne sont même pas des descendants directs des anciens Hébreux, mais essentiellement des Européens, principalement originaires de
régions comme l’ancienne Khazarie, l’Ukraine, la Pologne et la Russie. Leurs ancêtres se sont installés en Europe après des siècles de migrations et de conversions, et non après une
dispersion du Moyen-Orient.
Ainsi démontrée, l’idée de «retour» en Palestine, au début du XXe siècle, n’a pas été fondée sur des liens ancestraux réels, mais sur la volonté de résoudre
le «problème juif» en Europe en déplaçant les populations juives vers un nouvel État, plutôt que de les intégrer dans les sociétés européennes.
Le sionisme, à ses débuts, ne visait pas à restaurer une patrie ancestrale, mais à créer une solution politique pour un problème géopolitique européen. En
réalité, les puissances impériales européennes, notamment la Grande-Bretagne, ont vu dans le mouvement sioniste un moyen d’installer une colonie de peuplement européenne au Moyen-Orient,
un projet conforté par la Déclaration Balfour de 1917. Et non pas après la shoah, comme certains tentent de le faire croire encore de nos jours. Mais ce projet n’a jamais été fondé sur un
droit historique des juifs sur la terre de Palestine, mais sur des objectifs politiques et géopolitiques de domination d’une région pétrolifère et stratégique.
La fabrication de ce récit historique a alimenté des politiques d’occupation et de colonisation qui ont abouti à un nettoyage ethnique écœurant des
Palestiniens. Le système d’apartheid qui perdure aujourd’hui en Israël est une conséquence directe de ce projet colonial, visant à effacer l’histoire et les droits des Palestiniens pour
asseoir la domination occidentale sur la région. Les véritables héritiers de cette terre sont les Palestiniens, qui, contrairement aux colons ashkénazes, ont maintenu un lien ininterrompu
avec la terre palestinienne pendant des siècles.
Mais c’est ce récit falsifié qui alimente aujourd’hui un conflit sans fin. L’idée selon laquelle Israël serait la restitution d’une terre ancestrale aux
juifs continue de justifier des politiques d’agression et d’occupation inhumaines. Et en continuant à soutenir ce projet colonial, les gouvernements occidentaux sont coupables, en armant
Israël, d’alimenter une guerre sans fin qui ne profite qu’aux vendeurs d’armes et aux banquiers.
La vérité historique doit émerger pour que ce cycle de violence et d’injustice, indigne au XXIème siècle, cesse enfin. Le sionisme, loin d’être un mouvement
de libération, a été un projet colonial, un récit fabriqué pour justifier la colonisation et l’expulsion des Palestiniens de chez eux et s’accaparer une terre regorgeant d’énergie fossile
et occuper illégalement un carrefour commercial hautement stratégique. Si cette réalité n’est pas confrontée, mise en lumière par tous, le conflit continuera de déchirer cette région et
d’alimenter des siècles de souffrance.
Ce que nous venons de démontrer, au-delà du caractère clairement raciste du sionisme moderne, c’est qu’à travers un assemblage de mythes, de récits déformés
et de manipulations historiques, la construction de l’identité juive moderne s’inscrit dans une série de réinventions et de réécritures qui masquent une réalité bien plus complexe. À
travers l’idéologie sioniste, cette histoire fantasmée a été utilisée pour justifier un projet politique dont les conséquences, à savoir la persécution des Palestiniens, sont aujourd’hui
d’une cruauté inouïe. Pourtant, il ne suffit pas de scruter l’histoire biblique ou les traditions religieuses dévoyées, pour comprendre tout l’enjeu géopolitique actuel.
Ainsi, pour mieux saisir les origines et les conséquences de cette manipulation, dont le monde entier est désormais victime, il est nécessaire de s’immerger
dans une relecture de l’histoire ancestrale des juifs, non pas à travers les lentilles idéologiques du sionisme, mais en déconstruisant les mythes et les récits fantasmés qui ont été
forgés dans la Bible pour légitimer ce projet fou.
C’est ce que nous entreprendrons dans le prochain article, où nous dévoilerons comment les manipulations intellectuelles et sémantiques, les détournements
architecturaux et les inventions romanesques énoncées dans la Bible ont été habilement orchestrés pour façonner une réalité parallèle, servant de base à l’expansion sioniste et à la
perpétuation d’une narration qui dissimule les véritables enjeux politiques et humains mis en œuvre dans le monde entier par ces biais.
Dans l’examen des fondements historiques et spirituels du judaïsme moderne, il devient évident que l’histoire telle qu’elle est présentée dans les récits
bibliques ne correspond en rien à une réalité historique vérifiable. En effet, la Torah, le socle de la tradition juive ancestrale, et les récits épiques qu’elle véhicule ont été modelés
au fil du temps pour forger une identité collective qui transcende les vérités historiques. Mais à travers cette construction mythologique, un enjeu bien plus vaste se profile, d’une
légitimité politique qui, jusqu’à aujourd’hui, sert de justification à des projets territoriaux et nationalistes. Si la Bible se veut le fondement de la judéité, elle est avant tout un
instrument de légitimation pour des revendications historico-théologiques qui n’ont pourtant ni fondement archéologique ni véracité historique, ni même une cohérence théologique.
Loin des images pieuses et des interprétations religieuses qu’ils se sont offert par l’intermédiaire de l’écriture de la Torah, la vérité historique des
Hébreux reste avant tout une construction complexe, mêlant mythes, traditions orales et fragments de réalité amalgamés de façon plus ou moins réussies, mais au demeurant fictives.
Malheureusement, le projet sioniste, qui prétend restaurer une «nation juive» fantasmée sur une terre ancestrale illusoire, s’appuie en grande partie sur ces récits romancés. Mais est-il
encore possible de continuer à entretenir cette illusion lorsqu’on constate les desseins qu’elle sert ?
C’est à cette question que nous tenterons de répondre dans cet article, en explorant non seulement la tentative d’imposer un héritage biblique, le
dévoiement intellectuel mais aussi les preuves historiques et archéologiques qui remettent en question cette légitimation divine et politique. Nous nous attarderons particulièrement sur
la figure du patriarche Abraham, les récits de l’Exode et de la «Terre promise à un peuple élu», et l’absence totale de fondements tangibles pour ces épisodes censés avoir marqué et fondé
le destin du peuple juif.
Il est évident, comme nous l’avons vu précédemment, que l’histoire fondatrice des juifs modernes et de la diaspora, telle qu’elle est racontée dans la
Torah, ne correspond en rien à l’identité juive telle qu’elle existe aujourd’hui. La Torah, composée des cinq premiers livres de la Bible hébraïque (la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les
Nombres et le Deutéronome) constitue le socle légitime, bien que très romancé, de la religion hébraïque aussi ancestrale que respectable, avec des récits et des lois dictées comme venant
directement de leur Dieu, à travers l’histoire de Moïse.
Si elle établit les bases spirituelles et morales du judaïsme antique, l’histoire de Moïse, bien qu’historiquement fausse, incarne un récit fondateur ayant
légitimé les croyances hébraïques en unifiant des tribus éparses autour d’une identité commune et d’une vision partagée du monde. Ce mythe a permis de forger une cohésion en inscrivant
l’existence collective dans une trame sacrée et signifiante. Toutefois, à l’époque moderne, marquée par une diversité de courants, du judaïsme orthodoxe au judaïsme sioniste, cette figure
ne saurait à elle seule fonder une identité juive désormais plurielle, tiraillée entre tradition, sécularisation et réinvention.
À l’inverse de son récit fondateur, l’identité juive moderne s’est reconstruite autour de deux piliers difficilement défendables sur le plan universel et
aux antipodes des aspirations portées par la Torah elle-même, sinon son opposition caractérisée. Le premier de ces piliers, le Talmud, n’est pas une révélation divine mais un monument
d’érudition rabbinique, qui, sous couvert d’adaptation juridique, érige une vision du monde rigoureusement centrée sur la supériorité de la loi juive au détriment de toutes les autres
traditions spirituelles et notamment chrétiennes. Car ce texte, sanctuarisé sans l’être officiellement, a servi moins à ouvrir le judaïsme qu’à en renforcer les frontières mentales, en
érigeant une logique d’auto-exclusion et de distinction systématique entre le «dedans» et le «dehors», entre les détenteurs de la Loi et les autres. Par une infinité de prescriptions, de
règles interprétatives et de casuistiques, le Talmud a façonné une identité fondée sur la séparation, la différenciation constante, et parfois même la méfiance structurelle envers
l’altérité religieuse ou culturelle. Cette clôture intellectuelle, bien qu’efficace pour préserver l’unité d’un peuple en diaspora, a aussi cristallisé un repli qui complique toute
ouverture véritable à l’universel.
Le second pilier, le sionisme, qui est un projet politique né dans l’Europe du XIXe siècle, ayant fait de la judéité non plus une foi ou une culture, mais
une ultra-nationalité à imposer par la force sur une terre palestinienne habitée par d’autres. Et en transformant un traumatisme diasporique en revendication territoriale, cet
ultra-nationalisme a engendré un conflit colonial maquillé en retour historique, mobilisant une mémoire mythique pour justifier une réalité de dépossession désormais militaire et
sanguinaire.
Sachant que même la Bible hébraïque (la Torah) ne saurait, en aucun cas, être considérée comme une preuve historique objective. Derrière son apparente
cohérence narrative et sa sacralisation postérieure, elle constitue avant tout une simple construction idéologique, rédigée et redéfinie à différentes époques dans le seul but de fournir
une mémoire commune à des groupes tribaux disparates. Comme l’ont montré de nombreux historiens et archéologues, ce texte a été instrumentalisé pour forger une identité collective a
posteriori, en inventant une continuité là où il n’y avait que des tribus éparses, souvent en conflit, ballottées par les conquêtes, les dominations étrangères et les effondrements
internes. Elle n’est donc en rien un témoignage fiable d’un passé réel, mais bien un récit mythifié destiné à légitimer un peuple en quête de cohésion, de territoire symbolique et de
justification morale face à son histoire chaotique et fragmentée.
Si la Bible regorge de récits, parfois sanglants et écœurants, ainsi que de contes et de légendes orales romancées, ce sont des constructions narratives,
réécrites au fil des siècles pour répondre à des besoins politiques, religieux ou identitaires précis. Derrière leur apparente autorité se cache un travail de composition opportuniste,
destiné moins à transmettre une vérité historique qu’à imposer une vision du monde, légitimer un peuple, et justifier, parfois violemment, son rapport aux autres et à la terre. Ainsi,
très loin de constituer une preuve historique, la Bible relève davantage de l’outil mythologique et politique destiné à nourrir l’espoir et à renforcer l’identité d’un peuple opprimé,
plutôt qu’un document historique digne de ce nom.
Il est donc crucial de souligner que la prétendue «histoire» des Hébreux, telle qu’elle est relatée dans la Bible, ne repose sur aucune preuve historique
tangible. Aussi admirable soit-elle dans sa fonction de récit fondateur, cette narration n’est étayée ni par des sources contemporaines indépendantes, ni par des découvertes
archéologiques concluantes. Elle relève bien davantage du mythe que du fait, d’un récit construit pour répondre à un besoin identitaire que d’un enchaînement d’événements avérés. Et
confondre ce récit avec une réalité historique, c’est céder à l’illusion d’une mémoire sacralisée qui, en vérité, tient plus du roman théologique que du témoignage factuel.
Selon ces récits, les Hébreux seraient originaires de la région de l’Euphrate, où Abraham, présenté comme leur patriarche fondateur, aurait reçu l’ordre
divin de quitter Ur pour s’installer en Canaan aux alentours de 1760 avant notre ère. Ce récit, largement mythologique, met en scène un modeste clan de pasteurs nomades, menant une
existence tout à fait ordinaire pour l’époque, faite de déplacements, d’élevage et de subsistance. Mais là où la Bible bascule dans l’absurde, c’est dans sa prétention à ériger ces
figures anonymes, sans aucune trace historique ou inscription attestée, en piliers d’un destin sacré et universel. La tentative de conférer à Abraham un rôle fondateur à l’échelle de
l’humanité tout entière relève moins de la mémoire collective que d’une construction idéologique visant à transformer des bergers tribaux en dépositaires d’une alliance divine éternelle,
sans fondement concret, ni preuve matérielle, ni lien vérifiable avec les événements réels de la région, relevant davantage du mythe nationaliste que du récit historique.
Par ailleurs, la supposée «soumission» des Hébreux à leurs conquérants successifs constitue l’un des ressorts les plus instrumentalisés de la tradition
biblique pour entretenir un imaginaire collectif de persécution, savamment nourri et perpétué à travers les siècles. L’Exode en est l’exemple le plus emblématique de ce récit fantasmé,
dans lequel Moïse aurait arraché son peuple à l’esclavage égyptien vers 1260 avant notre ère. Or, ce récit, qui n’est appuyé par aucun indice archéologique sérieux ni mention historique
extérieure, n’a tout simplement jamais eu lieu. Il s’agit d’une fable politique, construite de toutes pièces pour forger une origine glorieuse à un ensemble tribal sans passé unifié. Les
descriptions de travaux forcés, de plaies surnaturelles ou de traversées miraculeuses tiennent plus du conte édifiant que du document historique. Cette mise en scène du salut divin,
orchestrée autour d’un peuple élu, relève d’un mythe fondateur taillé pour renforcer une cohésion identitaire à travers le pathos, en légitimant par le récit une communauté encore sans
socle réel. Une fiction dont la force tient précisément de nos jours à sa capacité à se faire passer pour une vérité éternelle.
C’est précisément pour cela que de nombreux archéologues sérieux rejettent en bloc la prétendue «réalité historique» de la Bible, et plus particulièrement
le récit de la sortie d’Égypte, qui ne repose sur rien de concret. L’idée qu’une armée de 600 000 esclaves hébreux – chiffre délibérément grossi à l’excès pour impressionner, car à titre
indicatif, il y a aujourd’hui environ 455 000 juifs en France – ait pu échapper au joug de l’Égypte au XIIIe siècle avant notre ère, franchir des zones militarisées, survivre dans un
désert impitoyable et déjouer les forces d’un empire parmi les plus puissants de son temps, relève de la pure fantaisie. Plus accablant encore, il n’existe aucune mention de cet exode
massif dans les innombrables archives et inscriptions égyptiennes, pourtant méticuleuses lorsqu’il s’agissait d’enregistrer leurs moindres victoires ou projets de construction. Rien ! Pas
une trace. Le silence des sources historiques sur un événement d’une telle ampleur est, en soi, une condamnation sans appel.
Par ailleurs, l’esclavage tel que décrit dans le livre de l’Exode, organisé, ethnique, systématique, n’a jamais existé en Égypte antique sous cette forme.
Aucun vestige archéologique ne confirme l’existence d’une population hébraïque soumise ou exploitée à grande échelle. Le récit biblique ne repose donc pas seulement sur une absence de
preuves, mais contredit frontalement tout ce que l’on sait du contexte égyptien de l’époque. Quant à l’affrontement entre Moïse et un pharaon anonyme, figure caricaturale de l’oppresseur
païen, il n’a strictement aucun fondement dans l’histoire réelle. Certains chercheurs, en poussant l’analyse plus loin, suggèrent même que ce mythe pourrait dériver d’un souvenir
lointain, déformé et déplacé, ancré non pas dans la Vallée du Nil, mais dans un petit village appelé Misraïm, situé dans le nord du Yémen, à des centaines de kilomètres du théâtre
biblique supposé.
Autant dire que cette «grande épopée libératrice» tient davantage du roman national rétrospectif que du fait historique. C’est un habillage mythologique au
service d’une identité à construire et non à constater. De fait, ce qui était censé être un acte fondateur d’une nation entière se transforme ainsi en une pure invention, façonnée au fil
des siècles pour alimenter un mythe, mais qui ne tient pas face aux exigences d’une véritable analyse historique.
Il est donc indiscutable, au regard de ces faits, que l’histoire des Hébreux telle qu’elle est relatée dans leurs écrits bibliques n’a pas pour vocation
d’être un témoignage historique, mais plutôt un instrument de légitimation. Et en présentant Abraham comme le récipiendaire de promesses divines, le récit biblique ne fait rien d’autre
que poser les bases d’une justification théologique à une entreprise de conquête. Il s’agit là d’un mécanisme classique de légitimation par le mythe, en attribuant à un patriarche nomade
une «terre promise» à un «peuple élu» par un Dieu tout-puissant, le texte effaçant méthodiquement la réalité historique des peuples déjà installés en Canaan, réduits au silence ou à la
caricature d’idolâtres condamnés.
