Vers la 3ième guerre mondiale : la bataille des islams, les politiques russes et iraniennes et la montée des périls

Par claude LEROY

"Une analyse à rapprocher de celle de M. LORENZI"




Outre la multiplication des califats (Nigéria, Egypte, Libye et Yémen, Tunisie ; chaque semaine une nouvelle allégeance s’annonce), outre l’accroissement des pressions russes sur ses anciennes colonies, outre la menace chinoise sur les pays du Pacifique sud par la mainmise sur des d’ilots (au sous sol contenant des hydrocarbures) et qui étend sa toile d’influence en s’armant de façon très conséquente, les USA, désormais autonomes en pétrole et gaz (gaz de schistes) semblent revoir leur politique pro sunnite et anti chiite. Si cette hypothèse se confirmait ce serait là un changement majeur, car l’équilibre de la péninsule arabique basculerait et l’Europe occidentale en ferait les frais.

La guerre des islams :

Après avoir bâti des mosquées dans les nouvelles terres de conquête particulièrement en Europe occidentale, mais aussi en Russie et en Asie Centrale, l’Arabie saoudite a engendré Ben Laden puis les djihadistes et l’Iran est sur le point de maîtriser la technologie nucléaire (faisant ainsi pendant au Pakistan sunnite) et a pris le contrôle de la moitié sud de l’Irak et de la sortie du golfe persique, et soutient avec succès la Syrie d’El Assad et le Hezbollah.

L’attaque aérienne des iraniens contre l’EI en Irak début décembre est un événement majeur : même s’il s’agit de vieux Phantom IV, l’action s’est déroulée sans réaction aucune des armées aériennes présentes, ni lors de l’engagement, ni en représailles (même verbales) : cela signifie que l’alerte des radars n’a rien provoqué et que la coalition était avertie et donc d’accord. On sait aussi que des relations existent entre les USA et l’Iran. Ce bombardement vient en aide à son allié Bechar El Assad, ce qui ne peut que déplaire à la Turquie sunnite laquelle semble abandonner sa doctrine laïque.

Si, par malheur, les chiites venaient à prendre le pouvoir à Sanaa (Yémen), ce dont ils ne sont pas loin, les sorties maritimes de la péninsule seraient alors contrôlées par Téhéran et le transit du pétrole deviendrait problématique, notamment pour l’Europe ; le pipeline nord Irak-Turquie (via les Kurdistan irakien et syrien) et le canal de Suez seraient les seules possibilités de conserver un approvisionnement sécurisé – tant que la Turquie demeurera dans l’OTAN. Le piège se referme sur l’Europe. La Turquie devient un enjeu.

Qui plus est, l’Iran est allié avec Moscou : cela revient à dire que la position extrême de la France - et de l’UE - sur les dossiers ukrainien et iranien devient très délicate. Certes, on peut toujours jouer avec le Mistral, mais ce ne sera que du vent !

La bataille des islams tourne déjà à l’avantage de l’Iran, avec ou sans les USA, avec la Russie, contre l’UE. Le retrait américain d’Irak – où des millions de dollars US ont été perdu dans un énorme trafic dirigé par des officiers de l’armée irakienne, alors que les USA n’ont plus besoin du pétrole régional, et que leur inquiétude se tourne vers le Pacifique – d’Afghanistan et du Moyen Orient (Israël excepté) et l’établissement de relations correctes entre Washington et Téhéran vont placer la France et l’UE dans la dépendance de Moscou.

