Guerre du chaos, à l'ouest rien de nouveau.


 

Je reprends un article d'août 2014. 

 

Sur fond de crise profonde, en Europe et partout dans le monde,  alors  que l'actualité est celle de la crise migratoire, quelques voix s’élèvent pour dire à quel point, nous sommes proches d’un conflit majeur impliquant l’ensemble des grandes puissances et des pays en voie de déstabilisation ou de déliquescence. 

Il faut se souvenir que les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne avait soutenu l’Irak  lors de la guerre Irak Iran, pensant régler le sort de Khomeiny, la Russie à l’époque ayant d’ailleurs fermé les yeux, mais il s’agissait de l’URSS, Carter, Brejnev et Giscard faisaient à l’époque la même politique. Le résultat fut comme d’habitude, une défaite de l’occident.  Huit ans de guerre Iran-Irak de 1980 à 1988 entre 500000 et 1 millions de morts. A un point tel que  Saddam Hussein se sentant intouchable, envahit 2 ans plus tard le Koweït ce qui entraîne l’occident,  France incluse,  dans la première guerre du golfe,  non menée jusqu’à terme. Dans une région qui détient 60% des réserves mondiales de pétrole, les Etats-Unis ont immédiatement vu l’importance du conflit ainsi que les nombreux avantages qu’ils pouvaient en tirer.  Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller de Carter, résumait bien le sens de l’engagement de son pays : "Le véritable intérêt vital pour l’Amérique est d’assurer que le Golfe demeure une source sûre et stable d’approvisionnement en pétrole, vendu à un prix raisonnable à l’occident industrialisé".

Les troupes s’arrêtent donc avant Bagdad lorsque les puits de pétrole sont sécurisés.  « Nous » pensions  alors,  que Saddam pourrait encore servir. Jusqu’au moment où après le 11 septembre,  il servit, en effet, mais de bouc émissaire face à un Bush fils mégalo et menteur qui décide de mettre fin au règne de Saddam et transformer le pays en nouvelle démocratie, la suite montra à quel point, la seconde guerre du golfe loin d’avoir atteint ses objectifs ouvrit la boite de pandore et créa un chaos  dont nous payons le prix aujourd’hui.

 

La crise ukrainienne, en sommeil provisoire,  qui est désormais celle de la confrontation Russie- Etats-Unis dans laquelle l’Europe sans âme et sans arme choisit  de suivre les EU en sachant qu’elle fait une erreur, un conflit israélo-palestinien sans solution qui ne peut que s’amplifier, une déstabilisation profonde des pays de l’arc de crise du Maghreb au Moyen-Orient, un basculement  d’une partie  de l’Afrique en des conflits locaux ethnico-religieux, une remise en cause des valeurs traditionnelles des vieilles sociétés occidentales en perte de repères, déstabilisés par une immigration massive mal maitrisée et l’échec des intégrations, font  qu’en ce début de siècle tous les voyants sont au rouge et que  le spectre d’un conflit majeur sous une forme de guerre nouvelle est désormais possible.

Cette guerre que je nomme chaotique et multiforme touchera sans aucun doute les fondements même de notre culture et déplacera le curseur de nos valeurs culturelles vers un « Nouveau » qu’il est à ce jour difficile de définir.

 

Face au pragmatisme de l'Etat islamique en Irak (État islamique en Irak et au Levant),  qui s’impose par la terreur, dont la date officielle d’auto proclamation  est le  dimanche 29 juin 2014, en fait,  le 1er jour du mois de ramadan 1435 de l'Hégire, le chef Abou Bakr al-Baghdadi, calife dénommé Ibrahim, demande à tous les musulmans de lui faire allégeance.

Les Etats du Golfe avec les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne qui ont contribué à l’émergence de ce califat moyenâgeux, comprennent que leur créature échappe à leur créateur, à force de touiller la soupe du diable avec une grande cuillère celle-ci fini par brûler et disparaître dans la soupière.

 

Mais à l'exception de l'Iran, aucune puissance régionale ne semble vouloir véritablement combattre ce cancer dont les métastases prennent  leur source en Syrie en Libye et risque de s’étendre à l’Algérie, le Maroc, la Jordanie.