Cette mise en scène de droit divin n’est rien d’autre qu’un récit de dépossession maquillé en épopée spirituelle. Sous couvert de spiritualité, c’est une
logique de colonisation pré-moderne qui s’exprime où les Hébreux s’arrogent la légitimité d’un territoire non pas par la coexistence, mais par une fiction sacrée fondée sur l’élection et
l’exclusion. Et ce récit de conquête, travesti en destinée sacrée, n’est pas un souvenir fidèle d’un passé réel, mais un instrument de propagande identitaire destiné à galvaniser des
tribus éparses, à leur offrir un récit fondateur héroïque là où il n’y avait, en réalité, que des clans errants, sans territoire, ni pouvoir, ni mémoire commune véritable.
Et cette vision fantasmée de l’histoire est, bien entendu, remise en question par une large majorité de la communauté scientifique. De nombreux chercheurs,
parfaitement conscients des innombrables contradictions et des anachronismes flagrants dans les textes bibliques, considèrent la figure d’Abraham non pas comme un homme historique, mais
comme une pure invention mythologique, un personnage qui n’existe que dans l’imaginaire collectif et dont l’existence réelle relève davantage du fantasme que de la réalité. Mais bien sûr,
ces conclusions rigoureusement fondées sont systématiquement attaquées par des groupes sectaires et idéologiques, comme les Témoins de Jéhovah, les évangélistes ou les partisans du
sionisme, qui, dans un souci de préservation de leur récit sacré, insistent avec une obstination quasi religieuse sur la «précision historique» de la Bible. Pour eux, Abraham n’est pas
une construction légendaire mais une figure centrale et authentique, incarnant l’origine d’une histoire sacrée indiscutable. Une vision qui, en réalité, n’est rien d’autre qu’une défense
désespérée d’un dogme dépassé et fragile, incapable de s’adapter à la rigueur critique de la recherche moderne.
Cette vision, évidemment, relève bien plus de la foi aveugle que d’une démarche scientifique sérieuse et rigoureuse. Mais elle illustre aussi la puissance
persistante du mythe biblique, un mythe qui, malgré les siècles, continue d’empoisonner la pensée de certaines communautés. Ce mythe, qui se drape d’une prétendue vérité historique,
façonne une identité collective figée et déconnectée des réalités documentées, rejetant sans vergogne la critique historique au profit d’une adhésion aveugle à un récit édifiant. Cette
obstination à maintenir l’illusion d’un Abraham historique ou d’une conquête divine ne fait que prolonger une fiction, un artefact idéologique qui perdure bien au-delà des faits,
s’accrochant désespérément à un imaginaire collectif en décalage complet avec les découvertes archéologiques et les avancées de la recherche.
Pour poursuivre, abordons le récit de «l’exil juif», une construction rétrospective qui n’a rien à voir avec un fait historique, mais qui relève plutôt d’un
mythe politique victimaire, forgé dans le but non seulement de légitimer une revendication territoriale fantasmée, mais surtout de cultiver une souffrance imaginaire destinée à susciter
une pitié qui sert des intérêts bien plus terre-à-terre. Ce mythe a été soigneusement tissé pour justifier une identité nationale bâtie sur le vide, tout en dissimulant la réalité
complexe de l’Histoire. Shlomo Sand, en démontant ce récit, rappelle que l’idée de l’exil juif est une invention pure et simple des premiers chrétiens, conçue pour convertir les derniers
Hébreux récalcitrants au christianisme naissant. Selon lui, les chrétiens primitifs ont fabriqué cette fable de l’exil, afin de convaincre les descendants des Hébreux que leurs ancêtres
avaient été punis par Dieu et dispersés. En réalité, les preuves archéologiques viennent pulvériser cette fable car bien après la destruction du Second Temple aussi hypothétique que le
premier (nous verrons cela dans un autre article), les Juifs ont continué à vivre en Galilée, loin de l’image romantique de l’exil éternel. Ce récit victimaire, loin d’être un témoignage
authentique, est avant tout, lui aussi, une arme idéologique qui, sous couvert de souffrance et de persécution, cherche à cimenter une identité construite sur des bases fictives et à
justifier des revendications politiques actuelles.
Il n’existe d’ailleurs aucune preuve factuelle aussi infimes soient-elles, dans aucun manuscrit, inscription ou récit contemporain, de l’asservissement des
Israélites en Égypte, de la vie de Moïse, de l’existence d’une arche d’alliance, et encore moins d’un exode massif. Les archives égyptiennes, qui comptent parmi les plus détaillées et
méticuleuses de l’antiquité, ne mentionnent ni la présence d’une multitude d’Israélites réduits en esclavage, ni l’existence d’un artefact sacré d’une quelconque puissance surnaturelle,
ni même l’ombre d’une évasion spectaculaire à travers des frontières soigneusement surveillées. En vérité, ces archives ne relatent rien de tout cela. Pas de traces de colonies juives,
pas d’artefacts archéologiques corroborant cette version héroïque, pas une inscription de Pharaon évoquant une quelconque rébellion ou un miracle. Rien ! Ce silence total et absolu dans
les sources contemporaines égyptiennes, ainsi que l’absence totale de preuves matérielles, viennent accabler d’une manière irréfutable l’historicité de ces récits bibliques. Il ne s’agit
donc pas d’un manque de preuves, mais d’une absence pure et simple de toute trace de cet exode mythique. Tout cela ne repose que sur une tradition bien ancrée, certes, mais qui n’a aucun
fondement tangible dans la réalité historique.
En revanche, des tribus nomades mineures, dont les déplacements étaient bien moins nombreux et significatifs, ont laissé de nombreuses traces physiques de
leur passage dans des régions où elles se sont installées temporairement. À l’inverse, un groupe censé compter des milliers de personnes, selon le récit biblique, n’a laissé absolument
aucune empreinte de son passage. Aucune trace archéologique, aucun artefact, rien ! Cela devrait suffire à démontrer l’absurdité de l’idée d’un exode massif à travers un désert, sans
laisser la moindre empreinte tangible sur un sol foulé pendant 40 années. En réalité, la véritable raison de la création de ce mythe, en fait, n’a rien à voir avec un quelconque événement
historique, mais réside uniquement dans le besoin de justifier la conquête violente d’une terre déjà occupée par d’autres peuples. Car si les Israélites étaient imaginés comme des
victimes opprimées par l’Égypte et des vagabonds sans terre, leur «retour» en Canaan pouvait être habillé d’une légitimité divine, une justice céleste accordée aux persécutés pour
reprendre possession de la terre promise. Et ce fut précisément cette version réécrite qui servit de fondement au projet politique du sionisme, où la «reconquête» d’une patrie mythique,
rendue illusoire et intangible à force de répétitions dogmatiques, s’appuya sur des mensonges historiques à peine voilés.
De plus, l’idée d’un exil juif, d’un peuple arraché de force à sa patrie et destiné à errer jusqu’à ce qu’il puisse la reconquérir, n’est étayée par aucune
des preuves historiques modernes. Au contraire, les migrations et l’assimilation étaient courantes dans toute la région, les Hébreux s’intégrant souvent aux cultures dominantes qui les
gouvernaient systématiquement. Ainsi, le récit moderne d’un ancien «État-nation juif» en attente de restauration est une construction idéologique rétrospective malsaine, et fut donc
largement fabriquée et manipulée pour justifier des revendications politiques modernes plutôt que pour refléter des vérités historiques.
Dans un effort désespéré pour rétablir la vérité historique derrière le mythe moderne des «Juifs», il convient toutefois de rappeler que, bien que la Bible
soit l’unique source qui prétende décrire l’histoire des Hébreux, des historiens et archéologues ont effectivement mis au jour des preuves de migrations nomades et de conflits dans la
région, mais ces découvertes ne confirment en rien les récits bibliques, et encore moins l’exclusivité de ces événements aux Hébreux. Certains éléments suggèrent que des peuples
sémitiques ont bien vécu dans la région du Proche-Orient au IIe millénaire avant notre ère, mais il est impossible de les associer de manière certaine et univoque aux Hébreux. Quant à
leur prétendue existence dans le désert du Sinaï pendant 40 ans, aucune preuve archéologique directe n’a jamais été trouvée pour étayer cette histoire, et les témoins archéologiques de
cette «grande tribu nomade» sont aussi absents que les traces de l’Exode lui-même.
Et quand bien même, les récits bibliques prétendent que ces nomades, sans armée ni pouvoir central, auraient fini par conquérir la terre de Canaan sous la
conduite de Josué. Une conquête qui défie toute logique car comment des gens sans ressources ni organisation militaire auraient-ils pu vaincre un peuple structuré comme les Cananéens,
pourtant loin d’être des négligents ou des passifs ? Mais, bien sûr, l’argument du mythe sacré l’emporte sur toute forme de raisonnement historique. Le tout, encore une fois, servi sur un
plateau sous forme d’un récit romanesque destiné à nourrir une identité collective construite de toutes pièces.
Il est surtout impératif de rappeler que de très nombreux spécialistes affirment sans équivoque que la majorité des récits bibliques ont été rédigés bien
après les événements qu’ils prétendent décrire, et ne sont finalement rien de plus que des fables sans fondements. Mario Liverani, historien et professeur d’histoire antique du
Proche-Orient à l’université de Rome «La Sapienza», l’explique clairement: «la datation tardive
de ces textes est la seule manière d’expliquer les innombrables anachronismes et incohérences qui parsèment ces récits, comme les listes de peuples prétendument conquis par Josué, qui
n’existaient même pas en Canaan à l’époque où ces événements sont censés avoir eu lieu».
Ainsi, les textes de la Torah, par exemple, ont vraisemblablement été élaborés sur plusieurs siècles, d’abord transmis oralement, puis mis par écrit, et
finalement retravaillés encore et encore au fil des âges. L’archéologie, quant à elle, démontre de manière incontestable que le texte biblique ne peut en aucun cas être pris comme un
témoignage historique fiable, tant il regorge d’anachronismes et d’incohérences qui rendent son contenu fictif. Pourtant, c’est bien cette narration tardive qui a permis à ces tribus
nomades, sans terres ni racines, souvent conquises et persécutées, de se forger une identité et un espoir à travers un récit de libération et de triomphe totalement inventé.
On constate donc que derrière son absence totale de fondement historique, ce mythe agit comme un opiacé collectif qui berce certaines communautés dans
l’illusion d’une grandeur prédestinée, d’un rôle providentiel arraché à l’Histoire, alors même qu’il ne repose que sur des fantasmes. Il sert surtout à panser les plaies de siècles
d’humiliations, en leur offrant une posture flatteuse de survivants héroïques ou de conquérants incompris. Une consolation commode, qui évite de regarder en face la complexité du réel et
alimente une mémoire sélective au service de récits identitaires plus séduisants que véridiques.
L’un des piliers idéologiques les plus puissants et les plus mensongers du projet sioniste est celui de la «Terre promise». Car ce que les recherches
archéologiques et les études historiques sérieuses révèlent est sans appel, car au Xe siècle avant notre ère, Jérusalem n’était rien de plus qu’un modeste village perché sur une colline,
loin de l’image grandiose d’une capitale royale régnant sur un vaste royaume hébreu. La prétendue souveraineté biblique sur la région tient davantage de la mythologie que de la réalité,
et relève du même registre légendaire que les fables arthuriennes. Pourtant, ce mythe sert encore aujourd’hui de fondement idéologique à une entreprise coloniale d’une brutalité inouïe.
L’expansion territoriale d’Israël, sous la bannière du fantasme du «Grand Israël», s’appuie sur cette fiction religieuse pour justifier l’annexion de terres, les massacres, l’épuration
ethnique et la destruction systématique des populations palestiniennes. La promesse divine devient ainsi un alibi pour des crimes bien terrestres, des crimes que l’on ose encore habiller
d’un vernis biblique. Aucun archéologue sérieux ne cautionnerait cette supercherie, mais elle trouve un écho puissant dans la bouche des dirigeants israéliens, des colons armés, et de
leurs alliés étrangers.
Ces alliés ne sont pas marginaux. Une partie des sionistes extrémistes, appuyés par des membres du gouvernement israélien et financés généreusement par des
fondamentalistes évangéliques américains, appellent ouvertement à la destruction de la mosquée Al-Aqsa pour y ériger un «Troisième Temple», dans l’espoir apocalyptique d’accélérer la
venue de leur Messie. Ce projet délirant n’est pas seulement théologique, il est politique, militaire et globalement suicidaire. Il pourrait embraser la planète entière. Car aux
États-Unis, des dizaines de millions d’évangéliques considèrent l’expansion d’Israël comme une condition préalable au retour du Christ – retour au cours duquel, selon leur dogme, les
juifs seront convertis… ou anéantis. Ce soutien fanatique à Israël n’a donc rien d’un amour sincère pour le peuple juif. Il s’agit d’une alliance cynique, au service d’un scénario
eschatologique destructeur. Ces croyances, bien loin de rester confinées à des marges, irriguent la politique étrangère américaine via des groupes puissants comme l’AIPAC, détournant des
milliards de dollars vers Israël pendant que les infrastructures américaines s’effondrent, hormis celles de la vente d’armes.
Ce délire messianique s’appuie sur une falsification historique méthodique. La plupart des juifs ashkénazes, qui composent aujourd’hui l’essentiel de la
population israélienne, ne sont pas originaires du Levant. Leurs racines se trouvent en Europe de l’Est, notamment dans les anciennes régions de Khazarie, de Pologne et de Russie. Leur
présence au Moyen-Orient résulte d’une migration moderne, souvent motivée non par un attachement ancestral, mais par le rejet dont ils faisaient l’objet en Europe. Le sionisme, loin
d’être le fruit d’un «retour» légitime, fut une solution de relégation, pensée par les élites européennes comme un moyen d’exporter un «problème juif» qu’elles n’avaient ni le courage ni
la volonté de résoudre autrement. Théodore Herzl lui-même, dans ses premières propositions, envisageait des terres comme l’Ouganda ou l’Argentine, preuve que la Palestine fut choisie non
pour sa vérité historique, mais pour sa portée symbolique et sa facilité à séduire les grandes puissances impériales. Les Britanniques l’ont bien compris car leur soutien, à travers la
Déclaration Balfour, ne relevait d’aucune considération morale, mais d’un calcul géopolitique cynique, visant à installer une tête de pont coloniale dans une région stratégique.
Une fois passée au crible, l’histoire biblique et l’identité juive moderne apparaissent pour ce qu’elles sont souvent devenues. Une construction
artificielle, sinon carrément falsifiée, où les mythes prennent le pas sur les faits, et où l’invention narrative supplante l’honnêteté historique. Le sionisme, maître dans l’art de la
récupération symbolique, s’est emparé de ce bric-à-brac mythologique pour en faire l’ossature d’un projet nationaliste profondément anachronique, fondé sur une prétendue continuité entre
les anciens Hébreux et les Juifs d’aujourd’hui. Continuité aussi fictive qu’idéologiquement commode. Ce tour de passe-passe identitaire a certes permis de cimenter une cohésion
collective, mais au prix d’un déni presque total des complexités ethniques, culturelles et historiques du Levant, sacrifiées sur l’autel d’un récit épuré, monolithique et aveuglément
théologique.
Or, ce processus outrageant a permis à un mythe, pourtant dénué factuellement de toute assise archéologique sérieuse, de se muer en vérité sacralisée dans
le discours dominant, au point d’interdire toute remise en question sans être aussitôt taxé de blasphème politique. Cette fiction promue au rang de dogme a servi de caution morale à une
entreprise de dépossession brutale, tentant de justifier non seulement l’expulsion systématique et l’écrasement des Palestiniens, mais aussi les violences répétées envers les musulmans et
les chrétiens de la région.
Depuis 1948, et avec une intensité croissante jusqu’au massacre génocidaire actuel, ce récit mythifié a été le paravent commode derrière lequel se sont
dissimulés crimes de guerre, apartheid et épuration ethnique, le tout enveloppé dans le langage aseptisé de la légitime défense et du droit à l’existence. Une rhétorique implacable, où
l’Histoire réécrite devient arme, et le mythe, un permis de tuer.
Cependant, cette construction fictive de l’identité juive moderne à travers un récit historique aussi figé que mensonger, n’est pas sans conséquence. Et
bien que ces mensonges aient été maintes fois répétés et nourris par un discours dominant, leur répétition ne les transforme en aucune manière en vérité. La légitimité revendiquée par les
colons juifs venus d’Europe de l’Est, en prétendant s’ancrer dans une histoire fictive et un passé réinventé, ne saurait en aucun cas justifier le génocide en cours contre les
Palestiniens. Bien au contraire, cette manipulation de l’Histoire ne fait qu’exposer la barbarie à laquelle se livrent ces colons, qui, en dépit de leurs revendications d’appartenance à
une terre qu’ils considèrent comme «promise», sont dépourvus de toutes racines authentiques dans cette région. Ces actions, marquées par l’absence de scrupules, de mémoire collective et
de reconnaissance des droits d’autrui, illustrent l’ampleur de la violence et de la cruauté auxquelles ces individus, déconnectés de l’histoire locale, se livrent avec une impunité
tragique.