 

Crise ukrainienne :

Le 3 septembre, il a été proposé ou évoqué (sous ce même timbre [C. L.]), mais sur un autre réseau, les suggestions d’évitement suivantes :
> - amorcer (la France) un rapprochement avec la Russie car 2 dangers guettent : l'éclatement de l'Ukraine puis la déstabilisation de la Moldavie.
> - tenter de régler la question ukrainienne par les 4 "grands" (conseil de sécurité moins la Chine non concernée par les problèmes internes à l'Europe) en proposant un positionnement militaire de type Bosnie dans 4 zones : Lviv (USA) Donbass (Ru), Ruthénie (Fr) et Odessa (GB), Kiev demeurant intègre ; le temps que l'état ukrainien se re-stabilise, se démocratise, rende cohérente son économie, et devienne une nation (qu'elle n'est pas actuellement). Au vu des progrès en Bosnie-Herzégovine, de l'eau coulera sous les ponts du Don ! Mais cela permettra de protéger la Moldavie, et plus loin d’autres tentations russes (baltes et Serbie notamment)».

Deux mois plus tard : un « accord » a été obtenu (à l’arraché) ente Moscou et Kiev en octobre ; les USA ont envoyé dans les pays de l’UE limitrophes de l’Ukraine quelques 150 blindés (dont des chars Abrahms) et des éléments terrestres de protection, l’OTAN des avions de combat, le Royaume Uni une unité blindée dans les pays baltes et la France dépêche – en plus d’avions – une unité blindée « manœuvrer » en Pologne (probablement des chars Leclerc ; ndlr : une expérimentation a été conduite en 97 avec l’envoi pour 1 mois de chars AMX30 du 12ièmé Cuirassiers). Belle gesticulation conduite par les USA, le Royaume Uni et la France pour s’opposer au renforcement blindé russe dans le Donbass qui poursuit la montée en puissance des forces en présence.

La situation évolue dans l’UE :

La Pologne réarme et, décision récente, préparera avec la France les grandes échéances internationales : il s’agit là de l’entrée de pleins pieds de Varsovie dans la crise, ce qui avait jusqu’à présent été évité, l’Allemagne voulant garder à l’est la maîtrise des relations avec Moscou ; mais l’arrivée en Pologne et chez les baltes de moyens blindés et aériens de l’OTAN l’autorise aujourd’hui ; l’Allemagne, de son côté, tenant compte de son faible niveau de défense, participe à la politique des demies sanctions – de façon à préserver ses intérêts économiques, ce qui induit de fait son effacement de la scène de crise. D’un autre côté l’UE est désunie et, à titre d’exemple, l’armée autrichienne en est restée à l’Alouette 3 et ne possède aucun blindé, et l’armée belge, qui a déjà supprimé tous ses blindés et a un budget de défense limité à 0,5% du PIB, comptera encore une toute petite armée de 27000 hommes en 2019 ! ! ! La Suède a, quant à elle, rompu ses relations militaires avec la Russie ; Finlande et baltes commencent à s’inquiéter, d’autant que les violations de survol du territoire par des avions militaires russes ont été multipliées par 3 cette année (100 violations à ce jour). Bref, comme d’habitude à l’UE, chacun fait ce qu’il veut dans son coin ; sans cohérence ; et pourtant la tension augmente entre Moscou et l’UE et l’OTAN.

La nouvelle commission voudrait-elle imposer sa vision par la force ? Selon l’article de Polemia : « Tandis que M. Juncker s’illustrait par ses déclarations provocantes (notamment à l’encontre de Mrs Cameron et Renzi), le Luxembourg, dont il fut premier ministre pendant presque 19 ans et ministre des Finances pendant 20 ans, est pointé du doigt, preuves à l’appui, par une vingtaine de grands médias pour être le paradis fiscal de l’UE, ce qui au demeurant n’était un mystère pour personne. Compte tenu du caractère très précis des faits allégués, M. Juncker se voit contraint de faire diligenter une enquête par la Commission. Sauf à imaginer que le « parrain politique » du Luxembourg n’était pas informé des agissements des grands acteurs économiques de son pays (550.000 habitants tout de même !), il risque fort de se trouver prochainement dans la position de l’arroseur arrosé…Au même moment, la presse se faisait l’écho du fait qu’une partie des membres du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne se rebelle contre son président, Mario Draghi, auquel ils reprochent de prendre des décisions sans consultation préalable. Les comportements de Juncker et de Draghi sont, chacun à sa manière, des dérives vers la personnalisation du pouvoir. La question est de savoir si ce type de dérives est appelé à s’amplifier. » Cette analyse méritait d’être transcrite in extenso : elle montre que le premier souci de la commission se limite à la situation économique.