Depuis 13 ans nous sommes, nous, les Occidentaux responsables d’un nombre impressionnant d'interventions militaires au Moyen-Orient, vouées à l’échec et dont les conséquences sont dramatiques.  Les  alliés des E.U et de la France comme les Saoudiens ou encore les Qataris, restent au mieux passifs ou au pire financent les djihadistes, puisque tout est bon pour protéger leur monceau de pétrodollars sur lesquels ils sont assis.  Ils sont complices, nous sommes stupides ou lâches.

Les rédacteurs du livre blanc franchouillard peuvent se rhabiller, leur babillage sans conséquence est d’autant moins judicieux qu’ils n’ont rien vu venir et  que leur vision du monde d’il y a 2 ans à peine est celle d’un aveugle dans le noir.  

Alors que de la  France et de l’Europe, des illuminés (plus de 2000 paraît-il ?) issus parfois de l’université vont faire la guerre en Irak et à l’occasion s’amusent à trainer des cadavres derrière leur 4x4 ou à couper la gorge de journaliste, nos banlieues sous la coupe des gangs de la drogue siestent et s’arment en silence. Nos Imans se taisent, le monde musulman pacifique ne descend pas dans la rue pour dénoncer les djihadistes mais est capable de se mobiliser contre Israël accusé de tous les maux de l’humanité.

La guerre chaotique est donc en cours est sa principale caractéristique  est de laisser le citoyen dans sa propre ignorance de sa réalité, jusqu’au jour où il se réveillera, mais il sera alors trop tard. Les Hyènes seront à sa porte.

 

 

 

En Ukraine Poutine en spécialiste de l’ex KGB a surpris nos stratèges. L’exécution de son plan en Crimée est un modèle du genre. Infiltration de commandos formés à l’école des spetsnaz, structuration des populations favorables, mises sous tutelle des administrations et de la police, maitrise de la communication et du timing, utilisation raisonnée de la force et de la diplomatie.

Dans le Donbass de plus en plus coupé du monde, la guerre des communiqués et l’action russe se fait par petite touche, en sanctuarisant le territoire et poussant Kiev à la faute. Kiev a enregistré d’importants succès militaires mais au prix de lourdes pertes, ce sont pour ces raisons que la Russie joue désormais la carte humanitaire.

Quant aux sanctions européennes et américaines contre la Russie elles servent le pouvoir central de Poutine au lieu de le desservir, tout en affaiblissant un peu plus notre économie proche de la déflation.

 

Ces nouvelles formes de guerre, que je qualifierais de chaotique qui mêlent en un vaste ensemble  toutes les formes de guerre, sont et seront celles du second millénaire. Multiformes et protéiformes, la sécurité intérieure est désormais tout autant menacée que la sécurité extérieure, et le contournement des stratégies remettent en cause les fondements même de la planification.  Cette sacrosainte planification qui détermine l’action face à un ennemi définissable mais qui en quelque sorte détruit l’initiative face à une ennemi déstructuré et culturellement terra incognita…

Notre modèle de défense a vécu, il est nécessaire d’en inventer un autre, l’ensemble des éléments de combat ne se réduit pas à l’envoi de quelques blindés polyvalents et hors de prix. La cyberguerre, la guerre économique, la lutte contre la délinquance financière, le suivi des  flux de capitaux, la suppression des paradis fiscaux, la lutte contre tous les terrorismes, la maitrise des flux migratoires qui doit aller de pair avec une aide au développement contrôlée, la maitrise de la fécondité humaine, l’alphabétisation et la lutte contre l’obscurantisme et l’endoctrinement de la jeunesse, l’accès à l’eau potable pour tous, une agriculture délocalisée hors des grands groupes américains et chinois en Afrique, sont un ensemble de leviers sur lesquels il convient d’agir.

Les grandes puissances, Russie et Chine i se doivent de trouver la voie de la raison et de l’action, sans quoi, la stratégie de la guerre du chaos contrôlée deviendra incontrôlable et la fin rejoindra le commencement, puisqu’au début tout était chaos.

 

 Roland Pietrini

 

 

Source : http://www.athena-vostok.com/guerre-du-chaos-a-l-ouest-rien-de-nouveau

 


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