Le prochain article s’attachera à décortiquer ce «langage aseptisé» qui, sous des dehors consensuels et civilisés, dissimule des manipulations sémantiques
aussi habiles que pernicieuses. Parmi elles, l’une des plus révélatrices est sans doute l’invention récente du terme «judéo-christianisme» qui est une tentative grossière d’harmonisation
rétroactive entre deux traditions religieuses historiquement en tension, voire en opposition frontale pendant des siècles.
Cette expression, forgée dans un contexte géopolitique précis, n’a rien d’innocent puisqu’elle participe d’un récit malhonnête, destiné à lisser les
antagonismes, effacer les conflits et produire une illusion d’unité civilisationnelle là où il y eut surtout exclusion, domination et différenciation dogmatique.
En analysant la généalogie et les usages politiques de ce mot-valise, nous verrons comment le langage devient un outil stratégique dans la fabrication d’un
imaginaire collectif compatible avec les intérêts du présent. Ce concept fourre-tout, forgé pour répondre à des enjeux contemporains, sert aujourd’hui de ciment idéologique à un récit
occidental réécrit, où «l’héritage judéo-chrétien» devient le socle imaginaire d’une identité civilisationnelle prétendument unifiée.
Dans cette dynamique, certains courants sionistes, désormais bien installés dans les sphères politiques françaises et européennes, vont plus loin car ils
tentent d’ériger la France en nouvelle Jérusalem symbolique, ou, plus cyniquement encore en nouveau Gaza, un territoire à contrôler, à façonner selon leurs intérêts et à soumettre à la
même logique de surveillance, de répression et de purification idéologique. Ce glissement inquiétant, entre langage stratégique et entreprise de captation symbolique, mérite dorénavant
une attention lucide et sans complaisance.
Car aujourd’hui, la France se trouve exposée à une tentative insidieuse de colonisation idéologique, portée par les mêmes mécanismes de manipulation
narrative et d’inversion morale qui ont permis le projet sioniste en Palestine. Des lois sont désormais édictées sous l’influence de lobbys puissants, empêchant toute critique ou remise
en question de ces procédés, sous peine d’être immédiatement taxé d’antisémitisme, jusqu’à confondre délibérément antisionisme et haine raciale, pour faire taire toute opposition
légitime. Or, il est du devoir de tout peuple libre de défendre sa terre, son histoire et ses racines contre toute forme d’intrusion ou de domination, quelle qu’en soit l’apparence. Il
est d’autant plus inquiétant que l’ultra-nationalisme israélien, salué sans retenue par la majorité des médias français, dont l’essentiel sont directement ou indirectement liés à cette
communauté d’influence, soit dans le même temps décrié lorsqu’il s’exprime chez d’autres peuples, et particulièrement en France.
Quand les ménorahs remplacent désormais les crèches dans l’espace public de la «Fille ainée de l’église», jusqu’à orner l’Élysée et que l’enseignement
scolaire consacre des semaines à la Shoah, tragédie indéniable de 6 millions de victimes, sans même mentionner que le peuple russe a payé un tribut de 27 millions de morts dans la lutte
contre le nazisme, il devient urgent de remettre l’Histoire à l’endroit.
L’instrumentalisation mémorielle et victimaire, à sens unique, construit un récit biaisé où certains morts comptent plus que d’autres, où les véritables
libérateurs sont oubliés et les agresseurs désormais glorifiés. À ce rythme, nous risquons d’être ensevelis sous le poids d’un mensonge historique soigneusement entretenu mais un mensonge
qui, au lieu d’éveiller la vigilance, sert à justifier de nouveaux crimes, commis au nom d’un passé trahi par ceux-là mêmes qui prétendent s’en faire les gardiens.
À cela s’ajoute le fait gravissime de l’annonce récente de la création, par Frank Tapiro, d’une milice privée sur le sol français, la Diaspora Defense
Forces (DDF) – sous prétexte de «protéger» des intérêts communautaires illégaux en république laïque – qui sonne comme une alerte majeure pour l’intégrité de notre pays. Cette démarche
rappelle avec une précision troublante les débuts de la colonisation violente de la Palestine en 1948.
La France ne peut et ne doit devenir ni une terre promise de substitution, ni un nouveau laboratoire d’occupation sous couvert de mémoire dévoyée et de
victimisation.
Dans cette quatrième partie de notre analyse des fondations du mythe juif, après avoir mis en lumière les falsifications historiques, théologiques, et les
mensonges sionistes qui sous-tendent la construction de l’État d’Israël, nous nous pencherons sur un aspect crucial de la manipulation contemporaine avec la sémantique trompeuse. Ce
principe d’inversion accusatoire et de discours victimaire, utilisé par ceux qui se revendiquent d’un «peuple élu», sert aujourd’hui à masquer une réalité toujours plus sombre. Alors que
ces mêmes groupes perpétuent une violence d’un autre âge, notamment à Gaza, et poursuivent une expansion impérialiste au Moyen-Orient, il est impératif de remettre en question ce discours
qui cherche à inverser les rôles de victime et d’agresseur. Nous aborderons ici comment cette manipulation des mots et des concepts sert à masquer une barbarie qui ne fait que
s’intensifier et dont désormais l’humanité tout entière est victime.
L’analyse approfondie des origines, des récits fondateurs et des dynamiques historiques du judaïsme et du christianisme permet de déconstruire avec rigueur
la fiction moderne du prétendu «judéo-christianisme». Ceci est une manipulation flagrante, bien plus qu’une simple confusion historique ou théologique. Cette expression, largement
exploitée dans les discours politiques contemporains, ne cherche qu’à masquer une réalité irrémédiablement malsaine où elle tente de faire coïncider deux systèmes de pensée radicalement
opposés. Le judaïsme, ancré dans sa Loi, l’élection ethnique et la séparation communautaire, n’a jamais produit, ni même revendiqué, l’universalisme moral et spirituel que le
christianisme a porté dès ses débuts. Le message du Christ ne prolonge pas le judaïsme ancien, il le rejette, le dépasse et le condamne. Grâce au Nouveau Testament, il libère ses
disciples d’une vision étroite et séparatiste pour les appeler à une foi intérieure, à l’universalité du salut et à une fraternité totale entre les peuples. La tentative d’associer ces
deux héritages, loin d’être un rapprochement, n’est qu’une manipulation grossière pour tenter de dénaturer les fondements mêmes de la pensée chrétienne.
Le terme de «civilisation judéo-chrétienne», aujourd’hui omniprésent dans les discours politiques, notamment pour justifier la violence exercée par Israël à
Gaza, est une construction idéologique récente, dévoyée et inversée, forgée au XXe siècle dans un contexte géopolitique bien précis. Contrairement à l’image d’une tradition partagée
remontant aux origines, l’histoire longue des relations entre juifs et chrétiens est marquée par des siècles de séparation, voire d’hostilité. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre
Mondiale, dans une volonté de réconcilier l’Occident avec les populations juives survivantes et de structurer une opposition binaire à l’Islam, perçu comme «barbare», que l’idée d’un
improbable héritage judéo-chrétien a été échafaudée puis promue.
«Notre victoire, c’est
la victoire de la civilisation judéo-chrétienne contre la barbarie !» déclarait le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou sur une chaîne française, le 24 mai 2024. Avant lui,
à l’automne 2023, l’ex-député franco-israélien Meyer Habib avait dit son inquiétude «pour la France et la
civilisation judéo-chrétienne !» Ces propos visaient à ériger l’État d’Israël en avant-garde de l’Europe face à la menace islamiste, tout en promulguant un chantage à peine masqué.
Au demeurant, l’idée même d’une «morale judéo-chrétienne» est aujourd’hui largement contestée dans le monde universitaire, et plus encore dans les milieux juifs conservateurs. Or,
jusqu’au XVIIIe siècle, chrétiens et juifs ne se sont pas interrogés sur leurs racines communes. Ils considéraient judaïsme et christianisme comme des religions distinctes, un point c’est
tout. Et en invoquant cette fiction historique, des figures politiques sionistes comme Benyamin Netanyahou ou Meyer Habib tentent frauduleusement d’assimiler l’État terroriste d’Israël à
un bastion avancé d’un l’Occident civilisé auquel ils n’ont participé, opposé à un Orient musulman réduit à une menace terroriste. Ce discours mensonger, simpliste et dangereux, permet
non seulement de légitimer leur violence extrême, jusqu’à des actes que de nombreux observateurs qualifient de crimes de guerre ou de génocide, mais aussi de mobiliser les opinions
publiques occidentales en jouant sur des imaginaires identitaires profondément ancrés. Loin d’être une analyse factuelle historique rigoureuse, l’usage du concept de «judéo-christianisme»
sert ici une rhétorique guerrière et déshumanisante, transformant une catastrophe humanitaire en croisade morale aux yeux d’esprits peu informés.
L’usage du terme «judéo-chrétien» dans le discours politique contemporain repose avant tout sur une instrumentalisation idéologique visant à renforcer une
vision unifiée et homogène de l’Occident, tout en occultant les tensions historiques profondes et ininterrompues entre le judaïsme et le christianisme. Cette construction s’est accélérée
au XXe siècle, notamment après la Seconde Guerre Mondiale, où la réconciliation entre Juifs et Chrétiens, longtemps marquée par des antagonismes et des persécutions mutuelles, a été posée
comme un impératif moral, notamment pour contrer les idéologies dites totalitaires. Le concept mensonger de ce «judéo-christianisme» a alors été propulsé comme une valeur de cohésion
sociale et culturelle, un fondement des sociétés occidentales modernes, censées se distinguer par un héritage commun chrétien et juif.
Cependant, cette construction artificielle piétine la réalité historique, qu’elle préfère escamoter car les relations entre judaïsme et christianisme ont
été marquées, non par une continuité harmonieuse, mais par des siècles de tensions, d’antagonismes théologiques profonds et de conflits ouverts. Dès les origines du christianisme, le
rejet farouche du message du Christ par la Synagogue Rebelle s’est traduit par un antichristianisme actif, parfois virulent, qui a contribué à creuser un fossé infranchissable entre les
deux confessions. La marginalisation des communautés juives dans l’Europe chrétienne n’était donc pas simplement le fruit d’un arbitraire ou d’une intolérance gratuite, mais bien souvent
un réflexe de légitime défense spirituelle et civilisationnelle face à une opposition doctrinale inassimilable. Feindre aujourd’hui une proximité doctrinale relève d’un révisionnisme
opportuniste, qui cherche à tordre l’Histoire pour servir des intérêts idéologiques contemporains.
Loin d’exprimer une quelconque unité historique, le terme fallacieux de «judéo-christianisme» donc agit comme un cheval de Troie idéologique. Il ne sert
qu’à légitimer un modèle de société artificiellement unifié, construit sur une lecture conservatrice, aseptisée et révisionniste des traditions religieuses pourtant antagonistes. Ce
concept masque avec cynisme les oppositions doctrinales profondes et les siècles de conflits qui ont séparés judaïsme et christianisme durant vingt siècles. Il est aujourd’hui recyclé
pour renforcer l’idée d’un «Occident chrétien» faible, mais pourtant assiégé, et issu du judaïsme hébraïque, non pas par la simple altérité culturelle, mais par des concepts de
civilisations hostiles, en particulier l’islam radical ou le multiculturalisme inspiré, entre autres, de certaines interprétations talmudiques. En amalgamant ces deux termes, l’islam
devient de facto l’opposant visible au christianisme séculaire en Europe de l’Ouest.
Derrière cette construction sémantique, on retrouve encore des forces politiques sionistes habiles, qui cherchent à instrumentaliser le christianisme, vidé
de sa substance originelle depuis la Révolution Française, pour en faire un «pilier moral» d’un ordre libéral moderne, façonné par l’œcuménisme républicain post Vatican II, lui-même
influencé par les réseaux maçonniques. Or, le christianisme s’est toujours opposé à l’usure, socle du libéralisme et manne financière centrale du judaïsme. Cette opération idéologique
exclut délibérément les fondements gréco-romains de la civilisation française, au profit d’un récit tronqué où la modernité, la démocratie et les «valeurs occidentales» seraient issues
d’une prétendue fusion judéo-chrétienne. Il s’agit donc d’un déplacement progressif, souvent conflictuel, entre héritages religieux concurrents, où certains groupes ont pu voir dans la
modernité une revanche spirituelle ou culturelle contre l’universalisme chrétien.
La franc-maçonnerie, tout comme certaines branches du protestantisme, peut être perçue comme le produit de courants intellectuels et spirituels ayant
cherché à s’émanciper des structures traditionnelles de l’Église Catholique, tout en intégrant de façon syncrétique des éléments issus d’une lecture symbolique, ésotérique ou rationaliste
des textes religieux antérieurs. Certains de ces courants, notamment à partir de la modernité, ont été influencés par une relecture du judaïsme rabbinique postérieur au Second Temple,
lequel a cherché à reconfigurer l’autorité spirituelle après la rupture radicale que constitua le message du Christ pour la tradition juive officielle.
Depuis la Révolution Française, largement influencée par des idéaux maçonniques anticléricaux, le christianisme – et en particulier l’Église Catholique – a
vu son autorité spirituelle et culturelle profondément ébranlée. L’effondrement de l’Ancien Régime, qui liait le pouvoir temporel au pouvoir spirituel, a marqué le début d’une ère de
sécularisation accélérée. Le catholicisme, autrefois pilier de l’identité européenne, a été relégué à la sphère privée. Ce processus a culminé avec le Concile Vatican II (1962-1965), où,
au nom du dialogue avec le monde moderne, l’Église a entrepris des réformes liturgiques et doctrinales qui ont, selon ses critiques, affaibli sa transcendance et dilué son message
universel. En cédant aux valeurs du monde moderne plutôt que de les orienter, l’Église a perdu son intégrité religieuse, brisant l’unité culturelle et spirituelle de l’Europe
chrétienne.
Ce discours ne vise rien d’autre qu’à brouiller les repères, à maquiller les luttes historiques pour les droits et les libertés, et à présenter l’Occident
non plus comme un espace de pluralité et de tensions fécondes, mais comme une citadelle assiégée, prête à mener une guerre culturelle contre toute altérité. C’est une tentative habile,
mais perverse, d’imposer une fausse mémoire collective au service d’intérêts géopolitiques très éloignés de l’héritage spirituel du christianisme authentique.
Loin d’être un pont entre deux traditions, le concept de «judéo-christianisme» devient ainsi un outil de division et de réécriture historique, consolidant
des rapports de pouvoir et des identités nationales qui effacent les particularités de chaque groupe au profit d’une vision monolithique. Il sert surtout à maintenir une idéologie de
civilisation chrétienne fallacieusement issue du judaïsme, tout en camouflant les résistances internes et les fractures qui existent entre les communautés juives et chrétiennes. En fin de
compte, cette instrumentalisation de l’histoire religieuse révèle une réécriture des luttes identitaires et des tensions entre religions, et ce, à des fins politiques, tout en éloignant
la réalité historique de l’authenticité des racines juives et chrétiennes dans la diversité de leurs évolutions respectives.
Il faut rappeler avec force que c’est le christianisme, et non le judaïsme, qui a permis l’émergence de la civilisation occidentale telle que nous la
connaissons aujourd’hui. Par son message universel, détaché de toute ethnicité ou appartenance tribale, le christianisme a porté une vision du monde fondée sur l’ouverture à l’autre,
l’universalité de la dignité humaine, le dépassement des clivages sociaux et raciaux, et l’égalité spirituelle entre les peuples. Le message du Christ, en rupture radicale avec les
prescriptions ethno-religieuses du judaïsme ancien, posait la foi comme critère unique d’appartenance, abolissant les lois rituelles, alimentaires ou sacrificielles qui divisaient
l’humanité entre «élus» et «impurs». Cette universalisation du salut, conjuguée à l’héritage philosophique grec et au droit romain, a jeté les fondations des grands principes humanistes,
de la morale occidentale, et plus tard, des idées de droit naturel, de conscience individuelle et de liberté.