Ces différents internes à l’UE ne peuvent que favoriser – voire encourager – les actions des diplomaties russe et chinoise, limiter les effets de la politique américaine et handicaper l’OTAN.

Mais évolutions côté russe également :

Depuis ce début septembre donc, les chars russes – par euphémisme il s’agit  simplement d’un soutien logistique – entrent dans Donetsk, complétés discrètement par des moyens anti-aériens de dernière génération. Simultanément, Poutine qui a, dès la parution des résultats, reconnu la validité du referendum dans l’est ukrainien et obtenu un vrai succès diplomatique avec Pékin (réception en grande pompe) qui équivaut à un blanc seing et un soutien de poids de sa politique. La situation se tend donc à notre frontière européenne, tandis que l’UE demeure empêtrée dans sa complexité. Simultanément Moscou a déployé des moyens anti-aériens de dernière génération en Syrie et accepté la demande de coopération de l’Abkhazie, ex-république de la Géorgie, et autre pierre d’achoppement avec l’UE !

Comme la Crimée pour l’Ukraine, l’Abkhazie est un rattachement incongru à la Géorgie imposé par Staline – comme tous les redécoupages effectués sous son règne dans le Caucase (Ingouchie, Karabach, Ossétie,…) : à ce titre, son retour dans le giron russe n’est pas, à proprement parler scandaleux. Par contre la méthode n’est pas admissible, ne serait-ce qu’en raison des expropriations et des déplacements de populations qui ont eu lieu de force et sans discernement ; sans parler de violation du droit international.

La politique étrangère russe se déploie simultanément sur tous les fronts : Poutine profite d’une fenêtre de tir favorable liée à la précampagne américaine et la minorité parlementaire d’Obama ; à l’inconsistance de l’UE dont les défenses ne sont pas coordonnées ; à l’OTAN qui tente de pallier la faiblesse européenne, mais les coupes sombres dans les budgets européens depuis 15 ans ont causées des dégâts considérables : Ah ! les dividendes de la paix, chers à Mrs Mitterrand et Chevènement ; et aux taux d’emploi des armées US, britanniques et françaises qui ne laissent plus de réserve.

Et toujours dans le Caucase une autre crise est en gestation : le conflit arméno-azerbaïdjanais. En 94, Erevan a reconquis la ville de Stepanakert séparée par Staline de l’Arménie, mais elle a très largement étendu sa conquête en territoire azerbaïdjanais ; le groupe de Minsk (USA, Russie et France) a été chargé de médiation : aucune avancée depuis lors ! L’Azerbaïdjan, après avoir augmenté son budget défense de 4,6% va poursuivre son effort à 8,6% l’an prochain : l’essentiel de ses achats d’armements s’effectue avec Israël. En raison de ses différents ethniques et frontaliers avec l’Iran et des débouchés pétroliers et gaziers (pipe line BTC, BTE et TANAP) elle entretient de très bonnes relations avec la Turquie et la Géorgie ; et de mauvais rapports avec Moscou dont elle n’a pas reconnu l’invasion de la Crimée et soutient Kiev.

      On pourrait conclure en citant le ministre de la défense, M. Le Drian, le 20 novembre de cette année : « le raidissement des postures et les démonstrations de force, les actions d’intimidations impliquant parfois le recours à des moyens stratégiques, l’émergence d’un positionnement offensif dans le domaine naval, sont également significatif …du retour à la politique de la force. ». Au regard de la perspective de nos armées, ce discours laisse pantois.


Tout donne à penser que nous avons passé le stade des prémisses ; les ingrédients se mettent en place pour une 3ième guerre mondiale.


C. Leroy