En revanche, le judaïsme, dans sa structure rabbinique post Temple, a historiquement persisté dans une logique d’enfermement identitaire. Fondé sur un
système légal exclusif (la Halakha), réservé à une communauté autoproclamée «élue», il a fonctionné comme un vecteur de séparation plutôt que d’intégration. Cette incapacité, souvent
volontaire, à se fondre dans un corps politique commun vivant dans les sociétés ayant accueillies ces migrants perpétuels, s’est manifestée à travers des siècles de vie communautaire
fermée, de rejets des valeurs civiques dominantes, et de maintien d’une identité propre fondée sur la distinction constante d’avec le reste du monde. Ce particularisme religieux, qui
valorise la différence au détriment du lien social partagé, a souvent rendu difficile, voire impossible, l’intégration harmonieuse des communautés juives dans les structures nationales,
notamment en Europe.
Là où le christianisme a contribué à forger un socle moral commun, une culture partagée, et une vision du progrès fondée sur la transcendance et la raison,
le judaïsme rabbinique a, au contraire, perpétué un modèle fondé sur la séparation, le repli et la reproduction interne. Ce n’est pas un hasard si les grandes œuvres de la pensée
occidentale, de Saint Augustin à Thomas d’Aquin, de Pascal à Kant, se sont nourries du christianisme, alors que le judaïsme, marginalisé par son propre particularisme, est resté en
périphérie des grands mouvements intellectuels et politiques jusqu’à l’époque moderne. Ce n’est qu’au moment où certains penseurs juifs ont commencé à s’extraire du cadre religieux
orthodoxe, à travers la Haskala (les Lumières juives), les conversions ou l’assimilation, qu’ils ont pu véritablement contribuer au monde occidental.
Ce constat ne nie pas les persécutions ou les exclusions dont ont été victimes les communautés juives, mais il invite à ne pas confondre causes et
conséquences. Si les juifs ont souvent été perçus comme «étrangers», ce n’est pas uniquement par préjugé, mais aussi parce que leur modèle communautaire distinct et leur refus
d’assimilation aux normes communes ont longtemps alimenté une forme d’auto-ségrégation. Le christianisme, dans sa grandeur originelle, portait une ambition radicale : abolir les
frontières ethniques et tribales pour fonder une communauté spirituelle universelle, enracinée dans une loi morale transcendante et ouverte à tous les peuples. Cette vocation unique,
d’une noblesse inouïe, a cependant été pervertie au fil des siècles, exploitée comme levier idéologique par les forces mêmes qu’elle devait contenir.
Ce projet d’unité spirituelle, au lieu d’élever les âmes, a été cyniquement retourné par les architectes du monde moderne — matérialistes, technocrates,
francs-maçons, et autres ingénieurs du consensus laïque — pour dissoudre les fondements culturels et sacrés des nations chrétiennes. Sous prétexte d’ouverture, on a vidé le message
évangélique de sa force critique contre le pouvoir de l’argent, la corruption des élites et le culte de l’égo. À la faveur de cette manipulation, notamment après Vatican II, l’Église
elle-même a capitulé : elle s’est alignée sur les dogmes du siècle, reniant sa mission prophétique pour devenir une ONG spiritualiste, complice d’un ordre mondial déspiritualisé. Ainsi,
l’exception morale du christianisme, au lieu de régénérer l’humanité, a été instrumentalisée pour en accélérer l’effondrement.
Cependant, le christianisme a joué un rôle fondamental dans l’émergence des concepts politiques et philosophiques qui forment aujourd’hui le socle de la
civilisation occidentale. En transcendant l’ordre tribal et ethnique propre aux religions de la Loi, il a ouvert la voie à une vision de l’Homme comme être universel, porteur d’une
dignité intrinsèque, quelle que soit son origine. Cette idée, radicalement nouvelle dans l’Antiquité, trouve sa source dans le message évangélique : «Il n’y a plus ni Juif
ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, car tous vous êtes un en Jésus-Christ» (Galates 3 :28). Par cette affirmation, le christianisme posait pour la première fois
l’égalité de tous devant Dieu, base théologique qui deviendra, des siècles plus tard, le fondement des Droits de l’Homme.
C’est également dans l’espace chrétien que naît la distinction entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, séparation essentielle au développement
ultérieur de l’idée de laïcité. Contrairement au modèle théocratique judaïque, où loi religieuse et loi civile se confondent, le christianisme, dès ses débuts, reconnaît que «le royaume du Christ
n’est pas de ce monde» (Jean 18 :36) et invite à «rendre à César ce qui
est à César et à Dieu ce qui est à Dieu» (Matthieu 22 :21). Cette distinction est à la racine de l’autonomisation progressive des institutions civiles par rapport aux dogmes
religieux, favorisant l’émergence de l’État moderne, du droit positif et de la souveraineté populaire. La tradition chrétienne, en introduisant l’idée de conscience individuelle et de
libre arbitre, a également nourri la conception moderne de la liberté religieuse, de la tolérance, et de la responsabilité morale de l’individu devant sa propre conscience, indépendamment
des prescriptions collectives.
De plus, c’est au sein des sociétés chrétiennes que naissent les premières universités, les débats scolastiques, les grandes synthèses entre foi et raison.
Le christianisme a su accueillir, digérer et transmettre l’héritage philosophique grec, notamment à travers des penseurs comme Augustin, Boèce, Anselme, et surtout Thomas d’Aquin, dont la
somme théologique tente une articulation cohérente entre révélation divine et rationalité humaine. Cette synthèse a permis la naissance d’un espace intellectuel où la pensée pouvait se
déployer, même dans le cadre religieux, sans être immédiatement soumise à des interdits communautaires. C’est précisément cette dynamique qui rend possible, plus tard, l’éclosion des
Lumières, de la science moderne et de l’idée d’un progrès fondé sur l’émancipation de la raison.
Contrairement à l’image largement répandue d’une université de Cordoue comme havre idyllique de coexistence entre musulmans, juifs et chrétiens, la réalité
historique est bien plus complexe, voire radicalement opposée. Loin d’être un modèle intemporel de tolérance, Cordoue fut en réalité un champ de batailles théologiques, intellectuelles et
politiques, où chaque tradition religieuse cherchait à dominer les autres. Les débats érudits y étaient souvent moins le fruit d’un dialogue sincère que d’une confrontation idéologique
acharnée, dans un climat de tensions latentes.
Cette illusion d’harmonie a pris fin de façon brutale avec la Reconquista, l’expulsion des Maures, puis celle des juifs d’Espagne en 1492, scellant
l’effondrement de ce prétendu Age d’Or du «vivre-ensemble». Bien avant cela, la France médiévale elle-même avait déjà montré les limites de cette cohabitation théologique car en 1242,
sous l’impulsion de l’Église et après le procès du Talmud, Paris fut le théâtre d’un vaste autodafé où des milliers de manuscrits hébraïques furent réduits en cendres. Ces épisodes
rappellent que l’Europe chrétienne ne s’est jamais fondée sur une utopie pluraliste, mais sur une hiérarchie de vérité religieuse qui, lorsqu’elle fut menacée ou contestée, n’hésita pas à
recourir à des moyens radicaux pour réaffirmer son autorité spirituelle.
En revanche, le judaïsme rabbinique, resté attaché à une interprétation littérale et juridique des textes, n’a pas participé de la même manière à ce
développement. Sa transmission du savoir est restée confinée dans les «Yeshivot», centrée sur l’étude du Talmud, et largement imperméable aux grandes mutations intellectuelles du
continent européen jusqu’à l’époque moderne. Ce n’est qu’en s’affranchissant partiellement du cadre religieux, à travers l’émancipation, l’assimilation ou l’abandon progressif de certains
dogmes, que certains penseurs juifs ont pu participer aux grands mouvements de la modernité occidentale. Mais cela s’est fait, encore une fois, en rupture avec le judaïsme religieux
traditionnel, non en son prolongement naturel.
Ainsi, les piliers de la civilisation moderne basée sur l’individualisme, le rationalisme, l’égalité et la conscience morale, ne sont pas le fruit d’un
prétendu «judéo-christianisme», mais bien des apports spécifiques du christianisme, dans sa rencontre fertile avec la philosophie grecque et la structure politique romaine. L’idée même de
nation, de citoyenneté et d’universalisme n’a aucun équivalent dans la pensée religieuse juive ancienne, qui repose sur l’élection d’un peuple particulier, régi par des lois propres et
volontairement séparé des autres. Cette divergence fondamentale entre un monothéisme de la Loi (le judaïsme) et un monothéisme de la grâce (le christianisme) explique en grande partie
pourquoi seul ce dernier a pu servir de matrice à la modernité occidentale.
L’histoire de la civilisation occidentale est jalonnée de moments clés où l’héritage chrétien s’est transformé en levier d’émancipation,
d’institutionnalisation et de transformation politique. Loin de se limiter à un cadre purement théologique, le christianisme a servi de socle culturel et moral aux grands bouleversements
de l’histoire européenne. Dès le Moyen Âge, les Conciles œcuméniques, comme le Concile de Latran IV en 1215, posent les bases de distinctions majeures entre le temporel et le spirituel,
et amorcent une lente mais décisive autonomisation du politique par rapport au religieux. À travers ces débats, l’Église elle-même devient un acteur de l’ordre politique, contribuant à
stabiliser les sociétés féodales par une doctrine morale commune et une structure hiérarchique unificatrice.
Gutenberg, en imprimant la Bible, a certes donné aux Hommes l’arme pour accéder aux Écritures, mais ce faisant, il a aussi ouvert la boîte de Pandore. Car à
défaut de culture, de discernement et de structure, ces hommes se sont emparés du texte sacré pour en déformer le sens, l’émasculer, le tordre à leur convenance. Le résultat ne se fit pas
attendre avec la création du protestantisme. Un rejeton bâtard, fruit d’une lecture brute, littérale, souvent aveugle, mue par des influences étrangères, jusqu’à porter des relents
talmudiques, qui ont perverti le cœur même du message évangélique.
La Réforme protestante du XVIe siècle n’est pas une renaissance spirituelle, mais une fracture brutale, une déchirure dans la chair vive du christianisme
européen. En prétendant libérer l’Homme de la médiation ecclésiale pour l’abandonner à sa conscience vacillante, elle a substitué à l’unité sacrée une cacophonie d’interprétations
individuelles. En érigeant le droit personnel à lire les Écritures en dogme, elle a posé les fondations empoisonnées de la modernité, ce long glissement vers la décadence, où l’Homme,
ivre de sa propre autonomie, finira par congédier Dieu lui-même. Luther, Calvin et leurs épigones, en sanctifiant le subjectif, n’ont pas ouvert un chemin de vérité, mais enclenché une
mécanique infernale menant à la désacralisation du monde et à l’érosion de toute autorité transcendante.
C’est dans cette atmosphère de dissolution des repères spirituels et d’exaltation de l’individu que germe l’idée délétère du «contrat social». Cette fiction
politique qui inspirera Hobbes, Locke, Rousseau, et les architectes des démocraties modernes. Tous, consciemment ou non, préparent le terrain au mondialisme avec un monde sans racines,
sans transcendance, régi par des abstractions juridiques et des intérêts marchands. Le protestantisme, matrice de cette subversion, érige la lecture privée des textes en dogme, sacralise
la conscience individuelle, et glorifie une éthique du travail désincarnée. Ce sera le socle du capitalisme froid et méthodique qu’analysera Max Weber. Une machine rationnelle vidée de
grâce, où l’Homme, livré à lui-même, devient à la fois son propre dieu et son propre bourreau.
Cette dynamique de sape s’accélère avec les Lumières, ce mouvement prétendument rationnel, en réalité profondément ambigu, enraciné dans un humus chrétien
qu’il trahit en feignant de l’honorer. Sous couvert de critiquer l’Église institutionnelle, les philosophes des Lumières ne font que prolonger l’idéologie républicaine et maçonnique,
drapée dans les oripeaux séduisants d’égalité, de justice et de liberté — des mots creux, jamais incarnés, jamais vécus, mais répétés jusqu’à l’hypnose collective. Voltaire, Montesquieu,
Diderot, Kant, Condorcet sont autant de figures qui, tout en se réclamant d’un héritage chrétien, en dénaturent l’essence en universalisant l’Homme jusqu’à le déraciner, en diluant la
personne dans un abstrait humanisme sans Dieu. La dignité humaine, fruit d’une vision chrétienne selon laquelle l’Homme est image de Dieu, se voit amputée de sa source pour être recyclée
dans un discours laïque, prétendument neutre, mais foncièrement hostile au sacré. De cette imposture naît la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, non comme triomphe de
la justice, mais comme acte de rupture définitif, pierre tombale scellée sur le tombeau du christianisme.
De son coté, le judaïsme rabbinique, organisé autour de la Loi (Halakha) et d’une structure communautaire fermée, est resté en dehors de ces mutations. À
aucun moment, dans l’histoire du judaïsme traditionnel, n’apparaît l’idée de droit naturel, d’universalité politique ou de conscience morale individuelle détachée de la Loi collective. Le
judaïsme médiéval n’a produit ni réformes, ni Lumières internes (en dehors de la Haskala, tardive et marginalisée), ni révolution religieuse comparable à celle du protestantisme. Ce n’est
qu’au prix de ruptures internes, souvent douloureuses et contestées par les autorités rabbiniques, que certains penseurs juifs, comme Spinoza, Mendelssohn ou plus tard Marx, ont pu
participer à l’élan intellectuel occidental. Mais ces figures, précisément parce qu’elles sortent du cadre religieux juif ou le critiquent frontalement, montrent que ce n’est pas dans la
continuité du judaïsme traditionnel que la modernité s’est construite, mais bien à travers le christianisme et ses métamorphoses.
Enfin, la Révolution Française, souvent perçue comme la césure entre l’Ancien Régime et le monde moderne, est profondément redevable à cette matrice
chrétienne. Le projet républicain français, en instaurant la laïcité, l’école publique, la citoyenneté égalitaire et la séparation des pouvoirs, ne fait que séculariser des principes déjà
portés, sous d’autres formes, par la théologie chrétienne médiévale et la morale évangélique. Le judaïsme, en tant que système communautaire codifié, n’a jamais produit une telle
dynamique, car il repose sur une distinction radicale entre «le peuple élu» et «les nations», entre «les lois divines» et les lois humaines, ce qui rend son modèle difficilement
compatible avec l’idée d’un ordre politique universel et rationnel.
Mais depuis la Révolution Française, un processus de dénaturation progressive du christianisme originel s’est opéré, sous l’influence conjointe du
rationalisme des Lumières, des réformes politiques post-monarchiques, et surtout de l’idéologie maçonnique qui, à partir du XVIIIe siècle, a investi les structures de pouvoir culturel,
moral et religieux en Europe. Cette influence, bien que rarement assumée publiquement, a modifié en profondeur la nature même du christianisme occidental, le vidant peu à peu de son
contenu transcendant et sacramentel pour en faire une religion humaniste, moralisante et universaliste au sens profane du terme, c’est-à-dire détachée du mystère divin, de la Tradition
apostolique et de la hiérarchie sacrée.
Cette Révolution ne s’est pas contentée de séparer l’Église de l’État car elle a cherché à refaçonner l’Homme lui-même, en substitution de Dieu. Le culte de
la Raison, la transformation des églises en «temples de l’Être suprême», la volonté d’effacer les fêtes chrétiennes du calendrier au profit de fêtes laïques sont autant de signes d’une
entreprise de remplacement religieux, dans laquelle la foi est ramenée à une simple morale civique, conforme aux principes des «Droits de l’Homme» érigés en dogmes laïcs. La
franc-maçonnerie, qui joua un rôle moteur dans cette refonte du monde post-révolutionnaire, a contribué à imposer une vision spiritualiste sans transcendance, tolérante mais relativiste,
compatible avec toutes les religions à condition que celles-ci renoncent à leur prétention à la vérité.
Parmi les grands «vainqueurs» silencieux de la Révolution de 1789, on trouve les juifs, qui, jusque-là tenus en marge de la cité chrétienne, accédèrent
brutalement à la citoyenneté. En un décret, les barrières tombèrent, et avec elles les dernières protections d’un ordre sacré. Ce ne fut pas seulement un changement administratif, mais
une mutation civilisationnelle : l’irruption dans le corps national d’un groupe historiquement distinct, porteur d’une tradition religieuse farouchement étrangère au Christ et à l’ordre
catholique. Les banquiers, souvent liés à ces mêmes cercles, purent désormais pratiquer l’usure à ciel ouvert, là où l’Église l’interdisait depuis des siècles. La Synagogue, jadis
soumise, releva la tête, tandis que l’autel catholique s’effondrait sous les coups de boutoir d’une République désormais hostile au surnaturel. Derrière les grands mots de «liberté» et
«égalité», c’est la victoire des forces longtemps contenues par l’Église, économiques, religieuses, idéologiques, qui s’est opérée, implacable, méthodique, et irréversible.
Il n’y a ici nul racisme, seulement des faits que l’histoire documente et que chacun peut vérifier, pour peu qu’il veuille bien regarder sans ciller. La
Révolution de 1789 n’a pas seulement abattu la Monarchie et l’autel mais a aussi consacré l’émancipation de groupes jusqu’alors tenus à l’écart de la communauté politique chrétienne. Les
juifs, exclus de la citoyenneté depuis des siècles en raison de leur refus du Christ et de l’ordre ecclésial, furent d’un seul coup intégrés à la nation, non comme convertis, mais comme
tels, au nom de l’universalisme abstrait. C’était un bouleversement sans précédent où une minorité religieuse, historiquement en tension avec l’Église, accédait aux droits politiques
pleins et entiers dans une société encore majoritairement catholique. Simultanément, les banquiers virent s’effondrer les derniers obstacles moraux à la pratique de l’usure, si longtemps
condamnée par la doctrine chrétienne. Ainsi, la Révolution, sous couvert de «libération», a surtout offert le champ libre aux forces contraires que l’Église contenait. La synagogue
relevée, la spéculation encouragée, et l’idée chrétienne de société reléguée aux oubliettes au profit d’un rationalisme marchand et juridique avec les conséquences que l’on connait depuis
lors.
Cette logique a infiltré les structures ecclésiales elles-mêmes, culminant avec le Concile de Vatican II (1962-1965), qui marque une rupture majeure avec la
tradition doctrinale, liturgique et disciplinaire bimillénaire de l’Église Catholique. Sous couvert «d’ouverture au monde», l’Église a alors renoncé à sa position d’instance sacrée en
surplomb du siècle, pour adopter le langage et les priorités du monde moderne : dialogue interreligieux à outrance, relativisation de la mission évangélique, abandon du latin liturgique,
affaiblissement de la figure sacerdotale, transformation de la messe en cérémonie communautaire sans verticalité spirituelle.
Le message du Christ, limpide et tranchant, appelait à la conversion des cœurs, au salut des âmes et à une claire séparation entre le Royaume de Dieu et les
affaires terrestres. Il portait la marque d’un absolu spirituel, exigeant et vertical. Ce message-là a aussi été trahi ! Il a été vidé de sa substance, dissous dans un bavardage humaniste
fade, devenu le fonds de commerce d’un christianisme mondain et décaféiné. À la place de l’appel à la repentance et à la vérité, on prêche aujourd’hui l’accueil inconditionnel, la
tolérance molle, la diversité sacralisée, qui sont autant de valeurs modernes, sentimentales, souvent incompatibles avec la rigueur évangélique originelle. Le Christ, qui parlait de
renoncement, de combat intérieur et de salut éternel, est réduit à un vague symbole de bienveillance sociale, utile à justifier toutes les compromissions. Ce n’est plus le Dieu qui fait
l’Homme que l’on suit, mais un coach moral pour une société inclusive.
Le Christ, jadis crucifié par les Romains pour avoir osé chasser les marchands hébreux du Temple en geste de rupture radicale contre la profanation du
sacré, se retrouve aujourd’hui, deux millénaires plus tard, de nouveau sacrifié. Non plus sur la Croix, mais dans les consciences anesthésiées d’un monde livré à ces mêmes logiques
marchandes. Les héritiers symboliques de ces marchands, désormais installés au cœur des systèmes financiers, médiatiques et culturels, semblent avoir accompli une revanche lente mais
implacable d’un monde où le Temple est devenu marché, et où tout, même le sacré, est à vendre. Ce n’est plus le fouet qui chasse les profanateurs, c’est l’adoration du profit qui chasse
le Christ. Le monde moderne, sous ses dehors laïques et progressistes, a réécrit l’Histoire. Le Golgotha se rejoue, mais sans Croix visible et seulement dans le silence complice d’une
civilisation qui préfère Mammon au Messie.
Ce basculement a pour conséquence directe un effacement du christianisme traditionnel comme force structurante de la civilisation. En devenant «inclusif»,
«moderne», «progressiste», le christianisme post-Vatican II a cessé d’être un point de repère absolu pour devenir une composante parmi d’autres du pluralisme religieux contemporain. Il
s’est aligné sur l’universalisme abstrait promu par les idéologies maçonniques, dans lesquelles toutes les religions sont équivalentes tant qu’elles se conforment à l’éthique sécularisée
dominante. C’est une trahison du message du Christ, qui n’est ni un humaniste, ni un réformateur social, mais le Verbe incarné, venu séparer le vrai du faux, le juste de l’injuste, et
appeler l’Homme à une conversion radicale, non à une adaptation molle au consensus moderne.
En ce sens, on peut dire que le christianisme contemporain, tel qu’il s’exprime dans nombre d’institutions ecclésiales occidentales, n’est plus qu’une
coquille vidée de sa substance. Il ne transmet plus la foi, mais une culture du compromis. Il ne forme plus des âmes prêtes à témoigner au péril de leur vie, mais des citoyens dociles,
adaptables, modelés par les valeurs humanitaires dominantes. Cette version dévoyée du christianisme n’a plus rien de commun avec celle des martyrs, des Pères de l’Église, des bâtisseurs
de cathédrales ou des théologiens du Moyen Âge. Elle a troqué la Croix pour l’arc-en-ciel, la Vérité pour la coexistence, et la Sainteté pour l’utilité sociale.
Ainsi, loin de continuer l’œuvre du Christ, le christianisme post-révolutionnaire et post-conciliaire semble avoir renoncé à sa mission transcendantale,
devenant un auxiliaire des nouvelles religions séculières, qu’il s’agisse de l’individualisme, du multiculturalisme, ou de la religion des Droits de l’Homme. Il ne s’agit plus de sauver
les âmes, mais d’assurer le vivre-ensemble. Il ne s’agit plus de vérité, mais de consensus. Et dans cette dilution, il perd à la fois sa puissance spirituelle et son autorité culturelle.
Il est donc impératif de rejeter toute référence à un prétendu «judéo-christianisme», concept historiquement anachronique et théologiquement fallacieux. Le christianisme ne constitue pas
la continuité du judaïsme ancestral, mais bien une rupture radicale avec lui. Il s’oppose fondamentalement à la logique sacrificielle du Temple, à la centralité de la Loi mosaïque, et à
l’enfermement ethnique que le judaïsme avait fini par ériger en système. En réalité, le christianisme s’inscrit beaucoup plus dans l’héritage de la philosophie grecque et de
l’universalisme hellénistique que dans celui du particularisme hébraïque. Le message christique, avec sa visée morale universelle, son rejet des rituels sanglants et sa quête de salut
individuel, s’oppose au ritualisme tribal et aux prescriptions légalistes du judaïsme rabbinique.
Les premiers penseurs chrétiens, de Paul de Tarse à Justin Martyr, n’ont cessé de dénoncer la rigidité du judaïsme tout en intégrant des concepts grecs
comme le Logos, l’âme ou la raison. Par conséquent, prétendre qu’il existerait une «tradition judéo-chrétienne» revient à nier la nature profondément subversive du christianisme à ses
débuts. C’est à dire non pas une continuation, mais une contestation, une réinvention spirituelle née du refus du cadre hébraïque ancien. Ce terme, popularisé à des fins politiques au XXe
siècle, sert surtout à masquer les conflits doctrinaux et historiques entre ces deux traditions religieuses, et ne résiste à aucune analyse sérieuse ni sur le plan théologique, ni sur le
plan historique.
Or, sans le christianisme, il n’y aurait ni Renaissance, ni Réforme, ni Lumières, ni Démocratie libérale. Nous sommes donc bien aujourd’hui face à un double
mensonge. D’un côté, la prétention à une continuité «judéo-chrétienne» qui nie l’opposition radicale entre Loi mosaïque et Évangile ; de l’autre, une altération interne du christianisme,
qui l’a détourné de son fondement spirituel au profit d’une religion civile postmoderne, compatible avec tous les relativismes. Restaurer la clarté sur ces distinctions historiques et
théologiques est essentiel non seulement pour comprendre l’Histoire, mais aussi pour repenser les fondements culturels et spirituels de notre temps. Car une civilisation qui oublie ses
racines ou les travestit finit par perdre son orientation, son unité et sa légitimité.
Comme on le constate, ce glissement sémantique ne s’est pas produit dans le vide, ni par hasard. En érigeant le «judéo-christianisme» en racine commune de
la civilisation européenne, on neutralise en réalité la spécificité du christianisme, son exclusivité théologique, son universalisme incarné. Ce tour de passe-passe lexical permet de
justifier des choix politiques et culturels. Mais aussi l’ouverture des frontières, le multiculturalisme, le laïcisme militant. Le langage est ici l’arme d’une redéfinition
civilisationnelle où ce n’est plus le Christ qui fonde l’Occident, mais un «héritage biblique» flou, désincarné, acceptable par tous, à commencer par ceux qui ont historiquement refusé sa
messianité.
Par cette opération sémantique, les valeurs chrétiennes sont systématiquement arrachées à leur source divine pour être réinsérées dans un discours laïque et
humaniste, présenté comme leur aboutissement logique. Le respect de la dignité humaine, l’amour du prochain, la charité, sont ainsi revendiqués comme «universels» sans plus aucun ancrage
christique. On oublie volontairement que ces principes tirent leur force non de la raison abstraite, mais d’une théologie de l’Incarnation et de la Grâce. Ce détournement des concepts
religieux au profit de slogans politiques permet à la modernité de se prétendre héritière du christianisme tout en piétinant ses fondements. «L’éthique judéo-chrétienne», ainsi nommée,
devient un vernis moral utile pour habiller les ambitions mondialistes et les dérives technocratiques.
Dans cette reconfiguration lexicale, le christianisme est également mis en demeure de faire repentance perpétuelle, notamment à l’égard du judaïsme, accusé
d’avoir été persécuté pendant des siècles. L’Église, sommée de reconnaître sa «culpabilité», se voit contrainte de renier une partie de son héritage patristique et doctrinal. Le dialogue
interreligieux, pourtant fondé sur des divergences irréductibles, devient une mécanique asymétrique, où seul le christianisme s’excuse, s’adapte, abdique. L’usage frauduleux du langage
permet alors de dissimuler un renversement où ceux qui furent spirituellement réfutés deviennent les garants de la nouvelle morale publique, et ceux qui ont bâti la civilisation
chrétienne deviennent suspects, à rééduquer ou à effacer.
L’usage politique de cette sémantique n’est pas neutre mais s’inscrit dans un projet plus large de déconstruction des identités, de nivellement religieux,
et d’instauration d’une morale mondiale pseudo-spirituelle. En présentant l’Occident comme un produit du «judéo-christianisme», on prépare son remplacement par un nouvel ordre moral, où
toutes les religions sont priées de se soumettre à la logique des Droits de l’Homme, du marché, et de la paix civile obligatoire. Le langage devient ainsi l’instrument d’une inversion
lente mais sûre, où le sens des mots est retourné contre leur origine. Derrière les appels à la tolérance et au «vivre ensemble», se cache un travail de sape linguistique qui, sous
couvert de fraternité, prépare l’enterrement définitif de l’âme chrétienne de l’Europe.
Cette manipulation sémantique et historique, ces ruptures historiques, alimentées par des récits mythologiques et des transformations culturelles, ont
permis la réinvention de ce qu’on appelle aujourd’hui le peuple juif. En ce sens, l’usage politique de l’identité juive, tout comme celui du «judéo-christianisme», s’inscrit dans une
logique de légitimation qui masque les éléments discordants de l’Histoire pour renforcer un projet géopolitique spécifique, celui de l’État d’Israël. Au fond, c’est bien cette
manipulation des symboles historiques, comme celui des «Temples de Jérusalem», qui sert à cimenter une légitimité politique moderne et non religieuse, dont les racines sont détournées
pour répondre aux impératifs contemporains.
Ce que l’on appelle aujourd’hui «identité juive moderne» est bien le fruit de reconstructions historiques tardives manipulées et instrumentalisées, souvent
européennes, où les ruptures ont été bien plus nombreuses que les continuités. Loin d’une transmission directe des Hébreux bibliques aux Juifs contemporains, c’est une série de
conversions, de déplacements, de transformations linguistiques et culturelles qui ont façonné les communautés juives modernes, en particulier ashkénazes. Ces populations, souvent
étrangères au Levant antique et donc non sémites, ont construit leur identité autour de mythes historiques réinterprétés, dont les «Temples de Jérusalem» sont le symbole central. Ces
temples, plus archétypes que réalités historiques vérifiables, ont servi de piliers à une légitimation politique, non religieuse, de l’État moderne d’Israël.
Le Sionisme chrétien a vu le jour au XIXe siècle, porté par des courants protestants évangéliques, tant en Angleterre qu’aux États-Unis. Il prétendait
relier la théologie chrétienne à la politique géopolitique moderne, en justifiant la fondation de l’État d’Israël comme une réalisation prophétique, un accomplissement des promesses
faites par Dieu à Israël dans l’Ancien Testament. Cette instrumentalisation du discours chrétien met la théologie millénariste au service de la politique, subordonnant même le retour du
Christ au «retour» des juifs en Terre Sainte. En d’autres termes, c’est une manipulation idéologique qui joue sur la vision eschatologique chrétienne pour légitimer un projet politique
moderne. Ce mélange explosif entre théologie, politique et géopolitique est une déviation flagrante de la tradition chrétienne, qui, bien que messianique, n’a jamais subordonné le salut à
des critères géopolitiques et nationaux. Loin d’un simple mouvement religieux, il devient un outil de justification pour des intérêts géopolitiques, où la réécriture théologique s’adapte
aux exigences du moment, au détriment de la pensée chrétienne authentique.
Le concept de la loi mosaïque comme fondement du droit occidental repose sur un contre-sens historique manifeste. La civilisation européenne, notamment à
travers le droit romain et le droit canonique chrétien, a profondément façonné les bases du système juridique occidental. L’idée selon laquelle la Torah et la Halakha juive auraient servi
de socle à l’élaboration de notre droit moderne relève d’une réécriture politique de l’Histoire. Le droit romain, la pensée chrétienne et les structures juridiques médiévales ont joué un
rôle bien plus prépondérant que la Loi mosaïque. Ce type de discours vise à exagérer le rôle juif dans la formation du droit occidental, tout en minorisant l’influence des traditions
juridiques chrétiennes et romaines. Il est utilisé pour dissocier les racines chrétiennes de l’Europe et promouvoir une sorte de révisionnisme culturel qui gomme l’identité chrétienne
continentale. Et cette manipulation sémantique fait partie d’un projet plus large visant à déstabiliser l’héritage chrétien de l’Europe en le substituant à une narration plus inclusive et
compatible avec un discours mondialiste.
De plus, Lorsque l’on parle de «la Bible» comme livre commun des trois monothéismes, il s’agit d’un faux syncrétisme, un amalgame trompeur entre judaïsme,
christianisme et islam. En réalité, ces trois religions n’ont ni la même Bible, ni la même interprétation du texte sacré, et, surtout, elles ne partagent pas la même vision du salut. Le
christianisme, en particulier, a une lecture spécifique et fondamentale de la Bible, centrée sur la figure du Christ, une vision du salut qui est radicalement différente des
compréhensions juive et musulmane. De plus, cette notion sert de levier idéologique pour créer artificiellement une «fraternité abrahamique» qui lisse les différences doctrinales et
occulte les tensions profondes entre ces religions. Cette fraternité devient ainsi un outil de projet mondialiste, surtout dans les milieux œcuméniques, comme l’initiative d’Abu Dhabi
avec la «Maison d’Abraham». Sous couvert de promouvoir la paix, il s’agit en réalité d’une tentative de neutraliser les identités religieuses spécifiques au profit d’un universalisme
spirituel qui nie les différends théologiques et, de facto, le rôle structurant du christianisme dans le monde occidental.
Ainsi, l’idée d’un «humanisme biblique», qui présente la tradition biblique comme l’origine des «Droits de l’Homme», constitue une déviation idéologique
majeure. L’humanisme des Lumières se place en opposition à la souveraineté de Dieu, en posant l’Homme au centre, et non Dieu, comme la source ultime de la moralité et des droits.
L’assimilation de l’humanisme des Lumières à une tradition biblique vise à relier le judaïsme et la modernité occidentale, mais ce lien est purement artificiel. La tradition chrétienne
qui refusait de placer l’individu au-dessus de Dieu, se trouve ici minorisée, tandis que des concepts empruntés aux Lumières sont annexés à la tradition biblique pour masquer une rupture
fondamentale avec la vision chrétienne de l’Homme.
Au fond, cette réécriture de l’Histoire à travers des concepts tels que le «judéo-christianisme», le «Sionisme chrétien», ou l’«humanisme biblique», ne
cherche pas simplement à masquer les divergences théologiques profondes, mais à effacer progressivement le rôle structurant du christianisme dans la culture et l’identité européennes. Ces
manipulations sémantiques servent à créer une vision artificielle de l’Occident, un Occident délesté de ses racines chrétiennes, et plus disposé à se soumettre à un récit global qui
favorise le multiculturalisme, l’individualisme et le mondialisme. En réécrivant le sens des mots, en floutant les repères historiques et spirituels, ces forces idéologiques cherchent à
transformer les consciences et à imposer une vision uniforme du monde, où les religions sont reléguées à des rôles secondaires, et où la transcendance chrétienne est remplacée par un
humanisme sans ancrage, sans foi, et sans vérité.
Nous voila au terme de cet article qui, je l’espère, aura démontré comment la sémantique dévoyée, utilisée à des fins idéologiques, constitue un danger
insidieux qui agit silencieusement mais efficacement pour altérer les fondements de notre compréhension historique et spirituelle. En manipulant le sens des mots et en réécrivant des
récits collectifs, ce processus favorise la construction de mythes politiques au détriment de la vérité historique, tout en effaçant peu à peu l’identité chrétienne de l’Occident. Sous
couvert de tolérance, de fraternité et de «vivre ensemble», il s’agit en réalité de substituer un ordre moral post-chrétien à celui qui a forgé les sociétés européennes pendant des
siècles. Ce travail de sape linguistique et culturelle, appuyé par des manipulations historiques, est une attaque en règle contre l’héritage chrétien et une tentative de normalisation
d’un récit mondialiste qui impose une réalité artificielle.
Dans ce contexte, il est essentiel de comprendre comment des narrations fallacieuses, notamment celles qui concernent les «Temples de Jérusalem», sont
instrumentalisées pour renforcer une légitimité géopolitique et religieuse. En cherchant à faire de ces récits des piliers d’un mythe fondateur, on s’éloigne des faits historiques et des
vérités archéologiques, contribuant à façonner une légende, fondée sur l’absence de preuves tangibles, mais qui pèse lourdement sur les consciences et la politique mondiale.
En poursuivant cette démonstration, où nous avons mis en lumière comment la construction artificielle du mythe juif – notamment à travers des récits
historiques mensonger, les textes religieux réinterprétés, le suprématisme sioniste, la sémantique dévoyée – où tout cela sert d’instruments clés et articulés dans la mise en place d’un
projet de gouvernance mondiale, avec pour objectif final de faire de Jérusalem la capitale spirituelle et politique d’un ordre global. Ce processus de légitimation, alimenté par des
constructions mythologiques et des manipulations idéologiques, ne vise pas seulement à réécrire le passé, mais aussi à façonner un futur où la domination israélienne et l’influence
sioniste deviennent des pierres angulaires du Nouvel Ordre Mondial.
Ces articles ont pour objectif de mettre en lumière le mensonge absolu qui, sous couvert d’une fausse légitimité historique et spirituelle, alimente le
génocide des Gazaouis et l’expansionnisme débridé des colonies illégales d’Israël. Ce projet, nourri par la conviction schizophrénique d’un peuple se croyant élu et soutenu par une
arrogance impunie, s’enracine dans des siècles de chantages et de corruptions internationales confinant à la folie. Cette impunité, forgée à travers des manipulations géopolitiques et
religieuses subtiles, permet à Israël de poursuivre sans entrave ses ambitions territoriales tout en se maintenant au cœur d’un jeu politique mondial.
Dans le même temps, cette colonisation immorale écrase sans vergogne les populations qui osent s’opposer au diktat de sa folie idéologique, imposant sa
vision messianique à travers la violence et l’oppression systématique. Pour cela, Israël n’hésite même pas à utiliser des lois qu’il fait voter abusivement, comme en France, où la simple
critique de ce projet inhumain est poursuivie et réprimée violemment, sous prétexte de lutter contre l’antisémitisme. Cette dérive législative et politique sert à étouffer toute
opposition légitime, transformant ainsi la liberté d’expression en un outil de censure au service de l’impunité israélienne.
Il est du devoir de chacun de s’informer et de s’insurger contre ces manipulations qui, aujourd’hui, se traduisent par des milliers de morts, une censure
totale, un terrorisme intellectuel, et, au final, par la montée d’un totalitarisme sioniste qui impose son agenda à l’échelle mondiale. Ignorer ces réalités, c’est permettre que
l’Histoire soit déformée et que des injustices monstrueuses continuent d’être commises sans que l’opinion publique ne s’élève pour les contester. L’heure est à la résistance, non
seulement face à la violence physique, mais aussi à la violence symbolique, à cette réécriture délibérée du monde qui vise à annihiler toute forme de dissidence. Il est urgent de remettre
en question ce système de domination et de manipulation, avant qu’il n’étouffe définitivement la liberté de pensée et d’expression.
Nous poursuivrons donc cette réflexion dans notre prochain article, où nous explorerons plus précisément les données architecturales, archéologiques et
historiques des fameux «Temples de Jérusalem» et du Mur des Lamentations. Nous analyserons comment ces récits, qu’ils soient religieux ou historiques, ont été manipulés pour doter l’État
d’Israël d’une légitimité divine et historique, tout en effaçant les vérités fondamentales qui devraient les fonder. À travers cette exploration, nous tenterons de déconstruire le mythe
fondateur d’Israël, et de comprendre comment des constructions religieuses sans fondement archéologique ont été utilisées pour renforcer un récit biblique factice et pour justifier la
domination israélienne sur la terre de Canaan, et au-delà. Ce travail nous permettra de dissiper les illusions et de poser les bases d’une critique radicale du discours dominant, en nous
appuyant sur des faits et des découvertes scientifiques solides.
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Dans l’histoire qui sert de fondement à l’identité moderne des juifs du monde entier, l’idée des «Temples de Jérusalem» occupe une place centrale, non seulement en tant que symboles
spirituels et culturels, mais aussi comme instruments de légitimation d’un mythe historique fondateur et d’un retour sur une «Terre promise» qui accueillerait ces «preuves» d’une
existence israélite ancestrale à cet endroit. Pourtant, cette légende ancestrale qui façonne, sans aucun débat contradictoire possible sous peine d’amende, l’identité des juifs modernes,
repose sur une construction narrative illusoire, sinon mensongère elle aussi et dont les racines archéologiques, architecturales et historiques méritent d’être scrutées avec un regard
critique.
Bien au-delà de la croyance religieuse ancestrale fantasmée, que nous avons démontée lors des précédents billets, dans celui-ci, c’est l’édification et l’existence même de ces temples, en
plein cœur de Jérusalem, qui serait censée justifier la réclamation d’une souveraineté d’une population de colons venus d’Europe de l’Est, tel un héritage sacré indiscutable, que nous
allons étudier. Cependant, comme tout ce qui vient de l’Ancien Testament, ce mythe séculaire, si profondément ancré dans la mémoire collective, doit être lui aussi confronté à une réalité
historique et archéologique imparable des faits. Car à travers l’étude irréfutable des vestiges archéologiques et des preuves historiques, il devient impératif de pouvoir, non seulement
remettre en question cette narration dominante qui attribue aux juifs modernes une légitimité historique incontestable, mais de démontrer tous les mensonges inhérents à cette folie,
notamment en ce qui concerne leurs prétentions fantasmées sur la ville de Jérusalem et la terre de Palestine. Car il faut bien savoir si ces temples, et les récits qui les entourent,
peuvent réellement être considérés comme des preuves incontestables d’une continuité historique sans faille, ou s’ils sont au contraire, qu’un mythe de plus dont il est grand temps de
dénoncer les contradictions ? Et à ce titre, nous verrons que les fondations de ces temples ne sont pas seulement un faux témoignage de croyances anciennes, mais un point central pour la
remise en cause de l’instrumentalisation de l’Histoire à des fins politiques et territoriales.
Abordons donc dès à présent la suite sur ce mythe du récit romanesque et de la construction artificielle de l’identité juive moderne, pour nous pencher sur celui des fondations
archéologiques, et donc notamment sur les différents «Temples de Jérusalem», qui ont joués un rôle crucial dans la formation et l’ancrage de la légitimité des Hébreux à Jérusalem, puis de
l’identité des juifs tels qu’ils se présentent de nos jours. Sachant que le nom «Temple de Jérusalem»(en hébreu בית המקדש Beit ha-Mikdash «maison de Sainteté») désignait déjà, en réalité,
différents édifices religieux construits sur le Mont du Temple dans la vieille ville de Jérusalem.
Le mythe du Premier Temple de Jérusalem, tel que relaté dans la Bible hébraïque, occupe une place prépondérante dans l’histoire religieuse et symbolique d’Israël. Selon les textes, ce
sanctuaire sacré fut construit au Xe siècle avant notre ère, sur le Mont Moriah, à l’endroit où Abraham aurait tenté de sacrifier son fils. Commandé par Dieu, ce temple incarnait, dans
l’imaginaire collectif, la présence divine au cœur du peuple hébreu. Sa destruction marqua un tournant tragique, alimentant une mémoire collective puissante et des espoirs de restauration
qui traversent encore les traditions juives. Toujours selon la Bible, ce premier sanctuaire aurait été détruit par les armées de Nabuchodonosor II, en 586 av. J.-C., au cours de la
domination des hébreux par les babyloniens. Or, les Hébreux étaient déjà à cette époque sous la domination égyptienne et n’avaient pas la liberté nécessaire pour entreprendre un tel
projet architectural et religieux, ni les moyens financiers ou matériels d’une telle entreprise, et n’ont donc tout simplement pas pu construire ce Premier «Temple de Salomon». Mais
pourtant, selon leur Bible, ce serait le roi Salomon lui-même, fils de David, qui aurait construit ce temple à Jérusalem vers 970 avant J.-C. en l’honneur de Yahweh et où reposait
l’hypothétique Arche d’Alliance. Mais comme toujours, on ne trouve pourtant aucune trace ni du temple, ni des protagonistes dans les études archéologiques ou historiques, ailleurs que
dans l’Ancien Testament. Ce qui prouve bien encore une fois, que les revendications territoriales modernes énoncées par les israélites, ne sont que des affabulations.
Seules deux descriptions détaillées du Temple de Salomon sont faites dans le premier livre des Rois (6-7) et dans le second livre des Chroniques (3-4). L’édifice est présenté comme étant
rectangulaire et mesurant trente mètres de long, dix de large et quinze de haut. L’entrée, orientée vers l’Est aurait été précédée de deux immenses colonnes de bronze. Mais selon toutes
les informations archéologiques disponibles et modernes, aucune trace archéologique de ce Premier Temple de Jérusalem n’a jamais été retrouvée jusqu’à présent. Il n’a jamais existé
ailleurs que dans l’Histoire racontée dans la Bible. Et pourtant d’après ce récit fondateur, Salomon aurait obtenu le concours de l’ancien allié de son père, le phénicien Hiram de Tyr. Ce
dernier (que glorifient les Francs-maçons) aurait mit à la disposition des hébreux les meilleurs ouvriers et les matériaux les plus précieux de son pays, le Liban : or, bronze, cyprès,
olivier, cèdre… Mais malgré l’intensité des fouilles menées à Jérusalem depuis des décennies et souvent par des archéologues israéliens eux-mêmes, aucune preuve matérielle, ni du temple,
ni des personnages cités, n’a jamais été découverte. Pas une seule pierre, pas un fondement, pas un artefact identifiable. Rien ne vient étayer l’existence de ce monument en dehors du
texte biblique lui-même, écrit et remanié plusieurs siècles après les faits supposés. En revanche, ce «Premier Temple» est un prétexte sacralisé pour justifier des politiques de
dépossession, d’éviction et d’annexion dans la vieille ville et bien au-delà. Visiblement, ce que l’archéologie ne peut prouver, le récit religieux l’impose, et ce glissement du mythe à
la politique concrète illustre à quel point l’Histoire peut être instrumentalisée. Au cœur de cette construction symbolique réside un mensonge fondateur, accepté comme vérité parce qu’il
sert un objectif territorial contemporain.
De plus, l’Arche d’Alliance, censée être un coffre sacré en bois d’acacia recouvert d’or pur, contenant les Tables de la Loi remises à Moïse sur le Mont Sinaï, est l’un des objets les
plus emblématiques et les plus insaisissables de la mythologie biblique hébraïque. Selon les récits, elle aurait été placée au cœur du Saint des Saints du Premier Temple de Jérusalem,
symbole incontestable, s’il en est, de la présence divine parmi le peuple hébreu. Pourtant, malgré des décennies de fouilles menées par les autorités israéliennes et des archéologues
souvent motivés par des visées nationalistes ou religieuses, aucune trace de l’Arche n’a jamais été découverte. Pas le moindre fragment, pas la moindre inscription, pas le moindre indice
matériel. L’objet reste là encore un mythe pur, sans ancrage historique ni preuve tangible. Son absence dans les archives égyptiennes, babyloniennes ou assyriennes, pourtant très précises
sur le plan administratif et religieux, renforce encore cette conclusion. Et pourtant, l’Arche d’Alliance continue d’alimenter une mystique utilisée pour sacraliser certains lieux de
Jérusalem, comme si sa simple mention suffisait à légitimer des ambitions géopolitiques les plus abjectes. Encore une fois, l’imaginaire religieux supplante la rigueur historique, et
l’absence de preuves devient, paradoxalement, le socle d’un récit politique fictif mais aux conséquences bien réelles. Car c’est sur la base de ce récit non vérifié, voire invérifiable,
que se construit l’un des mythes fondateurs les plus mobilisés dans la légitimation idéologique des colonies israéliennes à Jérusalem.
Face au silence total de l’archéologie concernant le Premier Temple et son insaisissable Arche d’Alliance, le récit biblique ne désarme pas. Il se prolonge avec celui du Second Temple,
censé incarner la continuité spirituelle et politique d’un culte pourtant sans fondement historique vérifiable. Là encore, l’Histoire s’écrit a posteriori, à coups de reconstructions
idéologiques et de récits arrangés, cette fois pour habiller la domination perse, puis romaine, d’un vernis de légitimité religieuse. L’existence même du Second Temple, tel que décrit
dans les récits bibliques et repris par les traditions religieuses postérieures, relève davantage de la construction théologique que de la réalité historique. En effet, selon le récit
canonique, ce temple aurait été reconstruit à partir de l’an -536 sous l’impulsion de Zorobabel, un gouverneur juif sous la domination perse, avec l’aval de Cyrus le Grand. Or, les
preuves archéologiques de cette prétendue reconstruction sont étonnamment absentes. Aucune trace matérielle indiscutable d’un édifice monumental datant de cette période n’a été retrouvée
à Jérusalem, malgré des décennies de fouilles intensives. Pire encore, les couches archéologiques correspondant à la période dite de cette reconstruction ne montrent ni bouleversement
urbain d’envergure ni infrastructure digne d’un sanctuaire national capable de rivaliser avec le «Temple de Salomon» décrit dans la Bible.
Sur le plan géopolitique, l’idée qu’un peuple vassal, récemment revenu d’exil, aurait eu les moyens logistiques, financiers et politiques d’ériger un temple grandiose au cœur d’une
province perse, défie toute vraisemblance historique. L’Empire achéménide n’avait aucun intérêt stratégique à soutenir la résurgence d’un culte centralisé pouvant renforcer des
revendications autonomistes. Les reconstructions évoquées dans Esdras et Néhémie relèvent probablement d’une réforme religieuse interne de petite échelle, et non d’une véritable
entreprise architecturale monumentale.
Quant à l’agrandissement prétendument réalisé par Hérode le Grand à partir de l’an 19 av. J.-C., il s’inscrit clairement dans une logique de propagande impériale. Hérode, roi client de
Rome, n’a jamais été un souverain légitime aux yeux de l’élite juive traditionnelle. Son projet de reconstruction du Temple, financé avec les ressources de l’Empire, visait avant tout à
stabiliser son pouvoir politique et à séduire la population locale par une opération de prestige. L’édifice qui en résulta, le fameux «Temple d’Hérode», n’était pas une renaissance du
Temple biblique, mais une construction greco-romaine travestie en symbole national. Son architecture, ses dimensions et ses fonctions répondaient davantage aux standards romains
d’urbanisme qu’aux prescriptions mosaïques.
Enfin, l’idée que le Second Temple ait été détruit par les Romains en 70 ap. J.-C. alimente une narration victimaire déconnectée des réalités militaires de l’époque. Ce que les Romains
ont détruit lors du siège de Jérusalem n’était pas un sanctuaire ancestral millénaire, mais un complexe politico-religieux instrumentalisé depuis des décennies par une aristocratie
collabo, et qui était devenu un foyer de sédition contre l’ordre impérial. La prétendue «destruction du Temple» relève là aussi d’un récit dramatique construit a posteriori pour renforcer
l’identité d’un peuple en quête de continuité spirituelle, bien plus que d’un événement documenté par des sources externes crédibles. Cette histoire d’Hérode est surtout connue par les
écrits de Yossef ben Matityahou HaCohen, plus connu sous le nom de Flavius Josèphe, historiographe juif d’origine judéenne du 1er siècle, devenu citoyen romain après la fin de la grande
révolte judéenne en 71. Il a obtenu cette citoyenneté après s’être rendu à Vespasien en 67 et a ensuite reçu la protection de la famille impériale romaine où il prit le nom de Flavius en
l’honneur de ses protecteurs.
L’ouvrage de Flavius Josèphe, «Les Antiquités Judaïques» (Antiquitates
Judaicae), rédigé à la fin du 1er siècle, n’est rien d’autre qu’une tentative de faire avaliser au public gréco-romain une vision biaisée de l’histoire juive, construite sur une
interprétation complaisante et partiale des événements. L’histoire d’Hérode, relatée dans cette œuvre, s’inspire principalement des écrits de Nicolas de Damas, le secrétaire personnel
d’Hérode, dont la vision élogieuse et unilatérale de ce roi tyrannique ne fait qu’ajouter une couche de glorification à une figure déjà mythifiée. Flavius Josèphe, loin d’être un
historien impartial, se fait ainsi le propagandiste d’un récit soigneusement élaboré, à la fois politisé et orienté, dans lequel les vérités historiques cèdent la place à des intérêts
personnels et idéologiques.
Mais cette tendance à remodeler le passé à des fins idéologiques ne se limite pas à la plume de Flavius Josèphe. Elle s’observe également dans la manière dont certains lieux et symboles
ont été réinventés au fil des siècles pour servir une mémoire collective sélective. À l’instar des récits enjolivés sur Hérode, des constructions historiques douteuses ont été élevées au
rang de vérités incontestables, alimentant une mythologie nationale déconnectée des faits. Parmi ces mythes persistants, celui du «Mur des Lamentations» s’impose comme un cas exemplaire
de réécriture historique au service d’une identité façonnée sur des bases fragiles, voire fallacieuses.
Le «Mur des Lamentations», présenté aujourd’hui comme un pilier sacré de la foi juive et un symbole immuable de l’identité hébraïque, n’est en réalité qu’une mystification historique
savamment entretenue. Ce pan de mur vénéré par des millions de fidèles ne constitue en rien un vestige du mythique «Second Temple» (détruit en l’an 70), mais bien d’une structure
militaire datant de l’époque romaine. Il ne s’agit pas, comme le colportent les récits pieux, de l’un des murs du sanctuaire d’Hérode, mais d’une section du mur de soutènement de
l’esplanade du Temple, une plateforme artificielle érigée sous domination romaine pour asseoir le pouvoir impérial sur Jérusalem. Plus précisément, ce mur fait partie du vaste programme
architectural d’Hérode le Grand, client fidèle de Rome, dont les travaux furent supervisés par des ingénieurs romains dans un objectif de contrôle stratégique et non de glorification
religieuse. Il servait à stabiliser l’esplanade sur laquelle trônait non pas un temple glorieux et indépendant, mais un complexe cultuel sous tutelle romaine.
Ce n’est qu’à partir du Moyen Âge, et plus intensément à partir du XIXe siècle, que ce mur a été progressivement sacralisé par une réinterprétation fantasmatique, jusqu’à devenir un
pilier d’une mémoire religieuse recomposée. Même des archéologues israéliens contemporains, comme ceux affiliés à l’Autorité des Antiquités d’Israël, ont confirmé que les blocs massifs
visibles aujourd’hui datent en majorité de l’époque Herodienne, c’est-à-dire d’une phase de romanisation extrême de la Judée. Ce mur n’est donc ni hébraïque dans son essence, ni sacré par
fonction originelle, mais bien un vestige d’ingénierie impériale, conçu pour asseoir une domination militaire et politique.
La sacralisation de ce monument de l’oppression romaine relève d’un tour de passe-passe mémoriel, où l’Histoire est tordue jusqu’à ce qu’elle corresponde aux récits nationalistes
modernes. Et le «Mur des Lamentations», véritable emblème de la foi juive moderne, n’est en réalité rien de plus qu’une mascarade historique. Ce prétendu vestige sacré, vénéré par des
millions de personnes, n’a aucune légitimité judaïque ou hébraïque, comme le prétendent les mythes répétés à l’infini. À travers cette falsification soigneusement orchestrée, on assiste
simplement à la transformation d’un symbole de soumission coloniale en un emblème d’élection divine. Une imposture historique monumentale, qui illustre à merveille comment les ruines du
passé peuvent être instrumentalisées pour légitimer des mythes identitaires contemporains, en étouffant les vérités dérangeantes sous les incantations commodes de la tradition.
Il est donc frappant de constater à quel point certaines affirmations centrales du judaïsme ancien reposent davantage sur des traditions reconstruites que sur des preuves archéologiques
solides. Les prétendus liens historico archéologiques tant de fois énoncés, ne résistent pas à une analyse historique sérieuse. À l’inverse de la topographie chrétienne aujourd’hui
confirmée par des fouilles, aucun vestige direct et incontestable des temples de Salomon ou de Zorobabel n’a jamais été exhumé, malgré des décennies de recherches intensives. Cette
insistance à sacraliser une structure civile romaine comme lieu saint illustre une volonté tenace de réécrire l’Histoire pour donner une légitimité religieuse à un passé largement
reconstruit. Contrairement à cela, la tombe du Christ, quand à elle, identifiée, fouillée et correspondante à des récits précis, témoigne d’une continuité historique que le récit biblique
hébraïque peine encore à établir avec rigueur.
Par ailleurs, les récentes fouilles archéologiques menées depuis 2022 sur le site de l’Eglise du Saint-Sépulcre à Jérusalem ont apporté des preuves concrètes qui confirment la description
du tombeau de Jésus telle que relatée dans les Évangiles. Sous la direction du professeur Francesca Romana Stasolla, des éléments majeurs ont été mis au jour, dont des sépultures
contemporaines de l’époque du Christ, une base circulaire en marbre correspondant à la première monumentalisation de la tombe par Constantin, ainsi que des preuves botaniques (vignes et
oliviers) qui confirment l’existence d’un espace vert entre le lieu de la crucifixion et celui de l’ensevelissement, tel que décrit dans l’Évangile de Jean. Ces découvertes, appuyées par
des méthodes scientifiques comme la datation et l’analyse palynologique, s’inscrivent dans une continuité historique, topographique et textuelle clairement documentée.
Cette confirmation archéologique de la présence du Christ se distingue fondamentalement de l’approche que l’on peut avoir vis-à-vis de la Bible hébraïque (Ancien Testament), dont les
événements majeurs comme l’Exode, le règne unifié de David ou la conquête de Canaan n’ont jusqu’ici trouvé aucune confirmation archéologique indiscutable. À ce jour, la majorité des
spécialistes s’accorde à dire que nombre de récits fondateurs de l’hébraïsme relèvent davantage de la théologie ou du mythe national que de l’histoire vérifiée par des sources
matérielles. En revanche, la figure historique de Jésus est attestée non seulement par les Évangiles et la tradition chrétienne, mais également par des sources externes non chrétiennes
comme Flavius Josèphe ou Tacite, et désormais, par des vestiges concrets retrouvés sous le sol même du Saint-Sépulcre.
Ainsi, les fouilles confirment ce que la tradition chrétienne enseigne depuis deux millénaires, à savoir que Jésus a bel et bien existé, a été crucifié et enseveli à un emplacement
précis, aujourd’hui sanctuarisé. La convergence entre les sources bibliques, les témoignages historiques et les preuves archéologiques renforce considérablement la crédibilité historique
du Nouveau Testament. En contraste, l’absence de tels recoupements pour les récits centraux de l’Ancien Testament rend toute tentative de validation historique beaucoup plus spéculative.
En ce sens, la figure de Jésus se distingue non seulement comme fondatrice du christianisme, mais aussi comme une présence ancrée dans une réalité historique aujourd’hui confirmée par la
science. Ainsi, ce qui est présenté aujourd’hui comme un «retour ancestral» d’un peuple «élu» est, en réalité, une création politique moderne, fondée sur une interprétation instrumentale
de textes anciens et sur une mythologie réécrite pour servir des intérêts contemporains. Cette manipulation de l’Histoire n’est pas seulement une trahison de la vérité mais devient un
outil de guerre, une arme idéologique au service d’un expansionnisme qui se pare des habits trompeurs de la foi.
Pendant des siècles, les récits bibliques, loin d’être de simples textes spirituels, ont servi de légitimation idéologique à des entreprises de conquête, de colonisation et, dans les cas
extrêmes, de violences exterminatrices allant jusqu’au génocide actuel des palestiniens. La terre dite «promise», les royaumes de David ou Salomon, leurs Temples ou Murs ne sont que des
fictions théologiques à la portée géopolitique bien réelle. Tous ces mensonges ont été invoqués pour justifier des massacres, des expropriations et des guerres de domination, depuis
l’Antiquité à l’ère contemporaine. Mais ce qui autrefois relevait du mythe fondateur, acceptable pour soutenir une croyance divine dès lors qu’elle reste pacifique et universelle, sert
aujourd’hui de fondement politique à un projet colonial moderne, dont l’ambition dépasse largement les frontières déjà contestées d’Israël et de la bande de Gaza.
Et ce projet ignoble de «Grand Israël» est l’un des exemples les plus flagrants de manipulation politico-religieuse au service d’un impérialisme débridé, maquillé sous les oripeaux d’une
légitimité théologique. Ce fantasme géopolitique, prétendument fondé sur des promesses divines issues de textes antiques, est en réalité un projet d’annexion territoriale sans limite,
dont le seul véritable moteur est la convoitise. Car ce projet n’est rien d’autre qu’une rapine géopolitique déguisée. Il ne s’agit pas de «restituer» une terre promise, mais de s’emparer
sans vergogne de territoires stratégiques, gorgés de ressources naturelles, et d’une position géographique clé pour contrôler les routes commerciales vitales. Derrière les prétendues
aspirations religieuses se cache une soif insatiable de terres à exploiter, d’hydrocarbures à pomper et de routes de transit à verrouiller.
Les gisements de gaz naturel en Méditerranée, les voies maritimes reliant le Golfe Persique au monde entier via le Détroit d’Ormuz, et les terres fertiles de la région sont les véritables
trésors convoités par ce projet. Le tout est orchestré dans une danse macabre où la foi et la cupidité se mêlent pour justifier une occupation à la fois militaire et économique, dont
l’objectif est bien plus l’accumulation de pouvoir et de richesse que le respect de toute promesse biblique. La Torah n’est ici qu’un prétexte de ce que l’on appelle «droit biblique», qui
n’est rien d’autre qu’un habillage sacré destiné à légitimer la captation de territoires aux enjeux économiques et stratégiques colossaux. Puisque derrière les incantations religieuses
sur la «terre promise», se dessine une réalité bien plus terre-à-terre de la guerre pour le contrôle de zones riches en ressources fossiles, notamment de vastes gisements de gaz naturel
offshore (comme Leviathan ou Tamar) et de terrains géostratégiquement placés à proximité de nœuds logistiques majeurs du commerce mondial. Le Levant, et plus largement la zone ciblée par
le concept de «Grand Israël», qui s’étendrait du Nil à l’Euphrate selon les interprétations extrêmes, englobe des régions proches du Canal de Suez, du Golfe Persique, et donc du Détroit
d’Ormuz. Il ne s’agit là nullement de restauration d’un royaume antique mythifié, mais bien d’un projet colonial au service d’oligarchies financières, d’intérêts énergétiques et de
multinationales immobilières qui prospèrent sur les ruines de peuples dépossédés.
La prétention à une légitimité biblique est d’autant plus absurde que même dans le cadre religieux, ce projet contredit les principes fondamentaux de justice, d’hospitalité et de
coexistence inscrits dans la tradition prophétique. Il ne s’agit plus ici d’un attachement spirituel à une terre, mais d’une entreprise cynique d’accaparement par la force,
l’expropriation systématique et la destruction du tissu humain et culturel local. Pire encore, ce projet est soutenu par un complexe militaro-religieux où convergent le fondamentalisme
sioniste, le messianisme chrétien américain et les appétits géostratégiques des puissances occidentales, notamment les entreprise d’armement aux États-Unis, dont les lobbies évangéliques
et industriels ont tout intérêt à entretenir un état de guerre permanent au Proche-Orient.
Ce «Grand Israël» n’est donc ni une utopie religieuse, ni une restauration historique, mais un projet hégémonique d’un cynisme glaçant, détaché de toute légitimité, y compris spirituelle.
Il représente l’instrumentalisation ultime de la foi, non plus pour élever l’Homme, mais pour justifier la prédation, le déplacement de populations, la guerre permanente et la spoliation
organisée. Sous couvert de promesse divine, c’est un projet de domination transformant des versets millénaires en titres de propriété, et des textes sacrés en outils de nettoyage ethnique
et de spéculation foncière. Mais ce triptyque idéologique (biblique, sioniste et impérialiste) constitue un véritable culte millénariste de «la Fin des Temps». Il promeut activement le
chaos comme étape nécessaire à la réalisation prophétique, et sacralise la guerre, la dépossession et même le nettoyage ethnique, non comme des tragédies humaines, mais comme des étapes
«nécessaires» vers un ordre messianique autoréalisateur.
Un «ordre messianique autoréalisateur» n’est pas simplement un idéal religieux ou une vision du monde apocalyptique, mais un processus pervers où la croyance en «la Fin des Temps»
justifie et alimente, de manière cyclique, les actes nécessaires à sa propre réalisation. Ce type de projet repose sur une conviction fondamentale et l’idée que la guerre, le chaos et la
domination sont des étapes inévitables et légitimes pour atteindre un «Royaume Divin» sur Terre. En d’autres termes, ce n’est pas que la Fin des Temps arrivera un jour, mais qu’il faut la
provoquer, à travers la violence, le nettoyage ethnique, et l’oppression, afin que le prophétisé puisse se manifester. Ce système autoréalisateur transforme chaque crime, chaque
souffrance infligée et chaque conquête en un acte de foi, en un pas de plus vers un futur sacralisé, rendant toute opposition à ce processus non seulement illégitime, mais même hérétique.
Ce mécanisme pervers fait de la destruction un impératif moral, où la fin justifie de manière absolue les moyens, et où la prophétie devient un prétexte pour justifier des actes de
domination et de violence inouïs.
Ce paradigme autoréalisateur s’articule donc autour d’une mythologie historique soigneusement reconstruite, qui donne à ses partisans l’illusion d’une continuité sacrée entre passé et
avenir, entre figures bibliques et projets géopolitiques contemporains. Cette construction idéologique mobilise des récits identitaires, des symboles religieux et des justifications
morales pour légitimer des stratégies d’expansion, d’exclusion et de domination. L’histoire n’est plus un champ de recherche ou de mémoire critique, mais devient un outil de mobilisation,
une arme narrative qui sert à sacraliser le pouvoir en place et à diaboliser toute contestation. Dans ce contexte, l’identité collective se fabrique non pas autour de vérités historiques
ou de liens culturels authentiques, mais autour d’une fiction performative destinée à servir un projet politique précis, celui de naturaliser une domination présentée comme
prophétiquement inévitable.
L’ironie tragique de cette situation, ou devrais-je dire la comédie sinistre de cette construction idéologique, réside dans le fait que l’identité juive moderne, telle qu’elle est
instrumentalisée dans les discours actuels, ne repose même pas sur un héritage direct du peuple hébreu antique. Au contraire, elle s’est façonnée dans une époque bien plus récente,
marquée par des dynamiques de domination et de persécution émanant principalement des sociétés européennes. Ce ne sont pas les véritables descendants des anciennes tribus bibliques qui
ont forgé l’identité juive contemporaine, mais des communautés d’Europe centrale et orientale, dont la judaïté s’est cristallisée en réponse à des siècles d’hostilité chrétienne,
notamment après les persécutions romaines. Ces persécutions ont d’ailleurs solidifié l’antagonisme entre «juifs» et «non-juifs», un clivage qui n’avait d’autre fondement que l’opposition
religieuse et politique. Ce n’est pas sur des racines historiques solides que l’identité juive moderne s’est consolidée au XXe siècle, mais par le biais du projet sioniste, qui a réécrit
l’Histoire en imposant une fiction de continuité ethnique et territoriale, grotesquement démentie par les découvertes historiques, linguistiques et génétiques.
De toute évidence, l’idée selon laquelle les juifs modernes seraient les descendants directs des Hébreux ou des Judéens du 1er siècle relève de l’absurdité historique, soigneusement
entretenue, volontairement ou non, par des mythes et des récits simplistes, plus animés par des intérêts politiques que par une quelconque vérité théologique. En réalité, ceux que l’on
désigne aujourd’hui sous le terme de «juifs» n’ont aucun lien direct, ni génétique, ni culturel, avec les populations hébraïques antiques, encore moins avec les Judéens de l’époque de
Jésus. Et dès les premiers siècles du christianisme, un grand nombre d’Hébreux ont abjuré les croyances et pratiques traditionnelles véhiculées par la Torah, rejoignant les rangs de cette
nouvelle foi qui rejetait les dogmes rabbiniques. Quant aux communautés juives modernes, elles ne sont rien d’autre que des créatures hybrides, façonnées par le Talmud et d’autres
influences postérieures qui les éloignent encore davantage de leurs ancêtres sémites originels.
En outre, l’idée que les hébreux et les chrétiens étaient deux groupes distincts au cours de cette période n’est qu’un autre mensonge fabriqué bien après coup. Elle occulte délibérément
la transition organique des hébreux vers l’identité chrétienne. Pendant des siècles, l’identité juive a été une construction politique, entretenue par des mythes religieux bien plus que
par la réalité historique. D’ailleurs, comme nous l’avons vu lors des précédents articles, le terme «juif» tel qu’on l’entend aujourd’hui n’existait pas à l’époque biblique, et il n’y
avait aucun «peuple juif» homogène occupant une région délimitée du Moyen-Orient. En réalité, les Hébreux étaient un ensemble de tribus disparates, souvent sous domination d’empires plus
vastes, comme les Égyptiens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs et les Romains. Loin d’être une nation indépendante, ils étaient souvent absorbés ou dominés, aux marges des grandes
civilisations.
Et pourtant, dans une ironie encore plus cruelle, dès le Moyen Âge, un grand nombre d’Européens d’origine non sémitique ont choisi de se convertir au judaïsme, fuyant l’Inquisition ou
cherchant à échapper à l’Islam Ottoman, formant ainsi les premières communautés ashkénazes. Ces groupes, bien qu’ils aient adopté des éléments du judaïsme, n’ont rien à voir avec les
Judéens sémites d’antan. L’identité juive moderne n’est rien de plus qu’une construction sociale, façonnée par des impératifs politiques, et elle s’éloigne à des années-lumière des
réalités historiques des anciens Hébreux.
Un autre point crucial que l’on néglige souvent dans cette discussion est que le christianisme a d’abord été adopté par les Hébreux eux-mêmes, dans l’Empire Romain et dans le Levant.
L’image des chrétiens jetés aux lions dans les arènes romaines est une image déformée et réductrice, car ces chrétiens étaient principalement des Hébreux qui avaient rejeté les pratiques
des rabbins. À l’origine, la persécution romaine visait non pas des étrangers mais des Hébreux convertis au christianisme, ce qui venait à l’encontre des pratiques traditionnelles et des
autorités rabbiniques. Et quand l’Empereur Néron désigna les chrétiens comme boucs émissaires après le grand incendie de Rome en 64 après J.-C., il ne visait pas une secte étrangère, mais
des Hébreux qui, ayant rejeté la théologie rabbinique, se sont tournés vers les enseignements du Christ.
En fait, ce n’est pas le christianisme qui a été imposé de l’extérieur, mais il est né parmi les Hébreux, à Jérusalem et dans le Grand Levant. Ce n’est pas parmi les «païens» que le
christianisme s’est d’abord répandu, mais au sein de communautés hébraïques qui rejetaient les sacrifices sanglants et les rituels archaïques. C’est ainsi qu’un groupe d’Hébreux
persécutés, rejetant la domination de leurs anciens rabbins, a embrassé le christianisme. L’idée que les Hébreux ont rejeté Jésus en bloc est une pure invention ; au contraire, les
premiers chrétiens étaient en grande partie des Hébreux qui s’étaient séparés de la tradition rabbinique pour se tourner vers une foi nouvelle.
Un dernier aspect, souvent oublié dans les récits modernes, est que le christianisme a dominé la région bien avant l’apparition de l’Islam. Dès les premiers siècles de notre ère, de
nombreuses communautés hébraïques ont adopté le christianisme, en particulier en Judée et en Galilée, pour échapper aux contraintes imposées par les autorités rabbiniques. Ce sont ces
communautés qui, au IVe siècle, ont vu l’Empire Romain se convertir en puissance chrétienne. L’Islam, lui, n’a fait son apparition que plusieurs siècles plus tard, redéfinissant les
dynamiques religieuses du Moyen-Orient. La Terre Sainte, avant l’Islam, a donc été dominée par une influence chrétienne bien plus forte qu’aucune domination juive antique. Et les
véritables descendants des Hébreux bibliques ne sont certainement pas les Juifs européens du XXe siècle, mais la population arabe palestinienne, qui porte en elle les gènes et l’histoire
des Hébreux originels.
Ironie tragique s’il en est, qui fait que les peuples aujourd’hui accusés d’avoir rejeté le Christ ont été parmi les premiers à y adhérer. Quant à ceux qui se réclament d’une lignée
ininterrompue des Hébreux antiques, ils n’ont aucun lien réel avec la terre qu’ils prétendent revendiquer. Une supercherie historique, habilement entretenue, à laquelle il est grand temps
de mettre un terme. Mais cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais par une acceptation de la vérité factuelle. Car pendant des siècles, l’Histoire a été manipulée, réécrite et
même carrément fabriquée pour servir des objectifs politiques et financiers précis, et cela est particulièrement évident dorénavant dans la création de l’identité juive moderne et du
projet sioniste en Palestine. L’idée d’un peuple juif exilé, martyrisé, errant sur la terre pendant deux mille ans et aspirant à revenir sur la terre de ses ancêtres, est l’une des
fabrications historiques les plus réussies et, en même temps, l’une des plus préjudiciables jamais réalisées.
Ce récit, profondément ancré dans la conscience collective, a été instrumentalisé pour justifier des actes de colonisation, des déplacements de populations et des politiques d’occupation.
En réalité, il n’a jamais été question d’histoire objective ou de réconciliation avec un passé réel, mais plutôt d’une manipulation délibérée pour légitimer un projet de pouvoir, de
colonialisme et de contrôle sur une terre et ses habitants. Le sionisme a construit ce récit pour masquer les réalités géopolitiques et historiques du Moyen-Orient, en forgeant une
mythologie qui a non seulement créé une «identité juive» moderne artificielle, mais a également permis d’implanter un projet colonial en Palestine, tout en effaçant les droits et
l’histoire des Palestiniens comme des autres peuples régionaux. Le retour à la Terre Sainte, loin d’être un acte de restitution historique, a été une entreprise politique fondée sur la
conquête, le contrôle et l’exclusion, où la vérité a été sacrifiée au profit d’un pouvoir impérialiste en quête de légitimité et alimenté par le complexe militaro-industriel qui mène le
monde à se perte. Et tant que cette fabrication historique ne sera pas complètement démasquée, le sionisme continuera de mener une guerre contre la vérité, l’histoire et les droits
légitimes du peuple palestinien, alimentant ainsi un conflit sans fin fondé sur des mensonges.
Il ne s’agit pas d’un simple exercice académique. Les conséquences de cette falsification délibérée de l’Histoire sont catastrophiques. Elle alimente des guerres sans fin qui enrichissent
ceux qui les manipulent et détruisent autant des peuples que l’humanité tout entière. Elle a renforcé l’extrémisme religieux d’extrême droite. Les sionistes chrétiens aux États-Unis
poussent à l’Armageddon et à la construction d’un Troisième Temple, tandis que les fondamentalistes israéliens appellent ouvertement au nettoyage ethnique. Elle maintient le monde piégé
dans un cycle de conflits. En prétendant qu’Israël est un droit ancestral plutôt qu’un projet colonial moderne, les gouvernements occidentaux continuent de financer et d’armer un État qui
commet des atrocités au quotidien. Et c’est ici que s’opère la plus odieuse des mystifications modernes de tout ce délire eschatologique où cette obsession pour le «Troisième Temple»
repose sur une fiction historique.
Ni le Premier ni le Second Temple n’ont jamais existé sous la forme que leur prête la tradition, pas plus qu’il n’existe la moindre preuve archéologique sérieuse de leur grandeur
mythifiée comme nous venons de le démontrer. Et pourtant, sur cette illusion s’édifie l’une des entreprises géopolitiques les plus destructrices de notre temps. Les sionistes chrétiens
aux États-Unis, en quête de leur propre apocalypse rédemptrice autant que des bénéfices issus de la guerre, financent et encouragent sans scrupules un projet messianique qui
instrumentalise Israël comme catalyseur de la Fin des Temps. De leur côté, les fondamentalistes israéliens, décomplexés, appellent à raser l’Esplanade des Mosquées pour ériger ce «temple»
chimérique, dans un climat d’hystérie nationaliste et de ferveur raciale. Le pire de cette folie millénariste, nourrie par des mensonges historiques, maintient la région, et avec elle, le
monde, piégée dans un cycle de guerre perpétuelle, où l’utopie théocratique tente de justifier effrontément chaque bombe, chaque expropriation, chaque massacre, et dorénavant un génocide
! Nous sommes les témoins impuissants d’une manipulation délirante à ciel ouvert, sanctifiée par l’ignorance, le fanatisme et l’avidité.
Vu sous cet angle, l’identité juive moderne, fabriquée des colons ashkénazes, est l’un des grands crimes historiques de l’ère moderne. Il a créé un État ethnique illégal doté de l’arme
nucléaire, construit sur une terre volée, un État colonialiste suprémaciste qui ose exiger la loyauté du monde, tout en massacrant impunément ceux dont les ancêtres ont vécu sur cette
terre pendant des millénaires.
La vérité, débarrassée des mythes et de la propagande, est donc bien différente de la narration dominante véhiculée par le sionisme et leurs sbires. En réalité, les juifs ashkénazes, qui
constituent une grande partie des communautés juives modernes, sont un peuple européen, dont les origines remontent à l’Europe de l’Est médiévale et au Khaganat des Khazars, et non au
Moyen-Orient. Le prétendu «retour» en Palestine est une aberration politique fabriquée de toutes pièces, une fiction créée pour justifier un projet colonial abjecte, et non un retour
historique légitime. Les véritables descendants des Hébreux bibliques, ceux qui ont été présents de façon continue dans la région, sont le peuple palestinien. Tandis que les juifs
ashkénazes se sont intégrés aux sociétés européennes, les Palestiniens ont maintenu un lien constant avec leur terre à travers les siècles, absorbant diverses influences culturelles et
religieuses tout en restant enracinés dans leur patrie historique. Et rien ne saurait démontrer le contraire.
Le sionisme, loin d’être ce récit édifiant d’un peuple cherchant refuge après des siècles de persécution, est en réalité une opération cynique de transfert géopolitique, orchestrée par
des puissances européennes qui voyaient dans la «question juive» un embarras à externaliser. En Palestine, elles ont trouvé le terrain idéal, un territoire stratégique à coloniser, un
peuple autochtone à effacer, et un récit biblique à instrumentaliser pour justifier l’injustifiable. La fondation de l’État d’Israël en 1948 ne fut pas un acte de justice réparatrice,
mais un épisode brutal d’ingénierie coloniale, où le nettoyage ethnique s’est fait au nom d’un droit prétendument divin. L’expropriation de centaines de milliers de Palestiniens,
l’écrasement méthodique de leur culture, la réécriture de leur histoire et l’édification d’un régime d’apartheid n’ont jamais été des erreurs de parcours car ils sont le cœur même du
projet. Un projet fondé non sur la survie, mais sur l’annexion, non sur la mémoire, mais sur l’oubli imposé. Le mythe du «retour» juif n’est qu’un rideau de fumée masquant une entreprise
raciste de dépossession, soutenue par des alliances perverses entre évangélistes apocalyptiques et stratèges occidentaux.
La propagande voudrait faire passer les Palestiniens pour des intrus, des perturbateurs d’un destin écrit. Mais en vérité, ce sont eux les gardiens de la terre, les derniers témoins
vivants d’une continuité historique que l’on tente d’effacer à coups de tanks, de bulldozers et de falsifications. Tant que le monde acceptera cette imposture, il sera complice de
l’injustice, otage d’un mensonge devenu système. Car le sionisme n’est pas un mouvement de libération mais un colonialisme maquillé, une entreprise d’ingénierie identitaire, façonnée pour
servir des intérêts étrangers et imposée par la force sur un peuple qui n’a jamais cessé d’exister, ni de résister.
Il est temps, enfin, de regarder cette vérité en face, aussi inconfortable soit-elle. Des générations entières ont été élevées dans le mensonge, nourries à une histoire truquée, dressées
à voir dans la domination une justice, et dans la résistance une menace. Mais aucune paix ne peut naître de l’illusion. L’humanité ne retrouvera ni la paix ni la grandeur spirituelle tant
qu’elle refusera de démanteler les mythes qui justifient la violence. La vérité, aussi brutale soit-elle, est le seul chemin vers la réconciliation véritable, vers une élévation
authentique. Il faut le courage de déconstruire les récits sacrés qui ne sont que des prisons mentales, si l’on veut, un jour, bâtir un monde où la justice ne sera plus dictée par le
vainqueur, mais inspirée par la mémoire, la dignité et l’humanité partagée.
Il ne s’agissait pas ici de stigmatiser une foi, ni de condamner un peuple pour les récits qui ont structuré son identité au fil des siècles. Il s’agit, bien au contraire, de faire acte
de vérité, précisément parce que toute croyance, pour rester vivante, digne et lumineuse, doit pouvoir affronter la réalité, même lorsqu’elle est douloureuse. Ce que nous dénonçons, ce ne
sont pas des traditions spirituelles, mais leur détournement cynique à des fins de domination. Ce ne sont pas des individus, mais des idéologies construites sur des falsifications
historiques, des récits mythiques manipulés par des intérêts géopolitiques et financiers, au mépris des peuples qui en paient le prix.
Car ce sont bien les peuples juifs, palestiniens, arabes, européens, américains qui tombent sous les balles, fuient sous les bombes, ou vivent dans la peur, pendant que les architectes de
cette imposture s’enrichissent, sanctifient leur pouvoir, et se drapent dans le mensonge comme dans une vertu. Tant que ces manipulations ne seront pas exposées pour ce qu’elles sont,
c’est à dire une entreprise globale de contrôle, de division et de guerre perpétuelle, il n’y aura ni paix, ni justice, ni élévation véritable.
L’humanité ne pourra prétendre à une quelconque forme de maturité tant qu’elle restera enfermée dans ses délires messianiques, cette obsession pathétique de se croire destinée à une
grandeur mythifiée fondée sur des mensonges et des chimères. Ces illusions collectives, entretenues par des idéologies erronées et des croyances aveugles, n’ont fait qu’éloigner
l’humanité de la réalité brute et de la sagesse nécessaire à son évolution. Se complaisant dans des récits fallacieux et des visions utopiques, elle persiste à ignorer les évidences et à
entretenir la pensée magique, plutôt que d’affronter les défis concrets du monde avec lucidité.
Tant que l’humanité ne se délestera pas de cette quête égoïste de rédemption et d’immortalité, qu’elle chérit comme des mirages, elle demeurera une civilisation immature, prête à se
perdre dans ses propres fantasmes. La véritable maturité, loin de ces illusions, réside dans l’acceptation de notre condition, dans la reconnaissance de nos imperfections, et dans une
vision réaliste de ce que nous pouvons réellement accomplir.
L’heure n’est plus aux fictions protectrices, mais à la lucidité radicale. Ceux qui cherchent sincèrement la paix doivent oser regarder en face la racine des conflits, démonter les récits
trompeurs, et retrouver dans la vérité, même difficile, le point de départ d’un avenir commun. Car seule la vérité, assumée sans compromis, peut libérer les consciences, désarmer les
fanatismes, et rouvrir le chemin d’une humanité réconciliée avec elle-même. Refuser cette vérité, c’est prolonger la guerre. L’accueillir, c’est commencer à guérir.